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      Macron souhaite une présence militaire française plus discrète en Afrique

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 13 July, 2022 - 21:04 · 4 minutes

    Emmanuel Macron, ici prononçant un discours devant des responsables militaires et des invités au ministère des Armées à Paris, le 13 juillet 2022. Emmanuel Macron, ici prononçant un discours devant des responsables militaires et des invités au ministère des Armées à Paris, le 13 juillet 2022.

    ARMÉE - Emmanuel Macron a ouvert la porte ce mercredi 13 juillet à une transformation de l’offre militaire française en Afrique, vers un dispositif plus discret, et annoncé une réévaluation du budget des Armées pour 2024-2030 à l’aune du retour de la guerre en Europe.

    Dans sa traditionnelle allocution au ministère des Armées à la veille du 14 juillet, le chef de l’État a jugé que l’adoption de “dispositifs moins posés et moins exposés” en Afrique relevait d’une “nécessité stratégique”, alors que l’armée française est en passe de quitter le Mali à la fin de l’été et qu’elle a des milliers de militaires impliqués dans la lutte anti-jihadiste au Sahel.

    Emmanuel Macron a affirmé sa volonté de “réussir à bâtir dans la durée une intimité plus forte avec les armées africaines, reconstruire une capacité à former, ici et là bas”, tout en restant en deuxième ligne, et alors que Paris veut préparer ses armées aux conflits de haute intensité comme celui d’ Ukraine .

    La France, ancienne puissance coloniale d’une partie des pays du continent, y maintient une forte présence militaire. Outre son engagement au Sahel, en pleine restructuration, elle a des éléments déployés au Sénégal, au Gabon et à Djibouti.

    Le président Macron a par ailleurs évoqué la nécessité d’un “continuum entre notre offre diplomatique, nos actions rénovées pour le partenariat africain, nos actions de développement” en Afrique. “C’est un changement de paradigme profond”, a-t-il martelé.

    Nouveau budget militaire

    Hier partenaire-clé de Bamako, la France, ancienne puissance coloniale, est désormais persona non grata et s’apprête à quitter le Mali d’ici quelques semaines. La junte au pouvoir depuis 2020 a poussé dehors l’armée française et a fait appel aux Russes, via la sulfureuse société paramilitaire Wagner, même si Bamako s’en défend.

    Une fois désengagée du Mali, la France aura divisé par deux sa présence au Sahel en ne maintenant que 2500 militaires environ dans la région. Mais Paris affirme depuis des mois ne pas renoncer à la lutte antiterroriste et discuter avec les pays du Sahel et du Golfe de Guinée pour préparer de nouvelles formes d’intervention.

    Au Niger, les Français maintiendront plus d’un millier d’hommes et des capacités aériennes pour fournir un appui feu et du renseignement dans le cadre d’un “partenariat de combat” avec les forces armées nigériennes (FAN), déployées avec 250 soldats français à proximité de la frontière avec le Mali face aux jihadistes liés à Al-Qaïda ou au groupe État islamique.

    Les ministres des Armées Sébastien Lecornu et des Affaires étrangères Catherine Colonna sont attendus le 15 juillet au Niger. Sébastien Lecornu se rendra le lendemain en Côte d’Ivoire.

    Le chef de l’État a par ailleurs annoncé une réévaluation des besoins budgétaires en matière de défense, via une nouvelle Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 plus adaptée ”à la perspective du retour possible d’un affrontement de haute intensité”. Ces travaux d’élaboration “devront être achevés à la fin de cette année” puis “discutés avec le Parlement” début 2023, a souhaité le chef de l’État français.

    Développer le Service national universel

    Le président avait amorcé en 2017 une nette remontée en puissance des crédits défense après des années de disette. Le budget des armées va encore croître en 2022 avant de franchir une marche de trois milliards en 2023, pour atteindre 44 milliards d’euros.

    Il a enfin demandé aux armées de “faire davantage” pour développer le Service national universel (SNU) visant les jeunes, afin de mobiliser “toute la société française” dans les défis qui leur sont proposés.

    “Il ne s’agit pas de militariser la jeunesse, encore moins la société, mais au moment où la nation a besoin de retrouver le sel de son histoire, son sens profond (...), la République a besoin que vous fassiez davantage”, a-t-il déclaré.

    Le SNU, promesse de campagne d’Emmanuel Macron, a été lancé en 2019. Après une première expérimentation auprès de 2000 jeunes volontaires de 15 à 17 ans, puis une session annulée en 2020 en raison de la crise sanitaire, 15.000 jeunes avaient participé l’été dernier à des stages de cohésion dans toute la France.

    Cette année, le Service national universel (SNU) a pour objectif de toucher 50.000 jeunes au total. Mais ce projet est loin de faire l’unanimité parmi les syndicats lycéens et dans les armées, déjà très employées sur de multiples fronts.

    À voir également sur Le HuffPost : En patrouille avec les militaires de Barkhane au Mali

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      Au Mali, la France a capturé un haut cadre de l'État islamique

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 15 June, 2022 - 09:57 · 5 minutes

    La force Barkhane va bientôt quitter le Mali en raison de relations dégradées avec la junte au pouvoir. La force Barkhane va bientôt quitter le Mali en raison de relations dégradées avec la junte au pouvoir.

