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      Faire passer le bien-être avant le salaire, nouvelle priorité de nombreux salariés - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 10 July, 2022 - 07:15 · 4 minutes

    La dignité de l’emploi ne se mesure plus au statut ou à la paie, mais bien davantage à l’intérêt de la mission et aux valeurs de la marque. La dignité de l’emploi ne se mesure plus au statut ou à la paie, mais bien davantage à l’intérêt de la mission et aux valeurs de la marque.

    TRAVAIL - Préférer le bien-être au salaire: il y a quelques années, on aurait jugé l’option... originale. Mais la crise sanitaire est passée par là et les talents, de plus en plus difficiles à attirer et à retenir, ont décidé de ne plus sacrifier le sens à la fiche de paie. L’ épanouissement n’est plus à l’économie. Un challenge de taille pour les entreprises qui doivent intégrer ces nouvelles aspirations, notamment pour répondre à la pénurie des talents.

    Ce que veulent les talents

    On dit par plaisanterie que ce ne sont plus les candidats qui passent les entretiens, mais les employeurs –c’est dire à quel point le rapport de force a changé. Or sur certains profils “pénuriques”, comme les développeurs, on n’est pas loin de la vérité... Ce qui est certain, c’est que les talents ne se contentent plus d’énoncer leurs attentes salariales . Ils osent challenger les employeurs sur des sujets comme le sens de la mission, les valeurs de la marque (notamment en matière d’inclusion), le bien-être, la formation et le développement des compétences.

    Mais les organisations ne sont pas toujours au fait de l’importance nouvelle que recouvrent ces critères pour les candidats. D’après une étude récente publiée par Monster (“ The Future of Work ”, enquête menée en septembre 2021), les recruteurs mettent aujourd’hui l’accent sur la flexibilité en termes de travail à distance, alors que ce n’est pas la priorité pour les candidats –probablement parce que ces derniers la considèrent comme un acquis. D’après cette même étude, si les candidats restent attentifs à leur niveau de rémunération, ce qui se comprend aisément, ils recherchent aussi d’abord une mission qui a du sens, des avantages liés à leur bien-être, des horaires flexibles et des congés payés supplémentaires.

    En France, le sens du travail arrive même en tête (à 42%, selon l’enquête Monster), devant le salaire. On voit bien que les temps ont changé: les talents sont beaucoup moins ouverts au compromis. L’argument économique ne suffit plus. La crise a amené chacun(e) à s’interroger sur ses priorités et à repenser son approche du travail. La dignité de l’emploi ne se mesure plus au statut ou à la paie, mais bien davantage à l’intérêt de la mission et aux valeurs de la marque. D’où la nécessité, pour les organisations, de revoir leur discours à l’aune de ces nouvelles priorités, et d’être transparentes sur la vision et l’impact. Il est probable que le fameux Responsable du bonheur en entreprise ( Chief Happiness Officer ) se mue en Responsable du sens ( Chief Meaning Officer ) ou voie sa feuille de route évoluer pour mieux répondre à ce qui nourrit aujourd’hui l’engagement des collaborateurs et la motivation des candidats.

    Le sens, au-delà des apparences

    Pour les recruteurs, le fait de porter son attention et ses efforts sur le sens et le bien-être, qui sont étroitement liés, n’est certes pas nouveau. La RSE ( Responsabilité Sociale des Entreprises, NDLR ) et la qualité de vie au travail font notamment partie des préoccupations des responsables RH depuis quelque temps. Mais la perception que les talents ont de leur propre valeur sur le marché de l’emploi a changé: c’est pourquoi leurs exigences, dans des domaines qui paraissaient, hier encore, accessoires peut-être, ou avant-gardistes, ont changé. Ces derniers attendent moins une proposition de valeur qu’une proposition de valeurs, qu’on réponde à cette quête de sens et d’inspiration qui les guide à présent. Et pas seulement de belles formules conçues pour attirer les candidats sur un site carrière; pas seulement une communication habile qui promet une expérience employé différente pour hameçonner les meilleurs candidats.

    On voit bien que les temps ont changé: les talents sont beaucoup moins ouverts au compromis. L’argument économique ne suffit plus.

