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      Livret A et financement du nucléaire : l’arbitraire de l’épargne administrée

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 12 February, 2023 - 04:30 · 4 minutes

    Ce n’est qu’une piste, envisagée par le gouvernement, face aux projets d’investissements massifs dans le nucléaire (les EPR). Quoi de plus tentant que de songer aux milliards du livret A, cette épargne préférée des Français étant en pleine forme ? Même si ce n’est qu’une hypothèse à l’étude parmi d’autres elle révèle la vraie nature du livret A et de l’ épargne administrée, l’arbitraire à tous les niveaux.

    Les Français aiment bien le livret A. Il est maintenant disponible dans les banques et pas seulement à la Banque postale ou à la Caisse d’épargne, il est exonéré d’impôts sur le revenu. C’est une forme très liquide d’épargne disponible à tout moment. Certes il est plafonné à 22 950 euros, ce qui en fait justement une forme d’épargne populaire pouvant attirer tout le monde ou presque : 55 millions de Français possèdent un livret A. Son succès ne se dément pas : 33,49 milliards de plus en 2022, pour atteindre un record de 375 milliards. De quoi attirer bien des convoitises. Mais ce ne sont pas les besoins du financement de l’économie qui décident, via les marchés, de l’affectation de cette somme. Avec le livret A, c’est l’arbitraire étatique à tous les niveaux.

    Arbitraire de la rémunération

    Il y a d’abord l’arbitraire de sa rémunération.

    Certes, il existe une formule officielle qui a évolué dans le temps, mêlant moyenne du taux d’inflation et des taux d’intérêt monétaire à court terme. À partir de là, le gouverneur de la Banque de France fait une proposition de taux au ministre de l’Économie, qui peut déroger à ce calcul en cas « de circonstances exceptionnelles ». Bien que très rarement appliquée cette formule est arbitraire.

    Le résultat est que le taux du livret A est en général bien en dessous de celui de l’inflation. L’épargnant est ainsi perdant puisque l’intérêt ne couvre pas la hausse des prix : en termes de pouvoir d’achat réel, la somme placée perd de la valeur. Jusqu’en février 2022, le taux était de 0,5 % ; il est alors passé à 1 %, puis à 2 % en août 2022 et enfin à 3 % au 1er février 2023. L’épargnant peut se satisfaire de cette augmentation mais avec une inflation de 6 %, force est de constater que son épargne a perdu 3 % de sa valeur.

    Arbitraire de l’affectation

    Pour l’essentiel, les sommes déposées dans les livrets A servent à financer le logement social via la Caisse des dépôts .

    Telle a été la volonté tout aussi arbitraire des pouvoirs publics : cette épargne ne va pas être investie dans les priorités du moment, en fonction des besoins en financement de l’investissement mais selon la volonté des pouvoirs publics vers le financement du logement social. On peut considérer qu’il s’agit d’une priorité, mais investir dans l’économie pour créer des emplois peut l’être aussi y compris sur le plan social. Ce choix explique aussi pourquoi le gouvernement est toujours réticent face à une augmentation éventuelle de la rémunération du livret A, puisque cela rend plus onéreux le financement du logement social.

    En pratique, il existe d’autres utilisations moins importantes quantitativement. Ainsi, lors du plan de relance de 2020, une partie de la collecte du livret A a été utilisée essentiellement pour des prêts aux collectivités locales mais pas uniquement les infrastructures des collectivités publiques. Il peut s’agir de prêts aux PME, voire du microcrédit ; ou encore des investissements sur les marchés financiers, en actions, en obligations et en particulier en emprunts d’État pour financemer la dette publique.

    La présomption fatale

    On nous explique que tout cela est très codifié (mais les règles sont elles aussi arbitraires), en fonction de « l’intérêt général » défini par la Caisse des dépôts, c’est-à-dire des hauts fonctionnaires et du gouvernement.

    C’est là que face aux besoins colossaux du financement du nucléaire (plus de 50 milliards pour les six EPR prévus), a germé cette idée de ponction sur les énormes sommes issues du livret A puisque EDF ne peut assumer seule cette dépense. On s’empresse d’expliquer que ce n’est qu’une piste à l’étude parmi d’autres et que rien n’est décidé. Mais c’est très révélateur de ce qui se passe avec l’argent du livret A et donc des épargnants.

