En s’offrant pour 3,7 milliards d’euros la maison de ventes aux enchères Sotheby’s, Patrick Drahi s’offre une stature internationale. Mais l’homme d'affaires a aussi un plan pour rentabiliser son investissement.
La maison de ventes aux enchères a ouvert de nouveaux horizons au milliardaire - © Caroline Varon17 juin 2019, coup de tonnerre dans le milieu feutré de l’art : Patrick Drahi rachète la maison de ventes aux enchères Sotheby’s. Pour 3,7 milliards de dollars, le milliardaire s’ouvre une porte sur un monde très fermé. Déjà collectionneur , Patrick Drahi devient l’égal de François Pinault, propriétaire de Christie’s. En surpayant Sotheby's (qui ne dégage alors qu’un chiffre d’affaires de 1,04 milliard de dollars et un bénéfice net de 109 millions), il s’offre surtout un carnet d’adresse et une stature internationale. Mais même si l'achat est très largement affaire de prestige, l'homme d'affaire prépare en coulisse un plan pour rentabiliser, à terme, l'investissement.
Comme toujours, avec Patrick Drahi, le montage financier pour racheter Sotheby’s est assez complexe. Pour la galerie, une présentation simplifiée à été livrée aux médias. Le milliardaire explique investir « aux côtés de sa famille ». Il offre aux actionnaires une prime de 61 % sur le cours de l’action (par rapport à son plus haut de l’année 2019) en les achetant 57 dollars. Le financement repose sur de la dette (principalement BNP Paribas) et 400 millions en fonds propres qu'il récupère en cédant avant fin 2019 environ 2,5 % d’Altice USA.
En réalité, pour racheter Sotheby’s, Patrick Drahi et ses conseils habituels vont mettre en place un plan d’ingénierie financière complexe. Un document du cabinet d'avocats et de fiscalistes Mayer...
Certains fournisseurs du groupe Altice ont versé des commissions à une filiale du groupe, en échange de prestations dont on n’a pas trouvé trace. Le système a été interrompu en 2018 à la demande du service juridique d’Altice.
AMI, l'amie du groupe - © Caroline VaronEn ce mois de mars, les giboulées sont déjà de sortie. Chez Altice, on les prend pleine face. Le 14, le groupe du milliardaire Patrick Drahi annonce la cession prochaine de BFMTV et RMC à Rodolphe Saadé, le magnat franco-libanais à la tête de CMA-CGM, géant du transport maritime et de la logistique. Six jours plus tôt, l’agence Bloomberg , spécialisée dans la finance a révélé l’ouverture par le Parquet national fiancier (PNF) d’une enquête préliminaire qui vise Altice. Elle cible des faits de « corruption de personnes n'exerçant pas de fonction publique , [de] blanchiment et [de] recel de ces délits ».
Le PNF se demande si le groupe de Telecom n’a pas, en France, mis en place un système similaire à celui révélé par la justice portugaise. Les enquêteurs lusitaniens reprochent notamment au bras droit de Patrick Drahi, Armando Pereira, d’avoir imposé des sociétés de prestation appartenant à des proches dans les affaires du groupe. Ceux-ci lui auraient renvoyé l'ascenseur sous forme de rétributions financières, ou d'avantages en nature. L’affaire n’est pas encore jugée et Armando Pereira est toujours présumé innocent mais ses conséquences se font déjà sentir.
Quelques têtes sont tombées chez Altice, dont celle de Yossi Benchetrit, directeur des achats d’Altice USA et gendre d’ Armando Pereira . ( Lire tous nos articles sur Armando Pereira ) De son côté Patrick Drahi nie avoir eu connaissance de ces pratiques. Il s’affirme « trahi ». Mais pouvait-il vraiment ignorer les...
Dans un long courrier, l’ex-conseiller juridique de Patrick Drahi accuse l’homme d'affaires d’organiser la fraude fiscale de certains de ses lieutenants. Il est bien placé pour connaître la combine puisqu’il en a lui même été bénéficiaire.
Michel Matas met en cause Patrick Drahi - © Caroline VaronLa lettre recommandée qu’il décachette, en cette fin mars 2021, plonge Patrick Drahi dans une colère noire. L’homme d’affaire voit derrière la mise en demeure qui vient d’échouer dans sa boîte aux lettres une tentative de chantage de l’ancien conseiller juridique de son groupe, rien de moins. Il jure qu’il ne cédera pas… Et pourtant il va céder et signer un accord confidentiel assorti d’un joli dédommagement pour échapper à un grand déballage devant les tribunaux.
