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      Pourquoi Élisabeth Borne ne se risquera pas à un vote de confiance

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 4 July, 2022 - 15:53 · 4 minutes

    La Première ministre Élisabeth Borne ne demandera pas la confiance des députés ce 6 juillet (photo d'archives). La Première ministre Élisabeth Borne ne demandera pas la confiance des députés ce 6 juillet (photo d'archives).

    ASSEMBLÉE NATIONALE - Si c’est loin d’être une première sous la Ve République, cela reste une décision politique inédite depuis 1993 et l’entrée de Pierre Bérégovoy à Matignon. Malgré les demandes répétées de l’opposition, Élisabeth Borne ne se soumettra pas à un vote de confiance après son discours de politique générale prévu à partir de 15h ce mercredi 6 juillet à l’Assemblée nationale, selon les informations de BFM TV et du Parisien .

    Ce vote relève plus de la tradition républicaine et d’un appui en légitimité que d’une obligation constitutionnelle ou légale. Mais pourquoi l’écarter? D’abord parce que depuis le 19 juin et le soir du second tour des élections législatives , la cheffe du gouvernement ne dispose, avec 250 députés, que d’une majorité relative dans l’hémicycle -et non d’une majorité absolue qui nécessite 289 voix. Ensuite, parce que les autres forces politiques représentées au palais Bourbon ont refusé toute forme de coalition ou tout accord de gouvernement.

    Un délai avant l’arrivée des suppléants

    L’ancienne ministre du Travail s’expose donc à une alliance de circonstance venant des différents bancs de l’ opposition pour censurer sa politique. Et en cas d’échec, le gouvernement serait obligé de démissionner dans la foulée du vote, quelques jours seulement après le remaniement.

    Enfin, le gouvernement annoncé ce lundi éloigne un peu plus Élisabeth Borne d’une majorité dans l’hémicycle, essentiellement pour élargir le gouvernement à davantage les composantes de la majorité.

    Si le Modem passe de 1 à 4 représentants, Horizons et le mouvement Agir de 1 à 2, ces nouveaux membres de l’équipe gouvernementale sont autant de voix “perdues” à court terme à l’Assemblée nationale. Au total, en comptant Élisabeth Borne, 21 ministres ont été élus lors des législatives de juin dernier. Ils sont concernés par le délai incompressible d’un mois après pour qu’un suppléant les remplace dans l’hémicycle. Il faudra attendre le 22 juillet ou le 4 août pour qu’ils siègent tous et puissent participer aux votes.

    Résultat des comptes: la Première ministre voit ses soutiens se réduire un peu plus en cas d’un mercredi à l’Assemblée. Selon les projections, et si chaque député de l’opposition votait “non”, elle ne pourrait compter avec certitude que sur 229 voix, contre 327 en face.

    Élisabeth Borne a sondé les différents groupes politiques à l’Assemblée ces derniers jours pour tenter de mettre en place un accord de gouvernement visant à obtenir des majorités sur certains textes. Des négociations qui ont échoué.

    L’opposition divisée sur le vote d’une motion de censure

    La France insoumise a de nouveau critiqué ce lundi un “déni de démocratie”, confirmant qu’une motion de censure serait déposée dans la foulée du discours de politique générale de la Première ministre. “Alors que le gouvernement vient à peine d’être nommé, la majorité présidentielle reconnaît qu’elle est en réalité minoritaire”, a écrit sur Twitter le député communiste du Nord et ancien candidat à la présidentielle, Fabien Roussel .

    Pour Ie porte-parole du Parti communiste, Ian Brossat, cette décision est “un aveu terrible, une manière de reconnaître qu’ils n’ont pas de majorité à l’Assemblée nationale”, qualifiant le groupe Ensemble de “minorité présidentielle”. “Elle serait inévitablement battue”, explique-t-il au sujet du vote de confiance.

    Sur le plateau de BFMTV, le député RN de l’Oise Philippe Ballard a toutefois pris ses distances avec les appels de LFI à censurer le gouvernement. “Si c’est pour bêtement faire la procédure, ça n’a pas beaucoup d’intérêt”, a-t-il déclaré. Or, pour voter une motion de censure, une majorité des 577 députés doivent la valider à l’Assemblée. Une bataille qui, pour une très hypothétique union de l’opposition, s’annonce encore également difficile à gagner.

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