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      Coronavirus : sans l’État, qui vous contaminerait ?

      news.movim.eu / Contrepoints · Wednesday, 4 March, 2020 - 08:30 · 6 minutes

    Par h16

    L’erreur est humaine, persévérer est diabolique, dit-on. Mais pour une bonne petite pandémie planétaire, qui de mieux que l’État ? Avec le coronavirus, on en a, encore une fois, une brillante démonstration.

    Le constat est aussi macabre qu’implacable : le coronavirus, qui a déjà, à cette date, fait plus de 3000 morts, n’aurait probablement pas eu autant d’impact sans l’intervention musclée du meilleur de l’État aux étapes cruciales de l’épidémie maintenant mondiale.

    Début décembre, alors que les premiers cas se présentaient, les autorités gouvernementales chinoises (locales d’abord, nationales ensuite) ont rapidement fait le nécessaire pour étouffer les méchantes rumeurs et les malades dans leur mucus, tout en se gardant bien de toute mesure ferme visant à contraindre ce qui apparaissait pourtant, dès le début, comme une péniblerie biologique difficile à gérer. Fin décembre, alors qu’apparaît le témoignage d’un médecin ne laissant plus guère de doute sur la transmission du virus d’homme à homme, le gouvernement chinois décide courageusement de l’emprisonner.

    On peut certes tortiller les faits, ils restent têtus : le gouvernement chinois n’a absolument pas aidé à comprendre le phénomène et à y mettre un terme au plus tôt, et il est clairement responsable , au moins en partie, de l’extension de l’épidémie.

    Tout juste pourrons-nous noter les réponses ensuite fort musclées du régime chinois, sans garantir le moins du monde qu’elles ont effectivement permis de calmer l’épidémie. On se demandera même si la puissance de la réponse ne joue pas plus un rôle démonstratif à l’égard du reste du monde qu’un rôle médical efficace…

    Parallèlement, ce qui se passe en France permet de tirer des conclusions assez similaires.

    Le régime politique est (heureusement) différent, mais la capacité de l’État à répondre à côté de la plaque à une question qu’il se pose lui-même de travers n’est pas plus démentie que pour l’État chinois.

    Ainsi, dès le début des rapatriements sur le territoire national de Français depuis la zone épidémique de Wuhan, plusieurs personnes remarquaient que cette opération n’était probablement pas très judicieuse. Citons le témoignage de l’épidémiologiste Yves Charpak , qui expliquait début février que ce rapatriement ne se justifiait pas et, pire encore, pouvait fort bien importer la maladie sur le sol français.

    Mais voilà : l’État français s’inscrit avant tout dans la communication, confond souvent l’action avec l’agitation et utilise cette dernière comme réponse ultime à différents problèmes qui méritent plutôt de la pondération et, parfois, des décisions courageusement impopulaires.

    Rapatriement il fut décidé, rapatriement il y eut. Et importation de la maladie il y eut aussi : selon toute vraisemblance, il apparaît ainsi qu’au moins une partie des infections françaises proviennent de la base aérienne de Creil où sont stationnés les militaires qui ont encadré le rapatriement des Français.

    À cette petite péripétie, on se devra d’ajouter un discours gouvernemental confus, mélange hétérogène entre la volonté (logique et louable) de ne surtout pas déclencher de panique, et la succession d’actions et de messages dont le timing invraisemblable tend plutôt à la créer chez les observateurs extérieurs : déclarer un jour qu’il n’y a aucun cas sur le territoire français pour devoir admettre dans les 48 heures suivantes qu’on en dénombre déjà des douzaines avec plusieurs décès, c’est un ratage communicationnel évident.

    Le principal souci est que ces collisions entre les discours et les faits montrent l’impréparation des politiciens dont on persiste à se demander ce qu’ils pouvaient bien fabriquer en janvier puis en février, pendant ces huit longues semaines où la menace était connue et la probabilité d’une pandémie de plus en plus forte : la préparation, au moins psychologique, des populations, des systèmes industriels, logistiques et de santé ne semble apparaître que maintenant, alors qu’il n’était ni idiot, ni déplacé de commencer à doter certains centres nationaux de référence en virologie de l’outillage indispensable pour faire face à une éventuelle extension de la maladie.

    Ici et très spécifiquement, je pense par exemple au CNR de la Croix Rousse à Lyon qui a dû, jusqu’à présent, effectuer ses tests virologiques ( PCR ) à la main, à raison de deux à trois par jour, alors que des machines ( Panther ) pour ce faire existent. Certes, elles sont en cours de livraison, mais on s’étonne qu’elles ne l’aient pas été beaucoup plus tôt, compte tenu de la situation. De la même façon, on s’étonnera que les transmissions de données, cruciales dans ce genre de situation, reposent encore trop souvent sur le bricolage individuel des personnels héroïques de ces institutions…

    En somme, tout indique que, malgré plusieurs semaines d’avertissements sur le caractère relativement inéluctable d’une extension de l’épidémie, les moyens (stocks, outils, procédures) n’ont pas été mis en place dans le système de santé français que le monde nous envie ♩ tsoin tsoin ♪ et pour lequel on paie pourtant « un pognon de dingue » ♬ tralala ♫ …

    En attendant, les patients qui tentent de savoir s’ils sont ou non contaminés en seront pour leurs frais : à raison de deux ou trois PCR par jour, on ne peut évidemment pas tester ceux qui le veulent (et on renvoie donc les cas potentiels chez eux , un suppo et au dodo, ça ira).

    Du reste, ces éléments ne surprendront que ceux qui croient encore naïvement à la propagande parfaitement grotesque d’une partie de nos institutions et de nos politiciens en mal d’électorat. Les autres pourront tenter d’appeler le numéro vert mis à disposition par le gouvernement pour entendre les conseils douteux qu’on y prodigue au sujet du coronavirus .

    Là encore, compte tenu des moyens théoriquement disponibles vu les montants qui sont ponctionnés à chaque Français, on ne peut que s’étonner de la médiocrité quasi-dangereuse des résultats obtenus…

    Alors, certes, on pourra se consoler en se disant, comme un article de The Economist l’explique récemment , que l’État, agissant de la sorte avec ses mesures un peu foutraques, aplatit les courbes épidémiques et permet au système social d’encaisser le choc, au prix, certes, d’une épidémie plus longue. Soit.

    Mais il n’en reste pas moins que la physionomie de l’épidémie elle-même aurait été profondément différente si l’État (fut-il chinois au départ ou français dans le cas qui nous occupe à présent) n’avait pas introduit ses gros sabots et que, pour les montagnes d’argent public qui sont cramées en France, on pouvait légitimement s’attendre à un peu mieux.

    L’erreur est humaine, mais pour un scandale de cette ampleur, il fallait faire intervenir l’État.



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      Le 49-3 ? Oui, pour une vraie réforme, pas pour étatiser les retraites et faire payer le privé !

      news.movim.eu / Contrepoints · Wednesday, 4 March, 2020 - 04:30 · 3 minutes

    49.3

    Par Nicolas Lecaussin.
    Un article de l’Iref-Europe

    Jean-Paul Delevoye et Agnès Buzyn avaient quitté le navire. Le premier, contraint et forcé après les révélations sur ses différentes fonctions et missions qu’il avait tenues cachées ; la seconde après avoir été désignée en catastrophe candidate à la mairie de Paris. Les 40 000 amendements déposés à l’Assemblée ont contribué à la cacophonie ambiante, empêchant un vrai débat sur cette réforme.

    Finalement, le Premier ministre va utiliser l’article 49-3 pour faire passer le texte. Ce n’est pas une surprise (il y a eu 88 précédents sous la Ve République) mais on aurait préféré qu’il serve pour une vraie réforme, qui aurait changé radicalement le système français tout en le sauvant de la faillite.

    Or, ce que fait le gouvernement n’améliorera nullement la situation. Les derniers changements et autres promesses ajoutent encore à l’opacité d’un texte qui était déjà bâclé.

    Grand flou sur la pénibilité, prise en compte des primes des fonctionnaires

    Une chose est certaine. Le Premier ministre a rappelé sa volonté de créer un « système universel de retraites » et ce sera bien une étatisation avec la mise en place d’une retraite unique. Sauf que les incertitudes et les ambiguïtés sur sa faisabilité sont nombreuses. Il y aura, pour certains, quelques « dérogations ».

    La notion de « pénibilité » est encore floue, les ordonnances à ce sujet qui vont suivre pourraient englober plusieurs catégories de fonctionnaires et d’agents publics. D’ailleurs, les primes seront prises en considération dans le calcul de la retraite des fonctionnaires. Dans une étude récente, l’IREF a montré que cela coûterait probablement quelque 14 milliards d’euros supplémentaires par an à l’État, donc aux contribuables. Rappelons que les engagements retraites pour les seuls fonctionnaires représentent environ 2000 milliards d’euros.

    En ce qui concerne les agents des entreprises publiques, leur entrée dans le « système universel » se fera très, très progressivement. Le texte prévoit que la réforme s’appliquera à partir de 2022 pour la génération née en 2004. Ce qui signifie que les régimes spéciaux actuels vont durer, pour ceux qui sont nés avant cette date, jusqu’à la fin des années… 2060 et qu’ils pourront en profiter jusqu’en 2100 voire davantage pour les plus âgés. À condition qu’aucun autre changement n’intervienne durant cette période.

    On est donc encore loin de la suppression de ces régimes privilégiés qui perdurent grâce aux subventions publiques.

    Le privé va payer mais combien ?

    Un très grand flou entoure aussi les caisses des professions libérales. Il est surtout question de leurs réserves , plus de 125 milliards d’euros.

