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      L’Europe dans le Sahel : la culture de l’impuissance ?

      Pierre d'Herbès · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 7 December, 2022 - 03:50 · 5 minutes

    Un coup dur pour la mission de l’ONU, déjà privée cet été de l’appui déterminant de l’opération Barkhane. Outre la recrudescence des attaques et des violences intercommunautaires, l’Europe est aussi menacée de voir son influence régionale diminuée au profit de ses compétiteurs stratégiques.

    Pendant quelques mois, Berlin avait fait planer le doute sur ses intentions, jusqu’à envisager officiellement, en mai, l’augmentation de ses effectifs déployés sur le théâtre malien.

    Finalement, l’Allemagne a annoncé son retrait de la Minusma d’ici au début de l’année 2024. Elle prend la suite des Britanniques qui ont indiqué leur retrait à la mi-novembre, ainsi que des Suédois (février). À noter que l’Égypte, la Côte d’Ivoire et le Bénin, trois alliés de la France, ont aussi annoncé leur départ.

    En parallèle, la mission européenne de formation de l’armée malienne, EUTM Mali, se réduit aussi. Ses effectifs de 500 hommes ont été réduits cet été à 300 par Bruxelles. Ses effectifs étaient majoritairement fournis par l’Allemagne et l’Espagne. Le départ allemand de la Minusma et la dégradation des relations entre l’Europe et le Mali ne laissent que peu de doutes sur la pérennité de la mission sur le long terme. La République tchèque a initié un premier mouvement en ce sens, au début du mois de novembre, en indiquant son retrait de la mission.

    L’impuissance européenne

    La mauvaise volonté du gouvernement malien et sa collaboration avec les mercenaires de l’agence russe Wagner sont en partie à l’origine de ces départs en cascades. On peut aussi y voir un soutien à la position française vis-à vis du régime de transition malien. Le départ cet été des derniers soldats français du Mali a également rappelé à la Minusma et aux forces européennes leur dépendance opérationnelle à l’opération Barkhane. De facto , toutes les rares forces déployées par des pays européens dans le Sahel étaient dépendantes de la France.  Non seulement les missions EUTM et la Minusma mais aussi la Task Force Takuba . Sans compter les 300 combattants britanniques, danois et estoniens intégrés organiquement à l’Opération Barkhane.

    Or c’est bien le nœud du problème : indépendamment des services parfois décisifs qu’ils peuvent fournir les pays européens ne peuvent rien militairement sans l’intervention d’une nation cadre. Et l’ Occident n’en compte que deux :  les États-Unis et France. L’esprit de défense est par ailleurs singulièrement bas : dans le cadre de la Minusma, l’Allemagne refusait que ses soldats soient mis en danger tout en peinant à trouver un accord au niveau politique dans le degré de son implication. Un facteur limitant largement la palette opérationnelle de Berlin et son utilité aux côtés de Paris.

    Perte d’influence européenne

    Ce retrait progressif de l’Europe dans le Sahel est symbolique de la perte d’influence mondiale de l’Europe.

    La guerre d’Ukraine dans laquelle le continent est plus spectateur qu’acteur en est l’expression la plus flagrante. La sous-région du Sahel n’en demeure pas moins un enjeu stratégique car la guerre d’Ukraine n’a pas fait disparaître l’instabilité structurelle de la région et les risques qu’elle fait peser sur l’Europe. Au Mali comme au Burkina Faso, les attaques des groupes armés terroristes et les violences intercommunautaires s’amplifient à mesure que la réponse internationale (Barkhane, Minusma, EUTM) s’affaiblie. La menace métastase et commence à s’implanter vers le nord du golfe de Guinée (Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Bénin).

    Parallèlement, d’autres pays s’y affirment, comme la Russie via le groupe Wagner. En collusion avec Moscou , l’Algérie tente actuellement de réactiver ses structures de commandement « multilatérales », le Comité d’état-major opérationnel conjoint (Cemoc) et l’Unité de fusion et de liaison (UFL), qui avaient été marginalisées par l’opération Barkhane et la mise en place du G5 Sahel. Alger a toujours considéré la zone comme sa chasse gardée. La Turquie tente, elle aussi, de s’y implanter. La montée en force régionale de ces puissances revient à déléguer une partie de la sécurité de la France et de l’Europe à des compétiteurs stratégiques. Sans compter la simple perte d’influence. Déjà des narratifs anti-allemands et anti-italiens commencent à se développer.

    La crise n’est pas terminée

    Comment se présentent les évènements ?

    Paris recompose aujourd’hui son dispositif autour du Niger et du Tchad. Les relations sont restées très bonnes avec ces pays tout comme avec la Mauritanie. Dans les mois qui viennent, l’opération Barkhane devrait disparaître au profit de nouvelles modalités d’intervention.

    Selon les déclarations d’Emmanuel Macron au début du mois de novembre l’armée française gardera 3000 soldats dans la région mais n’agira plus qu’en accompagnement des forces de ses partenaires. À voir les modalités concrètes : car ces dispositions sont proches de celles formulées par le sommet de Pau en janvier 2020. C’était d’ailleurs la raison d’être de la Task Force Takuba .

    Parallèlement, l’effort européen apparait, sans surprises, assez minime. Bruxelles réfléchit à déplacer la mission EUTM au Niger. De son côté l’Italie dispose toujours de sa mission (CIMIN) de coopération et de formation de l’armée nigérienne. Mais la situation n’est pas figée.