    On pourrait se réjouir d’assister à une diversification de cette utilisation qui ne se limiterait pas au logement social car il y a tant de choses utiles à financer. Mais pourquoi le nucléaire ou tel autre usage possible ? C’est là que l’on retrouve le problème de fond : l’arbitraire des décisions publiques, qu’elles émanent directement de l’État ou de son bras financier, la Caisse des dépôts. C’est tout le drame de l’épargne administrée : la présomption fatale des hommes politiques ou de leurs représentants, qui pensent savoir mieux que les agents décentralisés ce qui est bon pour l’économie. Laissons les ménages, les entreprises, les banques, en vertu du principe de subsidiarité, décider des bons placements. Si EDF, le nucléaire, les collectivités publiques ou le logement social ont besoin de financements, ils les trouveront, à condition d’en payer le vrai prix, au lieu de se financer arbitrairement et à bon compte sur le dos de l’épargnant.

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      S’inspirer de Jean Jaurès pour sauver le système de retraites

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 28 January, 2023 - 03:30 · 2 minutes

    Une chronique de Cécile Philippe.
    Un article de l’ Institut économique Molinari .

    Jean_Jaurès,_1904 S’inspirer de Jean Jaurès pour sauver le système de retraites ?

    Oui car le sujet de la retraite a été trop souvent traité sous un angle purement politicien, ce qui contribue à entretenir un statu quo intenable.

    Relire Jaurès nous montre qu’on peut être à gauche et défendre la capitalisation.

    Il suffit de se replonger dans L’Humanité de 1909. Jaurès y expose comment la capitalisation « en soi est parfaitement acceptable » et peut constituer « un gage plus certain, une base plus solide » pour l’assurance retraite. Pour le cofondateur du Parti socialiste français (1902) et de L’Humanité (1904), la capitalisation « peut même, bien maniée par un prolétariat organisé et clairvoyant, servir très substantiellement la classe ouvrière » .

    En effet, en rendant la classe ouvrière « à la fois capitaliste et salariée », elle lui permettrait de recevoir « tout le produit social qui résulte de la mise en œuvre de ce capital par le travail ouvrier ». En permettant au salarié de devenir épargnant, elle lui donnerait les moyens de préparer ses vieux jours tout en s’appropriant une partie du rendement du capital.

    D’où l’idée – qui n’est pas neuve – d’introduire une dose de capitalisation dans le système de retraites actuel… Reste à respecter j’imagine certaines conditions pour que ça marche…

    Il s’agit de faire du neuf avec de l’ancien et de cesser de matraquer l’épargne. Depuis plusieurs années les pouvoirs publics ont taxé les produits dédiés à la retraite. On se souvient tous du forfait social, prélèvement de 2 % instauré sous Fillon et porté à 20 % sous Ayrault.

    Ensuite, cessons de faire des différences. Il n’y a pas de raison d’attaquer les mécanismes d’épargne du privé, tandis qu’on oblige par ailleurs le public à capitaliser, avec l’ERAFP , un fonds de pension qui ne dit pas son nom.

    Mais donc le système par répartition n’est absolument pas pérenne tel qu’il existe aujourd’hui ?

    Non. Nous avons fait preuve d’une imprévoyance collective majeure. Tous les experts savent que les régimes de retraite par répartition constituent des bombes à retardement. Avec de moins en moins d’actifs et de plus en plus en plus de retraités, la répartition est condamnée à distribuer des retraites de plus en plus maigres. Les réformes initiées en France depuis la fin des années 1980 limitent l’essor des dépenses, avec à la clef des économies représentant aujourd’hui de l’ordre de 2 % du PIB. Pour autant elles ne permettent toujours pas d’équilibrer les comptes et de résorber la dette implicite liée aux retraites par répartition, estimée à 3,6 années de revenu.

