VIOLENCES - Un collectif féministe appelle à une soirée de boycott des bars et à une manifestation vendredi à Bruxelles , jugeant que la question des agressions sexuelles dans ces lieux de sortie n’est pas assez prise au sérieux, selon un communiqué publié ce lundi 8 novembre.
A l’origine du hashtag #Balancetonbar, qui suscite depuis un mois sur Instagram une vague de témoignages de victimes d’agressions, ces militantes interpellent dans un courrier les 19 bourgmestres (maires, ndlr) de la région de Bruxelles.
Elles demandent le soutien du monde judiciaire et du milieu de la nuit pour lutter contre ce qu’elles présentent comme des “violences sexuelles systémiques” dans les bars et clubs de la capitale belge.
“Nous exigeons de vivre sans le poids d’être en danger perpétuellement et en tous lieux. Nous voulons un changement radical et immédiat, car ce fléau sévit depuis de trop nombreux siècles et nous ne pouvons plus le tolérer”, écrit dans cette lettre le collectif baptisé “Union féministe inclusive et autogérée” (Ufia), mêlant associations et activistes défendant les femmes et les minorités de genres (LGBTQIA+).
“Ce n’est plus tolérable”
Les autorités doivent notamment pouvoir “identifier, ficher et sanctionner systématiquement les établissements et membres du personnel problématiques” dès qu’un signalement de violences sexuelles leur est fourni, estime l’Ufia.
“Ces mouvements nous disent que ce n’est plus tolérable : c’est ça le point de bascule, a réagi auprès du Monde la secrétaire d’Etat à l’égalité des genres, Sarah Schlitz. C’est quand les victimes n’ont plus peur de parler, qu’on avance vers une société moins violente. Et il faut que la réponse sociétale et étatique soit à la hauteur”.
Quant à l’appel au boycott pour vendredi 12 novembre, il est justifié ainsi dans une vidéo où une membre du collectif s’adresse, visage caché, à un patron de bar: “la seule manière de te faire réagir est de toucher à ton précieux porte-monnaie”. Le rassemblement est prévu à 20h vendredi dans le centre de Bruxelles.
Ce mouvement, qui a essaimé en France, est né au début de l’automne en Belgique quand ont été rendus publics plusieurs cas d’agressions contre des femmes dans deux bars d’un quartier étudiant d’Ixelles, non loin du campus de l’Université libre de Bruxelles.
Un phénomène qui dépasse les frontières belges
Car “le phénomène dépasse les frontières de la Belgique”, estime Léa, qui confie au Monde avoir été droguée et violée en 2012 à Barcelone. Dans un article de franceinfo publié ce lundi 8 novembre, plusieurs femmes à travers la France racontent avoir été droguées à leur insu, la plupart au GHB, dite “la drogue du violeur”.
Certaines femmes soupçonnent leur agresseur présumé, barman ou membre du personnel, de les avoir droguées à leur insu avant de passer à l’acte. Et nos confrères assurent que ce phénomène est en hausse: ”À Montpellier, par exemple, 50 témoignages ont été reçus en quelques semaines par l’association générale des étudiants montpelliérains”, assurent-ils.
Plusieurs plaintes ont été déposées, a indiqué le mois dernier le parquet de Bruxelles, qui a ouvert une enquête. Sollicité lundi par l’ AFP , le parquet a refusé de s’exprimer sur les investigations en cours.
Comme pour chaque plainte concernant des infractions sexuelles, les enquêteurs travaillent de manière “approfondie et minutieuse” en respectant la présomption d’innocence du ou des suspects, avait dû se justifier le parquet dans un communiqué le 20 octobre. La justice était alors déjà accusée de ne pas traiter les plaintes suffisamment sérieusement.
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