    Il n’est pas impossible que la France temporise avant de se doter d’un nouveau plan d’action. Dans le cas contraire on peut penser que Paris n’aurait pas gardé autant de personnels sur place : le même nombre qu’au début de l’opération Barkhane en 2014. Or, la « saison fraiche » est de retour et les attaques vont se multiplier. Il n’est pas interdit de voir la situation se dégrader rapidement au Mali, sans que le groupe Wagner puisse s’y opposer. Déjà depuis quelques mois, la situation du régime de Transition apparait de plus en plus précaire .

    La France pourrait alors être amenée à intervenir de nouveau, avec une légitimité réaffirmée. Avec, on l’espère, une doctrine d’influence et de maitrise de son environnement cognitif plus élaborée qu’auparavant : sa seule véritable erreur ces dernières années.

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      14-Juillet: Drone, cyber-gendarmes, médaillés olympiques... les trois nouveautés du défilé

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 14 July, 2022 - 04:45 · 3 minutes

    Lors du défilé du 14 juillet 2021 à Paris. Lors du défilé du 14 juillet 2021 à Paris.

    14-JUILLET - Le retour de la guerre aux portes de l’Europe donne un relief particulier au traditionnel défilé militaire prévu ce jeudi 14 juillet à Paris à l’occasion de la fête nationale, qui mettra à l’honneur les pays du flanc Est de l’Otan et les troupes françaises qui y sont déployées.

    Emmanuel Macron présidera dans la matinée le défilé sur l’avenue des Champs-Élysées avant de donner à 13h10 sur France 2 et TF1 sa première interview télévisée depuis sa réélection à la tête de l’État en avril.

    “Partager la flamme” est le thème de ce défilé 2022. Une triple référence au lien armée-nation, à la flamme de la Résistance incarnée par Hubert Germain, dernier compagnon de la Libération décédé l’an dernier , et à la flamme olympique, dont la France est désormais dépositaire jusqu’aux Jeux olympiques de Paris en 2024.

    Des médaillés olympiques et paralympiques feront partie du cortège, l’une de ses nouveautés. “C’est une démarche innovante pour valoriser les hommes et les femmes qui se dépassent avec l’uniforme mais pas seulement“, explique l’Élysée.

    Parmi ces sportifs, on retrouvera notamment les biathlètes médaillés au JO de Pékin Anaïs Bescond et Simon Desthieux, ou encore l’escrimeuse Astrid Guyard.

    Tony Estanguet survolera lui en hélicoptère les Champs-Élysées en tant que parrain des blessés de guerre.

    Le défilé à pied sera ouvert par les drapeaux de neuf pays étrangers invités, pour la plupart voisins de la Russie ou de l’ Ukraine : Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Hongrie, Roumanie, Bulgarie.

    Des troupes françaises récemment déployées sur le flanc est de l’Europe leur emboîteront le pas.

    Le blindé de reconnaissance Jaguar sera montré

    Au total, quelque 6300 personnes défileront cette année dont près de 5000 à pied. Le spectacle mobilisera 64 avions, un drone, 25 hélicoptères, 200 chevaux et 181 véhicules motorisés.

    Parmi les défilants, figureront les 14 unités des troupes de marine, qui fêtent leurs 400 ans d’existence.

    Des opérateurs du Commandement des opérations spéciales (COS), qui souffle ses 30 bougies, seront également présents.

    Et pour la première fois de leur histoire, les cyber-enquêteurs de la gendarmerie participeront à la parade.

    L’édition 2022 sera l’occasion de montrer les nouveaux matériels des armées françaises, comme le blindé de reconnaissance Jaguar, aux côtés du blindé de nouvelle génération Griffon qui remplace progressivement le véhicule de l’avant blindé (VAB) dans les forces terrestres.

    L’antique hélicoptère léger Alouette ainsi que l’avion de défense aérienne Mirage 2000C tireront quant à eux leur révérence.

    Le défilé aérien, auquel participeront plusieurs appareils européens, inclura par ailleurs pour la première fois le drone Reaper, employé au Sahel pour traquer les jihadistes. Ce drone “est une capacité nouvelle, car elle permet de voir loin longtemps et de frapper à distance”, développe l’Élysée. “Elle peut démultiplier les capacités de renseignement et de frappe.”

    À voir également sur Le HuffPost : Un avion de chasse escorte un vol EasyJet après une fausse alerte à la bombe

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      Macron souhaite une présence militaire française plus discrète en Afrique

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 13 July, 2022 - 21:04 · 4 minutes

    Emmanuel Macron, ici prononçant un discours devant des responsables militaires et des invités au ministère des Armées à Paris, le 13 juillet 2022. Emmanuel Macron, ici prononçant un discours devant des responsables militaires et des invités au ministère des Armées à Paris, le 13 juillet 2022.

    ARMÉE - Emmanuel Macron a ouvert la porte ce mercredi 13 juillet à une transformation de l’offre militaire française en Afrique, vers un dispositif plus discret, et annoncé une réévaluation du budget des Armées pour 2024-2030 à l’aune du retour de la guerre en Europe.

    Dans sa traditionnelle allocution au ministère des Armées à la veille du 14 juillet, le chef de l’État a jugé que l’adoption de “dispositifs moins posés et moins exposés” en Afrique relevait d’une “nécessité stratégique”, alors que l’armée française est en passe de quitter le Mali à la fin de l’été et qu’elle a des milliers de militaires impliqués dans la lutte anti-jihadiste au Sahel.

