Afrique du Sud: le président français Emmanuel Macron n’est pas invité au sommet des Brics

    Via cet article de Mediapart, et ce paragraphe :

    Un seul n’a pas reçu d’invitation : Emmanuel Macron qui a tenté de forcer la porte et d’imposer sa présence. Est-ce par bravade ou incompétence ? Avant même le camouflet du Niger, il aurait en tout cas dû comprendre par lui-même qu’il n’y avait pas sa place.

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      Le continent africain pourrait se séparer en deux

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Tuesday, 15 August, 2023 - 12:00

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    Le Rift Est-Africain, un des plus grands systèmes de failles continentales du monde, fascine la communauté géologique. Une nouvelle étude révèle des déformations inhabituelles qui pourraient, à long terme, mener à la séparation de l'Afrique en deux parties distinctes, créant un nouvel océan entre les deux !

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      Inconnu en France, ce fabricant de smartphones cartonne dans le monde

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Friday, 28 July, 2023 - 15:00

    tecno-pova-5-x-fre-fire-158x105.jpg Tecno POVA 5 X Fre Fire

    Peu connue, une marque chinoise entre pour la première fois dans le top 5 des fabricants de smartphones. Alors que les principaux fabricants progressent, elle affiche une croissance insolente.

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      Des colis livrés en Citroën AMI : bientôt le quotidien en Afrique ?

      news.movim.eu / Numerama · Tuesday, 11 July, 2023 - 10:32

    La Citroën AMI connaît un véritable succès en Europe comme moyen de déplacement urbain. Elle est également plébiscitée en Afrique, où son utilisation comme moyen de livraison est déjà appréciée au Maroc. [Lire la suite]

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      Comment se forment les tempêtes de sable ?

      news.movim.eu / Numerama · Monday, 5 June, 2023 - 16:18

    Les tempêtes de sable sont un phénomène météorologique impressionnant. Le vent soulève des poussières, formant des murs de couleur orange et de plusieurs kilomètres de haut. [Lire la suite]

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      Afrique : faut-il viser l’autonomie alimentaire ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 11 March, 2023 - 04:10 · 7 minutes

    Par Benoit Faivre-Dupaigre.

    Inflation, conflits, changement climatique… Pour toutes ces raisons, l’insécurité alimentaire en Afrique refait l’actualité : début janvier 2023, l’ONU alertait notamment sur la hausse de l’insécurité alimentaire « grave » au Sahel .

    Depuis trente ans, c’est la pauvreté, plus que le déficit de production, qui est mise en exergue comme cause profonde de l’insécurité alimentaire. Mais avec une population africaine qui pourrait presque doubler d’ici 2050 , la question de l’offre et donc de la production locale d’aliments redevient une priorité.

    L’insécurité alimentaire en hausse en Afrique

    La définition de l’insécurité alimentaire a évolué au cours des dernières décennies pour mieux prendre en compte ses manifestations et ses causes immédiates.

    La sous-alimentation, indicateur le plus marquant de l’insécurité alimentaire, est caractérisée par un accès moyen déficient à une alimentation saine , nutritive et suffisante . Elle touchait 278 millions d’Africains en 2021 , soit un tiers des personnes concernées dans le monde. L’Asie en représente actuellement la moitié ; mais en 2030, la sous-alimentation devrait concerner autant d’Africains que d’Asiatiques .

    En complément, des indicateurs d’insécurité alimentaire modérée et grave ont été établis à partir d’enquêtes de ménages afin de déceler des périodes de restriction ou de privation de nourriture allant jusqu’à mettre en péril la santé des personnes. L’insécurité modérée se manifeste par des repas sautés ou des quantités ingérées réduites, alors que l’insécurité grave se traduit par des journées entières sans manger.

    L’Afrique est la région du monde où non seulement la prévalence de l’insécurité alimentaire globale est la plus élevée (58 % de la population craint de ne pas pouvoir, ou ne peut pas, se nourrir tous les jours), mais aussi celle où la part de personnes en situation d’insécurité grave est la plus forte.

    Au total, 322 millions d’Africains sont touchés par l’insécurité alimentaire grave et 473 millions supplémentaires par des formes modérées, pour une population de plus de 1,2 milliard de personnes sur le continent. Sans oublier que l’Afrique concentre sept des huit pays où plus de 80 % des habitants sont en situation d’insécurité alimentaire modérée ou grave.

    La pauvreté mise en exergue

    La principale cause de la sous-alimentation est, en Afrique comme dans le reste du monde, la pauvreté. Les ménages pauvres qui achètent leur nourriture, notamment dans les villes, doivent y faire face à un coût de l’alimentation particulièrement élevé .

    L’alimentation saine en Afrique, qui coûte 3,46 dollars par personne et par jour, était en moyenne plus chère qu’en Amérique du Nord et en Europe , où la dépense moyenne équivalait à 3,19 dollars en 2020. Parallèlement, la population rurale, encore majoritaire en Afrique, dispose de peu de moyens (terres, eau, intrants) lui permettant de produire suffisamment de nourriture jusqu’à la récolte suivante.