Au fil des 4 pages de cette mise en demeure, repêchées par Reflets , StreetPress et Blast dans les DrahiLeaks, Michel Matas retrace son parcours professionnel dans l’entreprise. De 2000 à 2004, il est l’avocat de Patrick Drahi « dans les dossier télécoms ». Le 19 juillet 2005, il entre au service exclusif de Patrick Drahi et devient son conseiller juridique principal. La rémunération est des plus confortables : un fixe annuel de 130.000 euros (hors taxes) auquel peut s’ajouter jusqu’à 50.000 euros de «variable».
Mais surtout le deal inclut une prime de 600.000 euros si Michel dépasse les cinq ans au service de Drahi et qu’il va encaisser en plusieurs fois. « Les modalités de versement de cette prime étaient explicitement mentionnées, sur ta proposition , “selon des modalités fiscales à déterminer” car tu m’avais expliqué à l’époque qu’un versement en Suisse éviterait tout impôt mais qu’on ne pouvait pas l’écrire comme ça »,...
Des villas en Suisse et aux Caraïbes, d’immenses appartements à New York, Tel Aviv et Paris… Patrick Drahi s’est constitué un patrimoine immobilier gigantesque grâce aux banques, toujours disposées à lui prêter aux meilleures conditions.
Un point de chute sur chaque continent ? - © Caroline VaronAvec 27 passeports ( https://reflets.info/articles/pas-de-frontieres-pour-les-drahi-et-leurs-30-passeports ) pour une famille composée de 6 membres, le monde est un terrain de jeu et chaque pays une case de Monopoly, sur laquelle il faut poser des maisons : de la Suisse à la petite île de Saint-Kitts-et-Nevis, en passant par les États-Unis, la France ou Israël, les Drahi se sont bâti un empire immobilier qui se joue des frontières. Les documents issus des DrahiLeaks permettent de faire le tour du propriétaire. Le voyage commence en Suisse, pays tranquille à la fiscalité si douce.
En Suisse, sa patrie officielle, la famille Drahi s'est dans un premier temps établie à Cologny. Ici, dans la « banlieue » de Genève, les fortunes et les grands noms du capitalisme voisinent dans la discrétion et l’entre-soi, dans un panorama exceptionnel. Dans cet Eden avec vue sur le lac Léman, les demeures rivalisent de luxe. Chez les discrets agents immobiliers qui accompagnent les transactions, les prix s’affichent et se négocient en millions de francs suisses (CHF).
Patrick Drahi, lui, semble mener une vie « toute simple », presque modeste, pour ne pas écrire banale, si l’on en croit un article de Vanity Fair qui brossait en mai 2016 le portrait d’un milliardaire en quête de simplicité. « Il se murmure, dans les rues du village, que l’homme est un peu spécial ", brosse Sophie des Déserts dans son article, [car]" il...
Toujours plus haut : Patrick Drahi s’est offert le plus gros avion d’affaires du marché, pour la modique somme de 61,7 millions d’euros. Un joli coucou avec lequel il survole la planète dans tous les sens, générant au passage des milliers de tonnes de CO2.
Un jet pour s'envoler vers un ciel sans nuages ? - © Caroline VaronSi l’on en croit les portraits publiés dans la presse, Patrick Drahi est un homme très simple. On peut le croiser à l’arrêt de bus, habillé très casual . S’il circule peut-être en bus quand il est en Suisse, pour ses déplacements dans le reste du monde c’est une autre histoire. La planète, l’homme d’affaires la survole, plusieurs fois par semaine, dans son jet privé. Son Bombardier Global 7500 est un monstre des airs - le plus gros appareil de l’aviation d’affaires en circulation. Prix d’achat? 61,7 millions de dollars.
Le jet de Patrick Drahi est rarement au garage. Pour les seuls cinq premiers mois de l’année 2022, il a effectué 56 vols sur quatre continents, note le magazine Complément d’enquête . Au total, l’appareil a avalé 128.000 kilomètres et émis 684 tonnes de CO2, soit plus de 70ans de rejets d'un Français moyen.
Ce méga-jet n’est pas le premier avion de Patrick Drahi. Comme Reflets , puis Heidi News l’ont raconté, la société Manjet fondée par le milliardaire a acheté un Falcon 7X, puis un Bombardier 6500, tous deux revendus par la suite. Un autre appareil (un Challenger 3500, toujours chez Bombardier) devait être livré l’an dernier. Les documents des Drahileaks montrent par ailleurs que l’entreprise de Patrick Drahi supervise aussi les rotations et la gestion d’un Global 6500 appartenant à son bras droit Armando Pereira et d’un Global 3000. Ces avions sont régulièrement mis en location.
