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      Au terme du procès du 13-Novembre, des explications, des aveux mais aucune certitude

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Wednesday, 29 June, 2022 - 04:00 · 6 minutes

    La salle d'audience qui accueille le procès des attentats du 13-Novembre depuis le 8 septembre 2021. La salle d'audience qui accueille le procès des attentats du 13-Novembre depuis le 8 septembre 2021.

    PROCÈS DU 13-NOVEMBRE - Après dix mois de procès, l’heure du verdict. Ce mercredi 29 juin, les peines contre les 20 accusés des attentats du 13 novembre 2015 seront prononcées par la Cour d’assises spéciale . Six sont jugés en leur absence, dont cinq sont présumés morts.

    Les longs mois de débats ont-ils apporté des réponses à l’horreur de ces crimes qui ont causé la mort de 130 personnes? “Du procès ne jaillit pas toujours LA vérité, mais UNE vérité judiciaire. Cette dernière ne suffit sans doute pas, elle ne permet pas de comprendre le mal, la barbarie, la terreur”, soulignait au début des réquisitions Camille Hennetier, l’une des trois avocats généraux du procès pour le parquet national antiterroriste .

    Les accusés ont eu plusieurs occasions pour prendre la parole, mais certains ont exercé leur droit au silence , d’autres n’ont fourni que des explications parcellaires. Malgré les nombreuses questions toujours en suspens, Le Huffpost revient sur trois moments du procès qui permettent d’en savoir un peu plus sur leur passage à l’acte.

    • Les aveux de Salah Abdeslam

    L’une des interrogations majeures pour ce procès du 13-Novembre concernait Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie du commando: a-t-il renoncé volontairement à faire exploser sa ceinture ou cette dernière était-elle défectueuse? Il n’a pas été simple d’obtenir une réponse tant la personnalité de ce Français de 32 ans a dérouté. Provocateur se proclamant “combattant de l’État islamique”, puis plein de remords jusqu’aux larmes coulant sur ses joues, difficile de comprendre qui est vraiment Salah Abdeslam.

    Au lendemain des attentats, il avait confié à ses complices que sa ceinture était défectueuse. Devant la Cour, il a finalement expliqué avoir fait “marche arrière” dans le bar du XVIIIe arrondissement où il devait actionner son gilet. “Je rentre dans le café, un bar pas très grand, avec beaucoup de monde. Je m’installe, je commande une boisson. Je regarde les gens autour de moi et je me dis que je vais pas le faire (...) J’ai renoncé par humanité, pas par peur. Je ne voulais pas les tuer”, a-t-il raconté à l’audience.

    Pourquoi aurait-il menti à son retour à Molenbeeck, en Belgique? Il a dit avoir eu “ honte de ne pas avoir été jusqu’au bout”, avoir eu “peur du regard des autres”. Salah Abdeslam minimise aussi son rôle, détaillant la chronologie de la préparation des attentats tout en assurant connaitre uniquement le lieu de sa mission et l’attaque au Stade de France. Il a refusé de donner plus de détails sur sa soirée du 13-Novembre et de nombreuses zones d’ombre demeurent.

    Sa nouvelle version est-elle une simple stratégie de défense? L’accusation en est persuadée, mais difficile d’en avoir la certitude. “J’ai fait des erreurs, mais je ne suis pas un assassin je ne suis pas un tueur”, a en tout cas insisté au dernier jour du procès Salah Abdeslam, contre qui la perpétuité incompressible a été requise.

    • L’implication de Mohamed Abrini

    “J’étais prévu pour le 13.” La phrase prononcée fin mars par Mohamed Abrini , ami d’enfance de Salah Abdeslam, a fait l’effet d’une petite bombe lors du procès. Le Belgo-Marocain de 37 ans, surnommé “l’homme au chapeau” depuis l’attentat de l’aéroport de Bruxelles, avait jusque-là réfuté toute implication malgré sa présence à Paris avec le commando. Il voulait seulement accompagner ses amis dans “leurs derniers moments”, se justifiait-il.

    Dans sa nouvelle version, il explique que le frère de Salah Abdeslam et futur tueur des terrasses, Brahim, l’aurait approché deux mois avant les attaques. Après avoir accepté de faire partie du “projet”, Abrini raconte ensuite avoir changé d’avis: “Moi, je peux pas aller tuer des gens comme ça dans la rue (...) attaquer des gens non armés”. Brahim Abdeslam se serait alors tourné vers son frère Salah pour remplacer Mohamed Abrini, et ce dernier aurait accompagné le “commando de la mort” pour dire adieu.

