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      La haine de la richesse et la haine du riche

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 21 February, 2023 - 04:15 · 11 minutes

    Nous ne manquons pas actuellement de prédicateurs de haine. Ils sont excellents, leurs discours sont diffusés et écoutés.

    La réforme des retraites et le retour à l’Impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ont stimulé la classe politique : madame Tondelier œuvre pour une « France sans milliardaire » ; monsieur Martinez veut leur couper l’électricité ; monsieur Mélenchon nous régale d’homélies vengeresses, les riches sont responsables du malheur des pauvres ; madame la ministre de la Culture plaide pour la disparition des chaînes télévisées possédées par le milliardaire Bolloré, cible aujourd’hui idéale .

    En réalité la haine de la richesse est un thème permanent dans l’histoire de la pensée et de la littérature, et un thème particulièrement choyé dans l’histoire de la France.

    Mais aujourd’hui il est plus populaire que jamais parce qu’il prend très facilement l’apparence de la justice sociale : critiquer les riches par envie et par jalousie n’est pas bien considéré, ces sentiments sont immoraux, ce sont même des péchés capitaux, alors que dénoncer l’injustice est dans le sens du progrès social. Le progrès social ne consiste-t-il pas à éliminer la pauvreté, donc à éliminer les riches qui fabriquent de la pauvreté ? Je pense qu’il est inutile de rappeler que la critique la plus acerbe du capitalisme et du libéralisme est celle du renard libre dans le poulailler libre . Or cette critique est aujourd’hui enrichie de statistiques conçues à cet effet : Thomas Piketty aurait « démontré » que l’écart ne cesse de se creuser entre riches patrons et pauvres salariés. Hayek avait déjà tordu le cou à cette fable dans « Le capitalisme et les historiens » et de nos jours plusieurs ouvrages dénoncent les truquages mensongers du puissant économiste français.

    Je ne désire pas reprendre à mon compte les analyses les plus récentes sur la haine des riches. D’abord parce que je ne partage pas certaines d’entre elles, en particulier celles qui mettent en avant la religion catholique qui serait si présente dans l’histoire de France. Je crois que la vraie religion est celle de l’étatisme et que la « fille aînée de l’Église » n’a cessé de s’opposer au Vatican ; d’ailleurs la déchristianisation de ce pays est actuellement consommée. Ensuite parce que défendre les milliardaires en disant qu’ils créent des emplois, qu’ils font honneur à la France, qu’ils font du mécénat, ne me semble pas suffire à expliquer pourquoi tant de haine et tant de crédulité chez ceux qui écoutent de si incroyables mensonges sur les riches.

    De mon point de vue il faut aller jusqu’à la racine de la haine, et comme bien d’autres économistes, historiens et philosophes, je la trouve dans la pensée socialiste qui ignore deux évidences :

    1. La richesse n’est pas acquise par la rente.
    2. Les riches doivent leur richesse à leur capital humain.

    De la valeur travail à la rente capitaliste

    La richesse naîtrait de la valeur créée par le travail.

    Comme les historiens de la pensée économique le savent, l’erreur sur l’origine de la richesse naît avec Adam Smith , tenu pour fondateur de la science économique. En avançant le concept de la valeur travail, Adam Smith a conclu que la valeur d’un produit naît de ce que désirent ceux qui ont passé contrat entre eux. C’est donc l’échange qui crée la valeur et non pas la quantité de travail contenue dans les produits échangés.

    Malheureusement cette idée de la valeur travail se répand au moment même où les physiocrates proposent leur explication de la richesse. Ils voient l’origine de la richesse dans l’exploitation de la terre : seule la nature est source de « produit net » (à la différence du commerce, de la finance, de la firme, qui accompagnent la révolution industrielle en Angleterre).

    Là-dessus vient David Ricardo . Admiré pour ses réussites financières cet économiste va tirer de la théorie des physiocrates l’idée que les propriétaires terriens sont également propriétaires de la richesse nationale et retirent une rente de leur position, la rente signifiant un revenu sans travail. Au Parlement Ricardo mène campagne contre les landlords du parti tory qui ont créé la loi sur les grains (Corn law) et bloquent les importations de blé en Angleterre, renchérissant ainsi le niveau des salaires et compromettant la compétitivité des industriels britanniques. Les propriétaires fonciers tirent donc leur richesse de la nature, qui est un bien donné à toute l’humanité et qu’on ne peut exploiter au détriment de la communauté, exploitation d’autant plus injuste qu’elle dépend aussi de la fertilité des terres, puisque le prix du marché se fixera en fonction de ces terres moins fertiles, terres marginales en quelque sorte. S’enrichir sans travail : voilà l’origine de la rente.

    Mais le problème s’aggrave lorsque le concept de rente va être utilisé par Marx et Engels pour critiquer non plus les propriétaires de capital foncier, mais les propriétaires du capital technique utilisé dans l’industrie : ce ne sont plus les landlords mais les entrepreneurs industriels qui exploitent le reste de la population. La richesse ne vient plus de la terre mais du travail des salariés de l’industrie et elle est confisquée par les employeurs qui versent aux employés un salaire juste suffisant pour leur permettre de survivre et de procréer.