    Emmanuel Macron a affirmé sa volonté de “réussir à bâtir dans la durée une intimité plus forte avec les armées africaines, reconstruire une capacité à former, ici et là bas”, tout en restant en deuxième ligne, et alors que Paris veut préparer ses armées aux conflits de haute intensité comme celui d’ Ukraine .

    La France, ancienne puissance coloniale d’une partie des pays du continent, y maintient une forte présence militaire. Outre son engagement au Sahel, en pleine restructuration, elle a des éléments déployés au Sénégal, au Gabon et à Djibouti.

    Le président Macron a par ailleurs évoqué la nécessité d’un “continuum entre notre offre diplomatique, nos actions rénovées pour le partenariat africain, nos actions de développement” en Afrique. “C’est un changement de paradigme profond”, a-t-il martelé.

    Nouveau budget militaire

    Hier partenaire-clé de Bamako, la France, ancienne puissance coloniale, est désormais persona non grata et s’apprête à quitter le Mali d’ici quelques semaines. La junte au pouvoir depuis 2020 a poussé dehors l’armée française et a fait appel aux Russes, via la sulfureuse société paramilitaire Wagner, même si Bamako s’en défend.

    Une fois désengagée du Mali, la France aura divisé par deux sa présence au Sahel en ne maintenant que 2500 militaires environ dans la région. Mais Paris affirme depuis des mois ne pas renoncer à la lutte antiterroriste et discuter avec les pays du Sahel et du Golfe de Guinée pour préparer de nouvelles formes d’intervention.

    Au Niger, les Français maintiendront plus d’un millier d’hommes et des capacités aériennes pour fournir un appui feu et du renseignement dans le cadre d’un “partenariat de combat” avec les forces armées nigériennes (FAN), déployées avec 250 soldats français à proximité de la frontière avec le Mali face aux jihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe État islamique.

    Les ministres des Armées Sébastien Lecornu et des Affaires étrangères Catherine Colonna sont attendus le 15 juillet au Niger. Sébastien Lecornu se rendra le lendemain en Côte d’Ivoire.

    Le chef de l’État a par ailleurs annoncé une réévaluation des besoins budgétaires en matière de défense, via une nouvelle Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 plus adaptée ”à la perspective du retour possible d’un affrontement de haute intensité”. Ces travaux d’élaboration “devront être achevés à la fin de cette année” puis “discutés avec le Parlement” début 2023, a souhaité le chef de l’État français.

    Développer le Service national universel

    Le président avait amorcé en 2017 une nette remontée en puissance des crédits défense après des années de disette. Le budget des armées va encore croître en 2022 avant de franchir une marche de trois milliards en 2023, pour atteindre 44 milliards d’euros.

    Il a enfin demandé aux armées de “faire davantage” pour développer le Service national universel (SNU) visant les jeunes, afin de mobiliser “toute la société française” dans les défis qui leur sont proposés.

    “Il ne s’agit pas de militariser la jeunesse, encore moins la société, mais au moment où la nation a besoin de retrouver le sel de son histoire, son sens profond (...), la République a besoin que vous fassiez davantage”, a-t-il déclaré.

    Le SNU, promesse de campagne d’Emmanuel Macron, a été lancé en 2019. Après une première expérimentation auprès de 2000 jeunes volontaires de 15 à 17 ans, puis une session annulée en 2020 en raison de la crise sanitaire, 15.000 jeunes avaient participé l’été dernier à des stages de cohésion dans toute la France.

    Cette année, le Service national universel (SNU) a pour objectif de toucher 50.000 jeunes au total. Mais ce projet est loin de faire l’unanimité parmi les syndicats lycéens et dans les armées, déjà très employées sur de multiples fronts.

    À voir également sur Le HuffPost : En patrouille avec les militaires de Barkhane au Mali

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      Que sont les canons Caesar, que la France livre à l'Ukraine contre la Russie?

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 17 June, 2022 - 04:00 · 3 minutes

    Des militaires ukrainiens tirant avec un canon Caesar vers des positions russes sur une ligne de front dans la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, le 15 juin 2022. Des militaires ukrainiens tirant avec un canon Caesar vers des positions russes sur une ligne de front dans la région du Donbass, dans l'est de l'Ukraine, le 15 juin 2022.

    GUERRE EN UKRAINE - Depuis le début de la guerre, la France a livré 18 canons Caesar à l’ Ukraine , dont six supplémentaires annoncés jeudi 16 juin à Kiev par Emmanuel Macron .

    Produit par le groupe industriel français Nexter, le Caesar est un canon de 155 mm monté sur un camion capable de tirer six coups par minute à une distance de 40 kilomètres.

    Ce système d’artillerie est très prisé par les partenaires militaires de Paris pour sa précision. Il permet aujourd’hui à l’armée ukrainienne d’endiguer la progression de l’armée russe dans le Donbass.

    Cette semaine, mercredi 15 juin, des soldats ukrainiens de l’unité d’artillerie de la 55e brigade ont fait une démonstration de tirs devant des journalistes conviés pour l’occasion ( voir les photos ci-dessous ). Depuis un canon Caesar camouflé, monté sur un camion, ils ont tiré trois coups, accompagnés de détonations assourdissantes et d’éclairs lumineux.

    Cette démonstration s’est déroulée depuis un lieu volontairement tenu secret. Impossible aussi pour les journalistes de savoir quelle était la cible du tir. “C’est un secret”, a commenté un officier ukrainien auprès des journalistes, précisant toutefois qu’elle était ”à moins de 38 kilomètres”.

