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      USA : la vente de plasma, nouvelle forme de marchandisation du corps

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Thursday, 31 August, 2023 - 13:22 · 14 minutes

    Les États-Unis figurent parmi les cinq pays au monde qui autorisent la vente de plasma. 20 millions de « donneurs », appartenant généralement aux couches les plus pauvres de la population, en ont fait un moyen de compléter leurs revenus. Si ces « dons » permettent de sauver des vies, les abus des grands laboratoires qui contrôlent ce secteur ont transformé un acte à l’origine désintéressé en une exploitation du corps des plus défavorisés. Jusqu’à parfois mettre en danger leur santé… Article de notre partenaire Jacobin , traduit par Albane Le Cadec et édité par William Bouchardon.

    Aseptisées et froides, les cliniques de plasma ont un aspect peu chaleureux pour les donneurs. Assis pendant une heure, ces derniers attendent que leur sang soit pompé de leurs bras vers une centrifugeuse qui sépare le plasma des globules rouges. Une fois extrait, le plasma est mis en sac, étiqueté et congelé, tandis que les cellules sanguines restantes – désormais à température ambiante, donc plus froides qu’à leur départ – sont réinjectées dans le corps du donneur avec un liquide chimique qui empêche la coagulation. Les donneurs de plasma récupèrent alors leur sang, mais celui-ci est froid et artificiel. En outre, une forte odeur – mélange d’effluves de produits chimiques et de fer, très présent dans le sang – imprègne ces bâtiments. Bref, une atmosphère froide dans tous les sens du terme.

    La journaliste américaine Kathleen McLaughlin a passé un entretien pour un emploi dans ce genre de clinique. Atteinte d’une maladie chronique qui la force à recevoir du plasma régulièrement, elle voulait comprendre d’où venait celui-ci. Embauchée en tant que phlébotomiste, elle a aidé à administrer les quelque 1 200 dons hebdomadaires de la clinique où elle travaillait. Sauf que McLaughlin n’avait aucune formation médicale. Mais cela importait peu : les managers étaient plus intéressés par son expérience en matière de service client. La capacité de percer une veine est certes importante, mais une attitude bienveillante au chevet du patient l’est peut-être davantage pour un secteur qui ne peut survivre sans un afflux constant de donneurs, des nouveaux comme des fidèles, venant remplir les fauteuils inclinables de la clinique sept jours sur sept.

    Basée au Michigan, au cœur la « Rust Belt » (la ceinture de la rouille désigne l’Amérique post-industrielle de la région des Grands Lacs, ndlr), McLaughlin a longtemps travaillé sur l’effondrement de l’industrie automobile américaine. Peu à peu, elle remarqua une vraie floraison de cliniques de plasma dans les villes déshéritées. Ne pouvant donner elle-même du plasma pour des raisons de santé, elle est allée à la rencontre des donneurs pour les interroger sur cette véritable industrie. Ses recherches ont d’abord débuté sur les parkings des cliniques, dans tous les coins des Etats-Unis, de Flint (Michigan) à une ville universitaire mormone de l’Idaho en passant par la frontière américano-mexicaine.

    Receuillir des données sur l’industrie du plasma, dirigée par des entreprises privées, ne fut pas simple. Au départ, la journaliste estimait le nombre de donneurs américains à quelques centaines de milliers. Mais en se basant sur le nombre d’unités de plasma vendues chaque année, elle a vite évalué ce chiffre à près de vingt millions de personnes par an. Il ne s’agit là que d’une des nombreuses révélations de cette industrie méconnue que McLaughlin dévoile dans son livre Blood Money: The Story of Life, Death, and Profit Inside America’s Blood Industry , paru cette année.

    Une industrie mondialisée

    Le don rémunéré de plasma, que l’on peut qualifier de vente, n’est autorisé que dans cinq pays dans le monde. Parmi eux, les États-Unis ont la politique la plus généreuse en ce qui concerne la fréquence des dons. L’Allemagne autorise par exemple à donner son plasma jusqu’à cinquante fois par an, avec des examens de santé intensifs toutes les quatre visites. Aux États-Unis, les gens peuvent donner leur plasma 104 fois par an et les compensations financières des cliniques les incitent à le faire aussi souvent que possible.

    En 2005, les USA comptaient environ 300 cliniques de plasma. Aujourd’hui, ce chiffre a presque triplé. Dès lors, il n’est pas surprenant que les États-Unis soient le plus grand exportateur de plasma humain, fournissant les deux tiers de l’approvisionnement mondial. En fait, selon Blood Money , les produits sanguins représentaient près de 3 % des exportations des États-Unis en 2021. Il faut dire que ce liquide est convoité : les médicaments dérivés du plasma sont distribués dans le monde entier et utilisés pour la recherche, en chirurgie et pour traiter les déficits immunitaires, l’hémophilie, les troubles sanguins et les troubles neurologiques.

    Si le don est payé, le temps nécessaire pour se rendre à la clinique et celui de la récupération physique, lorsque la fatigue s’installe et qu’il n’est pas possible de travailler, ne l’est pas.