    Cette hérésie se traduit en termes politiques par la lutte des classes : la classe des bourgeois rentiers a une position de force avec le soutien de l’État, de la famille et de la religion. Il faut donc supprimer ces « infrastructures » de la société. Le manifeste communiste en appelle à la Révolution, quitte à admettre à titre transitoire une « dictature du prolétariat ».

    Je crois qu’une large majorité de Français ignore totalement le poids de ces concepts de rente, d’exploitation, de profit, d’autant plus qu’ils sont repris de façon innocente ou stratégique (je ne sais pas) par de nombreux partis et hommes politiques qui se réfèrent toujours à la lutte des classes pour la mener d’une autre manière (le socialisme, le corporatisme, le fascisme) ou pour la neutraliser (le gaullisme, la sociale-démocratie).

    Du capital humain à la richesse

    Si le capitalisme était source de pauvreté et d’injustice sociale on ne pourrait comprendre l’évolution des indices de bien-être depuis deux siècles : hausse de l’espérance de vie ; hausse du niveau de connaissances ; accroissement de la productivité traduit en hausses des revenus, en diminution du temps de travail et de sa pénibilité ; amélioration de l’habitat et des loisirs… et tant d’autres changements réels. Sans doute la réalité n’est-elle pas perçue de la même manière par tout le monde : on en veut toujours plus et on croit en avoir moins que les autres.

    L’ égalitarisme a envahi la plupart des esprits, notamment en France. Il naît de plusieurs confusions :

    • d’une part l’égalité en dignité et l’ égalité en droit qui toutes deux sont conformes au droit naturel et sont inscrites dans les déclarations de droits individuels, et d’autre part l’égalité en richesse ;
    • d’une part l’égalité en revenus et l’égalité en patrimoine, c’est-à-dire la prise en compte ou au contraire l’ignorance de l’épargne constituée et de sa transmission intergénérationnelle ;
    • d’une part ce qui relève du mérite personnel et ce qui n’est dû qu’à des privilèges artificiels.

    Cette dernière confusion est sans doute la plus grave et la plus courante dans le monde contemporain où règne l’ État providence .

    Rappelons-nous ce qu’en disait Bastiat :

    « Je ne crois pas que le monde ait tort d’honorer le riche. Son tort est d’honorer indifféremment le riche honnête et le riche fripon. »

    Or, avec l’État providence, il y a beaucoup de riches fripons, c’est-à-dire de personnes qui ne s’enrichissent que par les privilèges accordés par l’État. Ces privilèges prennent des formes différentes : salaires plus élevés, retraites avantageuses, allocations et subventions, logements sociaux, etc.

    Ils ont rarement un rapport direct avec le travail effectué et comme disait un président de la République (qui n’était pas de gauche) on doit « gagner plus en travaillant moins ». Nombreux sont ceux qui gagnent bien leur vie sans travailler du tout. S’engage ensuite une course aux privilèges : on va regarder ce qu’obtiennent les autres et il faut au moins égaler leurs performances, sachant que les performances des uns signifient que les autres vont les payer.

    Frédéric Bastiat avait au contraire insisté sur le lien direct qui doit s’établir entre l’activité productive et la propriété privée, que précisément les collectivistes veulent supprimer :

    « L’homme naît propriétaire […] Les facultés ne sont que le prolongement de la personnalité, la propriété n’est que le prolongement des facultés. Séparer l’Homme de ses facultés c’est le faire mourir ; séparer l’Homme des produits de ses facultés c’est encore le faire mourir ».

    Donc, par comparaison, le riche honnête ne doit sa position qu’à ses mérites personnels. Il connaît et veut accroître ses « capacités personnelles ». Depuis Gary Becker on a l’habitude de parler de « capital humain » à propos de ces capacités. Elles sont le fruit de l’éducation (et la famille est ici déterminante), mais aussi des efforts individuels pour découvrir et améliorer ses performances.

    Il est maintenant avéré que la différence entre les niveaux personnels de revenus proviennent à coup sûr du niveau de capital humain accumulé par les études, les expériences, les formations. Dans les entreprises les plus performantes on mise principalement sur la qualité du personnel, son désir de faire mieux, sa créativité, son adhésion au projet commun. Voilà ce que pourrait être le « progrès social » : il n’a rien de social puisqu’il repose sur les performances personnelles. Reste à savoir si l’environnement social est favorable ou pas à l’épanouissement personnel : où en sont l’école, la famille, la formation professionnelle, la promotion et la stimulation ?

    Par contraste, quand la valeur personnelle n’est ni encouragée, ni même reconnue, quand une masse dispose de revenus importants sans faire le moindre effort, quand les subventions et les privilèges se sont multipliés, la masse de capital humain s’effondre. Il y a beaucoup de « riches fripons ». La friponnerie peut aller jusqu’à la corruption.