Patrick Drahi était, jusqu’en 2022, propriétaire d’un superyacht acheté presque 32 millions d’euros. Mais même quand il est question de son budget vacances, l’homme d’affaires met en place des montages pour éviter les impôts et autres droits sociaux.
Le Quite Essential, un petit bateau, en toute simplcité - © Caroline VaronQue faire lorsqu’on est milliardaire et que l’on possède déjà plusieurs résidences à travers la planète - chalets en Suisse, villa aux Caraïbes et appartement géant à New-York ? À la tête du groupe Altice (SFR, BFM...) et 13ème fortune de France, Patrick Drahi s’est d’abord offert son jet privé , comme il se doit. Après avoir conquis les airs, il a voulu la mer. Il a donc investi dans un superyacht.
Mais jouir d’un yacht revient à jeter l’argent par le hublot : équipages, assurances, carburant, entretien, etc., tout se facture et l’addition gonfle vite. Problème, l’homme aime autant les opérations juteuses que les économies . Heureusement, le patron de SFR est un fin navigateur fiscal. Un art dans lequel il excelle, les révélations des DrahiLeaks l’ont documenté.
Patrick Drahi a usé de toutes les astuces pour réduire les coûts de son somptueux yacht, conservé pendant une petite décennie, de 2013 à 2021. Originellement appelé Quinta Essentia – traduction latine du « 5e élément » – le bateau géant a été rebaptisé Quite Essential quand il l’a racheté en 2013.
Classé dans la catégorie des superyachts, c'est un palace flottant qui porte bien son nom : « tout à fait indispensable », en français. En réalité, il a bien plus que le nécessaire. Ses 55 mètres de long peuvent accueillir jusqu’à 12 passagers et 13 membres d’équipage. À bord, rien n’est trop beau...
Reflets, StreetPress et Blast publient une nouvelle série de révélations sur le groupe Altice (SFR, BFM, Sotheby’s…). L’empire de Patrick Drahi, dans le viseur de la justice et rattrapé par ses dettes délirantes est aujourd’hui en péril. Enquêtes.
La dette, le point faible de Patrick Drahi - © Caroline VaronTremblement de terre le 13 juillet 2023 : la justice portugaise déclenche l’opération « Picoas » et place en détention l’ami de toujours, le bras droit de Patrick Drahi, Armando Pereira. Dans son pays, celui-ci est un homme d’affaire star. Il a un temps été l’homme le plus riche du portugal avec une fortune estimée aujourd’hui à environ 2 milliards d’euros. Armando Pereira est l’homme avec qui Patrick Drahi a créé Altice en 2002. Il a été ensuite de tous les montages financiers, de tous les investissements, de tous les projets les plus fous. Armando Pereira est connu comme le cost-killer du groupe, craint pour ses méthodes de management brutales et les charrettes de licenciements qu’il laisse derrière lui.
Patrick Drahi est un homme d’affaires puissant. 13e fortune française bien que domicilié en Suisse, il est à la tête du groupe Altice. Un empire tentaculaire qui réunit notamment des entreprises de télécom (SFR, Cablevision…) et des médias (BFM TV, RMC…) ou de commerce d’art (Sotheby’s)...
En août 2022, le groupe de hackers russes Hive a mis en ligne dans un recoin caché d’Internet des centaines de milliers de documents piratés à Altice après avoir échoué à faire chanter l’homme d’affaires. Reflets, Blast et StreetPress se sont associés pour explorer ces leaks.
Aujourd’hui le groupe Altice est en péril. Nos enquêtes sur Patrick Drahi et son système de prédation de ses propres sociétés permet de mieux comprendre pourquoi il est si près du gouffre. Elles sont...
A quoi sert la sagesse dans un monde qui va vers la folie ? lit-on dans une bande dessinée. A pas grand chose semble-t-il. Cette course vers la folie est précipitée par des personnages qui investissent et confisquent l'espace public pour gonfler leurs ego. A détriment donc du bien commun.
Le businessman dans Le Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry - Copie d'écranÀ écouter Emmanuel Macron et les ministres du gouvernement, tout va pour le mieux. Nous volons de victoires en victoires, de réussites en explosions de joie et de fierté. Ne sommes-nous pas les champions de l'économie, les organisateurs des Jeux Olympiques, la cathédrale Notre-Dame n'est elle pas en passe d'être reconstruite ? Cette pensée paralogique, c'est à dire une construction intellectuelle juste mais basée sur des prémisses fausses, masque une réalité bien plus triste.