    D’ici 50 ans, ces réformes devraient nous permettre d’économiser de l’ordre de 8 % du PIB par an, en contenant les dépenses de retraite à un niveau proche d’aujourd’hui. Cela se fera par une réduction massive des pensions. En bonne logique, il faudrait que cette baisse des retraites par répartition soit compensée par une épargne retraite. Il faudrait que les pouvoirs publics – de droite comme de gauche – incitent massivement les Français à épargner, ce qui est loin d’être le cas.


    Chronique de Cécile Philippe, directrice de l’ Institut économique Molinari , diffusée sur les ondes de Radio classique le 17 juin 2014.

    Article publié initialement le 3 juillet 2014.

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      Menaces sur votre épargne : investir dans un monde où l’inflation est élevée

      Gérald Autier · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 3 November, 2022 - 03:30 · 6 minutes

    « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance » , lisent Virgile et Dante au-dessus de la porte de l’Enfer.

    Une recommandation similaire pourrait être adressée à ceux qui cherchent, dans un monde où l’ inflation est élevée, à placer intelligemment leur épargne. Il est communément admis qu’il est préférable de ne pas conserver de liquidités trop importantes lorsque la valeur de la monnaie s’érode rapidement. Pourtant, dans le même temps, investir son épargne en période d’inflation peut se révéler hasardeux.

    En effet, la création monétaire déforme la structure du prix des actifs en donnant l’illusion d’une épargne abondante. L’intervention des autorités monétaires entraîne une hausse des prix qui n’aurait pas eu lieu d’être en son absence. À titre d’illustration, les taux de crédit maintenus artificiellement bas incitent les épargnants à investir dans certains actifs, comme l’immobilier, beaucoup plus qu’ils ne l’auraient fait sans intervention étatique. Un jour ou l’autre, les prix doivent s’ajuster. C’est alors la crise.

    Dès lors, comment les épargnants qui souhaitent faire fructifier leurs avoirs peuvent-ils s’orienter dans un environnement économique où règne un tel paradoxe ?

    Avant d’apporter quelques éléments de réponse, il convient de rappeler que l’augmentation des prix à la consommation est une conséquence de celle de la masse monétaire .  Cette croissance des prix, contrairement à ce que les pouvoirs publics ont annoncé à plusieurs reprises, ne semble pas transitoire mais bien partie pour durer. Cela ne doit pas nous surprendre.

    L’inflation comme bombe à retardement

    Souvenons-nous que les États-Unis ont connu une période d’inflation élevée dans les années 1970. Pourtant, bien que le pic d’impression monétaire ait été atteint en 1971, celui de la hausse des prix ne l’a été que neuf ans plus tard, en 1980.

    L’augmentation de la masse monétaire et celle du prix des biens à la consommation ne sont pas simultanées.

    Cela s’explique par deux phénomènes : d’une part, les gains de productivité, par nature déflationniste ; d’autre part, l’homme de la rue ne se rend pas immédiatement compte de l’augmentation de la masse monétaire dont les conséquences peuvent se faire sentir sur certains actifs plutôt que sur les biens et services du quotidien.

    Dans leur dernier discours de politique d’orientation monétaire, les dirigeants de la Banque centrale européenne ont semblé indiquer que le pic de création monétaire avait été atteint. De manière surprenante, la BCE se montre même optimiste sur le niveau de l’augmentation pour les douze mois à venir.

    Nous pensons nécessaire de considérer ces prédictions avec prudence. Nous sommes circonspects à l’idée de donner trop de crédit à des institutions qui n’ont vu venir ni la chute de Lehman , ni la crise des subprimes , ni l’augmentation des prix à la consommation que nous connaissons depuis un an. À l’inverse, l’ École autrichienne d’économie a su faire preuve d’une étonnante sagacité qu’il convient de garder en mémoire. Cette école nous apprend notamment que lorsque les autorités monétaires manipulent les prix, les ressources sont mal investies. Ce ne sont pas les vœux pieux qui mettent fin à ces mauvaises allocations de ressources mais un ajustement qui peut être long et progressif ou court et brutal (communément appelé crise).

    Il est certain que l’augmentation des prix est un ennemi pour les investisseurs qui ne peuvent que constater une diminution du pouvoir d’achat de leur épargne. Nous renvoyons les lecteurs à notre précédent article publié cet été dans le magazine Contrepoints sur les idées reçues entendues ici ou là au sujet de l’inflation.