    Logiquement, donc, c’est grâce à la forte croissance économique enregistrée lors de la décennie avant 2015 que la sécurité alimentaire avait pu s’améliorer. Dans certains cas, elle s’est accompagnée d’une nette amélioration des indicateurs de malnutrition, notamment en ce qui concerne le retard de croissance des enfants de moins de 5 ans ou l’émaciation des enfants. Ces progrès sont à mettre au crédit de politiques plus performantes de ciblage des familles vulnérables et des femmes allaitantes.

    Une dépendance alimentaire généralement modeste

    L’idée que l’insécurité alimentaire en Afrique est liée aux difficultés d’accès aux denrées (faute de revenus suffisants) plus qu’au manque de disponibilité de la nourriture est bien ancrée.

    Cependant, une autre fragilité entre dans l’équation : la dépendance alimentaire, c’est-à-dire la proportion des biens alimentaires importés par rapport à l’ensemble de ceux consommés. Globalement, elle reste modeste, puisque la part de l’approvisionnement alimentaire national issu des importations n’est que de 16 % en moyenne sur le continent (contre 13 % à l’échelle mondiale) . Mais ces chiffres cachent des inégalités au sein du continent. Ainsi, dans la moitié des pays, la dépendance aux importations céréalières est supérieure à 40 % (30 % en moyenne). Cette dépendance est encore plus marquée dans des pays comme l’Algérie, le Congo, le Gabon, le Botswana et le Lesotho, qui sont dépendants des importations céréalières à plus de 70 % (à l’inverse, d’autres, comme ceux du Sahel, ont une dépendance inférieure à 10 %).

    Or, l’analyse sur de larges données montre que plus un pays est dépendant de l’extérieur pour son alimentation, plus les indicateurs d’insécurité alimentaire sont sensibles aux dégradations macroéconomiques liées aux échanges internationaux . Cela place ces pays dans une situation de vulnérabilité en cas de choc économique, notamment sur les marchés internationaux et intra-africains, comme ce fut le cas en 2022 avec la guerre russo-ukrainienne .

    Dès lors, les perspectives de croissance démographique de l’Afrique et donc d’une hausse de la demande en nourriture couplées aux conséquences du changement climatique sur son agriculture , remettent la question de l’offre et de l’autonomie alimentaire des Africains au premier plan.

    Une demande alimentaire croissante

    D’ici à 2050, 60 % de l’augmentation de la population mondiale se produira en Afrique, et ce continent sera le seul dont la population rurale aura continué à croître (+ 35 %). L’Afrique devra satisfaire une demande alimentaire qui sera supérieure de plus de 160 % à ce qu’elle est aujourd’hui .

    La recherche de l’autonomie alimentaire est donc essentielle à la sécurité alimentaire de l’Afrique comme stratégie de réduction de la dépendance externe, de création de richesse en direction des ruraux pauvres – les plus vulnérables à l’insécurité alimentaire – et de création d’emplois (nécessaire à court terme, notamment dans les campagnes).

    Le dilemme d’une sécurité alimentaire soutenable

    La croissance de la production alimentaire est indispensable mais avec une contrainte : si l’on veut éviter l’expansion des cultures sur de nouvelles terres, notamment au détriment des forêts, cette croissance doit être atteinte en privilégiant la hausse des rendements. Cela revient à s’éloigner de la trajectoire suivie depuis les indépendances, largement fondée sur l’extension des surfaces cultivées .

    La marge de manœuvre est étroite puisque différents scénarios réalistes projettent pour l’Afrique des besoins en surfaces supplémentaires allant d’une centaine jusqu’à plus de 500 millions d’hectares – et ce avec des hypothèses souvent modestes de changement climatique et de son impact sur les rendements .

    Si l’on devait se limiter à cultiver les surfaces actuellement cultivées (hors herbages), on devrait multiplier par huit les importations alimentaires en Afrique subsaharienne. D’autres études montrent que pour maintenir le niveau d’autosuffisance, il faudrait non seulement combler le fossé de rendement entre l’existant et le potentiel, mais aussi multiplier le nombre de récoltes sur une même surface, ce qui impose d’irriguer beaucoup plus largement.

    Investir dans le développement de la productivité agricole

    Un compromis reste à trouver mais la hausse des rendements demeure incontournable.

    Dans cette logique, le soutien à l’agriculture par l’amélioration de la productivité de la terre aurait une triple vertu : limiter l’impact environnemental de cette croissance, lutter contre la dépendance aux marchés internationaux mais aussi lutter contre la pauvreté et donc améliorer la sécurité alimentaire. Soutenir l’agriculture en Afrique serait deux fois plus efficace que de mettre en œuvre des politiques visant à augmenter la productivité dans le secteur industriel pour lutter contre la pauvreté.

    La relance de l’offre agricole – qui bénéficierait aux agriculteurs, qui sont aussi les plus pauvres – et la recherche de plus d’indépendance alimentaire redeviendront donc des sujets prioritaires dans les années à venir.

    Cet article a été co-écrit avec Bio Goura Soulé (Institut de recherches et d’applications des méthodes de développement/Cédéao). Pour une analyse plus détaillée de ces questions, lire L’Économie africaine 2023 , paru aux éditions La Découverte en janvier 2023 . The Conversation

    Benoit Faivre-Dupaigre , Chargé de recherche, département Diagnostics économiques et politiques publiques, Agence française de développement (AFD)

    Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’ article original .