La société française n'a jamais été parfaite. Le propos n'est pas de plonger dans une forme de nostalgie sur l'air de « c'était mieux avant ». Mais tout de même...
Les politiques ont depuis longtemps abandonné leur dernier pouvoir : celui de fabriquer la loi et de l'imposer aux divers secteurs qui composent notre société. Le « vivre-ensemble » suppose que chacun se plie à des règles communes qui protègent tout le monde. C'est un contrat social. Un renoncement aux droits ou aux envies individuelles au profit du bien commun, de l'intérêt général. Ils ont choisi, délibérément, de servir des intérêts individuels et de créer des lois qui répondent aux besoins de quelques uns, au détriment des autres. Et n'allez pas le leur faire remarquer. Si vous le faites dans la rue, vous subirez les foudres de la force publique. Si vous le faites poliment, ils vous rétorqueront que s'ils ne l'avaient pas fait, d'autres l'auraient fait....
La neige, comme les glaciers, disparait peu à peu. A tel point que l’on peut se demander s’il restera un flocon en altitude dans deux générations. Mais cela n’arrête pas l’industrie du ski qui continue à miser sur cette pratique, au risque de s’autodétruire.
À Tignes, en juillet 2023, les grues et les bulldozers sont partout... - © RefletsEn France, on n’a pas de pétrole mais on a de la neige, aurait pu être un bon slogan, plutôt que « En France on n’a pas de pétrole mais on a des idées ». Le pays compte plus de 200 stations de ski et possède le plus grand parc mondial de remontées mécaniques. Mais que va devenir toute cette industrie si la neige n’est plus au rendez-vous ? Et a-t-on prévu une transformation pour tendre vers un tourisme « quatre saisons » ?
« Nous, on n’a pas à se plaindre , explique Roland*, ici c’est la haute montagne ». Ce propriétaire d’un magasin de matériel de ski de Tignes est un local pur jus. Il a plutôt bien réussi et contemple sa longue carrière qui s’achève avec un calme assumé. Il a connu toutes les époques du développement de la montagne et fait le bilan. Il ne semble pas plus concerné que cela par les problématiques actuelles liées au réchauffement climatique. Roland est un habitant de Tignes, l’une des plus hautes stations avec Val Thorens. Alors la neige… Il y en aura encore longtemps, pense-t-il, insensible aux problèmes des autres stations.
« Tant qu’il y a de l’eau et du froid... On fabrique de la neige artificielle qui se marie très bien avec la neige classique » lance-t-il, se rassurant lui-même. Et puis le ski, longtemps considéré comme un « sport de riches », au même titre que le golf, s’est largement démocratisé. La clientèle est toujours là. Mieux, précise Roland, « il y a maintenant beaucoup de gens qui ont de très, très, gros moyens, ils ne regardent absolument...
Comme nombre de stations, La Clusaz mise sur les canons à neige pour tenter de faire la nique au réchauffement climatique. Mais l’idée d’une nouvelle retenue collinaire sur le plateau de Beauregard, un lieu relativement préservé, n’a pas plu à tout le monde. A tel point qu’une ZAD a pris forme et a mis en déroute les partisans des bulldozers.
Liste des bassines recensées dans les Alpes - © RefletsLa station de ski connue pour con côté « village » et son air de carte postale avec arbres et chalets s’est un peu transformée en « Clochemerle ». Les habitants (pas les touristes) se regardent en chiens de faïence. Il y a ceux qui militent pour le développement des canons à neige, avec la promesse de bénéficier de « trente ans de ski supplémentaires » en dépit du réchauffement, et ceux qui pensent qu’il est plus que temps de s’atteler à une transition pour sortir du « tout ski ». Au passage, si l’on pouvait éviter de construire des retenues collinaires dans des lieux immaculés comme le plateau de Beauregard, ou de faire sortir de terre une nouvelle petite station à seulement 1.500 mètres d'altitude au col de la Croix Fry…
Retour en arrière : en 2022, la préfecture approuve un projet de 2018 pour une nouvelle retenue collinaire sur le plateau de Beauregard, pour alimenter les canons de la station de La Clusaz. Dans cet écrin de nature où l’on trouve une zone humide qui accueille mammifères et espèces d’oiseaux protégées, la mairie souhaite installer une réserve d’eau de près de 150.000 mètres cubes, soit 5 terrains de foot ou 60 piscines olympiques, avec une digue de 12 mètres de haut… Qui se serait ajoutée aux quatre existantes.