    Aujourd’hui, les talents veulent des preuves, des garanties; ils se méfient des beaux discours. C’est pourquoi les organisations ont intérêt à travailler sur la marque employeur sans chercher à se faire passer pour ce qu’elles ne sont pas. Car il est certain que si les promesses ne sont pas tenues, les talents n’hésiteront pas à partir. Il faut donc être en mesure de rassurer d’emblée les candidats en leur proposant une expérience qui soit véritablement épanouissante, où l’on substitue l’utile à l’utilitaire, et où les perspectives sont ouvertes, non seulement en matière de développement des compétences et d’évolution de carrière, mais encore en termes de développement personnel. Certes, c’est beaucoup demander aux organisations, mais la pénurie exige de chacun qu’il hausse son niveau de jeu: voilà un challenge stimulant qui invite à l’optimisme, ne serait-ce qu’au regard de ses nouvelles règles, enclines à améliorer significativement la santé mentale des salariés.

    À voir également sur Le HuffPost: Malgré la crise sanitaire, ce jardinier a vécu sa plus belle année professionnelle en 2020

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      Je n'ai pas démissionné de mon job pour un autre, mais pour moi - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 9 July, 2022 - 06:15 · 6 minutes

    J’invente le congé MOI-ternité. Comme un congé maternité mais très égoïstement un congé pour soi. 1 an pour soi, 1 an pour s’aligner, se former, voyager et retrouver les fondamentaux de la vie. J’invente le congé MOI-ternité. Comme un congé maternité mais très égoïstement un congé pour soi.  1 an pour soi, 1 an pour s’aligner, se former, voyager et retrouver les fondamentaux de la vie.

    BIEN-ÊTRE - Il est des aventures professionnelles que l’on choisit en demi-teinte. On établit la liste des pour et des contres et puis finalement la perspective d’un nouveau défi , l’appel de la page blanche nous conduit à accepter ce poste dans une entreprise dont les valeurs sont parfois éloignées des nôtres.

    Cela a été mon cas.

    Mais rapidement, dans ces nouvelles fonctions je découvre les équipes, je m’attache aux hommes et aux femmes de l’ entreprise , je sens cette envie parmi eux de bouger les lignes, changer les habitudes.

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    3 ans d’une mission riche et fructueuse

    Un projet de conduite du changement passe en partie par les mots, il faut convaincre, donner du sens, montrer l’exemple. Je m’y attèle de toutes mes forces. Je sais que le défi à relever est grand et seule je n’irai pas loin, il n’y a qu’ensemble qu’on mène de beaux projets.

    Passer la phase de refus en bloc, peu à peu les uns embarquent motivés, d’autres s’exécutent sous la contrainte jusqu’à devenir des ambassadeurs convaincus qui entraînent d’autres sur leur sillon.

    Au fil des mois, ces équipes, je les observe, je les écoute, je leur parle et je les vois évoluer.

    Ensemble, nous relevons le grand défi de la conduite du changement, où tout commence par la tête puis les comportements et les pratiques managériales. Il nous faut 2 ans pour dire qu’une nouvelle culture d’entreprise est née.

    Moi qui avait géré des projets à court terme jusque là, j’apprends sur le tas comment se stabilise un projet sur la longueur : susciter l’adhésion, fidéliser, mobiliser chacun. Aujourd’hui je sais qu’on gagne en légitimité auprès de ses équipes par son savoir être, son enthousiasme et par l’exemplarité qu’on s’impose à soi même. L’exemplarité ce n’est pas être parfait. L’exemplarité c’est être aligné entre ce qu’on dit et ce qu’on fait.

    Au delà du pragmatisme, je crois que pour mettre en mouvement les gens et pour initier le changement il faut les faire regarder vers une étoile.

    Et puis le couperet

    Après 3 ans d’enthousiasme à toute épreuve, un beau jour, lors d’une réunion semestrielle, ma direction brille de ses mots, une phrase tombe comme un couperet:

    « On ne vit pas dans un monde de télétebuies, je ne vous paie pas pour être heureux »

    Ce jour-là, je comprends que depuis 3 ans mon entreprise et moi, nous n’avons pas vécu la même aventure. A moi l’aventure humaine, à elle l’aventure financière.

    Dans ma carrière, j’ai eu des Clients exigeants, des dir’com’, des directions générales qui savaient ce qu’elles voulaient, mais jamais je n’avais eu des mots aussi démobilisants !

    Ce n’est pas toujours les évènements qu’on croit qui nous chamboule le plus.

    Moi qui ait toujours été d’un enthousiasme à toute épreuve, il m’a fallu 10 secondes pour redescendre net.

    Ce jour-là, je comprends que depuis 3 ans mon entreprise et moi, nous n’avons pas vécu la même aventure. A moi l’aventure humaine, à elle l’aventure financière.

