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      JDD, Europe 1, CNews… Derrière la croisade médiatique de Bolloré, la défense d’un empire fossile et néo-colonial

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Saturday, 26 August, 2023 - 13:39 · 15 minutes

    L’arrivée de Geoffroy Lejeune au JDD et l’agenda réactionnaire qu’il est en train d’y déployer ont inquiété une partie du monde politique français cet été, de la gauche au centre-droit. Si les méthodes brutales et l’ultra-conservatisme de Vincent Bolloré focalisent l’attention, on oublie souvent que sa préférence pour l’extrême-droite découle largement des intérêts de son groupe, bâti autour des énergies fossiles et de la Françafrique. La montée en puissance d’autres milliardaires représentant ces secteurs, comme Rodolphe Saadé ou Daniel Krétinsky, fait peser le risque d’un basculement plus large du monde médiatique vers l’extrême-droite. Article de la New Left Review par Théo Bourgeron, traduit par Alexandra Knez et édité par William Bouchardon.

    Que signifie le rachat du Journal du Dimanche (JDD) par le milliardaire d’extrême droite Vincent Bolloré ? Pour commencer, revenons sur le rôle que ce journal joue dans le champ politique français. Fondé en 1948, le Journal du Dimanche est un hebdomadaire relativement confidentiel (135 000 numéros par semaine, contre 500 000 ventes quotidiennes pour Le Monde ). Cependant, il est devenu au fil des ans une institution médiatique, une sorte de gazette gouvernementale officieuse lue par la plupart des journalistes, des hommes politiques et des chefs d’entreprise français. Et que les gouvernements de centre-droit et de centre-gauche successifs utilisent pour annoncer de nouveaux projets de loi et fixer l’agenda politique. Le JDD se caractérise par sa position invariablement pro-gouvernementale. Le penchant affirmé de sa rédaction pour le centre-droit l’a rendu compatible avec la plupart des gouvernements français depuis sa création. En période de gouvernement socialiste, il s’aligne sans problème sur l’aile droite du PS. Politiques et journalistes eux-mêmes plaisantent souvent sur le rôle que le journal joue dans la politique française. Libération le qualifie ainsi de « Pravda de Macron », tandis que des memes circulent sur Twitter avec les unes du journal, sur lesquelles figurent invariablement, chaque semaine, la photo d’un ministre. Une gazette officieuse du gouvernement : voici donc ce qu’était le JDD jusqu’à cet été.

    Un mécanisme bien rodé

    Toutefois, ce statut d’importance n’a pas protégé la rédaction du journal. Depuis quelques années, le milliardaire breton avait patiemment construit une participation majoritaire dans Lagardère, le groupe de presse propriétaire du Journal du Dimanche . Au début de l’été, il juge le moment venu de dévoiler ses intentions. Le 23 juin, il nomme rédacteur en chef du journal un activiste d’extrême droite notoire, Geoffroy Lejeune. Celui-ci arrive de Valeurs actuelles , un magazine où il a été impliqué dans d’innombrables affaires. Il a notamment fait l’objet d’une enquête pour incitation à la haine raciale , après avoir appuyé la publication d’un « documentaire-fiction » abject présentant la députée Danielle Obono comme une esclave vendue en Afrique. Il a également publié une couverture antisémite présentant George Soros comme un « le financier mondial » qui « complote contre la France ». Un profil inacceptable pour l’équipe éditoriale mainstream du Journal du Dimanche . Ironie du sort, après avoir obstinément ignoré pendant des mois les grèves contre la réforme des retraites d’Emmanuel Macron, 96% des journalistes du JDD votent une grève illimitée , empêchant la parution du journal pendant plusieurs semaines.

    Pour Vincent Bolloré, cette prise de contrôle relève de la routine. Au cours des dix dernières années, il a mené de nombreuses acquisitions dans les secteurs des médias et de l’édition, appliquant chaque fois la même stratégie. On sait comment il avait racheté le groupe de télévision Canal + en 2014. L’un de ses principaux actifs était la chaîne d’information en continu de centre-gauche I-Télé. Après avoir racheté le groupe, Vincent Bolloré avait décidé d’en licencier les dirigeants et de nommer ses acolytes, déclenchant une longue grève. Celle-ci s’était conclue quelques semaines plus tard avec le départ de la plupart des journalistes d’I-Télé . Bolloré avait alors embauché une nouvelle équipe et rebaptisé la chaîne CNews, la positionnant délibérément à l’extrême-droite en « Fox News à la française ». Un coup réédité de manière similaire avec la station de radio Europe 1. Il est désormais en pourparlers pour racheter le groupe Hachette, plus grande maison d’édition d’Europe, qui possède un large éventail d’activités, notamment dans le domaine des manuels scolaires.