    On peut expliquer ainsi pourquoi la France a été la patrie des fripons. C’est qu’elle a toujours été le pays le plus politique, avec l’État le plus présent, le plus dirigiste, le plus jacobin . On peut parler d’exception française. Par conséquent la société est bloquée car tout changement majeur remet en cause les privilèges acquis. C’est la tyrannie du statu quo qui s’installe. Cela a été vrai dans l’Ancien Régime aussi bien qu’après la Révolution, car les Constituants entendaient mettre fin aux privilèges du clergé et de la noblesse, mais la Révolution s’est terminée par l’expulsion des propriétaires (nobles et clercs) et la prise des terres par les métayers : une spoliation légale. Et les privilèges très nombreux sont réapparus tout au long du XIX e siècle, pour atteindre un sommet avec les Quatrième et Cinquième Républiques.

    Voici d’ailleurs ce qui explique la haine de la richesse : c’est que la richesse a été au fil des siècles de plus en plus imposée ou confisquée de sorte que personne n’avait intérêt à la montrer. Il y a donc en France une tendance à cacher la richesse et la meilleure manière de le faire est de crier après les riches (les autres riches). Harpagon ne veut pas qu’il soit dit qu’il a un trésor enfoui.

    Dans un pays libre, comme c’était encore récemment le cas pour les États-Unis, il éait fréquent d’échanger très vite sur le montant de ses revenus et de son patrimoine. Mais le rêve américain, lui aussi, est sur le point de se dissiper. L’État fédéral s’est chargé de multiplier les déficits et la dette, les voix peuvent ainsi s’acheter facilement.

    Subventionner, redistribuer, fiscaliser, les milliardaires iront sans doute ailleurs. Je ne crois pas que ce soit en France : il n’y a pas de « rêve français » pour l’instant. On devrait y penser davantage : le libéralisme n’est pas la lutte de tous contre tous pour arracher le ballon du manège État, ce n’est pas la haine, c’est au contraire le retour au capital humain et à l’honnêteté, source d’harmonie sociale.

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      Taxons les riches et tout ira mieux

      Yves Montenay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 19 November, 2022 - 04:15 · 16 minutes

    Le Covid-19, le dérèglement climatique , la montée des dictatures et des guerres, les pénuries et l’inflation qui en résulte, tout cela est inintéressant : rétablissons l’ISF, taxons les dividendes et ces problèmes disparaîtront !

    Les besoins financiers de l’État ont explosé avec le « quoi qu’il en coûte » et les divers « boucliers » anti-inflation . Les tribunes se multiplient pour réclamer d’augmenter la pression fiscale sur « les riches ».

    La folie égalitaire est à la mode, se répand sur les réseaux sociaux et même dans des journaux réputés sérieux, tel que Le Monde . Dénoncer les inégalités à grand renfort d’articles choc rapporte des lecteurs et permet de gagner des voix.

    Mais pas la mienne.

    Quand on parle de « taxer les riches » ou de « réduire les inégalités », on oublie toujours de parler des conséquences économiques à court et moyen terme : l’égalitarisme généralise la pauvreté alors qu’il proclame la diminuer.

    Mais la mode égalitariste est toute-puissante même quand ce sont les pauvres qui y perdent…

    Commençons par un bref rappel historique expliquant pourquoi l’égalitarisme imprègne si profondément la mentalité française, contrairement aux pays anglo-saxons et aux protestants qui honorent la réussite professionnelle.

    Un égalitarisme très français

    Les racines historiques de l’égalitarisme en France

    La revendication égalitariste date en France du siècle des Lumières, dont les philosophes réagissaient aux privilèges de la noblesse et du clergé.

    Ces deux classes sociales étaient divisées : au sommet, on fréquentait la cour royale, inventée par Louis XIV pour maintenir sous sa coupe les nobles qui s’étaient révoltés lors de la Fronde, tandis qu’à la base de la noblesse et du clergé, on était beaucoup plus près du peuple et imprégné par les idées de réforme.

    D’où la transformation des états généraux convoqués par Louis XVI pour augmenter les impôts, en une Chambre des députés décidant les réformes. La base de la noblesse et du clergé s’est alors alliée au  tiers état, en grande partie composé de bourgeois, et ce sont ces groupes bien au courant des questions de production qui ont répandu l’image d’une noblesse de cour parasite.

    Remarquons qu’il s’agit d’une caractéristique française, alors qu’en Angleterre les gentlemen farmers n’étaient pas à la cour mais modernisaient leurs exploitations agricoles. Leur utilité sociale était évidente et la pression égalitariste moins forte. Par ailleurs, cette révolution agricole a permis de nourrir les ouvriers de la révolution industrielle, qui démarre justement à ce moment-là dans ce pays.

    À cela s’est ajouté, lors des troubles de la Révolution française, un courant violemment égalitariste, illustré notamment par Gracchus Babeuf qui milite pour « l’égalité parfaite », notamment par la nationalisation intégrale des activités. De multiples manifestations et écrits rejettent la « révolution bourgeoise », un terme qui sera popularisé plus tard par les marxistes. Il s’adresse aux « sans-culottes », à « la populace » disent ses adversaires. Il finit guillotiné en 1797 après avoir lancé « la conjuration des égaux » et restera une référence de plusieurs courants politiques français.

    Quelques dizaines d’années plus tard, Karl Marx va lancer le communisme qui vise lui aussi le clergé et les nouveaux nobles , les capitalistes.

