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      La Croatie rejoindra Schengen en 2023, pas la Bulgarie et la Roumanie

      Alex Korbel · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 10 December, 2022 - 11:39 · 6 minutes

    La Croatie rejoindra la zone européenne de libre circulation de Schengen le 1er janvier 2023. La Roumanie et la Bulgarie, quant à elles, devront attendre. Le Conseil de l’UE, qui représente les pays de l’Union, a rendu publique cette décision jeudi après-midi.

    L’annonce est intervenue alors que les ministres de la Justice et de l’Intérieur se réunissaient à Bruxelles pour discuter d’un projet d’extension de la zone Schengen, qui permet une circulation sans frontières entre 26 pays, pour la plupart membres de l’UE, et qui compte aujourd’hui 420 millions de personnes.

    La Croatie a rejoint l’UE en 2013 ; la Roumanie et la Bulgarie étaient devenues des États membres six ans plus tôt.

    Le plan initial prévoyait d’admettre ensemble la Croatie ainsi que la Roumanie et la Bulgarie. Mais ce projet a capoté lorsque l’Autriche a décidé de mettre son veto à l’adhésion de la Roumanie et de la Bulgarie, arguant que ces pays ne parvenaient pas à gérer l’afflux de migrants dans l’ UE .

    Outre l’Autriche, les Pays-Bas ont déjà exprimé leur opposition à l’admission de la Bulgarie mais ont approuvé l’accession de la Roumanie à la zone.

    La Commission européenne, l’organe exécutif de l’UE, a déjà approuvé l’adhésion de ces trois pays. Mais les décisions relatives à l’élargissement de l’espace Schengen requièrent le soutien unanime des 27 pays membres de l’UE.

    Pour la Croatie, cette décision représente la deuxième étape majeure franchie cette année sur la voie de l’intégration européenne. En juillet, elle avait déjà reçu le feu vert pour adhérer à la monnaie unique européenne en 2023.

    Pourquoi l’Autriche et les Pays-Bas ont mis leur veto

    L’Autriche et les Pays-Bas ont voté contre l’admission de la Roumanie et de la Bulgarie, craignant que ces deux pays ne soient laxistes en matière d’immigration clandestine. L’opposition la plus véhémente est venue de l’Autriche.

    La principale raison invoquée par le gouvernement de Vienne pour maintenir la Roumanie et la Bulgarie en dehors de l’espace Schengen était l’augmentation rapide du nombre de migrants entrant illégalement en Autriche par la route des Balkans occidentaux.

    Toutefois, les dirigeants politiques roumains et bulgares affirment que relativement peu de personnes traversent leur territoire et que leur demande d’adhésion à Schengen a été rejetée pour des raisons politiques. Ils affirment que les gouvernements autrichien et néerlandais cherchent à attirer le vote anti-immigrés.

    Que disent les données disponibles sur l’immigration clandestine en Bulgarie et en Roumanie ?

    L’agence européenne pour la gestion des frontières Frontex a signalé 128 000 « entrées irrégulières » dans l’UE en provenance des Balkans occidentaux depuis le début de l’année, soit une augmentation de 77 % par rapport à 2021, dont 22 300 pour le seul mois d’octobre. Ces chiffres incluent les tentatives multiples de mêmes personnes.

    Le gouvernement autrichien affirme que 75 000 migrants irréguliers se trouvent actuellement dans le pays. Quelque 40 % d’entre eux seraient originaires d’Inde et de Tunisie, après être entrés légalement en Serbie, pays non membre de l’UE, dans le cadre d’un programme d’exemption de visa; 40 % supplémentaires seraient originaires de pays tels que l’Afghanistan, le Pakistan et la Syrie.

    Ces chiffres de 2022 sont corroborés par des données antérieures.

    Selon un rapport de 2019 du Réseau européen des migrations, la Roumanie et la Bulgarie ont connu une augmentation significative de l’immigration illégale en provenance de pays extérieurs à l’Union européenne depuis 2007. Entre 2007 et 2018, le nombre d’immigrants illégaux en Roumanie a plus que doublé, passant d’une estimation de 12 000 à 28 000, tandis que le nombre d’immigrants illégaux en Bulgarie a été multiplié par quatre, passant d’environ 4000 à plus de 17 000.

