• chevron_right

      Le procès Depp - Heard n'est qu'un détail dans le mouvement #metoo qui va revenir en force - LIFE

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 7 June, 2022 - 15:00 · 6 minutes

    La justice, la vraie, a tranché. Dans le même sens que les réseaux pour Depp, au terme d’un déballage gênant de détails de la vie privée dans un procès très filmé, commenté, épluché. Au détriment d’une Amber Heard moquée, scrutée, parodiée. C’est la première fois qu’on assiste sur une aussi longue durée, un mois, à un tel déferlement de haine. Avec des hashtags en armes de combat entre les Pro Depp et pro Heard. La justice, la vraie, a tranché. Dans le même sens que les réseaux pour Depp, au terme d’un déballage gênant de détails de la vie privée dans un procès très filmé, commenté, épluché. Au détriment d’une Amber Heard moquée, scrutée, parodiée. C’est la première fois qu’on assiste sur une aussi longue durée, un mois, à un tel déferlement de haine. Avec des hashtags en armes de combat entre les Pro Depp et pro Heard.

    METOO - D’un côté la blonde. Perçue comme un peu fake. Apprêtée sobrement pour la circonstance, tirée à quatre épingles, les cheveux savamment lâchés avec classe, ou au contraire retenus en tresse autour de son visage de poupée un peu marqué. La maladroite et mal-aimée Amber Heard . De l’autre: la Star. Chewing-gum en bouche, attitude désinvolte, moqueuse, nonchalante, à de rares occasions émouvante, pas loin de son image dans “Le pirate des Caraïbes”. Celui que tout le monde a vu sur grand écran affublé de son épée, the bad boy roi de l’arnaque, a une image bien sympathique. C’est le flibustier Johnny Depp .

    Pourtant, lors d’un précédent procès en 2020 en Angleterre contre le journal The Sun , il perdait en justice. Il l’attaquait le journal en diffamation pour l’avoir qualifié l’acteur de “batteur de femme” suite à de présumées violences conjugales. Dans une quasi-indifférence des réseaux sociaux.

    Ce mois-ci, il poursuivait en justice Amber Heard aux États-Unis également pour diffamation en lui demandant 50 millions de dollars. Elle devra en verser théoriquement 10,35 dans les faits, avec un schéma compliqué où elle pourra récupérer 2 millions de dédommagement. Même si les deux sont considérées coupables d’avoir ruiné leur réputation réciproque, Depp remporte l’Award de la meilleure image.

    Faut-il sortir d’un couvent et être irréprochable pour être crédible?

    La justice des réseaux sociaux: hashtags en armes de combat

    La justice, la vraie, a tranché. Dans le même sens que les réseaux pour Depp, au terme d’un déballage gênant de détails de la vie privée dans un procès très filmé, commenté, épluché. Au détriment d’une Amber Heard moquée, scrutée, parodiée. C’est la première fois qu’on assiste sur une aussi longue durée, un mois, à un tel déferlement de haine. Avec des hashtags en armes de combat entre les Pros Depp et pro Heard.

    Lors des derniers jours du bras de fer entre les deux figures d’Hollywood, le #justiceforJonnhy aurait totalisé 12 milliards de vues. Celui de Amber Heard beaucoup moins. Sur TikTok, the hashtag #justiceforjohnnydepp a cumulé 7.5 milliards de vues, et #amberheardisaliar 1,2 milliard. Le hashtag consacré à l’actrice #justiceforamberheard , incluant les vidéos, a atteint 26 millions de vues selon le titre américain Insider du 5 mai.

    Alors oui. Un homme peut être battu. Une femme se comporter en manipulatrice patentée. Elle peut aussi donner une gifle à son junkie de mari et se prendre une rouste en retour sans pouvoir le prouver devant les tribunaux. Faut-il sortir d’un couvent et être irréprochable pour être crédible? Mais il ne s’agit pas de rejuger l’affaire sur le fond, mais dans sa forme.

    Rappelons à l’occasion que les procès seront également filmés bientôt en France. Les audiences de la justice civile, pénale, économique ou administrative pourront être enregistrées ou filmées “pour un motif d’intérêt public d’ordre pédagogique, informatif, culturel ou scientifique”, indiquait le ministère de la Justice fin septembre. Un projet dans les tuyaux. Ce qui arrive aux États-Unis depuis des années va débarquer dans l’Hexagone avec une différence de taille: ils seront retransmis ici après le jugement et pas en live. Pour éviter tout débordement.

