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      Mélenchon voit dans le discours de Macron une "Europe à la carte" sauf que...

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 10 May, 2022 - 14:08 · 5 minutes

    Emmanuel Macron devant le Parlement européen de Strasbourg lundi 9 mai.  Emmanuel Macron devant le Parlement européen de Strasbourg lundi 9 mai.

    POLITIQUE - “Macron déclare l’obsolescence des traités européens”. Sur son blog ce mardi 10 mai, Jean-Luc Mélenchon ne boude pas son plaisir après le discours prononcé la veille par Emmanuel Macron devant le Parlement européen. Une allocation durant laquelle le chef de l’État s’est prononcé pour la révision des traités de l’Union européenne .

    “C’est un désaveu cinglant pour tous ses propagandistes qui viennent de passer des jours entiers à expliquer sur tous les tons qu’être contre les règles européennes actuelles était être ‘anti-européen’. Leur argument principal contre la Nouvelle Union populaire s’effondre sous l’effet d’une déclaration de leur propre chef. Trop comique”, écrit le chef de file de la France insoumise, pour qui “Emmanuel Macron lui-même a explicitement plaidé pour une Europe à la carte”.

    Une interprétation confirmée par Alexis Corbière: “La parole d’Emmanuel Macron valide le fait que les traités européens ne vont pas”, a-t-il soutenu sur France 2 , considérant que le locataire de l’Élysée est bousculé par les propositions de l’Union populaire à ce sujet.

    Mais est-ce vraiment le cas? Emmanuel Macron a-t-il changé son discours, alors que la position européenne de la France insoumise a refait surface à l’aune de l’accord scellé par la NUPES ? Pas vraiment.

    Lors de son discours de la Sorbonne prononcé en septembre 2017, et au cours duquel le chef de l’État a multiplié les propositions visant à renforcer l’intégration européenne , il était déjà question d’une révision des traités. “Je suis prêt à l’assumer”, affirmait-il , considérant que le changement des règles n’était pas “une fin en soi” mais “un instrument au service d’une ambition”.

    Ce lundi, en s’appuyant sur les propositions formulées dans le cadre de la Conférence sur l’avenir de l’Europe , Emmanuel Macron a déclaré: “il faudra réformer nos textes, c’est évident. L’une des voies de cette réforme est la convocation d’une convention de révision des traités”. Soit un processus plutôt éloigné de “l’Europe à la carte” pour laquelle, selon Jean-Luc Mélenchon, le Président de la République a “implicitement plaidé”.

    “Boîte de Pandore”

    C’est en tout cas ce que rétorque aujourd’hui le gouvernement. “On peut nous targuer de beaucoup de choses, mais pas d’avoir varié sur le domaine de l’Europe. Dès 2017, pendant sa conférence à la Sorbonne, le président de la République a proposé cette révision des traités. Il a dit clairement que ce n’était ni un totem, ni un tabou”, a répliqué sur LCI ce mardi le secrétaire d’État aux affaires européennes, Clément Beaune.

    Surtout, la Macronie fait valoir que réformer ne signifie pas désobéir. Dans une lettre ouverte adressée à Julien Bayou et Olivier Faure, coupables aux yeux de LREM d’avoir pactisé avec Jean-Luc Mélenchon, le président du groupe Renew au Parlement européen, Stéphane Séjourné, considère que “la désobéissance anti-européenne dans sa conceptualisation et son application n’est qu’un aveu d’égoïsme, de faiblesse et une terrible imposture”.

    Selon lui, “quand on n’aime pas des règles démocratiquement adoptées, on se bat et on les change de l’intérieur”. Raison pour laquelle il considère que la désobéissance “créerait un précédent” qui pourrait s’appliquer sur des règles autres que budgétaires adoptées par les 27, ce qui conduirait à ouvrir “une boîte de Pandore” en Europe.

    L’un des gros clivages pour les législatives

    Des nuances de taille qui révèlent une différence d’approche: quand la Macronie entend réformer (ce que la France insoumise juge impossible au regard de l’inertie de l’UE) Jean-Luc Mélenchon entend désobéir (ce que LREM juge irresponsable compte tenu des risques que cette manœuvre implique).

    Mais alors, si les différences sont si évidentes, pour Jean-Luc Mélenchon affirme que le discours du chef de l’État confirme sa position? La réponse tient en deux mots: élections législatives.

    Comme expliqué précédemment, EELV et le PS ont été accusés par la Macronie (mais pas seulement) de renier leurs engagements européens en apposant leur signature sur un accord prônant la “désobéissance” à l’Europe. Des critiques qui s’accompagnent d’appels aux électeurs socialistes et écologistes à venir grossir les rangs de l’aile gauche de la majorité .

    Ce dont ne veut pas Jean-Luc Mélenchon, bien décidé à entraîner l’ensemble de la gauche derrière lui, en dépit de l’épouvantail du “Frexit” agité par la Macronie pour détourner les électeurs de écolos et socialistes de la NUPES.

    D’où l’intérêt de faire du discours du chef de l’État une validation de la désobéissance, même si les deux méthodes n’ont absolument rien à voir si ce n’est la nécessité -évidente et partagée par l’ensemble des forces politiques- de faire évoluer l’Europe. Même la présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, est favorable à une révision des traités. Et on peut difficilement la qualifier d’insoumise.

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