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      Face à la variole du singe, Aides réclame "une action coup de poing"

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 23 July, 2022 - 04:30 · 6 minutes

    À la date du 21 juillet, 20.048 doses de vaccin de 3ème génération ont été livrées par le ministère de la Santé aux territoires. L'État assure en disposer 30.000, mais il en faudrait 10 fois plus pour vacciner l'ensemble des personnes éligibles. À la date du 21 juillet, 20.048 doses de vaccin de 3ème génération ont été livrées par le ministère de la Santé aux territoires. L'État assure en disposer 30.000, mais il en faudrait 10 fois plus pour vacciner l'ensemble des personnes éligibles.

    SANTÉ - 1567 cas de variole du singe et 40 hospitalisations ont été recensés entre le 19 mai et le jeudi 21 juillet en France, dont près de la moitié en Île-de-France. Face à la montée de l’épidémie ces derniers jours , plusieurs associations, comme Aides , réclament “une accélération” de la campagne de vaccination préventive lancée le 11 juillet, ainsi qu’une transparence du gouvernement sur le stock de vaccin disponible face à la maladie.

    Dans son dernier point de situation publié ce vendredi 22 juillet, Santé publique France a précisé pour la première fois que 20.048 doses de vaccin de 3ème génération ont été livrées aux territoires à la date du 21 juillet. Interrogée par Le HuffPost , Camille Spire, présidente de l’association de lutte contre le VIH et les hépatites virales, demande “un coup d’accélérateur” de la campagne de vaccination préventive lancée le 11 juillet par l’État pour “que toutes les personnes vulnérables et éligibles soient vaccinées d’ici à la fin de l’été”. Il faudrait alors 300.000 doses, selon les estimations.

    Au-delà des commandes, elle demande au gouvernement de multiplier les opportunités de vaccination, en permettant aux professions libérales (infirmières, pharmaciens...) d’administrer l’un des deux vaccins contre la maladie. Elle appelle également à la mise en place d’une téléexpertise pour offrir des réponses sur les symptômes et un diagnostic médical.

    Les associations critiquent depuis plusieurs jours le “retard à l’allumage” ou les “débuts poussifs” sur la campagne de vaccination préventive. Voyez-vous les choses s’accélérer? Plus de créneaux sont-ils disponibles sur Doctolib notamment?

    Camille Spire: “Pour l’instant, on ne voit pas de grande différence, où alors au coup par coup avec des créneaux qui finissent par se libérer avec des personnes qui doivent rafraîchir en permanence sur les plateformes de prises de rendez-vous.

    On demande un vrai coup d’accélérateur, une action coup de poing pour qu’il y ait un vrai impact sur un temps court et qu’à la fin de l’été les personnes vulnérables et éligibles soient vaccinées avec les deux doses (un délai de 28 jours est recommandé entre les deux doses, il faut compter un mois et demi pour que la vaccination soit vraiment efficace, NDLR) . Avec les vacances estivales, cela implique une campagne étendue sur les lieux de villégiature en France”.

    Le ministère assure disposer de 30.000 doses du vaccin et d’en avoir livré un peu plus de 20.000 au 21 juillet. Or, 150.000 personnes doivent se faire vacciner selon les estimations, il faut donc 300.000 doses. On semble loin du compte?

    “Ils nous ont assuré qu’il y aurait ce qu’il faut mais on n’aura aucune garantie ou de données chiffrées sur les commandes et les stocks. Ils ne veulent pas nous dire, c’est présenté comme ‘secret défense’.

    Pour vacciner, il faut des doses et des seringues mais également des personnels soignants et des personnels administratifs pour prendre et organiser les rendez-vous. On a demandé à l’État d’autoriser certaines professions, comme les infirmières libérales ou les pharmaciens, à vacciner. Pour l’instant, pas de réponse officielle. J’espère qu’on aura des décisions favorables en ce sens dans les prochains jours”.

    Quelles actions menez-vous pour alerter les personnes exposées?

    “Dès le démarrage, on a lancé des appels à la vigilance, avec des points d’informations importants. On a également mis en place des espaces pour répondre aux questions, principalement sur les réseaux sociaux. On a notamment un groupe ‘d’auto support’ sur Telegram, un réseau choisi pour des raisons de sécurité et de confidentialité des données, mais on est aussi sur Facebook, Twitter et WhatsApp. L’objectif c’est de guider le mieux possible les personnes concernées et leur expliquer quel circuit de réponses fiables suivre quand on a une question ou un doute.

    On a également lancé un travail de sensibilisation auprès des propriétaires de clubs, de saunas ou de lieux libertins pour diffuser au maximum ces informations, via des affiches ou d’autres modes de diffusion. On essaie de faire ça partout en France, plus particulièrement en Île-de-France, mais aussi dans des villes comme Marseille ou Nice.

    Êtes-vous en relation avec les applications de rencontres?

    On a déjà fait des messages de prévention via nos comptes. Des bannières sur le Monkeypox (nom anglais de la maladie, ndlr) ont également été mises en place sur Grindr. Elles sont financées par Santé publique France. Il y en a aussi sur les applications Scruff et PlanetRomeo. Une diffusion de spots sur des radios communautaires a également été mise en place par l’État.

    Y-a-t-il des choses à changer dans la politique de santé publique?

    Ce qui manque c’est un processus simple et clair sur les schémas à suivre pour les personnes exposées, notamment des points contacts. Sur les symptômes et les diagnostics, on pensait avoir une idée assez précise mais ce ne semble pas être si clair que cela. On a des signalements d’hémorroïdes ou de personnes qui ont simplement cru à des piqûres de moustique, écartant l’idée d’une contagion car elles n’avaient pas de pustules. Ce serait bien de mettre en place une téléexpertise dédiée permettant de se renseigner rapidement sur ses symptômes et d’avoir un premier diagnostic médical.

    Faut-il une campagne d’information nationale?

    “Pas forcément, il faut surtout renforcer la prévention et l’information dans les centres de santé communautaires et les lieux de sociabilisation. Mais on peut faire une campagne ciblée, en plus de celles des associations. Santé publique France l’a déjà fait avec succès dans son histoire. Pour informer au maximum, il faut aussi s’adresser à tous les médias.”

    Est-ce que vous avez des remontées d’actes stigmatisants envers la communauté gay depuis l’arrivée et la médiatisation de ce virus?

    “Il n’y en a pas tant que cela. On a reçu des témoignages de personnes qui ont subi des propos homophobes, essentiellement en ligne, mais il y a une action des associations pour éviter cette stigmatisation. En revanche sur le côté sérophobie, on sent que ce n’est pas encore gagné. On reste vigilant sur le fait qu’il n’y ait pas de recul avec l’arrivée de la variole du singe.

    Il y a eu quelques remontées de cas à l’hôpital et dans les urgences où le personnel a mis des protections bien supérieures à celles nécessaires pour accueillir les patients. Mais le personnel médical est globalement bien sensible à la gestion de ces traitements.”

    La santé mentale des personnes positives, confinées pendant 21 jours, vous inquiète-t-elle?

    “Il faut travailler sur le côté santé mentale pour les personnes qui sont isolées pendant 3 semaines. Il faut garder le lien. Notre groupe Telegram est essentiellement dédié à la prévention, mais il est aussi un espace de soutien. L’idéal serait que les personnes dépistées positives se signalent si elles le souhaitent aux associations pour être redirigées vers des groupes selon leur lieu d’habitation.”

    À voir également sur Le HuffPost: Variole du singe : pourquoi la communauté gay s’inquiète