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      Assemblée nationale: les députés LR peuvent-ils résister à la cour de la majorité?

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 1 July, 2022 - 12:29 · 4 minutes

    Les Républicains de l'Assemblée peuvent-ils résister à la pression? (photo de Christian Jacob prise en juin 2022) Les Républicains de l'Assemblée peuvent-ils résister à la pression? (photo de Christian Jacob prise en juin 2022)

    POLITIQUE - C’est l’un des paradoxes de la nouvelle ère politique: Les Républicains n’ont jamais été aussi faibles, en termes de poids électoral, ils n’en demeurent pas moins au centre du jeu et des attentions. Depuis le résultat des législatives , les élus du parti de la rue de Vaugirard sont courtisés par un exécutif en mal de majorité absolue à l’Assemblée nationale.

    Avec 62 députés, contre une centaine lors du quinquennat précédent, leur groupe au Palais Bourbon peut jouer un rôle pivot. Et accessoirement sortir Emmanuel Macron de la panade, à l’heure où Élisabeth Borne cherche à constituer un gouvernement “d’action” , du PCF à LR selon le souhait du chef de l’État.

    C’est pourquoi les marcheurs multiplient les appels du pied plus ou moins musclés. Le 29 juin encore, Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie exhortait ses anciens collègues ”à faire preuve de sens des responsabilités” pour éviter le blocage des institutions. Plus délicat, la pression se fait également en interne, au moment où Christian Jacob annonce passer la main à la tête du parti.

    Des barons poussent à l’alliance pas les députés

    La ligne officielle, entre indépendance totale et opposition de construction, ne fait pas l’unanimité. Plusieurs élus locaux montent régulièrement au créneau, depuis le résultat des élections législatives, pour défendre le principe d’une entente durable avec le chef de l’État.

    C’est le cas par exemple des présidents de région, Jean Rottner (Grand-Est) ou Christelle Morançais (Pays-de-la-Loire). Les deux, comme plusieurs élus Les Républicains réputés “Macron-compatible” ont “soutenu” une tribune de Christian Estrosi publiée le 28 juin, dans Le Figaro “pour un compromis sans compromission” avec le président de la République. Franck Louvrier, le maire de La Baule, en Loire-Atlantique, signe également ce texte qui appelle à une “coalition” gouvernementale, seule issue au “blocage” parlementaire.

    D’autres édiles, Gaël Perdriau, à Saint-Étienne ou Jean-François Copé, l’ancien ministre à Meaux, sont également dans cet esprit. Ce dernier ne manque pas une occasion médiatique de rappeler son souhait d’un “pacte de gouvernement” entre sa formation et les troupes d’Emmanuel Macron. Sans résultat pour l’instant.

    Il faut dire que tous ces responsables, en plus de souhaiter une alliance, plus ou moins concrète avec la Macronie, partagent un point commun qui n’est pas pour aider leur entreprise: Aucun n’est député. Leur ligne, déjà minoritaire au sein du parti, semble encore plus marginale chez les Républicains de l’Assemblée, ceux qui peuvent aider le chef de l’État à obtenir une majorité.

    Ceux qui restent sont ceux qui défendront l'indépendance des Républicains jusqu'au bout." Un ancien cadre LR passé dans la majorité

    Au Palais Bourbon, c’est Olivier Marleix qui tient désormais les rênes. Et le député, qui a remplacé Damien Abad comme président de groupe, appartient bien davantage à une ligne dure, d’opposition ferme à Emmanuel Macron. Comme les instances de son parti, le parlementaire d’Eure-et-Loir, exclut tout contrat avec la Macronie, et toute présence de députés les Républicains dans le futur gouvernement d’Élisabeth Borne.

    “On a beaucoup mieux à faire que de se vendre individuellement, c’est d’obtenir des avancées pour les Français”, a-t-il répété le 27 juin sur Europe 1, en se déclarant comme “l’antithèse du macronisme”. Le lendemain, après son entretien avec Élisabeth Borne, il disait “non à une coalition, mais oui à des échanges (...) le plus utile possible pour les Français.” Une vision partagée par l’ensemble de ses ouailles, ou presque, au Palais Bourbon. Seul Philippe Juvin, le député urgentiste, fait entendre une petite musique différente, proche des élus locaux enclins à pactiser.

    Le spectre d’une nouvelle fracture

    Pas de quoi faire pencher la balance dans l’immédiat. “C’est une droite dure... ceux qui restent sont ceux qui défendront l’indépendance des Républicains jusqu’au bout”, nous confirme un ancien cadre du parti, passé dans le giron de la majorité. Il compte les profils “prêts à basculer” sur le doigt d’une main.

    D’autant qu’Olivier Marleix, un des représentants de cette aile conservatrice, qui a parrainé Laurent Wauquiez en 2017 dans la course à la tête du parti, puis Michel Barnier dans la primaire de 2021, pourrait bien voir ce duo revenir sur le devant de la scène.

    Il se murmure, rue de Vaugirard, et dans la presse, que l’ancien négociateur pour le Brexit serait tenté de briguer la présidence des Républicains, avec le soutien du patron de la région Auvergne Rhône Alpes. Le but? Mener les troupes dans une opposition “indépendante, libre et responsable”, selon ses mots après les législatives, jusqu’aux prochaines européennes et préparer la candidature présidentielle de Laurent Wauquiez.

    Un tandem pas franchement “Macron-compatible”... qui pourrait faire renaître le spectre d’une nouvelle fracture, entre les tenants d’une ligne modérée et ceux d’une droite “dure”. Si personne n’a encore réellement dévoilé ses cartes pour ce scrutin annoncé à l’automne prochain, la lutte pourrait être âpre. Et le résultat, lui, promet d’en dire beaucoup sur l’attitude de la droite gaulliste pour les mois et les années à venir.

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