    La défense ukrainienne plus agile et moins prévisible

    Selon un commandant ukrainien sur le front ukrainien, surnommé “Glib”, les canons Caesar ont rendu la défense ukrainienne plus agile, moins prévisible.

    “Ce système est principalement très maniable et mobile. C’est un facteur très important dans une guerre contemporaine comme celle-ci”, explique-t-il, opposant les Caesar “aux vieux systèmes ukrainiens non mobiles”. “Grâce à cette arme, nous gagnons beaucoup de temps, de sorte que l’ennemi ne peut pas nous attaquer ni riposter rapidement”, se félicite-t-il.

    “Glib”, qui ne donne aucune indication précise sur les endroits où les Caesar sont déployés, affirme à l’AFP avoir été formé en France pendant une semaine, “un temps très limité” selon lui: “J’ai dû m’entraîner rapidement et me souvenir de tout”.

    À l’heure actuelle, le bilan pour les Caesar français s’établit à une centaine de cibles russes détruites, et notamment des postes de commandement, des camps retranchés, des pièces d’artillerie, des chars et des véhicules blindés, rapporte TF1info.fr .

    En février, le Premier ministre d’alors, Jean Castex, avait par ailleurs signé avec Nexter un contrat de 600 millions d’euros pour développer une version blindée et modernisée du Caesar, le “Caesar NG”, et en acquérir 33 exemplaires, livrables à partir de 2026.

    Ceux-ci doivent remplacer les antiques canons automoteurs AUF-1 encore en service et qui datent du début des années 1980.

    “En amont du déplacement du président de la République à Kiev , il a été demandé au PDG de Nexter (...) de revoir son organisation et de pouvoir travailler sur un mode ‘de guerre’ pour être capable de produire des Caesar beaucoup plus rapidement pour l’armée française”, affirme le ministère, sans plus de précision.

    La fabrication d’un système Caesar prend actuellement plus de 18 mois, selon Nexter.

    À voir également sur Le HuffPost : Guerre en Ukraine: Macron explique pourquoi il est à Kiev

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      En Roumanie, Macron soutient les 500 soldats français aux portes de l'Ukraine

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 14 June, 2022 - 22:23 · 4 minutes

    Emmanuel Macron, ici s'adressant à des soldats français à la base aérienne de Mihail Kogalniceanu, près de la ville de Constanta en Roumanie, le 14 juin 2022. Emmanuel Macron, ici s'adressant à des soldats français à la base aérienne de Mihail Kogalniceanu, près de la ville de Constanta en Roumanie, le 14 juin 2022.

    ROUMANIE - Emmanuel Macron a salué ce mardi 14 juin “l’engagement” des 500 soldats français déployés en Roumanie pour “protéger” les pays de l’est de l’Europe menacés par la guerre en Ukraine , avant une visite de soutien à la Moldavie mercredi et un possible déplacement délicat à Kiev .

    “C’est la fierté de la France d’être aux avant-postes”, a déclaré le président français en s’adressant à quelque 200 soldats rassemblés sur la base de l’Otan de Mihail Kogalniceanu, où il a atterri en début de soirée.

    Incarnant “la solidarité et la sécurité européennes”, ces militaires y ont été déployés dans l’urgence fin février, quelques jours après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Un engagement “fondamental”, a insisté le chef d’État, pour “prévenir toute tentative de déstabilisation et d’agression contre l’Europe”.

    Quatre mois plus tard, “nul ne sait dire” comment évoluera le conflit dans “les prochaines semaines, les prochains mois”, mais “nous aurons besoin de nous protéger” et de “dissuader sur la durée”, a prévenu Emmanuel Macron , en confirmant l’implantation durable de l’armée française sur cette base située près de Constanta, grand port roumain sur la mer Noire.

    Ce déplacement est son premier dans le sud-est de l’Europe depuis le début, le 24 février, du conflit déclenché par Moscou, qui “sème partout le désordre géopolitique” et ”économique” selon lui.

    Très attendue, sa visite en Ukraine pourrait se dérouler plus tard dans la semaine en compagnie du chancelier allemand Olaf Scholz et du Premier ministre italien Mario Draghi selon des médias à Berlin et Rome. Une information non confirmée par l’Élysée, qui précise que “rien n’est acté” à ce stade.

    Accompagné par Colonna et Lecornu

    Accompagné par les nouveaux ministres des Affaires étrangères Catherine Colonna et de la Défense Sébastien Lecornu, Emmanuel Macron a partagé au dîner des mets roumains -sarmale (petits choux farcis), polenta et papanasi (choux à la crème et framboise)- avec des soldats français.

    Il avait auparavant rencontré des militaires des autres nations présentes sur la base, dont environ 2000 Américains, 300 Belges et des Italiens, aux côtés de Roumains.

    Le président s’est particulièrement félicité de la “formidable efficacité” de la collaboration entre les Français et leurs “frères d’armes belges”, qui opèrent ensemble dans la mission Aigle, dont la France est nation cadre sous commandement de l’Otan. Les Belges seront remplacés par des Néerlandais dans les prochains mois.

    Depuis fin février, “nous avons réussi à devenir très rapidement une force opérationnelle”, s’est félicité le commandant du bataillon, le colonel Vincent Minguet.

    En expliquant que la mission Aigle allait progressivement monter en puissance: après avoir déployé un système de défense sol-air de dernière génération, elle comptera 1000 militaires au total et sera renforcée par des chars Leclerc d’ici la fin de l’année.