    La grève des avocats depuis des semaines n’a pas fait plier le gouvernement même si dans le nouveau texte il est question de « garanties accordées aux professions libérales concernant leurs réserves, le maintien de leur caisse ou le calcul de leurs cotisations » . Mais alors il ne s’agirait plus d’un système unique. Difficile de croire que l’argent de ces caisses ne sera pas siphonné dans le nouveau fonds de retraite. Cela s’est déjà produit naguère avec les complémentaires, il y a donc de fortes chances que cela arrive encore.

    Enfin, aucune étude sérieuse d’impact financier n’a été faite avant l’adoption de la réforme. Où le gouvernement trouvera-t-il l’argent pour payer les retraites des fonctionnaires et des agents publics ? Le privé sera de nouveau sacrifié, c’est certain, mais cette fois dans le cadre d’un système qui était censé apporter de l’équité.

    Le 49-3 ? Oui, mais pour réformer réellement la France, pas pour l’enfoncer encore plus.

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      Le risque coronavirus peut-il se transformer en opportunité climatique ?

      news.movim.eu / Contrepoints · Wednesday, 4 March, 2020 - 04:15 · 2 minutes

    coronavirus

    Par Philippe Charlez, e xpert en questions énergétiques à l’Institut Sapiens.

    Depuis une semaine, le coronavirus que l’on croyait à peu près confiné en Extrême-Orient s’est massivement invité en Europe.

    L’Italie a d’abord été touchée avec aujourd’hui près de 1000 cas recensés. En France, on a dépassé les 200 cas. D’asiatique, l’épidémie est devenue mondiale. Certains scientifiques annoncent qu’entre 40 % et 70 % de l’humanité pourrait-être infectée ! Et le problème n’est pas que sanitaire.

    La peur d’un crash économique

    La pandémie fait craindre aux plus pessimistes un crash économique mondial . En une semaine, les places boursières au plus haut ont dévissé. L’économie commence à tourner au ralenti, non seulement sur le plan mondial mais aussi sur le plan national, régional et local. En France, le salon de l’agriculture et le carnaval de Nice ont été écourtés, le marathon de Paris supprimé.

    Les rassemblements ont été interdits dans les communes les plus touchées. Les écoles y sont fermées et les parents encouragés à garder leurs enfants à domicile. Quant aux entreprises elles restreignent les longs déplacements et conseillent à leurs salariés le télétravail.

    Si l’épidémie s’étend et perdure durant les semaines ou mois à venir, le gouvernement pourrait annuler les élections municipales, imposer la fermeture de nombreux lieux publics (cafés, restaurants, cinémas, théâtres, musées), annuler de grandes manifestations comme les matches de ligue 1 mais aussi le contrôle air/mer/terre des frontières avec une restriction importante du trafic avions/bateaux/camions.

    Pour la première fois depuis le Front Populaire, les vacances d’été pourraient-elle être annulées ? Pourrait-on assister à l’absence d’embouteillages entre juilletistes et aoûtiens et à des stations balnéaires vides, à des paquebots restant à quai et des avions cloués au sol ? On peine à l’imaginer et pourtant tout semble aujourd’hui possible, l’épidémie de panique semblant prendre le pas sur la crise sanitaire elle-même.

    Les conséquences des restrictions, bénéfique pour le climat ?

    L’ensemble de ces restrictions aura deux conséquences majeures.

    D’une part une récession économique peut-être sans précédent avec tous les effets imaginables en termes d’accroissement de dette, de pertes d’emplois, de niveau de vie et même de niveau de développement.

    Mais de l’autre, les restrictions auront un effet spectaculaire sur les émissions de gaz à effet de serre qui, pour la première fois depuis la crise des subprimes , pourraient baisser de façon significative.

    Serions-nous en train de tester « en vraie grandeur » le modèle prôné par certains mouvements écologistes et jeunistes issus du phénomène Greta Thunberg : la réduction des émissions via la décroissance économique ?

    Cette expérience inédite devrait avoir certains effets positifs. Montrer d’une part que la décroissance économique, même si elle est une source de réduction de GES, peut-être socialement plus dramatique que les conséquences du réchauffement climatique lui-même. Et d’autre part, inculquer que modifier ses comportements énergétivores pour devenir plus sobre ne signifie pas pour autant renoncer à l’essentiel.

    Si tel était le cas, le risque coronavirus se sera transformé en opportunité climatique.

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      « Rétablir la vérité » sur la production éolienne

      news.movim.eu / Contrepoints · Wednesday, 4 March, 2020 - 04:00 · 6 minutes

    éolienne

    Par Michel Negynas.

    Un article de l’hebdomadaire Le Point du 27 février reprend le discours des promoteurs des énergies dites renouvelables, qui s’émeuvent des quelques doutes émis en public par le président Macron et madame la ministre de l’Écologie, Élisabeth Borne.

    Il est normal que les industriels de ces énergies défendent leur secteur, qu’on leur donne la parole, et qu’on écoute leurs arguments. Il est moins normal que ces gens prennent les Français pour des imbéciles.

    Extraits de l’article et commentaires :

    Enfin, pour soutenir l’essor des éoliennes, les professionnels entendent « rétablir la vérité » concernant leurs machines, dit Nicolas Wolff. S’ensuivent deux-trois mises au point techniques. Nicolas Wolff réfute l’accusation du député LR Julien Aubert, pour qui « les énergies renouvelables ne participent pas à la transition énergétique car elles se substituent au nucléaire [qui n’émet que très peu de CO2, NDLR] ». Selon le président de FEE, un rapport de RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, établit que l’essor de l’éolien, du photovoltaïque ou encore de la biomasse s’accompagne d’une baisse des énergies fossiles, comme le charbon. « Le rapport de RTE dit qu’en 2019 l’éolien et le solaire ont permis de réduire nos émissions de 22 millions de tonnes de CO2, en France et à l’étranger », souligne Nicolas Wolff.

    Voyons de plus près les chiffres, selon le rapport 2019 de RTE.

    C’est effectivement ce que dit RTE, en charge du réseau en France. Mais c’est curieux. Entre 2018 et 2019, les ENR ont bien fait 7 TWh de plus, mais le thermique fossile, générateur de CO2, 3,7 TWh de plus ! On a arrêté le charbon, pas à cause des ENR, mais juste parce qu’on a voulu. Et on a fait davantage de gaz et même de fioul. Et le nucléaire a baissé : mais est-ce à cause d’une moindre disponibilité, ou parce qu’il a dû, réglementairement, s’effacer devant les ENR ?

    L’article poursuit :

    Comme dans un numéro de duettistes, Jean-Louis Bal, son homologue du Syndicat des énergies renouvelables, prend la parole pour tordre le cou à ce qu’il considère comme une autre idée reçue : l’intermittence des éoliennes, qui obligerait à mettre en route des centrales thermiques (gaz ou charbon) pour pallier le manque de vent. « La production éolienne n’est pas intermittente, elle est variable et prévisible, elle s’intègre parfaitement dans le réseau de transport d’électricité sans avoir besoin d’un recours à la production thermique », dit-il. « Arrêtons de raconter des choses fausses. »

    Alors là, c’est le bouquet ! Regardons ce qui s’est passé en février, semaine 6 et 7.

    Sur toute la France, l’éolien est passé par des minis de 1,5 GW pour une puissance installée de 16 GW ! En effet qu’il a été « variable »… pas intermittent, variable. Enfin, presque intermittent….

    Mais le pire, c’est la vitesse de variation, par exemple le jeudi de la semaine 7, en un peu plus de 24 heures un aller-retour vertigineux de 10 GW !

    Le nucléaire a dû lui aussi faire des allers-retours de plus de 10 GW, pour compenser, ce qui est possible, mais pas très bon ni pour la durée de vie des équipements, ni pour la sécurité.

    Le gaz a trinqué lui aussi ; c’est désastreux pour le rendement, donc pour le CO2.

    Comme dit dans l’article, la production éolienne s’intègre parfaitement… au prix de contorsions dangereuses pour les autres. Et qu’en sera-t-il lorsque nous aurons non pas 16 mais 45 GW d’éolien ?

    Avec ses 50 GW d’éolien, l’Allemagne a le même problème. Elle le dilue sur tous ses voisins par les lignes d’interconnexion. Oui, mais si tout le monde l’imite ?

    Bien sûr, on a une certaine prévisibilité via la météo ; mais pas à l’heure près ! Et même si c’est prévisible, c’est bel et bien aléatoire.

    On pourrait penser que la pénurie de vent est très rare, avec le foisonnement comme ils disent. Eh bien non. Cela arrive très souvent.

    Par exemple :

    Pendant 3 semaines, du 21 mai au 12 juin 2018, l’éolien a fourni à peine 1,5 GW pour 13 GW installés.

    Peut-être que cela n’arrive pas en hiver, période où nous avons les pointes annuelles de consommation ? Perdu là aussi, par exemple :

    Ces jours-là, du 3 au 6 décembre 2017, en plein hiver, les 12 GW d’éolien n’ont jamais dépassé 1 GW pour l’ensemble de la France, avec des pointes de consommation à 80 GW…

    En réalité, le vent tombe parfois pratiquement à zéro, et si on peut prévoir la production « en gros », il est impossible d’affiner à l’heure près. Et aléatoire ne veut pas dire « non prévisible ». Aléatoire signifie qu’on ne maîtrise pas, que ça vient quand ça veut.

    L’éolien est donc bien éminemment variable, quasi intermittent, et aléatoire.

    Autres arguments, la création d’emplois offerte par la filière éolienne (1300 par an, pour un total de 18 000) et son peu d’impact sur l’environnement. Les éoliennes, jure Nicolas Wolff, sont à plus de 95 % recyclables, et la filière entend fournir plus d’efforts en ce sens. Les opérateurs s’engageront à enlever l’intégralité des fondations d’un mât une fois sa vie achevée, alors qu’aujourd’hui une partie du socle de béton reste enfouie. Ils augmenteront aussi la part de provisions financières destinées à recycler les futurs mâts, de plus en plus grands.

