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      Japon: avec l'eSport, ils combattent les clichés sur le handicap

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 27 July, 2022 - 14:00 · 3 minutes

    HANDICAP - D’un coup de menton expert, Shunya Hatakeyama réalise une prise dévastatrice dans le jeu de combat “Street Fighter”, espérant en même temps comme d’autres joueurs handicapés japonais détruire les préjugés sur le handicap via le eSport, le jeu vidéo de compétition, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.

    Né avec une dystrophie musculaire, une maladie dégénérative, le jeune homme de 28 ans participe surtout aux tournois de Street Fighter V, ouverts à tous.
    La possibilité de “dépasser les handicaps et de concourir contre des personnes différentes” fait selon lui toute la beauté des jeux de combat.

    “Quand je participe à un tournoi, je ne veux pas que mon handicap soit un problème. Je veux impressionner les gens avec ma manière de jouer”, affirme-t-il à l’AFP.

    Totalement aveugle depuis ses 20 ans en raison d’une malformation congénitale de l’oeil, Naoya Kitamura, 28 ans lui aussi, parvient à jouer à Tekken 7 juste à l’aide du son. “Je vais bloquer un coup, et le son que cela va produire va me dire de quel coup il s’agissait”, explique-t-il. “Ensuite, je vais réagir et faire mon coup”, ajoute-t-il.

    Joystick artisanal

    L’eSport est en plein essor dans le monde entier, avec des recettes évaluées à plus d’un milliard de dollars par an dans le monde. Le secteur au Japon n’est pas aussi dynamique qu’en Chine ou en Corée du Sud, mais il y prend progressivement de l’importance.

    Désireux d’offrir toutes leurs chances aux joueurs japonais avec un handicap, Daiki Kato, un employé de la sécurité sociale nippone, a fondé une entreprise appelée ePara en 2016. Elle emploie des joueurs comme Shunya Hatakeyama et Naoya Kitamura et leur donne du temps pour s’entraîner aux jeux vidéo à côté de leur travail, qui comprend la gestion du site de l’entreprise et l’organisation d’événements vidéoludiques.

    Shunya Hatakeyama utilise une chaise roulante depuis qu’il a six ans. Il a toujours aimé les jeux de combats, mais ses muscles se sont tellement affaiblis avec les années qu’il ne pouvait même plus tenir une manette. Déprimé, il a décidé d’arrêter de jouer pendant six ans, jusqu’à ce qu’il décide avec un ami de fabriquer un joystick personnalisé qu’il peut utiliser avec son menton, tout en tapant avec ses doigts sur le clavier de son ordinateur. Désormais, il entraîne d’autres joueurs handicapés en leur expliquant les différents enchaînements et certaines techniques. “Si je n’avais jamais joué aux jeux de combat, je pense que je n’aurais jamais cherché à trouver des solutions même quand j’étais dans l’adversité”, estime-t-il.

    “Mêmes règles, mêmes compétitions”

    Selon M. Kato, il y a un marché en pleine croissance pour les joueurs handicapés et les entreprises de jeux vidéo commenceront bientôt à en tenir compte. Il veut utiliser l’eSport pour montrer des personnes handicapées talentueuses, avec qui les Japonais “n’ont pas vraiment la chance d’intéragir”. Pour Naoya Kitamura, l’eSport aide à changer la perception selon laquelle les personnes handicapées n’ont “besoin que d’assistance”.

    Selon lui, le terme “eSport” aide à être pris au sérieux, donnant une image de compétition, et pas seulement celle de “gens qui jouent aux jeux vidéo”.
    Beaucoup pensent que le eSport apparaîtra un jour aux Jeux olympiques et paralympiques, mais Daiki Kato estime que dans le eSport les personnes qui ont un handicap et celles qui n’en ont pas doivent concourir dans les mêmes catégories. “Que vous soyez en fauteuil roulant ou non, ce sont les mêmes règles et les mêmes compétitions”.

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