    Avant d’en venir aux différentes stratégies qui permettent de protéger ses actifs contre les conséquences d’une inflation élevée, rappelons que le prix des actifs est régi par un certain nombre de forces parfois contradictoires. Le prix d’un actif financier peut être déterminé par l’évaluation de son risque mais aussi par les anticipations que le marché se fait de sa valeur. En outre, si les prévisions des météorologues sont sans effet sur la direction des nuages, celles de certains intervenants financiers peuvent influencer la direction que prendra un actif.

    L’augmentation du prix des actifs (financiers, immobiliers, alternatifs) n’est pas strictement proportionnelle à l’augmentation de la masse monétaire. Cela s’explique par le fait que les préférences des consommateurs (ou des investisseurs) peuvent être altérées au fur et à mesure que le public ressent les effets de la création monétaire.

    Comment bien gérer son épargne

    Précautions oratoires prises, voici les stratégies qu’il nous semble utile de considérer dans un monde où l’inflation est élevée.

    1. Privilégier les actifs libellés dans les devises de pays dont les autorités monétaires appliquent des politiques monétaires plus restrictives que la moyenne.
    2. Éviter les produits à taux fixes qui prévoient le versement du capital in fine.
    3. Éviter les obligations indexées à l’inflation. Au-delà du fait que ces instruments n’ont pas vocation à dépasser l’indice des prix à la consommation mais à l’égaler, elles souffrent d’un défaut majeur : celui du changement régulier des modes de calcul de l’inflation.
    4. Éviter les investissements dont les coûts de maintenance, d’assurance ou de stockage peuvent augmenter significativement à cause d’une hausse généralisée des prix.
    5. Privilégier les actifs dont la quantité est limitée ou difficile à accroître. Il peut s’agir d’emplacements dans le cas immobilier, d’actifs uniques ou de produits en quantité limitée, d’actifs dont la barrière à l’entrée est haute et peu accessible à la concurrence.
    6. Privilégier les actifs pour lesquels il est communément admis qu’ils protègent de l’inflation. Cette assertion peut surprendre, mais il est parfois préférable d’avoir tort avec tous que raison tout seul.
    7. Privilégier les actifs dont le modèle économique repose sur une offre de produits qui ne sont pas ceux dont les ménages peuvent facilement se passer : énergie, produits agricoles.

    Pour terminer, rappelons-nous la sagesse de Peter Lynch. Peter Lynch est l’un des investisseurs sur les marchés boursiers les plus connus au monde et fréquemment désigné comme une légende vivante. Il doit sa renommée non seulement à la performance du fonds qu’il géra mais aussi à ses principes d’investissements simples et applicables par le plus grand nombre. Le fonds qu’il géra obtint une performance spectaculaire de 29, 2 % par an pendant les treize années durant lesquelles il en eut la charge.

    Peter Lynch conseille aux investisseurs de s’intéresser en premier lieu aux sociétés dont ils connaissent l’activité et les produits. Il reconnaît qu’une grande partie de ses meilleurs investissements ont été réalisés lors de discussion avec son cercle familial et amical ou encore en allant faire ses courses.

    Selon lui :

    « Si une société vous attire en tant que consommateur, elle doit également vous attirer en tant qu’investisseur ».

    Dans le Dao of Capital , l’investisseur Mark Spitznagel, disciple de l’École autrichienne d’économie avertit ses lecteurs : « Pour gagner durablement, il faut tolérer des revers initiaux » . En cela, comprenons qu’une stratégie gagnante ne consiste pas à avoir raison tout le temps mais avoir un peu plus souvent raison que tort.

    Ces stratégies, espérons-le, guideront les épargnants dans leur approche d’investissement en période de forte inflation. Nos prévisions sont pessimistes : quoi qu’en disent les autorités, l’inflation des prix se résorbera soit par une crise brutale, soit par un ajustement long et pénible. Méfions-nous donc des discours trop optimistes sur l’inflation qui pourraient nous induire en erreur sur son évolution future. Et rappelons-nous que dans l’un de ses Petits Poèmes en Prose, Baudelaire affirmait que « la plus belle des ruses du Diable est de vous persuader qu’il n’existe pas ».