    10 secondes, c’est parfois le temps qu’il faut pour flinguer 3 ans de boulot.

    Je découvre le sentiment de brownout : plus envie d’affronter des missions dénuées de sens dans un environnement où le rendement prend le pas sur l’humain.

    Je prends conscience qu’une valeur ça ne pèse rien, c’est léger comme une plume mais ça peut changer le cours de la vie et inviter à un vrai cheminement introspectif.

    Après quelques semaines introspectives, c’est décidé, je m’en vais. Adios, arrivederci, bye bye. Je préfère partir que de rester en ayant démissionné dans ma tête.

    Tout quitter pour... soi

    C’est étrange comme un départ rempli de sens pour soi peut faire l’objet de questions farfelues : « Tu pars où ? Chez qui ? Pour faire quoi ? »

    A cette même époque, ma nièce chante à tue tête : « Libérée délivrée, c’est décidé je m’en vais…. »

    J’ai envie de crier : « Je vous quitte pour MOI ! » Faut-il nécessairement quitter un job, pour replonger dans un autre ?

    Oui, c’est d’un saut dans le vide sans filet, rien de m’attend derrière.

    Mais visiblement, c’est plus un problème pour les autres que pour moi. Aussi, pour me donner de la contenance, j’invente le congé MOI-ternité. Comme un congé maternité mais très égoïstement un congé pour soi.

    1 an pour soi, 1 an pour s’aligner, se former, voyager et retrouver les fondamentaux de la vie.

    Le temps est une denrée tellement rare qu’il est un luxe dans ce monde où nous n’avons pas le temps, nous ne savons plus patienter. Pendant cette année, j’ai envie d’employer mon temps à me nourrir humainement.

    • Faire une formation ouvre les chakras (bien choisir sa formation, ce qui va driver les prochains moins, où on a de l’intérêt, de l’appétence, du talent qu’on pourrait développer);
    • Voyager et se reconnecter aux fondamentaux de la vie : manger, avoir un toit, découvrir et rencontrer des gens. N’est-ce pas là revenir à l’essentiel ?
    • Oser solliciter des gens pour prendre un café, découvrir l’univers des start-up, des entrepreneurs, de métiers qui me sont jusque là inconnus;
    • Aller à des entretiens détachés de tout enjeu, apprendre à se présenter sans fard, avec son histoire, ses valeurs, ses convictions (excellent exercice de marketing de soi).

    Un congé MOI-ternité

    Finalement, au bout d’un an, on n’a peut-être pas accouché du projet phénoménal que notre entourage attendait. On a juste pris le temps d’une mini-retraite, pourquoi attendre la fin de sa vie pour avoir le temps ? Mais ce concept de congé MOI-ternité, à l’apparence légère, m’a amené à comprendre où j’avais de la valeur dans le respect de mes valeurs. C’est ce chemin qui m’a amené là où je suis aujourd’hui.

    Car depuis j’ai plongé dans ce que je refusais depuis toujours : l’entreprenariat, je suis devenue Formatrice et consultante indépendante avec ses doutes, ses peurs et l’instabilité qui l’accompagne.

    Va pour l’instabilité si elle sert la liberté !

    À voir également sur Le HuffPost:“Bullshit jobs”: Comment ce salarié a pris conscience que son travail n’avait aucun s ens

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      Pour mieux enseigner, j'ai choisi d'émigrer - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Saturday, 11 June, 2022 - 07:00 · 5 minutes

    Pour la première fois de ma vie, je me suis sentie utile, considérée et appréciée dans mon travail. (photo d'illustration) Pour la première fois de ma vie, je me suis sentie utile, considérée et appréciée dans mon travail. (photo d'illustration)

    ENSEIGNEMENT - Le 10 août 2020, la moitié de l’avion était vide.

    Il fallait porter son masque pendant 7 heures et ensuite s’enfermer dans une petite chambre d’hôtel pendant 14 jours. Je venais de quitter ma famille, mes amis, mes collègues et ma maison en plein milieu de la crise de Covid 19. Tout le monde trouvait ça amer. Moi, pas trop.

    Il faut dire que j’avais passé mes cinq dernières années en tant que professeure des écoles , en REP + dans une des villes les plus pauvres de France et qu’à côté, plus rien ne me paraissait effroyable, injuste ou disproportionné. À 30 ans, je me demandais comment me sortir la tête de l’eau, submergée par les “pas de vague”.

    Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffpost.fr et consulter tous les témoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide !

    À l’aube de ma vie d’adulte, je n’envisageais plus aucun avenir pour moi, à part celui de rester forte et en même temps d’être écrasée par un système qui marche à reculons, dans un pays dont je portais fièrement l’héritage des lumières.

    Mais, quand une telle machine devient trop difficile à gérer, on compte les jours qu’il reste jusqu’aux vacances, et les petites vacances qu’il reste jusqu’aux grandes, et enfin les grandes jusqu’à la retraite. Compter dans l’espoir de pouvoir vivre pleinement la dizaine d’années qui nous sépare de la maladie ou de la mort.

    À 30 ans, je me demandais comment me sortir la tête de l’eau, submergée par les “pas de vagues”.

    La quarantaine imposée fût la dernière chose comptée dans ma vie.

    Ainsi, le 24 août 2020, je poussais pour la première fois, la porte de l’école québécoise.

    Ce qui a été frappant d’emblée a été le sourire sincère des collègues et de la direction. Un sourire qui ne portait pas de séquelles d’anciens espoirs évanouis.

    Les présentations faites, j’ai embarqué dans un monde différent du mien et depuis ce jour, je n’ai jamais plus arrêté.

    Les petites surprises se sont enchaînées

    Le budget alloué pour les sorties scolaires, les livres et les projets valent le budget de 3 années dans mon ancienne école.

    Je n’ai plus jamais eu à sortir mon portefeuille pour payer des livres à mes élèves. J’ai retrouvé mes dimanches et je ne croule pas sous une tonne de préparation car les enseignants québécois bénéficient de la reconnaissance des tâches de préparation. Je n’enseigne ni l’anglais, ni le sport, ni la musique: cela est laissé à des spécialistes et ça me semble être une très bonne chose vu le niveau d’anglais des élèves français en primaire.

    Pendant les heures de spécialité de mes élèves, je peux préparer mes leçons, mes devoirs et faire mes corrections.

    Ici, tout travail mérite salaire.

    On ne dit pas aux professeurs qu’ils devraient être heureux de vivre de leur vocation pour justifier un salaire minable. D’ailleurs, parler salaire ne me dérange pas: si je le convertis, mon salaire a doublé et ma qualité de vie s’est nettement améliorée.

    Ici, personne ne culpabilise d’être malade et de devoir s’ absenter avec 39 de fièvre: il y a des suppléants. Ainsi, aucune classe de collègues n’est encombrée par nos élèves.

    Utilité, considération et appréciation du travail d’enseignant

    Pour la première fois de ma vie, je me suis sentie utile, considérée et appréciée dans mon travail. On m’a dit que j’étais une excellente enseignante. Je ne suis plus un numéro, un préjugé ou une rumeur. Je sais que mon histoire, ma vision et mon enseignement comptent. Je n’ai plus l’impression de porter le poids de la nation sur mes épaules et d’essayer seule d’arranger ses blessures béantes.

    On ne dit pas aux professeurs qu’ils devraient être heureux de vivre de leur vocation pour justifier un salaire minable.

    Dans les écoles, il y a des orthophonistes, des orthopédagogues, des psycho-éducateurs et des aides.

    Les enseignants ne sont pas démunis en même temps que leurs élèves. Ce n’est pas le monde farfelu de la débrouille.

    Il y a deux mois, les professeurs ont été libérés pendant deux jours pour aller au Palais des congrès de Montréal afin d’assister au colloque des enseignants.

    Nous avons pu rencontrer d’autres collègues, visiter le salon de l’éducation et assister à des conférences d’intellectuels puis avoir l’opportunité de partager des pensées avec eux.

    Le tout étant ponctué de concert, de remerciements et de cocktails.

    J’ai eu des pensées émues en songeant à tous ces excellents professeurs français qui n’ont jamais eu une telle reconnaissance.

    À voir également sur Le HuffPost: Aux Etats-Unis, ces institutrices mettent des autocollants sur leur visage pour stimuler leurs élèves pendant les cours en ligne

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      Les impacts des nouveaux modes de travail sur la santé mentale des salariés - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Sunday, 5 June, 2022 - 07:00 · 4 minutes

    Les conditions dans lesquelles on travaille chez soi, les relations avec ses collègues, son manager, et, surtout, le temps passé devant l’écran sont autant de causes qui peuvent créer une situation de détresse psychologique. Les conditions dans lesquelles on travaille chez soi, les relations avec ses collègues, son manager, et, surtout, le temps passé devant l’écran sont autant de causes qui peuvent créer une situation de détresse psychologique.

