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      Révoquer le droit à l'avortement, c'est tuer la liberté de toutes les femmes - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 27 June, 2022 - 08:51 · 6 minutes

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    AVORTEMENT AUX USA - Depuis la nuit des temps, les femmes ne cessent de se battre pour faire valoir leurs droits . Elles veulent être reconnues, comme les hommes, dans les sphères politiques, économiques et sociales. L’histoire nous montre aujourd’hui que le progrès, notamment en ce qui concerne le droit des femmes, n’est pas irréversible. Bien au contraire. Nous pouvons en effet, progresser en matière de droits et d’égalité, et quelques décennies plus tard, revenir en arrière. Les droits des femmes ne sont donc jamais acquis. Ils sont, et restent toujours, malheureusement, à acquérir.

    Le rêve américain est mort

    C’est pour cela qu’en 2022, nous devons encore manifester, et militer pour ce qui semble pourtant être, humainement, une évidence. Aujourd’hui, nous pouvons le confirmer, le rêve américain est mort. Ce sont toujours les mêmes que l’on condamne. Toujours les mêmes qui paient le prix fort. Ce sont toujours, les femmes. Ce sont elles qui sont encore aujourd’hui moins payées que les hommes. Elles qui supportent une charge mentale supérieure et écrasante, en société, et au sein du foyer. aujourd’hui, on brise donc politiquement, leurs droits humains les plus profonds, notamment, celui de disposer librement, de leurs corps et de leurs utérus.

    A l’autre bout du monde, dans un pays soi-disant démocratique, réunissant les plus grandes multinationales capables de créer les objets les plus innovants, on condamne les femmes et on décide à leur place de leurs droits à disposer d’elles-mêmes. En prônant un soi-disant droit à la vie, les conservateurs condamnent à mort, le droit le plus intrinsèques des femmes. On décide pour celles qui portent, mais on ne condamne pas ceux qui devraient porter, aussi, le poids de la parentalité . Ne nous voilons pas la face. Les femmes certes sont un vaisseau de vie, mais elles ne la conçoivent pas seules. En imposant aux femmes un non droit à l’avortement, la responsabilité des hommes est encore une fois, exclue. Exclue dans la conception. Exclue dans la progression. Et dans ce cadre, les exclure, c’est protéger, les hommes, au détriment des femmes. Les politiques, en votant contre la liberté des femmes à disposer de leurs corps aux Etats-Unis, et donc d’avorter, le confirment. La maternité et l’utérus sont des outils, voire des objets, de répression politique.

    Qui sont les politiques pour décider à la place des femmes, ce qu’elles peuvent vivre dans leurs corps et dans leurs chairs ? Qui sont-ils, pour imposer des lois, qui s’immiscent, dans l’intime?  Qui sont ces hommes conservateurs qui n’ont aucun respect pour les femmes qui les ont mises au monde ? Qui sont ces hommes qui pensent qu’ils pourraient être vivants, si ce n’était pas grâce à la libre prise de décision de leurs mères ? Comme si porter la vie était une chose facile, ou décider le contraire, était un choix facile.

    Le pouvoir de dire oui, le pouvoir de dire non, ne devrait jamais être entre les mains de personnes qui n’ont jamais vécu un curetage, un avortement médicamenteux, un avortement non sécurisé, un accouchement ou une fausse couche. Le pouvoir de dire non ne devrait jamais être entre les mains de personnes qui disposent eux, de la liberté de leur corps. Le pouvoir de dire non, ne devrait jamais reposer entre les mains de personnes qui ne sauront jamais ce que c’est, que d’avoir la force d’assumer ses propres choix.

    Le rêve américain est mort. Il est mort le jour où les hommes ont crû qu’ils avaient des droits sur des corps qui ne leurs appartiendront jamais. Interdire le droit à l’avortement, c’est une manière officielle de bâillonner le corps des femmes. Bâillonner pour empêcher de respirer. Bâillonner pour empêcher de vivre. Bâillonner, pour toujours mieux, condamner.

    Les femmes et leurs droits en danger de mort

    Interdire le droit à l’avortement c’est valider les avortements illégaux, non suivis qui coûteront aux femmes, et notamment à celles de milieux les plus défavorisés, leurs vies. C’est une certitude, cette interdiction ne réduira en aucun cas le taux d’avortements, mais augmentera tout simplement, le nombre d’avortements illégaux et non sécurisés. L’ OMS le confirme, « l’avortement non sécurisé constitue l’une des principales causes – mais évitables – de décès maternels et de morbidité. Elle peut entraîner des complications physiques et mentales ainsi qu’une charge sociale et financière pour les femmes, les communautés et les systèmes de santé. Un tiers de tous les avortements non sécurisés sont pratiqués dans les conditions les plus dangereuses, c’est-à-dire par des personnes ne disposant pas de la formation adéquate dans ce domaine et ayant recours à des méthodes dangereuses et invasives ». Interdire le droit à l’avortement c’est donc condamner une femme qui ne veut pas d’enfant, à en avoir un, en mettant en péril, sa vie.

    Le rêve américain est mort. Il est mort le jour où les hommes ont cru qu’ils avaient des droits sur des corps qui ne leurs appartiendront jamais.

    Interdire le droit à l’avortement c’est prétendre que les gouvernements sont exemplaires lorsqu’il s’agit de protéger les droits des femmes et des enfants. Pourtant, les Etats-Unis ne sont en rien exemplaires lorsqu’il s’agit d’accorder des droits qui protègent des mères. Une femme enceinte qui travaille s’expose à bon nombres d’obstacles et de risques, dont sa pérennité sur le marché de l’emploi ou encore une perte d’autonomie financière, pour ne citer que cela. L’organisation internationale du travail le confirme. « Aux Etats-Unis, la loi de 1993 sur le congé familial et médical accorde un congé non rémunéré de 12 semaines, qui peut être étalé sur une période de 12 mois ». (Source :). Ces affirmations ne font que réduire en cendres le demos-cratos du terme démocratie, sur lequel repose toutes nos libertés fondamentales : le pouvoir au peuple.

    J’espère pouvoir prochainement vivre dans un monde, où les propos tenus ici, ne seront plus d’actualité. J’espère que ma fille, peu importe où elle décidera de vivre, sera soutenue par l’Etat, dans son droit, à disposer de son corps. Interdire le droit à l’avortement c’est tenter de détruire les joyaux et les pierres précieuses, acquises à la sueur de nos fronts, qui reposent de manière fragile sur les couronnes de chaque femme, qui déciderait d’être mère, ou non.

    Vous pouvez retrouver Anaïs sur son compte Instagram .

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