    Tout est recyclable dans une éolienne, sauf les pales. Il y en a entre 20 tonnes (éoliennes de 2 MW) à 100 tonnes (8MW) par éolienne, en composite de carbone et de résines diverses. On ne sait pas les recycler, ni même les traiter comme déchets.

    Et lorsque nous aurons 15 000 éoliennes, nous aurons 300 000 tonnes de ces saletés. Là encore on joue sur les mots, c’est sans doute 95 % en poids, vu que chaque éolienne a déjà un socle de 1500 tonnes de béton, un mât de 200 tonnes d’acier… qui eux sont recyclables, en théorie.

    Quant à l’emploi, pour l’instant, il profite surtout en Allemagne, au Danemark et en Espagne…

    Pour le socle de béton , aucune réglementation n’impose de le recycler, ni même de l’enlever lors du démantèlement, et les provisions obligatoires sont nettement insuffisantes.

    Nous sommes au stade de promesses gratuites. Aucun opérateur n’achète d’ailleurs les terrains d’implantation ; ce sont des baux… c’est pratique en cas de faillite, la dépollution reviendra au propriétaire en dernier recours.

    Le président du Syndicat des professionnels de l’éolien demande donc un « climat de confiance ». Il faut, dit-il, « arrêter de raconter des choses fausses ».

    Alors là, nous sommes d’accord.

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      PME : l’archaïsme de l’index de l’égalité

      news.movim.eu / Contrepoints · Wednesday, 4 March, 2020 - 03:45 · 2 minutes

    PME

    Par Alain Goetzmann.

    Depuis le 1 er mars, les 37 000 PME de 50 à 250 salariés sont censées avoir publié sur leur site Internet leur index de l’égalité professionnelle et l’avoir communiqué à leur comité social et économique ainsi qu’à l’inspection du travail.

    Sur une base de 100, elles auront mesuré les écarts salariaux entre hommes et femmes , l’écart entre les augmentations annuelles, l’écart dans les promotions, les augmentations au retour des congés maternité et la présence des femmes parmi les dix plus gros salaires des entreprises. Si la note est inférieure à 75, l’entreprise devra indiquer les mesures correctives qu’elle adoptera.

    Comment garantir l’égalité des traitements pour les PME ?

    Personnellement, j’ai toujours considéré – et rigoureusement appliqué dans mes entreprises, constituées autant de femmes que d’hommes – que l’égalité salariale, à poste équivalent, allait de soi. Mais cette mesure coercitive me laisse pantois car elle constitue un nouvel exemple de ce que la culture bureaucratique qui unit fonctionnaires et membres du gouvernement peut produire de plus éloigné des réalités du terrain.

    Que dans les assurances, les banques, l’industrie, le grand commerce, les grandes entreprises, en général, qui proposent de nombreux postes aux contenus identiques, on veuille s’assurer que des politiques soient mises en œuvre pour garantir l’égalité des traitements, pourquoi pas.

    Mais dans les petites entreprises, dont les hiérarchies sont quasiment inexistantes parce qu’aujourd’hui organisées en réseaux multipolaires, surtout les plus récentes, issues de l’écosystème des start-ups, on s’interroge.

    Arrêtons de légiférer à tout-va

    Nos législateurs clairvoyants savent-ils que dans ces entreprises, on ne recrute pas des robots stéréotypés et comparables mais des femmes et des hommes, souvent uniques dans leur spécialité, pour assurer une fonction unique, elle aussi.

    Savent-ils que les recrutements aujourd’hui se font davantage sur les qualités humaines – les fameuses soft skills – que sur la compétence technique, beaucoup plus facile à apprendre que l’intelligence émotionnelle. Que les choix se fondent davantage sur la sympathie entre les dirigeants et celle ou celui qui postule que sur un processus mécanique de sélection ?

    Il faut, dans notre pays, arrêter de légiférer à propos de tout et de rien ; arrêter de faire remplir des formulaires idiots à des entrepreneurs dont la vocation est de créer des richesses, pour eux et pour la collectivité ; arrêter de penser que la solution aux grandes questions sociétales viendra des entreprises. Dans les hautes sphères qui nous gouvernent il est de bon ton de regretter, avec des larmes de crocodile, l’écart grandissant entre le dynamisme des entreprises allemandes et celui des françaises .

    Comment l’Allemagne a-t-elle traité le même sujet ?

    D’abord, en limitant la règlementation aux PME à partir de 200 salariés et non de 50. Ensuite, en faisant simple : un employé qui se sent discriminé peut demander par écrit le salaire moyen de six personnes du sexe opposé occupant le même poste. Pas de bureaucratie. On fait confiance aux salariés et aux employeurs pour résoudre les éventuels problèmes.

    Combien de temps faudra-t-il encore à nos élites parisiennes pour comprendre le fonctionnement du monde concret, celui qui prépare demain mais qui leur reste encore totalement étranger ?

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      Cancer, nouvelles approches, nouvel espoir ?

      news.movim.eu / Contrepoints · Wednesday, 4 March, 2020 - 03:30 · 7 minutes

    cancer

    Par Charles Boyer.

    Récemment s’est tenue à Sanary, en présence du docteur Laurent Schwartz, une conférence regroupant médecins et malades sur de nouvelles approches du cancer donnant des résultats chez certains patients. Elle s’est déroulée en deux parties : une présentation par le docteur Schwartz, puis des témoignages de patients.

    Que s’y est-il dit ?

    Avant d’aller plus loin, il convient d’insister sur quelques points cruciaux.

    Premièrement, si le cancer vous frappe, quoi que vous fassiez, faites-le avec votre oncologue ou médecin. L’organisme humain reste d’une complexité inimaginable et aucun amateur ne peut prétendre avoir suffisamment de connaissances pour pouvoir improviser sans l’aide d’un professionnel.

    Deuxièmement, et le Dr Schwartz est entièrement clair sur ce point, nous n’avons pas le remède contre le cancer. Des cas discutés ici sont étonnants, en ayant déjoué des pronostics fort pessimistes, mais cela ne signifie pas que ces malades sont guéris.

    Troisièmement, le cadre légal dans ce domaine est très (trop ?) restrictif ; soyez-en averti, tout n’est pas permis, du moins en France. Le point de savoir ce que l’on a le droit de dire et de faire, ou pas, est également abordé dans la vidéo de la conférence.

    Cet article contient des informations vérifiables et en aucun cas des recommandations.

    La plupart de ce qui suit découle de l’identification du cancer comme une maladie métabolique, un dysfonctionnement des mitochondries, ces centrales de production d’énergie à l’intérieur de chacune de nos cellules, les faisant passer d’un fonctionnement aérobique normal à un mode de fermentation fort inefficace en consommation de ressources.

    Quelles initiatives ?

    Le docteur Schwartz a créé une nouvelle fondation . Sous l’égide de la Fondation de France, elle a pour objectif de faire avancer la recherche avec le soutien d’experts principalement en provenance de polytechnique et de l’école normale supérieure. Cette fondation est accompagnée d’un site contenant des témoignages de malades, guerir-du-cancer.fr

    Le vlogueur Guy Tenebaum, en rémission d’un cancer de la prostate au-delà du pronostic initial de phase terminale, a été l’organisateur principal de cette conférence. Il aborde parfois des concepts douteux comme la notion d’analyse de sang vivant, mais il est encore en vie malgré son pronostic de malade en phase terminale.

    Le naturopathe Patrick Louis, fondateur de l’ Association espoir métabolique , était co-organisateur de la conférence.

    Quelles pistes ?

    Au-delà des approches auxquelles chacun pense immédiatement quand il s’agit du cancer, telles que chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, qui ne sont bien entendu pas à exclure, d’autres approches peuvent être combinées et donnent des résultats pour certains patients. En voici certaines. Dans tous ces cas, la recherche est insuffisante.

    L’hyperthermie , expliquée ici par le National Cancer Institute des États-Unis. Elle peut prendre la forme de sauna à 75 degrés pour faire monter la température à 39,5 degrés.

    La vitamine C à haute dose et en intraveineuse : certains patients mentionnent des succès et il existe des articles de recherche allant dans ce sens : ici , ici et ici en combinaison avec l’immunothérapie .

    L’approche métabolique combine l’acide alpha-lipoique, l’hydroxycitrate et le bleu de méthylène. On ne peut parler de guérison, toutefois, certains patients semblent retarder l’échéance et améliorent grandement leur qualité de vie grâce à ce protocole.

    L’alimentation est peut-être le sujet le plus sensible, pour le cancer au même titre que l’ensemble de la santé. Sur ce point, le Dr Schwartz a changé d’avis à propos de la diète cétogène, qui figure parmi les solutions préconisées dans son livre, Cancer, un remède simple et non toxique . Pour bien des médecins adeptes de l’approche métabolique du cancer, la diète cétogène reste un outil utile. Ce qui est certain est qu’elle ne guérit pas le cancer et ne peut être qu’une partie de la réponse, et pas pour tous les cas. Maurice Israël, pour sa part, étudie la molécule SCOT pour bloquer le métabolisme des corps cétoniques.

    Le jeûne , intermittent ou prolongé, fait partie des outils métaboliques pour s’attaquer au cancer. En particulier, il semble pouvoir rendre les chimiothérapies plus efficaces et en atténuer en même temps les effets secondaires.

    L’activité physique peut également particiciper au combat contre le cancer.

    L’optimisme, la force mentale, un bon sommeil , toutes choses faciles à énoncer mais bien entendu particulièrement difficiles à mettre en œuvre, nécessitent ue attention particulière de l’entourage et des professionnels de santé.

    Il n’est pas à exclure que la multiplication des recherches mondiales sur toutes les pistes possibles permettent l’émergence de nouvelles options de soins.