    L’égalitarisme servira d’argument électoral pour des partis communistes ou analogues, alors qu’en URSS et dans les autres pays soviétisés, les anciennes classes sociales favorisées sont remplacées par une nomenklatura comblée d’avantages en nature ainsi que d’occasions de trafics et de corruption.

    Remarquons que le Parti communiste s’est massivement implanté en France et en Italie mais pas dans les pays protestants, anglo-saxons, germaniques ou scandinaves.

    L’égalitarisme c’est quoi ?

    Wikipédia en donne la définition suivante : « L’égalitarisme est une doctrine politique prônant l’égalité des citoyens en matière politique, économique et/ou sociale, selon les contextes. Dans un sens plus général, l’égalitarisme désigne une école de pensée qui donne la priorité à l’égalité de tous. »

    J’y suis opposé pour une raison de principe et une raison pratique : la limitation de la liberté et le nivellement par le bas.

    Quelques réflexions sur l’égalitarisme

    L’égalitarisme est non seulement une atteinte à la liberté mais aussi une idée très théorique de la vie, qui imagine le même fleuve tranquille pour des individus pourtant profondément différents.

    En pratique, on nivelle par le bas car c’est facile : pour les adultes, il suffit d’augmenter les impôts, alors que la redistribution est maladroite et coûteuse.

    Pour les enfants, il suffit de « simplifier » les programmes scolaires et de distribuer le bac à presque tout le monde. Il ne faut pas s’étonner ensuite des mauvais résultats des élèves français dans le classement international PISA.

    Une redistribution de l’ensemble de la richesse démotive ceux qui veulent travailler pour améliorer leur sort. Symétriquement, moins un individu génère de richesse, plus il bénéficiera de la redistribution.

    Cette démotivation d’une partie des meilleurs producteurs et la passivité des moins bons conduisent à l’appauvrissement général et notamment à la fin de la redistribution ! Nous aurons ainsi enfin l’égalité, mais dans la pauvreté.

    Cela a été réalisé partiellement en URSS : la grande masse s’est retrouvée dans cette situation mais le pays a quand même continué à fonctionner partiellement en distribuant des privilèges importants en argent et en nature à l’élite économique et politique ; par exemple des logements et des voitures de fonction, deux biens qui étaient très rares et motivaient fortement.

    C’est ainsi que l’égalitarisme généralise la pauvreté alors qu’il proclame la diminuer.

    Parlons donc un peu moins des inégalités et un peu plus de diminuer la pauvreté, en augmentant par exemple les qualifications. Pour cela, nous avons les modèles suisses et allemands à nos portes. Ce modèle inspire enfin la réforme actuelle de l’apprentissage : pour une fois le problème est pris par le bon bout !

    Pour encourager la production de la richesse nationale, dont tous bénéficient directement (profits) ou indirectement (redistribution), la taxation du capital ne doit pas décourager les investisseurs ni les entrepreneurs et doit au contraire s’inscrire dans le contexte européen et mondial.

    Pourtant, on entend de nouveau s’élever les voix pour demander le rétablissement de l’ISF.

    La querelle sur l’ISF rebondit

    De la création de l’IGF à l’ISF

    Nous sommes en 1981, Mitterrand a une élection à gagner. Il promet la retraite à 60 ans et une dure taxation des grandes fortunes : c’est l’IGF, l’impôt sur les grandes fortunes.

    Une fois élu, il applique ces deux bêtises mais doit rétropédaler sur la deuxième devant le massacre des PME et le chômage corrélatif qu’il entraîne.

    Déjà expert en infox ( fake news ), il dira « Le chômage, on n’y peut rien, on a tout essayé ». Mais devant la catastrophe, il finit par alléger considérablement l’IGF.

    Chirac, Premier ministre de cohabitation à partir de 1986, supprime l’ISF et est battu à la présidentielle de 1988 notamment parce qu’il a « favorisé les riches ».

    Je passe sur les différentes réformes de l’ISF pendant les 30 ans qui suivent, tous les gouvernements étant pris entre l’évidence de la nuisance de cet impôt qui écarte de la France les employeurs, nationaux comme étrangers et la crainte d’être accusés de « favoriser les riches ».

    Macron et l’ISF

    Et voilà qu’arrive 2017. Le candidat Macron est direct :

    « L’ISF fait fuir des investisseurs français et décourage des étrangers d’investir chez nous, ce qui explique une partie de notre chômage ».

    Une fois élu, il supprime l’ISF (ou plus exactement le remplace partiellement par un impôt sur l’immobilier, l’IFI), et ça marche : les « exilés fiscaux » reviennent, les étrangers investissent et le chômage diminue jusqu’au début de la pandémie.

    « Le nombre de demandeurs d’emploi a baissé de 3,3 % en 2019 en France […] Sur le marché du travail, le millésime 2019 aura été l’un des meilleurs de la décennie écoulée », écrivait Le Monde le 27 janvier 2020 .

    Et après la pandémie, la reprise d’activité a été très forte et le nombre de chômeurs sans activité en France a baissé de 12,6 % en 2021, à son plus bas niveau depuis la fin de 2012 (chiffres Pôle emploi). Depuis début 2022, le taux de chômage oscille entre 7,3 % et 7,4 % à un niveau inférieur de 0,9 point à celui d’avant la crise sanitaire (Insee).