    La plus grande source d’immigration clandestine en Roumanie et en Bulgarie provenait de pays africains tels que le Nigeria et le Ghana, tandis qu’une part importante est également attribuée à des personnes originaires d’Inde, du Pakistan et du Bangladesh. En 2018, le nombre d’immigrants illégaux en provenance de pays africains a été estimé à environ 8000 en Roumanie, et 6000 en Bulgarie.

    Économiquement, Schengen est-il une mauvaise ou une bonne chose ?

    Créé en 1985, l’espace Schengen permet aux personnes et aux marchandises de circuler librement, généralement sans présenter de documents de voyage ou de douane. Il comprend 22 des 27 États membres de l’UE, ainsi que la Norvège, la Suisse, l’Islande et le Liechtenstein.

    Depuis la création de l’espace Schengen, l’impact économique de l’accord a été largement positif. L’absence de contrôles des passeports et de l’immigration entre les 26 pays participants a facilité les voyages, les études, le travail et les affaires dans la région. Cela a entraîné une augmentation significative du commerce et des investissements, ce qui a donné un coup de fouet à l’économie européenne.

    L’espace Schengen a également contribué à promouvoir la libre circulation des personnes et de la main-d’œuvre, ce qui a permis de créer un marché du travail plus vaste et plus efficace. Cela a permis une répartition plus efficace des ressources et la possibilité d’accéder à un plus grand réservoir de main-d’œuvre qualifiée. En conséquence, les entreprises ont pu accroître leur productivité et réduire leurs coûts, ce qui a permis de rendre l’économie plus compétitive et d’améliorer la croissance économique.

    À la fin de 2010, plus de 13 millions de citoyens de l’UE vivaient dans un pays autre que le leur depuis un an ou plus. Environ 1,7 million de personnes vivent dans un pays de l’espace Schengen mais travaillent dans un autre, traversant quotidiennement ce qui était auparavant une frontière nationale pour se rendre au travail.

    Enfin, l’espace Schengen a également contribué à la croissance de l’industrie du tourisme en Europe. La libre circulation des personnes a permis à un plus grand nombre de touristes de visiter la région, ce qui a entraîné une augmentation des revenus des entreprises et des emplois dans le secteur du tourisme sur tout le continent.

    En tout et pour tout, on estime que les avantages économiques de l’accord représentent entre 110 et 140 milliards d’euros par an. Cela inclut une augmentation du commerce intra-européen de plus de 30 milliards d’euros, une expansion du tourisme de plus de 30 milliards d’euros et une croissance des investissements directs étrangers de plus de 50 milliards d’euros. L’accord de Schengen a également permis de créer jusqu’à 1,25 million d’emplois et de réduire jusqu’à 10 % les prix des biens et services importés.

    Conclusion

    Il n’y a pas si longtemps, dans le cadre des mesures d’urgence prises en raison du coronavirus et de sa progression vers des proportions pandémiques, les gouvernements de toute l’Europe ont mis en place des contrôles aux frontières intérieures et extérieures et introduit des restrictions de voyage tant pour les personnes voyageant à l’intérieur de l’espace Schengen que pour celles qui y entrent depuis l’extérieur.

    La liberté de circulation au sein de l’UE, dont nous bénéficions depuis des décennies, a été temporairement restreinte et toutes les frontières extérieures de l’espace Schengen ont été presque entièrement fermées pour la première fois de son histoire.

    La décision rendue par le Conseil de l’UE montre que même en des temps plus calmes, Schengen continue de mettre évidence la tension entre les objectifs de l’intégration européenne et le principe fondamental de la souveraineté des États.

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      Relocalisations en Europe : les pays de l’Est grands gagnants ?

      The Conversation · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 4 March, 2021 - 04:00 · 6 minutes

    relocalisations

    Par Nassima Ouhab-Alathamneh 1 .
    Un article de The Conversation

    Mis à l’épreuve de la pénurie de certaines productions à la suite de la crise sanitaire ayant frappé le monde depuis janvier 2020, un grand nombre de pays européens songent à relocaliser leurs entreprises stratégiques.

    Cette stratégie économique viserait à relancer la production de certaines industries, notamment médicales, afin d’anéantir les effets de dépendance vis-à-vis des entreprises opérant en dehors de l’Union européenne.