    Un empire bâti sur le colonialisme et les énergies fossiles

    Douzième fortune de France avec un patrimoine net de 11,1 milliards d’euros, Vincent Bolloré a longtemps été considéré comme un homme d’affaires moderne. C’est en important des techniques financières sophistiquées des États-Unis qu’il a développé son empire. Adepte du « capitalisme sans capital », il a importé dans le  capitalisme familial français la technique du rachat d’entreprise par effet de levier (LBO, leverage buy out , ndlr) des années 1980, rebaptisée « poulies bretonnes », du nom de sa région d’origine. Son penchant pour l’innovation financière lui vaut alors les surnoms de « Petit Prince du cash-flow » et de « Mozart de la finance » dans la presse économique française.

    Cependant, l’innovation financière ne doit pas masquer l’ancrage traditionnel du milliardaire. Sa fortune s’est essentiellement construite sur des secteurs anciens et en déclin, dans lequel le milliardaire investit à contre-courant de l’histoire. L’entreprise en difficulté qu’il a héritée de son père, OCB, était spécialisée dans le papier à cigarettes. Après l’avoir vendue, il s’est consacré aux actifs post-coloniaux, en particulier les infrastructures portuaires africaines et les plantations, devenant ainsi une figure de la Françafrique. Il possède plus de 200 000 hectares de plantations dans des pays tels que le Cameroun, le Nigeria et la Côte d’Ivoire . Jusqu’à récemment, Bolloré Africa Logistics possédait également des infrastructures portuaires dans la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest, du Sénégal au Congo . En parallèle, il a également acquis des actifs dans le domaine des énergies fossiles, notamment des dépôts pétroliers en France et en Suisse .

    Vincent Bolloré incarne parfaitement le capitalisme familial à la française. À l’occasion du bicentenaire de la société Bolloré, il a même posé en costume de velours traditionnel breton devant l’église de son village avec ses fils , affirmant que ces derniers devaient désormais planifier les deux cents prochaines années. Il prône des valeurs ouvertement réactionnaires, multipliant les déclarations d’attachement à une société catholique, patriarcale et autoritaire.

    Après la prise de contrôle du JDD par Vincent Bolloré, de nombreuses voix se sont indignées. Des représentants de la gauche et du centre-droit ont exprimé leur crainte – fondée – que cette série de prises de contrôle de médias par un milliardaire d’extrême droite ne fasse basculer l’équilibre du débat politique français. Un groupe de 400 personnalités, parmi lesquelles des journalistes, des acteurs, des syndicalistes et d’anciens ministres, ont publié une tribune contre la nomination de Geoffroy Lejeune dans le Journal du Dimanche . D’autres tribunes ont également dénoncé la « toute-puissance » de Vincent Bolloré, engagé dans une « croisade pour l’Occident chrétien » , croisade qui aurait pour origine le « terreau favorable » constitué par le capitalisme familial conservateur dont il est l’émanation.

    La rhétorique paranoïaque et réactionnaire propagée quotidiennement par ses médias, du grand remplacement à la « dictature verte » en passant par le « wokisme » ne résulte pas seulement des lubies du milliardaire. Elle fait au contraire partie intégrante du modèle économique de Vincent Bolloré.

    Cependant, une bonne partie de ces critiques manque la signification réelle de ces rachats médiatiques. Elles ont tendance à se concentrer sur les opinions d’extrême droite de Vincent Bolloré, faisant de ces investissements successifs le caprice d’un milliardaire vieillissant, en perte de vitesse et aux opinions réactionnaires. Or, Vincent Bolloré est bien plus que cela. D’abord, il n’est pas un milliardaire des médias. Il représente au contraire deux secteurs puissants du capitalisme français, les secteurs des énergies fossiles et de la Françafrique. Quant à la rhétorique paranoïaque et réactionnaire propagée quotidiennement par ses médias, du grand remplacement à la « dictature verte » en passant par le « wokisme », elle ne résulte pas seulement des lubies du milliardaire. Elle fait au contraire partie intégrante du modèle économique de Vincent Bolloré. La domination raciale est une composante importante des activités du groupe Bolloré en Afrique. La criminalisation des mouvements écologiques et sociaux est nécessaire pour la poursuite de ses activités dans le secteur pétrolier français. Enfin, son empire industriel repose étroitement sur la domination patriarcale depuis ses débuts, transmis qu’il est de père en fils et d’oncle en neveu depuis six générations .