    Est-il besoin de rappeler que la diminution des dépenses de chômage dégage des ressources pour tous les autres postes de dépenses ? Et que chaque personne remise en activité contribue par sa production, ses cotisations sociales et sa consommation à enrichir la nation ?

    Cela n’empêche pas les égalitaristes de clamer immédiatement que « supprimer l’ISF va augmenter les inégalités », et la campagne pour son rétablissement rebondit : « Macron est le président des riches ».

    Suppression de l’ISF : des critiques démagogiques et infondées

    Il faut rappeler que l’objectif de cette suppression de l’ISF était non seulement de ne pas décourager les étrangers d’investir en France et d’y implanter des cadres supérieurs très bien payés, mais aussi de diminuer l’exil fiscal , les deux privant le trésor français de contribuables intéressants, et faisait courir le risque que ces Français, devenus étrangers, laissent peu à peu tomber leurs entreprises françaises pour en développer d’autres dans leur nouveau pays.

    Nous avons vu que le premier objectif a été atteint, avec l’amélioration de l’image de la France qui avait la réputation de taxer les entreprenants et le retour des investisseurs étrangers. Le second a été atteint également puisque l’exil fiscal a diminué.

    Évolution des départs et retours des contribuables assujettis à l’ISF (jusqu’en 2017) puis à l’IFI Évolution des départs et retours des contribuables assujettis à l’ISF (jusqu’en 2017) puis à l’IFI

    Les articles dénonçant la suppression de l’ISF oublient également souvent d’énoncer qu’il n’a pas été totalement supprimé puisqu’il reste l’IFI qui taxe les grands propriétaires immobiliers, « parce que l’accroissement de la valeur de leur appartement ne vient pas d’une activité d’entrepreneur. »

    Bref, sur cette question, on voit fleurir des articles démagogiques non fondés économiquement.

    Même Le Monde , réputé sérieux, s’y est mis dans la foulée de la tribune régulière de Piketty qui répète sa dénonciation des inégalités sans se pencher sur les conséquences économiques des mesures fiscales qu’il propose.

    Se souvient-il de l’expérience suédoise, pays libéral économiquement mais à fortes fiscalité et redistribution, qui a été obligé de rétropédaler devant l’émigration des entrepreneurs et des cadres ? En effet, à partir d’un certain niveau d’impôt, la Suède a constaté que ses cadres émigraient, ce qui non seulement diminuait ses recettes fiscales mais surtout freinait l’ensemble de l’économie… avec pour effet de réduire encore plus les impôts perçus in fine .

    La querelle sur les dividendes des entreprises

    Il y a une querelle du même tonneau sur les dividendes reçus par les personnes physiques : surtaxés depuis 2013, ils s’étaient beaucoup réduits.

    Notre nouveau président ramène en 2017 leur imposition au niveau européen moyen et voilà les dividendes qui reviennent à la normale, donc ré-augmentent en 2018 et 2019.

    Scandale vite dénoncé par la presse. Sans doute faudrait-il que les riches renoncent à chercher une rémunération pour leurs investissements… mais continuent d’investir quand même !

    On oublie qu’après 2013, l’État a été perdant malgré la hausse nominale de la fiscalité, la baisse des dividendes ayant généré moins d’impôt.

    Au contraire, on constate que la baisse de la taxe sur les dividendes en 2017 a généré beaucoup plus de recettes fiscales du fait de l’élargissement de l’assiette en 2018 et 2019.

    Cela provient notamment du retour en France des contribuables recevant beaucoup de dividendes et d’une baisse des nouveaux départs de ces contribuables.

    Ce sont les résultats issus du troisième rapport du Comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du capital , publié en octobre 2021 et réactualisé par France Stratégie en octobre 2022, pour poursuivre l’analyse des réformes engagées notamment au titre de la transformation de l’ISF en IFI et de l’instauration du prélèvement forfaitaire unique et libératoire de 30 % – le PFU – sur les revenus du capital mobilier. On a constaté un changement d’état d’esprit des investisseurs internationaux pour qui la France a perdu sa réputation de taxation des entrepreneurs et de leurs cadres dirigeants. N’oublions pas que ce sont ces derniers qui, concrètement, décident des implantations à l’étranger.

    Cinq ans après ces réformes, le recul est maintenant suffisant pour confirmer que l’exil fiscal a diminué. Ce sont autant de gros contribuables qui restent en France pour le plus grand bénéfice de Bercy. Et non seulement eux mais aussi les entreprises qu’ils auraient développées à l’étranger s’ils étaient partis.

    Il faut également rappeler que l’argent des dividendes circule. Une partie va aux fonds de pension et finit dans la poche de modestes retraités, notamment américains et anglais, une autre est replacée par les bénéficiaires privés dans de nouvelles entreprises. C’est un moyen essentiel du renouvellement de notre tissu entrepreneurial.

    Trop d’impôt tue l’impôt

    Mais vous ne lirez rien de tel dans la presse égalitariste, dont le lecteur pense au contraire qu’une hausse du taux de l’impôt augmente les recettes de l’État et que sa baisse les diminue.

