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      Privatisation de la santé et colonisation des données

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Tuesday, 16 January - 20:49 · 17 minutes

    Les géants de la tech se lancent dans une course aux applications et services qui proposent des soins médico-psychologiques. Si l’utilité de tels produits est loin d’être avérée, ils promettent néanmoins à ces entreprises de nouvelles sources lucratives de données hautement personnelles… Un « colonialisme des données » qui ouvre la voie à une gestion individuelle des problèmes de santé et masque la privatisation rampante de ce domaine. Par Anna-Verena Nosthoff, Nick Couldry et Felix Maschewski, traduit par Jean-Yves Cotté [1] .

    Se piquant de philosophie lors d’une interview en 2019, Tim Cook, PDG d’Apple, avait abordé la question de « la plus grande contribution d’Apple à l’humanité ». Sa réponse était sans équivoque : elle concernerait « le domaine de la santé ».

    Depuis, la promesse de Cook s’est concrétisée sous la forme de plusieurs produits « innovants », censés « démocratiser » les soins médicaux et donner à chacun les moyens de « gérer sa santé ». Ces dernières années, Amazon, Méta et Alphabet ont également tenté de chambouler le marché de la santé. Dernièrement, on a même appris que la société de surveillance Palantir avait remporté un contrat de 330 millions de livres pour créer une nouvelle plateforme de données destinée au British National Health Service (NHS)…

    La pandémie de COVID-19 a accéléré cette tendance , laissant dans son sillage divers réseaux de recherches, services de santé en ligne, cliniques et autres entreprises qui ont pour objectif affiché de « repenser l’avenir de la santé » (pour reprendre l’expression de Verily, filiale d’Alphabet) à l’aide de « montres connectées » et autres outils numériques. Si cette ambition n’est pas neuve, ses modalités varient : les incursions des plus grandes entreprises dans le domaine de la santé ne sont plus uniquement axées sur le corps. Non contentes de cartographier membres et poumons, elles ciblent à présent l’esprit.

    Ce nouvel intérêt des GAFAM pour le bien-être psychologique, dans le cadre de leur projet de « cartographier la santé humaine », est loin d’être une coïncidence . Les gros titres relatifs à une « crise de la santé mentale » ont récemment envahi la presse américaine : le taux de suicide a atteint un niveau record aux États-Unis et, comme l’a souligné Bernie Sanders , selon un récent sondage du Center for Disease Control and Prevention (CDC), près d’un adolescent américain sur trois a déclaré que son état de santé mentale laissait à désirer…

    Les conglomérats technologiques ne sont que trop heureux de lancer des campagnes autour de ces faits alarmants, mettant l’accent sur les efforts qu’ils déploient pour lutter contre ces tendances délétères. Selon les propres mots, ils souhaitent « résoudre la crise de la santé mentale ». Les GAFAM se fient à une maxime longuement éprouvée : en eaux troubles, bonne pêche.

    Quand Apple s’enrichit sur les maladies mentales

    Les premières initiatives d’Apple visant à pénétrer le marché de la santé ont connu une accélération marquée. Après avoir affiné son outil de signature concocté en 2019, l’entreprise a depuis collaboré activement avec plusieurs instituts de recherche. Son but : prouver que sa « montre connectée », bien plus qu’un coach sportif, peut être un « sauveur de vie » capable de détecter une fibrillation auriculaire, voire une infection de COVID-19 1 .

    Dans le cadre de sa mission consistant à offrir à ses utilisateurs un « tableau complet » de leur état de santé, il est logique qu’Apple ait annoncé récemment son intention d’ajouter une évaluation médico-psychologique à son Apple Watch… La nouvelle fonction « état d’esprit » ( state of mind ) de l’application « pleine conscience » d’Apple demande à l’utilisateur d’évaluer ce qu’il ressent sur une échelle de « très agréable » à « très désagréable », d’indiquer les aspects de sa vie qui l’affectent le plus (comme la famille ou le stress au travail) et de décrire son humeur par des adjectifs comme « heureux » ou « inquiet ». La promesse, semble-t-il, est qu’une utilisation quotidienne évitera de consulter un psychologue…