    Une nouvelle génération de milliardaires de la presse

    D’autant que Vincent Bolloré n’est pas seul. D’autres milliardaires issus des secteurs similaires sont également très actifs dans l’achat de médias français. Le Monde , très réputé, a été en partie acheté en 2018 par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, qui a amassé sa fortune dans le secteur des mines de charbon et des centrales électriques. Daniel Kretinsky possède également plusieurs autres journaux, dont Elle , Marianne et Franc-Tireur et est en train de racheter à Vincent Bolloré le deuxième groupe d’édition français, Editis. (Les autorités de la concurrence européennes contraignent en effet Vincent Bolloré à céder Editis pour avoir le droit d’acquérir Hachette.) La compagnie CMA-CGM, géante marseillaise du transport maritime, est l’une des premières actrices de la logistique en Afrique et est en passe d’acquérir une partie des activités logistiques de Vincent Bolloré pour près de 5 milliards d’euros . Dans un parallèle troublant, CMA-CGM vient elle aussi de prendre le contrôle du journal économique La Tribune , après avoir déjà racheté La Provence . Le groupe contrôlé par le milliardaire Rodolphe Saadé prévoit également de lancer un concurrent au Journal du Dimanche dans les prochains mois. Alors que les groupes de presse français étaient historiquement contrôlés par des milliardaires des secteurs du luxe, de la défense et des télécommunications, il semble qu’ils soient de plus en plus rachetés par des milliardaires de la Françafrique et des énergies fossiles.

    Comment comprendre cette évolution ? Tout d’abord, ces secteurs ont connu une croissance extraordinaire au cours des dernières années. Si les combustibles fossiles et les business de la Françafrique sont parfois considérés comme des vestiges du passé, ils restent financièrement lucratifs. En 2022, CMA-CGM a atteint le record historique du plus grand bénéfice jamais réalisé par une entreprise française, avec 23 milliards d’euros de profit en un an seulement. Les activités liées aux énergies fossiles de Daniel Kretinsky sont également florissantes. Entre 2020 et 2022, grâce à la crise énergétique, le chiffre d’affaires de son groupe (EPH) est passé de 8,5 milliards d’euros à 37,1 milliards d’euros, et son bénéfice de 1,2 milliard d’euros à 3,8 milliards d’euros. Le bénéfice du Groupe Bolloré pour 2022 semble plus modeste (3,4 milliards d’euros), mais il constitue également un record pour le groupe et la somme est énorme par rapport à sa capitalisation de 16 milliards d’euros. En d’autres termes, c’est d’abord la montée en puissance financière de ces secteurs qui leur permet d’investir l’espace médiatique et politique.

    Les milliardaires qui investissent aujourd’hui dans la presse française sont réactionnaires au sens premier du terme : en soutenant l’extrême-droite, ils réagissent à des transformations politiques qui menacent leur capacité à accumuler à long terme.

    Deuxième explication, ces secteurs ont aussi d’impérieuses raisons d’intensifier leur lutte politique. Malgré leur succès financier, ils se trouvent confrontés à de nouvelles menaces. Du côté des actifs africains par exemple, l’influence post-coloniale de la France semble aujourd’hui contestée. À la suite des coups d’État, souvent soutenus par la Russie, au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Niger, le système politico-économique qui permettait aux milliardaires de la Françafrique d’extraire des richesse du continent est sérieusement remis en question. D’autant que la politique africaine d’Emmanuel Macron s’est quelque peu démarquée de celle de ses prédécesseurs, adoptant une position anti-interventionniste, laissant s’effondrer des régimes amis et autorisant la justice française à enquêter sur des affaires de corruption liées à la Françafrique . Dans ces conditions, qui défendra les ports et les plantations africaines de Vincent Bolloré ? Ou les activités logistiques de CMA-CGM sur le continent ? Du côté des énergies fossiles, la politique d’Emmanuel Macron n’a rien de révolutionnaire, mais elle s’est tout de même alignée sur les proposition de la Commission européenne visant à interdire les voitures ayant un moteur à combustion d’ici 2035, les objectifs relativement ambitieux de « zéro émissions nettes » et la diminution des exonérations fiscales aux énergies fossiles. Là encore, qui défendra les dépôts de carburant de Vincent Bolloré et les centrales à charbon de Daniel Kretinsky ? Les milliardaires qui investissent aujourd’hui dans la presse française sont ici réactionnaires au sens premier du terme : en soutenant l’extrême-droite, ils réagissent à des transformations politiques qui menacent leur capacité à accumuler à long terme.