    C’est ignorer les enseignements des courbes de l’économiste Arthur Laffer , suivant lesquelles il n’est pas fiscalement rentable de dépasser un certain taux de prélèvement car une hausse des taux diminue in fine l’assiette fiscale.

    Pas besoin d’être scientifique pour comprendre qu’il vaut mieux pour l’État toucher 25 % de 1000 euros de dividendes distribués, soit 250 euros de recette fiscale, que de taxer à 33 % des dividendes réduits à 600 euros, soit 200 euros de recette fiscale.

    C’est l’adage bien connu : « trop d’impôt tue l’impôt. »

    Et c’est d’autant plus vrai que les acteurs économiques peuvent choisir de s’établir dans des pays à la fiscalité plus douce.

    Surtaxer les riches appauvrit tout le monde

    Or, comme une grande part des dépenses de l’État a un objectif social, diminuer les recettes en augmentant comme en 2013 l’impôt sur les dividendes, c’est appauvrir les pauvres .

    De la même façon, la suppression de l’ISF a entraîné une baisse des recettes fiscales beaucoup moins importante que prévu et cette petite baisse a été compensée par les impôts sur les activités générées.

    Au mépris d’un examen sérieux du résultat, la fin partielle de l’ISF et la taxation normale des dividendes sont ainsi présentées comme des scandales. Peu importe que l’emploi et le trésor public y gagnent !

    Le titre de l’article du journal Le Monde , mis à jour le 9 octobre, donne le ton : « Après la suppression de l’ISF, les revenus des 0,1 % les plus riches ont explosé en France ».

    C’est un manque de sérieux flagrant, l’augmentation de leurs revenus provenant de la hausse des dividendes et non de l’absence d’ISF, et n’étant qu’un retour à la normale européenne, comme expliqué plus haut.

    Enfin, se polariser sur les 0,1 % c’est réduire l’analyse à des cas très particuliers, dont beaucoup sont probablement accidentels. Je veux dire par là qu’ils ne figurent dans cette liste que pour une raison ponctuelle et donc n’en feront pas partie l’année suivante.

    « Non seulement ils sont riches, mais en plus ils en profitent »

    La presse égalitariste fourmille également de ce que j’appelle « des doublons logiques » qui enfoncent des portes ouvertes tout en criant au scandale pour faire vendre.

    Par exemple, cette presse exploite l’enquête Epicov coordonnée par l’Inserm, rendue publique le 9 octobre 2020 et dont la conclusion est que « le Covid-19 a accru les inégalités ».

    Les riches sont mieux logés

    En effet, premier « doublon », la « découverte » que les riches habitent dans des logements plus grands que les pauvres.

    C’est présenté comme un scandale et cette enquête souligne que de plus cela les met à l’abri de la promiscuité qui répand le virus chez les moins bien logés.

    Les logements des « riches » sont déjà taxés via l’impôt sur la fortune immobilière mais visiblement ça ne suffit pas. Qu’inventer pour établir une égalité de confort et de risque face au virus ? Interdire la propriété de logements de plus de 15 m² par personne ?

    Les riches bénéficient du télétravail

    Deuxième « doublon logique », les riches en général ne travaillent pas de leurs mains et peuvent donc télétravailler à partir d’une agréable résidence secondaire ou de tout autre endroit pittoresque. Ils peuvent éviter ainsi des heures de transport quotidien et donc échapper encore plus au virus !

    Alors que les pauvres doivent se rendre sur leur lieu de travail pour y être ouvrier, caissière, employé de banque… Il faut donc interdire le télétravail, tant pis si les contaminations augmentent !

    Notez au passage que sont oubliés les médecins, notamment hospitaliers, pourtant en première ligne face au virus…

    Les riches vivent mieux

    Indépendamment de la pandémie, j’entends aussi que les riches mangent davantage bio bien que ce soit plus cher, qu’ils peuvent se payer un abonnement à une salle de sport, ou, scandale, à un club de golf !

    On ajoute qu’ils peuvent faire des voyages confortables. Interdisons donc le bio, le sport et les voyages dans des hôtels de plus de deux étoiles !

    Les riches ont plus d’argent

    Le Monde enfonce le clou en écrivant : « L’épargne accumulée depuis le confinement est très majoritairement détenue par les Français les plus aisés » (octobre 2020). Quelle surprise ! Quel scandale !

    On pourrait continuer longtemps ainsi, résumons par un doublon logique général : « Non seulement ils sont riches, mais, en plus, ils ont de l’argent ! »

    Les ravages de la jalousie et du populisme sont dévastateurs.

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      Inégalités : je deviens allergique à la folie de l’égalitarisme !

      Yves Montenay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 22 October, 2020 - 02:35 · 9 minutes

    Par Yves Montenay.

    La folie égalitaire se répand sur les réseaux sociaux et même dans des journaux réputés sérieux : la Covid-19 , le chômage , la montée des dictatures et des guerres, tout cela est inintéressant.

    En 2020, pour rester à la mode, il faut dénoncer les inégalités . Ça apporte des lecteurs et permet de gagner des voix.

    Mais pas la mienne.

    D’abord, l’égalitarisme c’est quoi ?