    Au printemps 2023, on apprenait que le National Health System britannique avait partagé sur Facebook des données intimes relatives à la santé de ses patients

    L’application « pleine conscience » utilise ces données pour déterminer le niveau de risque de dépression. Hasard de calendrier : une étude récente sur la « santé mentale numérique » menée par des chercheurs de l’UCLA (et sponsorisée par Apple) a démontré que l’utilisation de cette application sur l’Apple Watch développait la « conscience émotionnelle » de 80 % des utilisateurs, tandis que 50 % d’entre eux affirmaient qu’elle avait un effet positif sur leur bien-être général – des résultats que l’entreprise ne manque pas de mettre en avant .

    Au cours des prochains mois, Apple va vraisemblablement lancer d’autres logiciels liés à la santé mentale. Selon de récents rapports, l’entreprise travaille actuellement à une application censée non seulement traquer les « émotions » des utilisateurs, mais aussi leur donner des conseils médicaux : il s’agit de Quartz, un coach sportif alimenté par une intelligence artificielle.

    Qu’il y ait bel et bien une crise de la santé mentale aux États-Unis est indéniable. Entre 2007 et 2020, le nombre de passages aux urgences pour des troubles d’ordre médicopsychologique a presque doublé, les jeunes étant les plus affectés…

    Cependant, même si l’on admet que les outils « intelligents » puissent modestement bénéficier à certains patients, l’utilisation de wearables peut aussi générer stress et anxiété, comme d’autres études récentes l’ont démontré. [NDLR : Les wearables constituent une catégorie d’objets informatiques et électronique, destinés à être portés sur soi. Vêtements ou accessoires, ils ont la particularité d’être connectés à un appareil, comme un téléphone, pour recueillir des données relatives à la personne qui les porte et à son environnement ]. De plus, l’accent mis sur des solutions technologiques de court terme fait courir le risque de détourner certaines maladies psychologiques des causes sociales et politiques qui les sous-tendent : exploitation au travail, instabilité financière, atomisation croissante , accès limité aux soins, alimentation et logement de mauvaise qualité…

    Les applications de santé transfèrent également la responsabilité principale de la gestion des troubles médico-psychologiques aux individus eux-mêmes. Sumbul Desai, vice-présidente en charge de la santé chez Apple, a récemment affirmé que l’objectif de son entreprise « est de donner aux gens les moyens de prendre en charge leur propre parcours de santé ». Un mantra néolibéral ancien.

    Quand Méta le gouvernement britannique livre ses données de santé à Méta

    Apple n’est pas le seul géant de la tech à s’être penché sur la santé mentale de ses clients. Si le géant de Cupertino ne manifeste guère davantage qu’un intérêt purement formel à la question de la confidentialité des données, bien d’autres ne prennent même pas cette peine.

    Au printemps 2023, on apprenait que le NHS avait partagé sur Facebook des données intimes relatives à la santé de ses patients. Pendant des années, le NHS avait fourni au réseau social et à sa maison-mère Méta, par l’intermédiaire de l’outil de collecte de données Meta Pixel, des renseignements comprenant des recherches sur l’automutilation et des rendez-vous de consultation pris par les utilisateurs de son site internet…

    Outre les données des utilisateurs qui avaient visité les pages de son site internet relatives aux variations du développement sexuel, aux troubles alimentaires et aux services médicopsychologiques en cas de crise, l’Alder Hay Children’s Hospital de Liverpool a également transmis à Facebook et Méta des renseignements sur les prescriptions de médicaments. La clinique londonienne de santé mentale Tavistock and Portman a aussi fourni aux GAFAM les données d’utilisateurs ayant consulté sa rubrique sur le développement de l’identité de genre, spécialement conçue comme support éducatif pour les enfants et les adolescents…

    Tandis que des experts en confidentialité comme Carissa Véliz conseillent aux institutions et professionnels de la santé de « recueillir le strict minimum de renseignements nécessaires pour soigner les patients, rien de plus », cette violation des données du NHS par Facebook illustre la tendance inverse. Dans ce cas précis, les données personnelles ont été obtenues sans que les patients y consentent ou en soient informés, afin de leur adresser des publicités ciblées – le cœur du modèle économique de Méta.

