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      Pourquoi la motion de censure est moins risquée que le vote de confiance pour Borne

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 6 July, 2022 - 04:30 · 4 minutes

    French Minister for the Ecological and Inclusive Transition Elisabeth Borne speaks during a session of questions to the government at the National Assembly in Paris, on June 23, 2020, as France eases lockdown measures taken to curb the spread of the COVID-19 caused by the novel coronavirus. (Photo by FRANCOIS GUILLOT / AFP) (Photo by FRANCOIS GUILLOT/AFP via Getty Images) French Minister for the Ecological and Inclusive Transition Elisabeth Borne speaks during a session of questions to the government at the National Assembly in Paris, on June 23, 2020, as France eases lockdown measures taken to curb the spread of the COVID-19 caused by the novel coronavirus. (Photo by FRANCOIS GUILLOT / AFP) (Photo by FRANCOIS GUILLOT/AFP via Getty Images)

    MAJORITÉ - Il y aura bien un vote pour ou contre la Première ministre à l’Assemblée nationale. Et pourtant, Élisabeth Borne refuse toujours de se soumettre à un vote de confiance ce mercredi 6 juillet à l’issue de son discours de politique générale qu’elle prononcera à 15 heures. Mais l’opposition de gauche a décidé de lui imposer une motion de censure . Une “motion de défiance”, ont imagé les responsables des groupes de la NUPES ce mardi en annonçant le dépôt de ce texte qui ne peut pas être examiné avant 48 heures.

    La Première ministre a-t-elle cependant des risques d’être mise en minorité et donc de devoir démissionner dans les prochains jours? En réalité, l’arithmétique joue en sa faveur car tout est fait dans la Constitution et les différents textes qui régissent la vie politique pour assurer la stabilité de l’exécutif.

    Borne ne veut pas devoir compter sur le RN

    Pour comprendre, intéressons-nous d’abord au vote de confiance et à la raison qui a poussé Élisabeth Borne à imiter Raymond Barre, Michel Rocard, Édith Cresson ou Pierre Beregovoy en n’organisant pas de vote. Pour remporter ce scrutin qui est un usage et non une obligation constitutionnelle, il faut obtenir la majorité des votes exprimés. Or avec seulement 250 députés, l’alliance Renaissance-Modem-Horizons n’a pas la majorité absolue. Et comme aucun autre groupe n’a accepté de faire une coalition, ce quota ne peut pas être plus élevé. Pire, la nomination de 21 députés à des postes ministériels (dont Elisabeth Borne à Matignon) fait que la majorité n’aurait pu compter que que sur environ 229 votes.

    Insuffisant pour espérer l’emporter sans compter sur l’abstention de certains députés; non seulement ceux des Républicains mais aussi ceux du Rassemblement national. Un risque politique que la Première ministre a préféré ne pas prendre pour ne pas s’exposer aux critiques de collusion avec l’extrême droite.

    Même s’il n’est pas inédit, ce choix de la cheffe du gouvernement est vu comme un “déni démocratique” par les oppositions de gauche. Les quatre groupes qui composent la NUPES -France insoumise, Parti socialiste, EELV, Parti communiste- ont donc décidé de déposer une motion de censure. “Cela mettra chacune et chacun face à ses responsabilités”, a expliqué Mathilde Panot, présidente du groupe LFI ce mardi 5 juillet devant la presse. Selon elle, cette motion de censure est “une question de principe” face à Élisabeth Borne qui “se voile les yeux”.

    Le duel des oppositions fait les affaires de la majorité

    Mais cette procédure classique dans l’histoire de la Ve République est impossible ou presque à remporter. Depuis 1958, seule une a fait chuter un gouvernement, celui de Georges Pompidou en 1962. Car pour qu’un Premier ministre soit “censuré”, il faut qu’une majorité absolue de députés vote cette motion. Or la NUPES ne compte que 151 députés (et encore certains élus comme la socialiste Valérie Rabault pourraient ne pas la voter) très loin des 289 qu’il faudrait obtenir.

    Ce n’est qu’une alliance de toutes les oppositions, Les Républicains et le Rassemblement national, qui pourrait permettre d’atteindre le total. Or, ce ne sera pas le cas. Rappelons ici que la motion de censure est un texte politique qui détaille les raisons de la censure; raisons qui ne seraient pas les mêmes pour l’opposition de droite que pour celle de gauche.

    “On ne se prêtera pas à ce jeu. Cela me paraît assez puéril comme et totalement inutile comme démarche”, a fait savoir le président du groupe LR Olivier Marleix sur LCI. Il dénonce la “stratégie de tension un peu théâtralisée” de la NUPES. L’extrême droite non plus n’ajoutera pas ses voix à celles de la gauche. “Nous, on n’est pas là pour tout bloquer, tout casser, on est là pour proposer des solutions”, estime le vice-président RN de l’Assemblée Sébastien Chenu.

    Toujours aux prises avec sa stratégie d’institutionnalisation qui suit le processus de dédiabolisation, le parti de Marine Le Pen est en quête de respectabilité au Parlement . Depuis leurs élections, les 89 députés du groupe RN mettent en avant le caractère “constructif” de l’opposition qu’ils souhaitent incarner en miroir de l’opposition frontale de la NUPES. Pour le plus grand plaisir d’Élisabeth Borne et de la majorité qui pourrait au final sortir renforcée de cette séquence.

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