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Soignants : le pouvoir préfère le coup de matraque au coup de génie
Denis Dupuy · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 2 December, 2022 - 04:10 · 3 minutes
Comment traiter une information à l’heure où des cataractes de données jaillissent en continu des réseaux divers ?
À la manière des scientifiques et selon les préceptes de Popper : une information est exacte ou fausse ou indéterminée. La source et le messager n’ont qu’une influence annexe. Oublions-les.
C’est faux parce que :
- vous n’êtes pas un professionnel de la question
- le meilleur médecin du monde a dit l’inverse
- l’ OMS n’a pas validé parce que la revue Bidule dit le contraire…
On n’entend que cela, on ne lit que cela, on n’argumente qu’ainsi, au long des commentaires et sur les plateaux télévisés. Est vrai ce qui est exact, indépendamment du reste : évaluons le message, non le messager… Le meilleur médecin du monde ? S’il existe il est celui qui a mémorisé toutes les publications. En cas de maladie émergente, il se retrouve sec : point de preuve ou de référence disponibles. Il doit émettre des avis et des hypothèses et à l’occasion il se trompe, ce qui n’en fait pas un abruti incompétent et corrompu.
Arrêtons avec l’approche politicienne
L’exercice du tri des données est bien évidemment complexe et les sophistes abusent de nos faiblesses, de nos écarts et de nos biais.
L’arène politique est le temple de la sophistique. Au regard du politicien, le principe est assez basique. Vous validez une vérité portée par un parti extrême ? Vous êtes assimilé aux extrémistes qui le composent. Ben non… Une vérité demeure vérité en toutes circonstances. Devons-nous laisser les partis extrêmes s’emparer des problématiques ? Devons-nous changer d’avis au prétexte que l’on partagerait celui des extrémistes ou devons-nous nous rallier sans discernement à l’avis de son camp ? Non et non.
Prétendre que les extrêmes s’approprient les débats est en soi un sophisme. La vérité suit son cours avec ou sans leurs vociférations. Admettons que certains politiciens, pile au centre du milieu, hésitent à énoncer les évidences. La binarité, qui fait le sel des discours extrêmes, abaisse le niveau général des débats mais elle est leur marque. Contrairement aux mous du centre, ils ont du courage, eux… Cette polarisation contribue à leur faire gagner des voix car le chiffre d’affaires des partis est fait de voix, le bénéfice de postes. En tranchant sans finesse, ils offrent l’image de la détermination et rameutent mais ils se fourvoient souvent.
Prenons l’immigration. Est-elle totalement bénéfique et sans la moindre externalité comme le prétendent les boutiques de gauche ou absolument néfaste comme l’avancent celles d’en face ? Les deux, bien évidemment, la balance commençant à pencher vers le négatif mais allez faire avaler ça à l’électeur. Alors on simplifie à outrance.
La nécessité de la rationalité et de l’éthique
Me concernant, les deux seules boussoles sont la rationalité, qui suppose un travail de recherche exempt des émotions parasites et une éthique d’inspiration libérale en évitant soigneusement d’appliquer le filtre libéral à la manière d’un dogme.
Point d’idéal ici-bas, nulle part.
Je cours donc après une cause, non après un parti. Je suis un extrême truc ? Ça m’est égal. Je sais que je ne défends pas l’extrême droite si j’appelle à la réintégration des soignants : je défends les soignants et la liberté. Le vaccin n’est pas stérilisant et il protège uniquement le sujet vacciné. Ne pas réintégrer relève d’un choix exclusivement politique exempt de rationalité et d’humanisme.
C’est le positionnement du vertueux et du donneur de leçons. La rigidité intellectuelle de nos prodiges, et je le constate au quotidien (l’OMS en a d’ailleurs fait la remarque) a fabriqué des générations de réfractaires aux vaccins. S’agissait-il d’obtenir l’adhésion à des thérapeutiques ou de faire démonstration d’un autoritarisme totalement déplacé puisque faisant défaut dans d’innombrables autres domaines ?
Le pouvoir a opté pour le coup de matraque contre le coup de génie, un classique. La pandémie, elle, comme ses aînées, a poursuivi son chemin avant de s’éteindre doucement, après trois années. Prudence, soit, mais il serait temps de l’admettre ou bien la vaccination en général, déjà bien meurtrie, pourrait venir s’ajouter à la liste de ses victimes.