    Ce scandale est simplement le dernier d’une longue liste de catastrophes récentes en matière de relations publiques pour l’entreprise, juste après le fiasco du lancement de son métavers (ce n’est pas une coïncidence si l’avenir immersif d’internet proposé par Zuckerberg a lui-même été salué comme une « solution prometteuse pour la santé mentale »…). Il ne s’agit pas là d’un incident isolé : en mars 2023, on apprenait que la start-up de télé-santé Cerebral avait partagé avec Méta et Google , entre autres, des données médicales privées comprenant des renseignements relatifs à la santé mentale…

    Quand Alphabet se rêve en coach de vie

    La maison-mère de Google, Alphabet, est un autre explorateur des données de santé qui a pénétré le marché des wearables . Depuis la finalisation de son achat du fabricant de « montres connectées » Fitbit en 2021, la société s’est jointe à Apple pour vanter leurs mérites.

    Si Jeff Bezos semble accaparé par ses rêves d’entrepreneuriat spatial et d’industrie lunaire, il n’en garde pas moins les pieds sur terre lorsqu’on en vient à ce domaine.

    Dans la foulée d’une étude menée par Verily (filiale d’Alphabet spécialisée dans la recherche sur les sciences de la vie) pour savoir s’il était possible de détecter les symptômes de dépression avec un smartphone, Fitbit a récemment lancé une application « conçue pour vous donner une vision globale de votre santé et de votre bien-être en mettant l’accent sur les indicateurs qui vous tiennent à cœur ». Semblable à l’application « pleine conscience » d’Apple, elle comporte une fonctionnalité « humeur » qui permet à l’utilisateur de décrire et d’enregistrer ce qu’il ressent.

    Une équipe de la Washington University à St Louis a utilisé les données Fitbit et un modèle d’intelligence artificielle pour concrétiser « la promesse d’utiliser des wearables pour détecter des troubles mentaux au sein d’une communauté large et diverse. » Selon Chenyang Lu, professeur à la McKelvey School of Engineering et l’un des concepteurs de cette étude, cette recherche est pertinente dans le monde réel puisque « aller chez un psychiatre et remplir des questionnaires chronophages explique que certains puissent avoir des réticences à consulter un psychiatre ». En d’autres termes, l’intelligence artificielle peut offrir un outil peu onéreux et peu contraignant pour gérer sa propre santé mentale.

    Loin de prouver que les wearables peuvent diagnostiquer la dépression, l’étude a simplement relevé plusieurs corrélations potentielles entre une tendance à la dépression et les biomarqueurs connectés. Cela n’a pas empêché Lu de s’enthousiasmer : « Ce modèle d’IA est capable de vous dire que vous souffrez de dépression ou de troubles de l’anxiété. Voyez ce modèle d’IA comme un outil de dépistage automatisé. »

    Cette exagération de la preuve empirique perpétue l’idée que la technologie est à même de résoudre les troubles médico-psychologiques – pour le moins douteuse. Une chose l’est moins : c’est extrêmement lucratif pour Alphabet.

    Fitbit n’est cependant pas la seule incursion de l’entreprise dans le domaine de la santé mentale. En plus des informations sur la prévention du suicide que Google Search affiche depuis des années au-dessus des résultats des recherches liées à la santé mentale, l’entreprise a récemment annoncé que les utilisateurs qui entrent des termes en relation avec le suicide verront apparaître une invite avec des démarreurs de conversation pré-écrits qu’ils pourront envoyer par SMS à la 988 Suicide & Crisis Lifeline.

