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      La gauche et la crise

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 27 June, 2022 - 12:09 · 4 minutes

    Jean-Christophe Cambadélis, ancien Premier secrétaire du Parti socialiste, le 17 juillet 2017. (Photo by ALAIN JOCARD / AFP) Jean-Christophe Cambadélis, ancien Premier secrétaire du Parti socialiste, le 17 juillet 2017. (Photo by ALAIN JOCARD / AFP)

    TRIBUNE - La crise politique qui couvait depuis bien longtemps vient d’éclater au grand jour.

    Le Parlement est introuvable et le fait présidentiel tout autant.

    La légitimité présidentielle se heurte à la légitimité parlementaire . Le pays est à la recherche d’une cohabitation qui se dérobe, car le président ne va pas renoncer à sa primauté et les groupes parlementaires à leur identité. D’autant que l’exécutif laisse planer l’arme de la dissuasion nucléaire: la dissolution .

    Le pays qui est entre colère et amertume a été jusqu’au bout du dégagisme après les partis qui structuraient le bipartisme. Il a dégagé du pouvoir absolu le parti qui s’y maintenait par le rejet des extrêmes: les Macronistes.

    Les Français n’ont pas voulu donner tout le pouvoir au président Macron, sans pour autant donner le pouvoir à Mélenchon. Et dans cet entre-deux refoulé, c’est l’extrême droite qui s’est faufilée.

    Le président est, tout à la fois, dans le déni et le calcul. Refusant de cohabiter au nom de son élection, il provoque l’Assemblée nationale pour reconstruire le fait présidentiel.

    Le pays, entre colère et amertume, a été jusqu’au bout du dégagisme. Il a dégagé du pouvoir absolu le parti qui s’y maintenait par le rejet des extrêmes: les Macronistes.

    Jean-Luc Mélenchon est, tout autant, dans le déni. Il n’a non seulement pas gagné, il n’est pas Premier ministre et la Nupes ne fait pas le score escompté.

    Le leader de la France insoumise cherche à surmonter cette déconvenue par un forcing présentiel; par la proposition de fusion des groupes ; par la présence au milieu des députés de la France insoumise; par l’annonce de la motion de censure; par sa prise de parole trois minutes après l’intervention au 20H du président de la République pour enjoindre la Première ministre de se soumettre à la question de confiance. Bref la tortue a mis le turbo!

    Mais cela ne change rien à l’affaire. La Nupes n’a pas gagné.

    Ne faut-il pas calmement se poser les bonnes questions: pourquoi la Nupes n’a pas gagné? Comment sortir le pays de la crise? Et enfin, comment reconstruire un espoir gagnant?

    La Nupes n’était pas une union de projet. Mais, dès le départ, pour le Parti socialiste, le Parti communiste et les écologistes, elle constituait un Cartel visant à sauver des sièges et des groupes, au regard de leurs scores, siphonnés par le vote utile pour Mélenchon.

    Ensuite, la radicalité à gauche, due à une subordination programmatique à la France insoumise, ne correspondait pas au moment politique où plus de 50% des Français s’abstenaient, où 70% n’étaient pas à gauche et où l’extrême droite était en dynamique dans les têtes et dans les urnes. Il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que la Nupes allait faire un bon premier tour et se heurterait au second à un “tout sauf Mélenchon”.

    Enfin, Jean-Luc Mélenchon a fait ce qu’il fait de mieux: être le leader populiste de gauche pensant mobiliser le peuple par une stratégie de rupture avec les élites.

    Cela n’a pas marché et ne pouvait pas marcher. Dommage, car une union plus respectueuse et plus responsable aurait pu, soit l’emporter, soit devenir leader du “camp” parlementaire face au défi de l’exécutif.

    Doit-on donc persévérer dans cette voie si on veut sortir le pays de la crise et gagner? Il faut rompre le lien de subordination à Jean-Luc Mélenchon et rebâtir une union praticable par toutes et tous.

    Le PS doit construire une nouvelle alliance à partir des écologistes et du PCF; puis négocier un contrat de législature avec LFI. (...) Ensuite, postuler au nom de cet ensemble renouvelé à la direction du pays.

    Mélenchon nous entraîne dans la confrontation avec Emmanuel Macron qui n’est pas le dernier à la souhaiter. Ce n’est pas l’opposition frontale qu’il faut construire mais l’alternative praticable, tout à la fois populaire et responsable.

    C’est ici que le Parti socialiste a un rôle majeur à jouer parce qu’il est décisif pour la Nupes mais aussi pour Emmanuel Macron. Il doit sortir du syndrome minoritaire où il s’est fourvoyé. Il est le second groupe au Sénat et dirige la majorité des collectivités locales à gauche. Il doit prendre acte que cette stratégie d’union n’a pas marché. Il doit avoir le courage de dire: “les solutions de la France insoumise ne permettent pas de sortir le pays de la crise et de gagner. L’unité doit être reformulée.”

    Il lui faut construire une nouvelle alliance à partir des écologistes et du PCF; puis négocier un contrat de législature avec la France insoumise en vue d’un gouvernement d’urgence sociale; ensuite, postuler au nom de cet ensemble renouvelé à la direction du pays tout en indiquant au président qu’il ne s’agit de collaborer sur la base de son projet mais agir en commun pour le bien de la France et des Français.

    Ainsi ENSEMBLE et donc au président devrons-nous répondre.

    Cette union refondée nécessite un Parti socialiste restauré: la restauration du PS passant par une attitude décomplexée vis-à-vis de la radicalité et sa mutation idéologique et politique en partie d’inspiration sociale-démocrate.

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