    L’ambiguïté d’Emmanuel Macron

    L’aspect le plus curieux de cette histoire reste la position ambiguë d’Emmanuel Macron. Après le début de la grève au journal, Emmanuel Macron s’est bien gardé de critiquer Vincent Bolloré. La Première ministre Elisabeth Borne a ainsi expliqué qu’il s’agissait d’une question « délicate » et que le gouvernement « n’avait pas à s’immiscer dans la gestion des médias ». Rompant les rangs, le ministre de l’éducation nationale, Pap Ndiaye, a malgré tout déclaré quelques jours plus tard qu’il était « inquiet » au sujet du rachat, étant donné comment Vincent Bolloré avait transformé les autres médias qu’il avait rachetés en médias « d’extrême droite ». Dans les jours suivant l’interview de Pap Ndiaye, les chaînes d’information de Vincent Bolloré se sont déchaînées contre lui, dénonçant sans rougir une tentative de limiter la liberté d’expression. Quelques semaines plus tard, à l’occasion d’un remaniement gouvernemental, Pap Ndiaye est limogé et affecté à un obscur poste d’ambassadeur auprès du Conseil de l’Europe.

    D’autres détails étonnent. Après quarante jours de mobilisation, les journalistes du Journal du Dimanche ont fini par abandonner la grève. Le dimanche suivant, un nouveau numéro du JDD est publié. Dans la grande tradition des casseurs de grève d’extrême droite, il avait été rédigé en secret par une autre équipe de journalistes recrutés chez CNews , Minute et Valeurs actuelles . À la surprise générale, le numéro comprend une interview d’une ministre de Macron : la secrétaire d’État à la ville, Sabrina Agresti-Roubache. Critiquée pour avoir semblé approuver la prise de contrôle par Vincent Bolloré, celle-ci se défend en expliquant qu’elle avait accordé l’interview à la nouvelle équipe du Journal du Dimanche pour défendre « Charlie Hebdo » et la « liberté d’expression », sous-entendant bizarrement que les journalistes auraient entravé la liberté de la presse par leur grève.

    L’ambivalence d’Emmanuel Macron à l’égard du milliardaire d’extrême droite est-elle si surprenante ? Après tout, les médias contrôlés par des milliardaires ont joué un rôle important dans ses campagnes électorales de 2017 et de 2022. Malgré les récentes manœuvres hostiles de Vincent Bolloré, le contrôle des grands médias par des milliardaires est l’une des clés de voûte des néolibéraux représentés par Emmanuel Macron. En outre, depuis qu’il a perdu sa majorité parlementaire en 2022, le Président de la République cultive une ambiguïté stratégique à l’égard de l’extrême droite, condamnant et adoptant alternativement ses idées en fonction des humeurs des instituts de sondage. Il est encore trop tôt pour savoir dans quelle mesure ces empires capitalistes et le centre-droit macroniste finiront par coopérer ou s’opposer. Ce que l’on sait déjà, c’est l’objectif que ces capitalistes poursuivent : un glissement vers l’extrême droite de la politique française. Qu’il s’agisse de Marine Le Pen ou d’un Emmanuel Macron 2.0, version Viktor Orbán, peu importe. Ils veulent protéger leurs intérêts économiques et ils ont les moyens de le faire.

    NDLR : Face à la concentration croissante des médias entre les mains de milliardaires, Le Vent Se lève a réuni l’an dernier plusieurs journalistes spécialistes du sujet pour évoquer des pistes de solution face au pouvoir de l’argent sur la presse. Une conférence à retrouver ci-dessous :

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      De la pensée unique à la pensée officielle

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 27 February, 2023 - 04:30 · 4 minutes

    Par la rédaction de la Nouvelle Lettre.

