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      Le droit à l'avortement dans la Constitution? La majorité rattrapée par ses anciens votes

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 25 June, 2022 - 12:10 · 4 minutes

    Quand la majorité refusait d'inscrire l'IVG dans la Constitution (ce qu'elle veut faire désormais). Ici l'ancienne présidente de la Commission des Lois, la députée Yaël Braun-Pivet en juillet 2018. Quand la majorité refusait d'inscrire l'IVG dans la Constitution (ce qu'elle veut faire désormais). Ici l'ancienne présidente de la Commission des Lois, la députée Yaël Braun-Pivet en juillet 2018.

    POLITIQUE - Quatre ans. Ressenti: une éternité. Aurore Bergé, la nouvelle patronne des députés LREM à l’Assemblée nationale, ce samedi 25 juin, sa volonté de sanctuariser le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution ... Ce que les troupes du président de la République refusent pourtant de faire depuis 2018.

    Soutenue par la Première ministre Élisabeth Borne dans cette entreprise, la cheffe de file des Marcheurs a expliqué sur France Inter porter cette mesure pour protéger les droits des femmes, après la décision historique de la Cour suprême des États-Unis de révoquer le droit à l’IVG outre-Atlantique.

    Des “droits fragiles”, explique-t-elle, susceptibles d’être remis en cause par des “revirements qui pourraient exister”. Autant d’arguments qui étaient ceux de l’opposition pendant toute la mandature précédente, cela dès 2018. Un an après leur élection à l’Assemblée, plusieurs députés UDI-Agir, accompagnés par ceux de la France insoumise (LFI), avaient repris les propositions du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes pour faire de la Constitution un texte garant “de l’égalité femmes-hommes”. La majorité avait, alors, refusé.

    Il n’est nul besoin de brandir des peurs fondées sur la situation de ces droits dans d’autres pays." Yaël Braun-Pivet, en 2018

    Les amendements visaient à inscrire le droit à la contraception et à l’avortement dans le préambule de la Constitution pour “envoyer un message fort” et empêcher une future majorité, quelle qu’elle soit, de “détricoter ce droit fondamental conquis pour l’émancipation des femmes”, selon les mots de Clémentine Autain (LFI) lors des débats dans l’hémicycle portant sur la réforme constitutionnelle.

    Pas nécessaire, jugeait alors la majorité, sous l’impulsion du gouvernement. “Nous avons un droit suffisamment garanti”, avançait par exemple Nicole Belloubet, la garde des Sceaux de l’époque, face à l’opposition. “Je ne suis pas certaine que ce soit le niveau de norme approprié pour garantir ces droits”, expliquait-elle aussi pour justifier l’avis défavorable du gouvernement, appuyée, alors, par la rapporteur (LREM) du texte Yaël Braun-Pivet.

    “Il n’est nul besoin de brandir des peurs fondées sur la situation de ces droits dans d’autres pays pour affirmer qu’ils seraient menacés dans le nôtre”, répliquait notamment celle qui devrait devenir, sauf surprise, la prochaine et première présidente de l’Assemblée nationale, quand les Insoumis citaient des brèches inquiétantes en Pologne ou en Espagne. Une archive qui commence à fleurir sur les réseaux sociaux.

    La Nupes se félicite du “revirement”

    Pour cause, quatre ans et d’autres refus plus tard, la Macronie évolue significativement. Aurore Bergé reprend peu ou prou l’argumentaire que ses prédécesseurs aux responsabilités dans la majorité pourfendaient. Ce dont la Nupes, l’alliance des gauches se réjouit, ce samedi.

    “Nous nous félicitons de ce revirement”, écrivent les trois présidents et vice-présidents des groupes EELV, communiste, insoumis et socialiste dans un communiqué en réaffirmant leur souhait de proposer “un texte commun à l’ensemble des groupes à l’Assemblée qui le souhaitent”, comme l’expliquait Mathilde Panot, la veille.

    Une façon de récupérer la primeur du sujet, au moment où Aurore Bergé leur a grillé la politesse en déposant son propre texte pour Renaissance, le nouveau nom de LREM. Une promptitude qui tranche avec la position des macronistes sur la question depuis cinq ans.

    À voir également sur Le HuffPost: Les États-Unis (un peu plus) divisés après la révocation du droit à l’avortement