    Bénéficiant de médicaments très coûteux pour traiter sa maladie – 12.000 dollars par dose d’après son assurance – McLaughlin s’est demandé combien étaient payés les donneurs. La somme varie d’une clinique à l’autre, mais s’élève en moyenne à 40 dollars par visite, généralement versés sur une carte de débit prépayée. Afin d’attirer les nouveaux donneurs et de fidéliser leurs dons, ceux-ci sont mieux rémunérés lors des premiers dons puis selon leur fréquence. Mais au premier rendez-vous manqué, le prix d’achat retombe à son niveau le plus bas. Avec ce système « gamifié », en faisant un don deux fois par semaine ou en s’inscrivant pour bénéficier des promotions et bons de réduction, un donneur peut gagner de 800 à 1 200 $ chaque mois uniquement en vendant son plasma.

    Cependant, pour obtenir cette somme, le donateur doit faire un calcul minutieux. Car, si le don est payé, le temps nécessaire pour se rendre à la clinique et celui de la récupération physique, lorsque la fatigue s’installe et qu’il n’est pas possible de travailler, ne l’est pas. Les donneurs doivent également bien s’hydrater et avoir une alimentation saine et riche en protéines avant de faire un don. A titre d’exemple, si leur niveau de protéines n’est pas à la hauteur, leur sang peut être refusé, sans compensation pour le temps perdu et les frais de transports. Un donneur a confié à McLaughlin consacrer environ 5% de ses revenus au régime spécial requis par les dons de plasma réguliers. D’après lui, les collations légères fournies par les cliniques sont ridicules par rapport aux coûts physiques pour le donneur. Au moins lors d’une collecte de sang, les cookies sont offerts.

    Altruisme et revenus

    Parallèlement à ses entretiens et à son ethnographie, McLaughlin propose dans son livre des détours historiques, dressant ainsi un tableau plus large du don de sang et de plasma. Elle raconte notamment l’histoire du docteur Charles Drew, un médecin afro-américain qui, malgré un racisme intense, fut un pionnier du stockage et du transport du sang dans les années 1940 – un atout qui s’est avéré essentiel pour les forces alliées pendant la Seconde Guerre mondiale. Son livre nous emmène également à la rencontre de l’économie florissante du plasma dans la province chinoise du Henan dans les années 1990, encouragée par l’Etat pour enrichir les populations locales, à l’époque pauvres. Un modèle poussé jusqu’à l’excès, qui a conduit à une infection massive au VIH largement dissimulée par le gouvernement.

    Aux Etats-Unis, ce problème du sang contaminé n’existe pas : les progrès technologiques permettent de traiter le sang thermiquement pour éviter toute contamination. Mais l’appui sur des populations pauvres, comme en témoigne l’expansion rapide du réseau de cliniques dans les zones à faibles revenus, s’y retrouve également. Selon McLaughlin, « c’est une industrie qui exploite le manque de protection sociale aux Etats-Unis, pour mettre les fins de la médecine et du profit. »

    Une partie de cette exploitation semble être liée à une tension inhérente entre altruisme et revenus dans ce secteur. Dès qu’ils franchissent la porte, les donneurs sont submergés d’images marketing d’adultes et d’enfants souriants, des étrangers sans visage qui bénéficient de médicaments salvateurs fabriqués à partir de leur plasma.

    Parmi la centaine de donneurs interrogés par McLaughlin, aucun ne donne de plasma par humanisme, tous le font car ils ont besoin d’argent.

    En théorie, donner du plasma, c’est comme donner du sang lors d’une collecte locale : il s’agit de faire don d’une substance corporelle vitale pour le bien commun. Cependant, comme le don de plasma prend au moins une heure, tandis que le don de sang est rapide et moins pénible, la loi américaine prévoit que les « donneurs » soient payés pour le temps qu’ils ont consacré à ce don. Une distinction que McLaughlin considère « totalement arbitraire ». Surtout, de nombreuses organisations, notamment l’Organisation mondiale de la santé, découragent le paiement du sang en invoquant des raisons de sécurité. En effet, quand il est question d’argent, les gens peuvent mentir sur leur état de santé.

    La transaction monétaire autour du don de plasma « repose sur un mythe selon lequel la plupart des gens vendent leur plasma pour aider des gens comme moi, et non principalement pour l’argent qu’ils gagnent en le faisant », écrit McLaughlin. Mais son enquête confirme qu’il s’agit d’une supercherie : parmi la centaine de donneurs interrogés par McLaughlin, aucun ne donne de plasma par humanisme, tous le font car ils ont besoin d’argent. Certes, l’argent du don de plasma n’est pas suffisant pour constituer un revenu complet, du moins aux États-Unis, mais il permet de compléter un salaire, d’aider à payer son loyer ou à rembourser un prêt étudiant. Parfois, il permet aussi d’accéder aux petits luxes que les gens ne peuvent pas se permettre autrement, comme des vacances.

    Les mexicains désargentés, cible de choix

    Malgré l’insistance de l’industrie sur le caractère altruiste du don de plasma, il existe un exemple récent et très spécifique où le don de plasma a été traité comme un travail : la frontière entre les États-Unis et le Mexique, l’un des terrains d’enquêtes de McLaughlin. Avant la pandémie de Covid-19, environ un millier de ressortissants mexicains traversaient chaque semaine la frontière américaine pour donner du plasma dans la cinquantaine de cliniques de la région d’El Paso, au Texas. Si les gardes-frontières étaient conciliants, il était possible de traverser la frontière et de revenir à Juárez en quatre heures. Alors que le Mexique interdit la vente de plasma sur son territoire, la traversée de la frontière représente un moyen parmi d’autres pour les Mexicains pauvres de ramener de l’argent à leurs familles.