    MALI - Un succès au Mali pour la force Barkhane . Alors que les Français sont en pleine opération de retrait du pays, les soldats ont capturé dimanche un important chef jihadiste en zone frontalière, a annoncé dans un communiqué l’état-major français ce mercredi 15 juin.

    “Dans la nuit du 11 au 12 juin 2022, une opération de la force Barkhane (...) a permis la capture d’Oumeya Ould Albakaye, haut responsable de l’État islamique au Grand Sahara (EIGS)”, l’antenne sahélienne de la nébuleuse mondiale, de même source.

    Le jihadiste, “un temps pressenti pour succéder à l’ancien émir” Adnan Abou Walid Al-Sahraoui , neutralisé par les Français en août 2021, “avait des compétences en termes de maniement d’explosifs”, a commenté à l’AFP une source sécuritaire.

    La zone des trois frontières théâtre de violences

    Albakaye était le chef de l’EIGS pour le Gourma, au Mali, et pour l’Oudalan, au nord du Burkina Faso, selon l’état-major. “Il a organisé plusieurs attaques contre différentes emprises militaires au Mali, dont celle de Gao. Il dirigeait des réseaux de mise en œuvre d’engins explosifs improvisés. Il visait directement les axes de circulation empruntés par la force Barkhane pour conduire sa réarticulation en dehors du Mali”, est-il précisé.

    “Il est par ailleurs responsable d’un grand nombre d’exactions et d’actions de représailles menées par l’EIGS contre les populations maliennes et burkinabé”, ajoute le communiqué de l’état-major des armées.

    Un élu local a confirmé sa capture “au cours d’une intervention d’un hélicoptère dans un campement” du secteur de Tessit, du côté malien de la zone dite des trois frontières, aux confins du Burkina Faso et du Niger.

    “Ils l’ont pris après des combats dans la zone entre l’EIGS et le JNIM”, acronyme arabe du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaïda, a-t-il ajouté sous couvert d’anonymat pour des raisons de sécurité. Un habitant de Tessit joint par téléphone a également confirmé la capture auprès de l’AFP.

    La zone des trois frontières est un des foyers les plus actifs de la violence polymorphe qui sévit au Sahel. C’est un théâtre d’opérations pour les groupes jihadistes, différents groupes armés, les armées des trois pays frontaliers et les soldats de la force antijihadiste française Barkhane.

    Les relations avec le Mali dégradées

    L’armée se félicité de cette capture, qui “constitue un succès pour la force Barkhane”. Elle permet de “déstabiliser à nouveau le haut commandement de l’EIGS dans la zone, qui avait été significativement affaibli (...) en particulier avec la neutralisation d’Adnan Abou Walid Al-Sahraoui”.

    Cela s’inscrit dans un contexte où la France est en passe de boucler son retrait militaire du Mali après neuf ans d’engagement, poussée vers la sortie par la junte au pouvoir à Bamako depuis août 2020. La dégradation des relations s’est aggravée ces derniers mois avec le recours par la junte à ce qu’elle présente comme des instructeurs russes, des mercenaires de la société russe Wagner aux agissements controversés en Afrique et ailleurs selon la France et ses alliés.

    L’armée française a remis lundi les clés de la base de Ménaka dans la même vaste région militaire de Ménaka, et aura quitté le Mali pour de bon ”à la fin de l’été” avec le transfert aux forces maliennes (FAMa) de leur principale emprise de Gao, selon l’état-major français.

    Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop a de nouveau signifié lundi à l’ONU que les soldats n’étaient plus les bienvenus en refusant catégoriquement que les avions français continuent à apporter leur soutien à la mission de l’ONU au Mali (Minusma).

    Les Français ont ces derniers mois annoncé avoir tué nombre de cadres de l’EIGS dans la zone frontalière, au premier rang desquels son chef Al-Sahraoui en août.

    EIGS, dissident d’Al-Qaida au Maghreb Islamique

    Les maigres informations remontant de cette immense zone reculée et difficilement accessible font état de centaines de civils tués et de milliers de déplacés ces derniers mois dans les régions de Ménaka et Gao plus à l’ouest. Des combats y ont mis aux prises ces dernières semaines l’EIGS et une coalition de l’armée malienne et de groupes armés soutenus par Bamako.

    Plusieurs massacres ont été imputés à ce même groupe jihadiste au cours de l’année écoulée sans que l’organisation ne les revendique toujours. La dernière attaque d’envergure - non revendiquée - est survenue dimanche soir à Seytenga, au Burkina Faso, faisant 79 morts selon un bilan officiel encore provisoire.

    Avant Seytenga, c’était Tamalat (au Mali, une centaine de morts en mars 2022), Ouatagouna (au Mali, une cinquantaine de morts en août 2021), Tillia (au Niger, 141 morts en mars 2021)... “Notre frontière avec le Mali est aujourd’hui sous la coupe de l’Etat islamique au Grand Sahara”, déclarait mi-mai le président du Niger Mohamed Bazoum.

    Le groupe EIGS est né en 2015 d’une dissidence d’Abou Walid Sahraoui vis-à-vis du groupe jihadiste Al-Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) auquel il appartenait. Désavouée par Aqmi après avoir fait allégeance à l’EI, sa “katiba” a été reconnue par l’EI un an plus tard.

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