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      Macron : un discours protectionniste incohérent aux États-Unis

      Sébastien Laye · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 3 December, 2022 - 04:15 · 2 minutes

    Malgré des divergences de ton (agressif à l’égard de Biden lorsqu’il s’exprime devant les seuls représentants de la communauté française aux États-Unis, moins pugnace lors d’évènements officiels avec le président de la première puissance mondiale), Macron a peu ou prou déroulé un discours protectionniste lors de sa visite aux USA : après les années de porte-parole d’un libre échangisme sans limites, le président a redécouvert lors de la crise du covid les vertus de la réindustrialisation , à l’instar de tous nos partenaires commerciaux.

    Ainsi, la visite aux États-Unis a été présentée – du moins à l’opinion publique française, car outre-Atlantique il s’agit simplement d’accueillir le séculaire allié français, sous les mânes de la grande histoire des démocraties- comme une contestation de l’ Inflation Reduction Act , un texte américain qui met à l’honneur le made in America notamment pour tous les investissements colossaux liés à la transition énergétique.

    Cibler ce texte est une erreur

    En premier lieu, même si cela ne concerne pas vraiment les Français, l’Inflation Reduction Act recèle de fortes contradictions, ne serait-ce que dans son nom : en rapatriant certaines productions, dans un premier temps il sera inflationniste contrairement à son nom inepte. Il faut plus le voir comme une continuation de la politique Make America grat again de Trump, simplement plus orientée vers le verdissement de l’économie.

    Par ailleurs, comme l’a fait remarquer Christian Lindner , le ministre de l’Économie allemand et chef de file des libéraux, depuis le covid chaque pays a mis en place des mesures protectionnistes au niveau industriel et énergétique, y compris en Europe. Il revient aux États de se défendre dans les industries stratégiques qu’ils souhaitent ne pas ouvrir à la concurrence (en acceptant la réciprocité des mesures) ; au lieu de perdre du temps à dénoncer les Américains , la France devrait se poser la question des industries et secteurs qu’elle souhaite elle aussi protéger, car c’est le principe de réciprocité qui doit guider nos relations commerciales avec les États-Unis : on ne peut être libre échangiste que dans les secteurs où des deux cotés de l’Atlantique on a décidé que le libre échangisme serait souhaitable.

    Macron a perdu un temps précieux en poussant un hypothétique « Buy European Act » qui ne peut faire fi des disparités au sein de l’UE.

    Il eut mieux valu faire deux choses :

    1. Dresser avec plus de volontarisme ceux de ces secteurs que nous souhaiterions protéger.
    2. Dénoncer les effets à venir d’un protectionnisme généralisé qui ne serait qu’un repli sur soi.

    Avec des coûts de production déjà élevés, la France n’a rien à gagner à avoir des prix en hausse en Europe. Imiter les Américains sur les subventions serait suicidaire vu notre niveau de dette et de déficits publics. Pour relancer son industrie la France a besoin de plus de compétitivité, de recherche, d’un meilleur système éducatif, d’une meilleure fiscalité. Le problème ne peut être résolu à coups de subventions publiques ou en accusant – sans effet concret- les Américains.