    S’il a renoncé, pourquoi a-t-il participé aux ultimes préparatifs? Pourquoi a-t-il été à Paris? Pourquoi avoir loué une seconde planque? Pourquoi être resté à visage découvert? Autant de questions posées par le président de la Cour Jean-Louis Périès, déconcerté devant les incohérences de Mohamed Abrini. L’accusé a peiné à se justifier, répondant simplement qu’il était “perdu” à ce moment-là.

    L’accusation estime qu’il s’agit en réalité d’un désistement de dernière minute, que son récit sert surtout à le dédouaner et à dédouaner Salah Abdeslam. La perpétuité incompressible a également été requise contre le 11e homme des attentats de Paris et Saint-Denis.

    • Pourquoi la France a-t-elle été visée?

    “François Hollande dit que nous combattons la France pour vos valeurs et pour vous diviser. C’est un mensonge manifeste”, avait déclaré Salah Abdeslam dès le début du procès. Reprenant la propagande du groupe État islamique, le principal accusé justifiait les attaques contre la France en invoquant les bombardements français contre l’EI en Syrie et en Irak dans le cadre de la coalition internationale.

    L’ancien président de la République , appelé à la barre en novembre, lui a répondu: “On nous a fait la guerre et nous avons répondu.” Il a rappelé que les frappes en Syrie n’avaient débuté que le “27 septembre” 2015, après les attentats de Charlie Hebdo et du Thalys. “Le commando s’était préparé bien avant [l’intervention française en Syrie]. Nous savons que les attentats étaient préparés depuis fin 2014”, a-t-il assuré.

    Quid des frappes en Irak? Comme le rappelle Le Monde , l’intervention française a débuté en septembre 2014. “Si vous pouvez tuer un incroyant américain ou européen – en particulier les méchants et sales Français (…) ou tout (…) citoyen des pays qui sont entrés dans une coalition contre l’État islamique”, avait déclaré le porte-parole de l’EI peu après le début des bombardements. Cet appel au jihad peut expliquer en partie la vague d’attentats en France en 2015.

    Toutefois, un enquêteur de la DGSI a présenté lors de l’audience un historique de la menace terroriste depuis 30 ans. D’après lui, rapporte L e Monde, “dès 2013, on a un Français rentré de Syrie, où il avait rejoint l’État islamique en Irak et au Levant, porteur d’un projet d’attentat”. La chronologie montre que les intentions d’attaquer étaient donc antérieures à l’intervention française au Moyen-Orient.

    En janvier 2014, un Cannois parti faire le jihad est revenu en France. Il a fabriqué un engin explosif et eu des contacts avec “Jihadi John”, un terroriste britannique. En mai de la même année, Mehdi Nemmouche a commis l’attentat dans le Musée juif de Bruxelles avant d’être arrêté à la gare de Marseille avec une Kalachnikov. La DGSI en conclut que les projets d’attentats contre la France étaient antérieurs à l’intervention en Irak.

    À voir également aussi sur le Huffpost: “Novembre” à Cannes: les avis divergent sur le timing de ce film sur les attentats du 13-Novembre

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      Procès du 13-Novembre: Comment les victimes vivent la défense des terroristes

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 24 June, 2022 - 04:30 · 8 minutes

    Neuf mois après le début du procès du 13-Novembre, ces semaines de la mi-juin sont consacrées aux plaidoiries des avocats de la défense. Un moment éprouvant pour les victimes et leur famille, qui doivent faire face à la défense des actes des protagonistes des attentats (photo prise en septembre 2021, dans les premiers jours du procès). Neuf mois après le début du procès du 13-Novembre, ces semaines de la mi-juin sont consacrées aux plaidoiries des avocats de la défense. Un moment éprouvant pour les victimes et leur famille, qui doivent faire face à la défense des actes des protagonistes des attentats (photo prise en septembre 2021, dans les premiers jours du procès).

    TERRORISME - “Ce qui me dérange le plus, c’est que ces gens-là auraient pu éviter d’autres drames.” Depuis début juin, le procès des attentats perpétrés le 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis est entré dans sa dernière ligne droite. Après les réquisitions du parquet , ce sont désormais les avocats de la défense qui se succèdent face à la cour pour plaider en faveur des accusés, et tenter de réduire, voire d’éviter leur condamnation .

