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      Depuis la fin du droit à l'IVG aux États-Unis, les gynécologues en état de stress

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 18 July, 2022 - 09:57 · 4 minutes

    Aux Etats-Unis, les gynécologues américains font face à un fort niveau de stress depuis l'interdiction de l'IVG. Aux Etats-Unis, les gynécologues américains font face à un fort niveau de stress depuis l'interdiction de l'IVG.

    IVG - Entre la nécessité d’interrompre une grossesse et la peur d’enfreindre la loi , les gynécologues américains sont en ”état de stress”, alerte l’AFP. Depuis la révocation de l’arrêt Roe v. Wade , le 24 juin dernier, un flou juridique règne dans les États conservateurs qui ont interdit ou restreins l’IVG et génère une anxiété intense dans les services hospitaliers.

    Dans l’Ohio, où travaille le Dr Winchester, les avortements restent possibles mais uniquement jusqu’à six semaines. Sauf pour l’exemption “urgence médicale”, qui est très ambiguë.

    Sa patiente ayant dépassé ce terme, la docteure a appelé les services juridiques de son hôpital avec une salve de questions: “Comment la protéger sur le plan légal? Comment me protéger? Protéger mon institution, les infirmières, l’anesthésiste?”

    “Tout le monde est concerné”, relève cette obstétricienne dans un entretien avec l’AFP.

    La confusion règne

    Les lois interdisant de pratiquer des IVG sont assorties de peines conséquentes. Les professionnels de santé encourent de lourdes amendes et des sentences pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison.

    La menace de poursuites et les frais juridiques associés créent “une situation bizarre, où les médecins sont anxieux même quand ils fournissent des soins légitimes pour sauver des vies”, souligne Maître Nelson, un avocat spécialisé dans la défense des médecins.

    Pourtant, le gouvernement démocrate tente d’apporter un peu de sérénité aux gynécologues. Il a assuré que la loi fédérale “primait” sur celle des États en matière d’urgence médicale. Si un docteur estime qu’un avortement est nécessaire pour “stabiliser” une urgence, il doit le pratiquer, a écrit le ministre de la Santé Xavier Becerra aux urgentistes du pays.

    Ce soutien n’a évidemment pas plu aux États conservateurs, en particulier le Texas. Il a porté plainte contre cette directive, accusant le gouvernement démocrate de vouloir “transformer chaque service d’urgences du pays en clinique d’IVG sans rendez-vous.”

    “Cette plainte rajoute de la confusion et créé un danger de mort en cas de grossesse extra-utérine, de septicémie ou d’autre problème vital”, a commenté la présidente de la puissante organisation de planning familial Planned Parenthood, Alexis McGill Johnson.

    Des “techniques d’intimidation” de la part des élus

    Plus de 90 procureurs locaux ont fait savoir qu’ils n’intenteraient pas de poursuites dans leur juridiction. Mais d’autres, en revanche, se montrent particulièrement zélés. Le procureur général de l’Indiana, l’ultra-conservateur Todd Rokita, a ainsi menacé de poursuivre une gynécologue qui a aidé une fillette de dix ans à avorter après un viol.

    Originaire de l’Ohio où l’avortement est illégal après six semaines de grossesse, la petite fille s’était rendue en Indiana car les IVG restent légales. Mais le procureur général accusait la gynécologue de ne pas avoir rempli ses obligations de signalement.

    Finalement, les avocats de la docteure ont montré qu’elle avait bien effectué les démarches obligatoires et l’affaire devrait en rester là.

    Pour Maître Nelson, l’épisode montre comment certains procureurs - des élus - peuvent utiliser “des techniques d’intimidation” pour décourager les médecins, augmentant ainsi le facteur stress. Des techniques qui gonflent aussi leur capital politique auprès des opposants à l’avortement.

    “Pris entre le marteau et l’enclume”

    Le risque ne pèse pas que sur les médecins. Au Texas, dans l’Idaho ou l’Oklahoma, les lois autorisent les poursuites civiles contre tous ceux qui aident les femmes à avorter. Elles peuvent concerner un chauffeur de taxi comme une association ayant financé l’intervention.

    Ces lois “pourraient être instrumentalisées par ceux qui cherchent à faire des exemples”, estime Me Nelson. Le flou juridique compromet aussi la prise en charge d’autres maladies, comme les traitements contre le cancer qui peuvent menacer une grossesse.

    “Tout le monde nous demande des consignes, mais chaque situation est différente et c’est très difficile pour nous d’en rédiger”, explique Kristin Lyerly, une responsable de l’Ordre des gynécologues américains qui, avec 75 organisations, ont condamné les ingérences législatives dans le travail des médecins.

    Depuis le revirement de la Cour suprême, les gynécologues se sentent “pris entre le marteau et l’enclume”, dit-elle. “Qu’est-ce qu’on est censé faire: ne pas remplir nos obligations professionnelles ou aller en prison parce qu’on a pratiqué un avortement?”

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