    En juin 2021, l’autorité américaine des douanes et de la protection des frontières publie une déclaration indiquant que le don de plasma serait dorénavant considéré comme de la « main-d’œuvre contre rémunération ». Concrètement, les milliers de donneurs de plasma mexicains qui traversaient temporairement la frontière avec les États-Unis avec un visa de visiteur ont désormais besoin d’un visa de travail. Étonnement, le fait que le don de plasma était considéré comme un travail à la frontière n’a pas fait parler dans le reste du pays.

    A la suite de cette déclaration, les dons à la frontière, déjà ralentis en raison de la pandémie, se sont taris. La contre-attaque de l’industrie du plasma ne s’est pas faite attendre : l’année suivante, les deux plus grandes sociétés de plasma, le laboratoire espagnol Grifols Espagne et son concurrent australien CSL, se sont associées pour contester en justice l’obligation de visa de travail.

    Une action judiciaire qui a permis de révéler les statistiques de l’industrie du plasma, jusque-là inaccessibles car protégées par le secret des affaires. Alors que la plupart des cliniques de plasma aux États-Unis reçoivent autour d’un millier de dons par semaine, celles situées à la frontière en recevaient 2 300. Sur plus d’un millier de cliniques américaines, les cinquante-deux situées le long de la frontière fournissaient jusqu’à 10% de l’approvisionnement total en plasma des États-Unis.

    On comprend dès lors mieux pourquoi ces entreprises ont voulu obtenir la suppression de l’obligation de disposer d’un visa de travail : celle-ci nuisait à leurs résultats financiers. Finalement, ils eurent gain de cause. L’argument qui a convaincu le juge de district fédéral ? Le caractère humaniste et altruiste du don de plasma. Selon le média d’investigation Pro Publica , la juge a déclaré que « sa décision d’accorder une mesure provisoire reflétait le besoin crucial de plasma sanguin pour fabriquer des médicaments qui sauvent des vies ».

    Un produit qui n’a pas de prix

    Bien sûr, il est indéniable que les médicaments fabriqués à partir de plasma contribue à sauver des vies. Personne, y compris McLaughlin, ne milite pour l’arrêt des dons de plasma, rémunérés ou non. Mais, si les donneurs sont payés, ils devraient l’être équitablement : pas seulement pour le temps qu’ils ont consacré au don, mais pour avoir fourni un bien inestimable extrait de leur corps et dont les effets à long terme méritent davantage de recherches. Avec un salaire standard et juste, les donateurs n’auraient pas à jongler entre les déplacements à la clinique ou les inscriptions aux multiples promotions et coupons pour gagner leur vie.

    Afin d’imaginer un modèle alternatif, McLaughlin s’est penché sur l’éphémère syndicat des donneurs de sang dans la ville de New York des années 1930. Avant l’avènement des banques de sang du docteur Drew, les donneurs devaient se rendre immédiatement dans une clinique lorsqu’un malade nécessitant une transfusion arrivait en salle d’opération. Par l’intermédiaire du Blood Givers’ Union, affilié à la Fédération américaine du travail, les donneurs de sang se sont organisés pour établir des prix minimums bien rémunérés, calculés au dixième de litre de sang donné. Le syndicat s’est ensuite effondré avec la Seconde Guerre mondiale avec l’avènement des banques de sang, qui a affaibli le pouvoir de négociation des donneurs.

    Considérer le don de plasma comme un travail peut choquer. Mais après tout, il ne s’agit que d’une des nombreuses façons légales, voire encouragées, de vendre des parties de son corps aux Etats-Unis.

    Si le don de plasma était considéré comme un travail, note McLaughlin, les membres d’un syndicat du même type se compteraient par millions. Ce syndicat pourrait fixer un prix minimum équitable pour le plasma et établir des fréquences de don acceptables plutôt que de précipiter les donneurs toutes les deux semaines à la clinique, permettant ainsi au corps des donneurs de se remettre de la perte de protéines essentielles.

    Considérer le don de plasma comme un travail peut choquer. Mais après tout, il ne s’agit que d’une des nombreuses façons légales, voire encouragées, de vendre des parties de son corps aux Etats-Unis. Outre-Atlantique, des millions de personnes – y compris des parents, des employés à temps plein et des personnes très diplômées – sont contraintes de vendre l’un de leur fluide corporel les plus précieux pour pouvoir se nourrir ou se loger. Sans parler du système de santé privatisé, qui force par exemple des patients diabétiques à lancer des cagnottes en ligne pour se payer leur traitement.

    L’altruisme et le don non rémunéré paraissent un horizon encore plus lointain pour les Etats-Unis que la constitution d’une sorte de syndicat de donneurs. Pour McLaughlin, le don altruiste suppose que les besoins fondamentaux soient satisfaits, sinon les donneurs seront rares. Par pessimisme, McLaughlin ne pense pas qu’une protection sociale digne de ce nom émerge aux Etats-Unis et permette d’adopter le modèle français du don non rémunéré, raison pour laquelle elle plaide pour l’alliance des donneurs face aux laboratoires. Cela permettrait au moins de mieux préserver leur santé, dont sont peu soucieuses les entreprises pharmaceutiques, malgré tous les posters de patients radieux dont elles décorent leurs cliniques.