    Un temps forcément particulier dans le processus judiciaire, après neuf mois à entendre les récits d’horreur des survivants et des secours, à revenir sur la planification des attaques, à retracer la vie et le parcours de leurs acteurs. Une période où la nuance, la contextualisation et la recherche d’empathie s’invitent dans les débats au sujet de ceux vers qui tous les regards sont tournés.

    À commencer par Salah Abdeslam , dont les conseils, maîtres Martin Vettes et Olivia Ronen, plaident ce vendredi 24 juin. Un rendez-vous très attendu par les victimes et leur famille, toujours en quête d’explications sur ce qu’il s’est passé ce soir de novembre. Sa ceinture explosive a-t-elle dysfonctionné? A-t-il eu peur ou des remords ? Quelle que soit la réponse, tous les participants et observateurs du procès attendent avec impatience la plaidoirie de ce vendredi.

    L’appréhension avant d’entendre la défense de Salah Abdeslam

    “Je ne craignais pas cette période qui me paraît tout à fait nécessaire dans le cadre du débat contradictoire”, commence d’une voix posée le chercheur Stéphane Sarrade, père d’Hugo, mort à 23 ans au Bataclan . “Il y a d’ailleurs eu de très belles plaidoiries et j’ai une vraie curiosité vis-à-vis de celle qui concernera Salah Abdeslam. Je suis curieux de voir quel va être l’angle choisi pour le défendre”, explique celui qui envisage de se “dégager du temps” pour assister sur place à ce moment, sans pour autant singulariser le jihadiste jusqu’à en faire “un martyr ou une célébrité”.

    Patricia Correira aussi attend ce moment. Aujourd’hui vice-présidente de l’association de victimes “13Onze15” après avoir perdu sa fille et le compagnon de celle-ci au concert des “ Eagles of Death Metal ”, elle livre ses pensées: “Abdeslam aurait pu éviter les attentats, mais il a préféré fuir pour essayer de sauver sa peau parce qu’il savait que Daech lui tomberait dessus. Je me demande bien comment son avocate va pouvoir lui trouver des circonstances atténuantes, ce qu’elle va dire pour défendre ce type. Car au lieu de dénoncer ce qu’il allait se passer, il s’est dégonflé.” Et de conclure: “J’espère qu’il ne sortira jamais de derrière les barreaux.”

    Un avis que ne partage pas tout à fait Paul-Henri Baure. Le 13 novembre 2015, lui travaillait pour une société de sécurité aux abords du Stade de France. Quand un terroriste a déclenché sa ceinture d’explosifs à quelques mètres, il a été très gravement blessé aux jambes, au point de ne plus pouvoir retravailler pendant plus de deux ans.

    Aujourd’hui, c’est pourtant lui qui appelle à la clémence: ”Évidemment qu’il faut qu’il puisse être défendu, comme chaque personne qui fait des bêtises. J’espère qu’il sera condamné à une peine lourde, avec une peine de sûreté de 30 ans”, précise-t-il, voulant croire à une possible réinsertion, même dans un futur très lointain.

    Car Salah Abdeslam symbolise toute la pénibilité de la période des plaidoiries pour les victimes et leur famille, comme le résume encore Stéphane Sarrade: “C’est quelqu’un qui a slalomé entre le fait de dire qu’il n’avait pas de sang sur les mains et sa revendication ‘Je suis un soldat de l’État islamique’.” Entre sa négation en bloc et sa fierté assumée d’avoir contribué aux attentats les plus graves perpétrés sur le sol français, tout cela sans exprimer de regrets malgré quelques excuses , difficile ensuite pour ceux qui ont perdu un proche d’assister à une longue défense.

    Le “manque de courage” incompréhensible de certains accusés

    Reste toutefois l’attachement aux valeurs républicaines, au fait que chacun des accusés écope de peines “proportionnées”, “cohérentes avec ce qu’ils ont fait”, comme le dit Stéphane Sarrade. À l’opposé donc de l’idéologie qui a semé la mort en 2015. “Je ne mets pas Salah Abdeslam à part, et je suis même opposé à ce qu’on le fasse: il a droit à une défense”, assure ainsi le père d’Hugo. “Et d’ailleurs, la peine qu’il recevra aura de la valeur parce que l’on aura suivi tout ce processus.” Ce que confirme Paul-Henri Baure, qui voit là une occasion de “comprendre ce qu’ils avaient dans la tête quand ils sont passés à l’acte”.

