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      Catherine Colonna, une diplomate ministre des Affaires étrangères

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 20 May, 2022 - 16:16 · 3 minutes

    Catherine Colonna était ministre déléguée dans le gouvernement de Dominique de Villepin. Quinze ans plus tard, elle est de retour au Quai d'Orsay en tant que ministre de l'Europe et des Affaires étrangères (photo d'archive prise en mars 2006). Catherine Colonna était ministre déléguée dans le gouvernement de Dominique de Villepin. Quinze ans plus tard, elle est de retour au Quai d'Orsay en tant que ministre de l'Europe et des Affaires étrangères (photo d'archive prise en mars 2006).

    POLITIQUE - Est-ce un moyen de faire passer la nouvelle de la suppression du corps diplomatique , annoncée au mois d’avril ? Ce vendredi 20 mai, Catherine Colonna a été nommée au Quai d’Orsay, héritant du portefeuille de ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Diplomate de carrière, celle qui était jusqu’à présent ambassadrice à Londres, 66 ans, a la réputation d’être une femme professionnelle et rigoureuse, habituée aux crises, de la guerre en Irak en 2003 au Brexit ces dernières années.

    Entrée au Quai d’Orsay à sa sortie de l’ENA, la prestigieuse école des élites françaises, cette femme aux cheveux courts, qui a grandi dans une ferme du centre de la France et dont le père est corse, est connue pour avoir été l’un des visages de la diplomatie française des années Chirac.

    Elle a été pendant près de dix ans -un record de longévité- de 1995 à 2004 la porte parole de la présidence de Jacques Chirac, dont elle a gagné la confiance absolue au fil des déplacements à l’étranger et des réunions au cours desquelles étaient élaborés les discours du chef de l’État.

    Crise irakienne, Brexit, ambassadrice...

    “C’est une grande professionnelle, solide, rigoureuse, attentive, et elle n’a jamais commis d’erreur pendant tout son porte-parolat”, assure un ancien journaliste politique qui l’a côtoyée. “Un bon petit soldat de la République”, écrivait le quotidien Libération dans un portrait qu’il lui avait consacré en 2004.

    Pendant la crise irakienne, qui a entraîné au début des années 2000 une grave détérioration des relation franco-américaines, Catherine Colonna a défendu avec passion le refus français de prendre part à la guerre déclenchée en 2003 par les États-Unis.

    Après l’Elysée, elle a fait un bref passage en 2004 à la tête du Centre national de la Cinématographie (CNC), organisme de régulation et de financement du cinéma français. Et cela avant de retourner aux affaires publiques en 2005, où elle est nommée ministre déléguée aux Affaires européennes du gouvernement de Dominique de Villepin, jusqu’en 2007.

    Après un passage à l’UNESCO puis dans le privé, elle est ambassadrice à Rome de 2014 à 2017, et à Londres depuis 2019. Elle a dû y gérer une période très agitée, en pleine négociation sur le Brexit, et a même été convoquée une fois au Foreign Office , événement rarissime dans les relations entre alliés.

    “Réputation catastrophique” ou signe de bonne volonté?

    Aujourd’hui, Catherine Colonna arrive pour remplacer Jean-Yves Le Drian dans un ministère en proie au “malaise”, où un appel à la grève a été lancé pour le 2 juin par six syndicats et un collectif de 400 jeunes diplomates. Ils protestent contre une accumulation de réformes, particulièrement celle actant la “mise en extinction” progressive d’ici à 2023 du prestigieux corps diplomatique.

    La nomination d’une diplomate de carrière connaissant parfaitement le Quai d’Orsay peut être vu comme un signe de bonne volonté, estiment certains diplomates. “Il faudra juger sur pièces”, estime un autre, plus prudent, affirmant qu’elle a “une réputation catastrophique en matière de management”. Son arrivée “est une bonne nouvelle, elle connaît bien l’Europe et l’Europe de l’Est en particulier, elle est ouverte, honnête et transparente”, se félicite pour sa part une source diplomatique d’un pays d’Europe de l’Est.

    Politiquement, Catherine Colonna, qui a servi essentiellement dans des gouvernements de droite, s’est décrite comme “trop à gauche pour être à droite et trop à droite pour être à gauche”, selon l’écrivaine Anne Fulda dans un livre “Portraits de femme”. Très discrète, elle ne s’est jamais livrée publiquement sur sa vie privée.

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