    Wikipédia en donne la définition suivante :

    L’égalitarisme est une doctrine politique prônant l’égalité des citoyens en matière politique, économique et/ou sociale, selon les contextes. Dans un sens plus général, l’égalitarisme désigne une école de pensée qui donne la priorité à l’égalité de tous.

    J’y suis opposé pour une raison de principe et une raison pratique : la limitation de la liberté et le nivellement par le bas.

    Quelques réflexions sur l’égalitarisme

    L’égalitarisme est non seulement une atteinte à la liberté mais aussi une idée très théorique de la vie qui imagine le même fleuve tranquille pour des individus pourtant profondément différents.

    En pratique, on nivelle par le bas car c’est facile : pour les adultes, il suffit d’augmenter les impôts, alors que la redistribution est maladroite et coûteuse . Pour les enfants, il suffit de « simplifier » les programmes scolaires et de distribuer le bac à presque tout le monde . Il ne faut pas s’étonner ensuite des mauvais résultats des élèves français dans le classement international PISA.

    Une redistribution de l’ensemble de la richesse démotive ceux qui veulent travailler pour améliorer leur sort. Symétriquement, moins un individu génère de richesse, plus il bénéficiera de la redistribution.

    Cette démotivation d’une partie des meilleurs producteurs et la passivité des moins bons conduit à l’appauvrissement général et notamment à la fin de la redistribution ! Nous aurons ainsi enfin l’égalité, mais dans la pauvreté.

    Cela a été réalisé partiellement en URSS : la grande masse s’est retrouvée dans cette situation, mais le pays a quand même continué à fonctionner partiellement en distribuant des privilèges importants en argent et en nature à l’élite économique et politique, par exemple des logements et des voitures de fonction, deux biens qui étaient très rares et motivaient fortement.

    Finalement l’égalitarisme généralise la pauvreté alors qu’il proclame la diminuer.

    Parlons donc un peu moins des inégalités et un peu plus de diminuer la pauvreté, en augmentant par exemple les qualifications. Pour cela nous avons les modèles suisses et allemands à nos portes.

    Mais, réfléchir, c’est fatigant. Mieux vaut dénoncer !

    Voici quelques exemples.

    La querelle sur l’ISF rebondit

    Nous sommes en 1981, Mitterrand a une élection à gagner. Il promet la retraite à 60 ans et une dure taxation des grandes fortunes : c’est l’IGF, impôt sur les grandes fortunes.

    Une fois élu, il applique ces deux bêtises, mais doit vite fait rétropédaler sur la deuxième devant le massacre des PME et le chômage corrélatif qu’il entraîne. Déjà expert en infox ( fake news ), il dira « Le chômage, on n’y peut rien, on a tout essayé ». Mais devant la catastrophe, il finit par alléger considérablement l’IGF, qui devient l’ISF.

    Jacques Chirac , Premier ministre de cohabitation à partir de 1986, supprime l’ISF et est battu à la présidentielle de 1988 notamment parce qu’il a « favorisé les riches ».

    Je passe sur les différentes réformes de l’ISF pendant les 30 ans qui suivent, tous les gouvernements étant pris entre l’évidence de la nuisance de cet impôt qui écarte de la France les employeurs, nationaux comme étrangers, et la crainte de se faire accuser de « favoriser les riches « .

    Et voilà qu’arrive 2017. Le candidat Macron est direct :

    L’ISF fait fuir des investisseurs français et décourage des étrangers d’investir chez nous, ce qui explique une partie de notre chômage.

    Une fois élu, il supprime l’ISF , ou plus exactement le remplace partiellement par un impôt sur l’immobilier, l’IFI. Et ça marche : les exilés fiscaux reviennent, les étrangers investissent et le chômage diminue jusqu’au début de la pandémie.

    Le nombre de demandeurs d’emploi a baissé de 3,3 % en 2019 en France […] Sur le marché du travail, le millésime 2019 aura été l’un des meilleurs de la décennie écoulée. Le Monde – 27 janvier 2020 .

    Mais on clame immédiatement que supprimer l’ISF va augmenter les inégalités, et la campagne pour son rétablissement rebondit.

    Idem pour les dividendes

    Il y a une querelle du même tonneau sur les dividendes reçus par les personnes physiques : surtaxés depuis 2013, ils s’étaient beaucoup réduits.

    Notre nouveau président ramène en 2017 leur imposition au niveau européen moyen, et voilà les dividendes qui reviennent à la normale, donc ré-augmentent en 2018 et 2019.

    Scandale vite dénoncé par la presse. Sans doute faudrait-il que les riches renoncent à chercher une rémunération pour leurs économies !

    On oublie qu’après 2013, l’État a été perdant malgré la hausse nominale de la fiscalité, la baisse des dividendes ayant généré moins d’impôt.

    Au contraire, on constate que la baisse de la taxe sur les dividendes en 2017 a généré beaucoup plus de recettes fiscales du fait de l’élargissement de l’assiette en 2018 et 2019.

    Ce sont les résultats issus du second rapport du Comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du capital , publié le 8 octobre 2020 pour poursuivre l’analyse des réformes engagées notamment au titre de la transformation de l’ISF en IFI et de l’instauration du Prélèvement forfaitaire unique et libératoire de 30 % -le PFU- sur les revenus du capital mobilier.