    Quel impact le verdict d’une telle affaire peut avoir sur la libération de la parole?

    Le risque: les femmes victimes pourront être décrédibilisées, à l’image de Heard, cible de nombreuses attaques. Leur parole sera davantage mise en doute.

    Avec ce revers qui voient les pros Johnny Depp exploser de joie et ceux de Amber Heard douter de la justice, les féministes s’interrogent et craignent un recul des droits des femmes. Amber Heard est l’objet de “remarques misogynes et de dénigrement qui ont un effet incontestablement désastreux sur l’objectif d’encourager les femmes à porter plainte contre des conjoints, ou tout simplement des personnalités publiques violentes “s’interroge Fatima Benomar sur son Facebook.

    Si ce backlash ( contrecoup, répercussion, NDRL ) peut effrayer et faire craindre une mise en veille de la libération de la parole, et surtout de l’écoute, l’expérience #BalanceTonPorc en France montre que le contraire risque de se produire. Dans le procès balancetonporc, quand la première instance a conclu à une diffamation -avant que la cour d’Appel et de cassation ne déboute monsieur Brion qui m’avait attaquée pour avoir donné son nom dans un twitt, alors que je l’accusais de paroles déplacées- les femmes et victimes en général ont cessé de parler. Pour revenir de plus belle quelques semaines après le verdict, après le choc. Sous d’autres formes. Souvent de façon anonyme. Et bien plus violente qu’à découvert.

    Les effets des précédentes prises de parole

    C’est ainsi qu’est est né par exemple le -#balancetonagency pour dénoncer les abus dans le milieu de la publicité. Celui-ci a débouché sur des mises à pied chez Havas récemment et d’autres sanctions dans des agences moins connues. Mais cela a pris du temps deux ans de déferlement de témoignages. Puis, la fondatrice Anne Boistard, routarde de la pub, a désiré sortir de l’anonymat, après une très longue période d’hésitation. Le site #BalanceTonPorcOfficiel a été débordé de messages de femmes en colère qui cherchaient à défaut de pouvoir porter plainte un autre moyen de dénoncer.

    Les affaires PPDA ont culminé aussi alors que #balancetonporc se prenait un revers judiciaire et que Florence Porcel, plaignante contre le célèbre journaliste, voyait sa première plainte classée sans suite. Les autres femmes qui ont eu à subir les avances et plus de PPDA se sont organisées à plusieurs pour peser davantage. Plus de vingt d’entre elles ont décidé de parler.

    L’effet déception et colère ont, au lieu d’annihiler la parole, l’a décuplé. Avec ce procès Heard-Depp emblématique outre-Atlantique, les dénonciations risquent de se multiplier. Exactement l’inverse de l’effet escompté. Les femmes que l’on voudrait réduire au silence vont s’exprimer de plus belle.

    Après avoir perdu cette manche, Amber Heard vient de l’annoncer: elle va faire appel. Revanche d’une blonde.

    À voir également sur Le HuffPost: Les dessins de Johnny Depp à son procès ne sont pas passés inaperçus

    • chevron_right

      Le hastag #BalanceTonPorc n'est pas diffamatoire, tranche définitivement la justice

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 11 May, 2022 - 19:18 · 3 minutes

    Le hastag <a class=#BalanceTonPorc n'est pas diffamatoire, tranche définitivement la justice. Pierre Joxe et Eric Brion ont été définitivement déboutés des poursuites contre les femmes qui les accusent respectivement d’agression et de harcèlement sexuels. (Photo de Pierre Joxe en janvier 2010 par REUTERS/Charles Platiau (FRANCE - Tags: POLITICS OBITUARY)" src="https://img.huffingtonpost.com/asset/627c0a661e000050c71b4756.jpeg?cache=Z8zQjrX69y&ops=scalefit_630_noupscale" /> Le hastag #BalanceTonPorc n'est pas diffamatoire, tranche définitivement la justice. Pierre Joxe et Eric Brion ont été définitivement déboutés des poursuites contre les femmes qui les accusent respectivement d’agression et de harcèlement sexuels. (Photo de Pierre Joxe en janvier 2010 par REUTERS/Charles Platiau (FRANCE - Tags: POLITICS OBITUARY)

    JUSTICE - La Cour de cassation a rejeté ce mercredi 11 mai les pourvois de l’ex-ministre Pierre Joxe et de l’ancien patron de la chaîne Equidia Eric Brion , définitivement déboutés de leurs poursuites en diffamation contre les deux femmes qui les accusent respectivement d’agression et de harcèlement sexuels.

