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      "As-tu un amoureux (ou une amoureuse)?" Pourquoi il faut arrêter avec cette question

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 16 July, 2022 - 06:00 · 3 minutes

    Pourquoi il faut arrêter de demander aux enfants s'ils ont un amoureux Pourquoi il faut arrêter de demander aux enfants s'ils ont un amoureux

    ENFANTS - Ce serait mentir de dire qu’on ne l’a jamais entendue, ou posée, cette question. À notre nièce, au fils de notre meilleure amie, au petit qui est gardé avec notre fille. Dès que les enfants sont assez grands pour parler et interagir avec les autres, en gros, les adultes ont vite fait de leur demander si, oui ou non, ils ont un·e amoureux·se .

    Dans certains cas, c’est carrément une projection, une sorte de relation fantasmée avec un autre enfant qu’on leur met entre les pattes. Et si le réflexe semble plutôt anodin, parce que formulé avec tendresse, il pose en réalité les bases de stéréotypes de genre coriaces - et plus tard, ravageurs.

    De plus en plus toutefois, des parents tentent de lever le pied sur cette interrogation qui fâche, inspiré·es et encouragé·es par des écrits féministes essentiels. Pihla Hintikka et Elisa Rigoulet sont justement de celles et ceux qui oeuvrent chaque jour à déconstruire ces petites phrases plus impactantes qu’on pourrait le croire. Dans leur livre 30 discussions pour une éducation antisexiste (ed. Marabout), un recueil de dialogues qui donnent des clés pour aborder différents biais sexistes d’éducation quand on y est confronté·e, elles évoquent justement la thématique de l’amour que les adultes projettent sur les enfants.

    Pour Terrafemina, elles décryptent plus en détail ce qui cloche dans ce phénomène, et comment il participe à véhiculer et renforcer une hétéronormativité nocive. Et puis, les deux autrices concluent avec un conseil pratique: comment réagir quand une tierce personne demande à notre enfant s’il·elle a une amoureux·se. Entretien.

    Terrafemina: D’où vient ce réflexe de poser le terme “amoureux” sur les relations entre deux enfants? Pourquoi est-il si fréquent?

    Pihla Hintikka et Elisa Rigoulet: C’est un réflexe normé qui vient des adultes. Une projection que l’on a sur les relations entre enfants. On projette sur eux et elles nos propres relations. Ça vient à la fois d’une norme parentale et d’une norme de couple. Nous leur inculquons souvent ça malgré nous, comme la notion de genre par exemple. La question de l’amoureux·se est une question banale entrée dans la culture des discussions qu’on engage avec les enfants comme si on leur demandait “tu aimes le foot?” ou “comment c’était l’école aujourd’hui?”.

    Les amitiés entre petit garçon et petite fille y sont-elles plus sujettes?

    Évidemment. Ce réflexe répond à la norme de l’hétérosexualité . On impose cette norme et ce modèle sans le savoir. On ne parlerait jamais d’amour entre deux petits garçons ou deux petites filles. Par ce biais, on oublie de valoriser l’amitié entre une fille et un garçon comme les relations entre deux femmes ou deux hommes.

    Pourquoi est-ce nocif de demander à un enfant s’il ou elle a un·e amoureux·se?

    C’est ramener des problématiques adultes dans une sphère d’enfant. Alors qu’il·elle n’a rien demandé, qu’il·elle n’est pas encore en âge de comprendre ce que c’est d’être amoureux·se et qu’il·elle n’a pas encore à le savoir! C’est aussi inconsciemment engager des réflexions sexistes comme si les filles voulaient déjà séduire et les garçons déjà draguer. Ça sexualise et ça genre les rapports affectifs entre enfants.

    Quelles sont les répercussions dans sa vie d’enfant, d’ado, d’adulte?

    Ça construit chez eux et elles la notion et la norme de genre et l’hétéronormativité. Et ça l’impose autant que n’importe quelle réflexion sexiste. C’est une banalisation des rôles sexués et genrés. Les enfants avant l’âge de 7 ans n’ont souvent pas encore construit leur identité de genre . Ce n’est pas nécessaire de construire cette notion chez eux et elles alors qu’ils·elles n’en parlent pas. Et s’ils·elles en parlent, il faut leur expliquer qu’ils ont le choix et ne pas restreindre leur·s liberté·s.

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