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      Droit à l'avortement: Le RN discret, "ne se mêle pas des affaires" des États-Unis

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 25 June, 2022 - 15:47 · 4 minutes

    L'IVG interdit aux États-Unis? Le RN discret, L'IVG interdit aux États-Unis? Le RN discret, "ne se mêle pas des affaires des autres" (photo de Marine Le Pen au Parlement européen en 2017)

    POLITIQUE - Depuis ce vendredi 24 juin, l’ensemble de la classe politique française dénonce la révocation du droit à l’avortement par la Cour suprême des États-Unis . L’ensemble? Non, il est un parti, et pas des moindres, qui reste discret: Le Rassemblement national.

    Ni tweet ni déclaration pour Marine Le Pen ou son état-major, pourtant habitués des réseaux sociaux, à l’heure où à droite comme à gauche, on clame son inquiétude face à une telle régression. La majorité et la gauche ont d’ores et déjà annoncé qu’elles souhaitaient sanctuariser l’accès à l’IVG en l’inscrivant dans la Constitution quand plusieurs figures des Républicains appellent à “préserver ce droit fondamental.”

    C’est le cas par exemple d’Éric Ciotti, le député des Alpes Maritimes, qui parle de “recul consternant” ou de Valérie Pécresse laquelle s’indigne d’une “régression inquiétante et choquante des libertés.” Plus à droite, la députée Emmanuelle Ménard a elle aussi réagi en pointant une atteinte “aux libertés de toutes les femmes américaines, quelles que soient leurs convictions”. Dans ce contexte, le Rassemblement national, lui, brille par son silence.

    La gêne au RN?

    L’un des rares à s’être exprimés de près ou de loin sur le sujet est le (nouveau) député Philippe Ballard, ce samedi 25 juin sur franceinfo. Interrogé sur la décision historique de la Cour suprême, le porte-parole du parti d’extrême droite, a botté en touche, refusant de disserter sur la politique américaine.

    “Je suis parlementaire français, je suis porte-parole d’un parti politique français, on est souverainiste, on ne va pas se mêler des affaires des autres”, a-t-il ainsi répliqué, comme vous pouvez le voir ci-dessous (à partir de 1′50) .

    Une petite pirouette qui témoigne de la gêne du Rassemblement national? Force est de constater que les cadres du parti lepéniste avaient moins de pudeur à commenter l’actualité nationale américaine au moment de remettre en question l’élection de Joe Biden face à Donald Trump , celui qui a rendu possible ce recul spectaculaire sur l’IVG aux États-Unis.

    Plutôt que de s’appesantir sur la bienveillance de sa formation politique à l’égard du milliardaire américain quand celui-ci était au pouvoir, Philippe Ballard est aussitôt revenue sur la position “claire” que défend Marine Le Pen sur l’IVG: le statu quo.

    “La loi Veil, on n’y touche pas”, a-t-il ainsi lancé, avant de confirmer “c’est la position du parti” quand le journaliste en plateau lui demande de confirmer s’il parle de l’autorisation de l’IVG “quoi qu’il arrive”. Mais cette position, défendue par la patronne du Rassemblement national depuis sa campagne de 2017, n’a pas toujours été aussi limpide.

    Les turpitudes de Le Pen

    Au contraire, le FN (devenu RN) a été pendant longtemps radicalement anti-avortement sous l’égide de Jean-Marie Le Pen. Certes, Marine Le Pen s’est démarquée dès 2002 de la ligne dure incarnée par son père, lequel prônait l’abrogation des loi pro-IVG, mais la finaliste des deux dernières élections présidentielles a souvent porté une position ambigüe.

    En 2012, lors de la campagne présidentielle, elle use par exemple du terme “avortements de confort” en ciblant “les femmes qui avortent deux, trois, quatre fois” et qui feraient de l’IVG une sorte de “moyen de contraception”. Elle agite même le spectre d’une restriction des remboursements. “Avorter trois ou quatre fois de suite ne doit pas peser en termes financiers sur la communauté nationale, au moment où un français sur trois ne se soigne pas correctement”, lance-t-elle lors d’une conférence organisée par le magazine Elle à Science Po, comme vous pouvez le voir ci-dessous (à partir de 14′).

    Depuis, Marine Le Pen, soucieuse de “normaliser” son image, a laissé ce vocabulaire de côté... malgré les coups de boutoirs de sa nièce Marion Maréchal, en 2017, alors toujours favorable à l’abandon du “remboursement intégral et illimité de l’avortement.” Une sortie publique qui aura valu à l’ancienne cadre du RN, désormais chez Reconquête, un sévère recadrage.

    “Chacun peut revoir ses positions”, estime aujourd’hui Philippe Ballard pour justifier le changement de pied de la patronne du RN en dix ans. Mais jusqu’où? Le Rassemblement national, absent des débats médiatiques depuis la décision historique de la Cour suprême américaine, va devoir sortir du bois et se prononcer sur l’ambition des élus de la Nupes et de la majorité d’inscrire l’accès à l’IVG dans la Constitution. Et leur vote sera scruté.

    À voir également sur Le HuffPost: Le droit à l’avortement dans la Constitution? LREM rattrapée par ses anciens votes