    Soutien à la Moldavie

    Après un entretien avec le président roumain Klaus Iohannis mercredi matin sur la base, Emmanuel Macron s’envolera pour la Moldavie voisine, où il sera reçu à Chisinau par la présidente Maia Sandu, avec laquelle il a développé “une relation de confiance”. Il l’a reçue à trois reprises depuis février 2021, selon l’Élysée.

    Premier président français à visiter ce pays depuis Jacques Chirac en 1998, Emmanuel Macron, avec Catherine Colonna, exprimera le “soutien (de la France) de la manière la plus directe possible” à cette ancienne République soviétique, particulièrement affectée par l’invasion russe de l’Ukraine, avec qui elle dispose d’une frontière commune.

    Pour cela, la France aide financièrement et matériellement la Moldavie, qui fait preuve d’une “solidarité exceptionnelle” dans l’accueil des réfugiés ukrainiens: plus de 480.000 s’y sont rendus et 80.000 y sont toujours.

    Peuplé de 2,6 millions d’habitants, ce pays, l’un des plus pauvres d’Europe, a déposé début mars sa candidature pour intégrer l’Union européenne, tout comme l’Ukraine et la Géorgie. Des demandes sur lesquelles se prononcera la Commission européenne d’ici la fin de la semaine avant d’être discutées au sommet européen des 23 et 24 juin à Bruxelles.

    Lors de sa visite à Paris en mai, la présidente Sandu avait publiquement salué “l’initiative” lancée par Emmanuel Macron de créer une communauté politique européenne, qui permettra selon elle à son pays d’“accélérer” son entrée dans l’UE.

    À voir également sur Le HuffPost : Législatives: Macron agite le risque de “désordre” et réclame un “sursaut républicain”

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      Star Wars: L'Armée de terre rend hommage au film pour la journée du "MayThe4"

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 4 May, 2022 - 11:39 · 1 minute

    INSOLITE - Le 4 mai est la journée mondiale dédiée à Star Wars . “Que la Force soit avec vous”, la phrase clé de la saga se traduit en anglais par “May the Force be with you” ... qui a dérivé sur le jeu de mots “May the fourth”, c’est-à-dire le 4 mai.

    À cette occasion, l’armée de terre a décidé de saluer à sa manière l’univers imaginé par George Lucas en 1977. Comme elle l’avait déjà fait en 2018. Elle a partagé une vidéo sur les réseaux sociaux mettant en scène des soldats français engagés dans un combat contre un Sith, membre d’une communauté qui mène la guerre à l’ordre Jedi dans la saga.

    Le véhicule “Griffon” à l’honneur

    La vidéo à découvrir en tête d’article débute par un plan sur le ciel étoilé, comme on peut régulièrement l’observer dans les différents films de la franchise rachetée en 2012 par Disney. Le combat est ensuite engagé face à l’ennemi avant que les militaires ne réclament du renfort.

    La vidéo se conclut par l’arrivée d’un véhicule de l’armée transportant un combattant équipé d’un sabre laser vert, couramment utilisé par les Jedis. L’occasion pour l’armée française de mettre en avant son Véhicule blindé multi-rôle (VBMR).

    Cet engin de 24,5 tonnes, utilisé depuis 2019, est capable de transporter 10 combattants sur n’importe quel terrain. Y compris dans une autre galaxie donc...

    À voir également sur Le HuffPost: Le GP de F1 de Miami moqué pour cette marina en plastique

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      La France dans la tourmente au Sahel

      The Conversation · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 16 January, 2021 - 04:25 · 7 minutes

    France au Sahel

    Par Marc-Antoine Pérouse de Montclos 1 .
    Un article de The Conversation

    L’Élysée n’a annoncé aucun calendrier de retrait et certains posent la question très crûment : l’ancienne puissance coloniale est-elle vraiment la mieux placée pour stabiliser la zone ?

    Défiance des populations locales

    À l’international, en l’occurrence, on estime souvent que la France a la capacité d’agir en Afrique car elle connaît bien le terrain et pourrait donc mieux répondre aux attentes de ses alliés au sein de l’Union européenne et du G5 Sahel, le « Groupe des Cinq » que forment le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Le problème est que ses atouts sont aussi des faiblesses.

    Sur le plan tactique, d’abord, la France a effectivement maintenu au Tchad et au Niger des coopérations militaires de façon quasiment ininterrompue depuis la période des indépendances. Mais les relations ont été beaucoup plus erratiques avec la République islamique de Mauritanie, ou encore avec le Mali et le Burkina Faso, qui étaient proches de Moscou et de Tripoli du temps de la guerre froide. C’est en fait la « guerre globale contre le terrorisme » qui a amené l’armée française à renouer des contacts et à rebâtir des relations de partenariat dans ces trois pays.

    Le statut d’ancienne puissance coloniale nourrit par ailleurs de nombreux procès d’intention au Sahel. Toujours suspectée de faire et défaire les gouvernements de la région, la France n’est pas perçue comme neutre. Au contraire, elle est régulièrement accusée de chercher à promouvoir un agenda caché, par exemple pour mettre la main sur des ressources naturelles plus ou moins imaginaires.

    Historiquement marqués par une forte tradition anti-impérialiste, le Mali et le Burkina Faso le montrent bien. Les opinions exprimées sur les réseaux sociaux et par certains de leurs dirigeants laissent en effet entendre que la France soutiendrait les groupes djihadistes afin de déstabiliser des États souverains et de profiter de leur faiblesse pour recoloniser le Sahel. Au Mali, en particulier, la population ne cache pas sa défiance à l’égard de la force Barkhane. En revanche, elle a une très bonne opinion de son armée. Si l’on en croit de récents sondages réalisés auprès de 1200 adultes, plus de quatre Maliens sur cinq font confiance à leurs soldats pour défendre le pays.