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      L’épargne des Français ne sera pas taxée, promis juré

      h16 · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 5 March, 2021 - 08:30 · 6 minutes

    chômage épargne

    par h16

    L’erreur est humaine mais pour en faire une grosse catastrophe, il faut faire intervenir l’État : grâce à ses nombreux efforts ainsi qu’à ceux des politiciens déchaînés, la pandémie s’est rapidement transformée en crise, un peu sanitaire au début puis largement économique ensuite avec son cortège de conséquences pas trop inattendues depuis l’augmentation du chômage, des suicides et des problèmes psychologiques et médicaux jusqu’aux effets plus inattendus comme l’augmentation dodue de l’épargne des Français.

    Ici, il ne s’agit pas d’une petite augmentation discrète, mais bien d’un mouvement majeur qui totalise entre 100 et 120 milliards d’euros à l’échelle de la France et qui pourrait atteindre les 200 milliards d’ici la fin 2021 selon les estimations du gouvernement (qu’on prendra donc avec les pincettes et le gel hydroalcoolique de rigueur, vu le passif). Quand bien même : en 2020, l’encours des dépôts à vue des ménages a ainsi progressé de 62,75 milliards d’euros le faisant passer d’une année à l’autre 228 à 462 milliards d’euros…

    Bien évidemment, cette énorme masse d’argent qui grossit attire l’œil des malfrats. Il n’a donc pas fallu bien longtemps pour que les appétits des politiciens et des chroniqueurs collectivistes s’aiguisent. On en parle. Cela fait débat.

    Pensez donc : ces sommes rondelettes conviendraient bien pour l’un ou l’autre plan de relance (ou un plan climat , un plan pauvreté , un plans pour des vélos , des chaudières , des petits-déjeuners , des cabines de douche ou des permis de conduire …) et ce d’autant plus que nos inévitables et frétillants économistes de salon comme Piketout pardon Piketty sont évidemment dans le coup .

    Un gros gâteau, des administrations aux ventres bureaucratiques (toujours) affamés, des scribouillards et autres politiciens la lippe déjà humide et l’œil pétillant d’envie à l’idée de tout ce qu’ils vont bien pouvoir faire avec cette énorme pâtisserie financière, il n’en faut pas plus pour qu’un « débat » soit lancé.

    Ici, débat est entre guillemets tant l’aspect artificiel de ce dernier saute aux yeux du Français rôdé à ce genre de mascarade : la « découverte » de la somme ne date pas d’hier et les montants mis de côté par les Français précautionneux sont connus depuis un moment ; Bercy sait, Bercy traque et Bercy renifle l’argent de très très loin ; et lorsqu’on claquemure les populations, il y a forcément moins de dépenses dans les activités sociales, sportives et culturelles, ce qui conduit inévitablement à des économies substantielles…

    En somme, avec cette cohérence typique des gens de l’État, le gouvernement se pose la question de savoir comment faire consommer davantage les Français après les avoir tympanisé sur le thème de la transition écologique, de la frugalité et de la décroissance.

    épargne

    De la part de ceux qui tètent toujours aux robinets publics, les questions s’amoncellent donc : comment faire pour « relancer » l’activité, pour que ces grosses sommes joufflues redescendent dans l’économie et viennent remplir tous ces petites ventres vides, si ce n’est par l’impulsion forcément idoine de la puissance publique forcément bienveillante et forcément juste ?

    Ah, qu’il est doux le son des pièces sonnantes qui trébuchent dans le trésor public grâce à la fine impulsion sénatoriale socialiste ! Rassurez-vous cependant, pour le Bruno de Bercy (qui est au transit fiscal ce que le Bruno d’Agen est au transit intestinal), non et non, il n’y aura pas de nouvel impôt . Ce n’est ni le moment ni la façon de procéder et d’ailleurs, lui et ses collaborateurs cherchent d’autres moyens de leur piquer leurs thunes les faire consommer :

    « Nous travaillons à des incitations qui permettraient aux Français de dépenser leur épargne dans l’économie et donc de participer à la relance économique. »

    Les artisans de l’actuelle débâcle économique, ceux qui ont directement poussé les Français à cet élan de précaution vu les décisions consternantes enfilées depuis un an à un rythme soutenu comme des saucisses industrielles, se déclarent donc avec aplomb à même de proposer des incitations pour améliorer la situation, ce qui devrait logiquement achever de terroriser tout le monde.