    D epuis ces deux dernières semaines gros émoi, mais émoi justifié : il y a bien en vue la suppression de la liberté d’expression.

    C’est ce qu’il faut retenir de la déclaration de madame la ministre de la culture Rima Abdul Malak dans une interview à France Inter (radio publique).

    Elle s’étonne de la lenteur et de la pusillanimité d’un organisme appelé ARCOM qui aurait déjà dû sévir contre « les menaces que représentent les atteintes à la liberté d’expression et de création […] Il y a déjà eu une vingtaine d’interventions de l’ARCOM depuis 2019 pour C8 et CNews […]. De la sorte l’ARCOM devrait […] évaluer si la reconduction de cette fréquence est justifiée ou pas ». (à 10 mn)

    Les chaînes Bolloré menacent la liberté d’expression. La ministre menace donc à son tour de les exclure de la télévision française. L’affaire est d’une portée hors du commun, parce que les chaînes Bolloré ce sont aussi toutes les chaînes Canal +, c’est Vivendi, c’est un groupe breton devenu au fil des ans une société de dimension mondiale entre les mains de Vincent Bolloré, estimé 14 e milliardaire du monde. La bataille est engagée : hier lundi CNews a réagi, d’abord au cours d’une interview d’ Éric Zemmour par Laurence Ferrari ensuite dans « L’Heure des pros » de Pascal Praud.

    C’est l’arroseur arrosé : madame la ministre et France Inter ont été à juste titre accusés de diffuser la pensée unique, mais pire encore de refuser à ceux qui ne sont pas d’accord de s’exprimer en public : seule la pensée officielle sera désormais présente à la télé. Les journalistes incriminés n’ont eu aucune peine à illustrer la propagande permanente qui circule dans les chaînes de télévision et les radios publiques. Les journaux, les enquêtes, les publicités, portent l’idéologie qui n’est plus seulement de gauche, mais maintenant d’extrême gauche. Une place considérable est accordée aux réformes dites sociétales, destructrices de la famille, de la vie, de la tradition religieuse.

    Rien d’étonnant : ces journalistes sont tous passés par la presse écrite de gauche, France Inter est dirigée par un ancien rédacteur en chef de Libération (après avoir fréquenté L’Observateur ). Certes presque tous les journalistes français ont été formés dans des écoles où ils ont été formatés à l’idéologie marxiste et socialiste . Mais on pourrait au moins admettre que les rares « dissidents » puissent s’exprimer librement dans les rares créneaux qu’ils peuvent occuper. C’est que désormais il s’agit de créer la société nouvelle libérée du capitalisme, de la mondialisation, de l’inégalité entre sexes, entre revenus, du pillage de la nature et du réchauffement climatique, bref : du progrès. Il n’y a désormais place que pour les « progressistes » et leur message est tellement évident qu’il ne supporte aucun débat, aucune critique.

    Que fait l’ARCOM ?

    Mais alors, dans ces conditions, que fait l’ARCOM ?

    L’ARCOM a été créée en 2022, c’est l’Autorité de Régulation de la Communication Audiovisuelle et Numérique née de la fusion du Conseil supérieur de l’audiovisuel ( CSA ) et de la HADOPI (Haute Autorité pour la Diffusion des Œuvres et la Protection des droits sur Internet).

    On voit qu’il y a eu à cette occasion un recul : une Haute Autorité a été remplacée par une simple Autorité. On a surtout remplacé un CSA assez neutre et souvent courageux par un conglomérat de serviles administrateurs aux ordres du pouvoir. D’ailleurs qu’importe la composition de ces instances ? C’est le principe même du contrôle par l’État de l’information et de la communication qui est indigne d’un pays qui se croit libre.

    D’ailleurs depuis 1939 il est évident que les radios, puis les télévisions, ont été sous la coupe des gouvernements successifs. Le pouvoir toujours jacobin s’est doté d’un monopole absolu avec l’ORTF, puis de radios et chaînes publiques bénéficiant de privilèges pour assurer leur influence : financement par les redevances de tous les possesseurs d‘appareils, couverture spécifique des grands évènements, libre accès des gouvernants. La tendance s’est d’ailleurs accentuée avec le président Macron , qui aime bien la « démocratie délibérative » : il peut délibérer avec le peuple à travers les grandes lunettes.