    TRAVAIL - La crise sanitaire et les confinements successifs ont transformé l’organisation du travail. En deux ans à peine, des changements considérables se sont opérés, parfois au prix de la santé mentale des collaborateurs. Les DRH commencent à prendre la pleine mesure des risques psychosociaux associés au télétravail à haute dose.

    Télétravail: les acquis, les écueils

    La généralisation du télétravail a permis à de nombreux salariés de gagner en qualité de vie: d’aucuns plébiscitent la flexibilité qu’apporte ce nouveau mode de travail, d’autres la diminution de la fatigue physique et l’amélioration du bien-être. Mais la pratique a quelque peu devancé la réflexion et la majorité des parties prenantes s’accorde pour dire que l’organisation actuelle des entreprises est insuffisamment adaptée à ces conditions nouvelles. Si un “retour à la normale” se profile, on peut légitimement s’interroger sur ce que recouvre désormais la norme: car pour la plupart des DRH, l’hybridité a fait son chemin et il n’y aura pas de retour en arrière.

    Il s’agit donc pour les entreprises de trouver le bon dosage, mais aussi le moyen de veiller au bien-être psychologique des collaborateurs quand ils sont à distance. Si la perte de lien social a tôt été identifiée comme un problème de taille pour les organisations confrontées au télétravail soudain et massif, on se rend compte à présent des conséquences de cette perte de lien sur un certain nombre de salariés qui supportent mal l’isolement. On peut certes se sentir isolé au bureau et bien entouré, seul, en télétravail: mais tout n’est pas qu’une affaire d’individus. Les conditions dans lesquelles on travaille chez soi, les relations avec ses collègues, son manager, et, surtout, le temps passé devant l’écran sont autant de causes qui peuvent créer une situation de détresse psychologique.

    Se déconnecter, est-ce déconnecter?

    Quand on parle des avantages et des inconvénients du télétravail, on se focalise généralement sur des aspects techniques, pratiques, ou alors on s’interroge sur la productivité. Ce dont on a moins parlé, ce sont des effets potentiellement délétères du télétravail sur la santé mentale. Chacun en a fait l’expérience pourtant: quand le travail envahit la sphère privée, il n’est pas évident d’établir une ligne de partage stricte entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Or cet empiètement est insidieux en ce qu’il est particulièrement difficile à réguler pour les entreprises qui ne savent pas toujours comment accompagner leurs salariés à distance. D’autant que le présentéisme numérique se prolonge de nos pratiques quotidiennes, du temps que chacun passe sur ses emails et messages personnels, sur la consommation d’écran en dehors du travail, avec les risques sanitaires liés à une sédentarité croissante.

    On peut certes se sentir isolé au bureau et bien entouré, seul, en télétravail: mais tout n’est pas qu’une affaire d’individus.

    Le droit à la déconnexion est un garde-fou nécessaire, mais insuffisant: il faudrait un encadrement beaucoup plus strict du télétravail, non pas en matière de surveillance numérique, source de stress pour les salariés, mais en termes de bonnes pratiques. Certains managers sont en effet tombés dans l’écueil du micro-management et du reporting continu, déboussolés par une nouvelle manière de travailler à distance, bien souvent peu (voire pas du tout) formés à l’exercice. Ces derniers demeurent d’ailleurs les plus réticents au télétravail: seuls 48% d’entre eux y sont favorables (vs 54% en 2019) et 43% estiment que le travail à distance a compliqué leur posture d’encadrant. Ces difficultés à manager peuvent générer des situations de souffrance, tant pour les collaborateurs que pour les managers eux-mêmes.

    Tenir la distance, ou pas

    Pour certains, comme dit l’adage, le travail, c’est la santé. Ou plutôt: aller au travail, c’est la santé. Tout simplement parce que le lien social participe de notre bien-être psychologique et de notre équilibre. Les relations avec les collègues font que le travail est aussi une expérience de vie, féconde de tous les signes qu’elle porte. Ainsi, le télétravail peut amputer l’expérience employé de sa part la plus riche, en lien avec l’émotionnel. D’où la difficulté, pour beaucoup, à éprouver du plaisir à travailler à distance. D’où la nécessité, l’urgence aussi, de mettre en place les outils et process adaptés à cette nouvelle organisation du travail ainsi qu’aux nouveaux risques qu’elle implique sur la santé mentale des collaborateurs.

    À voir également sur Le HuffPost: Les réunions en visio freinent la créativité mais pas pour la raison à laquelle vous pensez