    épargne

    Du reste, on frétille déjà de plaisir rien qu’en imaginant les idées lumineuses que ces solides clowns à roulettes vont nous pondre à leur prochain prout sonore :

    • en jouant sur les mots, nous proposeront-ils une taxe plutôt qu’un impôt (la différence sera laissée à l’appréciation du lecteur) ?
    • avec des incitations par trouzaines offrant chacune l’occasion d’une niche fiscale aussi tarabiscotée que risquée sur le moyen et le long terme, à la merci du moindre changement législatif ?
    • par une ponction pure et simple, emballée dans une appellation d’emprunt national de relance (avec des majuscules où il faut et un roulement du R indispensable à la solennité de cette nouvelle briganderie républicaine) avec promesse de remboursement dans les 3 ou 5 ans, si tout va bien, si les Français sont sages et surtout s’ils votent comme il faut ?

    Compte tenu de l’historique du présent gouvernement, on peut déjà trembler ; mais force est de constater que, pour toute la cour politicienne et la basse-cour d’économistes en odeur de sainteté et autres chroniqueurs médiatiques, il semble absolument impensable de laisser les Français décider par eux-mêmes ce qu’ils pourraient bien faire de ces sommes.

    De ce point de vue, la prévoyance et la gestion prudente des citoyens contraste violemment avec l’envie dépensière et la décontraction que nos politiciens affichent avec les finances publiques et l’argent des autres. Si les Français n’étaient pas si pétris de cette envie de se mêler des affaires des autres, on en viendrait presque à se demander comment ces citoyens ont pu pousser ces politiciens à ces postes-là.

    Soyons réalistes : la somme est trop grosse, le gâteau trop tentant et les ventres administratifs trop vides pour qu’il ne soit rien fait. Il y a tant de projets, de transition écologique à financer, de réacteurs nucléaires à fermer, de voitures électriques polluantes à subventionner, de télévisions et de radios d’État à stipendier que cette somme ne peut pas, ne doit pas rester bêtement sur les comptes des Français qui ne savent pas ce qui est bon pour eux (d’ailleurs, regardez comment ils votent !)…

    Il y aura donc ponction, d’une façon ou d’une autre.

    Peut-être par l’inflation, insidieuse au départ, qui s’installera progressivement partout et grignotera tout ce qu’elle pourra, à commencer par cette dette colossale, ce pognon de dingue dépensé « quoi qu’il en coûte » pour justifier les accents martiaux d’un coquelet dépassé par ce qui aurait pu, ce qui aurait dû être géré par des médecins et non des administrations et toute une brochette d’insupportables énarques ivres de leur puissance…

    Vraisemblablement, les semaines et les mois qui viennent vont être dangereux pour votre épargne ; protéger ce que vous avez mis de côté va être de plus en plus difficile tant l’Occupant Intérieur a faim.

    Français, tenez vous prêts !


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      L’épargne des « aisés » convoitée pour être gâchée

      Simone Wapler · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 16 October, 2020 - 03:40 · 8 minutes

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    Par Simone Wapler.

    Le Conseil d’analyse économique a fait une brillante découverte : durant le confinement, les riches ont épargné tandis que les plus démunis n’ont pas réussi à joindre les deux bouts. De mars à fin août, 46,58 milliards d’euros ont été mis de côté dont 32,2 milliards par les 10 % les plus riches .

    Le Conseil d’analyse économique est un des multiples machins payé par le contribuable. C’est même un machin dans le machin car situé dans la nébuleuse de France Stratégie .