Journaliste, Danielle Arnaud avait mené l'enquête en 1975. Son livre titré La neige empoisonnée (par l'argent, l'immobilier, la politique...) vient d'être réédité par un groupe de personnes en lutte contre les développements aberrants en montagne et contre le « tout ski ». Pour Reflets, elle raconte comment est né son livre et ce qui a changé ou pas... Interview.
Couverture du livre de Danielle ArnaudReflets : Comment est venue l’idée de cette enquête et de ce livre en 1975, une époque où il n’était pas question de discuter le bien-fondé des développements en montagne ?
Danielle Arnaud : J’ai commencé à fréquenter Val d’Isère, où j’ai appris à skier, dans les années 70. J’étais entre deux jobs et j’avais du temps. Beaucoup de stations nouvelles avaient été construites grâce au plan neige dans les années 60. Je me suis lancée dans une enquête sur ces constructions ex nihilo sans a priori. Elle a vite montré que si l’idée de créer des stations dans des endroits vierges n’était pas idiote, la réalisation laissait à désirer. On imposait les réalisations de manière peu démocratique et c’était souvent assez laid architecturalement parlant. Et puis il y avait eu cet accident avec un chalet de l’UCPA, enseveli par une avalanche, en février 1970 avec 39 morts. La question se posait de savoir comment il était possible de construire dans un endroit aussi dangereux.
Mon livre a énervé pas mal de promoteurs, mais je n’ai pas eu de procès. C’est donc que l’enquête était sérieuse. D’ailleurs j’avais recueilli tous les documents nécessaires pour prouver ce que j’avançais. Je parlais aussi des réussites ou des pistes de développement différentes comme celles suivies par Gilbert André, le maire de Bonneval. Il paraît qu’aujourd’hui mon livre, dans son édition originale, est exposé au musée de Chambéry.
Quel était le constat principal du livre ? Le titre dit que la neige était...
Dans les coulisses des salles de spectacle françaises(mais pas seulement), une pratique courante soulève des préoccupations importantes en matière de sécurité informatique.
En 2015, après le piratage de la chaîne de télé TV5 Monde, un journaliste est interviewé. Derrière-lui, s'affiche le mot de passe permettant d'administrer la chaîne Youtube de TV5 Monde... - Copie d'écranIl est fréquent que les mots de passe du réseau Wi-Fi soient affichés sur les murs des loges, où les artistes se préparent avant leur performance. Cette habitude anodine à première vue peut avoir des conséquences graves si ces informations sensibles tombent entre de mauvaises mains.
Les codes d'accès au réseau sans fil sont exposés dans les espaces privés, comme les loges, tout simplement parce ce que c'est pratique. Les équipes techniques peuvent fournir rapidement aux artistes invités l'accès à Internet, ce qui permet aux musiciens ou comédiens de rester connectés avec leurs proches, leur agent ou leur public via les réseaux sociaux. Mais cette facilité d'utilisation va à l'encontre des principes fondamentaux de la cybersécurité, selon lesquels il faut éviter autant que possible de divulguer des données sensibles telles que les mots de passe.
Les professionnels des médias jouent un rôle involontaire dans la propagation de ces informations confidentielles. Lorsqu'ils réalisent des interviews vidéo dans les loges, ils semblent ne se soucier à aucun moment des mots de passe Wi-Fi affichés. Ce manque de vigilance peut être attribué à un défaut de formation sur les bonnes pratiques en matière de protection de la vie privée ou tout simplement à une...
Il pleut toujours des films et des séries comme à Gravelotte. Mais tout ne vaut pas la peine d'être vu. Il y a même des choses qu'ils vaut mieux fuir pour ne pas couler dans une mélasse informe... Même si les goûts et les couleurs...
L'American Star échoué sur une plage de Fuerteventura aux Canaries - Lance Rolf - Wikipedia - CC BY 2.0Un peu de poésie dans un monde fantasmé de tueurs à gage. Il faut dire que l'histoire se déroule en Espagne (aux Canaries), pays où il y a toujours une graine de folie et une autre de poésie. L'histoire du bateau est étonnante.
On se noie dans la guimauve. Le film coule dès les premières minutes. Attention à ne pas boire la tasse. Oui, bon, on a essayé d'avoir un humour à la hauteur du film. Désoslés.