    En France, malgré les contraintes financières et logistiques de la relocalisation, l’État tente tant bien que mal de convaincre les dirigeants des sociétés à haute valeur industrielle de réimplanter leurs activités dans l’Hexagone.

    Pour cela, le gouvernement a multiplié les communications autour des nouvelles politiques économiques plus avantageuses et à propos du plan de relance de 100 milliards d’euros, dont un milliard seront utilisés pour inciter les entreprises à relocaliser à travers les « appels à projets de (re)localisation ».

    Ceci dit, la réorientation des activités vers l’Europe ne signifie pas nécessairement un retour au pays d’origine. En effet, les impôts et taxes afférentes pourraient aigrir la santé financière, particulièrement celle des moyennes entreprises. Il s’agit donc, pour les firmes, d’évaluer les risques financiers d’une éventuelle relocalisation dans le pays d’origine en fonction du coût du travail et de la pression fiscale.

    L’attractivité des PECO

    Plusieurs entreprises ont ainsi délocalisé leurs activités dans les pays d’Europe centrale et orientale (PECO) en raison de leur proximité géographique et leurs coûts salariaux moins conséquents qu’en Europe occidentale.

    Selon la Fondation européenne pour l’amélioration des conditions de vie et de travail, entre 2014 et 2018, il y a eu 253 cas de relocalisations dans les pays européens (à voir également le projet « The future of manufacturing in Europe » d’Eurofound de 2019).

    Le mouvement de relocalisation dans les PECO a débuté avant la crise de la Covid-19 et tend à s’activer après celle-ci. Le rapport de la Fondation pour l’innovation politique intitulé « Relocaliser en France avec l’Europe », paru en septembre 2020, nous donne l’exemple des entreprises le Coq Sportif, Lunii et Harry’s.

    Désormais, selon un rapport de mai 2020 de l’Institut polonais de l’économie, les PECO pourraient dégager un bénéfice de 22 milliards de dollars par an à la suite de la relocalisation de productions en provenance de la Chine. Ces entreprises tireraient d’importants profits en termes d’avantages comparatifs, de coûts de transports (chaînes d’approvisionnement et de distribution) et de salaires eu égard à la proximité des différents pays de la zone et aux disparités salariales.

    En comparant le coût horaire du travail entre l’Europe occidentale et les PECO, on constate d’importantes disparités allant de 5,30 euros en Roumanie à 44,70 euros au Danemark (cf. Figure 1).

    relocalisations Figure 1 : Coût horaire moyen du travail dans l’Union européenne en 2018. Statista , CC BY-SA

    Il en est de même pour la pression fiscale. Selon les statistiques de 2020 de l’Institut économique Molinari, les charges et les impôts supportés par l’employeur représentent plus de la moitié du salaire en France (54,68 %) contre 10 % pour la Bulgarie par exemple.

    Les coûts d’investissement quant à eux pourraient être amortis en améliorant la qualité et l’authenticité des produits, d’autant plus que la base industrielle rapportée au PIB est plus grande dans ces pays.

    En effet, d’après le dernier rapport de 2020 de la Fondation pour l’innovation politique, la part de l’industrie dans la valeur ajoutée au sein des PECO est plus importante que dans les autres pays de l’Europe occidentale, hormis l’Allemagne (25,4 %) et l’Autriche (22,1 %). Elle s’élève à 29,7 % en République tchèque et 25 % en Pologne, contre seulement 13,6 % en France et entre 15 % et 19 % en Espagne, aux Pays-Bas et en Italie.

    Accélération de la relocalisation depuis la crise

    Plusieurs entreprises européennes, comme le fabricant allemand d’électroménager Bosch, sont aujourd’hui implantées en Pologne en raison des avantages concurrentiels et financiers que ce pays offre aux investisseurs. Une relocalisation qui remonte à avant la crise sanitaire, mais qui s’accélère depuis le début de celle-ci, notamment la partie logistique (centres d’appel, « click and collect », etc).

    En 2019, les investissements directs étrangers (IDE) représentaient 40 % du PIB polonais . Ces derniers provenaient majoritairement de l’Allemagne (19 %), de la France et des États-Unis (près de 11 % chacun).

