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      Violences sexuelles: il n'y a rien de pire pour une société que des représentants sans exemplarité

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 30 June, 2022 - 08:20 · 6 minutes

    Damien Abad, ministre des Solidarités, fait l'objet d'une enquête après le dépôt d'une plainte pour tentative de viol. Damien Abad, ministre des Solidarités, fait l'objet d'une enquête après le dépôt d'une plainte pour tentative de viol.

    TRIBUNE - Dénonciation d’un tribunal médiatique, demande de respect de la présomption d’innocence… À l’occasion des accusations de viol à l’encontre de Damien Abad (désormais sous le coup d’ une enquête pour tentative de viol , NDLR ) les réfractaires à #MeToo ont de nouveau fait de la condamnation pénale le juge de paix de toute affaire de violence faite aux femmes.

    Dans les entreprises et la fonction publique, il existe pourtant un devoir de protection, d’enquête et le cas échéant de sanction professionnelle en cas de harcèlement ou de violence sexuelle, qu’il y ait saisine de la justice ou non. De la même manière, Jean-Jacques Bourdin était récemment écarté de ses fonctions par BFMTV et RMC après une enquête interne à la suite de signalements pour agression sexuelle. La sanction pénale n’est donc pas l’alpha et l’oméga du traitement de ces affaires, pourquoi la sphère politique devrait-elle échapper à cette règle?

    Il existe une défaillance incroyable du monde politique dans la capacité à traiter ces sujets en amont de la médiatisation, qui est trop souvent la principale raison qui pousse à l’action. C’est dernièrement particulièrement le cas à droite, comme l’a montré hier l’affaire Hulot et comme pourrait le montrer aujourd’hui l’affaire Abad . Or, existe-t-il pire symbole pour une société que l’absence d’exemplarité de ses représentants? Qui plus est lorsque les ministres en question, de Gérald Darmanin à Damien Abad, ont en charge la protection des femmes via respectivement la police et le traitement du handicap - les femmes porteuses de handicap sont les plus exposées au risque de violence?

    Il existe une omerta propre aux sphères de pouvoir, et singulièrement en politique. Gabrielle Siry-Houari

    Le problème n’est pas de savoir s’ils seront pénalement condamnés ou non: c’est à la justice de trancher. Le problème est qu’aucune investigation interne à LR ou LREM n’ait été menée. Comme en témoignait Marilyn Baldeck de l’Association européenne contre la violence faite aux femmes au travail sur Mediapart en mai 2022, ces symboles rendent beaucoup plus difficile la prise de conscience dans le reste de la société, et notamment dans la sphère professionnelle.

    Si ces violences sont mal prises en charge dans l’ensemble de la société — en témoigne le faible taux de plainte et de condamnation — il existe une omerta propre aux sphères de pouvoir, et singulièrement en politique. Lieu de conquête, de séduction et de domination, la politique est prompte à attirer des caractères dominants.

    Dans La Familia grande (Seuil, 2021), Camille Kouchner décrit Olivier Duhamel , ancien homme politique, comme une personnalité “solaire”, cherchant à “régner”. Tous les partis, toutes les familles politiques sont une forme de familia grande . Les prises de parole sont rendues difficiles par la solidarité de fait qui existe entre leurs membres; par le risque d’être accusé de “tirer contre son camp”, quand ces affaires sont utilisées par les adversaires politiques à des fins de déstabilisation. Certains font aussi le choix du silence, car, pour paraphraser Élisabeth Guigou dans le documentaire Chambre 2806: L’affaire DSK , l’ascension d’un homme politique est la promesse d’un bel avenir pour ses amis. Enfin, la situation la plus compliquée est sans conteste celle des collaborateurs et collaboratrices politiques pour lesquels la prise de parole peut être synonyme de difficultés professionnelles.

    En réalité, le ver est dans le fruit bien avant que la violence ne soit commise: il existe un continuum entre sexisme dit “ordinaire” et violence. Dans un milieu encore caractérisé par un entre-soi masculin très fort, toute une série de comportements humiliants, dévalorisants rappelle aux femmes qu’elles sont “tolérées” en politique mais qu’elles ne sont pas vraiment à leur place. Les commentaires courants sur le physique et les vêtements des femmes politiques en sont un bon exemple, du tailleur d’Édith Cresson , qui avait focalisé toute l’attention lors de son premier discours à l’Assemblée nationale, à la robe à fleurs de Cécile Duflot accueillie par des sifflements au sein du même hémicycle. Cette désignation des femmes comme “l’Autre” avait été bien analysée par Simone de Beauvoir dans Le deuxième sexe (1986) comme ce qui fonde leur domination. En politique, c’est bien pour dominer, pour maintenir les femmes ”à leur place” dans un milieu très concurrentiel, que le sexisme s’exerce à plein: les femmes seraient différentes donc elles pourraient être dominées (et ultimement violentées).

    Toutes les familles politiques sont une forme de 'familia grande'. Les prises de parole sont rendues difficiles par la solidarité de fait qui existe entre leurs membres. Gabrielle Siry-Houari

    Les solutions sont en partie juridiques. Le Haut conseil pour l’égalité entre les femmes et les hommes prône ainsi un élargissement des missions de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique à la question de l’éthique en politique, afin de lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Il est en effet frappant qu’aujourd’hui, un ministre puisse être poussé à la démission en cas de déclaration trompeuse de son patrimoine financier mais pas en cas de violences faites aux femmes. Il s’agit aussi d’élargir les cas d’inéligibilité aux condamnations pour violences sexistes et sexuelles: peut-on concevoir qu’un homme condamné pour ce type de faits puisse être élu représentant de la Nation , c’est-à-dire investi de la mission de voter les lois, y compris celles relatives à l’égalité femmes-hommes et la protection contre les violences?

    Enfin, si le rythme de la victime doit être respecté et la priorité donnée au recueil de sa parole en confiance, les cas où une menace existe pour d’autres personnes pourraient donner lieu à une obligation plus stricte de signalement dans le cadre de l’article 40 du Code de procédure pénale (obligation pour les agents publics et élus de signaler les crimes et délits dont ils ont connaissance dans l’exercice de leurs fonctions), associée à une sanction en cas de manquement.

    Mais on voit bien, plus largement, que c’est d’un changement de culture profond dont le monde politique a besoin: intransigeance du personnel politique face aux comportements sexistes, renforcement des méthodes d’alerte et de traitement des signalements de violences au sein des partis (ce qui pourrait aussi faire l’objet d’une obligation légale).