    Mais pas un mot sur ce sujet dans la presse égalitariste, dont le lecteur pense au contraire qu’une hausse du taux de l’impôt augmente les recettes de l’État et que sa baisse les diminue.

    C’est ignorer les enseignements des courbes de l’économiste Arthur Laffer , suivant lesquelles il n’est pas fiscalement rentable de dépasser un certain taux de prélèvement car une hausse des taux diminue in fine l’assiette fiscale.

    C’est notre adage bien connu : « trop d’impôt tue l’impôt »

    Et c’est d’autant plus vrai dans une économie mondialisée où les acteurs économiques peuvent choisir de s’établir dans des pays à la fiscalité plus douce . Souvenez-vous la social-démocratie suédoise : ce pays cultive un système capitaliste qui accroît les richesses, et une fiscalité assez forte pour les redistribuer. Mais à partir d’un certain niveau d’impôt, il a constaté que ses cadres émigraient, ce qui non seulement diminuait les recettes fiscales mais surtout freinait l’ensemble de l’économie et notamment encore plus les recettes fiscales.

    Or, comme une grande part des dépenses de l’État a un objectif social, diminuer les recettes en augmentant comme en 2013 l’impôt sur les dividendes, c’est appauvrir les pauvres .

    De la même façon, la suppression de l’ISF a entraîné une baisse des recettes fiscales beaucoup moins importante que prévu et cette petite baisse a été compensée par les impôts sur les activités générées.

    Au mépris d’un examen sérieux du résultat, la fin partielle de l’ISF et la taxation normale des dividendes sont ainsi présentés comme des scandales. Peu importe que l’emploi et le trésor public y gagnent !

    Le titre de l’article du journal Le Monde , mis à jour le 9 octobre, donne le ton « Après la suppression de l’ISF, les revenus des 0,1 % les plus riches ont explosé en France ». C’est un manque de sérieux flagrant, l’augmentation de leurs revenus provenant de la hausse des dividendes et non de l’absence d’ISF, et n’étant qu’un retour à la normale européenne, comme expliqué plus haut.

    Enfin, se polariser sur les 0,1 % c’est réduire l’analyse à des cas très particuliers, dont beaucoup sont probablement accidentels, je veux dire par là qu’ils ne figurent dans cette liste que pour une raison ponctuelle, et donc n’en feront pas partie l’année suivante.

    À ces deux affirmations biaisées, la presse égalitariste ajoute ce que j’appelle des doublons logiques.

    En voici quelques échantillons.

    Il est insupportable que les riches profitent de leur argent

    Tout d’abord, cette presse exploite l’enquête Epicov coordonnée par l’Inserm, rendue publique le 9 octobre 2020 et dont la conclusion est que « le Covid-19 a accru les inégalités » . En effet, premier doublon, la « découverte » que les riches habitent dans des logements plus grands que les pauvres.

    C’est présenté comme un scandale, et cette enquête souligne que, de plus, cela les met à l’abri de la promiscuité qui répand le virus chez les moins bien logés.

    Les logements des « riches » sont déjà taxés via l’Impôt sur la Fortune Immobilière, mais visiblement ça ne suffit pas. Que va-t-on inventer pour établir une égalité de confort et de risque face au virus ? L’interdiction de la propriété de logements de plus de 15 m² par personne ?

    Deuxième doublon logique, les riches en général ne travaillent pas de leurs mains, et peuvent donc télétravailler à partir d’une agréable résidence secondaire ou de tout autre endroit pittoresque. Ils peuvent éviter ainsi des heures de transport quotidien, et donc échapper encore plus au virus !

    Alors que les pauvres doivent se rendre sur leur lieu de travail pour y être ouvrier, caissière, employé de banque… Il faut donc interdire le télétravail, tant pis si les contaminations augmentent !

    Notez au passage qu’on oublie les médecins, notamment hospitaliers, qui sont en première ligne face au virus…

    Indépendamment de la pandémie, j’entends aussi que les riches mangent davantage bio bien que ce soit plus cher, qu’ils peuvent se payer un abonnement à une salle de sport, ou, scandale, à un terrain de golf !

    On ajoute qu’ils peuvent faire des voyages confortables. Interdisons donc le bio, le sport et les voyages dans des hôtels de plus de deux étoiles !

    Le Monde enfonce le clou ce 12 octobre en écrivant : « L’épargne accumulée depuis le confinement est très majoritairement détenue par les Français les plus aisés ». Quelle surprise ! Quel scandale !

    Le Monde daté du 13 octobre embraye sur la fiscalité « anti-riches » avec comme grand titre à la Une : « La crise ravive le débat sur la fiscalité des riches ».

    On pourrait continuer longtemps ainsi, résumons par un doublon logique général :  Non seulement ils sont riches, mais, en plus, ils ont de l’argent !

    La mode égalitariste est toute-puissante, même quand ce sont les pauvres qui y perdent.

    Le Monde a sacrifié à cette mode en confiant une tribune hebdomadaire à Piketty.

    On recycle ce slogan du langage populaire de jadis : « les grands, on leur coupera le ciboulot, faut qu’tout le monde y soye égaux. »

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