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      Borne, Braun-Pivet, Panot… À l'Assemblée, le temps des femmes est venu

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 6 July, 2022 - 18:18 · 5 minutes

    Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale et Elisabeth Borne, Première ministre. Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale et Elisabeth Borne, Première ministre.

    POLITIQUE - “Je déclare ouverte la session extraordinaire.” L’image est inédite. Yaël Braun-Pivet au perchoir, Elisabeth Borne à la tribune. Jamais, dans l’Histoire, deux femmes n’ont, en même temps, occupé ces deux postes-clés de la République. Ce mercredi 6 juillet, à trois heures moins cinq, l’hémicycle de l’Assemblée nationale est plein à craquer.

    À gauche, Alexis Corbière et Aymeric Caron discutent. Plus au centre, Valérie Rabault et Boris Vallaud côte à côte. À droite, Marc Le Fur, Annie Genevard et, pas loin, Éric Ciotti. Plus à droite encore, les 89 élus RN, habillés presque pareil. Costume cravate pour les hommes, vestes blanches pour les femmes. Sauf Marine Le Pen , la présidente du groupe. En veste noire, concentrée, elle annote son discours.

    Cinq femmes se succèdent

    Même attitude pour Mathilde Panot, la présidente du groupe LFI, penchée sur ses fiches. Après le discours d’Elisabeth Borne, c’est Aurore Bergé, présidente du groupe LREM, qui prend la parole. Le Pen et Panot suivent. Si l’on compte Yaël Braun-Pivet, ce sont cinq femmes qui se succèdent dans les prises de parole, pour plus de deux heures de temps programmé -elles n’utiliseront pas tout. Du jamais vu. “C’est presque la parité à l’envers”, sourit un élu MoDem, sans animosité.

    Les temps ont changé à l’Assemblée. Il fut un temps -pas si lointain- où, dans l’hémicycle, les femmes se faisaient siffler comme dans la rue, étaient huées, insultées, moquées pour leur tenue ou pour leur voix. Cette fois, pas un dérapage. “On est en 2022 quand même, heureusement”, souffle Sandrine Rousseau, l’élu écologiste de Paris, très vigilante sur ces questions.

    On progresse, on progresse! Sandrine Rousseau, députée EELV de Paris

    Elle est l’une des seules membres de la Nupes à s’être levée pour applaudir Édith Cresson, citée par Elisabeth Borne dans son discours, son unique prédecesseure. “Je ne sais pas ce qui s’est passé dans la tête de mes camarades, mais moi, je me suis levée immédiatement”, dit l’écoféministe à la sortie de l’hémicycle. Elle aime raconter qu’“Édith Cresson était critiquée pour sa voix trop ‘criarde’, jusqu’à ce qu’on s’aperçoive que les micros étaient réglés pour des hommes”. Et conclut: “On progresse, on progresse.”

    Les socialistes se sont divisés entre ceux qui ont applaudi leur ancienne Première ministre, comme le jeune élu du Calvados Arthur Delaporte, et ceux qui sont restés de marbre. Du côté de LR, une attitude respectueuse domine, dans des rangs qui se sont illustrés pour leur sexisme dans les années passées. Le rajeunissement du groupe et l’époque jouent à plein.

    “Je serai une combattante pour l’égalité entre les hommes et les femmes”, promet Elisabeth Borne, qui cite en priorité l’”égalité économique”. À la tribune, elle évoque, émue, les premières femmes parlementaires et Simone Veil, “dont la force et le courage m’inspirent à ce pupitre”. Applaudissements nourris, notamment chez LR et Eric Ciotti.

    Des huées sur le fond

    Les attaques contre Borne, nombreuses dans un hémicycle qui ne lui est pas acquis, n’ont porté que sur le fond de la politique qu’elle entend mener. Huées sur les bancs de droite? La Première ministre vient de parler de la dette publique qu’il faudra “réduire en 2026” . “Il fallait le faire avant”, intime un député.

    Pupitres battus côtés insoumis ? Ils scandent “hypocrites” et refusent une nouvelle concertation sur les soignants en réclamant des “actes”. “On vote, on vote”, réclament les insoumis à la fin du discours pour réclamer -en vain- un vote de confiance.

    “Je n’ai pas le complexe de la femme providentielle, mon parcours n’a eu qu’un fil rouge: servir”, déclare Elisabeth Borne, qui rappelle son CV de préfète, femme d’entreprise et directrice de cabinet. Elle cite ses prédécesseurs directs, Édouard Philippe et Jean Castex, puis cite Michel Rocard: “Ne perdons pas la volonté tenace de l’insertion”.  Lui non plus n’avait pas de majorité absolue.

    Le combat continuera jusqu’à ce que l’égalité ne pose plus de questions. Elisabeth Borne, Première ministre

    “Dans cette assemblée présidée par une femme pour la première fois, je crois à la force de l’exemple et le combat continuera jusqu’à ce que l’égalité ne pose plus de questions”, a conclu la Première ministre, parfois surprise par les applaudissements de sa -courte- majorité, régulièrement debout.

    “Le temps des femmes est venu, et c’est historique. Le temps des femmes est venu et il durera”, lance Aurore Bergé, qui lui succède à la tribune. Dès le début de son discours, la cheffe de file du groupe majoritaire salue “l’œil bienveillant de la première présidente de l’Assemblée nationale” et les “deux femmes qui me succèderont”. “Quel symbole, au regard des quolibets qu’on a subis!”

    Quel symbole, au regard des quolibets qu’on a subis! Aurore Bergé, présidente du groupe LREM à l'Assemblée nationale

    Un peu plus loin, dans les jardins de l’Assemblée nationale, le groupe communiste fait une photo de groupe. Elsa Faucillon fait la tête. “Ça ne va pas?” Elles ne seront que deux femmes sur la photo, sur les douze élus que compte le parti de Fabien Roussel. Ce dernier arrive, il est au courant, mais ne veut pas s’attarder, tout comme le président du groupe André Chassaigne. “On en parlera une autre fois.”

    Sur un banc, les jeunes insoumis Louis Boyard et Antoine Léaument se félicitent qu’il y ait des femmes à la tribunes. “C’est très bien. Mais n’oublions pas que dans les postes-clés du gouvernement, ce sont surtout des hommes . Et que si Christophe Castaner avait été élu, il serait président de groupe”.

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