    Peut-on concevoir qu’un homme condamné pour violences sexistes et sexuelles puisse être élu représentant de la Nation et voter des lois relatives à l’égalité femmes-hommes? Gabrielle Siry-Houari

    La gauche essaie désormais de distinguer le temps judiciaire du temps politique: dans la mesure où le traitement judiciaire des affaires de violence peut prendre plusieurs années, ces partis tentent désormais, avec un succès mitigé, d’agir en amont pour empêcher l’investiture d’hommes politiques qui font l’objet de signalements répétés au sein de leur parti. Cela a par exemple été le cas de plusieurs candidats aux dernières municipales pour le parti socialiste, après enquête interne. La droite est très à la traîne: que ce soit chez LREM, LR ou le RN, ces dispositifs sont inexistants.

    Enfin, une plus grande présence de femmes en politique contribuerait aussi à changer la donne. Ce sont elles qui font bouger les choses au sein des partis, ce sont d’abord elles qui portent la cause de l’égalité femmes-hommes. Enfin, plus elles seront nombreuses, moins elles seront identifiées à “l’Autre”, que l’on domine, qui peut être méprisée et in fine violentée.

    À voir également sur Le HuffPost: Abad, Darmanin… La colère féministe contre le “gouvernement de la honte”

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      La nouvelle vague MeToo - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 17 June, 2022 - 09:09 · 7 minutes

    Ce qui fait crier les détracteurs et les détractrices du mouvement <a class=#MeToo, c’est la confusion entre des faits condamnables par la loi et des agissements qui ne relèvent pas de la justice, et le dommage causé par ces accusations, diffusées par les médias et les réseaux sociaux, aux carrières et réputations des accusés." src="https://img.huffingtonpost.com/asset/62a9e0a1220000341d4f6d63.jpeg?ops=scalefit_630_noupscale" /> Ce qui fait crier les détracteurs et les détractrices du mouvement #MeToo, c’est la confusion entre des faits condamnables par la loi et des agissements qui ne relèvent pas de la justice, et le dommage causé par ces accusations, diffusées par les médias et les réseaux sociaux, aux carrières et réputations des accusés.

    METOO - En 2017, l’affaire Weinstein déclenche le hashtag, #MeToo, utilisé sur les réseaux sociaux pour livrer le récit de violences sexuelles subies par certains et certaines dans le milieu du cinéma. Puis c’est dans celui des médias, du théâtre , de l’édition, de la politique, de l’université que sont signalés des cas supposés d’abus et d’agressions . Dans ces milieux, le pouvoir et le prestige sont particulièrement forts.

    Aujourd’hui, le spectre de ces récits s’étend: il ne s’agit plus seulement de raconter des agressions caractérisées de la part de prédateurs sexuels mais aussi d’actes qui semblent plus anodins, à première vue. Cette extension du domaine du récit en viendrait à décrédibiliser la libération de la parole dans son ensemble. Dès lors, le mouvement #MeToo s’apparenterait à une épuration au nom de la bien-pensance, du type de celle menée dans les années 60 contre les communistes aux Etats-Unis, d’un puritanisme dicté par un esprit de revanche.

    Il y a pourtant une raison pour laquelle des agissements aussi différents sont spontanément associés, raison dont ne rend pas compte la justice. Derrière ces récits se cache une structure invariante qui dit quelque chose de la psyché humaine. En envisageant ces témoignages sous l’angle strictement narratif, ce qui apparaît, c’est que derrière des degrés de gravité différent se dit toujours la même chose: un profil d’agresseur mais aussi de victime similaires.

    Une justice à la traîne

    Ce qui fait crier les détracteurs et les détractrices du mouvement #MeToo, c’est la confusion entre des faits condamnables par la loi et des agissements qui ne relèvent pas de la justice, et le dommage causé par ces accusations, diffusées par les médias et les réseaux sociaux, aux carrières et réputations des accusés. Est brandie la “présomption d’innocence”, laquelle vaudrait devoir de réserve et injonction à garder le silence.

    Mais les agissements dépeints dans ces récits présentent une cohérence qui n’est pas celle de la justice. La justice ne punit des faits que lorsqu’ils sont “caractérisés”, c’est-à-dire établis de manière indubitable et qu’ils se déroulent sans le consentement du plaignant ou de la plaignante. Le mot “consentement » n’est pourtant pas utilisé par la loi. On y parle de “violence, contrainte, menace ou surprise” mais aussi d’absence de “discernement”. Le discernement, c’et la capacité de reconnaître et de comprendre; il peut être altéré, par une prise de substance par exemple; dans le cas de mineurs de moins de 13 ans, la loi conclut à l’absence de discernement. Enfin, l’article 222-24 du code pénal indique qu’un viol est puni de 20 ans de réclusion criminelle lorsqu’il est commis “sur une personne dont la particulière vulnérabilité (…) est apparente et connue de l’auteur” mais aussi “lorsqu’il est commis par une personne qui abuse de l’autorité que lui confèrent ses fonctions”.

    Or il est facile de voir où se situe le problème: la réalité des faits incriminés est le plus souvent impossible à établir. Quant à la question du consentement, on comprend intuitivement qu’il ne suffirait pas qu’il ait été obtenu; il faut savoir comment, c’est-à-dire à déterminer s’il était libre (et non résultant d’une emprise) et éclairé (soit qu’il a été donné en connaissance de cause, et c’est bien là le vrai sens du mot “discernement”).

    De fait, en 2017, 76% des enquêtes pour viol n’ont pas abouti, la moyenne du classement sans suite des plaintes s’établissant à 69%. Or, selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, “seuls 13% des personnes se déclarant victimes de viol ont déposé plainte” (Timorée Boutry, Pascale Egré et Jérémie Pham-Lê, “ Plaintes pour viols: pourquoi tant de classements sans suite ”, Le Parisien , 2 mars 2019).

    La logique juridique est ainsi en décalage avec les mécanismes psychologiques et sociologiques qui expliquent ce spectre de agressions, qu’elles soient psychologiques, physiques ou sexuelles, et qu’elles jouent sur la violence, la contrainte, la menace ou la surprise. Car ces actes peuvent aussi s’appuyer sur l’emprise ou la sidération, c’est-à-dire qu’ils profitent des dommages d’un traumatisme antérieur, que la psychologie appelle le “psychotrauma”. Et c’est bien du côté de la psychologie clinique que l’on trouve des réponses: au regard des avancées de la psychologie, la justice est au mieux en retard, au pire impuissante.