    Aller à l’étranger

    La liberté laissée au médecin de diversifier les approches thérapeutiques est particulièrement limitée en France. Il en va de même pour la disponibilité de certains médicaments ou suppléments. Des solutions pour combattre le cancer sont disponibles ailleurs.

    La priorité est de recouvrer la santé autant que possible, et de survivre. Pour ces raisons, certains malades choisissent d’être soignés dans d’autres pays. C’est le cas de Guy Tenebaum qui obtient des traitements aux USA, et qui y mène une grande partie de ses recherches.

    Quelques médecins et chercheurs

    De nombreux médecins travaillent des approches métaboliques en traitement du cancer, très souvent en combinaison avec les fondamentaux de combinaisons chimiothérapie, radiothérapie et chirurgie, auxquelles il convient d’ajouter l’immunothérapie qui peut donner d’excellents résultats, mais seulement dans 25 % des cas.

    Ulricke Kämmerer, en Allemagne, est l’auteur du livre Le Régime Cétogène contre le Cancer .

    Thomas Seyfried effectue des recherches sur une approche press-pulse consistant à stresser les cellules cancéreuses puis à les frapper, par exemple avec des scéances d’oxygène hyperbarique. Il étudie également la molécule DON pour bloquer la fermentation de la glutamine.

    Abdul Slocum combine la chimiothérapie avec certaines des approches mentionnées ci-dessus.

    Éléonore Djikeussi explique son approche dans cette interview .

    Dawn Lemanne a fait une conférence sur l’alimentation et le jeûne intermittent et une autre, plus récente, sur différentes approches en chimiothérapie en fonction du type de cancer, curable ou pas ; dans le premier cas, le concept de dose maximum tolérable se justifie, mais pas dans le second pour lequel une autre approche du dosage et de la périoditicté fonctionnera mieux.

    Valter Longo est spécialisé dans le jeûne

    Andrew Scarborough est un jeune chercheur en cours de rédaction d’une thèse de doctorat, cancéreux en phase terminale ayant survécu de longues années au-delà de son pronostic initial. Il souffre d’un glioblastome multiforme , qu’il traite par une alimentation cétogène, de l’oxygène hyperbarique entre autres soins. Il participe à l’association Brain Tumer research.

    Cette sélection est minime et ne prétend à aucune forme d’exhaustivité.

    S’impliquer, faire ses propres recherches

    Il est préférable de sélectionner les articles de recherche disponibles sur Pubmed et Google Scholar. Tripping Over the Truth , de Travis Christofferson est un livre souvent cité et qui semble essentiel.

    Chaque malade doit s’interroger : suis-je acteur ou seulement patient ? Est-ce que je préfère me plier à ce que me prescrit mon médecin ou est-ce que je préfère faire mes propres recherches et en discuter avec lui ?

    Le professionnel n’y sera pas nécessairement sensible, et sera de toute façon fort limité par la législation et les règles du métier. Par ailleurs, même si le web contient désormais des quantités inimaginables de bonnes informations, il en contient aussi encore bien davantage de mauvaises. Il faut dès lors pouvoir disposer d’un esprit critique impitoyable. Inconvénient supplémentaire, presque tout ce qui vaut le détour est en anglais, rendant donc pertinent son apprentissage.

    Conclusion

    Les approches thérapeuthiques autorisées et reconnues en France sont trop limitées, interdisant aux médecins d’utiliser des outils qui pourtant pourraient donner de meilleurs résultats. Des crédits devraient être disponibles pour des recherches relatives à l’approche métabolique, au lieu d’être principalement consacrés aux solutions les plus lourdes (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie et immunothérapie).

    Parallèlement, les médecins devraient manifester moins d’hostilité à l’encontre des malades menant leurs propres recherches et trouvant leurs propres solutions. Certains malades le feront de toute façon. Un médecin tolérant est mieux à même de repérer les patients qui font complètement fausse route et aggravent leur maladie au lieu de la combattre efficacement.

    On peut même avancer que pour certains cas les méthodes les plus chères ne sont pas forcément les meilleures.

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      Moralisation de la vie politique : APRÈS « l’affaire Fillon », tout continue comme AVANT !

      news.movim.eu / Contrepoints · Tuesday, 3 March, 2020 - 04:30 · 9 minutes

    Fillon

    Trois ans après les premières révélations du Canard enchaîné sur les emplois présumés fictifs de Penelope Fillon comme assistante parlementaire de son mari François Fillon, ancien Premier ministre et candidat présidentiel de la droite en 2017, ce qu’il est convenu d’appeler « Affaire Fillon » ou « PenelopeGate » est entré la semaine dernière dans sa phase procès.

    Chef d’accusation retenu contre les protagonistes, essentiellement : détournement de fonds publics.

    Loin d’être unique en son genre au rayon des multiples petits arrangements que les politiciens de tout poil s’autorisaient volontiers pour arrondir leurs fins de mois ou celles de leur parti – ce fut d’ailleurs un (piteux) axe de défense : « Tout le monde le fait ! » – l’affaire Fillon restera cependant dans les esprits et les annales de la République à deux titres peu ordinaires :

    D’abord en raison du montant assez colossal des sommes en jeu ( un million d’euros selon les calculs de l’Assemblée nationale) et ensuite et surtout par le fait qu’elle a complètement retourné le cours d’une élection présidentielle dans laquelle l’actuel prévenu François Fillon, brillant vainqueur de la primaire de droite , partait comme grand favori et finit éliminé au premier tour.

    L’avant/après de l’affaire Fillon

    De quoi remettre sur le tapis la question de la moralisation de la vie publique : peut-on dire aujourd’hui que le retentissement négatif de l’affaire Fillon a servi de puissant catalyseur pour hâter l’avènement d’une ère politique définitivement probe et vertueuse ?

    C’est en tout cas ce qu’Emmanuel Macron, candidat bénéficiaire des petits ennuis de François Fillon, s’est empressé d’intégrer au « nouveau monde » politique qu’il se flattait de proposer aux électeurs. Voyant dans cette affaire une « lèpre démocratique » caractéristique d’un autre âge, il comptait bien faire de son quinquennat celui qui restaurerait « la dignité de la vie publique ».

    Aussitôt dit, aussitôt élu, aussitôt fait. Tel le héros qui tient ses promesses plus vite que son ombre, il avait dit qu’il le ferait et il l’a fait pratiquement dans les secondes qui ont suivi son élection, non sans s’offrir au passage un grand moment de cinéma : dès le 15 septembre 2017, il faisait de la moralisation de la vie publique la première loi de son quinquennat et la signait en direct et en grande pompe devant les caméras de télévisions (vidéo, 02′ 13″) :

    Plus qu’à un « avant » et un « après » l’affaire Fillon, ce fut en fait à un « avant » et un « après » l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République que nous fûmes priés d’assister. Tel un nouveau passage glorieux de l’ombre à la lumière, la vie politique se trouvait dorénavant promise aux délices de la transparence et du dévouement le plus désintéressé des édiles, après des siècles de noirceur et de prédation inique dont l’affaire Fillon venait de nous rappeler l’écœurante réalité.

    Soyons justes : les mesures concernant l’impossibilité pour les parlementaires d’avoir une activité de conseil parallèle, l’obligation de rendre des comptes sur l’utilisation de leur indemnité représentative des frais de mandat, la limitation des emplois familiaux et la fin de la réserve parlementaire discrétionnaire apportaient une discipline bienvenue dans des domaines où les parlementaires avaient toujours refusé de se soumettre au moindre contrôle.

    La moralisation de la vie politique

    Mais observons aussi combien le « nouveau monde » d’Emmanuel Macron n’a pas mis longtemps à se lézarder au point de ressembler à s’y méprendre à l’ancien.

    Il suffit de se rappeler d’abord que cette loi de moralisation résultait au départ d’un accord électoral avec François Bayrou, ce dernier apportant les voix du Modem à la candidature Macron en échange du poste convoité de grand justicier. Un François Bayrou qui jusqu’à quinze jours de son ralliement à la République en Marche se répandait à profusion sur tout le mal qu’il pensait d’Emmanuel Macron.

    Et il suffit de se rappeler ensuite que le dit grand justicier a fini épinglé en train de faire la bête avec une stupide histoire de cadres du Modem « à recaser d’urgence » – encore une affaire d’emplois fictifs pour laquelle il a été mis en examen en décembre dernier alors qu’il s’est toujours appliqué à faire l’ange de la politique avec ostentation et, par la même occasion, à faire la morale à tout le monde. Nous n’étions que le 21 juin 2017, soit un gros mois après l’élection d’Emmanuel Macron, et Bayrou devait déjà démissionner pour excès de lèpre démocratique.

    Pour une loi de moralisation de la vie publique, ça commençait plutôt mal.

    Depuis, force est de constater que le quinquennat Macron se signale par une succession ininterrompue « d’affaires ». Toutes ne relèvent pas d’abus commis par des parlementaires sur les enveloppes financières dont ils disposent. On pourrait même dire que de ce point de vue une certaine vigilance dans le respect de la loi est de mise. Mais toutes montrent à l’évidence que morale et politique font rarement bon ménage tandis que le deux poids deux mesures y a encore de beaux jours devant lui.

    Les « exemples » ne manquent pas

    C’est ainsi que de Ferrand, en Rugy, Delevoye et Benalla, il n’est question que de prise illégale d’intérêt, de détournement de fonds publics, de conflits d’intérêts non déclarés et d’abus de pouvoir.

    Prenons le président de l’Assemblée nationale Richard Ferrand . Mis en examen dans l’affaire des Mutuelles du Mans, il ne démissionne pas. Après avoir intensément critiqué Fillon du haut d’un prétendu surplomb moral, il s’engouffre au contraire dans les mêmes contorsions et les mêmes justifications boiteuses. Quant à Emmanuel Macron, après avoir condamné de toutes ses forces de preux chevalier sans tache et sans reproche la lèpre démocratique dont l’affaire Fillon était l’abominable symptôme, il garde toute sa confiance à un Ferrand jugé « irréprochable » dans l’exercice de ses fonctions.