    De même pour la Roumanie où maintes entreprises européennes se partagent le marché. Parmi elles figure le fabricant italien d’appareils électroménagers De’Longhi qui a rapatrié en 2020 sa production de Chine en créant une deuxième usine , après avoir racheté l’usine Nokia de la ville de Jucu en 2012. De’Longhi a ainsi créé plus de 1000 emplois locaux et a investi 30 millions d’euros.

    La Pologne suscite également l’intérêt d’entreprises américaines souhaitant s’implanter en Europe. C’est notamment le cas des géants de l’informatique Google et Microsoft. En juin dernier, Google a annoncé qu’il investirait jusqu’à deux milliards de dollars dans un centre de données dans le pays afin de traiter les services dans le cloud , suivant ainsi Microsoft qui a communiqué un mois plus tôt sa volonté d’investir un milliard de dollars pour un centre de données à très grande échelle, dans le but de développer et de transformer les compétences numériques en Europe.

    Le frein des enjeux technologiques

    Toutefois, des enjeux technologiques pourraient freiner ce mouvement de relocalisation vers les PECO. En effet, le savoir-faire et la flexibilité de la main-d’œuvre étrangère sont plus prégnants en Asie qu’en Europe de l’Est.

    Beaucoup de technologies de pointe, en électronique notamment, restent peu maîtrisées en Europe, à l’instar du hardware (matériel) informatique. L’essentiel du matériel disponible sur le Vieux Continent est aujourd’hui soit importé, soit fabriqué à l’étranger par une entreprise européenne.

    De ce fait, certains secteurs d’activité sont difficilement relocalisables, à cause du manque de main-d’œuvre qualifiée – malgré la présence d’un capital humain non négligeable – et l’automatisation des processus et de la production par les entreprises relocalisées qui demeurent insuffisants.

    Cet écart montre que, dans les PECO, les autorités publiques doivent encore repenser leur modèle économique en améliorant notamment les formations qualifiantes de la main-d’œuvre locale et en investissant davantage dans la recherche et le développement (R&D).

    À ce propos, selon le rapport du World Economic Forum (WEF) sur la compétitivité mondiale de 2018, les dépenses en R&D sont relativement faibles dans les PECO (1 %) par rapport aux pays de l’Europe occidentale (2,3 % en moyenne), comme la France (2,9 %), l’Allemagne ou l’Autriche (3,1 % chacun).

    Le basculement du travail en distanciel dans de nombreux domaines comme la finance, la vente et l’informatique pourrait recentrer les avantages comparatifs au profit de l’Europe occidentale. C’est à ce prix d’ailleurs que cette zone pourrait tirer profit de l’accélération du mouvement de relocalisation.

    Sur le web The Conversation

    1. Enseignante en économie, Université Paris Nanterre – Université Paris Lumières.
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      Contact publication

      CNT 31 · Wednesday, 27 May, 2020 - 08:09 edit

    https://upload.movim.eu/files/7b4a27eed4cd52381dd25ae94920402e838b41d3/c3wMn19GZo7L9jGsaQOiULr16svzpuCtu7rOkP3W/ca4a295b1386ea66fd7af53fec98f2aa.jpg

    #RSISL : #Solidarité avec le #syndicat des #infirmières bulgares !

    Communiqué du Réseau syndical international de solidarité et de luttes (RSISL) dont fait partie la CNT : http://www.laboursolidarity.org/Solidarite-avec-le-syndicat-des

    Pour mieux comprendre le contexte bulgare, précisons que TOUS les hôpitaux y ont le statut de sociétés commerciales et leur priorité est donc de générer des profits ! Les salaires du personnel de santé dépendent du nombre de patients traités dans chaque #hôpital.

    C’est notamment pour ces raisons que les infirmières se sont engagées depuis plus d’un an sous le mot d’ordre : “La santé n’est PAS une marchandise”

    Les manifestations et les grèves dans le secteur de la #santé se poursuivent depuis plus d’un an. De cette vague de protestation et face à l’immobilité des syndicats existants, est né un nouveau syndicat autonome. Depuis le nouveau syndicat subit une #répression policière sans précédent.

    #Grève #Manifestation #Bulgarie #Internationalisme #CNT #CNT31 #ActionDirect #Autogestion #Entraide #syndicalisme #LaPoliceFaitSonTravail #Police