    The Conversation

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      Démocratie : que se passe-t-il en Tunisie ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 8 March, 2023 - 03:30 · 20 minutes

    Une question légitime au vu de la situation de ce pays qui a pu paraître, pour nombre d’observateurs, comme une exception dans le paysage arabe musulman, réussissant ce qu’on a appelé à tort révolution du prétendu Printemps arabe . Car la situation est bien plus complexe qu’on n’ose l’évoquer et les choses n’y sont pas aussi simples qu’on le dit.

    Que se passe-t-il donc en cette Tunisie supposée, depuis peu, acquise à la démocratie ? Y a-t-il eu coup ou coups d’État ? Y assiste-t-on réellement à la mise à mort d’une démocratie naissante ? Et quid du modèle sui generis espéré sur sa terre d’une démocratie islamique ?

    Un régime traditionnellement autoritaire

    De fait, la Tunisie a souvent constitué un modèle et ce même du temps de la dictature, réputée comme élève studieux et appliqué dans l’apprentissage de la modernité. C’est que le dictateur Ben Ali, déchu en 2011, se réclamait volontiers du legs du premier président de la Tunisie indépendante, Habib Bourguiba.

    Certes, il l’avait déposé à la faveur de ce qu’on a appelé coup d’État sanitaire ; or, ce fut en application de la Constitution de l’époque et l’état de santé de Bourguiba, notoirement malade et quasiment inapte à gouverner, pouvait justifier une telle entreprise. Au reste, elle fut saluée par nombre de démocrates comme un acte courageux et salutaire dans l’intérêt bien compris du pays. Au point que pratiquement personne n’a contesté le sort indigne réservé au père de l’indépendance tunisienne, qui a fini sa vie reclus en prisonnier politique dans l’une de ses résidences de luxe.

    Il faut dire que le dictateur eut soin de se ménager le soutien de nombreuses figures éminentes de la Tunisie moderne, compagnons de route de Bourguiba, mais aussi opposants illustres à son autoritarisme et au culte entretenu de sa personne. Il a aussi tenu, au début de son règne, à faire des gestes significatifs, quoique simulés, en vue d’un assainissement de la situation politique vers le pluralisme et la démocratie, attendus par tout le peuple.

    Au vrai, il n’a fait que louvoyer, simuler et dissimuler, tournant vite sa cuti dès qu’il estima venu le moment de mettre le pays et son peuple jugé par trop turbulent s’il lui arrivait d’avoir ses droits et ses libertés, d’ailleurs jamais acquises même sous Bourguiba, pourtant chantre de la modernité du pays.

    Aussi Ben Ali a-t-il été le dictateur affiché que n’était pas Bourguiba, mais qui n’était pas moins un autocrate, éclairé certes, mais guère démocrate, un dictateur caché. Ainsi, le fruit de l’autoritarisme était bien dans le fruit Tunisie et la dictature n’a fait que le rendre visible, l’admettre même pour divers motifs et par nombre de subterfuges, dont les plus sophistiqués. La preuve ? Un arsenal juridique liberticide qui est, au demeurant, toujours en vigueur.

    Si Ben Ali n’avait pas les capacités intellectuelles de Bourguiba et encore moins sa vision de la politique et son charisme, il n’était pas moins un pur produit du système sur lequel a été érigée la Tunisie postcoloniale. Celui d’un État jaloux de son pouvoir, y voyant sa nécessaire force, l’exerçant au travers des forces de l’ordre et surtout d’une administration pléthorique, tatillonne dans le formalisme et le service de son magistère assimilé à celui du prestige de l’État. Et peu importe si cela se confond avec la classe au pouvoir ou la personne des gouvernants, fut-il un seul. Ce qui n’est pas seulement une spécificité du pays, mais également une idiosyncrasie culturelle que l’islam, ou du moins l’exégèse qu’on en a faite, a magnifiée en la dotant de ce qui lui manquait : un caractère indu de sacralité.

    La politique tunisienne a de la sorte toujours été sans ses lettres de noblesse, quoique la forme y était du temps de Bourguiba, mais non dénuée, au-delà des apparences de la force s’ajoutant à la rouerie de la politique à l’antique. Or, en cela, excellait Ben Ali, le miliaire pur jus. Ainsi, en termes de ruse s’est-il fait servir par des compétences qui se dévouaient, pour nombre d’entre elles, moins pour sa personne qu’à la cause du peuple. C’est un tel désintérêt de la politique chez pas mal de grands commis de l’État qui a assuré le succès tant vanté à l’étranger de la gestion du pays pas son régime autoritaire et ce malgré l’absence de démocratie.

    Pareille attitude chez ce personnel dévoué à la chose publique se retrouve être un trait sociopsychologique du peuple tunisien dont la capacité d’adaptation à toutes les situations est phénoménale avec une propension au fatalisme d’avoir des chefs maniant la cravache. Trop libre et même libertaire, le Tunisien accepte de céder sa liberté formellement pour pouvoir, en catimini, à l’ombre des lois répressives, vivre à sa guise son hédonisme, sacrifiant pour cela son droit à la citoyenneté. Ce qui n’était que pain bénit pour la dictature qui a alors su moduler l’usage de la force, parfois par trop sauvage, selon le degré de la gêne trouvée à assouvir sa passion d’abuser à gouverner et le faire, elle aussi, à sa guise.