    Il n’en reste pas moins que certaines plaidoiries ont été particulièrement difficiles à entendre. Patricia Correira, elle, a été choquée par les mots de maître Xavier Nogueras . L’avocat, qui a notamment défendu Jawad Bendaoud par le passé, a plaidé l’acquittement pour Mohamed Amri, qui est venu chercher Salah Abdeslam pour le ramener en Belgique après les attentats. “On se demande comment des avocats peuvent défendre ces gens”, s’interroge-t-elle.

    Ce que la vice-présidente de l’association 13Onze15 déplore, c’est “le manque de courage de ceux qui n’ont rien dit” parmi les accusés. “Ces gens-là, qui auraient pu dénoncer Salah Abdeslam ou Mohamed Abrini ne l’ont pas fait parce qu’ils avaient peur. Mais ils auraient pu empêcher l’attentat de Bruxelles s’ils avaient parlé.”

    Et de prendre l’exemple de “Sonia”, cette femme qui a dénoncé Abdelhamid Abaaoud quand celui-ci s’est réfugié à Saint-Denis, et qui vit désormais sous une nouvelle identité, comme Le HuffPost l’a raconté . Une décision qui a permis l’intervention des forces de l’ordre et d’éviter une série d’attaques (une crèche, un commissariat ou le quartier de la Défense étaient visés, selon les enquêteurs ). “Ma fille était déjà morte quand Amri est venu chercher Abdeslam, je ne prêche pas pour ma paroisse. Mais si ces gens-là avaient parlé, ils auraient eu une protection comme Sonia. C’est grave qu’ils n’aient pas le cran de dénoncer.”

    La culpabilité qui s’inverse

    Une distinction entre accusés que font la plupart des acteurs joints par Le HuffPost . “Il y en a qui ont été entraînés, et qui ne savaient même pas dans quoi”, insiste Paul-Henri Baure, le survivant du Stade de France. Avant de préciser sa pensée avec simplicité: “Si je prête ma voiture à un ami et qu’elle sert à un cambriolage, je serai furieux contre mon ami. Mais je comprendrais que je puisse être condamné.”

    Même son de cloche chez Patricia Correira. “Certaines personnes sont impliquées de très loin et il faut minimiser les peines pour elles”, assure-t-elle. “Il faut distinguer ceux qui avaient l’intention de tuer et ceux qui fréquentaient ces gens sans le savoir et qui ont été entraînés par la vague. Mais il faut quand même qu’il y ait des peines.”

    Un numéro d’équilibre loin d’être aisé pour les parties civiles, surtout quand les arguments des différents représentants de la défense se répètent jour après jour dans une longue litanie. “Je le vis assez mal”, admet Stéphane Sarrade quand on le joint au sortir d’une nouvelle journée à écouter la retransmission du procès. “Il y a quelque chose qui m’apparaît autour de la notion de culpabilité”, décrit cet universitaire qui a tenté de comprendre les terroristes en rencontrant des parents de jeunes partis en Syrie, en s’intéressant à la déradicalisation...

    “Il y a de la culpabilité chez nous, les parties civiles: celle d’avoir survécu, la mienne d’avoir payé les billets de mon fils Hugo pour le concert. Et à l’inverse, il n’y en a aucune chez les accusés”, détaille-t-il. “Il y a même une inversion de la vision parce qu’eux se considèrent comme des victimes.” Une dimension renforcée par les plaidoiries des avocats visant à défendre leurs clients: ”Ça finit par être surréaliste: ce ne sont plus des accusés, mais des citoyens qui n’ont pas fait grand chose, ce serait la religion que l’on jugerait et non pas eux etc.”

    Reste, comme l’image Paul-Henri Baure, que ce temps du procès est indispensable, qu’il faut en passer par là: “Si je me roule par terre, ça ne va rien changer.” D’autant qu’en dépit de la “gêne” et de la “douleur” qu’elle ressent, Patricia Correira voit un but supérieur à atteindre grâce au procès: “que les gens réalisent qu’on ne peut pas tuer des innocents au nom d’un dieu, que c’est la justice qui aura le dernier mot”. Un objectif qui sera atteint selon elle si “les avocats de la défense ne parviennent pas à renverser les peines assez exemplaires requises” par l’avocate générale Camille Hennetier. Car de toute façon, conclut-elle, quelle que soit la décision du tribunal, cela “ne fera jamais revenir nos enfants”.