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      Éclipse solaire du 14 octobre 2023

      dkxone · Tuesday, 1 August, 2023 - 19:46 edit

    https://eclipse.gsfc.nasa.gov/SEplot/SEplot2001/SE2023Oct14A.GIF
    https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/d/d1/SE2023Oct14A.gif/220px-SE2023Oct14A.gif

    Commençant dans le Pacifique Nord, cette éclipse traversera l'Ouest des États-Unis, puis le Golfe du Mexique, passera par la péninsule du Yucatan, longera l'Amérique centrale, puis continuera en Amérique du Sud traversant la Colombie, puis le Brésil pour finir dans l'Atlantique, au large de la pointe Est du Brésil. #Eclipse #soleil #lune #AmériqueCentrale #Belize #Mexique #CostaRica #Panama #Honduras #Colombie # Brésil

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      Blanca Jiménez : « Au Mexique, la lutte contre la corruption permet de répondre aux besoins des plus pauvres »

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Tuesday, 25 April, 2023 - 23:54 · 14 minutes

    Depuis l’élection d’Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO), la politique intérieure et étrangère du Mexique détonnent. Les mesures d’accroissement des bas revenus ont été saluées par la gauche, tandis que son rejet de l’hégémonie nord-américaine en Amérique latine a fait apparaître le pays comme un nouveau pôle de non-alignement. Nous avons rencontré l’ambassadrice Blanca Jiménez, ambassadrice du Mexique en France. Entretien réalisé et édité par Julien Trevisan, photos de Pablo Porlan.

    LVSL – Sur le plan de la politique étrangère, l’un des points centraux mis en avant par votre gouvernement réside dans la lutte contre la circulation d’armes à feu en provenance des États-Unis. Le Secrétaire mexicain des Relations extérieures, Marcelo Ebrard, a sur ce point porté plainte devant des tribunaux des États-Unis contre des fabricants et des vendeurs d’armes pour que cesse leur trafic et leurs usages illicites au sein du Mexique. Où en est le processus à l’heure actuelle ? Comment cette action en justice a-t-elle été réceptionnée ?

    BJ – Vous faites bien de rappeler que les armes utilisées par les cartels proviennent des États-Unis : au Mexique, aucune arme n’est produite. Certaines armes, produites aux États-Unis, sont d’ailleurs « stylisées » en vue d’être vendues à des membres des cartels de drogue. Concernant le processus judiciaire, nous avons lancé deux actions. La première a visé les fabricants d’armes. Elle n’a pas abouti et nous avons fait appel de la décision.

    Cela témoigne, d’ailleurs, d’une contradiction profonde des États-Unis : vous pouvez porter plainte contre un médicament ou un jouet qui vous a fait du tort et vous aurez une chance de gagner le procès. En revanche, quand il s’agit des armes à feux, la démarche a peu de chance d’aboutir. Cela témoigne d’un fort lobbying de la part des fabricants d’armes. La seconde vise les vendeurs d’armes à feu et a pour but d’obtenir un contrôle accru sur la vente. Celle-ci est toujours en cours.

    Il est crucial que nous obtenions des avancées sur ce point tant le nombre de morts et le nombre de blessés par armes à feu provenant des États-Unis est effroyable. Et encore, dans les estimations que l’on voit passer, les migrants, qui traversent le Mexique pour rejoindre les États-Unis, qui sont victimes de ces armes ne sont pas comptabilisés et leurs familles n’ont plus aucune nouvelle d’eux. Nous sommes en train de construire des centres de reconnaissance des corps pour que celles-ci sachent ce qui est arrivé, où le défunt se trouve…

    Ce problème des armes à feu empoisonne notre pays et aussi les États-Unis car il permet le trafic de drogue. Il faut donc lutter contre ces deux fléaux ensemble et ne pas simplement rejeter l’entièreté de la faute du trafic de drogue sur le Mexique en écartant d’un revers de la main le trafic d’armes comme c’est habituellement fait par les États-Unis.

    LVSL – Avec l’arrivée au pouvoir du président Andrés Manuel López Obrador et la mise en place de la « quatrième transformation », la lutte contre la corruption a été érigée en priorité nationale. Quelles formes ont pris les résistances contre cette lutte ?

    BJ – Avant de rentrer dans les détails de la lutte contre la corruption, il faut expliquer pourquoi celle-ci est primordiale à nos yeux. Il faut savoir que l’essentiel du budget fédéral est consacré au paiement de la dette. Seule une mince partie sert effectivement à payer les services et investissements publics et les aides sociales. Il ne faut donc pas que cette maigre partie soit rognée. Comme le président a aussi fait la promesse de ne pas augmenter les impôts, il ne reste que la lutte contre la corruption à mener.

    Celle-ci commence déjà à porter ses fruits : du haut de mes soixante-deux ans, je n’ai jamais vu une telle valorisation du peso mexicain par rapport au dollar. Alors même que le président n’a pas suivi le conseil de la majorité des économistes qui promeuvent, quant à eux, une réforme fiscale visant à augmenter les impôts. Il fait déjà en sorte que tout le monde paie ses impôts, via notamment la lutte contre l’évasion fiscale, ce qui n’était pas le cas avant. Avant, les riches qui ne payaient pas leurs impôts se voyaient même « pardonnés » par l’État !