    Bien qu’un tel outil puisse s’avérer très utile en cas d’urgence, l’inquiétude est réelle de voir Google instrumentaliser les données sensibles ainsi recueillies en les transmettant à des annonceurs qui les exploiteront et les monétiseront de la même façon que les autres. Il convient de mentionner que ces nouvelles mesures de prévention du suicide n’ont été dévoilées par Google que quelques semaines après le suicide de trois de ses employés , ce qui a donné lieu à des spéculations quant à la santé mentale de son propre personnel. Dans ce contexte, ces nouvelles fonctionnalités peuvent être vues comme un coup médiatique pour détourner l’attention des problèmes urgents qui se posent à l’entreprise elle-même – et le modèle qu’elle encourage.

    Quand Amazon renonce ouvertement à la confidentialité

    Amazon s’achète également une image de prestataire de soins médico-psychologiques. Si Jeff Bezos semble accaparé par ses rêves d’entrepreneuriat spatial et d’industrie lunaire, il n’en garde pas moins les pieds sur terre lorsqu’on en vient à ce domaine.

    Il a ainsi annoncé dès 2018 son intention de résoudre la crise de la santé mentale qui touche les États-Unis en « démocratisant » l’accès aux soins médicaux. Il a donc procédé au rachat de la pharmacie en ligne PillPack, puis a développé Amazon Pharmacy.

    En 2019, il a lancé Amazon Care, une plateforme en ligne qui propose un suivi médical complet aux employés d’Amazon, 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 par messagerie et chat vidéo. Pour cela, il a dû collaborer avec Ginger , un service internet de psychothérapie fourni par une application qui se présente comme « une solution globale à la santé mentale » avec « des soins médicopsychologiques à tout moment ».

    En 2021, Amazon a fermé Amazon Care et lancé Amazon Clinic, une plateforme virtuelle de soins médicaux plus ambitieuses que la précédente – il a déjà été annoncé qu’il était prévu de la déployer sur tout le territoire américain . Contrairement à Amazon Care, Amazon Clinic est ouvert à tous. Pour l’utiliser, il convient simplement d’accepter « l’utilisation et la divulgation d’informations protégées relatives à la santé » – en d’autres termes, renoncer à son droit à la protection de la vie privée aux termes de la loi fédérale sur la portabilité et la responsabilité en matière d’assurance maladie (Health Insurance Portability and Accountability Act ou HIPAA). Une telle démarche permet à Amazon d’accéder aux données les plus intimes des utilisateurs (la légalité du procédé est en cours d’examen par la Commission fédérale du commerce (Federal Trade Commission ou FTC).

    En février 2023, Amazon a enrichi son offre de soins médicaux en rachetant One Medical , une entreprise qui propose des soins de santé primaires en ligne et en personne via une application, dans plus de vingt villes et régions métropolitaines américaines. Mindset, l’une de ses gammes de services spécialisée dans la santé mentale, propose son aide virtuelle avec des séances collectives ou un coaching individuel en cas de stress, d’anxiété, de dépression, de THADA ou d’insomnie.

    Outre Amazon Clinic et One Medical, Amazon a récemment élargi son offre de soins médicaux à destination de ses employés en collaborant avec Maven Clinic , la plus grande clinique virtuelle du monde pour les femmes et les familles. Ce partenariat permettra à Amazon, dont le but est de se développer dans cinquante pays en plus des États-Unis et du Canada, d’avoir un accès lucratif à certains des ensembles de données les plus privés et sensibles de Maven Clinic.

    Les risques de voir de telles données tomber entre les mains d’entreprises commerciales qui, dans certains cas, les transmettront sans coup férir à des autorités locales ou nationales sont évidents : comme, par exemple, le cas de cette adolescente du Nebraska qui, après que Facebook et Google ont fourni à la police ses messages privés et ses données de navigation, a été condamnée en 2021 pour avoir violé la loi sur l’avortement de l’État…

    La colonisation des données de santé mentale

    La course effrénée d’Amazon, Méta, Apple et Alphabet pour s’implanter dans le domaine de la santé mentale va bien au-delà d’une simple rupture. L’ampleur de ce bouleversement doit être appréhendée dans le cadre d’une volonté d’annexer des ressources jusqu’alors inexploitées.