    À voir également sur L e HuffPost : Commémorer le 13-Novembre en plein procès, un moment “historique” pour les rescapés

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      Au procès du 13-Novembre, les Eagles of Death Metal témoignent

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Tuesday, 17 May, 2022 - 04:30 · 4 minutes

    Jesse Hughes (à gauche) et Eden Galindo (à droite), qui étaient sur scène au Bataclan pour les Eagles of Death Metal le soir du 13 novembre 2015 doivent tous deux venir témoigner au procès des attentats (photo d'archive prise en juillet 2016 lors d'un festival dans le Kansas). Jesse Hughes (à gauche) et Eden Galindo (à droite), qui étaient sur scène au Bataclan pour les Eagles of Death Metal le soir du 13 novembre 2015 doivent tous deux venir témoigner au procès des attentats (photo d'archive prise en juillet 2016 lors d'un festival dans le Kansas).

    ATTENTATS DU 13 NOVEMBRE - Ils sont devenus bien malgré eux l’un des symboles d’une nuit d’horreur. Et face à la Cour d’assises spéciale de Paris, qui se penche depuis le mois de septembre sur les attentats du 13 novembre , ils vont devoir revenir sur leur funeste soirée de 2015 au Bataclan .

    Eux, ce sont les membres d’ Eagles of Death Metal , le groupe de hard rock qui se produisait quand les commandos envoyés par l’organisation terroriste Daech ont attaqué la salle de concert, causant la mort de 90 mélomanes, blessant et traumatisant des centaines d’autres.

    Ces 9 et 10 mai, plusieurs membres (actuels et anciens) du groupe sont attendus sur l’Île de la Cité, pour livrer leur histoire et leur ressenti de cette soirée du 13 novembre 2015, interrompue en pleine fête par des tirs de Kalashnikov. Dans la presse, certains d’entre eux ont déjà raconté leur culpabilité du survivant et décrit les marques laissées par l’attentat, donnant un aperçu de ce qu’ils devraient déclarer au procès.

    Culpabilité terrible

    Dans les colonnes du Journal du Dimanche , c’est un quinquagénaire encore meurtri, Eden Galindo, qui s’est récemment épanché sur les sept années qui se sont écoulées depuis l’attentat du Bataclan. Un laps de temps au cours duquel il aura pris la décision de quitter le groupe et de fonder une famille. Lui est attendu le 10 mai au tribunal, comme le chanteur Jesse Hughes. La veille, un autre ancien, le bassiste Matt McJunkins, en aura normalement fait de même, même s’il hésite encore à prendre la parole.

    Au JDD donc, le guitariste de 52 ans explique que cette nuit du 13 novembre ne l’a “jamais quitté”, qu’il vit depuis avec des images “ancrées au plus profond” de son être. Surtout, il décrit le sentiment qui continue à l’habiter, au-delà du syndrome de stress post-traumatique et du lien si fort qui existe désormais avec les autres survivants: une culpabilité terrible.

    “Je me sens toujours coupable”, détaille Eden Galindo, “coupable d’avoir survécu, coupable aussi parce que les gens s’étaient rassemblées pour nous voir”. Des passionnés de musique dont certains sont morts, où d’autres ont été gravement blessés. “Tous sont marqués à vie. Je veux leur dire que je les aime et que je suis désolé.”

    “Tourner la page” et communier avec les autres victimes

    Tant et si bien que les différents membres du groupe attribuent à cette opportunité de témoigner une “vocation libératoire”, comme l’a expliqué leur avocate, maître Claire Josserand-Schmidt au Figaro . Ce que résume encore Eden Galindo, toujours dans Le JDD : “J’ai peur d’y aller (témoigner). C’est un vrai défi, mais quand je l’aurai surmonté, je me sentirai mieux.” Et, espèrent les survivants des Eagles of Death Metal, eux qui ont perdu dans l’attentat leur acolyte Nick Alexander, en charge du merch , une possibilité au final de “tourner la page”.