    Cette politique fiscale a permis une rentrée d’argent de 2 400 milliards de pesos. Mais cette lutte rencontre de nombreuses résistances, notamment juridiques. Des jeunes gens riches disent à ce propos qu’une des choses primordiales, si l’on veut être riche, est d’avoir de bons avocats. D’ailleurs, le fait que désormais l’État fasse en sorte que chacun paie des impôts explique, à mon avis, la popularité, qui est de 70% d’opinions positives, de notre président.

    Pour lutter contre la corruption, désormais lorsqu’il est fait état de quelqu’un qui fait une « mauvaise » utilisation du budget, celui-ci est renvoyé et une plainte est déposée à son encontre. Le cas d’une personne qui s’occupait de la vente de lait est à ce titre en train d’être traité par la justice.

    Par ailleurs, nous avons engagé une lutte contre le vol de l’essence (contre les huachicoleros ) par des agents de l’entreprise nationale Pemex (chargé de l’extraction, de la production et de la vente de produits pétroliers) et contre le vol de médicaments et autres substances au sein même du secteur public de la santé. Sur le cas plus spécifique du vol de pétrole, ce n’est pas aussi évident car il faut savoir qu’extraire le pétrole d’un oléoduc, sous forte pression, n’est pas à la portée de tout le monde.

    Ceci est donc fait par des organisations criminelles bien développées. Toutefois l’échelle de vol est telle – on a même trouvé du pétrole dans les égouts de Mexico – qu’il est difficile de penser que les autorités n’étaient au courant de rien. Tout comme il est étonnant que les autorités américaines ne soient au courant de rien quant au trafic de drogue sur leur territoire national alors même qu’une centaine de tonnes par mois de drogue leur est envoyée. Elles rejettent la faute sur le Mexique.

    Au niveau du changement des pratiques institutionnelles, nous avons mis en place ce qu’on appelle « l’austérité républicaine ». Cela consiste à supprimer les fonds alloués aux institutions et aux serviteurs de l’État pour des besoins superficiels, à baisser les plus hauts salaires. Certains nous ont dit que cela serait terrible et au final, il ne s’est rien passé : les gens et les institutions se sont adaptés. Il y avait donc bel et bien, pour le dire ainsi, des complications administratives inutiles. En termes économiques, il semble y avoir beaucoup d’élasticité de ce côté-là et c’est un ensemble de mesures dont beaucoup de gouvernements devraient, à mon avis, s’inspirer.

    LVSL – La question de l’eau est une centrale dans votre parcours. Pouvez-vous peindre un tableau quant à l’état du Mexique sur cette question avant et depuis l’élection du gouvernement ?

    BJ – Il faut d’abord rappeler que le Mexique est constitué de très grandes disparités géographiques : il possède des territoires complètement désertiques comme des forêts tropicales. Nous disposons d’importantes ressources en eau. Au niveau de sa gestion, elle est centralisée, contrairement à ce que l’on observe dans d’autres pays développés : tout ce qui concerne l’eau (l’irrigation, la distribution de l’eau, l’attribution des ressources en eau, etc.) est géré par une seule institution, à savoir la Commission nationale de l’eau.

    Vous m’avez posé la question des changements. Une des choses qui a changé est que le président a choisi de s’occuper des plus pauvres. Avant, on essayait d’avoir une couverture homogène et plus efficace des services de l’eau. En tant qu’ingénieur vous allez donc décider de vous occuper en priorité des villes, car celles-ci sont denses en population et que les canalisations sont déjà présentes. Nous, nous avons choisi de nous adresser aux personnes éloignées des centres urbains et donc aux communautés indigènes originaires et aux personnes qu’on appelait avant les « afro-descendants » (car ils descendent des esclaves d’Afrique que les Espagnols ont ramené avec eux dans leur bateau à partir de la conquête). Désormais, ces derniers sont désignés, dans la constitution mexicaine, comme les « afro-mexicains », c’est-à-dire qu’on a reconnu leur appartenance à la Nation.

    Concernant les communautés indigènes, celles-ci, pour diverses raisons, sont plus ou moins ouvertes. L’une d’entre elles est la communauté des Yaquis. Par le passé, ceux-ci ont été expropriés de leur terrain et donc dépossédés de leur accès à l’eau. Le président, pour corriger cela, a décidé de leur restituer des terrains, ce qui n’est pas chose facile.

    Deux autres changements qu’il faut signaler sont, premièrement, la mise en place de gros projets de distribution de l’eau (via la construction de canaux, de barrages …) et, deuxièmement, faire en sorte que ce soit les acteurs locaux, que sont les municipalités, qui s’occupent de servir l’eau et non pas comme avant l’État fédéral. Pour les écoles qui sont éloignées, avant il y avait des organisations qui s’occupaient, soi-disant, de s’occuper des besoins des écoles, dont l’eau. Mais cela ne fonctionnait pas : l’argent qui était donné s’évaporait mystérieusement. Désormais, l’argent est envoyé aux associations de parents qui définissent eux-mêmes les besoins locaux et très souvent l’accès à l’eau est un de ces besoins. Et nous constatons que de cette manière les choses fonctionnent effectivement.