    Un coup d’État déguisé en coup du peuple

    C’était, à grand trait brossé, l’état de la Tunisie à la veille de ce qu’on a appelé bien à tort révolution du jasmin et qui ne fut au mieux que ce que j’ai nommé dès le départ, coup du peuple. En fait, il s’agissait d’un coup d’État fomenté par les services américains dans le cadre de leur stratégie géopolitique et en exécution de leurs accointances avec l’islam rigoriste. Un signe qui ne trompe pas : la prétendue fuite de Ben Ali, déshonneur suprême pour un militaire, qui s’est retrouvé retenu en Arabie Saoudite. Ce qui n’aurait pu se faire sans la défection de ses cercles les plus rapprochés au vu de la défiance du peuple à l’égard du régime et son muet rejet.

    On a pu dire que Ben Ali n’a récolté que ce qu’il avait semé, n’ayant jamais eu le souci de ce que voulait son peuple : ses droits et ses libertés, en contrepartie du lourd tribut payé à supporter sa dictature et les exactions de sa famille. Or, même en catimini et à bas bruit, le peuple de moins en moins pouvait le faire. Aussi, lui garantir le minimum vital, ce à quoi veillait Ben Ali ne suffisait plus aux yeux des masses démunies de tout, surtout de la dignité de son vouloir être particulier précité.

    Or, ce coup d’État dont on ne parle pas est la première turpitude des élites tunisiennes post-dictature, particulièrement celles se prétendant au service des libertés et de la démocratie. La seconde, la plus importante à maints égards, fut évidemment de ne pas satisfaire la cause d’un pareil silence, subterfuge qui était destiné à permettre la réussite d’une transition sans heurts de la dictature à la démocratie, mais une vraie démocratie. Ce qui pouvait se justifier si l’on avait osé satisfaire les attentes populaires en termes de droits et de libertés concrets. Ce qu’on s’est gardé de faire.

    Ainsi, plus de dix ans durant, soit de janvier 2011 à juillet 2021, date de ce qu’on a appelé coup de force du président actuel, rien n’a été fait pour abolir la législation scélérate de la dictature. On s’est limité à singer l’Occident en adoptant une Constitution consacrant théoriquement les droits fondamentaux et les libertés privatives, mais avec l’intention délibérée de la garder lettre morte. On l’a même entendu sur les travées de l’Assemblée des représentants du peuple, le Parlement tunisien. Cela s’est vérifié d’abord avec le refus d’instaurer la Cour constitutionnelle, formalité essentielle prévue pourtant par le texte fondamental avec une date butoir à son installation. Et bien évidemment, cela s’est confirmé avec le refus d’abolir les textes les plus perfides de la dictature.

    De telles turpitudes ne furent pas de la seule faute des islamistes contrôlant les rouages essentiels de l’État. Pour ce faire, ils avaient besoin des compromissions des supposés modernistes et laïques ; et ils les ont eues. Ces derniers leur ont permis de rester au pouvoir et même après l’arrivée à la magistrature suprême du défunt président Caïd Essebsi, supposé émule de Bourguiba, élu avec les voix des femmes et des jeunes avec la ferme promesse de leur rendre leurs droits et qui ne l’a pas honorée sciemment en pratiquant le mensonge au nom d’une bien vicieuse realpolitik.

    L’occasion ratée d’un contrecoup du peuple

    On l’a dit supra, le peuple arrivait de moins en moins à vivre à sa guise bien qu’en cachette, ce qui était une forme de dignité à ses yeux ; il en venait aussi de plus en plus ouvertement à rejeter ce qu’on avait appelé dictature souriante. Le Tunisien commençait même à muer psychologiquement, loin de l’archétype habituel de personne souriante, ouverte à l’altérité, car il supportait de moins en moins sa vie de claustration dans un pays devenu une réserve alors qu’il a dans le sang le besoin de bouger, circuler librement.

    C’est ce qui explique la terrible vision, au lendemain de la chute de la dictature, des multitudes de la jeunesse tunisienne se ruant sur les plages désertées par les forces de l’ordre pour « brûler » comme on dit populairement, faire la traversée de la Méditerranée vers les îles italiennes proches. On était pourtant à l’orée d’une aube nouvelle mais ces jeunes de Tunisie rêvaient d’autre chose : leur liberté chérie, comme s’ils savaient à l’avance qu’elle n’aurait pas droit de cité encore dans le pays. Car c’est pour elle qu’ils ont fait le coup de feu contre les sbires du dictateur et que nombreux parmi eux ont payé de leur vie sous les coups des snipers stipendiés, semble-t-il, par les forces occultes agissant à la chute de la dictature populairement honnie.

    Effectivement, la situation du peuple ne varia pas d’un iota puisque la législation de la dictature est restée en vigueur ; et elle l’est toujours même si le président actuel ne cesse de claironner son intention de rétablir sa souveraineté dans le pays. Pire, il n’arrête pas dans le même temps de réclamer son souci d’être juste, assurant que la loi est à appliquer à tous, sans distinction ; or, la loi elle-même, bien que légale, est déjà injuste car scélérate, ayant servi au maintien de la dictature ; elle est donc illégitime. Car il ne faut pas oublier que les textes liberticides du droit positif en Tunisie sont non seulement ceux de la dictature (dont la honteuse loi 52 réprimant sauvagement le cannabis et martyrisant les jeunes), mais aussi un héritage de la colonisation (dont le fameux article 33 du Code pénal réprimant l’homosexualité qui n’a jamais constitué un péché en Islam pur).