    La glaçante banalité du mal

    Car, pour en revenir au point de désaccord qui oppose partisans et opposants au mouvement #MeToo, pourquoi mettre dans la même catégorie le spectre d’agissements abusifs de nature si différente: drague un peu lourde, sous-entendus sexuels, attouchement, viol?

    De même qu’il n’existe pas de "victime parfaite", il n’existe pas d’"agresseur monstrueux".

    La réponse est simple: qu’ont-ils en commun, sinon leur auteur? Pris à rebours, le problème se résout de lui-même. Celui qui en vient à violer a au préalable d’autres agissements, symptomatiques mais plus banals: il drague avec insistance et sans finesse, a la main baladeuse, parle de cul pour instaurer une complicité et se sentir autorisé à aller plus loin. En d’autres termes: il harcèle, il opère des attouchements, il instaure une emprise.

    Car non, le violeur psychopathe tapi dans la nuit n’est pas la règle. De même qu’il n’existe pas de “victime parfaite”, il n’existe pas d’“agresseur monstrueux”. Si les agressions relevées sont différentes, c’est parce qu’elles ne ciblent pas les mêmes victimes. Selon que ces victimes sont puissantes ou non, en état de vulnérabilité ou non, la relation établie avec elles par l’auteur des faits est plus ou moins toxique ou abusive; elle emprunte là les chemins de l’emprise et de la sidération, ailleurs ceux de la contrainte, de la menace, de la surprise et de la violence.

    Toutes ces cibles, néanmoins, ont des points communs: la naïveté ou la précarité; l’absence de moyen de défense. Car l’agresseur compte sur la honte et le silence que l’acte fait naître pour ne pas avoir à répondre du mal, plus ou moins grave, qu’il commet. Ce même silence auquel les victimes sont exhortées par les détracteurs et détractrices du mouvement #MeToo.

    C’est bien dans ce sens qu’il faut comprendre les logiques de libération de la parole et de conservation du silence qui se montrent sur le champ médiatique. Pour les comprendre, il faut partir, dans une optique psychologique, des causes de ces agissements pour reconstituer le fil conduisant à leurs conséquences. La démarche juridique, elle, procède à rebours: partant des faits, elle cherche à trouver leurs causes, ce qui brouille les pistes.

    Ce n’est pas parce que quelqu’un trompe son compagnon ou sa compagne qu’il est un prédateur sexuel; ce n’est pas non plus parce qu’on aime draguer, ou qu’on cherche les relations sans lendemain, qu’on s’efforce de dominer son ou sa partenaire. Mais celui ou celle qui agresse a toujours eu des comportements abusifs, qui ont semblé parfois banals, et que la révélation de faits font souvent remonter à la surface. Aussi, sachez-le: #MeToo, ce n’est que le début.

    À voir également sur Le HuffPost: Même l’acquittement d’Harvey Weinstein ne peut plus affecter “metoo”

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      Le procès Depp - Heard n'est qu'un détail dans le mouvement #metoo qui va revenir en force - LIFE

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 7 June, 2022 - 15:00 · 6 minutes

    La justice, la vraie, a tranché. Dans le même sens que les réseaux pour Depp, au terme d’un déballage gênant de détails de la vie privée dans un procès très filmé, commenté, épluché. Au détriment d’une Amber Heard moquée, scrutée, parodiée. C’est la première fois qu’on assiste sur une aussi longue durée, un mois, à un tel déferlement de haine. Avec des hashtags en armes de combat entre les Pro Depp et pro Heard. La justice, la vraie, a tranché. Dans le même sens que les réseaux pour Depp, au terme d’un déballage gênant de détails de la vie privée dans un procès très filmé, commenté, épluché. Au détriment d’une Amber Heard moquée, scrutée, parodiée. C’est la première fois qu’on assiste sur une aussi longue durée, un mois, à un tel déferlement de haine. Avec des hashtags en armes de combat entre les Pro Depp et pro Heard.

    METOO - D’un côté la blonde. Perçue comme un peu fake. Apprêtée sobrement pour la circonstance, tirée à quatre épingles, les cheveux savamment lâchés avec classe, ou au contraire retenus en tresse autour de son visage de poupée un peu marqué. La maladroite et mal-aimée Amber Heard . De l’autre: la Star. Chewing-gum en bouche, attitude désinvolte, moqueuse, nonchalante, à de rares occasions émouvante, pas loin de son image dans “Le pirate des Caraïbes”. Celui que tout le monde a vu sur grand écran affublé de son épée, the bad boy roi de l’arnaque, a une image bien sympathique. C’est le flibustier Johnny Depp .

    Pourtant, lors d’un précédent procès en 2020 en Angleterre contre le journal The Sun , il perdait en justice. Il l’attaquait le journal en diffamation pour l’avoir qualifié l’acteur de “batteur de femme” suite à de présumées violences conjugales. Dans une quasi-indifférence des réseaux sociaux.

    Ce mois-ci, il poursuivait en justice Amber Heard aux États-Unis également pour diffamation en lui demandant 50 millions de dollars. Elle devra en verser théoriquement 10,35 dans les faits, avec un schéma compliqué où elle pourra récupérer 2 millions de dédommagement. Même si les deux sont considérées coupables d’avoir ruiné leur réputation réciproque, Depp remporte l’Award de la meilleure image.

    Faut-il sortir d’un couvent et être irréprochable pour être crédible?

    La justice des réseaux sociaux: hashtags en armes de combat

    La justice, la vraie, a tranché. Dans le même sens que les réseaux pour Depp, au terme d’un déballage gênant de détails de la vie privée dans un procès très filmé, commenté, épluché. Au détriment d’une Amber Heard moquée, scrutée, parodiée. C’est la première fois qu’on assiste sur une aussi longue durée, un mois, à un tel déferlement de haine. Avec des hashtags en armes de combat entre les Pros Depp et pro Heard.

    Lors des derniers jours du bras de fer entre les deux figures d’Hollywood, le #justiceforJonnhy aurait totalisé 12 milliards de vues. Celui de Amber Heard beaucoup moins. Sur TikTok, the hashtag #justiceforjohnnydepp a cumulé 7.5 milliards de vues, et #amberheardisaliar 1,2 milliard. Le hashtag consacré à l’actrice #justiceforamberheard , incluant les vidéos, a atteint 26 millions de vues selon le titre américain Insider du 5 mai.