    Sans aucun doute l’État français est doté d’un puissant instrument de dictature. Il produit des dégâts considérables non seulement sur l’information, la lucidité des citoyens, mais aussi sur la formation scolaire et morale de la jeunesse.

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      Arbitraire macronien : les tentatives de censure de la ministre de la Culture

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 13 February, 2023 - 09:16 · 5 minutes

    Alors que la réforme des retraites déclenche une opposition de plus en plus farouche que Macron et sa clique ne pensaient pas devoir affronter, la nervosité gouvernementale grimpe à mesure que les langues se délient sur les plateaux télé et que les “éléments de langage” officiels ne passent plus sans critique sur certaines chaînes. Zut et zut, voilà qu’il va falloir composer avec des gens pas tous d’accord avec Jupiter !

    Et cette opposition s’est illustrée dans la présence, notamment sur certaines chaînes de la TNT, d’intervenants clairement opposés aux points de vue gouvernementaux à différents sujets, depuis la gestion de la pandémie jusqu’à l’actuel débat parlementaire sur la réforme des retraites en passant par les chroniques et commentaires sur différentes affaires judiciaires qui éclaboussent (régulièrement) le petit monde macronien.

    Cette opposition est devenue virulente très récemment lors d’une émission d’Hanouna, le 16 janvier dernier, dans laquelle l’animateur étrillait l’audiovisuel public en dénonçant un budget de près de 4 milliards d’euros pour une qualité discutable, et appelait à le privatiser intégralement. L’horreur, quasiment l’ultranéolibéralisme sans frein ni loi !

    C’en était probablement trop pour l’actuelle ministre de la Culture, une certaine Rima Abdul-Malak dont l’existence n’a été confirmée qu’assez récemment, qui s’est empressée de faire connaître son point de vue lors d’une émission tenue commodément sur un média de révérence du service public : pour elle – et c’est très simple – on ne peut conserver son droit d’émettre qu’à partir du moment où on ne fait pas trop dans la critique acide.

    Eh oui, pour les petits rigolos qui croyaient que la France était un pays où les “droits de l’Homme” s’appliquaient encore, le réveil est quelque peu rude : non, vous n’avez pas le droit de dire ou d’émettre ce que vous voulez. La liberté d’expression, comme absolument tout le reste en France, doit être sévèrement encadrée et ce, d’autant plus si vous commencez à utiliser niaisement cette liberté pour critiquer vertement l’emploi des fonds publics ou pour remettre en cause le discours officiel.

    Pour l’actuelle ministricule – et comme pour beaucoup d’autres politiciens actuellement en poste, du reste – la libre-expression n’est pas un droit, mais bien un privilège. Privilège qui pourrait donc être résilié ad nutum par le pouvoir en place en prétextant (admirez la beauté de l’argument !) un “manque de pluralité” depuis un plateau radiophonique pourtant réputé pour ses débats et intervenants hémiplégiques soigneusement choisis dans les 50 nuances de rouges, de pourpres et de carmins d’une gauche germanopratine caricaturale d’entre-soi et certainement pas plurielle.

    Sans grande surprise, les explications de la ministre n’ont guère convaincu les intéressés : Hanouna a facétieusement rappelé qu’en 2025, date à laquelle les fréquences attribuées à CNews et C8 – chaîne où il officie – pourraient ne pas être renouvelées par l’État, l’actuelle ministre pourrait ne plus être en poste. De la même façon, Pascal Praud n’a pas goûté les arguments de la ministre et a même accusé Léa Salamé, le passe-plat de la ministre au service public, d’être complice de l’opération menée par Abdul-Malak pour préparer les esprits au prochain refus de renouvellement. Bock-Côté, de son côté , s’est fendu d’une tribune dans Le Figaro pour dénoncer la tentative de musèlement de la ministre au profit de cette “idéologie diversitaire” , ce pluralisme à sens unique où seul le discours d’extrême-centre est autorisé.

    Signalons enfin Christine Kelly , ex-membre du Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA), qui rappelle que les décisions de l’autorité compétente en la matière sont, normalement, réalisées en indépendance totale du ministère, ce que les déclarations de la Ministre semblent remettre en cause.