    Aussi le coup de force du 25 juillet 2021 fut-il salué par le peuple comme une délivrance. On se remit à espérer que ce qui ne fut pas fait en 2011 le sera. Et on faisait confiance à son auteur qui avait été porté au pouvoir par une majorité écrasante et qui avait la réputation d’honnêteté et dont les mains étaient propres en un pays mité par la corruption. Une bonne partie de la classe politique a aussi salué l’entreprise, entamée au demeurant en conformité avec la Constitution.

    Toutefois, ce qui ne manque pas de surprendre, c’est que personne n’a réclamé l’abolition de la législation qui brimait et brime le peuple ou à tout le moins demandé l’adoption d’un moratoire à l’application de ses plus perfides dispositions dans l’attente de voter des textes de substitution. Il faut croire que les opposants au président Saïed étaient et restent trop obnubilés par le pouvoir et ses aficionados par leurs règlement de comptes avec les islamistes pour se soucier de ce que réclame le peuple : ses droits au quotidien et ses libertés privatives, intimes y compris. Pour les premiers, c’est d’autant plus incompréhensible que de telles lois scélérates sont appliquées pour harceler tant le peuple que la classe politique qui crie à la dictature de Saïed. Pour les seconds, une telle pulsion de vengeance d’ennemis politiques dénote leur degré d’adhésion à une vraie démocratie.

    Aussi, le retournement tragicomique de l’histoire a voulu que l’ennemi des uns et le héros des autres n’a fait qu’appliquer des lois que les anciens politiques au pouvoir ont tout fait pour garder en vigueur ; ce faisant il n’a fait qu’emboîter le pas à ceux qu’il dénonçait et punissait. Ainsi, le premier coup d’État, qui a trahi sa justification, a généré un autre n’en étant pas le contrecoup du peuple espéré, perdant de la sorte sa légitimité populaire avérée à son occurrence, tout comme pour le premier.

    Une démocratie introuvable

    Parler donc de combat pour la démocratie chez les uns et les autres, notamment de la part des opposants au président Saïed, relève moins du sérieux que du subterfuge. Tous luttent pour le pouvoir et rien d’autre. En effet, qu’est-ce qu’une démocratie sinon des lois et des libertés, pas seulement théoriques, inscrites dans des textes jamais appliqués. La dictature n’est pas non plus une opération électorale vidée de tout sens, étant ignorée, sinon boycottée, par les plus larges masses. Ce qui fut le cas des élections législatives, notamment la dernière voulue par M. Saïed, qui prouvent que rien n’a changé encore dans le pays. De fait, une démocratie honnête et véridique en Tunisie consiste à commencer par débarrasser le peuple de tout ce qui l’empêche de vivre paisiblement et dignement sa vie. Outre les lois scélérates de la dictature, cela implique aussi qu’on lui reconnaisse son droit à circuler librement.

    Or, que fait M. Saïed ? On le voit certes se soucier de la corruption, cette hydre qu’il n’est pas facile de vaincre et se soucier de ce qui est nettement plus facile à faire, édicter le texte salutaire libérant le peuple de ses chaînes légales ! Bien pis ! involontairement peut-être, il a suscité une bien malheureuse polémique sur la présence des subsahariens en Tunisie. Que n’a-t-il plutôt saisi cette occasion pour être le héraut du droit à circuler librement entre les deux rives de la Méditerranée, cause principale de la venue en Tunisie de ces malheureux subsahariens accusés désormais de tous les maux !

    C’est cependant ce qu’on se doit de faire si l’intention affichée par le président Saïed est avérée, à savoir d’être juste de voix et de voie. Et ce d’autant mieux que l’antidote aux problèmes de la migration clandestine et à ses drames existe bel et bien : le visa biométrique de circulation. Outil parfaitement sécurisé, connu dans les chancelleries, il devrait être substitué au visa actuel devenu obsolète étant respectueux des réquisits sécuritaires. Concrètement, il consiste à délivrer gratuitement en contrepartie de la levée des empreintes digitales, suprême concession sans contrepartie, le droit de circuler librement aux ressortissants des pays dits à tort d’émigration, car ils ne deviennent immigrés qu’à cause de l’impossibilité pour eux de circuler librement. Un tel visa de circulation valable un an au moins et renouvelable par tacite reconduction permettra d’entrer en Europe mais avec l’obligation d’en sortir avant trois mois consécutifs de séjour avec toutefois la possibilité d’y revenir aussitôt pour un nouveau séjour de la même période et avec la même exigence durant la validité du visa.

    Voilà, entre autres, une recette utile au service du peuple tunisien, de la paix et de la démocratie en Tunisie et en Méditerranée ; et elle traduit une adhésion à l’esprit et à la lettre de la démocratie voulue dans ce pays, un régime de dignité avec des droits et des libertés citoyens et non une fausse et introuvable démocratie. C’est ce dont devraient parler et pour laquelle pourraient agir tant le président Saïed que les cercles de son opposition qui dénoncent sa dictature sans être crédibles, le peuple n’ayant rien vu des deux bords qui soit susceptible de changer sa vie au quotidien, une existence de misère du fait de l’absence de la dignité d’être un peuple vraiment souverain, et non seulement en termes de slogans, étant doté de ses droits basiques et de ses libertés privatives les plus évidentes.

