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      Macron part en guerre contre le protectionnisme de Biden

      Frédéric Mas · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 2 December, 2022 - 04:20 · 4 minutes

    La montée en puissance des nationalismes américain et chinois est en train de prendre en étau l’Union européenne et de broyer sur son passage les principes du libre-échange.

    Emmanuel Macron , en déplacement aux États-Unis, a critiqué les mesures « super agressives » de Joe Biden en matière de politique industrielle. Dans le collimateur du président français, l’Inflation Reduction Act, qui prévoit de subventionner les entreprises américaines à hauteur de 51 milliards de dollars au détriment de leurs concurrentes, en particulier européennes. Pour Emmanuel Macron, l’investissement public de l’État américain menace de fragmenter l’UE au plus grand bénéfice de l’emploi américain. Il a ajouté qu’existait un « risque » de voir l’Europe et la France devenir « une sorte de variable d’ajustement » de la rivalité entre les États-Unis et la Chine.

    La paille et la poutre

    C’est un peu l’hôpital qui se moque de la charité, mais qui, par inadvertance, pointe un problème bien réel. Comme le président Biden, Emmanuel Macron n’a pas ménagé sa peine pour injecter de l’argent public afin de soutenir l’économie française éreintée par une crise covid par ailleurs gérée de manière chaotique et court-termiste.

    La dette publique a explosé, et le choix du quoi qu’il en coûte, c’est-à-dire de dépenser l’argent public que nous n’avons pas pour ralentir l’effondrement de notre commerce intérieur laminé par les confinements, couvre-feux et autres joyeusetés liberticides. Pire encore, une fois à la tête de l’UE, le président français a fait des pieds et des mains pour convaincre en particulier son partenaire allemand de changer de logiciel pour adopter celui socialiste franco-français : le meilleur moyen de lutter contre l’inflation et la crise énergétique, ce serait de s’endetter jusqu’au cou et de mener une politique interventionniste à échelle continentale. En d’autres termes, si Macron avait le pouvoir de socialiser l’économie comme Biden le fait, il le ferait avec joie et bonne humeur.

    Seulement, dans la course effrénée pour gaspiller l’argent des citoyens, l’UE ne peut pas lutter contre les mastodontes américain et chinois. Si les deux superpuissances décident de changer de braquet et d’encourager le mercantilisme , c’est-à-dire le nationalisme étroit appliqué à l’économie, alors la nature même des échanges économiques mondiaux s’en trouve détériorée.

    Un jeu à somme nulle

    Emmanuel Macron a raison de souligner qu’en faussant la concurrence par les subventions, Joe Biden favorise certains secteurs de production américains au détriment de ses concurrents. Et la capacité américaine à mobiliser de l’argent public pour soutenir ses secteurs considérés comme stratégiques n’a pas d’équivalent dans le monde. Seulement, ce ne sont pas seulement les producteurs français qui sont ici le dindon de la farce : il y a aussi le consommateur américain qui va voir disparaître une partie de l’offre bon marché mais pas Made in USA , et surtout le contribuable américain, qui est en train de financer par l’impôt l’un des plans de relance les plus coûteux de l’histoire des États-Unis. Pire encore, Joe Biden ne semble pas vraiment percevoir le lien de causalité entre une inflation galopante et des dépenses publiques démentielles dont les répercussions mondiales sont catastrophiques comme le souligne Emmanuel Macron.

    L’étau nationaliste fatal

    Face à une Amérique nationaliste convertie à la guerre économique pour conjurer le déclin on trouve une Chine communiste qui elle n’a aucun scrupule à essorer son propre peuple via un système bancaire malfaisant tout orienté à financer l’impérialisme et le néocolonialisme de ses élites bureaucratiques. Les mêmes causes ici produisent les mêmes effets : on ponctionne les individus pour subventionner certains secteurs d’activité désignés comme essentiels par la classe politique, détruisant la richesse produite par l’impôt et favoriser certains intérêts particuliers au détriment d’autres.

    On ne le rappellera jamais assez : seul l’échange volontaire et la coopération non contrainte sont créateurs de richesses sur les marchés. L’introduction de la coercition physique (ou ici étatique), comme l’a par exemple montré avec brio Frédéric Bastiat avec son exemple de la vitre cassée , ne se traduit que par du gaspillage et de la destruction de richesses, qui, malheureusement, passent sous le radar de l’action politique. La montée en puissance des nationalismes, qui tendent à remplacer le libre échange par le protectionnisme, ne peut se traduire que par l’appauvrissement général et la régression en matière d’innovation et de prospérité. Qui aujourd’hui pour convaincre les nations de choisir le commerce plutôt que la guerre ?