Belle série de science fiction avec un huis clos aux frontières de l'univers connu dans un « phare » qui permet aux vaisseaux spatiaux de traverser les immensités spatiales. A ne pas manquer. D'autant que l'on nous dit que la saison deux arrive en avril...
Intéressante idée de départ. Que se passerait-il si une porte s'ouvrait entre deux univers similaires en tous points et que quelque chose changeait dans l'un d'eux, justement en raison de cette ouverture ? Vous sentez-vous prêt à rencontrer votre double ? A voir. Il n'y a que deux saisons.
Ils ne savent décidément plus quoi faire pour tirer la corde des super-héros. On sort épuisés de cette série qui s'embourbe dans une représentation ridicule des natifs du nouveau monde. Geronimo, reviens.
La saison 4 ne déçoit pas. Décidément, cette série est une petite pépite alors que l'idée de départ pouvait décourager : les Russes ont posé le pied sur la lune en premier et la course à...
Et pour mieux vous expliquer de quoi on parle, on vous emmène, pas à pas, dans les coulisses de l'enquête Font Del Rey, qui nous a servi de base pour le développement de l'outil.
Notre "transform" Papper appliqué à Patrick Drahi donne beaucoup de résultats... - © RefletsIl y a deux ans, Reflets bénéficiait du Fonds pour la presse libre (FPL) . Dans le cadre de notre proposition de développement du pôle OSINT, était annoncé la publication pour la communauté journalistique de développements permettant d'enquêter avec Maltego, un logiciel de renseignement en sources ouvertes. Et notamment, de code permettant d'interroger « Pappers.fr » avec Maltego. Pappers recense les données publiques sur les entreprises française et leurs bénéficiaires. Elle est très utile pour étudier les montages entrepreneuriaux en tous genres.
Pour le développement de l'outil, rien de tel qu'un cas concret. Une enquête menée à l'automne dernier nous en a donné la possibilité. Lors d'un procès médiatisé, des associations et des habitants, mettait en accusations les gestionnaires d'un immeuble délabré du quartier populaire de la Mosson à Montpellier , les mots de « marchands de sommeils » fusant dans les médias. Partant de l'acte d'accusation, nous avons fait chauffer les machines et produit cet outil.
Pour l'enquête, c'est à lire par ici, avec un premier volet racontant l'histoire de la découverte de l'affaire par des associations . Le second volet, au coeur de ces investigations numériques, revient sur le montage financier des accusés et leur défense, le jour du procès . Dans le troisième volet, nous avons donné la parole au conseil d'administration de HabiterEnfin! qui a partagé leur vison sur...
Le Youtubeur Papacito, Ugo Gil Jimenez de son vrai nom, a comparu mercredi 28 février devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris pour « provocation à la haine », « injures publiques à raison de l’orientation sexuelle » et « provocation non suivie d’effet à une atteinte volontaire à la vie aggravée ». C'était la première fois qu'il comparaissait devant une juridiction pénale. Le parquet a requis six mois de prison avec sursis. Le tribunal rendra sa décision le 28 avril.
Le maire Christian Eurgal, pris pour cible par le youtubeur d'extrême-droite Papacito - Copie d'écran BFMTVPapacito aime pêle-mêle : les chevaliers, le moyen-âge, les paysans, la chasse, les bons gros blasons occitan et la justice, mais pas la justice «des tarlouzes » qui se rend à coup d’articles, plutôt celle de l’ancien temps qui se rendait à coup d’épées. Papacito n’aime pas : la modernité, la corruption des élites, la République, le maire du village de Montjoi, les fouines (parce que c’est tordu), les sangliers (parce qu’il est chasseur) et les homosexuels (il s’en défend). Ces constats résultent du visionnage attentif de longues vidéos postées par le YoutuBeur toulousain de 38 ans, agitateur nationaliste, royaliste, influenceur d’extrême-droite et amateur inconditionnel de «gaudriole» un peu trash dans lesquelles ce sont toujours un peu les mêmes qui prennent des coups, en l’occurence ici la communauté LGBTQI+, les anglais et le maire de Montjoi.
Ces visionnages ont été imposés par le procès de Ugo Gil Jimenez, alias Papacito, assis devant à droite de la grande salle d’audience, dont on aperçoit le profil : une barbe taillée, des grandes lunettes fumées à monture épaisse et un crâne tout à fait lisse. Tout cela surmonte un corps robuste de 192 cm enrobé d’une longue chemise en Denim, ce qui, couplé aux lunettes, donne incontestablement un côté fashion victim au prévenu.