    LVSL – Le Mexique, comme bon nombre de pays de la région, est touché par une forte inflation qui frappe en priorité les classes populaires et moyennes et menace la reprise économique post-COVID. Est-ce que vous pouvez dresser pour nous un bref panorama de cette reprise et nous dire l’approche qui a été choisie pour protéger la reprise économique et les catégories populaires et moyennes ?

    BJ – Le président Andrés Manuel López Obrador vient d’annoncer le ralentissement de l’inflation tandis que le peso se trouve à un plus haut niveau par rapport au dollar américain. Certains avaient peur qu’avec la mise en place de la « quatrième transformation », le peso perde toute valeur par rapport à celui-ci et c’est l’inverse qui se produit ! Mais des critiques sont malgré tout émises par rapport à cette conséquence monétaire. Sans doute sont-elles liées au fait qu’elles sont émises par des personnes qui ont en réalité sorti tout leur argent du pays…

    LVSL – Une autre question essentielle dont vous vous occupez est celle des biens culturels. Votre pays s’est vu retirer une partie de son héritage, qu’il soit maya, aztèque, etc. à partir de la période coloniale et jusqu’à, malheureusement, nos jours. Quelles sont les actions entreprises pour récupérer ce patrimoine national ? Quels sont les obstacles que vous rencontrez ?

    BJ – D’abord, il faut dire que nous avons un très bon rapport avec le gouvernement français sur ce sujet, que nous travaillons bien ensemble. Mais les choses ne sont pas si simples à dénouer. Il est encore compliqué, au regard de la législation actuelle, de reprendre notre patrimoine dès lors qu’il se trouve être légalement la possession d’un musée français. Mais des améliorations sont en vue concernant le patrimoine africain et juif et il est donc probable que cela s’étende à notre patrimoine.

    Au niveau des entreprises privées, au niveau des enchères, la situation est beaucoup plus difficile. La vente aux enchères de biens culturels, qui permet parfois de blanchir de l’argent, représente une petite part de tout le marché mais, malgré cela, ils ne veulent pas arrêter pour autant. Nous essayons d’obtenir des avancées dans le domaine du suivi des pièces mises aux enchères. Ce qui s’est passé avec le musée du Louvre renforce d’ailleurs le bien-fondé d’une telle initiative. Nous aimerions aussi faire en sorte de renverser la charge de la preuve : à l’heure actuelle, c’est nous qui devons prouver qu’une pièce appartient bel et bien à notre pays alors qu’il faudrait que ce soit les entreprises de vente aux enchères qui démontrent le bien-fondé de leur possession d’une pièce, qu’elle soit maya, aztèque… Pour l’heure, toutefois, cela semble hors d’atteinte.
    En parallèle, nous travaillons aussi beaucoup avec la société en général. Nous essayons de faire progresser l’idée du respect du patrimoine d’un autre pays. En particulier, qu’il ne faut pas spolier, ni acheter de biens issus de la spoliation. Cela commence à fonctionner et certains français ont déjà décidé d’eux-mêmes de nous restituer les biens qu’ils avaient en leur possession.
    Par ailleurs, nous coopérons aussi avec les douanes françaises pour que celles-ci nous aident à bloquer des entreprises de trafic de biens culturels. Mais la chose n’est pas évidente car parfois cela nécessite de savoir distinguer une réplique d’un véritable bien culturel et il faut donc que la collaboration entre nos deux pays continue.

    Enfin, il faut signaler que ce mouvement de restitution des biens culturels qui s’est enclenché ne concerne bien sûr pas que le Mexique mais aussi bons nombres de pays, autrefois colonies, d’Amérique latine ou d’Asie.

    LVSL – Vous venez de souligner les bonnes relations que vous entretenez avec le gouvernement français actuel sur la question de la récupération des biens culturels. D’une manière plus générale, pouvez-vous nous en dire plus sur la nature des relations bilatérales entre la France et le Mexique depuis le début de la « quatrième transformation » ?

    BJ – Nos relations avec la France actuellement sont multiples. Celles-ci sont ancrées dans une histoire longue entre nos deux pays. Le chef d’État Porfirio Díaz (1876-1911) tenait en estime la France. À un moment donné les présidents mexicains parlaient plus français que anglais, ce qui n’est maintenant plus le cas. Notre droit est inspiré du droit français. L’Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM) s’est aussi construite de manière similaire à la Sorbonne ainsi que l’Institut Polytechnique National (IPN) vis-à-vis de l’École polytechnique.

    À l’heure actuelle, si mes souvenirs sont bons, un article sur cinq produit par un scientifique mexicain est fait en collaboration avec un français. Beaucoup de nos étudiants viennent ici en France faire une partie de leurs études – comme cela a été mon cas d’ailleurs. Vous avez l’UNAM qui a un siège à la Sorbonne, la Maison Universitaire Franco-Mexicaine (MUFRAMEX) qui entretient des liens étroits avec l’Université de Toulouse et qui cherche à les développer avec les autres universités françaises, etc. D’une manière générale, sur le plan éducatif, nous sommes proches.

