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      Je n'ai pas démissionné de mon job pour un autre, mais pour moi - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 9 July, 2022 - 06:15 · 6 minutes

    J’invente le congé MOI-ternité. Comme un congé maternité mais très égoïstement un congé pour soi. 1 an pour soi, 1 an pour s’aligner, se former, voyager et retrouver les fondamentaux de la vie. J’invente le congé MOI-ternité. Comme un congé maternité mais très égoïstement un congé pour soi.  1 an pour soi, 1 an pour s’aligner, se former, voyager et retrouver les fondamentaux de la vie.

    BIEN-ÊTRE - Il est des aventures professionnelles que l’on choisit en demi-teinte. On établit la liste des pour et des contres et puis finalement la perspective d’un nouveau défi , l’appel de la page blanche nous conduit à accepter ce poste dans une entreprise dont les valeurs sont parfois éloignées des nôtres.

    Cela a été mon cas.

    Mais rapidement, dans ces nouvelles fonctions je découvre les équipes, je m’attache aux hommes et aux femmes de l’ entreprise , je sens cette envie parmi eux de bouger les lignes, changer les habitudes.

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    3 ans d’une mission riche et fructueuse

    Un projet de conduite du changement passe en partie par les mots, il faut convaincre, donner du sens, montrer l’exemple. Je m’y attèle de toutes mes forces. Je sais que le défi à relever est grand et seule je n’irai pas loin, il n’y a qu’ensemble qu’on mène de beaux projets.

    Passer la phase de refus en bloc, peu à peu les uns embarquent motivés, d’autres s’exécutent sous la contrainte jusqu’à devenir des ambassadeurs convaincus qui entraînent d’autres sur leur sillon.

    Au fil des mois, ces équipes, je les observe, je les écoute, je leur parle et je les vois évoluer.

    Ensemble, nous relevons le grand défi de la conduite du changement, où tout commence par la tête puis les comportements et les pratiques managériales. Il nous faut 2 ans pour dire qu’une nouvelle culture d’entreprise est née.

    Moi qui avait géré des projets à court terme jusque là, j’apprends sur le tas comment se stabilise un projet sur la longueur : susciter l’adhésion, fidéliser, mobiliser chacun. Aujourd’hui je sais qu’on gagne en légitimité auprès de ses équipes par son savoir être, son enthousiasme et par l’exemplarité qu’on s’impose à soi même. L’exemplarité ce n’est pas être parfait. L’exemplarité c’est être aligné entre ce qu’on dit et ce qu’on fait.

    Au delà du pragmatisme, je crois que pour mettre en mouvement les gens et pour initier le changement il faut les faire regarder vers une étoile.

    Et puis le couperet

    Après 3 ans d’enthousiasme à toute épreuve, un beau jour, lors d’une réunion semestrielle, ma direction brille de ses mots, une phrase tombe comme un couperet:

    « On ne vit pas dans un monde de télétebuies, je ne vous paie pas pour être heureux »

    Ce jour-là, je comprends que depuis 3 ans mon entreprise et moi, nous n’avons pas vécu la même aventure. A moi l’aventure humaine, à elle l’aventure financière.

    Dans ma carrière, j’ai eu des Clients exigeants, des dir’com’, des directions générales qui savaient ce qu’elles voulaient, mais jamais je n’avais eu des mots aussi démobilisants !

    Ce n’est pas toujours les évènements qu’on croit qui nous chamboule le plus.

    Moi qui ait toujours été d’un enthousiasme à toute épreuve, il m’a fallu 10 secondes pour redescendre net.

    Ce jour-là, je comprends que depuis 3 ans mon entreprise et moi, nous n’avons pas vécu la même aventure. A moi l’aventure humaine, à elle l’aventure financière.

    10 secondes, c’est parfois le temps qu’il faut pour flinguer 3 ans de boulot.

    Je découvre le sentiment de brownout : plus envie d’affronter des missions dénuées de sens dans un environnement où le rendement prend le pas sur l’humain.

    Je prends conscience qu’une valeur ça ne pèse rien, c’est léger comme une plume mais ça peut changer le cours de la vie et inviter à un vrai cheminement introspectif.

    Après quelques semaines introspectives, c’est décidé, je m’en vais. Adios, arrivederci, bye bye. Je préfère partir que de rester en ayant démissionné dans ma tête.

    Tout quitter pour... soi

    C’est étrange comme un départ rempli de sens pour soi peut faire l’objet de questions farfelues : « Tu pars où ? Chez qui ? Pour faire quoi ? »

    A cette même époque, ma nièce chante à tue tête : « Libérée délivrée, c’est décidé je m’en vais…. »

    J’ai envie de crier : « Je vous quitte pour MOI ! » Faut-il nécessairement quitter un job, pour replonger dans un autre ?

    Oui, c’est d’un saut dans le vide sans filet, rien de m’attend derrière.

    Mais visiblement, c’est plus un problème pour les autres que pour moi. Aussi, pour me donner de la contenance, j’invente le congé MOI-ternité. Comme un congé maternité mais très égoïstement un congé pour soi.

    1 an pour soi, 1 an pour s’aligner, se former, voyager et retrouver les fondamentaux de la vie.

    Le temps est une denrée tellement rare qu’il est un luxe dans ce monde où nous n’avons pas le temps, nous ne savons plus patienter. Pendant cette année, j’ai envie d’employer mon temps à me nourrir humainement.

    • Faire une formation ouvre les chakras (bien choisir sa formation, ce qui va driver les prochains moins, où on a de l’intérêt, de l’appétence, du talent qu’on pourrait développer);
    • Voyager et se reconnecter aux fondamentaux de la vie : manger, avoir un toit, découvrir et rencontrer des gens. N’est-ce pas là revenir à l’essentiel ?
    • Oser solliciter des gens pour prendre un café, découvrir l’univers des start-up, des entrepreneurs, de métiers qui me sont jusque là inconnus;
    • Aller à des entretiens détachés de tout enjeu, apprendre à se présenter sans fard, avec son histoire, ses valeurs, ses convictions (excellent exercice de marketing de soi).

    Un congé MOI-ternité

    Finalement, au bout d’un an, on n’a peut-être pas accouché du projet phénoménal que notre entourage attendait. On a juste pris le temps d’une mini-retraite, pourquoi attendre la fin de sa vie pour avoir le temps ? Mais ce concept de congé MOI-ternité, à l’apparence légère, m’a amené à comprendre où j’avais de la valeur dans le respect de mes valeurs. C’est ce chemin qui m’a amené là où je suis aujourd’hui.

    Car depuis j’ai plongé dans ce que je refusais depuis toujours : l’entreprenariat, je suis devenue Formatrice et consultante indépendante avec ses doutes, ses peurs et l’instabilité qui l’accompagne.

    Va pour l’instabilité si elle sert la liberté !

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