    Quant à Jesse Hughes, ce procès sera aussi l’occasion d’enterrer définitivement les polémiques nées dans les mois qui avaient suivi l’attentat. Dans un premier temps, le dernier membre présent en novembre 2015 à toujours faire partie du groupe avait dérapé sur la sécurité du Bataclan et ses videurs musulmans ou défendu l’usage des armes à feu qui auraient selon lui permis d’éviter un carnage. Des propos sur lesquels il est depuis revenu, expliquant avoir souffert à l’époque d’un violent traumatisme lié aux événements parisiens.

    Car une chose est sûre, la démarche des Eagles of Death Metal de se présenter au procès touche déjà les autres survivants de la tuerie. “Cela montre leur lien avec la communauté des victimes, leur volonté de participer au récit choral”, salue auprès du Figaro Arthur Dénouveaux , l’homme qui les avait mis dans un taxi le soir du drame après qu’ils sont tombés nez à nez avec un terroriste en fuyant la scène, et qui est aujourd’hui président de l’association Life for Paris.

    Car puisque leur présence sur scène au moment de l’attaque, et la possibilité qu’ils ont eu de fuir, ne leur permettront vraisemblablement pas d’apporter d’élément de poids à l’enquête, ils se joindront au moins à la catharsis collective. Le “J’ai pensé que j’étais cassé pour toujours” d’Eden Galindo devrait ainsi résonner chez de nombreuses victimes des hommes de Daech.

    Tout comme son sentiment d’appartenance à une communauté unie par le traumatisme. ″Ça a été la pire nuit de ma vie, mais ça m’a aussi apporté plus d’amour que je n’aurais jamais pu l’imaginer.”

    À voir également sur le HuffPost : Les Eagles of Death Metal en concert à Paris avant de témoigner au procès du 13-Novembre

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      Au Bataclan à Paris, l'œuvre de Banksy au cœur d'un bras de fer juridique

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Friday, 13 May, 2022 - 13:04 · 2 minutes

    Cet hommage aux victimes du Bataclan au cœur d'un bras de fer entre la mairie de Paris et les propriétaires de la salle Cet hommage aux victimes du Bataclan au cœur d'un bras de fer entre la mairie de Paris et les propriétaires de la salle

    PARIS - À qui appartient la porte sur laquelle le street artist Banksy a rendu hommage aux victimes de l’attentat terroriste du Bataclan ? Cette question, en marge du procès sur le vol de cette porte en janvier 2019, fait l’objet d’un contentieux juridique entre les propriétaires des murs de la salle de spectacle et la mairie de Paris, gestionnaire de son fonds d’exploitation.

    Après que la justice a donné raison, à deux reprises, à l’indivision familiale a qui appartient l’immeuble de la salle du Bataclan , les avocats de la Ville de Paris ont déposé cette semaine un pourvoi en cassation, selon les informations du Monde confirmées par BFMTV .

    “La porte de Banksy risque d’être revendue, met avant, auprès du quotidien, la mairie de Paris qui revendique la propriété de la porte de secours de la salle. Le refus de la rendre prive les victimes de l’attentat du Bataclan d’un morceau de leur mémoire.”

    Une porte volée en janvier 2019

    La Ville de Paris défend le “caractère indissociable de l’œuvre et de l’institution du Bataclan”, tandis que pour les propriétaires, “c’est un accessoire de l’immeuble par nature”. “Nous sommes propriétaires de cette salle de spectacle donc nous sommes propriétaires des portes”, estime, quant à lui auprès de la chaîne d’information en continu, Daniel Habrekorn, qui gère l’indivision familiale.

    La porte avait été rendue au propriétaires des murs de la salle de spectacle, après qu’elle a été retrouvée suite à son vol, le juge d’instruction estimant qu’elle faisait partie du site, explique Le Monde .

    Banksy avait peint en 2018 au pochoir et à la peinture blanche l’oeuvre intitulée La jeune fille triste ( The sad young girl ) en hommage aux 90 personnes tuées dans l’attaque jihadiste du 13 novembre 2015. La porte métallique avait ensuite été volée en janvier 2019 par trois hommes masqués, avant d’être retrouvée dans une ferme en Italie lors d’une opération des policiers français et des carabiniers italiens le 10 juin 2020.

    Dans ce dossier, une juge d’instruction du tribunal judiciaire de Paris a signé le 2 mars une ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel des huit suspects. Trois sont renvoyés pour vol aggravé et cinq pour recel de vol aggravé.

    A voir également sur Le HuffPost: En Angleterre, Banksy s’évade de prison dans ce qui semble être sa dernière œuvre