    Un tel résultat paraît assez surprenant car les militaires qui se sont récemment emparés du pouvoir à Bamako se sont révélés incapables d’endiguer la menace djihadiste au nord. De plus, ils se sont surtout fait connaître pour leurs exactions et par des putschs qui ont profondément déstabilisé la région en 2012 puis 2020. En réalité, le capital de sympathie dont bénéficie l’armée malienne témoigne surtout de l’impopularité du régime précédent et du nationalisme exacerbé de Sahéliens profondément humiliés de devoir s’en remettre à l’ancienne puissance coloniale pour assurer leur sécurité, plus d’un demi-siècle après les indépendances – à moins qu’il faille plutôt y voir la crainte de déplaire aux autorités, sachant qu’un tiers des sondés pensaient que les enquêteurs étaient envoyés par le gouvernement.

    Des contentieux anciens

    Au Mali, il est vrai que la suspicion à l’égard de la France puise aussi ses racines dans des contentieux plus anciens liés à l’expulsion de migrants clandestins et d’un supposé soutien aux rebelles touarègues dans le nord.

    Deux ans avant son départ en 1960, le colonisateur avait en effet tenté, en vain, de créer une sorte d’État tampon sous la forme d’une « Organisation commune aux régions du Sahara » qui aurait soustrait les zones septentrionales du Soudan français et les puits de pétrole du sud de l’Algérie à l’influence, respectivement, de Bamako et des indépendantistes du FLN. Les Maliens ne l’ont pas oublié et, depuis lors, Paris a souvent été suspecté d’appuyer en sous-main les séparatistes touarègues afin de modifier une frontière qui paraissait d’autant plus artificielle qu’elle avait été tirée au cordeau.

    Qui plus est, quand les djihadistes venus d’Algérie sont montés en puissance dans le nord du Mali, les services secrets français ont effectivement armé les mouvements indépendantistes « laïques » pour combattre les groupes terroristes. Ils ont ainsi reproduit les erreurs commises à la même époque en Libye, où Paris a soutenu le soulèvement contre la dictature de Kadhafi en livrant des cargaisons d’armes qui, pour certaines d’entre elles, sont réputées avoir échoué entre les mains d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) en juin 2011. Dans le nord du Mali, la proclamation d’indépendance de l’Azawad en mai 2012 a certes respecté le tracé des frontières héritées de la colonisation, sans doute pour ménager les susceptibilités de la communauté internationale. Mais elle a aussi permis aux djihadistes de s’emparer du pouvoir à Gao et Tombouctou, situation qui devait finalement conduire au débarquement des troupes françaises en janvier 2013.

    La suite des événements a alors révélé toute l’étendue des désaccords possibles sur les priorités stratégiques de l’action militaire. Pour Bamako, les séparatistes touarègues constituaient le principal ennemi à abattre ; pour Paris, en revanche, il s’agissait d’abord des djihadistes venus d’Algérie. Jusqu’en 2020, plus précisément, l’armée française a surtout ciblé AQMI. Dans le même temps, le Burkina Faso, le Mali et le Niger se sont davantage préoccupés de la montée en puissance de l’État islamique dans la zone dite des « trois frontières ».

    Il est certes fréquent que des alliés ne parviennent pas à se mettre d’accord sur les priorités des cibles à éliminer et sur les listes des groupes désignés comme terroristes. Mais, en pratique, le G5 Sahel peine à être opérationnel et ses dysfonctionnements interrogent directement le rôle de leadership et de coordination de la France. Le contraste est particulièrement saisissant avec l’autre coalition antiterroriste de la région, la Force multinationale conjointe , qui fonctionne quasiment sans soutien extérieur et qui regroupe le Nigeria, le Cameroun, le Niger et le Tchad pour combattre Boko Haram.

    Quel rôle pour la France dans la recherche d’une solution politique ?

    À y regarder de plus près, les ratés de la lutte contre les groupes djihadistes au Sahel mettent en évidence les limites de coopérations militaires que les décideurs apprécient au nombre d’heures dispensées au lieu de les évaluer en termes de performance au combat et de respect du droit humanitaire. Le fond du problème est pourtant bien là. Indisciplinées et très corrompues, les armées africaines de la région entretiennent les conflits par leurs rackets incessants et leurs violations massives des droits de l’Homme . Dans les zones de combat, notamment, elles ont perdu la confiance de bon nombre de civils qu’elles sont incapables de protéger. Par contrecoup, leurs exactions ont aussi légitimé des djihadistes qui se présentent maintenant comme des hérauts de la résistance face à des troupes impies au service de l’impérialisme occidental.

    Ainsi, il y a peu de chances de gagner la « guerre contre le terrorisme » si les forces de sécurité continuent de commettre des abus en toute impunité. La solution à la crise du Sahel est d’abord politique et nécessite une profonde réforme des États de la région, entre autres pour répondre aux exigences de justice de la population. Il n’est pas évident que la France puisse jouer un rôle déterminant à cet égard, sachant qu’elle serait aussitôt accusée de néocolonialisme si elle s’avisait de critiquer publiquement les errements de ses alliés africains au Sahel…

    Sur le web The Conversation

    1. Directeur de recherches, Institut de recherche pour le développement (IRD).
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      Mali : libération des otages, un pari risqué

      Audace Institut Afrique · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 21 October, 2020 - 02:45 · 6 minutes

    Par Adoumadji Madjastan Magloire 1 .
    Un article publié en collaboration avec Audace Institut Afrique .