    Dans la culture nous entretenons aussi des liens étroits. Il faut par exemple savoir qu’il y a beaucoup de mexicanistes, c’est-à-dire des français qui connaissent bien les cultures maya, aztèque ou autre et qui nous aident à recouvrer nos biens culturels en tâchant de convaincre les privés qui les possèdent de nous les rendre, qui nous aident dans notre dialogue avec les musées français. Il y a aussi trois communes en France, comme Barcelonnette, qui sont des communes en réalité franco-mexicaines.

    Enfin, des expositions réalisées grâce à un partenariat entre la France et le Mexique ont eu ou vont avoir lieu : le musée d’Orsay pendant le COVID a fait une exposition sur les Olmèques, ce qui lui a d’ailleurs permis de tenir économiquement, le Palais Galliera vient de fermer son exposition sur Frida Kahlo, le musée de l’Architecture a fait une exposition sur l’art déco et notre Ambassade a prêté des pièces pour celle-ci, le Musée National d’Anthropologie (à Mexico) va faire une exposition intitulée La Grandeza de México en partenariat avec des musées français et une exposition sur les Aztèques est prévue.

    Dans le domaine scientifique, en particulier celui de la santé et de l’aérospatial, nous collaborons étroitement avec la France. Enfin, pour terminer ce tour d’horizon, des grandes entreprises françaises, comme Safran, Véolia, Schneider Electric, sont implantées au Mexique et que l’inverse, avec des entreprises comme Starbucks, Aoste, Cemex, est aussi vrai. 150 000 mexicains sont employés directement par des sociétés françaises au Mexique, 700 000 indirectement. Comme vous pouvez le voir, nos pays entretiennent des liens étroits dans de nombreux domaines.

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      À la frontière entre le Mexique et les États-Unis, une voie réservée aux fournisseurs de Tesla

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Sunday, 31 July, 2022 - 12:01

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    Les fournisseurs mexicains de Tesla peuvent désormais traverser la frontière américaine avec une voie qui leur est entièrement dédiée. Une première, qui pourrait s'appliquer à d'autres entreprises également.

    À la frontière entre le Mexique et les États-Unis, une voie réservée aux fournisseurs de Tesla

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      Mexique: un pont suspendu s'effondre lors de son inauguration, 25 blessés

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 8 June, 2022 - 09:26

    ACCIDENT - L’inauguration a tourné au fiasco. À Cuernavaca, au Mexique, le maire de la ville et certains habitants participaient à la cérémonie de réouverture d’un pont suspendu quand celui-ci s’est effondré , comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessus.

    “Il y a au moins 25 blessés ”, a indiqué un responsable local, Samuel Sotelo, à la chaîne de télévision Milenio. “Deux ont été hospitalisés pour des blessures graves”, a-t-il précisé.

    L’accident a été vécu quasi en temps réel sur les réseaux sociaux avec une vidéo montrant les invités tomber deux mètres plus bas dans le lit d’un cours d’eau quand le plancher a cédé.

    À voir également sur Le HuffPost : Des vidéos d’Alec Baldwin sur le tournage de “Rust” après le drame, dévoilées par la police

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      Il ne reste que 10 marsouins Vaquita, mais l'espèce peut être sauvée

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 6 May, 2022 - 13:30 · 3 minutes

    Des scientifiques ont effectué des analyses sur un jeune marsouin Vaquita de six mois. Des scientifiques ont effectué des analyses sur un jeune marsouin Vaquita de six mois.

    ANIMAUX - Ils ne sont plus qu’une dizaine dans le monde. Le marsouin Vaquita, plus petit cétacé du monde est aussi le mammifère marin le plus rare de la planète. Vivant dans une zone géographique restreinte (les eaux peu profondes de la partie supérieure du golfe de Californie, à l’ouest des États-Unis), ces animaux sont naturellement assez rares et les populations n'ont jamais dépassé les quelques milliers au cours des 250.000 dernières années. Aujourd'hui ils ne sont plus que dix.

    Or, avec une si petite population, les scientifiques ont supposé que le mammifère présentait un risque de consanguinité et donc de mutations nuisibles. Celles-ci pourraient conduire inévitablement à l’extinction de l’espèce Phocoena sinus .

    Mais en fait, non. Des chercheurs de l’université de Californie (UCLA), de la National Oceanic and Atmospheric Administration Fisheries (NOAA) et d’autres instituts ont fait une heureuse découverte. En effet, les marsouins Vaquita ont encore une diversité génétique suffisante pourrait se reproduire et repeupler l’espèce, si on le leur permet. Les résultats de ces recherches sont parus dans la revue Science le 5 mai.

    Techniquement, ils pourraient survivre

    Cette découverte de chercheurs est le fruit d’un travail d’analyse du génome de 20 marsouins Vaquita, utilisant des échantillons de tissus collectés par des chercheurs mexicains entre 1985 et 2017. Cela leur a notamment servi pour mieux comprendre l’histoire récente de cet animal.

    “La génomique nous donne des indices sur le passé de l’espèce, mais nous permet également de scruter l’avenir”, affirme Lorenzo Rojas-Bracho, co-auteur de la présente étude. En effet, l’analyse génétique en utilisant des simulations informatiques a permis de supposer comment la population se comporterait selon différents scénarios présentés dans le graphique ci-dessous.

