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      Le trou dans la couche d'ozone, seul enjeu climatique à avoir évolué positivement en 30 ans

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 3 June, 2022 - 05:00 · 5 minutes

    ENVIRONNEMENT - Il y a 30 ans, des pays se réunissaient à Rio pour le “Sommet de la Terre”. Au programme: discuter des enjeux environnementaux. Parmi eux, celui qui occupe les esprits de plusieurs États depuis quelques années: le trou dans la couche d’ozone . Aujourd’hui, alors que le Sommet de la Terre 2022 s’achève ce vendredi 3 juin, c’est le seul enjeu climatique qui a évolué de manière positive, comme vous pouvez le voir dans la vidéo en haut de l’article . Mais est-ce que vous saviez que celui-ci était lié à votre frigo ?

    En 1985, les scientifiques Joe Farman, Brian Gardiner et Jonathan Shanklin publient une étude dans Nature pour faire part de leur découverte: un trou dans la couche d’ozone se forme au-dessus de l’ Antarctique et celui-ci s’agrandit de manière inquiétante au fur et à mesure des années.

    Pour rappel, la couche d’ozone est une sorte de bouclier invisible qui se trouve autour de notre planète. C’est elle qui absorbe les rayons UV du soleil dangereux pour les êtres vivants. Sans elle, la vie sur Terre ne serait pas possible.

    Se posent alors plusieurs questions, mais la plus importante reste celle-ci: pourquoi la Terre perd-elle sa couche d’ozone? La réponse, des scientifiques l’avaient déjà donnée plus de 10 ans auparavant. Dès 1974, les scientifiques Sherwood Rowland et Mario Molina démontrent la dangerosité des chlorofluorocarbures (CFC) pour la couche d’ozone. À l’époque, ces gaz étaient très présents dans les produits du quotidien comme les réfrigérateurs, les climatiseurs ou encore les aérosols. Mais lorsque les deux scientifiques publient leur étude, celle-ci est contestée tout de suite par les industriels qui n’en tiennent pas compte. Il aura fallu attendre la découverte de ce trou dans la couche d’ozone et d’autres études pour confirmer leur théorie.

    Les États passent à l’action

    À partir de ce moment-là, tout va aller très vite. En 1987, soit deux ans après la découverte du trou, une trentaine d’États signent le Protocole de Montréal. L’objectif de ce traité: réduire drastiquement la production et la consommation de CFC. Une collaboration qui porte ses fruits puisqu’on passe à plus 800.000 tonnes de CFC consommés à la fin des années 1980 à presque 0 à la fin des années 2000, comme vous pouvez le voir sur ce graphique.

    Consommation dans le monde des gaz provoquant un trou dans la couche d'ozone au fil des années Consommation dans le monde des gaz provoquant un trou dans la couche d'ozone au fil des années

    Par ailleurs, d’autres polluants dangereux pour la couche d’ozone sont ajoutés aux traités et de plus en plus de pays décident de la signer. En 2009, le Protocole de Montréal devient le premier traité environnemental à atteindre la ratification universelle avec 196 États signataires. C’est une réussite.

    Un trou dans la couche d’ozone toujours présent

    Le problème n’est cependant pas encore résolu, car il faudra attendre au moins 2060 pour que la plupart des chlorofluorocarbures présents dans l’atmosphère disparaissent et que le trou dans la couche d’ozone se résorbe. Comme l’explique Cathy Clerbaux, directrice de recherche au CNRS, “Quand on arrête les émissions de ces gaz, ce n’est pas instantané parce qu’ils restent très longtemps dans l’atmosphère.” Les gaz les plus utilisés étaient les CFC 11 et CFC 12 . Or “les CFC 11 restent environ 50 ans dans l’atmosphère et les CFC 12 plutôt 100 ans”, précise la scientifique.


    Aujourd’hui, le trou dans la couche d’ozone semble rester stable et c’est déjà une bonne nouvelle. La Nasa a réalisé des prévisualisations si nous n’avions pas respecté le protocole de Montréal et celles-ci sont assez alarmantes. On y voit que la couche d’ozone aurait été détruite au fur et à mesure des années. Conséquence: les radiations UV du soleil auraient pu s’infiltrer sur Terre, provoquant des coups de soleil en quelques minutes et le nombre de cancers de la peau aurait explosé.

    Prévisualisation des cancers de la peau aux États-Unis avec et sans le Protocole de Montréal Prévisualisation des cancers de la peau aux États-Unis avec et sans le Protocole de Montréal

    L’impact du dérèglement climatique

    35 ans après la signature de ce protocole, la question qu’on peut se poser c’est p ourquoi est-ce qu’on n’arrive pas à faire la même chose aujourd’hui avec les Accords de Paris ?

    Pour Cathy Clerbaux, le problème est cette fois plus complexe: “Ceux qui fabriquaient les CFC, à partir du moment où ça concernait une dizaine d’industriels, il suffisait de les convaincre et de les aider à développer des substituts à ces gaz-là. Ici, le problème du CO2 ou méthane, qui sont des gaz à effet de serre, c’est que chacun d’entre nous émet ces gaz et donc il faut complètement changer nos modèles sociétaux, c’est beaucoup plus compliqué. Ce n’est pas juste 10 industriels à convaincre, c’est à chaque individu et à chaque pays de se réadapter.”

    D’autre part, le dérèglement climatique pourrait avoir un impact sur la couche d’ozone. Pour cela, il faut comprendre comment se forme ce trou. Les émissions de CFC restent dans la stratosphère (une partie de l’atmosphère) et combinés aux nuages polaires stratosphériques qui se forment à partir de -80°C cela provoque une série de réactions chimiques qui mangent littéralement l’ozone.

    Or “ en parallèle du réchauffement climatique, il y a un refroidissement de la stratosphère et des températures plus froides, ça veut dire plus de destruction de l’ozone”, explique Didier Hauglustaine, directeur de recherche au CNRS. Le trou dans la couche d’ozone reste donc un enjeu environnemental majeur à continuer d’observer dans les années à venir.

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