    Alors oui. Un homme peut être battu. Une femme se comporter en manipulatrice patentée. Elle peut aussi donner une gifle à son junkie de mari et se prendre une rouste en retour sans pouvoir le prouver devant les tribunaux. Faut-il sortir d’un couvent et être irréprochable pour être crédible? Mais il ne s’agit pas de rejuger l’affaire sur le fond, mais dans sa forme.

    Rappelons à l’occasion que les procès seront également filmés bientôt en France. Les audiences de la justice civile, pénale, économique ou administrative pourront être enregistrées ou filmées “pour un motif d’intérêt public d’ordre pédagogique, informatif, culturel ou scientifique”, indiquait le ministère de la Justice fin septembre. Un projet dans les tuyaux. Ce qui arrive aux États-Unis depuis des années va débarquer dans l’Hexagone avec une différence de taille: ils seront retransmis ici après le jugement et pas en live. Pour éviter tout débordement.

    Quel impact le verdict d’une telle affaire peut avoir sur la libération de la parole?

    Le risque: les femmes victimes pourront être décrédibilisées, à l’image de Heard, cible de nombreuses attaques. Leur parole sera davantage mise en doute.

    Avec ce revers qui voient les pros Johnny Depp exploser de joie et ceux de Amber Heard douter de la justice, les féministes s’interrogent et craignent un recul des droits des femmes. Amber Heard est l’objet de “remarques misogynes et de dénigrement qui ont un effet incontestablement désastreux sur l’objectif d’encourager les femmes à porter plainte contre des conjoints, ou tout simplement des personnalités publiques violentes “s’interroge Fatima Benomar sur son Facebook.

    Si ce backlash ( contrecoup, répercussion, NDRL ) peut effrayer et faire craindre une mise en veille de la libération de la parole, et surtout de l’écoute, l’expérience #BalanceTonPorc en France montre que le contraire risque de se produire. Dans le procès balancetonporc, quand la première instance a conclu à une diffamation -avant que la cour d’Appel et de cassation ne déboute monsieur Brion qui m’avait attaquée pour avoir donné son nom dans un twitt, alors que je l’accusais de paroles déplacées- les femmes et victimes en général ont cessé de parler. Pour revenir de plus belle quelques semaines après le verdict, après le choc. Sous d’autres formes. Souvent de façon anonyme. Et bien plus violente qu’à découvert.

    Les effets des précédentes prises de parole

    C’est ainsi qu’est est né par exemple le -#balancetonagency pour dénoncer les abus dans le milieu de la publicité. Celui-ci a débouché sur des mises à pied chez Havas récemment et d’autres sanctions dans des agences moins connues. Mais cela a pris du temps deux ans de déferlement de témoignages. Puis, la fondatrice Anne Boistard, routarde de la pub, a désiré sortir de l’anonymat, après une très longue période d’hésitation. Le site #BalanceTonPorcOfficiel a été débordé de messages de femmes en colère qui cherchaient à défaut de pouvoir porter plainte un autre moyen de dénoncer.

    Les affaires PPDA ont culminé aussi alors que #balancetonporc se prenait un revers judiciaire et que Florence Porcel, plaignante contre le célèbre journaliste, voyait sa première plainte classée sans suite. Les autres femmes qui ont eu à subir les avances et plus de PPDA se sont organisées à plusieurs pour peser davantage. Plus de vingt d’entre elles ont décidé de parler.

    L’effet déception et colère ont, au lieu d’annihiler la parole, l’a décuplé. Avec ce procès Heard-Depp emblématique outre-Atlantique, les dénonciations risquent de se multiplier. Exactement l’inverse de l’effet escompté. Les femmes que l’on voudrait réduire au silence vont s’exprimer de plus belle.

    Après avoir perdu cette manche, Amber Heard vient de l’annoncer: elle va faire appel. Revanche d’une blonde.

    À voir également sur Le HuffPost: Les dessins de Johnny Depp à son procès ne sont pas passés inaperçus

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      Après le procès Johnny Depp-Amber Heard, le message fort de l'instigatrice de #MeToo

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 3 June, 2022 - 09:13 · 3 minutes

    Tarana Burke, ici au mois d'octobre 2020. Tarana Burke, ici au mois d'octobre 2020.

    VIOLENCES - Non, le verdict du procès de Johnny Depp et Amber Heard ne va pas mettre fin au mouvement #MeToo . C’est celle qui l’a lancé, l’Américaine Tarana Burke, qui l’assure, ce jeudi 2 juin, dans un long et fort message partagé sur son compte Twitter.

    “Le mouvement #MeToo n’est pas mort. C’est le système qui l’est”, écrit la militante de 48 ans en introduction. Originaire de New York, Tarana Burke, qui a commencé sa carrière en tant qu’éducatrice, a été propulsée en Une des médias en 2017 et a reçu une multitude d’honneurs, dont celui de faire partie des personnalités de l’année du Time . Les mots qu’elle emploie ce jeudi ne sont pas anodins, ils font référence aux nombreux dépités qui ont suivi l’annonce du verdict.

    Ce mercredi, les sept jurés ont reconnu Amber Heard coupable de diffamation pour avoir dénoncé dans une tribune du Washington Post , en 2018, les violences conjugales dont elle disait avoir été victime. Elle a été condamnée à payer des millions de dollars à son ex-compagnon, lui-même reconnu coupable de diffamation.

    “Quand vous avez le verdict que vous désirez, vous dites que ‘le mouvement fonctionne’. Quand ce n’est pas le cas, il est mort, continue Tarana Burke. Quand Weinstein est allé en prison, on a entendu des ‘#MeToo a gagné‘. Quand Cosby est rentré chez lui, c’était plutôt: ‘Quel coup dur, #MeToo a perdu’.”

    “On est un mouvement”

    Elle poursuit: “Entre-temps, des millions de personnes qui n’avaient jamais pu prononcer les mots ‘ça m’est arrivé’ ont libéré la honte, une honte qu’elles n’avaient pas à porter. Nous avons aussi élaboré le premier programme politique du pays créé uniquement avec des survivantes et, pour la première fois depuis qu’Anita Hill a pris la parole il y a trente ans, nous avons eu un dialogue à l’échelle national sur la question du harcèlement sexuel, mais aussi sur l’ensemble des violences sexuelles dans ce pays. À cela s’ajoutent les diverses lois et politiques adoptées.”

