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      Moi, confinée ou réfugiée climatique en Provence? - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 20 July, 2022 - 08:37 · 6 minutes

    Je me réfugie sur mon canapé Je me réfugie sur mon canapé "en attendant que ça passe". Je me confine dans la pénombre de mon habitation de 11h à 18h pendant la canicule.

    CANICULE - D’après CRISCO (excellent site de recherches de synonymes de l’université de Caen), le mot “réfugier” signifie: “donner refuge à quelqu’un”. Au sens figuré: “ trouver asile et réconfort face à une situation pénible ou hostile, dans un milieu, réel ou imaginaire, qui est accueillant et protecteur ”.

    Toujours d’après CRISCO, le mot “confiner” signifie: “ l’image ou l’idée dominante est celle de frontière ou de limite entre deux lieux ou choses qui se touche” . Synonymes de boucler, enfermer, isoler, reléguer, renfermer.

    Ne jouons pas avec les mots. L’heure est grave. La situation dramatique .

    En cela, les contours de ma vie de “réfugiée” ou de “confinée” climatique prennent forme depuis une décennie que je suis installée en Provence. Au fil des années, ces quelques jours de chaleur intense deviennent effrayants. Je les redoute dès le printemps. Les suites néfastes sur l’environnement et l’organisme sont réelles. Pendant les fortes chaleurs, il est indispensable de se mettre en mode “ralenti” matériellement et corporellement .

    Réfugiée ou confinée climatique?

    Je me réfugie sur mon canapé “en attendant que ça passe”. Je me confine dans la pénombre de mon habitation de 11 h à 18 h pendant la canicule.

    Sur les murs ou au sol des rues de ma ville ou les maisons, les dégâts jaillissent partout. Les fissurations s’allongent, des craquelures apparaissent sur les dallages, les cloisons sont irréparables. Les boiseries s’affaissent. Les canalisations s’enfoncent dans le sol. Les corps de bâtiments se décollent.

    Au fil des années, ces quelques jours de chaleur intense deviennent effrayants. Je les redoute dès le printemps.

    Le Vaucluse est en alerte: la restriction d’ eau est de rigueur depuis fin mai! La terre argileuse du jardin se rétracte: les plantes, les arbres, les potagers, les multiples cultures et maraîchers subsistent avec le minimum d’eau vital. Seuls quelques fruits et légumes qui ont échappé au coup de froid et à la grêle font la part belle de certains producteurs.

    Quand bien même le dôme de chaleur (tiens un nouveau mot dans le vocabulaire de la météo cette année!) est de courte durée, la pression de la chaleur d’avant et d’après le dôme est éprouvante. D’après les spécialistes, le dôme de chaleur est un vaste phénomène de stagnation de l’air chaud sur une région. Ce dôme se maintient pendant trois à quatre jours. Et si la température dépasse 30-35° en journée et ne dépasse pas 20°-25° la nuit, il est certain que l’organisme et l’environnement tentent de s’adapter. À tout prix!

    Étant sensible aux phénomènes météorologiques, j’ai dû mettre en place une palette de techniques d’évitement: comment multiplier les douches quotidiennes sans gaspiller l’eau, ce bien si précieux? Comment organiser les sorties pour les courses, les démarches à faire? Comment faire perdurer les plantes tout en économisant l’eau? Comment accepter le changement climatique? Comment participer à la diminution du bilan carbone? Comment ne plus avoir mauvaise conscience en allumant la climatisation?

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    De mai à septembre

    Les techniques sollicitent doublement mon attention. Dans mon quotidien, la nouvelle organisation se met en place: des changements drastiques sont déployés. Depuis plusieurs années, je n’ai plus de voiture: je privilégie les bus et le covoiturage. Pas de vélo ni de trottinette: trop accidentogène! Par conséquent moins de sorties festives… concerts, manifestations culturelles, animations ludiques, repas aux restaurants: je réfléchis par deux fois; résultat: des dépenses en moins: en plus pour des organisations humanitaires.

    Des récupérateurs d’eau sont installés dans le jardin. Le puits est un luxe. Ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas compter. Une trentaine de litres d’eau par jour. Pour cinq à six douches dans la journée au moment fort de la canicule. L’eau usagée est réutilisée par la suite pour les plantes et le potager.

    À l’intérieur de la maison, à portée de main, un petit pulvérisateur d’eau (j’en ai deux: un au frigo et l’autre à côté de moi). L’achat d’un brumatiseur en grande surface est supprimé. Pas essentiel.

    Si les volets sont fermés à partir de 11 h le matin jusqu’à 18 h, au moment fort de la canicule, la chaleur est tout de même intenable. Je tente chaque jour de retarder le démarrage de la climatisation. Deux voire trois heures par jour, le temps de rafraîchir la pièce. Le ventilateur est utilisé en première partie de la nuit avant d’être éteint.

    Pour l’organisme, la canicule, c’est plus compliqué!

    Au-delà de cinq à six douches par jour, le cœur, le cerveau et les reins tentent de s’adapter au mieux. D’après mon cardiologue, au moment fort de la chaleur, mes vaisseaux sanguins se dilatent. Le cœur bat plus vite comme quand on fait du sport. La circulation du débit sanguin tourne au maximum afin de refroidir au plus vite les territoires cutanés. CQFD: plusieurs douches au cours d’une journée caniculaire éviteraient l’accélération cardiaque. Merci docteur!

    Aux réflexions (ô combien ponctuelles et pertinentes) "Toi qui viens des îles, tu ne dois pas souffrir de la chaleur!", je réponds: "Je suis faite de chair et de sang!"

    Le neurologue rapporte la version du cerveau. Les effets de la canicule sur le cerveau? Sont les premiers signaux d’alarme avec l’attention portée au phénomène: il se met en mode de veille. Il est le témoin direct de la température corporelle: au secours, au secours (plus chic en anglais: mayday! mayday!): j’ai soif, j’ai chaud! Si ces appels restent sans réponses: les maux de tête, un sentiment de fatigue, d’envie de vomir apparaissent. Et si vous n’entendez toujours pas les alertes, le cerveau appuie sur le bouton: "malaise vagal" et "arrêt instantané" de votre organisme.

    Le néphrologue a un autre avis du côté des reins. Ces organes vont tenter à tout prix de retenir l’eau dans l’organisme pour qu’il reste hydraté. S’ils ont le pouvoir de concentrer les urines, ce pouvoir aurait une certaine limite avec la transpiration excessive, la déshydratation peut détériorer le tissu rénal sur plusieurs jours et les reins risquent de ne plus fonctionner…

    Aux réflexions (ô combien ponctuelles et pertinentes) "T oi qui viens des îles tu ne dois pas souffrir de la chaleur !". Je réponds: "Je suis faite de chair et de sang !".

    Psssst: Un dernier conseil donné par un médecin urgentiste après être évacuée lors d’un malaise vagal: "Madame après 60 ans, trois cures de deux mois de vitamine C et de magnésium vous feront un grand bien. Adaptez-vous au changement!".

    C’est décidé, je ne vais plus chouiner, trouver les bons mots à propos de la canicule… Qui a dit que " l’intelligence c’est la faculté de s’adapter au changement." C’est Stephen Hawking!

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