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Policiers blessés à Lyon: Darmanin veut expulser un étranger mis hors de cause, Dupond-Moretti valide
news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 25 July, 2022 - 08:08 · 5 minutes
JUSTICE - L’affaire prend une tournure politique. Ce lundi 25 juillet, Éric Dupond-Moretti a été obligé de défendre l’expulsion choisie par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin , suite à l’interpellation d’un suspect finalement relâché et blanchi, après l’agression de policiers à Lyon mercredi.
Après le tweet polémique de Gérald Darmanin dimanche, le ministre de la Justice a réagi à la confirmation de cette expulsion par le locataire de la Place Beauvau , en raison “de nombreuses mises en cause”. Pour Éric Dupond-Moretti, “cet homme a déjà été condamné à de nombreuses reprises et il fait l’objet d’une décision de quitter le territoire français, ce qui est une décision administrative”.
Policiers lynchés à #Lyon : "Des images absolument intolérables, des policiers agressés c'est la République que l'on agresse, soutien total aux policiers", @E_DupondM dans #RTLMatin avec @olivierboy pic.twitter.com/cC2O8SJID6
— RTL France (@RTLFrance) July 25, 2022
Prononcée dans des situations graves, liées à la protection de l’ordre public ou en cas d’atteinte à la sûreté de l’État, cette mesure administrative est prise par le préfet ou par le ministre de l’Intérieur. Ce type de procédure administrative doit être “justifié et encadré”, comme le rappelle le site officiel de l’administration française.
“Gérald Darmanin a dit qu’elle serait exécutée. Moi, je n’ai rien d’autre à dire, je suis un fervent partisan de l’État de droit que je défends bec et ongles”, a alors ajouté le ministre de la Justice. Avant cela, il avait exprimé son “soutien total aux policiers” lyonnais, évoquant “des images absolument intolérables, des policiers agressés c’est la République que l’on agresse”.
Darmanin accusé de bafouer la séparation des pouvoirs
Suite à l’interpellation et la garde à vue de cet individu soupçonné d’être lié à l’agression de trois policiers dans le quartier de la Guillotière à Lyon, le ministre de l’Intérieur s’était fendu d’un tweet indiquant qu’un “délinquant étranger” avait été “interpellé (...), placé en rétention et (allait être) expulsé”.
Suite à l’inacceptable attaque contre les policiers de Lyon, des opérations de police ont lieu. Un des délinquants est étranger, il a été interpellé. Sur mon instruction, il a été placé en rétention et sera expulsé. Les délinquants étrangers n’ont pas leur place en France.
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 24, 2022
Sollicité par l’AFP, le parquet de Lyon avait indiqué peu de temps après que “la personne placée en garde à vue hier (samedi) dans le cadre de l’enquête ouverte à Lyon du chef de violences à l’encontre de policiers place Gabriel Peri, le 20 juillet au soir” avait été libérée.
“Il s’avère en effet qu’elle a été totalement mise hors de cause dans le cadre des investigations menées. L’enquête se poursuit activement pour identifier, localiser et interpeller les auteurs des faits”, précisait alors le parquet.
Gérald Darmanin, dans un second tweet, avait alors confirmé l’ expulsion prochaine de l’individu. “Cet individu n’a rien à faire dans notre pays qui est généreux si on le respecte”, a-t-il écrit, profitant de la situation irrégulière de cette personne et de son passée criminel pour prendre cette décision.
En lien avec les événements ou non, connu pour de nombreuses mises en cause: vol, violences,menace de mort sur personne dépositaire de l’autorité publique, détention de drogues, violences en réunion…cet individu n’a rien à faire dans notre pays qui est généreux si on le respecte https://t.co/UMetCoe3zf
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) July 24, 2022
Face à cette polémique, le maire écologiste de Grenoble Éric Piolle a réagi à son tour sur Twitter accusant Gérald Darmanin de “drague(r) ouvertement l’ extrême-droite en reprenant ses mots et ses idées” et de “passe(r) outre l’État de droit en prévoyant d’expulser un ‘délinquant étranger’ sans attendre le résultat des investigations”. “Encore un symbole d’une dérive consternante et inquiétante”, a-t-il estimé.
Une critique sur l’extrême droite partagée par Sandra Regol , députée écologiste. “L’envie de Gérald Darmanin de pouvoir rivaliser avec Marine Le Pen et le RN en termes de façon de taper sur les immigrés l’a emporté sur ce qui est normalement le travail d’un ministre de l’Intérieur, à savoir vérifier ses informations”, a-t-elle déclaré sur BFMTV.
Darmanin, qui drague ouvertement l’extrême-droite en reprenant ses mots et ses idées, passe outre l’État de de droit en prévoyant d’expulser un « délinquant étranger » sans attendre le résultat des investigations.
Encore un symbole d’une dérive consternante et inquiétante. https://t.co/ZR8gFkoe15— Éric Piolle (@EricPiolle) July 24, 2022
Peu après, le maire de Grenoble a prolongé ses critiques sur BFMTV, interpellant directement la cheffe du gouvernement pour “recadrer” son ministre, afin de lui “rappeler la séparation des pouvoirs en France: entre l’exécutif, le délibératif et la justice”. Eric Piolle a également demandé à ce que Gérald Darmanin présente des excuses pour ses propos.
La première ministre @Elisabeth_Borne devrait recadrer son ministre de l'intérieur ! Darmanin a encore une fois franchi une ligne rouge. Sa nomination était un choc pour les féministes, et depuis le Président lui accorde de plus en plus d'importance malgré ses provocations. pic.twitter.com/HdhGUmSfH3
— Éric Piolle (@EricPiolle) July 24, 2022
Même constat pour Isabelle Ramet, adjointe au maire du 6e arrondissement de Lyon en charge de la sécurité. Ciblant Gérald Darmanin, elle dit regretter “la politique du gouvernement (qui) se fait à coup de tweets”.
Isabelle Ramet a également invité à développer “une communication plus posée avec une concertation de toutes les instances et de tous les élus”.
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