    Soyons lucides : il est particulièrement amusant de voir certains se réveiller en 2023 devant ce qui était apparent depuis plusieurs années pour ceux qui se sont donné la peine de regarder la réalité en face. L’épisode particulièrement douloureux et dramatique de la gestion pandémique a largement illustré l’absence réelle de toute possibilité d’un débat serein, scientifique et argumenté dans les médias, et C8 comme CNews ne s’en sont pas mieux sorties à l’époque que les autres chaînes, publiques ou privées.

    Cela fait en réalité plusieurs années que le débat démocratique n’existe plus en France, et que la fameuse pluralité d’opinions et de points de vue n’existe plus sur à peu près aucun plateau télé, aucune émission radio ou quasiment aucune tribune journalistique. Parfois, il y a quelques résurgences, quelques épisodes où un intervenant va, subitement et inconsciemment sans doute, sortir une opinion parfaitement contraire à la doxa officielle, plombant l’ambiance et aboutissant à des journalistes à la bouche bée qui font ensuite des mèmes rigolos sur les intertubes. L’émission suivante, l’impétrant n’est d’ailleurs pas réinvité.

    En réalité, toute la société française s’est maintenant accommodée d’un discours quasi-unique et de débats sur les détails, à la marge et surtout pas en profondeur : le moindre écart à cette marge est immédiatement taxé, sans la moindre nuance, de complotisme , de discours fasciste , d’ extrême-droite (ou ultradroite , n’hésitons pas). Les intervenants qui ont émis une opinion différente ont dérapé , le doute ou leurs questionnements les propulse dans les antivax , les pro-Poutine ou les ultralibéraux , autant de termes qu’on voudra aussi infâmants que possible.

    Dans cette ambiance délétère maintenant bien installée, toute opposition clairement exprimée, voire – pire que tout – argumentée sera non seulement combattue avec absolument tous les procédés rhétoriques les plus vils (depuis l’ ad hominem jusqu’à l’insulte pure et simple en passant par l’homme de paille ou les diversions plus ou moins grossières) mais elle sera surtout cachée, tue et effectivement censurée par action et par omission dès que cela sera possible.

    En exprimant ainsi ces menaces même pas voilées à l’encontre de groupes privés, la ministricule Rima Abdul-Malak ne fait en réalité qu’entériner un état de fait déjà bien présent dans le pays. On ne pourra que s’étonner de l’incohérence de la même ministre qui, il y a quelques semaines, s’exprimait sur les dangers de la Cancel culture .

    Manifestement, certaines opinions semblent importantes à étouffer, mais d’autres peuvent revendiquer l’application et la protection de la loi… Bienvenue dans la confusion générale et dans l’arbitraire macronien.

    Sur le web

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      Pour Serge Nedjar, l'extrême droite n'a pas progressé avec CNews

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 4 July, 2022 - 13:32 · 2 minutes

    Serge Nedjar pense que CNews n'est pas une chaîne d'extrême droite. (Photo d'illustration) Serge Nedjar pense que CNews n'est pas une chaîne d'extrême droite. (Photo d'illustration)

    MÉDIAS - “L’extrême droite n’a pas progressé à cause de CNews .” Ces mots, ce sont ceux du patron de la chaîne d’info, Serge Nedjar , qui, dans une interview publiée ce dimanche 3 juillet dans les colonnes du Parisien , répond aux critiques qui tiennent CNews en partie responsable de la montée de l’extrême droite en France.

    “Il faut remettre les choses en perspective, estime ce dernier dans l’entretien . Nous réalisons 2,1% d’audience quand France 2 et TF1 en font entre 14% et 20%. On nous porte une puissance que nous n’avons pas. Nous sommes une chaîne d’information qui fait un travail honnête et objectif.”

    D’après Médiamétrie, ce lundi 4 juillet, 33.190.000 personnes ont regardé CNews au mois de juin, confirmant par là même les chiffres avancés par son patron.

    Quelques semaines après la présidentielle , Serge Nadjar estime que “CNews n’a aidé personne”. “Et elle n’a ni l’ambition ni la capacité de bousculer les mentalités et d’avoir une quelconque influence. Nous essayons d’être le reflet de la société française, de répondre aux interrogations et aux craintes des Français”, assure le directeur général.

    Pas une chaîne d’extrême droite, selon Serge Nedjar

    Selon lui, qualifier CNews de chaîne d’extrême droite est une façon de l’“isoler”. “Les sujets que nous traitons ont souvent été laissés à la droite ou à la droite dure. Mais ce n’est évidemment pas notre esprit”, précise-t-il.

