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      Les femmes préhistoriques aussi ont souffert de nos préjugés sexistes

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 22 May, 2022 - 09:30 · 3 minutes

    PRÉHISTOIRE - On sait depuis une poignée d’années que le squelette qu’on a longtemps appelé “l’homme de Menton” découvert en 1872 est en fait “la Dame de Cavillon”. Mais combien y’a-t-il eu d’autres raccourcis ou erreurs de ce type ? Le documentaire Les femmes préhistoriques , diffusé ce dimanche 22 mai à 21h sur National Geographic et mené par Chlotilde Chamaussy (à la tête de la chaîne Passé sauvage sur Youtube), enquête sur les traces des femmes depuis le paléolithique jusqu’à la protohistoire . Et déconstruit au passage quelques préjugés .

    Pendant trop longtemps, on a imaginé les hommes préhistoriques occupés à la chasse, à la cueillette ou à la peinture tandis que les femmes, frêles, étaient recluses au fond des grottes. Sauf que de récentes études font voler ces archétypes en éclat, à l’image de celle publiée dans Science en 2018; elle avance qu’entre 30 et 50 % des chasseurs “de gros gibiers” auraient été des femmes. À travers des cas d’école comme “La Dame du Cavillon” ou “La Dame de Vix”, le documentaire entend donner de nouveaux éléments de réponse sur qui furent les femmes préhistoriques et leur rôle véritable.

    “Ils se sont dit que ça ne pouvait être qu’un homme”

    “Les chercheurs de l’époque n’avaient pas vraiment essayé de comprendre le sexe de l’individu, déjà trop époustouflés par le découverte de cette sépulture”, raconte la paléoanthropologue Marie Antoinette de Lumley à qui l’on doit les travaux sur la “Dame du Cavillon”. La taille des os de son bassin ne laisse pourtant pas de place au doute, mais comme le squelette, orné d’une coiffe en coquillage, semblait être celui d’un personnage important, “ils se sont dit que ça ne pouvait être qu’un homme”.

    Et cela n’a rien d’un cas unique, relève la préhistorienne Marylène Patou Mathis. “À partir du moment où un squelette était robuste, ou qu’il avait une parure témoignant de son importance ou de sa richesse, on l’attribuait forcément au genre masculin”, explique l’autrice de L’homme préhistorique est aussi une femme lors d’une avant-première du documentaire organisée à l’Institut de paléontologie humaine.

    Des femmes très robustes

    Chlotilde Chamaussy a d’ailleurs mené une étude très instructive; en comparant la densité de leurs os à celle de championnes de l’équipe de France d’aviron, elle a montré que les femmes du néolithique étaient plus robustes que ces athlètes de haut niveau. Preuve qu’elles étaient soumises à des activités physiques intenses comme le broyage du grain (qui rappelle le mouvement des rameuses) et ont largement participé à l’essor de l’agriculture notamment.

    Alors si les scientifiques, archéologues et autres chercheurs ont longtemps plaqué sur la Préhistoire les clichés de leur époque, les points de vue sont en train de changer. “Parce que la société s’interroge aujourd’hui, les chercheurs sont poussés à le faire à leur tour. À enlever leur a priori et à changer leur perspective”, assure encore Marylène Patou Mathis.

    Fruit d’un travail d’enquête de deux ans qui parcourt plusieurs sites archéologiques français, mais aussi au Pérou ou aux États-Unis, le documentaire Les femmes préhistoriques est diffusé sur la chaîne National Geographic ce dimanche 22 mai à 21h puis disponible pendant 30 jours en replay sur MyCanal.

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