    Prenons l’ex-président de l’Assemblée nationale ex-ministre de l’Écologie François de Rugy . Il est assez effarant de penser que les dîners qu’il organisait avec son épouse à grand renfort de homards géants et de grands crus millésimés ont eu lieu après l’affaire Fillon, comme si rien, jamais, ne pouvait entamer la bonne conscience de nos politiciens si dévoués à la cause publique et à l’intérêt général.

    Prenons l’ex-Haut-commissaire aux retraites Jean-Paul Delevoye . Quand il entre au gouvernement en septembre 2019, on est non seulement après l’affaire Fillon, mais après toutes les affaires citées précédemment. Mais M. Delevoye, pauvre petit oiseau tombé du nid, n’a pas du tout l’idée d’être rigoureux dans sa déclaration d’intérêts. « Les choses auraient été différentes si j’avais été alerté » a-t-il même déclaré au journal Le Monde . Il aurait fallu que quelqu’un le prenne par la main, lui le ministre qui prétendait nous gouverner, et lui dise tout ce qu’il devait faire !

    Que de foutage de gueule, que d’amateurisme ! Chassez le naturel, il revient au galop. Et c’est au niveau gouvernemental que cela se passe…

    Quant à Alexandre Benalla , ce bodyguard qui voulait tutoyer les puissants, son ambition débordante ayant été promptement récompensée par un poste à l’Élysée et la confiance du président de la République, il n’aura pas tardé à considérer tout naturellement que sa position au cœur de l’État faisait de lui un être supérieur et le plaçait automatiquement au-dessus des lois applicables à nous autres, les citoyens ordinaires.

    Un sentiment largement répandu dans toute la classe politique française, toujours très sûre d’elle et excessivement convaincue que sa position éminente au gouvernement ou dans les multiples assemblées d’élus l’exonère de toute obligation de rendre compte. « Vous parlez au Premier ministre de la F rance » disait Laurent Fabius avec hauteur. Je suis le maître des horloges et ma pensée est complexe, nous dit aujourd’hui Emmanuel Macron. On touche là, je crois, à ce qui est le plus problématique pour la moralisation de la vie politique.

    Ainsi que je l’avais déjà souligné dans un précédent article , un État aussi largement répandu dans toutes les activités de ses citoyens que la France, un État qui distribue tant de postes enviés et tant de subventions, y compris à la presse, à la culture et aux entreprises, un État qui se mêle en permanence d’orienter les moindres aspects de l’existence de chacun en détenant jalousement un monopole sur l’Éducation et sur la santé, un État qui se croit fondé à orienter le crédit via BPI France et à jouer au stratège industriel malgré ses échecs répétés – un tel État s’imagine être omniscient et tombe rapidement dans un mix d’arrogance et d’irresponsabilité illimité.

    Dans ces conditions, on ne saurait s’étonner de voir les détenteurs du pouvoir s’y accrocher coûte que coûte non plus que de voir les opposants devenir de fervents partisans dès lors qu’on leur propose un poste en vue. Pour la classe politique et tous ceux qui aspirent de près ou de loin à se « dévouer au bien commun », la situation est beaucoup trop bonne pour être refusée et réformée en profondeur.

    Aucune loi de moralisation de la vie publique n’y changera quoi que ce soit – sinon à la marge pour éliminer tel ou tel mouton noir trop voyant – tant que le pouvoir politique, absolument tentaculaire en France, ne sera pas soumis à des limitations qui passent obligatoirement par une réduction drastique de l’emprise de l’État sur la vie du pays, histoire de rendre le service de l’État moins attractif et moins juteux.

    On constate cependant de budget en budget que ce n’est pas la voie suivie par Emmanuel Macron, bien au contraire. Ça promet

    Sur le web

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      Chèque-éducation : comment davantage de liberté peut sauver l’école

      news.movim.eu / Contrepoints · Tuesday, 3 March, 2020 - 04:15 · 22 minutes

    chèque-éducation

    Par Gabriel Koiran Portier.

    Un bloc uniforme qui tue toute initiative

    Au moment où la réforme du lycée de Jean-Michel Blanquer laisse encore de nombreuses familles dans l’incertitude, intéressons-nous à ce qui dysfonctionne vraiment dans l’éducation française.

    Pour remettre en question les a priori du débat national sur l’éducation, commençons par remarquer ce qui devrait apparaître comme une évidence pour tout libéral : l’hyper centralisation du système éducatif, dictée par une mentalité obsédée par une uniformité sans discernement, ne peut que causer le mécontentement de 90 % de la population – c’est-à-dire toutes les minorités qui n’auront pas réussi à imposer leur vision de l’éducation à toutes les autres.

    La variété factice de l’offre éducative française, entre enseignement général, technologique, professionnel, CAP, et autre REP+, cache en réalité une affligeante uniformité scolaire. Les programmes et les méthodes d’enseignement sont décidés à Paris par des fonctionnaires qui ne sont pas responsables devant les citoyens et encore moins devant les élèves et leurs parents. Une caste d’inspecteurs pénalise l’innovation et le pragmatisme au nom de l’uniformité.

    Les professeurs, personnels souvent très dévoués, bien qu’aveugles par intérêt ou par habitude aux possibilités de la liberté éducative, sont formés et encadrés par le proverbial mammouth, machine administrative d’une inertie à la mesure de son budget.

    Le constat d’un échec

    Après des années de dégradation des opportunités éducatives pour des millions d’élèves abandonnés à l’échec scolaire par un système scolaire étatisé, il est temps d’envisager un changement de paradigme radical.

    En plus de pousser ses employés au suicide plus que n’importe quelle entreprise privée , les responsables de l’administration scolaire étant dépourvus de toute responsabilité pour leurs actes, la hausse continue des moyens donnés à l’Éducation nationale au cours des dernières années s’est traduite par une baisse irrémédiable du niveau ( https://www.insee.fr/fr/statistiques/fichier/2492222/FPORSOC16m6_F5.6_depenses-education.pdf graphique 3 ). En plus de cette comparaison temporelle, une analyse spatiale révèle une corrélation inverse entre niveau de dépense et résultats des élèves .

    Contrairement à ce que voudrait faire croire un discours égalitariste supposé justifier l’existence de l’Éducation nationale, le système public, la carte scolaire (il suffit de voir l’échec du transport scolaire pour comprendre qu’elle découle nécessairement d’un tel cadre) est génératrice d’ inégalités et de concentration sociale . Alors que les résultats de l’Éducation nationale seraient jugés catastrophiques s’ils étaient le fait de n’importe quelle entreprise, les propagandiste de l’État louent l’égalité républicaine qu’elle permettrait soi-disant d’accomplir. On doit ce manque de bon sens à une idéologie qui exige qu’à chacun soit servi le même menu quelles que soient ses particularités, et non qu’il ait accès à un budget pour choisir sur la carte ce qui lui permettra de s’épanouir au mieux.

    Comme l’a mis en évidence la théorie du choix public , toute organisation bureaucratique cherche à croître et à attirer vers elle des financements. L’Éducation nationale n’échappe pas à la règle : elle a la tendance hégémonique de vouloir se substituer aux parents dans tous les choix éducatifs .

    De plus, ce qui est présenté comme une formation à l’esprit critique est en réalité un apprentissage de l’uniformité moutonnière . L’école publique enseigne la conformité aveugle à des exigences ne correspondant pas nécessairement à des facteurs d’épanouissement intellectuel ou de réussite dans la vie adulte. Alors que le passage par un système étatisé et universel pouvait être justifié au moment de l’émergence d’une république laïque et universaliste sous la IIIe République -bien qu’il se soit, rappelons-le, largement inspiré de l’enseignement religieux et notamment jésuite qui le précédait-, il est temps aujourd’hui de repenser ce modèle sclérosé, alors que la massification scolaire est à présent acquise.

    Comment réparer l’école ? La solution de la liberté

    Qui sait quelles possibilité s’ouvriront aux enfants de France quand des parents qui n’ont rien à perdre, sinon quelques mois de la vie de leur enfant de toute façon voué à l’échec scolaire dans notre système actuel, pourront enfin se permettre de recourir aux services de quiconque proposera une méthode alternative ? Il s’agit de faire passer l’éducation privée d’ un luxe à une possibilité ouverte à tous.

    Les possibilités sont réellement infinies, comme en atteste la floraison de formes d’institution et de méthodes dans les domaines privés que sont l’enseignement musical ou sportif par exemple.

    Il convient de ne pas adopter une vision normative consistant à dire qu’il faudrait appliquer telle ou telle solution, mais plutôt de laisser la concurrence et la motivation des parents (étouffée par le système actuel) faire leur œuvre. Autrement dit, faire confiance aux tâtonnements et aux expérimentations de multiples écoles pour sélectionner les meilleures méthodes et structures par un processus évolutif, plutôt que par de grandes réformes à l’emporte-pièce qui mettent des années à être implémentées pour être remplacées par d’autres au prochain ministère. Ce ne sera donc pas non plus une solution miracle, mais un nouveau cadre qui permettra l’épanouissement d’une immense variété de solutions différentes. Plutôt que de vouloir faire une grande réforme du système, confions son futur à l’expérience pratique des professeurs et à leur intelligence collective.

    Après tout, tous les professionnels de l’éducation le savent, chaque enfant est différent. Chacun a ses particularités, ses forces, ses faiblesses, ses ambitions et ses désirs, ses facultés et ses phobies, sa manière la plus efficace d’apprendre… Chaque famille a également son envie, ses projections, son projet. L’Éducation nationale ne pourra jamais répondre à cette diversité.

