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      La crise aux urgences va-t-elle précipiter le retour des soignants non vaccinés?

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 19 May, 2022 - 10:36 · 4 minutes

    La crise aux urgences va-t-elle précipiter le retour des soignants non vaccinés? (Photo d'illustration prise aux urgences de Toulouse par Alain Pitton/NurPhoto via Getty Images) La crise aux urgences va-t-elle précipiter le retour des soignants non vaccinés? (Photo d'illustration prise aux urgences de Toulouse par Alain Pitton/NurPhoto via Getty Images)

    HÔPITAL PUBLIC - Voilà des mois, voire des années que la sonnette d’alarme a été tirée, mais aujourd’hui la situation est plus que critique dans l’hôpital public . Lessivés par les deux années de Covid et face à un manque criant de personnels, plusieurs CHU ont été contraints de fermer leurs services d’urgences , notamment la nuit ou d’en réduire l’activité, ces derniers mois.

    Mais à l’approche des vacances d’été et de l’afflux de touristes, les professionnels de santé appellent à l’aide. Le représentant des médecins des CHU de France, Rémi Salomon, s’inquiète du manque de personnels soignants à hôpital public . “On a un risque imminent de ruptures d’accès aux soins”, affirme-t-il ce jeudi 19 mai sur Franceinfo . Il évoque ainsi le cas de Bordeaux où les patients ont été “accueillis par des bénévoles”. “Il manque des lits. Il manque des infirmiers pour faire fonctionner les blocs opératoires. Il manque d’urgentistes pour faire tourner les services d’urgences ”, alerte-t-il.

    Certains professionnels poussent la réflexion sur une possible réintégration des soignants non vaccinés. Un vœu qui reste pour le moment difficile à réaliser.

    “On ne peut pas se passer des 15 000 personnes qui ont été suspendues”

    “Il y a le feu au lac!”, alerte, lui, le président de l’Association des médecins urgentistes hospitaliers de France Patrick Pelloux, qui décrit une “ situation catastrophique ”. Il évoque un “phénomène de grand renoncement”, auprès d’ Ouest France , et des personnels totalement désabusés. Pour lui, pour alléger un peu la pression, il faudrait le retour des soignants qui ont dû quitter leur poste faute d’avoir accepté de se faire vacciner contre le Covid-19.

    “Nous sommes en pleine tempête, il faut que tout le monde vienne sur le bateau. Nous devons comprendre pourquoi ils ne se sont pas fait vacciner et réfléchir à intégrer le Covid-19 dans l’obligation des vaccins mais, là, tout de suite, il faut les réintégrer”.

    Auprès du Parisien , il précise qu’à l’AP-HP, 15 % des lits sont fermés par manque de personnel. “Ce n’est pas mieux sur le reste du territoire et cela va empirer cet été. Des services entiers vont fermer. La non-réintégration des soignants est l’ultime négation de cette situation”, s’alarme-t-il.

    “Dans ce contexte, on ne peut pas se passer des 15.000 personnes qui ont été suspendues, même si elles ont fait une erreur. Il faut une amnistie, passer l’éponge. On n’a pas le choix. Je crois que le message a été entendu, n’oublions pas que certains soignants non-vaccinés sont morts du Covid. Maintenant, il faut aller de l’avant”.

    Une saisine de la HAS “imminente”?

    Sur ce sujet, Emmanuel Macron n’a pas fermé les portes. En déplacement dans les Hautes-Pyrénées à la fin du mois d’avril, le président a en effet déclaré: “On ira dans cette direction , à condition de ne plus être dans la ‘phase aiguë de l’épidémie’”.Toutefois, mercredi 11 mai, le ministre de la Santé Olivier Véran a fait volte-face en affirmant: “L’obligation (vaccinale) reste en vigueur pour les soignants”.

    “Légalement, rien n’est prévu pour l’instant. À l’occasion de la campagne électorale, Macron a indiqué que les choses pouvaient évoluer, et Véran doit solliciter l’avis de la HAS”, confirme auprès de 20 Minutes le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI). De son côté, l’ARS des Hauts-de-France rappelle que “les soignants suspendus et non vaccinés, sans contre-indication, ne peuvent pas réintégrer leurs services. Ce faisant, ils exerceraient sans autorisation avec des conséquences pour eux comme pour l’établissement”.

    Selon Le Parisien qui cite une source au ministère de la Santé, une saisine de la Haute Autorité de santé (HAS) est “imminente”, afin d’évaluer la pertinence sanitaire de cette mesure.

    “Ce ne sont pas les personnes les plus fiables”

    Toutefois, même au sein de l’hôpital cette idée n’est pas au goût de tout le monde. Pour Mathias Wargon, chef des urgences de l’hôpital Delafontaine à Saint-Denis, “l’hôpital n’a pas à céder au populisme, ni à être laxiste”.

    “Il faut arrêter de laisser penser que l’on va résoudre la crise profonde de l’hôpital en réintégrant quelques milliers de personnes qui se sont barrées à la première occasion et le referont demain, déclare-t-il au Parisien . Clairement, ce ne sont pas les personnes les plus fiables. On n’a pas besoin de ces soignants-là. En revanche, il faut engager le chantier de l’hôpital et donner enfin la reconnaissance que méritent ceux qui y travaillent. Conditions de travail, salaire, management, il y a urgence à tout remettre sur la table”.

    À noter que selon le ministère, 0,6 % des soignants ont été suspendus en septembre dernier (sans compter ceux qui ont été réintégrés depuis en raison de leur vaccination), précise 20 Minutes . Lors d’une audition devant le Sénat le 26 octobre, Olivier Véran expliquait que “les deux tiers des soignants suspendus faute de vaccination sont revenus au travail une fois vaccinés”.

    À voir également sur Le HuffPost: Covid en Guadeloupe: les CHU et les services de réanimation saturés