    Le CAE est censé éclairer Matignon. Or c’est le 14 octobre que commence l’examen du projet de loi de finances. Voilà donc une étude qui tombe fichtrement bien ! Piketty, notre internationalement célèbre économiste marxiste s’en pourlèche déjà les babines : pour alléger la dette Covid-19, yaka piquer l’épargne des riches .

    Nous assistons donc en ce moment à toute une campagne de communication (autrement dit propagande) savamment orchestrée. Comme d’habitude, nous retrouvons en scène la presse subventionnée, Le Monde en tête, des économistes payés par les deniers publics et des politiciens professionnels.

    Tout ce beau monde ne connait qu’une solution à tous nos problèmes : faire cracher les deux gigantesques pompes taxation-subvention et taxation-redistribution qu’ils savent si bien manœuvrer.

    L’épargne c’est mal, la consommation c’est bien

    Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des finances, faisait déjà le 24 août le vœu que les Français dépensent leur épargne . Pour notre sémillant ministre, peu importent les angoisses du salarié de voir transformer son chômage partiel en chômage de longue durée, peu importent les angoisses de l’artisan ou du libéral qui ne travaille plus et dont les carnets de commandes se vident, peu importent les angoisses de l’entrepreneur dont les prévisions ne se réalisent pas…

    L’important c’est de consommer. L’État providence s’occupe ensuite de tout. Si l’on en croit les charlatans qui nous gouvernent, qui consomme s’enrichit.

    Dans sa déclaration de patrimoine à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, Bruno Le Maire annonçait 222 324 euros d’épargne financière (établie en juin 2017 et pas remise à jour. La transparence a des limites…). Il serait intéressant de savoir s’il a flambé durant la crise sanitaire pratiquant à titre personnel la relance par la consommation.

    Cher lecteur, je n’ai personnellement jamais vu des gens s’enrichir en dépensant. J’en ai vu s’enrichir en travaillant, en investissant, en héritant et même en volant impunément mais jamais en dépensant. Il se trouve que je suis de la vieille école qui croit en l’impératif catégorique et au principe de généralisation de la philosophie de Kant.

    Ainsi, le précepte « agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu’elle devienne une loi universelle » me paraît relativement raisonnable.

    Or si tout le monde consomme tout en permanence, il peut y avoir un problème : que faire en cas de coup dur ? Épargne, consommation : il y a en réalité un temps pour tout.

    Le déni de la démocratie de marché

    Il fut un temps pas si éloigné où le choix entre épargne et consommation était laissé à la liberté de chacun. Les taux d’intérêt étaient alors démocratiquement fixés par la loi du marché, c’est-à-dire librement fixé entre le prêteur et l’emprunteur selon leurs perceptions des circonstances et de leur environnement économique.

    Je vous parle d’un temps où le crédit n’était pas créé à partir de rien selon le bon vouloir d’un banquier central plus ou moins aux ordres de politiciens professionnels.

    Le crédit était adossé à de l’épargne existante et le marché du prêt de l’épargne – autrement dit les taux d’intérêt – étaient libres. Lorsque l’épargne était rare, les taux d’intérêt étaient élevés et inversement.

    En ces temps-là, si les risques augmentaient, les taux d’intérêt augmentaient aussi. Dans un premier temps, face à une dégradation, les ménages tiraient sur leur épargne qui se raréfiait. Une montée des taux donnait le signal d’un coup dur à venir. Les ménages étaient alors poussés à épargner plus encore.

    Au bout d’un moment, l’épargne devenait surabondante, les taux d’intérêt baissaient et les investissements productifs repartaient. Un nouveau cycle démarrait alors : investissement puis surinvestissement, montée des risques, montée des taux, etc.

    En ces temps-là, une mauvaise prise de risque était sanctionnée par une faillite et la destruction des investissements et donc de l’épargne mal placée ou placée à contretemps. L’économie se passait de grands planificateurs, de distributeurs de subventions et autres brouilleurs de signaux.

    Cette démocratie du marché a disparu au profit d’une dictature des banquiers centraux. Aujourd’hui, un banquier central est un individu qui a la prétention de savoir à tout instant le taux d’intérêt dont le marché a besoin. C’est ce que mes grands-parents appelaient poliment un cuistre.