Papacito tourne deux vidéos, en novembre 2022 et mai 2023, dont sont extraits les cinq passages qui lui valent d’être jugé ce jour. On le retrouve dans la première vidéo, « Le paysan, le maire et le lord »...
Créé par des journalistes et des experts en sécurité informatique, Reflets ne risquait pas de passer à côté de tous les outils d’OSINT qui permettent de récolter des informations sur des personnes ou des entreprises en utilisant des sources « ouvertes ». Nous avons beaucoup investi ce domaine et nous passons aujourd’hui une nouvelle étape. Vous pouvez nous y aider.
L'investigation journalistique ne peut plus faire l'impasse sur le numérique qui devient un allié de premier plan. - Image Midjourney - CCNous vous avons beaucoup parlé au fil du temps des outils que nous développions ou que nous utilisions pour nous aider à enquêter dans un monde de plus en plus numérique. Mais aussi un monde où les « traces » laissées par les individus, les entreprises et les institutions sont désormais si vastes qu’il n’est plus nécessaire d’être un État pour pouvoir y accéder. C’est le paradoxe du numérique : tout le monde l’utilise désormais pour absolument tout, des achats aux loisirs en passant par les interactions avec les services publics. Plus rien n’échappe au tracking et Google en sait plus sur vous que votre maman ou vous-même.
Mais le géant du marketing n’est plus seul sur la grande place de marché de la donnée personnelle. Des milliers de petits acteurs négocient nos petits secrets et souvent sans aucune sécurité. Bilan des courses ? Tout est accessible, soit en sources ouvertes, soit en payant, soit parce que toutes les entreprises qui font commerce de données personnelles finissent par se faire pirater. Et les données sont publiées sur Internet. Dans ce Far West, nous sommes des observateurs avisés et nous utilisons tout cela.
Aujourd’hui, nous passons une nouvelle étape dans le développement de nos outils et nous avons besoin de votre aide . On vous raconte tout ça…
Il y a deux ans nous mettions en route un serveur sur lequel nous avions installé Aleph , le logiciel développé par l’OCCRP , un consortium journalistique d’investigation. Ce logiciel permet d...
La crise écologique n'est plus aujourd'hui en débat. À la crise climatique, s'ajoute celle aussi inquiétante de l'effondrement de la biodiversité, mise en avant par le GIEC au fil de ses rapports. Quand il n'est plus le temps de prévenir, il faut bien se mettre à guérir. Encore faudrait-il savoir comment s'y prendre.
Si l'on veut comprendre la nature, peut-être faudrait-t-il prendre le temps de l'écouter ? - Marie LussonLe premier mars 2019 et à l'appel de 70 pays, l'assemblée générale des Nations Unies proclame 2021 - 2030 décennie pour la restauration des écosystèmes. En effet, rétablir 15% des milieux terrestres, tout en stoppant l'artificialisation, pourrait éviter jusqu'à 60% d'extinctions d'espèces attendues et contribuer à hauteur de 30% aux objectifs climatiques de 2030. La résolution prend acte des précédents traités sur la question et met la barre tout en haut, avec pour objectif un milliard d'hectares de terres dégradées à restaurer , soit une superficie supérieure à la Chine. La France est entrée dans la danse avec la loi Climat Résilience promulgué en 2021. Avec seulement 20% de ses habitats naturels jugés dans un état de conservation « favorables » et moins de 10% des milieux humides ou aquatiques en bon état , il était temps qu'elle s'y mettre.
Mais si l'humain a fait ses preuves en termes de destruction, la science de la restauration du vivant est à peine naissante. Par tâtonnements, elle cherche encore à trouver son chemin. Plongée dans ses problématiques et ses questionnements, avec en toile de fond la question des rivières. Des écosystèmes complexes, source de vie depuis la nuit des temps.
La Durance avait autrefois la réputation de « fléau » de la Provence, connue pour ses crues dévastatrices et son flux irrégulier. Ce caractère capricieux la préserve longtemps d'aménagements humains,...
« 2024 ressemblera à 2023. L’hypothèse la plus probable est la fixation du front et une remontée en puissance des deux adversaires pour des offensives importantes en 2025, prédit Michel Goya, ancien militaire et analyste des conflits. Aucun des deux adversaires n’a la capacité de rompre le front de manière décisive. » Un avis partagé par Stéphane Audrand qui décrypte aussi cette guerre.