    Tarana Burke est persuadée d’une chose. “Ce mouvement est bel et bien VIVANT, écrit-elle en lettres majuscules. Vous voulez tous jouer au ping-pong et faire n’importe quoi de ce hashtag parce qu’il ne signifie rien pour vous. Vous essayez de le tuer tous les mois. Mais ce hashtag signifie quelque chose pour des millions et des millions de personnes.”

    D’après elle, #MeToo est synonyme de liberté. “Il signifie la communauté. C’est la sécurité. C’est le pouvoir. Vous ne pouvez pas nous tuer. On est au-delà du hashtag. On est un mouvement”, conclut Tarana Burke.

    L’impact du verdict

    Son message est porteur d’espoirs, mais n’efface pas les craintes des féministes à l’égard du verdict qui risque de décourager les victimes de violences sexuelles à les dénoncer ou porter plainte. “On est très inquiets, en tant que collectif, des répercussions de ce verdict pour l’écoute de la parole des victimes”, a expliqué Maëlle Noir, membre de la coordination nationale du collectif Nous Toutes, dans cet article du HuffPost .

    Selon cette dernière, “ce verdict apprend aux femmes victimes que dénoncer les violences, ça a un prix -dans le cas de ce procès, 15 millions de dollars- et ça donne comme signal que dénoncer les faits de violence ça ne vaut pas le coup et qu’il vaut mieux se taire.”

    Un point de vue partagé par la première concernée, Amber Heard. Sur Instagram, elle a déclarée être “encore plus déçue par ce que ce verdict signifie pour les autres femmes”. “C’est un revers, déplore l’actrice. C’est un retour à une époque où les femmes qui prennent la parole publiquement sont humiliées.”

    À voir également sur Le HuffPost : Avec #MeToo politique, la démission de Darmanin réclamée par ces manifestantes

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      Molières: Isabelle Carré évoque #MeTooThéâtre dans son discours d'ouverture

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 31 May, 2022 - 04:00 · 4 minutes

    Isabelle Carré sur la scène des Molières, aux Folies Bergère à Paris, le 30 mai 2022. Isabelle Carré sur la scène des Molières, aux Folies Bergère à Paris, le 30 mai 2022.

    MOLIÈRES - La 33e édition des Molières, ce lundi 30 mai à Paris, a été rattrapée par la vague MeToo au théâtre, avec un rassemblement auquel ont participé la militante féministe Alice Coffin et l’actrice Adèle Haenel devant les Folies Bergère durant la cérémonie, à l’appel d’un collectif qui dénonce les violences sexuelles et sexistes dans le milieu.

    À l’intérieur de la salle, des appels ont été lancés pour faire bouger les lignes. “Vous ne savez toujours pas ce qui se passe à l’intérieur de vos théâtres”, a ainsi affirmé l’actrice Nathalie Mann, représentant “Actrices et Acteurs de France Associés” sur scène. Elle a notamment appelé à “nommer un référent ou une référente” pour les violences sexuelles et sexistes dans les institutions théâtrales, comme c’est le cas sur les tournages de cinéma.

    Pauline Bureau, qui a remporté le Molière de l’autrice francophone vivante pour sa pièce sur une équipe de football féminin, a elle rappelé que “18% de l’argent public va à des compagnies dirigées par des femmes” et appelé la nouvelle ministre de la Culture, Rima Abdul Malak , présente dans la salle, à en faire son cheval de bataille.

    Mais avant cela, c’est la présidente de la cérémonie, Isabelle Carré , qui avait dès son discours d’ouverture évoqué le mouvement #MeTooThéâtre, une prise de position saluée sur les réseaux sociaux. ( voir les tweets plus bas )

    “Nous pensions que le mouvement #MeToo viendrait prendre la parole et il ne vient pas. Alors, moi, qui crois aux livres et qui crois au pouvoir des mots, je voulais simplement vous montrer ce livre, MeToo Théâtre , qui va bientôt sortir et qui, je crois, est un outil important pour faire avancer les choses”, a ainsi déclaré sur scène la comédienne, brandissant l’ouvrage en question. “Et ainsi, de cette manière, en parlant d’elles, ces femmes courageuses sont un peu parmi nous ce soir”, a-t-elle ajouté, provoquant les applaudissements du public.

    Discours censuré?

    Le collectif #MeTooThéâtre , créé l’an dernier pour dénoncer les violences sexuelles dans ce milieu, avait été convié à la cérémonie afin d’alerter sur ces agressions. Seulement, il avait accusé la délégation d’avoir censuré le discours que deux de ses membres devaient lire sur scène. Une accusation rejetée fermement par le président des Molières Jean-Marc Dumontet . Selon lui, le texte proposé ne correspondait pas à l’accord conclu entre les deux parties.

    En vertu de cet accord, cette prise de parole devait ”éviter l’évocation de cas particuliers”, avait-il poursuivi. En outre, elle devait être “centrée autour d’une proposition”, à savoir “la mise en place d’un référent sur les agressions sexuelles dans chaque théâtre ou compagnie”.

    Transmis “très en retard” aux organisateurs, le texte du collectif “n’apportait pas de propositions”, abordait “un exemple personnel” et “dénonçait la présence de violeurs dans la salle, ce qui est une assertion totalement gratuite”, avait expliqué Jean-Marc Dumontet à l’AFP.

    Dans les toutes premières phrases de son discours publié finalement dans la partie blogs de Mediapart , Marie Coquille-Chambel, la blogueuse à l’origine du mouvement, devait en effet évoquer sa propre expérience. “J’ai été violée par un acteur de la Comédie-Française en 2020. En vous disant publiquement ce soir que j’ai été violée, je risque d’être poursuivie pour diffamation ou dénonciation calomnieuse. Je l’ai déjà été. Aujourd’hui, j’attends le classement sans suite de ma plainte. Parce que je sais que ma plainte sera classée, comme dans 76% des cas”, devait-elle énoncer ce lundi soir sur la scène des Folies Bergère.

    À voir également sur Le HuffPost : Pendant que Cannes fête le cinéma, la fréquentation des salles ne remonte pas

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      #MeTooTheatre censuré aux Molières? Jean-Marc Dumontet se défend

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 30 May, 2022 - 10:39 · 4 minutes

    Jean-Marc Dumontet, le président de la cérémonie des Molières, rejette l'accucation de censure portée par le collectif <a class=#MeTooThéâtre." src="https://img.huffingtonpost.com/asset/62948c941e00006e061b5d14.jpeg?cache=SxXzrAYxhM&ops=scalefit_630_noupscale" /> Jean-Marc Dumontet, le président de la cérémonie des Molières, rejette l'accucation de censure portée par le collectif #MeTooThéâtre.