    Après d’âpres négociations avec des groupes armés radicaux du Mali , notamment le GSIM d’Iyad Ag Ghali, la junte malienne vient d’obtenir, le 8 octobre 2020, la libération de Soumaïla Cissé et de trois autres ressortissants étrangers dont Sophie Pétronin contre la libération de 200 éléments djihadistes.

    Cette libération n’est pas du tout du goût des forces étrangères présentes dans la zone. Aussi, comment peut-on expliquer les implications sécuritaires d’une telle démarche ?

    Une frustration justifiée au sein des forces étrangères déployées au Mali

    L’armée française peine à digérer la libération de 200 prisonniers qu’elle a largement contribué à capturer, contre seulement 4 otages. Selon un haut gradé de l’armée sous anonymat cité par le journal Le Point :

    Quand on passe ses nuits à construire des digues et que quelqu’un met un coup de pied dedans, ça ne fait pas plaisir.

    C’est en quelque sorte un affront pour ces soldats déployés dans la bande sahélo-saharienne pour traquer et neutraliser les groupes armés radicaux. Cela va également impacter les opérations sur le terrain, car le risque de démotivation des troupes est grand.

    De plus, une telle libération est facilement interprétée par les djihadistes comme une victoire. À regarder les vidéos d’accueil des ex-prisonniers par leurs frères islamistes, on peut conclure que cette victoire sera rééditée. De plus en plus de prises d’otages de personnalités importantes en échange de la libération des prisonniers djihadistes vont se produire. En quelque sorte, un cercle vicieux s’est mis en place.

    Une libération, symbole d’une volonté de prise en main de la situation

    La libération de ces prisonniers se situe dans la droite ligne de l’initiative de l’ancien Président déchu, Ibrahim Boubakar Keita qui visait à négocier avec les groupes armés radicaux du nord du Mali. Cette posture est également révélatrice du sentiment collectif au Mali : celui du caractère fourbe que les populations du pays collent aux forces étrangères.

    Malgré la multiplicité des armées étrangères dans le pays, cela n’a pas empêché les djihadistes de progresser jusqu’au centre du Mali. Les forces étrangères, notamment Barkhane, Takuba, MINUSMA, etc. ont fait l’objet de campagnes de dénigrement qui ont fini par avoir un écho au niveau politique et affecté leur image, sans pour autant qu’elles cherchent à s’en débarrasser.

    La libération de 200 djihadistes, en dehors de toutes considérations opérationnelles des forces étrangères en place, témoigne de la volonté des autorités maliennes de reprendre le contrôle de la lutte contre les groupes djihadistes. Mais elle explique aussi le fait qu’il y a comme une rupture de confiance entre ces forces armées et les autorités maliennes qui dorénavant, privilégieront la voie politique par rapport à celle militaire. Elles semblent être prêtes à faire l’ultime sacrifice pour la stabilité du Mali.

    Soumaila Cissé : l’ultime sacrifice

    La libération de 200 djihadistes contre seulement 4 personnes doit être analysée du point de vue politique et sécuritaire. Sur le plan politique, Soumaila Cissé incarne dans le contexte actuel, un grand espoir pour les Maliens en général et la classe politique en particulier, qui peinent à trouver un candidat consensuel pour assurer la transition.

    Aussi, la junte au pouvoir a fait de sa libération un sacrifice ultime. Elle a fait des concessions énormes aux djihadistes parce que c’était Soumaila Cissé. Si c’était une autre personne, cela se serait surement fait différemment. Sur le plan sécuritaire, cette libération va renforcer la posture des groupes radicaux qui y verront une certaine légitimation de leur lutte et une faiblesse de l’État malien.

    Pire encore, les ex-prisonniers djihadistes libérés et accueillis comme des héros reprendront les activités terroristes illico presto. De plus, le risque de ciblage des personnalités politiques en vue de s’en servir comme moyen de pression est très élevé.

    De l’autre côté, cette libération créera un sentiment d’impunité au sein de la population qui y verra une fois de plus, l’incapacité de l’État à assurer sa sécurité. La tentation de se constituer en groupe d’auto-défense sera grande. Toutefois, cette même population se réjouit de la libération du leader de l’opposition Soumaila Cissé mais, elle éprouve un sentiment de trahison dans l’attitude de Sophie Petronin qui souffrirait du syndrome de Stockolm .

    Aussi, cette libération inaugure une nouvelle orientation dans l’approche de la lutte contre le djihadisme de la part des autorités maliennes. Elle a commencé avec IBK et va se poursuivre au détriment des forces étrangères présentes. Car les Maliens estiment que la solution ne peut venir que d’eux-mêmes. Pour cela, ils doivent s’asseoir et discuter.

    Par ricochet, les forces étrangères doivent comprendre qu’existe une véritable crise de confiance avec les populations dans cette bande sahélo-saharienne et qu’il leur faut changer de stratégie s’ils veulent y demeurer. Une force étrangère peut être considérée comme une solution un certain temps, mais lorsque sa mission s’inscrit dans le temps long, elle est alors ressentie comme une force d’occupation par les populations locales.