    Sous le couvert d’entreprises visant à soulager l’instabilité mentale, une forme fondamentale d’appropriation des biens est en cours. Après tout, jusqu’à récemment, l’idée même que notre santé mentale (et l’ensemble des données qui y est associée) puisse être un actif commercial dans un bilan aurait paru étrange. Aujourd’hui, une telle réalité est presque banale. C’est un des aspects de ce que Nick Couldry et Ulises Mejias ont nommé le « colonialisme des données ».

    Les quatre entreprises font partie d‘un secteur commercial plus vaste axé sur l’exploitation de nouvelles définitions de la connaissance et de la rationalité destinées à l’extraction de données. À travers l’accaparement habituel de données sensibles et de nombreux autres domaines sociaux (la santé, l’éducation, la loi, entre autres), nous nous dirigeons vers « la capitalisation sans limites de la vie », pour reprendre l’expression de Couldry et Mejias.

    La normalisation des wearables comme outils destinés à l’individu, sous couvert de gérer sa santé (tant physique que mentale), fait partie du processus, en convertissant la vie quotidienne en un flux de données que l’on peut s’approprier à des fins lucratives. L’application « pleine conscience » d’Apple et « Log Mood » de Fitbit ne sont que deux exemples de la façon dont les GAFAM, après avoir colonisé le territoire du corps, jette leur dévolu sur la psyché.

    À l’instar des précédentes étapes du colonialisme, la colonisation des données affecte de façon disproportionnée ceux qui sont déjà marginalisés. D’une part, les intelligences artificielles impliquées, qui reflètent les stéréotypes dominants, ont un parti-pris défavorable à l’égard des groupes marginalisés, comme l’a souligné un récent procès intenté à Apple pour « biais racistes » de l’oxymètre sanguin de son Apple Watch.

    D’autre part, l’idée selon laquelle la santé mentale comme la santé physique relèvent avant tout de la responsabilité individuelle et de la gestion personnalisée assistée par la technologie ne tient aucun compte du fait que les problèmes de santé sont souvent liés à des questions systémiques – conditions de travail abusives ou malsaines, manque de temps et de ressources financières, etc. Le colonialisme des données masque ces facteurs en faveur de la course au profit, alors qu’il est plus que jamais nécessaire d’avoir un débat sur les facteurs socioéconomiques à l’origine de la crise de la santé mentale.

    Alors même que ce changement structurel dans la gestion de notre corps et de notre esprit est en cours, il peut sembler paradoxal qu’une vision rigoureusement déterministe, asociale et individualisante quant à la manière dont peut être gérée la santé mentale soit mise en avant par les principaux extracteurs de données. Plus qu’un paradoxe, c’est peut-être l’alibi parfait pour détourner l’attention du pillage nos données.

    Notes :

    [1] Article originellement publié par notre partenaire Jacobin sous le titre « Big Tech Is Exploiting the Mental Health Crisis to Monetize Your Data ».

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      2024 may be a year of reckoning for Apple’s $85 billion services business

      news.movim.eu / ArsTechnica · Tuesday, 2 January - 14:11

    2024 may be a year of reckoning for Apple’s $85 billion services business

    Enlarge (credit: Smith Collection/Gado/Getty Images )

    Apple faces a legal reckoning in 2024, with a series of regulatory decisions by US and EU authorities over the coming months set to determine the future of its $85 billion-a-year services business.

    The biggest hit to the iPhone maker could come from a US antitrust trial against Google, where it emerged that the fellow tech giant had paid more than $26 billion in 2021 to make its search engine the default on Apple devices and other smartphones and browsers.

    Should Google lose the case, it could be forced to stop making regular payments to Apple, which Eric Seufert, an independent analyst, estimates as being worth a quarter of annual revenues earned by Apple’s services arm.

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      EU will hold 3 major porn sites to same regulations as Meta, X

      news.movim.eu / ArsTechnica · Wednesday, 20 December - 15:06

    EU will hold 3 major porn sites to same regulations as Meta, X

    Enlarge (credit: ToolX via Getty Images)

    Three of the world’s biggest pornography sites will be hit with new regulatory curbs including stricter requirements on age verification, after EU regulators determined the adult platforms fell within the scope of a landmark law designed to police content online.