    Le principe du chèque-éducation

    Initialement popularisée par Milton Friedman , l’idée du chèque éducation est assez simple : donner à chaque famille qui retire son enfant d’une école publique un chèque annuel équivalent à ce qu’aurait coûté son éducation. La famille serait alors libre de dépenser ce chèque dans n’importe quelle école agréée selon certains critères. Loin d’être une réforme comme les autres, il s’agirait donc d’un changement radical de la logique de l’éducation.

    De nombreuses expérimentations ont déjà fait leurs preuves, avec d’excellents résultats : Flandres, Chili, Suède (qui est beaucoup plus libérale que la France sur bien des aspects). Dans la ville de Milwaukee aux États-Unis, 26 % des familles y ont déjà recours, dont de nombreuses dans les quartiers les plus populaires. Dans notre pays, qui depuis les lois Ferry a une culture intransigeante de centralisation et d’uniformisation scolaire, cela ne ferait pas de mal d’essayer une voie radicalement différente.

    La vieille diabolisation du privé, dénoncé systématiquement comme un égoïsme, sert hélas à tétaniser une opinion publique face à la réalité suivante : l’instauration du chèque-éducation sera une formidable égalisation des chances, en plus d’une avancée de la liberté, car aujourd’hui les plus aisés peuvent déjà se permettre de scolariser leur enfant dans une école hors contrat et donc de payer de fait deux fois, par leurs impôts et les frais d’inscription.

    Cette possibilité serait désormais ouverte à tous, et ce à moindre coût : le seul surcoût serait celui des familles qui ont actuellement recours à une école privée hors contrat. Au nombre de 73 000 (primaire à université confondus) et avec un coût moyen de 10 000 euros par an, cela représenterait la maigre somme annuelle de 730 millions, à comparer aux 52,7 milliards dépensés chaque année par la seule Éducation nationale .

    Ce moment passé, le coût supplémentaire initial serait plus que compensé par le gain social à terme d’une telle réforme ; encore une fois, voilà une dépense supplémentaire avec un effet levier d’amélioration potentielle gigantesque. En somme, coût marginal nul pour l’État, opportunité supplémentaire pour les parents : c’est une réforme gagnant-gagnant, dont les seuls perdants sont les intérêts privés liés au système éducatif et les idéologues d’État.

    Une application au cas français

    Les bienfaits que la concurrence apporterait sont énormes, comme ils le sont dans presque tous les autres champs de la vie économique.

    Il est en effet évident que l’éducation n’échappe pas à la règle économique qui veut que la concurrence puisse au fil du temps faire davantage avec moins de moyens, contrairement à une pensée fallacieuse hélas trop répandue qui veut que balancer plus d’argent sans discernement améliorera le sort des élèves . Assorti d’un fatalisme éducatif , cet état d’esprit généralisé attribue l’échec d’une génération à la nature des élèves plutôt qu’aux défaillances du système. De fait, les pays qui dépensent le plus ont tendance à être ceux ayant les pires résultats.

    On peut suggérer que c’est parce que ce sont ceux qui ont tendance à avoir une administration bureaucratique et une sclérose des méthodes et des programmes la plus avancée : États-Unis, Belgique, France, Espagne, Autriche…

    Il existe en effet des bonnes et des mauvaises manières de dépenser davantage d’argent dans le système éducatif : on peut mettre plus de moyens aveuglément, ou bien utiliser des outils financiers différents (calcul du salaire des professeurs, internats, rationalisation administrative et du personnel non-enseignant…) pour réformer en profondeur le système. L’idée que c’est en finançant davantage le mammouth qu’on aide les élèves et qu’on améliore la qualité globale de l’éducation pour les élèves français est tout simplement fausse. Cette focalisation malsaine sur le budget total se fait au détriment des résultats réels et de l’égalité des chances .

    Soulignons qu’un système par chèque-éducation n’aurait rien à voir avec les actuelles écoles privées sous contrat, bien plus publiques que privées, obéissant aux programmes de l’Éducation nationale et recrutant des professeurs en tous points conformes à ceux enseignant dans les établissements publics, car formés dans le même moule. On y mettra donc fin. Elles n’ont que la particularité de pouvoir faire payer les parents pour les petits bonus d’un enseignement religieux, de différences des horaires de cours, voire de couleur des murs ou de durée de la pause de midi… Même dans l’enseignement privé hors contrat, le directeur doit avoir la nationalité européenne et enseigné cinq ans dans un établissement homologué en Europe, en plus de devoir prouver au rectorat qu’il obéit au socle commun de connaissances. En somme, aucun moyen de se libérer de la surveillance du recteur.

    Ce système pourrait s’appliquer de la maternelle jusqu’à l’enseignement supérieur, en calculant le coût moyen d’un élève pour toutes ces tranches d’âge. Concernant l’enseignement préscolaire, il existe tellement de manières de stimuler intellectuellement un petit enfant, tant la plasticité cérébrale est élevée. Pourquoi ne pas permettre cette expérimentation, et laisser chaque parent orienter son enfant vers les activités auxquelles il répond le mieux ?

    L’actuel scandale de l’électoralisme et du favoritisme dans l’attribution des places de crèches montre que l’État est un appareil au service des intérêts privés et des plus favorisés. La compétition pour un nombre de places en crèche rationné à cause de l’inefficacité des dépenses démontre mieux que tout autre exemple la pertinence dans le domaine éducatif de la formule de Bastiat, l’État, c’est la grande fiction par laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde , et l’hypocrisie des défenseurs de gauche du statu quo.

    L’étatisation des décisions éducatives ouvre la voie à toutes sortes d’endoctrinements.

    Que ce soit dans l’enseignement moral et civique, la manipulation des programmes d’histoire (le débat malsain entre science objective et apprentissage du patriotisme), les biais dans les programmes de sciences économiques et sociales (faut-il vraiment s’étonner que le mot libéral soit compris comme une insulte dès l’adolescence), l’éducation est instrumentalisée dans des débats sans fin où chacun essaie d’avoir le dernier mot sur l’éducation que recevra l’enfant de son voisin.

    Les politiques susceptibles d’autoriser une transformation de l’ampleur du chèque-éducation savent bien qu’il n’est pas dans leur intérêt de perdre le contrôle sur la manière dont est dépensé l’argent des impôts destinés à l’éducation. Ils savent aussi qu’en perdant la maîtrise du contenu de l’enseignement, ils ne pourront plus utiliser les programmes scolaires comme arme politique et un outil de promesses démagogiques : voir les débats absurdes sur le voile à l’école, la théorie du genre , l’éducation sexuelle, les menus halal, bios et végétariens , la méthode d’apprentissage de la lecture… autant de questions personnelles qui n’ont rien à faire dans un débat de politique publique.

    Et autant de questions qui ne seraient pas génératrices de conflit, si le soin d’en décider était laissé aux parents, plutôt que d’imposer une uniformité pseudo républicaine somme toute fort superficielle lorsque on voit les différences de traitement entre élèves à l’échelle de la France, et l’état de l’infrastructure scolaire. Les tensions accrues par ces polémique inévitables lorsque des millions d’enfants sont confiés à une instance centralisée sont dommageables à tous les acteurs du monde éducatif.

    Un cadre général pour libérer les possibles

    Nombre de théories s’affrontent également sur le but de l’éducation : signal, capital humain… L’Éducation nationale est le fruit d’une superposition complexe de couches historiques et de volontés politiques, si bien qu’il devient difficile de discerner son but : orienter les élèves vers l’enseignement supérieur ? Leur donner les compétences de base pour la vie ? Les former pour le travail ? Être de bons citoyens ? Au vivre-ensemble ?

    Cela devrait être le rôle des parents et des élèves eux-mêmes de décider ce qu’ils attendent de l’éducation. Il conviendrait pour cela d’instaurer à la fin de la scolarité obligatoire un diplôme de base assorti d’un test annuel attestant d’une évaluation standardisée en prévision de la sélection universitaire, en remplacement du baccalauréat devenu complètement inopérant. Un seuil minimum de progression à la réussite de ce test d’une année à l’autre pour la globalité des élèves d’un établissement privé pourrait fonder l’éligibilité pour l’encaissement de chèques éducatifs ; une telle méthode d’évaluation éviterait toute interférence trop poussée dans les programmes précis de l’enseignement et dans ses méthodes.

    D’aucuns diront, à la vue des innombrables faillites et absurdités du système éducatif, qu’il conviendrait simplement de faire ceci ou cela. Mais cela nous placerait à nouveau dans ce cycle vicieux sans fin, où l’on pousse divers curseurs un peu plus dans un sens ou dans l’autre, et où personne n’est jamais satisfait par l’unique proposition collective. L’Éducation nationale resterait comme aujourd’hui ce hamster tournant éternellement dans la roue des réformes pour alimenter la dynamo de l’illusion égalitaire. En dépit de ces quelques suggestions, gardons-nous donc bien de reproduire l’erreur qui consiste à vouloir imposer des méthodes sans savoir si elles fonctionneront vraiment pour tout le monde.

    Nous ne disposons évidemment pas encore de la marche exacte à suivre pour cette réforme. Il restera de nombreux détails à régler concernant l’étendue des exigences du test de fin de scolarité, l’examen des comptes et les dépenses autorisées, la neutralité idéologique et religieuse des écoles, les restrictions éventuelles sur la sélection ou la vigilance concernant la discrimination…

    On peut toutefois la voir comme un régime de transition vers un état où le gouvernement n’aurait absolument plus rien à voir dans l’éducation, et où la standardisation, le maintien de l’Éducation nationale comme filet de secours, et l’attribution de chèques éducation ne seront plus nécessaires.

