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      Pourquoi ce "check" de Biden en Arabie saoudite ne passe pas inaperçu

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 15 July, 2022 - 19:59 · 4 minutes

    Joe Biden et Prince Mohammed ben Salmane, le 15 juillet 2022. Joe Biden et Prince Mohammed ben Salmane, le 15 juillet 2022.

    INTERNATIONAL - Près de quatre ans après l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi , dont le prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) est accusé d’être le commanditaire par les renseignements américains, la visite de Joe Biden en Arabie saoudite est scrutée de près. Et le salut poing contre poing entre le président américain, qui avait promis de faire de l’Arabie saoudite un ”État paria”, et MBS, ce vendredi 15 juillet, a été largement commenté.

    L’avion du dirigeant américain a atterri à Jeddah, dans l’ouest de l’Arabie saoudite, après un vol direct depuis Israël, une première alors que Washington cherche à normaliser les relations entre ses deux plus importants partenaires au Moyen-Orient.

    Joe Biden, portant des lunettes de soleil, n’a pas été reçu par ses homologues sur le tarmac de Jeddah mais par le gouverneur de La Mecque, le prince Khaled al-Fayçal, et la princesse Reema Bandar Al-Saoud, ambassadrice saoudienne à Washington. Il s’est rendu quelques minutes plus tard au palais royal de Jeddah où il a été accueilli par un check du poing, forme de salutations répandues depuis le Covid-19, par Mohammed ben Salmane, le puissant dirigeant de facto du royaume saoudien âgé de 36 ans.

    À Jeddah, Joe Biden a rencontré le roi Salmane, malade et âgé de 86 ans, avant une “session de travail” menée par le jeune prince, incontournable sur tous les dossiers, du pétrole au militaire.

    Biden avait promis de faire de l’Arabie saoudite un “paria”

    La Maison Blanche souhaitait éviter les images d’une poignée de main entre Biden et MBS, selon les médias américains. “Il est aussi important de noter qu’il s’agisse d’un check ou d’une poignée de main, MBS obtient ce dont il désire depuis longtemps: une validation publique du leader du monde libre”, a commenté un journaliste du Washington Post. Le journal avait longuement enquêté sur l’assassinat de Jamal Khashoggi, qui tenait une chronique dans ses colonnes.

    “Oui, c’est un check plutôt qu’une poignée de main, a tweeté une autre journaliste du média américain. MAIS Biden a tout de même checker l’homme qui a commandité le meurtre -et le démembrement à la scie- d’un journaliste américain [Jamal Khashoggi était exilé aux États-Unis], après avoir refusé de dire s’il allait confronter directement MBS sur le meurtre de Jamal Khashoggi.”

    Jamal Khashoggi avait été tué et démembré le 2 octobre 2018 dans les locaux du consulat saoudien à Istanbul alors qu’il venait chercher des papiers nécessaires à son mariage avec sa fiancée turque.

    Imaginant ce que son fiancé aurait tweeté après ce check, l’autrice turque Hatice Cengiz a écrit en s’adressant à Biden: “Est-ce là votre façon de faire rendre des comptes aux responsables de mon meurtre? Le sang de la prochaine victime de MBS est sur vos mains.”

    Une visite critiquée par les défenseurs des droits humains

    Lorsqu’il était encore candidat, Joe Biden avait promis de faire de l’Arabie saoudite un “paria”, en particulier à cause de l’assassinat en 2018 du journaliste et critique saoudien Jamal Khashoggi. Une fois élu, il avait déclassifié un rapport accablant sur la responsabilité du prince dans ce meurtre. Les autorités saoudiennes ont toujours nié la responsabilité directe de MBS dans ce meurtre.

    La visite de Joe Biden a été particulièrement critiquée par les défenseurs des droits humains, la puissante monarchie du Golfe étant accusée de graves violations, avec une répression féroce des opposants.

    La rencontre entre Joe Biden, en plein exercice d’équilibriste, et MBS est le point d’orgue de cette tournée au Moyen-Orient, alors que Washington cherche à convaincre le royaume d’ouvrir les vannes de sa production pétrolière. L’enjeu: abaisser le prix du gallon d’essence à l’approche des élections de mi-mandat aux États-Unis.

    Début décembre, Emmanuel Macron avait été l’un des premiers dirigeants occidentaux à rencontrer en Arabie saoudite le prince héritier depuis l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi. Le chef de l’État avait jugé nécessaire de parler au “premier pays du Golfe en termes de taille” pour pouvoir “œuvrer à la stabilité de la région”. Mais cela “ne veut pas dire qu’on est complaisant”, avait-il ajouté, en faisant allusion à cet assassinat.

    À voir également sur Le HuffPost: Un spectacle de samba en Arabie saoudite déclenche la polémique