    Xvideos, Pornhub, and Stripchat will be from April subject to the obligations of “very large online platforms” under the Digital Services Act (DSA), according to three people familiar with the move.

    That designation applies to platforms with more than 45 million users and has so far been applied to tech groups such as Facebook, Wikipedia, and TikTok.

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      The UK’s problematic Online Safety Act is now law

      news.movim.eu / ArsTechnica · Saturday, 28 October - 10:43 · 1 minute

    The UK’s problematic Online Safety Act is now law

    Enlarge (credit: panorios/Getty Images)

    Jeremy Wright was the first of five UK ministers charged with pushing through the British government’s landmark legislation on regulating the Internet, the Online Safety Bill. The current UK government likes to brand its initiatives as “ world-beating ,” but for a brief period in 2019 that might have been right. Back then, three prime ministers ago, the bill—or at least the white paper that would form its basis—outlined an approach that recognized that social media platforms were already de facto arbiters of what was acceptable speech on large parts of the Internet, but that this was a responsibility they didn’t necessarily want and weren’t always capable of discharging. Tech companies were pilloried for things that they missed, but also, by free speech advocates, for those they took down. “There was a sort of emerging realization that self-regulation wasn’t going to be viable for very much longer,” Wright says. “And therefore, governments needed to be involved.”

    The bill set out to define a way to handle “legal but harmful” content—material that wasn’t explicitly against the law but which, individually or in aggregate, posed a risk, such as health care disinformation, posts encouraging suicide or eating disorders, or political disinformation with the potential to undermine democracy or create panic. The bill had its critics—notably, those who worried it gave Big Tech too much power. But it was widely praised as a thoughtful attempt to deal with a problem that was growing and evolving faster than politics and society were able to adapt. Of his 17 years in parliament, Wright says, “I’m not sure I’ve seen anything by way of potential legislation that’s had as broadly based a political consensus behind it.”

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      “We’re not ‘gatekeepers,’” Apple and Microsoft tell European Union

      news.movim.eu / ArsTechnica · Tuesday, 5 September, 2023 - 13:47

    Apple and Microsoft have argued with Brussels that some of their services are insufficiently popular to be designated as “gatekeepers” under new landmark EU legislation designed to curb the power of Big Tech.

    Brussels’ battle with the two US companies over Apple’s iMessage chat app and Microsoft’s Bing search engine comes ahead of Wednesday’s publication of the first list of services to be regulated by the Digital Markets Act.

    The legislation imposes new responsibilities on tech companies, including sharing data, linking to competitors, and making their services interoperable with rival apps.

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      FTC rewrites rules on Big Tech mergers with aim to ease monopoly-busting

      news.movim.eu / ArsTechnica · Wednesday, 19 July, 2023 - 20:13

    Lina Khan, chair of the Federal Trade Commission.

    Enlarge / Lina Khan, chair of the Federal Trade Commission. (credit: Bloomberg / Contributor | Bloomberg )

    Antitrust enforcers released a draft update outlining new rules today that officials say will make it easier to crack down on mergers and acquisitions that could substantially lessen competition in the US.

    Now the public has 60 days to review the draft guidelines and submit comments to the Federal Trade Commission (FTC) and the Department of Justice (DOJ) before the agencies' September 18 deadline. A fierce debate has already started between those in support and those who oppose the draft guidelines.

    Over the next two months, the FTC hopes to gain widespread public support for what the FTC has positioned as commonsense updates as tech mergers have recently raised complex legal questions. In a press release , FTC Chair Lina M. Khan said that the merger guidelines "contain critical updates" and were "informed by thousands of public comments—spanning healthcare workers, farmers, patient advocates, musicians, and entrepreneurs."