    Utiliser l’argent public et la surveillance des fonctionnaires peut en effet apparaître comme contraire à un idéal libéral, mais peut être nécessaire comme simple outil dans une période de transition à court terme. En attendant, il convient de conserver ces composantes publiques, dans l’optique de garantir une égalité des chances qui permettra d’aboutir aux conditions nécessaires pour que cette utopie éducative libérale puisse bénéficier à tous.

    Les évolutions concrètes à court terme

    Au fur et à mesure que les écoles libres se développent et essaiment, que les essais et les échecs font fleurir un écosystème riche et divers de pédagogies et de structures, l’idée est bien sûr de voir disparaître à terme le filet de secours que sera devenue l’Éducation nationale, à mesure que toutes les familles se seront rendues à l’évidence qu’il est préférable de scolariser leur enfant dans l’une de ces nouvelles écoles.

    Un deuxième chemin non moins préférable est également possible, dans lequel les politiciens finissent par se rendre compte qu’ils doivent adapter le système jusqu’à être à la hauteur de l’exigence des familles, et que la répartition des élèves entre public et privé se stabilise pour atteindre une forme d’équilibre.

    Cette suggestion que l’Éducation nationale est destinée à, sinon disparaître, du moins se réduire substantiellement, fera bien sûr peur à tous les rentiers et intéressés du système. Maintenant que nous avons présenté l’idéal, il convient donc par souci de pragmatisme d’étudier quelques obstacles concrets qui pourraient faire passer une telle réforme plus aisément.

    Au départ, et durant une décennie, la situation pourrait évoluer difficilement avec la fermeture de nombreuses écoles du fait de la transition des élèves, une organisation compliquée de la coordination des programmes, l’inspection des comptes pour vérifier l’absence de rétrocession des fonds aux parents… Mais elle finira par se stabiliser. Il y en aura pour tous les goûts, des écoles les plus traditionnelles aux plus expérimentales. On pourrait également envisager une période transitoire qui passerait par une simple décentralisation de l’enseignement au niveau des collectivités locales, comme c’est en grande partie le cas en Allemagne.

    La question des professeurs de l’Éducation nationale et de leur statut d’emploi à vie devra également être réglée ; que deviendront-il lorsque le nombre d’élèves diminuera dans l’enseignement public ? Une fois les réticences initiales dépassées, ils seront nombreux à trouver davantage satisfaction dans la vision et le projet éducatif de tel ou tel établissement plutôt que dans le système actuel dont ils sont tout autant victimes que les familles .

    À ceux qui craindraient une discrimination ou une concentration des élèves selon leur niveau, on rétorquera que la nouvelle configuration pourra difficilement être plus ségréguée que l’actuelle, basée sur la carte scolaire, disposition qu’il faut absolument dépasser. Le chèque éducation permettra aux écoles de sélectionner au mérite si elles le souhaitent et non sur les moyens et la détermination des parents à investir dans l’immobilier comme c’est le cas à  présent, et donc de couper le cordon déterministe inter-générationnel.

    Certaines écoles seraient libres de pratiquer la discrimination positive, ou de s’associer sur la base d’affinités extra-scolaires, de personnalité, de religion, d’excellence dans un domaine particulier, de préparation d’une filière donnée… Finalement, un égalitariste comme Amartya Sen , chantre des capabilités comme mesure d’une bonne société, pourrait se retrouver dans cette vision, malgré la divergence nette dans les moyens utilisés pour y parvenir.

    Pourquoi tant d’inertie ?

    La question d’une plus grande liberté de choix dans l’éducation est virtuellement absente du débat public français, du moins depuis les grands combats pour l’école libre en 1984, où il ne s’agissait néanmoins que de défendre le statu quo de l’école sous contrat. Cette situation politique est radicalement différente du cas américain où la question des school vouchers est plus ou moins connue de tous, à défaut d’être largement implémentée, à cause de notre culture de la passivité consistant à nous appuyer par défaut et malgré toutes les preuves contraires, sur un État jugé omniscient qui peine à trouver des justifications rationnelles lorsqu’il s’agit de gérer aussi directement qu’il le fait un service comme l’éducation qui pourtant n’a rien d’un monopole naturel.

    Coupons court immédiatement à l’argument tant de fois ressassé que l’éducation d’un seul bénéficie à tous, et qu’il convient donc de la socialiser. Dans un débat télévisé au sujet du financement public de l’éducation supérieure , Milton Friedman a si bien réfuté cet argument applicable à tous les domaines, qu’il nous ferait déduire assez naturellement la nécessité d’une collectivisation totale de l’économie nationale  :

    Friedman : Laissez-moi vous poser une question […] . La société a-t-elle bénéficié de la commercialisation par Henri Ford du modèle T ?

    Jenkins : Oui, je le pense
    Friedman : La société aurait-elle donc dû subventionner la production du modèle de voiture de Henry Ford ?
    Jenkins : […] Bien qu’il puisse y avoir un groupe d’individus qui soient pauvres, que ces individus puissent être imposés, et que ces impôts puissent financer l’éducation de quelqu’un, ils n’y perdent pas, car la société bénéficie d’avoir un cœur de la population qui soit éduqué.

    Friedman : Excusez-moi, là se trouve l’essentiel. La société a bénéficié de la production de la Ford T, et les personnes pauvres dont vous parlez ont profité du fait que Ford fasse cela. Et pourtant vous ne pensez pas que l’État aurait dû utiliser la contrainte de l’impôt pour créer ce bienfait. Quelle différence ?

    Tout est dit.

    Mais alors, d’où vient le blocage ? Pourquoi n’avons-nous pas encore institué un système qui ne coûterait rien de plus ni aux parents ni à la collectivité, qui serait ouvert aux riches comme aux pauvres, au régions urbaines comme rurales, au enfants de maternelle comme aux lycéens ?

    Tout d’abord, l’habituelle puissance et pouvoir de nuisance gigantesque des syndicats d’enseignants du fait de leur forte qualification qui les rend difficilement remplaçables à moyen terme, et de leur position dominante du fait du monopole dont dispose l’Éducation nationale ; c’est une profession très organisée, avec une forte conscience de corps et arc-boutée sur son statut.

    Les professeurs penseront, à raison, qu’après une telle réforme suivra une hémorragie de l’Éducation nationale. Nombre d’entre eux devront tracer leur propre chemin et inventer une nouvelle manière d’enseigner en rejoignant une école privée ou en créant la leur, ou encore en tant qu’indépendant. Leur salaire sera alors soumis à une pression concurrentielle, et les forces du marché leur dicteront une progression de salaire qui correspondra à l’efficacité et l’évolutivité de leurs méthodes pédagogiques et non à une grille de carrière.
    D’où des slogans absurdes qui ne manqueront pas de fleurir : on veut tuer l’éducation, un enseignement au rabais, rupture de l’égalité républicaine, c’est chacun pour soi…

    Les seules personnes reconnues comme professionnels de la question sont hélas celles qui ont tout intérêt à conserver le statu quo. Il est donc temps d’introduire de la diversité dans le monde éducatif. Il est normal, disons-le, que les professeurs cherchent à défendre leurs intérêts, mais collectivement il est indispensable d’apprendre à les dépasser au nom de la liberté et de l’intérêt de tous.

    Concernant une crainte de la hausse des coûts administratifs du fait d’une privatisation, soulignons que l’Éducation nationale emploie déjà un agent administratif pour trois professeurs. La privatisation aura davantage tendance à inciter les établissements à réduire ce type de dépenses inutiles. Encore une fois, étant donné la possibilité pour tout parent de revenir dans le giron de l’Éducation nationale s’il estime le secteur privé non avantageux (aujourd’hui équivalent au coût d’un élève dans le public) du fait de la multiplication des dépenses de publicité et d’administration qu’est censée engendrer le privé, les écoles en abusant se trouveront bien vite éliminées.

    Conclusion

    Les étatistes ont raison de louer l’égalité des chances et le pouvoir formidable d’émancipation de l’éducation. Mais ils prétendent pour cela sauvegarder un système qu’ils considèrent égalitaire et juste.

    Or, ce système échoue massivement dans les quartiers, et il est un trou financier sans fond.
    Une réforme libérale permettrait d’améliorer le sort de tous, au détriment de personne, apporterait du confort professionnel aux enseignants.

    Hélas, ils préfèrent leurs principes d’égalité fictive mâtinée de républicanisme aveugle à une réelle amélioration des conditions, et à un pragmatisme social soutenu par de forts principes de liberté et d’égale dignité.

    Donnons à toutes les familles qui ne peuvent pas encore se le permettre la possibilité de sortir du carcan financé par leurs propres impôts, et rendons à tous les enfants victimes du sous-développement de leurs capacités l’opportunité de trouver l’enseignement qui leur convient.

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      Pourquoi est-il urgent de s’inquiéter du solde négatif de notre balance commerciale ? (2)

      news.movim.eu / Contrepoints · Tuesday, 3 March, 2020 - 04:00 · 9 minutes

    balance commerciale

    Par Claude Sicard.
    Un article d’Entrepreneurs pour la France

    Nous avons, dans un article précédent , décrit par quel processus des pays qui avaient une balance commerciale déficitaire sont parvenus à redresser la barre de leur commerce extérieur, et nous avons vu que, chaque fois, ce résultat provenait du développement simultané, et relativement rapide, de un ou deux secteurs de l’économie, de secteurs anciens qui se sont restructurés et sont devenus très compétitifs, ou bien de secteurs nouveaux pour lesquels les acteurs ont su trouver une stratégie de croissance pertinente.

    Et dans le cas de très grands pays, il s’est agi de trois, voire quatre secteurs, comme cela a été le cas pour l’Allemagne. Quand la balance commerciale d’un pays se redresse, ce n’est jamais parce que tous les secteurs de l’économie, soudain, se seraient mis en marche et seraient devenus plus exportateurs, mais parce qu’un, deux, voire trois secteurs sont devenus très dynamiques, des secteurs représentant un pourcentage significatif du PIB du pays.