    THÉÂTRE - “On veut que ce soit de la joie et une fête”. À l’approche de la 33e cérémonie des Molières , son président, Jean-Marc Dumontet, a donné le ton pour cette soirée dédiée au théâtre et qui se tient ce lundi 30 mai aux Folies Bergère, à Paris. Mais, la “fête” n’a pas débuté qu’elle est déjà secouée par une polémique.

    Le collectif #MeTooThéâtre , créé l’an dernier pour dénoncer les violences sexuelles dans ce milieu, a été convié à la cérémonie afin d’alerter sur ces agressions. Seulement, il accuse la délégation d’avoir censuré le discours que deux de ses membres devaient lire sur scène. Une accusation que rejette fermement Jean-Marc Dumontet . Selon lui, le texte proposé ne correspondait pas à l’accord conclu entre les deux parties.

    En vertu de cet accord, cette prise de parole devait ”éviter l’évocation de cas particuliers”, a-t-il poursuivi. En outre, elle devait être “centrée autour d’une proposition”, à savoir “la mise en place d’un référent sur les agressions sexuelles dans chaque théâtre ou compagnie”.

    “Une assertion totalement gratuite”

    Transmis “très en retard” aux organisateurs, le texte du collectif “n’apportait pas de propositions”, abordait “un exemple personnel” et “dénonçait la présence de violeurs dans la salle, ce qui est une assertion totalement gratuite”, a expliqué Jean-Marc Dumontet à l’AFP.

    Dans les toutes premières phrases de son discours publié finalement dans la partie blogs de Mediapart , Marie Coquille-Chambel, la blogueuse à l’origine du mouvement devait en effet évoquer sa propre expérience. ″J’ai été violée par un acteur de la Comédie-Française en 2020. En vous disant publiquement ce soir que j’ai été violée, je risque d’être poursuivie pour diffamation ou dénonciation calomnieuse. Je l’ai déjà été. Aujourd’hui, j’attends le classement sans suite de ma plainte. Parce que je sais que ma plainte sera classée, comme dans 76% des cas”, devait-elle énoncer ce lundi 30 mai.

    En juin 2020, la Youtubeuse spécialisée dans le théâtre a porté plainte contre Nâzim Boudjenah, son ex-petit ami pensionnaire à la Comédie-Française, pour violences sur ex-partenaire et menaces de mort réitérées. En juin 2021, le comédien a été condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis pour les menaces de mort, mais relaxé pour les faits de violence.

    Suite à cette entrée en matière, Marie Coquille-Chambel devait également aborder la présomption d’innocence “brandie pour protéger les accusés”, mais également “la déferlante de témoignage que nous avons reçu et que nous ne cessons de recevoir” depuis la création du #MeTooThéâtre.

    “Si le silence complice s’organise et se maintient, comment se déclarer partisans et partisanes de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles? Car il faut bien le dire, des hommes violent tous les jours. Cette question ne cessera de se poser. Il est temps d’y répondre”, devait conclure Séphora Haymann à ses côtés sur scène.

    “Personne ne nous dictera le ton ni le contenu de notre parole”

    Selon Jean-Marc Dumontet, Marie Coquille-Chambel n’a pas répondu aux relances de l’organisation dans la journée de samedi, et a “préféré s’exprimer sur ses réseaux sociaux dans la soirée”. La militante a effectivement fait savoir que “la délégation des Molières a censuré notre texte et nous a demandé d’en réécrire un”, dès le samedi 28 mai sur Twitter . “Nous avons refusé”, a-t-elle ajouté.

    Suite à ce différend, la venue du collectif est donc annulée. “Personne ne nous dictera le ton ni le contenu de notre parole. C’est pour cette raison que nous avons décidé de ne pas être présentes aux Molières”, a fait valoir Marie Coquille-Chambel.

    Outre avoir quand même publié son discours, le collectif a également appelé à un rassemblement de protestation ce lundi 30 mai à 19h30 devant les Folies Bergère.

    Après l’annulation de cette intervention, Jean-Marc Dumontet a indiqué qu’il comptait programmer une prise de parole sur la création, dans les théâtres, du poste de référent sur les agressions sexuelles, idée qu’il juge “excellente”.

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      Le hastag #BalanceTonPorc n'est pas diffamatoire, tranche définitivement la justice

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 11 May, 2022 - 19:18 · 3 minutes

    Le hastag <a class=#BalanceTonPorc n'est pas diffamatoire, tranche définitivement la justice. Pierre Joxe et Eric Brion ont été définitivement déboutés des poursuites contre les femmes qui les accusent respectivement d’agression et de harcèlement sexuels. (Photo de Pierre Joxe en janvier 2010 par REUTERS/Charles Platiau (FRANCE - Tags: POLITICS OBITUARY)" src="https://img.huffingtonpost.com/asset/627c0a661e000050c71b4756.jpeg?cache=Z8zQjrX69y&ops=scalefit_630_noupscale" /> Le hastag #BalanceTonPorc n'est pas diffamatoire, tranche définitivement la justice. Pierre Joxe et Eric Brion ont été définitivement déboutés des poursuites contre les femmes qui les accusent respectivement d’agression et de harcèlement sexuels. (Photo de Pierre Joxe en janvier 2010 par REUTERS/Charles Platiau (FRANCE - Tags: POLITICS OBITUARY)

    JUSTICE - La Cour de cassation a rejeté ce mercredi 11 mai les pourvois de l’ex-ministre Pierre Joxe et de l’ancien patron de la chaîne Equidia Eric Brion , définitivement déboutés de leurs poursuites en diffamation contre les deux femmes qui les accusent respectivement d’agression et de harcèlement sexuels.

    Dans ces deux affaires emblématiques de la vague #Metoo de dénonciations des violences sexuelles, la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire a estimé que la cour d’appel avait eu raison de considérer que les propos des deux accusatrices reposaient “sur une base factuelle suffisante” pour leur reconnaître “le bénéfice de la bonne foi”.

    Dans ses arrêts, la Cour ajoute que les propos incriminés, qui datent d’octobre 2017, contribuaient bien à “un débat d’intérêt général sur la dénonciation de comportements à connotation sexuelle non consentis de certains hommes vis-à-vis des femmes”.