    Trajectoires de simulations de la population de vaquita. A: réduction des prises accidentelles de 100 %. B: réduction  des prises accidentelles de 90% C: réduction des prises accidentelles de 90%  avec une taille de population multipliée par 20. Trajectoires de simulations de la population de vaquita. A: réduction des prises accidentelles de 100 %. B: réduction des prises accidentelles de 90% C: réduction des prises accidentelles de 90% avec une taille de population multipliée par 20.

    “Si nous pouvons permettre à ces animaux de survivre, ils peuvent faire le reste. Génétiquement, ils ont encore la diversité qui leur a permis de prospérer”, abonde Jacqueline Robinson, autre responsable de l’étude. “Malgré le petit nombre, l’espèce pourrait se rétablir si nous arrêtions de les tuer”, reprend Lorenzo Rojas-Bracho. Car une épée de Damoclès pèse (très) lourdement sur cette espèce.

    La pêche, facteur d’extinction

    Les chercheurs affirment que pour donner une chance aux marsouins Vaquita, il est nécessaire d’avoir une élimination immédiate et complète de la mortalité due à la pêche avec des filets maillant. Cette méthode consiste à placer des filets plats qui sont suspendus verticalement dans l’eau.

    S’étendant comme des filets de tennis géants, ils sont connus comme étant un piège mortel pour de nombreux animaux qui n’étaient pas destinés à être pêchés. C’est le cas du Vaquita. Mesurant entre 1,2 à 1,5m de long, ils s’emmêlent souvent et meurent noyés.

    Au départ, ces filets servent à chasser le Totoaba, un poisson très prisé en Chine pour ses potentielles “vertus médicinales” et pouvant se revendre à des prix exorbitants sur le marché noir. À cause de cela, lui aussi est classé en voie de disparition, étant inscrit sur la liste rouge de l’Union internationale pour la conservation de la nature .

    Des vessies natatoires séchées du totoaba, un poisson en danger critique d'extinction. Elles sont vendues pour des dizaines de milliers de dollars sur le marché noir en Chine, malgré une interdiction internationale. Des vessies natatoires séchées du totoaba, un poisson en danger critique d'extinction. Elles sont vendues pour des dizaines de milliers de dollars sur le marché noir en Chine, malgré une interdiction internationale.

    Pour tenter de juguler ce saignement de la biodiversité, le Mexique a interdit la pêche au totoaba ainsi que l’utilisation de filets maillants dans le golfe de Californie. Mais cela n’empêche pas le braconnage de persister. Face à ce constat, le chercheur de l’UCLA et membre de l’étude Christopher Kyriazis est formel : “Si nous les perdons, ce serait le résultat de nos choix humains”.

    À voir également sur le HuffPost: Environnement: la France a déjà atteint son jour du dépassement des ressources

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      Trump a pensé à bombarder les labos de drogues au Mexique, selon l'ex-chef du Pentagone

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 6 May, 2022 - 10:33 · 1 minute

    Trump a pensé à bombarder des labos de drogues au Mexique, selon l'ex-chef du Pentagone (Donald Trump le 1er mai 2022 par Kenneth Ferriera/Lincoln Journal Star vía AP, archivo) Trump a pensé à bombarder des labos de drogues au Mexique, selon l'ex-chef du Pentagone (Donald Trump le 1er mai 2022 par Kenneth Ferriera/Lincoln Journal Star vía AP, archivo)

    ÉTATS-UNIS - Donald Trump et les idées brillantes. L’ancien président américain s’est enquis en 2020 de la possibilité de bombarder les laboratoires de narcotrafiquants au Mexique auprès de son ministre de la Défense, rapporte ce dernier, Mark Esper, dans un livre qui paraîtra le 10 mai.

    Selon des extraits de l’ouvrage cités par le New York Times , le président américain estimait à l’époque que les États-Unis pourraient prétendre ne pas être à l’origine d’une telle frappe de missiles sur le sol mexicain , affirme Mark Esper, qui fut ministre de la Défense de Donald Trump entre juillet 2019 et novembre 2020.

    L’ex-locataire de la Maison Blanche aurait demandé à deux reprises si les forces armées pouvaient “tirer des missiles sur le Mexique pour détruire les labos de drogue ”, écrit Mark Esper dans ses mémoires intitulées “A Sacred Oath” (Un serment sacré), affirmant que les déclarations de Donald Trump l’avaient laissé sans voix.

    “Tirez-leur dans les jambes ou quelque chose”

    Donald Trump avait décidé de limoger Mark Esper en novembre 2020, quelques jours après l’annonce des résultats de l’élection présidentielle américaine.

    Les relations entre le bouillant président septuagénaire et son ministre étaient tendues depuis que le chef du Pentagone s’était opposé publiquement quelques mois plus tôt au déploiement de l’armée pour réprimer les manifestations antiracistes dans le pays.

    Dans d’autres extraits de ses mémoires, Mark Esper écrit ainsi qu’en marge de ces manifestations en juin 2020, le président, très irrité, aurait lancé dans le Bureau ovale: “Vous ne pouvez pas simplement leur tirer dessus ? Tirez-leur dans les jambes ou quelque chose.”

    À voir également sur Le HuffPost: Guerre en Ukraine: Trump salue l’“intelligence” de Poutine et charge Biden