    C’est du moins l’enseignement que l’on peut tirer des cas que nous avons examinés dans l’article précédent. Nous allons donc voir ici, ce qu’il en est dans le cas de la France, un pays qui ne parvient pas à redresser sa balance commerciale.

    Le déficit de notre balance commerciale s’est élevé à 58,9 milliards d’euros en 2019, et du fait qu’il se trouve en très léger repli par rapport à l’année précédente, les commentaires laudatifs fusent de tous côtés. On vante ainsi les mérites de la « Team France export » d’Édouard Philippe, et le Quai d’Orsay triomphe, nous disant : « Selon les tendances des trois premiers trimestres 2019, la croissance des exportations françaises de biens serait, en 2019, supérieure à celle des exportations allemandes, britanniques, italiennes, néerlandaises et espagnoles ».

    Faut-il réellement crier victoire aussi vite ?

    Nous allons voir quelle est la situation réelle de notre pays en matière de forces susceptibles d’amener plus ou moins rapidement une amélioration notable de la balance du commerce extérieur. Tout d’abord devons-nous constater que nos exportations par rapport au PIB sont tout à fait insuffisantes, comme le montre le tableau ci-dessous où la France est comparée aux quatre pays pris en exemple dans notre article précédent, des pays qui, précisément, sont parvenus à redresser la barre de leur commerce extérieur dans des délais relativement raisonnables :

    Exportations, en pour cent du PIB
    France 31,3 %
    Allemagne 47,4 %
    Danemark 55,6 %
    Suisse 66,1 %
    Pays Bas 84,3 %

    Il faut examiner, ensuite, la situation dans laquelle se trouve ce que les Hollandais ont nommé des top sectors c’est-à-dire des secteurs stratégiques pour le redressement de la balance commerciale du pays. Ils sont au nombre de quatre :

    – Industrie automobile
    – Agro-alimentaire
    – Construction aéronautique
    – Secteur du luxe

    Industrie automobile

    Le secteur de la construction automobile tient une place importante dans la vie économique du pays, employant 211 000 personnes, dont 126 000 chez les constructeurs, 66 000 chez les équipementiers, et 19 000 chez les carrossiers. Le chiffre d’affaires du secteur est évalué à 155 milliards d’euros, dont 47 milliards à l’exportation.

    Malheureusement, l’activité de ce secteur décline depuis quelques années : la production est passée de 3,5 millions de véhicules en 2000 à 2 millions en 2018, et l’on peut craindre que les évolutions technologiques en cours qui vont amener des bouleversements tout à fait considérables dans les toutes prochaines années fragilisent encore un peu plus ce secteur.

    La balance commerciale de ce top sector est d’ailleurs devenue négative, la France important plus de véhicules à présent qu’elle n’en exporte : le déficit commercial a été de 8,2 milliards d’euros en 2017, et de 12,4 milliards en 2018. Ce secteur est donc très loin d’avoir la même importance qu’en Allemagne, l’industrie automobile allemande étant environ quatre fois plus puissante que la nôtre. En Allemagne, elle représente 4,0 % du PIB, alors qu’en France il s’agit d’environ 1 % seulement.

    Dans la production européenne, la France est passée de 13,1 % en 2000, à 6,7 % maintenant ; au plan mondial, elle est devenue un petit producteur, face à la Chine qui produit 28 millions de véhicules par an et aux États-Unis qui en sont à un peu plus de 12 millions.

    L’agro-alimentaire

    Ce secteur tient, traditionnellement, une place très importante dans l’économie du pays, la France étant un pays agricole et la gastronomie française ayant une réputation mondiale. Le chiffre d’affaires de ce secteur était évalué à 176 milliards d’euros en 2018, dont 44 milliards réalisés à l’exportation, soit 26 %. Et il s’agirait d’un effectif d’un peu plus de 400 000 personnes, chiffre probablement exagéré car on ne sait pas exactement comment les acteurs de la branche établissent leurs comptes.

    Malheureusement, la concurrence des Allemands et des Hollandais a mis à mal ces dernières années le secteur de l’agro-alimentaire français, et il a perdu ainsi un peu plus de 20 000 emplois en 10 ans. Aussi, un économiste comme Alexandre Mirlicourtis du cabinet Xerfi parle-t-il d’une véritable Berezina ! Une déroute donc pour l’un des points forts de notre économie.

    Le secteur est composé d’un trop grand nombre de petites, voire de très petites PME, et il y a donc un urgent besoin de le restructurer et de le moderniser : 76 % des entreprises ont moins de 10 salariés. Mais il y a, aussi, plusieurs très grands groupes (Danone, Lactalis, Ricard…) qui sont des firmes multinationales : mais en se développant mondialement, ces firmes réalisent une partie de leur production à l’étranger.

    Le 26 février 2018 le comité exécutif du Conseil national de l’Industrie, le CNI, a validé le programme du comité stratégique de la filière agro-alimentaire présidé par le président de l’ANIA, et l’on va centrer l’action sur le maillon faible de la filière : son industrialisation. Des efforts particuliers vont être faits pour renforcer la R&D qui ne représente que seulement 1,3 % du chiffre d’affaires de la branche.

    Ce secteur qui était jusqu’à une période récente l’un des points forts de l’économie, est donc à présent à la peine. Les exportations qui s’élevaient à 58,7 milliards d’euros en 2016 ont chuté à 44 milliards en 2018. Ces chiffres sont à comparer à ceux des deux pays européens qui devancent maintenant la France en matière d’exportations dans l’agroalimentaire, l’Allemagne avec 72 milliards d’euros, et la Hollande avec 60 milliards d’euros.

    Le secteur aéronautique et spatial

    La France a été l’un des pionniers dans l’aéronautique, et avec Airbus et Dassault elle dispose d’un secteur de construction aéronautique extrêmement dynamique. Ce secteur emploie aujourd’hui 350 000 personnes (constructeurs et sous-traitants) et a un chiffre d’affaires de 65,4 milliards d’euros (GIFAS), dont 44 milliards à l’exportation.

    Mais du fait de l’articulation des fabrications entre les pays membres d’Airbus (France, Allemagne, Royaume-Uni et Espagne) ce secteur est structurellement fortement générateur d’importations : en 2018 les importations se sont élevées à 38,3 milliards d’euros, en sorte que le solde excédentaire de ce secteur ne s’est monté qu’à 27,8 milliards d’euros. La contribution nette de ce secteur d’activité au commerce extérieur du pays est donc relativement modeste, alors que par nature, puisqu’il s’agit d’activités de haute technologie et de marchés en croissance, on pourrait le considérer comme pouvant être l’un de nos meilleurs top sectors dans les années à venir.

    Le secteur du luxe

    Le secteur du luxe est aujourd’hui le joyau de l’industrie française. Les experts de la branche nous disent qu’il s’agit de 165 000 emplois, avec un chiffre d’affaires de 90 milliards d’euros dont 85 % réalisés à l’exportation, soit 76,5 milliards d’euros. C’est le fleuron national de notre industrie, et le journaliste économique Jean-Marc Sylvestre nous dit dans un article sur Atlantico : « la France qui s’est cherchée une activité dominante pendant un demi-siècle l’a trouvée dans l’industrie du luxe ».

    Dans ce secteur, les Français dominent le marché mondial : LVMH (Bernard Arnault) est le numéro un mondial, Kering (François Pinault) est numéro deux, et les groupes français détiennent 130 marques de prestige sur les 270 mondiales recensées aujourd’hui. Dans les dix premiers groupes mondiaux figurent aussi Hermès et l’Oréal. Il s’agit donc pour l’économie française d’une carte maîtresse, notamment en matière de commerce extérieur.

    Quelles perspectives pour un retour à l’équilibre de notre balance commerciale ?

    Sur les quatre top sectors sur lesquels on pourrait normalement compter pour redresser le solde de notre commerce extérieur, on voit donc que deux sont défaillants, et le troisième, l’industrie aéronautique, qui est effectivement un secteur très dynamique est, par nature, générateur de fortes importations pour ses fabrications.
    Ainsi, la manière dont est structuré le groupe Airbus limite beaucoup les capacités de ce secteur à réduire le déficit de notre commerce extérieur.

    Il reste donc le secteur de l’industrie du luxe, qui se révèle être contre toute attente le pilier le plus solide et le plus florissant de l’industrie française. Mais à lui seul il est tout à fait insuffisant pour combler le défi commercial du pays : une augmentation de 5 % à 6 % chaque année de ses exportations, ce qui est le rythme actuel, amène 5 milliards d’exportations de plus, ce qui est peu de chose face à un déficit de notre commerce extérieur s’élevant à une soixantaine de milliards d’euros par an. Nous avons montré que dans le cas d’un grand pays comme la France il faut plus d’un top sector pour redresser la balance commerciale du pays : or, nous n’en disposons que d’un seulement.

    On aurait pu envisager, éventuellement, d’ajouter à ces quatre top sectors identifiés ci-dessus, l’industrie pharmaceutique, avec cette multinationale très connue qu’est Sanofi. Mais bien que dynamique, ce secteur ne représente que 55 milliards de chiffre d’affaires annuel, dont 25 se réalisent à l’exportation. L’industrie française du médicament vient en quatrième position seulement en Europe, derrière la Suisse, l’Allemagne et l’Italie, et 8 % à 10 % d’augmentation des exportations de ce secteur, chaque année, n’amènent, pour autant qu’elles se réalisent, que 2 à 3 milliards de mieux pour réduire notre déficit commercial.

    On voit donc qu’il n’y a aucune chance que notre déficit commercial puisse vraiment se réduire beaucoup dans les toutes prochaines années. L’analyse des mécanismes qui ont permis à d’autres pays de redresser leur commerce extérieur débouche sur un diagnostic sévère à porter sur l’état de santé de notre économie : la France est en panne de top sectors.

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