    #BalanceTonPorc, ouverture des vannes

    L’affaire impliquant Pierre Joxe a débuté le 18 octobre 2017, trois jours après le lancement de #Metoo, lorsqu’Ariane Fornia, fille d’Eric Besson, ex-ministre de Nicolas Sarkozy, a publié un billet sur internet dans lequel elle affirmait avoir été victime d’agressions sexuelles dans sa jeunesse de la part d’un “ancien ministre de Mitterrand”.

    L’autre dossier examiné par la Cour de cassation a éclaté le 13 octobre 2017, quand la journaliste Sandra Muller a lancé le mot-dièse #BalanceTonPorc sur Twitter en appelant les femmes à dénoncer ceux qui les avaient harcelées dans le cadre professionnel.

    Dans la foulée, elle avait ouvert le bal, écrivant : “Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit. Eric Brion ex patron de Equidia #BalanceTonPorc”.

    En première instance, le tribunal avait donné raison aux deux plaignants qui s’estimaient diffamés, condamnant leurs accusatrices à des dommages et intérêts . Mais la cour d’appel de Paris avait ensuite infirmé ces jugements, le 31 mars et le 14 avril 2021, estimant que les dénonciations relevaient de la liberté d’expression.

    “Tout n’est plus permis [...] sous prétexte qu’on a une situation sociale”

    Lors de l’audience à la Cour de cassation, le 5 avril, l’avocate générale s’était prononcée pour la cassation des deux arrêts. Tout en rappelant “l’importance de la liberté fondamentale d’expression”, elle avait appelé à préserver “un équilibre” avec “la protection des droits individuels des citoyens” et à “insister sur la nécessité” de disposer d’”éléments de preuve permettant de caractériser la vraisemblance des faits rapportés” pour bénéficier de l’exception de la “bonne foi”.

    “On comprend enfin que la situation en 2022 (...) n’est plus la même, que tout n’est plus permis à l’égard des jeunes femmes sous prétexte qu’on a une situation sociale” et qu’“on doit pouvoir être en mesure de faire valoir sa position”, a réagi auprès de l’AFP Emmanuel Piwnica, avocat d’Ariane Fornia.

    “Ce n’est pas satisfaisant du tout”, a commenté au contraire Claire Waquet, avocate de Pierre Joxe. “Il y avait des raisons de considérer” que la conception de la cour d’appel d’une “base factuelle suffisante” était “un peu légère”, a-t-elle estimé, ajoutant qu’elle trouvait “inquiétant pour une accusation grave, niée par l’intéressé, qu’on ne prenne pas en compte que la mémoire peut se recomposer”.

    Pour Sandra Muller, “c’est un énorme soulagement”, a indiqué son avocat Cyril Lesourd, qui se réjouit que la Cour de cassation se soit “alignée” sur la “conception souple” de la “base factuelle suffisante” prônée par la Cour européenne des droits de l’homme, “en faisant primer la notion de liberté d’expression”.

    Eric Brion “est très déçu”, a réagi son conseil, Nicolas Bénoit, soulignant que “l’avocate générale avait requis de manière assez puissante et argumentée la cassation”.

    À voir également sur Le HuffPost: Inceste:“J’ai été agressée de 3 à 9 ans par un multirécidiviste”

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      Violences sexuelles : présomption d’innocence en danger sur les réseaux

      Sabine Lula · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 23 February, 2021 - 03:50 · 8 minutes

    violences sexuelles

    Par Sabine Lula.

    Depuis l’éclatement de l’ affaire Weinstein et les débuts du mouvement #Metoo , on voit régulièrement apparaître sur les réseaux sociaux des vagues de dénonciation d’agressions et des accusations de harcèlement et de violences sexuelles. La dernière en date est la polémique visant Patrick Poivre d’Arvor accusé de viol par la journaliste Florence Porcel, qui a accompagné ses accusations publiques d’une plainte déposée au commissariat.

    Au nom de la libération de la parole, les victimes supposées soutenues par la foule voient leurs accusations considérées comme paroles d’évangile qu’il est blasphématoire de remettre en question. Ce qui est dit est vrai. Point.

    Dans un tel climat, il suffit d’une parole pour lancer une procédure judiciaire, mais surtout pour détruire à jamais la réputation de quelqu’un sur les réseaux sociaux, mais aussi dans la vraie vie . Et ce même si dans certains cas, les accusations sont si fragiles qu’ elles s’écroulent dès qu’il y a une enquête .

    Les accusations partent, les cancels restent

    On a vu une grande partie d’ Hollywood dans la tourmente après avoir vu nombre de ses stars accusées des pires sévices, le plus souvent par le biais des réseaux sociaux.  Les répercussions sur l’image des accusés est telle qu’il n’est pas rare de voir les organismes de production tout simplement virer sans préavis les acteurs que l’on accuse.

    Le mouvement #Metoo avait en effet une volonté de dénoncer toutes les formes de violences sexuelles, de s’unir entre victimes pour briser les tabous et les difficultés à en parler liés à ces formes d’agressions si particulières. Le simple choix de la formule Me too visait à créer une unité entre toutes les victimes de violences sexuelles, et c’est un terme – en apparence du moins – plus pacifiste que notre # Balancetonporc national.

    Cependant, il serait bon de rappeler qu’aucune des figures de proue du mouvement n’a pris la peine de s’émouvoir du scandale des viols de Telford , et que même certaines des plus médiatisées, comme celle de Asia Argento , ne sont pas elles-mêmes irréprochables. Ce qui fait un peu tache quand on considère les objectifs initiaux de ces libérations de la parole.

    Le danger de la dénonciation sur les réseaux sociaux est donc la portée que les accusations peuvent avoir sur la sphère publique. Quand elles sont nommées, les conséquences pour les cibles de ces dénonciations peuvent être terribles, allant même jusqu’au suicide .

    Par exemple, repensons au cas Éric Brion . Première personne dénoncée par la vague de # Balancetonporc par la journaliste Sandra Muller , il a été accusé de l’avoir harcelée sexuellement lors d’une soirée arrosée au Festival de Cannes en mai 2012, où Brion et Muller étaient tous deux invités.

    Si ces paroles de drague sont effectivement lourdes au possible et indignes d’un gentleman, il n’empêche que non seulement il n’y a eu aucune violence physique, ni aucun attouchement, ni même une forme de pression hiérarchique de la part de Brion sur Muller, mais surtout que Brion, ivre au moment des faits, s’est excusé dès le lendemain pour sa conduite et ses propos inacceptables.