    Dans ces deux affaires emblématiques de la vague #Metoo de dénonciations des violences sexuelles, la plus haute juridiction de l’ordre judiciaire a estimé que la cour d’appel avait eu raison de considérer que les propos des deux accusatrices reposaient “sur une base factuelle suffisante” pour leur reconnaître “le bénéfice de la bonne foi”.

    Dans ses arrêts, la Cour ajoute que les propos incriminés, qui datent d’octobre 2017, contribuaient bien à “un débat d’intérêt général sur la dénonciation de comportements à connotation sexuelle non consentis de certains hommes vis-à-vis des femmes”.

    #BalanceTonPorc, ouverture des vannes

    L’affaire impliquant Pierre Joxe a débuté le 18 octobre 2017, trois jours après le lancement de #Metoo, lorsqu’Ariane Fornia, fille d’Eric Besson, ex-ministre de Nicolas Sarkozy, a publié un billet sur internet dans lequel elle affirmait avoir été victime d’agressions sexuelles dans sa jeunesse de la part d’un “ancien ministre de Mitterrand”.

    L’autre dossier examiné par la Cour de cassation a éclaté le 13 octobre 2017, quand la journaliste Sandra Muller a lancé le mot-dièse #BalanceTonPorc sur Twitter en appelant les femmes à dénoncer ceux qui les avaient harcelées dans le cadre professionnel.

    Dans la foulée, elle avait ouvert le bal, écrivant : “Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit. Eric Brion ex patron de Equidia #BalanceTonPorc”.

    En première instance, le tribunal avait donné raison aux deux plaignants qui s’estimaient diffamés, condamnant leurs accusatrices à des dommages et intérêts . Mais la cour d’appel de Paris avait ensuite infirmé ces jugements, le 31 mars et le 14 avril 2021, estimant que les dénonciations relevaient de la liberté d’expression.

    “Tout n’est plus permis [...] sous prétexte qu’on a une situation sociale”

    Lors de l’audience à la Cour de cassation, le 5 avril, l’avocate générale s’était prononcée pour la cassation des deux arrêts. Tout en rappelant “l’importance de la liberté fondamentale d’expression”, elle avait appelé à préserver “un équilibre” avec “la protection des droits individuels des citoyens” et à “insister sur la nécessité” de disposer d’”éléments de preuve permettant de caractériser la vraisemblance des faits rapportés” pour bénéficier de l’exception de la “bonne foi”.

    “On comprend enfin que la situation en 2022 (...) n’est plus la même, que tout n’est plus permis à l’égard des jeunes femmes sous prétexte qu’on a une situation sociale” et qu’“on doit pouvoir être en mesure de faire valoir sa position”, a réagi auprès de l’AFP Emmanuel Piwnica, avocat d’Ariane Fornia.

    “Ce n’est pas satisfaisant du tout”, a commenté au contraire Claire Waquet, avocate de Pierre Joxe. “Il y avait des raisons de considérer” que la conception de la cour d’appel d’une “base factuelle suffisante” était “un peu légère”, a-t-elle estimé, ajoutant qu’elle trouvait “inquiétant pour une accusation grave, niée par l’intéressé, qu’on ne prenne pas en compte que la mémoire peut se recomposer”.

    Pour Sandra Muller, “c’est un énorme soulagement”, a indiqué son avocat Cyril Lesourd, qui se réjouit que la Cour de cassation se soit “alignée” sur la “conception souple” de la “base factuelle suffisante” prônée par la Cour européenne des droits de l’homme, “en faisant primer la notion de liberté d’expression”.

    Eric Brion “est très déçu”, a réagi son conseil, Nicolas Bénoit, soulignant que “l’avocate générale avait requis de manière assez puissante et argumentée la cassation”.

    À voir également sur Le HuffPost: Inceste:“J’ai été agressée de 3 à 9 ans par un multirécidiviste”