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      Silicon Valley Bank shut down by US banking regulators

      news.movim.eu / ArsTechnica · Friday, 10 March, 2023 - 18:13

    Signage outside Silicon Valley Bank headquarters in Santa Clara, California, US, on Thursday, March 9, 2023. SVB Financial Group bonds are plunging alongside its shares after the company moved to shore up capital after losses on its securities portfolio and a slowdown in funding. Photographer: David Paul Morris/Bloomberg via Getty Images

    Enlarge / Signage outside Silicon Valley Bank headquarters in Santa Clara, California, US, on Thursday, March 9, 2023. SVB Financial Group bonds are plunging alongside its shares after the company moved to shore up capital after losses on its securities portfolio and a slowdown in funding. Photographer: David Paul Morris/Bloomberg via Getty Images (credit: Bloomberg via Getty Images )

    Silicon Valley Bank was shuttered by US regulators on Friday after a rush of deposit outflows and a failed effort to raise new capital called into question the future of the tech-focused lender.

    With about $209 billion in assets, SVB has become the second-largest bank failure in US history after the 2008 collapse of Washington Mutual, and marks a swift fall from grace for a lender that was valued at more than $44 billion less than 18 months ago.

    The Federal Deposit Insurance Corporation, the US regulator that guarantees bank deposits of up to $250,000, said it was closing SVB and that insured depositors would have access to their funds by Monday.

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      Big Tech groups disclose $10 billion in charges from job culls and cost cuts

      news.movim.eu / ArsTechnica · Friday, 3 February, 2023 - 14:30

    Montage of company logos

    Enlarge / The job and cost cutting come after a decade of heavy spending in a focus on top-line growth. (credit: FT/Bloomberg)

    Amazon, Meta, Alphabet, and Microsoft will collectively incur more than $10 billion in charges related to mass redundancies, real estate, and other cost-saving measures, as the Big Tech companies reveal the hefty price they incur to rein in spending.

    The US companies that have been implementing the largest job cuts in the tech sector disclosed the high costs related to their restructuring efforts in earnings statements released this week.

    The four groups had previously announced 50,000 job cuts to convince Wall Street they were heading into a “year of efficiency,” as Meta chief executive Mark Zuckerberg described it. This trend comes after more than a decade of heavy spending in a focus on aggressive top-line growth.

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      Biden taking “absolutely wrong approach” to crack down on Big Tech, critics say

      news.movim.eu / ArsTechnica · Thursday, 12 January, 2023 - 20:16 · 1 minute

    Biden taking “absolutely wrong approach” to crack down on Big Tech, critics say

    Enlarge (credit: Bloomberg / Contributor | Bloomberg )

    As president, Joe Biden has made it clear that he wants to lead the charge to change how Big Tech operates in the US. In a rare op-ed for the Wall Street Journal , Biden heavily criticized tech companies while outlining three broad areas of regulatory reform that he says that Congress should be weighing this year. Only with bipartisan action, Biden said, can the US do more to protect data privacy, prevent anti-competitive behavior, and “fundamentally reform Section 230,” by reversing course and holding platforms accountable for third-party content.

    Not everyone agrees with Biden’s vision of a better future for US tech innovation, however. Perhaps the most disagreement is over his proposed Section 230 reforms. Republicans seem keen to revise Section 230, not because they want to hold platforms liable for content, but because they want to prevent a suspected content moderation bias against right-leaning users. Meanwhile, some nonpartisan critics have advised against Section 230 reforms proposed by both Democrats and Republicans. Among them is the Electronic Frontier Foundation, a nonprofit that defends civil liberties online, which has long said that, as it stands now, Section 230 is “an essential legal pillar for online speech.”

    “As it was originally written, Section 230 allows good-faith moderation by platforms without fear of taking on undue liability for their users’ posts,” EFF’s transition memo providing tech policy recommendations for Biden reads. “Altering the law to force the removal of so-called ‘disinformation,’ to demand the political neutrality of their decisions, or to broaden platform liability for already-unlawful content would have consequences that reach far beyond the intended targets.” The EFF did not immediately respond to Ars' request for comment but warned in the memo that by weakening Section 230, Biden could trigger even more content removal, silence more users, and decrease overall functionality of the Internet.

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