    On peut donc difficilement le mettre au même niveau que ceux abusant de leur statut ou de leur pouvoir sur des collaboratrices avec qui ils travaillent pour pratiquer chantage ou harcèlement sexuel .

    Et pourtant, pris dans l’engrenage de cette dénonciation sur la place publique, Brion a tout perdu : femme, travail et enfants. Encore aujourd’hui, il se remet d’une dépression, causée bien sûr par son exposition sur les réseaux sociaux pour des faits qui n’ont rien à voir avec du harcèlement sexuel.

    Muller a par ailleurs été reconnue coupable de diffamation publique et condamnée à verser 15 000 euros d’amende. Mais aucun chèque ne pourra rendre à Éric Brion tout ce qu’il a perdu dans cette affaire : sa dignité, sa famille et sa réputation.

    Croire sur parole n’aide pas les victimes à obtenir justice

    Les accusations médiatisées par les réseaux sociaux ne concernent cependant pas uniquement les hommes de pouvoir. Des individus « normaux » sont également les cibles de ces dénonciations sur la place publique.

    L’exemple du Hashtag #SciencesPorcs est assez parlant : depuis le 9 février, les IEP sont dans la tourmente et voient des dizaines de personnes témoigner sur les réseaux sociaux de violences sexuelles qu’elles auraient subi. On retrouve donc sous ce hashtag des témoignages allant des accusations de viol aux remarques sexistes de la part de professeurs, notamment de l’un d’entre eux plaisantant sur le fait que les femmes représentent 60 % des 13 000 élèves de l’Institut et donc ne « respectent pas les quotas ».

    Vous l’aurez compris, ce nouveau « mouvement de libération de la parole » est un grand fourre-tout où coexistent dénonciation de crime et incapacité à comprendre des blagues. Mais le point commun de toutes ces prises de paroles sur les réseaux sociaux, c’est non seulement leur côté invérifiable, mais surtout le fait que la grande majorité des élèves de Sciences Po… les avalent sans rechigner.

    Sous des lettres ouvertes de dénonciation de viol liées à ce Hashtag, on ne lit quasiment que des commentaires avec écrit « courage, on te croit ! », « on te soutient dans cette épreuve que tu traverses, on te croit ! » , ou, encore mieux, « Tu n’as pas besoin de te justifier et de le prouver, on te croit sur parole. »

    Rassurant de savoir que les futurs dirigeants et « élites de la nation » se jettent à corps perdu dans une justice et un arbitrage digne des chasses aux sorcières de l’Inquisition. Et pour cause : remettre en question un témoignage sans l’apport d’aucune preuve – ou pire, simplement suggérer à la victime supposée d’aller porter plainte dans un commissariat – c’est faire du « victim blaming », et par conséquent finir considéré par la foule de la même façon qu’Hitler.

    Exemple de réaction de la gente féministe quand on suggère à une victime de porter plainte et ce même quand, dans les faits et comme le rapportent les témoins eux-mêmes, ne peuvent pas être considérés comme des viols. Notamment les « j’ai couché volontiers avec toi il y a dix jours, je t’ai même dit que j’avais envie de toi, mais aujourd’hui je le regrette, donc c’était du viol ». Inquiétant de voir que la notion de viol peut être rétroactive.

    Une solution : un arbitrage efficace

    Ce climat de méfiance dans les relations homme-femme n’est pas sans conséquences : on observe une recrudescence de signatures de « contrats de consentement » que les deux amants s’engagent à signer avant de s’envoyer en l’air.

    Les hommes se défendent donc dans le cas d’un éventuel retournement d’humeur (ce fameux viol rétroactif) de la dame. Les féministes considèrent scandaleux de contractualiser ainsi le consentement féminin, là où le vrai scandale est plutôt d’avoir atteint une paranoïa telle qu’avant d’entamer tout type de relation avec le sexe opposé, on protège ses arrières avec un contrat.

    Mais alors, comment mieux prendre en charge les victimes de violences sexuelles et les aider à obtenir justice, sans pour autant leur permettre de porter des accusations sans aucune preuve sur Internet ?

    La solution est simple : améliorer la justice, quitte à la décentraliser, mais surtout, dépassionner cette question des violences sexuelles. S’il est tout à fait compréhensible qu’une victime souffre fortement de ce qu’elle a subi et qu’ elle peut en ressortir traumatisée , ce n’est cependant pas une raison pour accuser nominativement et sans aucune preuve quelqu’un sur Internet.

    Même si cela semble cruel et d’une froideur sans nom, si la victime veut obtenir justice, il convient d’analyser son témoignage, de l’étudier en profondeur et de séparer le vrai du faux. Boire ses paroles sans jamais les remettre en question, ce n’est pas lui rendre service. Mais une dépassion dans l’analyse des faits n’empêche pas de faire preuve de compassion , et d’accompagner au mieux les victimes présumées, durant toute la durée de l’enquête et du jugement.

    Les institutions judiciaires sont aujourd’hui en crise : elles ne sont pas capables ni de lutter contre l’insécurité , ni d’indemniser convenablement les victimes. Celles-ci n’ont en effet que rarement des dommages et intérêts qui couvrent la totalité des préjudices subis, sachant qu’en plus elles financent déjà le système judiciaire par le biais des impôts, et par conséquent l’emprisonnement de leur bourreau. Une fois sa dette payée à la société, on ne se demande pas si l’agresseur a acquitté celle qu’il doit à sa victime, ni s’il existe un risque qu’il fasse de nouvelles victimes en cas d’une éventuelle récidive .

    La mise en place d’un arbitrage plus efficace, et surtout pas sous la forme d’un monopole légal, est sans doute la meilleure solution pour quiconque cherche à obtenir justice en cas de litige ou d’agression. Une justice étatique ne pourrait jamais y parvenir, malgré ce qu’elle veut faire croire. Seule une justice respectueuse des droits naturels pourrait réussir à relever le défi.

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      Social media influencers in the Gulf are breaking their silence

      pubsub.do.nohost.me / Rest of World · Friday, 12 February, 2021 - 00:25

    Xeina Al-Musallam took a deep breath and hit RECORD. “Okay, this is probably take 30, I think,” she said, looking around at the deep-green room papered in flower print, like a dollhouse. The art director and content creator was ready to speak up. Al-Musallam’s feed typically feels like a mood board for a glossy fashion magazine: cascading walls of tropical plants, decadent outdoor tea parties...

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