    L’impératif catégorique de la réforme juridique et religieuse

    Que se passe-t-il donc en Tunisie, au final ? Coup d’État de Kaïs Saïed ? Ce ne serait alors que la réplique d’un autre coup d’État tu et qui ont tous les deux eu l’adhésion populaire avant que, pour le premier, la déception ne soit totale et, pour le second, le désenchantement ne soit encore de mise. Pour les deux événements, on a effectivement agi au nom d’un peuple qui en espérait gros pour sa dignité, mais pour finir de ne point satisfaire ses attentes. La preuve ? on l’a dit : le maintien en vigueur encore de la législation qui le brime de la dictature que tout un chacun condamne.

    Est-ce que l’homme fort actuel du pays règle ses comptes avec ses opposants ? N’est-il pas plutôt en train d’appliquer la législation liberticide en vigueur que ses opposants, qui étaient bien au pouvoir durant la décennie passée, ont veillé à garder pour se servir et brimer leurs propres opposants ?

    Quid enfin de la démocratie qu’on bafouerait et du modèle tunisien qu’on tue ? De quelle démocratie parle-t-on ? On l’a vu, le peuple est dans la même situation que sous la dictature car il n’a vu l’adoption, au mieux, que de textes et initiatives de pure forme, les élections libres étant contrôlées par des partis sans programme ni véritable assise populaire en dehors de leurs adhérents, leurs sympathisants et obligés. D’ailleurs, le record historique d’abstention à la dernière manifestation électorale ne vient pas de nulle part, il ne fait que confirmer le désintérêt populaire massif pour la chose publique telle qu’elle a été incarnée la dernière décennie par une classe politicienne qui était en total décalage avec les réalités du pays, coupées du peuple, autiste à ses attentes les plus légitimes.

    La responsabilité de ce qui se passe aujourd’hui est donc assumée par toute la classe politique, celle au pouvoir aujourd’hui certes mais surtout celle qui y a été et qui n’a pas su saisir la chance historique qu’elle devait honorer de transformer le pays en une véritable démocratie. Ainsi, le parti islamiste n’a fait que prétendre être une démocratie musulmane ; il a usé et abusé de slogans creux et de faux semblants, sinon de mensonges. Ce faisant, toute son attention allait au maintien au pouvoir afin de servir ses intérêts tant matériels qu’idéologiques. S’il a eu du talent, ce ne fut pas au service du peuple, mais à avoir les soutiens nécessaires, tant à l’étranger que dans le pays, parmi les supposés démocrates qui ont, de même, pratiqué la politique sans nulles lettres de noblesse.

    Pourtant les exhortations à cesser de jouer un tel jeu malsain n’ont pas manqué et ce dès l’arrivée des islamistes au pouvoir, les exhortant à assumer leur devoir d’ aggiornamento à la fois politique et religieux en s’attelant à l’impératif catégorique de la réforme du pays, notamment sur le plan juridique et religieux. Ils n’y ont point prêté attention, se laissant aller à leur péché mignon qui, il est vrai, ne leur était pas propre, relevant de ce que je nomme « jeu du je », une duplicité assumée en ce qu’ils prenaient pour un théâtre d’ombres, où il est fatal de simuler et de dissimuler, même ce qui relève de l’évidence.

    Quel avenir alors pour la Tunisie ?

    Assurément le meilleur, sa classe politique ayant atteint le pire, toutes tendances confondues, au même moment où son peuple a retrouvé les automatismes de son esprit de contradiction libertaire. On ne peut donc qu’entrevoir une évolution bien meilleure que les derniers événements, tirant profit des vicissitudes de la décennie ratée en autant d’expériences utiles en vue d’une nouvelle tentative démocratique duodécimale.

    Déjà, ce samedi 4 mars 2023, la puissante centrale syndicale a organisé la plus importante manifestation contre le pouvoir en place. D’aucuns y voient un bras de fer entre l’héritière du patriote absolu, amant du peuple que fut Farhat Hached, et le président Saïed dont l’issue sera déterminante pour la démocratie dans le pays. Il faut toutefois se garder de voir les choses en termes de personne, K. Saïed n’étant que le produit du système autoritaire toujours en place qu’on a décrit. Il n’y aura donc de démocratie que le jour où l’on osera réformer ce système en commençant par abolir toutes les lois de la dictature et de la colonisation que les politiques actuels acceptent sans oser les dénoncer.

    Si l’on se décide enfin à quitter le clair-obscur entretenu sur la législation scélérate du pays, notamment les aspects présentés comme ayant une connotation morale et/ou religieuse, et sur lesquels l’on se tait pudiquement ou s’interdit de gloser, on fera enfin le pas décisif fatal vers la démocratie. Car, répétons-le, celle-ci n’est que l’octroi de ses droits et libertés au peuple, tous ses droits et toutes ses libertés sans nulle restriction idéologique ou supposée religieuse.

