• chevron_right

      Les hirondelles sont de retour, comment bien les accueillir?

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 8 May, 2022 - 05:00 · 6 minutes

    Des hirondelles rustiques se rassemblant assises sur des lignes électriques avant de migrer.  Des hirondelles rustiques se rassemblant assises sur des lignes électriques avant de migrer.

    NATURE - ’Y a d’la joie, bonjour bonjour les hirondelles, y a d’la joie...” Le retour du printemps est indissociable du retour des hirondelles dans nos ciels français. Avec leur queue effilée et leurs longues ailes, leur silhouette en vol est un signe annonciateur des soirées qui s’allongent.

    Mais d’où reviennent-elle? Si la France compte cinq espèces différentes d’hirondelles, celles que vous avez le plus de chances de croiser sont l’hirondelle rustique et l’hirondelle de fenêtre.

    “Ce sont de grandes migratrices, explique au HuffPost Jérémy Dupuy, responsable de projet “Enquêtes et atlas avifaunistiques” à la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Elles vont passer l’hiver en Afrique sub-saharienne.” Et reviennent donc dans l’hexagone de mars à mai.

    Chute des effectifs

    Grâce à leur nombre -des dizaines de millions de couples- et leur répartition en Europe, les hirondelles ne sont pas considérées comme des espèces en danger. Malgré tout, la chute des effectifs ces 20 dernières années est préoccupante.

    “Ce sont des espèces en diminution, notamment l’hirondelle rustique et de fenêtre, de l’ordre de 20% depuis le début des années 2000, alerte Jérémy Dupuy. Une chute assez marquée et partout en Europe.”

    Elles souffrent de la disparition des insectes, due principalement à la pollution et l’utilisation de produits phytosanitaires. Et comme elles nichent beaucoup sur les habitations, l’activité de l’homme a des conséquences directes sur leur survie.

    “La rénovation du bâti va détruire les nids et tous les nouveaux bâtiments ne sont pas adaptés aux nids d’hirondelles, détaille le spécialiste. Par exemple, l’hirondelle rustique aime nicher dans les vieilles granges, mais lorsqu’elles sont rénovées les points d’accès sont fermés et les plafonds sont renouvelés. Et les hirondelles n’ont plus d’endroit pour s’installer.”

    Interdit de détruire les nids

    Malgré l’interdiction de détruire les nids d’hirondelles, un délit passible d’un an de prison et jusqu’à 15.000 € d’amende, certains habitants, pour éviter les nuisances, ont également tendance à s’en débarrasser.

    “Les nids d’hirondelles sont protégés, comme les individus, même en hiver, lorsque les oiseaux ne sont pas là”, souligne Jérémy Dupuy, qui admet que les amendes sont tout de même rares. Quand il s’agit de colonies de plusieurs dizaines de couples d’hirondelles, sur un bâtiment public par exemple, des “mesures de compensation” peuvent être envisagées.

    “Les administrations sont obligées d’installer des nichoirs sur le bâtiment ou à côté”, explique-t-il. Et ce été comme hiver, que les hirondelles soient là ou en migration. “Elles sont ‘philopatriques’, ce qui veut dire que les mêmes oiseaux reviennent nicher au même endroit, souligne Jérémy Dupuy. Dans certaines fermes ou bâtiments, certains nids sont utilisés sur des générations et des générations.”

    L’hirondelle est aussi une espèce “coloniale”, ce qui signifie qu’elle vit souvent en groupe. “En France, on le voit beaucoup moins, mais par exemple en Espagne, dans certains villages, on peut avoir des colonies de parfois 100 à 150 nids, tous agrippés, qui font comme des grappes, raconte l’ornithologue. Cela fait partie du paysage, les gens sont attachés à ce que les hirondelles reviennent chaque année.”

    Comment repérer un nid?

    Chez soi, les va-et-vient des hirondelles, dans les garages ou dans les granges, sont un premier indicateur de leur présence. “Quand ce sont des hirondelles de fenêtres, elles vont nicher sur une avancée de toit, au-dessus de l’entrée d’une maison par exemple. Et là c’est pareil, il y a des passages”, indique Jérémy Dupuy.

    Contrairement à d’autres espèces, les nids d’hirondelles ne sont pas constitués de végétaux, de branches, de paille ou d’herbe: ils sont faits de terre et de salive, ce qui les rend assez typiques.

    “Ils sont vraiment collés dans des angles, par exemple entre une poutre et le plafond, décrit Jérémy Dupuy. Et ce qui est toujours marquant, c’est qu’au bout d’un moment, il y a un tas de fientes juste en dessous. Lorsqu’on fait des prospections pour savoir si des nids sont occupés, c’est un bon indicateur.”

    Ces mêmes fientes qui peuvent pousser certains habitants à vouloir s’en débarrasser. Avant d’envisager de commettre ce délit, voici la solution que suggère l’expert de la LPO: “Il suffit d’installer une planche de bois sous le nid pour que les fientes tombent sur la planche et pas partout sur le mur et le sol. Une fois qu’elles sont parties vous retirez la planche, vous la nettoyez et vous la replacez pour l’année suivante.”

    Favoriser leur présence

    Pour favoriser leur présence et leur installation, il est possible de poser des nichoirs fabriqués ou achetés dans le commerce, même s’ils ne sont pas aussi efficaces que pour d’autres espèces, comme les mésanges.

    “On peut les installer dès maintenant, car même s’il y a peu de chance qu’ils soient utilisés cette année, les jeunes individus qui viennent de naître, pendant leur phase de ‘dispersion’, vont se balader et repérer des endroits pour les années suivantes”, explique Jérémy Dupuy.

    Il faut les placer assez haut, sous les toits, au niveau des lucarnes, au-dessus de l’entrée des maisons par exemple, ou contre les poutres, sous les avancées de toit. On peut en mettre plusieurs et donner l’impression d’une colonie, par trois ou quatre.

    Pour inviter les hirondelles et la biodiversité en général, des conseils tout simples peuvent marcher, comme éviter les produits phytosanitaires, ne pas tondre la pelouse toutes les semaines ou laisser l’herbe pousser à quelques endroits, favoriser la présence d’insectes dans son jardin...

    Sur les fils électriques

    L’hirondelle passe l’essentiel de son temps en vol. “Un truc efficace et qui vaut pour tous les oiseaux, c’est de mettre des abreuvoirs ou des points d’eau, conseille Jérémy Dupuy. Si on a la place, on peut même installer une marre ou un bac un peu plus grand, car les hirondelles boivent en volant.”

    L’un des rares moments où l’on peut observer l’hirondelle au repos, c’est lorsqu’elle se poste sur les fils électriques, au moment de repartir. La migration commence fin juillet et se poursuit jusqu’à la fin du mois d’octobre, avec un pic de passage au mois de septembre.

    “Souvent, les rassemblements se font sur les fils électriques, pointe Jérémy Dupuy. On peut parfois voir 100, 200 hirondelles posées au-dessus de chez soi.” Il suffit de lever la tête et d’observer. C’est déjà l’heure du départ.

    À voir également sur Le HuffPost : Cette “télé-réalité de faucons” n’a rien à envier aux “Marseillais”