    Les limites de la création monétaire

    La pédanterie et la vanité ne créent pas de richesse. Ainsi, de relance en relance, de baisse des taux en baisse des taux, le plancher du zéro a été enfoncé.

    Puisque l’argent et le crédit peuvent se créer à volonté, l’épargne n’a plus aucun intérêt, au sens propre comme au sens figuré.

    Il existe cependant deux problèmes dans ce monde de cuistres. Le premier est qu’une idée troublante commence à émerger dans le bon peuple laborieux : puisque les autorités monétaires et politiques nous disent que la création monétaire ou le crédit illimité sont sans danger, pourquoi nous échinons-nous à payer des impôts ?

    Cette perception conduit à des sursauts du type Gilets jaunes de la première heure et des tentations de révoltes fiscales. Pour le moment, de tels mouvements sont vite matés par des promesses de toujours plus d’argent gratuit. Mais ceci n’aura qu’un temps car le deuxième problème est insoluble. Si de moins en moins de monde travaille et épargne, plus aucune richesse n’est créée et tout le monde s’appauvrit.

    Gagnant-perdant versus gagnant-gagnant

    Le problème des Piketty et des politiciens professionnels du racket fiscal est qu’ils ne raisonnent qu’en termes de lutte des classes donc de contrats gagnant-perdant. Dans leur esprit, si quelqu’un gagne, un autre doit avoir perdu. Selon eux, la richesse est limitée et ne se crée pas.

    C’est évidemment faux.  Nous en serions restés à l’Âge de pierre s’il en était ainsi. Mais ce n’est pas parce qu’une idée est fausse qu’elle n’est pas populaire.

    Les deux grandes pompes taxation-redistribution et taxation-subvention ne créent pas de richesses. Elles prennent à Pierre pour donner à Paul. Perdant : Pierre. Gagnant : Paul. Bilan nul, voire négatif car les taxateurs-redistributeurs se rémunèrent au passage.

    C’est ainsi que nous avons accumulé 2638 milliards d’euros de dette. Parce que nous sommes dans une logique de contrats gagnant-perdant. Le futur plan de relance s’inscrit également dans cette logique gagnant-perdant et l’ effet boomerang sera sévère.

    Lorsque deux personnes contractent librement, dans le secteur privé, elles le font parce qu’elles estiment qu’elles vont en tirer un profit, donc une richesse. Bien sûr, parfois, avec le temps, certains accords se révèleront gagnant-perdant. L’une des parties s’est trompée et même, mais plus rarement, les deux.

    Mais dans l’ensemble, depuis la nuit des temps, il s’est conclu plus de contrats gagnant-gagnant que de contrat gagnant-perdant ou perdant-perdant.

    « Les accords gagnant-gagnant volontaires – rendus possibles par les innovations locales dans les domaines des coutumes, du langage, de la monnaie et du respect de la propriété privée – sont progressivement devenus plus profitables que la violence. Ce que nous appelons la « civilisation » est le résultat de ces accords gagnant-gagnant. » (Bill Bonner, Gagner ou Perdre – Une histoire des civilisations , Les Belles Lettres)

    C’est pour cette raison que l’humanité a progressé et que nous sommes passés d’une économie de subsistance à une économie d’abondance et parfois de surabondance. Ainsi Piketty peut pérorer sur la redistribution de la richesse qu’il n’a pas créée et proposer ses théories pour dilapider ce qui ne lui appartient pas. C’est ainsi que de l’épargne sera victime de la rage de l’impôt , virus politique ravageur.

    Cette fatale logique de lutte des classes, de gagnant-perdant, nous empêche d’augmenter notre richesse et notre bien-être, de progresser dans la civilisation. Elle sape la fraternité mais fait le bonheur et la fortune des prêcheurs de solidarité forcée qui nous mettent sous tutelle.

    Terminons sur une phrase révélatrice du chef de l’État :

    « On s’était progressivement habitué à être une société d’individus libres. Nous sommes une Nation de citoyens solidaires » (Emmanuel Macron, discours du 14 octobre 2020.)

    Vous devez sacrifier votre liberté et votre personnalité à une solidarité sans réciproque. Autrement dit, nous sommes une nation socialiste.