    Ce qui impose par la même occasion d’avoir le courage enfin d’ouvrir la voie à une nouvelle exégèse de l’islam afin de renouer avec son esprit et ses visées véritables puisque, dans sa lecture pure, il est une foi de droits et de libertés. D’ailleurs la nouvelle Constitution voulue par M. Kaïs Saïed, encore plus que la précédente, réfère à cette religion du peuple en imposant d’en appliquer les valeurs. Ce qui constitue, par conséquent, le noeud gordien de la moindre réforme dans le pays, non seulement en termes religieux, mais aussi politiques, économiques et juridiques, l’islam n’étant pas qu’une religion, étant tout autant une politique, une philosophie de vie. C’est pour cela qu’il importe de reconnaître cette dimension éminente de l’islam qui est loin d’être pur culte, étant d’abord une culture avant d’être que simples rites.

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      Yaoundé, future « Tel Aviv de l’Afrique » : une alternative au Singapour africain

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 23 February, 2023 - 03:30 · 3 minutes

    Entre innovation « en miniature » et opportunités grandeur nature, Yaoundé est le siège de l’Organisation africaine de la Propriété intellectuelle (OAPI). La seconde plus ancienne organisation panafricaine fondée en 1962, juste après Air Afrique, fêtait son soixantième anniversaire en 2022, une date anniversaire qui invite à explorer le champ des possibles en 2023. Tant avec l’imagination que pourrait prendre demain une capitale afro-futuriste de la « New Nature Economy » en explorant des enjeux d’innovation, d’agriculture régénérative et de forêts connectées et comestibles grâce aux nouvelles technologies. Et peut-être l’ambition d’une alternative au modèle de Singapour africain au Rwanda ?

    Tel Aviv signifie en hébreu « colline du printemps ». Une colline de la renaissance des forêts ? de l’agriculture régénérative ? Dans sa Cité antique, Fustel de Coulanges voit dans la religion et le culte des morts les fondements des sociétés. C’est ce culte qui selon lui régit les règles en matière de propriété, d’héritage, de transmission… L’origine de ce que nous sommes.

    Dans ce parallélisme, Tel Aviv peut être vue comme la métaphore d’une incarnation moderne qui  entretient aussi des racines anciennes, comme sa ville sœur, Yaoundé, la capitale des sept collines, où  ont convergé au fil du temps de nombreuses diasporas méditerranéennes de la Grèce au Liban .

    À l’origine, le nom Tel Aviv vient du livre d’Ezéchiel, où il désigne une localité babylonienne en Mésopotamie. Le mot « Tel » signifie en hébreu une colline artificielle formée par un tas de ruines, tandis que le mot aviv signifie Printemps. Ce nom a ensuite été choisi par Nahum Sokolow pour être le titre hébreu de l’Altneuland par Theodor Herzl.

    Dans cette histoire, Friedrich Löwenberg, un jeune intellectuel juif viennois fatigué de sa vie en Europe, entame un voyage en Asie avec l’intention de se retirer sur une île de l’océan Pacifique. Il part avec un aristocrate prussien, Kingscourt. En chemin, ils s’arrêtent à Jaffa et y découvrent la Palestine à l’état d’abandon. Ils se sont ensuite retirés sur leur île pendant vingt ans. À leur retour, lorsqu’ils repassent par la Palestine, ils découvrent la région transformée, muée en une société cosmopolite florissante.

    De réelles opportunités s’offrent aux entrepreneurs afro-futuristes dans les domaines de l’agroforesterie, de l’industrie pharmaceutique, des sciences de la vie, de la nutrition et des technologies de la santé. Il suffit d’observer la place que jouent les échanges transfrontaliers entre le Cameroun, le Nigéria et ses voisins, en matière de valorisation de produits forestiers non-ligneux.

    Les aspects cosmétiques, alimentaires et médicinaux de ces produits sont aujourd’hui valorisés par de nombreux acteurs Nigérians, à travers le champ de la « New Nature Economy ». Cameroon BioValley pourrait représenter un incroyable pôle de sourcing végétal, basé sur les coproduits de la flore et des forêts du bassin du Congo.

    Les arbres ont développé au cours de leur évolution millénaire une capacité de résistance et  d’immunité qui peut être très utile dans la fabrication de produits efficaces et bénéfiques pour  l’Homme.

    Un tel mouvement pourrait encourager des startups afro-futuristes prêtes à développer des solutions  pour répondre aux défis sociétaux, par exemple : le photovoltaïque sur les terres cultivées pour  optimiser la production alimentaire, les logiciels de conduite économe en énergie et autonome, la  stimulation optique et magnétique pour la cicatrisation des plaies chroniques, la détection précoce de  l’infestation de ravageurs des céréales stockées à l’aide de capteurs optiques sensibles.

    Si l’on y associe aussi le thème : « Design & Additive Manufacturing », il s’agit de nouvelles façons de  concevoir et de produire localement. Tel Aviv of Africa est une source d’inspiration pour agir localement et penser global.

    Demain prend racine aujourd’hui.

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      Maroc : la liberté d’expression malmenée

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 7 February, 2023 - 03:30 · 5 minutes

    Toute société démocratique se fonde sur un pilier fondamental et indispensable : la liberté d’expression . C’est le droit propre à chaque individu qui lui permet de rendre publics ses émotions, ses sentiments et ses opinions. La participation des citoyens à la vie politique garantit le fonctionnement démocratique de l’État.