L'un des memes produits par l'Ukraine - Copie d'écranEt si la Russie, empêtrée dans une guerre qu’elle espérait courte, s’effondrait ? Qui sait, la population pourrait se lasser des départs sur un front lointain ? Pour Michel Goya, rien de tel en perspective. « La situation sur le front n’est pas assez critique pour provoquer une révolution. La société russe est peu impliquée dans la guerre, la mobilisation se fait surtout dans les provinces périphériques, pas à Moscou ni à Saint-Pétersbourg. Ce n’est pas une guerre totale côté russe. Ils peuvent continuer longtemps à ce rythme . » D’autant que le président russe prend soin d’arroser financièrement les personnes sensibles qui pourraient s’opposer et de réprimer brutalement l’opposition.
Une révolution de palais est-elle possible ? Difficile de le savoir. Quant à la santé de Poutine, le secret est bien gardé. Et rien ne prouve que le successeur de Vladimir Poutine serait moins belliqueux.
L’effondrement pourrait-il être économique ? « Il y a débat sur l’efficacité réelle des sanctions , explique Stéphane Audrand, historien et consultant indépendant spécialiste du commerce des armes. Je fais partie des pessimistes qui pense que l’économie russe ne s’en sort pas si mal. Les relations commerciales avec la Chine et d’autres partenaires compensent en partie les sanctions . »
De fait, les images de contestation que l’on peut voir sur les réseaux sociaux portent plus sur les conditions de la guerre, le manque de moyens, que sur la guerre elle-même.
Et l’Ukraine ? La population...
Nos confrères de Politis révèlent la nature des nouvelles « grenades à effet sonore » dont les forces de l'ordre seront bientôt dotées.
GL-307 - Copie d'écranDans un article du 15 février 2024 , nos excellents confrères de Politis donnaient des détails sur les nouveaux équipements que les forces de l'ordre seraient amenées bientôt à balancer aux pieds — ou dans la poire, c'est selon — des manifestants, récalcitrants ou non.
Notamment, Politis évoquait une grenade du fabricant brésilien Condor , la GL-307 , une grenade à laquelle les fabricants et les pandores, dans leur jargon, accolent le qualificatif mignon-tout-plein « à effet sonore ». C'est sympa, les effets sonores, ça nous fait penser à Star Wars en THX ou à un mix de Cut Killer, non ?
Politis nous explique d'ailleurs que « selon la documentation de Condor, à une distance de 2 mètres, l’intensité de la grenade de maintien de l’ordre atteint 175 dB ». Ça doit être vachement sympa, comme effet sonore, assurément.
Mais alors, c'est quoi une grenade à « effet sonore » ? Et 175 dB, on imagine que c'est sans doute pas mal beaucoup, mais beaucoup combien ? Difficile en effet de se le représenter.
Le son, ce sont des déplacements d'air qui vont provoquer des variations de pression sur un certains nombre de récepteurs mécaniques situés dans nos esgourdes. Le principe d'une grenade à effet sonore c'est, basiquement, de déplacer une grande quantité d'air quasiment instantanément. Un pétard, quoi. Mais un pétard vénère. En fait, quelques grammes d'un explosif puissant, ça donne un bon...
Les frontières sont souvent bien illusoires. Nos voisins européens vivent les mêmes crises que nous, y réagissent parfois différemment. Plongée dans le Bruxelles des occupations pour creuser les questions et les réponses belges aux crises du logement et des sans-papiers.
Les voies de la mobilisation sont impénétrables, un week-end de détente en Belgique peut se transformer en manifestation contre la précarité. - © RefletsLes 3 et 4 février se tenait à Bruxelles, la conférence FossDem , une des plus grandes conférences européennes sur le logiciel libre. S'y rassemblaient des myriades de programmeurs et geeks en tout genre, évoluant entre ateliers éclairs de 30 minutes, « develloper rooms » toujours complètes et conférences plénières aux sujets cryptiques. L'avenir des logiciels libre était débattu, mais également l'adoption par une sombre librairie méconnue du dernier standard en vogue dans la communauté. La conférence se tenait à l'ULB, l'Université libre de Belgique.
Le samedi soir, une des soirées quasi officieuse de l'évènement, la « ByNight », était hébergée par le hackerspace Bruxellois, le HSBXL, uu troisième étage d'un ancien bâtiment industriel abandonné. Un lieu loué à une entreprise spécialisée, sous-louant ces ruines à des associations et permettant ainsi aux propriétaires d'éviter de payer la taxe sur les bâtiments inoccupés, fort chère en Belgique. Mais une occupation temporaire, le bâtiment devant être détruit prochainement.
Ces grands évènements, sponsorisés par les fleurons de l'industrie informatique, sont de ce...