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      Élisabeth Borne dédie sa nomination aux "petite filles", un hommage incontournable

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 17 May, 2022 - 16:19 · 4 minutes

    EGALITE - Lors de la passation de pouvoir avec Jean Castex, ce lundi 16 mai, la Première ministre Élisabeth Borne a dédié sa nomination à toutes les petites filles”, les encourageant à “aller au bout de (leurs) rêves” . “Rien ne doit freiner le combat pour la place des femmes dans notre société”, a ajouté celle qui est seulement la deuxième femme à occuper ce poste après Edith Cresson entre mai 1991 et avril 1992.

    Un hommage fort et émouvant aux générations qui suivront qui est également devenu depuis plusieurs années presque un incontournable des discours de femmes nommées à des postes de pouvoir.

    L’idée de vouloir inspirer ou encourager celles qui suivront et in fine d’incarner une forme de “rôle-modèle” pour les “petites filles” a souvent été une formule utilisée dans les domaines du sport ou de la culture. En plus évidemment d’être aussi au coeur des mouvements féministe. Mais elle ne s’y cantonne plus.

    Si Elisabeth Borne est certainement la première femme politique française à l’exprimer aussi clairement, elle suit les traces de femmes de pouvoir des pays anglo-saxons. Sans surprise puisque la notion de “role model” ou “rôle modèle” a été définie par le sociologue américian Robert K. Merton.

    Ainsi, en 2016, quand Theresa May succède à David Cameron au 10 Downing Street à Londres, elle reçoit la visite de la Première ministre écossaise, Nicola Sturgeon. L’occasion pour les deux femmes de poser en photo. Un cliché qui sera ensuite partagé par l’Ecossaise sur sur Twitter avec cette légense: “Politique mise à part - J’espère que les filles du monde entier regardent cette photo et pensent que rien ne devrait leur être interdit”.

    Passage de témoin entre Clinton et Harris

    Autre message peut-être plus connu et allant en ce sens, celui d’Hillary Clinton, au lendemain de sa défaite face à Donald Trump lors de l’élection présidentielle de 2016. Elle rappelait alors: “A toutes les petites filles qui regardent... Ne doutez jamais que vous êtes précieuses et puissantes et que vous méritez toutes les chances et opportunités du monde”.

    Quatre ans plus tard, quand Kamala Harris devient la première femme noire vice-présidente, elle emprunte à son tour quelques-uns des mots d’Hillary Clinton en promettant: “Je suis peut-être la première femme dans ce bureau, je ne serai pas la dernière, car chaque petite fille qui regarde ce soir voit que c’est un pays de possibilités”.

    Autant de formules similaires également utilisées par Lori Lighfoot, première maire noire et lesbienne élue à la tête de Chicago en 2019, ou Nan Whaley première femme démocrate à candidater au poste de gouverneure dans l’Ohio en 2022.

    Incarnation incantatoire

    Si la formule a pris du poids c’est parce qu’elle permet à la fois d’incarner en soi une forme de changement et de prendre à témoin les générations futures pour les exhorter d’en faire autant. “Les modèles d’identification sont importants pour tout le monde, enfant ou adulte, car notre personnalité se construit en partie par rapport à nos interactions avec notre environnement social (famille, amis), professionnel, mais aussi, culturel”, expliquait par ailleurs récemment, Véronique Barfety, psychologue clinicienne au CHU Lille, sur Le HuffPost.

    Un concept d’incarnation qui a pris du poids au fur et à mesure des années. En 2011 , quand Christine Lagarde devient la première femme à diriger le FMI, le concept du ”rôle-modèle” prend doucement. “Je sais que certaines personnes me regardent comme un rôle modèle, que certaines jeunes femmes me regardent et s’inspirent. Personnellement, je n’ai pas envie de me gargariser avec cette idée. Mais c’est cette vieille idée de Sartre, que nous ne sommes nous qu’aux yeux des autres. C’est une responsabilité”, disait-elle à l’époque tout en poussant pour toujours plus d’égalité. Plus de dix ans plus tard, celle qui est désormais à la tête de la BCE n’a plus aucun mal à assumer ce “rôle modèle”.

    Au moment de la nomination de Christine Lagarde, Angela Merkel est à la tête du gouvernement allemand depuis déjà cinq ans. La chancelière considérée comme la femme la plus puissante du monde a pourtant régulièrement minimisé la portée de sa carrière en tant que femme . Une forme de cécité symbolique qui lui sera d’ailleurs également reprochée.

    En reconnaissant la portée de sa nomination ce lundi Elisabeth Borne a, elle, marqué le coup, mais de quoi s’épargner les prochains. “C’est un événement parce que la France est ce qu’elle est, que la classe politique est ce qu’elle est, a rappelé Edith Cresson avant d’ajouter: C’est une fonction difficile où l’on est sans cesse critiqué, pas seulement par les adversaires politiques, mais aussi par la presse, je suis sûre qu’elle saura faire face aux difficultés qu’elle risque de rencontrer”.

    A voir également sur Le HuffPost: Les 3 questions que soulève la nomination d’Élisabeth Borne à Matignon