    Cette participation peut prendre différentes formes mais elles relèvent toutes du droit à la liberté d’expression : critiquer le pouvoir en place, révéler des vérités, exprimer son refus des politiques instaurées, etc. La garantie de ce droit requiert des institutions répondant aux normes démocratiques, soit un ensemble de règles et de principes encadrant leur fonctionnement transparent, responsable, équitable et indépendant.

    Dans les régimes autoritaires le pouvoir doit être nécessairement centralisé autour d’une seule personne ou un petit nombre de personnes ayant le pouvoir de contrôle et de manipulation des institutions de l’État. Les règles démocratiques qui assureraient leur bon fonctionnement doivent être brisées par le recours à des restrictions de la liberté d’expression afin de limiter la capacité des individus à observer, réfléchir, critiquer et remettre en question le contrat établi.

    Même les démocraties avancées peuvent recourir à des restrictions de la liberté d’expression mais pas de façon fréquente et structurelle comme celle des pays où règne l’autoritarisme, où le pouvoir politique réprime et censure dès qu’il se sent en danger.

    Au Maroc, comme dans plusieurs pays arabes ou du tiers monde, les individus sont confrontés à des atteintes à leur liberté d’expression, des journalistes aux activistes et jusqu’au citoyen lambda.

    La répression n’est pas un intrus dans la vie politique du Maroc , elle en est un élément crucial qui fait partie de l’ADN marocain. Des professeurs à l’université ou à l’école ont cette relation autoritaire répressive avec les étudiants, des parents avec leurs enfants, des responsables des administrations publiques, et toute personne pouvant jouir d’un tout petit pouvoir supplémentaire sur une autre pourra appliquer son autoritarisme. Pas seulement le régime.

    Depuis 2017, la répression a explosé

    Le nombre de détenus politiques et d’expression est allé crescendo. Depuis la crise du covid la limitation du droit de réunion et de manifestation s’est accrue grâce notamment à la promulgation de l’état d’urgence sanitaire toujours d’actualité. Les arrestations arbitraires des activistes rifains du Hirak en 2017 et les peines de prison surréalistes par rapport aux présumés crimes, les procès se caractérisant par la non-équité des journalistes et des activistes des droits humains, et les détentions des blogueurs des réseaux sociaux à cause de leurs opinions.

    De nombreuses fondations et associations de défense des droits de l’Homme tant marocaines qu’étrangères ont critiqué ces atteintes à la liberté des citoyens et ont plusieurs fois demandé des procès équitables pour tous les détenus, la libération de certains d’entre eux et la fin de ces pratiques qui nuisent à l’image du pays et provoquent des dégâts multidimensionnels sur les individus de cette génération et la suivante. La résolution adoptée par le Parlement européen sur la dégradation de la situation de la liberté d’expression n’a rien apporté de nouveau mais a appuyé les affirmations et les dénonciations des activistes et des victimes qui n’ont pas de crédibilité pour l’opinion publique marocaine. Mais pour beaucoup, même la majorité du Parlement européen ayant voté pour l’adoption de la résolution manque de crédibilité et d’objectivité, et considèrent qu’il s’agit d’un complot contre le Maroc et sa politique étrangère avec les États-Unis, Israël et les pays d’Afrique.

    L’expansion des discours médiatiques influencés par le régime ont renforcé la polarisation sociale ainsi que l’extension des faux comptes de réseaux sociaux pour influencer l’opinion publique et diffuser les campagnes de diffamation contre les « ennemis du régime » et leur entourage.

    Cependant, il semble que le régime néglige les effets de la propagation de la désinformation et des discours de haine, lui qui réprime et justifie ses comportements et politiques autoritaires par la garantie de la stabilité et la paix et la lutte contre la discorde qui sème la zizanie et se retrouvera in fine comme la Syrie. Cet exemple de la Syrie diffusé largement par les discours politiques et médiatiques, continue d’être évoqué par un nombre non négligeable de Marocains comme une forte motivation de leur silence : « on accepte les atteintes à notre égard pour éviter la situation actuelle de la Syrie » ; « On peut vivre sans liberté mais pas sans pain » ; « ils l’ont arrêté parce qu’il ne se mêle pas de ses affaires » ; « vous voulez revenir à l’ère du siba (l’anarchie) ? Alors taisez-vous et foutez la paix au Makhzen » etc. Les manifestations et les révolutions ont été largement associées au chaos et aux guerres civiles déclenchées après les mouvements du Printemps des peuples en 2011, les gens ont cru en ces idées et les ont adoptées.

    Cette polarisation accrue a biaisé les visions et les opinions vis-à-vis des opposants aux politiques émanant du pouvoir et toute personne qui ose exprimer un avis contraire ou révéler des vérités en relation avec ce pouvoir. Accepter un certain statu quo consiste en fait à se rebeller contre les lois de la nature à caractère dynamique fondamentalement. L’univers s’inscrit dans une continuité de mutations et de changements infinis, le soleil, les planètes, les étoiles et les galaxies se déplacent constamment, les espèces naturelles et les races humaines depuis leur création sont en évolution constante et les régimes politiques à leur tour ne sont pas rigides, sont soumis aux transformations et n’échappent pas à la loi du dynamisme.