    De plus, le peuple malien, ainsi que ceux des autres pays de l’espace deviennent de plus en plus exigeants vis-à-vis de leurs dirigeants à propos des questions sécuritaires et attendent des résultats. L’État malien doit alors prendre ses responsabilités, au lieu de chercher à chaque fois un bouc émissaire.

    Les forces étrangères, bouc émissaire de l’État malien ?

    La question de la responsabilité de l’État malien dans la sécurisation de ses populations ne peut être mise en délibéré. Dans les conditions actuelles, si les forces étrangères s’en vont, le gouvernement malien n’aura plus de bouc émissaire pour éviter de prendre ses responsabilités. Car, leur présence lui permet de faire de la diversion en reportant tous les problèmes à des aspects post-coloniaux et à la présence de forces d’occupation sur son territoire.

    Si les forces Barkhane, Takuba et MINUSMA s’en vont, le gouvernement devra être responsable lui-même et endosser ses erreurs face à un peuple de plus en plus exigeant. En effet, dans un contexte de défaillance de l’État et de la corruption généralisée, il est fort à parier que le départ des forces étrangères soit plus difficile à gérer en termes de sécurité. Cependant, c’est surement un passage obligé pour trouver des solutions durables.

    En définitive, cette libération signale le déclic d’une nouvelle approche de la résolution de la question sécuritaire au Mali. Surtout, dans un contexte ou une crise de confiance s’est installée entre les forces étrangères présentes et les populations, entre les dirigeants politiques et les forces étrangères. L’avenir de la présence des forces étrangères dans cet espace se jouera à travers une prise en compte de cette nouvelle dynamique.

    1. Adoumadji Madjastan Magloire est expert en Défense et sécurité.
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      Déploiement de l’armée et guerre sanitaire : une urgence au sommet de l’État

      Sabine Lula · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 31 March, 2020 - 03:00 · 3 minutes

    armée

    Par Sabine Lula.

    Le 25 mars 2020, Emmanuel Macron a annoncé la mise en place d’une opération militaire baptisée Résilience , dans le cadre de la lutte contre le coronavirus. Bien qu’il ait annoncé que l’armée serait déployée afin d’apporter un soutien à la population, les actions concrètes qui vont être entreprises demeurent floues.

    Il est annoncé que le déploiement militaire ne servira en aucun cas à faire respecter le confinement , bien que certains médecins semblent le demander pour certaines zones sensibles ; quelles seront alors ses missions principales ?

    Mettre un nom sur le peu qui est déjà en place ?

    Depuis le début de la crise, l’armée est déjà intervenue plusieurs fois dans les zones les plus fortement touchées, par exemple en installant un hôpital militaire sur le parking de l’hôpital civil de Mulhouse.

    Résilience devrait donc poursuivre de façon plus centralisée, et mettre en place ces mesures d’urgence à échelle nationale. Il est prévu également que les militaires effectuent des missions de désinfection dans les grands centres urbains.

    On peut craindre cependant la centralisation et le monopole d’action de l’État dans la gestion d’une crise d’une telle ampleur alors qu’il semble bien incapable de faire respecter l’ordre sur l’intégralité du territoire , encore moins quand des vies sont en jeu.

    L’appui martial ne rendra certainement pas les membres du gouvernement – qui nous ont prouvé plus d’une fois qu’ils pouvaient tout à fait sacrifier la santé des Français si cela leur offrait davantage de pouvoir – plus compétents, mais sûrement plus menaçants aux yeux d’une population déjà trop privée de libertés individuelles.

    « Le poisson qui étouffe sur la berge s’agite toujours plus que celui qui est dans l’eau »

    On peut alors légitimement se demander si la mobilisation « officielle » de l’armée ne serait pas une ruade vaine d’un État ruiné, mis à genoux par la crise sanitaire.

    Un État en ruines

    Depuis le début de la crise, la communication a été l’arme privilégiée des élites, au détriment des mesures concrètes qui pourraient sauver des vies. La France semble toujours avoir un temps de retard et agir par défaut, face aux politiques menées par les voisins.

    On peut notamment citer la fermeture des frontières : si la République Tchèque fut le premier pays de l’UE à interdire l’entrée sur le territoire aux résidents des pays « à risque » dès le 13 mars 2020, puis une fermeture totale des frontières le 16 mars – alors que le patient zéro y est arrivé le 1er mars 2020 – la France a attendu que tous les pays voisins fassent de même avant d’oser fermer ses frontières.

    Dans un contexte pareil, la mobilisation d’une armée qui ne sait pas dire pourquoi on l’appelle apparaît comme la dernière absurdité en date. Mais il ne faut cependant pas oublier que l’usage de la force, qu’elle soit psychologique avec le matraquage des médias ou physique avec la mise en place éventuelle de contrôles musclés, est peut-être le dernier moyen qu’ont nos élites pour assurer un contrôle sur cette cocotte-minute qu’est la France. Encore plus quand certains redoutent d’avoir à rendre des comptes sur leur gestion calamiteuse .

    Il convient donc de surveiller ce soudain sursaut de nos élites, et leur bras armé martial. Seul le temps nous dira s’il s’agit là d’une énième manœuvre de communication de crise pour sauver les apparences et conserver leur pouvoir, ou bien le début de quelque chose de plus grave .

    Quoi qu’il en soit, rester sur ses gardes, faire attention à soi et à ses proches, et chercher le peu de liberté qu’il nous reste dans ce pays, en d’autres termes rester indépendant, voilà le meilleur moyen de survivre à cette crise sanitaire, et à toutes les autres qui en découleront.