    Serge Nedjar poursuit: “Nous ne sommes pas une chaîne d’extrême droite. Il suffit de se promener dans nos couloirs, de voir les journalistes qui sont à l’antenne ou dans la salle de rédaction. Nous ne nous sommes jamais posé la question des opinions de nos collaborateurs. Et parmi nos invités, nous avons toutes les couleurs politiques.”

    Le patron était interrogé alors la chaîne vient de signer sa meilleure saison en termes d’audiences. “Jamais nous n’aurions imaginé une telle progression en cinq ans”, souffle-t-il, avant d’ajouter: “Notre succès dérange car nous bousculons des hégémonies.”

    Exprimer toutes les opinions

    Ces propos rejoignent ceux du président du directoire de Canal+, Maxime Saada, lors de son audition au Sénat, en janvier dernier, au cours de laquelle il a qualifié CNews de “chaîne de débat où toutes les opinions ont vocation à s’exprimer”.

    Détenue par Vincent Bolloré, la chaîne a notamment été mise en demeure le 3 décembre dernier. En cause, “une proportion très significative des interventions de l’exécutif et de La France Insoumise a été diffusée dans des émissions programmées entre minuit et 5 h 59”, une tranche horaire durant lqeulle les audiences sont particulièrement faibles.

    Le manque de pluralisme politique de CNews avait déjà posé problème en juin 2021, au moment des élections régionales. Le CSA lui avait reproché de ne pas avoir déclaré le temps de parole de la tête de liste du Rassemblement national Philippe Balard, invité à 9 reprises en plateau.

    À voir également sur le HuffPost : Face à Bolloré, ce sénateur a mis 6 minutes pour lister tous ses actifs

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      Éric Zemmour ne reprendra pas son rôle d'éditorialiste pour CNews et le Figaro

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 13 June, 2022 - 19:47 · 2 minutes

    Le polémiste d’extrême droite n'a pas prévu de revenir dans les médias, préférant consacré son temps à son parti Reconquête. Le polémiste d’extrême droite n'a pas prévu de revenir dans les médias, préférant consacré son temps à son parti Reconquête.

    MÉDIAS - Candidat défait à la présidentielle et aux législatives, Eric Zemmour ne retravaillera pas comme éditorialiste pour CNews ou le Figaro , a indiqué son entourage lundi à l’AFP, confirmant des propos de la journaliste Christine Kelly.

    ″Éric Zemmour souhaite continuer le combat politique au sein de son parti Reconquête dont il est président”, a déclaré à l’AFP son entourage, précisant qu’un retour chez ses anciens employeurs n’était “pas dans ses projets”.

    Invitée du “Buzz TV”, une émission en ligne du Figaro , la présentatrice de l’émission de CNews “Face à l’info”, Christine Kelly , a la première réfuté un éventuel retour à l’antenne de son ancien chroniqueur vedette.

    “Il avait toujours dit qu’il passerait à autre chose”, a-t-elle expliqué, répondant à la question d’un internaute. “Cela fait neuf mois qu’il a quitté l’antenne avec nous, six mois qu’il est candidat, maintenant il est passé à autre chose”, a-t-elle ajouté.

    “Là, il commence seulement sa vie en tant qu’homme politique (...) tout peut arriver mais ce n’est pas prévu”, a-t-elle ajouté.

    Écarté de l’antenne après son engagement politique

    Locomotive des audiences de CNews depuis 2019 , le polémiste d’extrême droite a été écarté de l’émission “Face à l’info” en septembre 2021 en raison du décompte de son temps de parole alors imposé par le CSA , qui l’a considéré comme une personnalité politique avant l’officialisation de sa candidature à la présidentielle , fin novembre.

    En septembre, l’ancien journaliste avait annoncé l’arrêt de ses chroniques pour le Figaro et le Figaro Magazine le temps de la promotion de son dernier livre.

    Très médiatisé, le candidat identitaire de 63 ans a terminé la course à la présidentielle avec 7,07% des voix dès le premier tour, comme pour les législatives, où il a été éliminé dimanche dans la 4e circonscription du Var avec 23,19% des voix, à 1,5 point du candidat RN.

    Le polémiste a été plusieurs fois condamné pour provocation à la haine, notamment pour ses propos sur les mineurs isolés, qualifiés sur CNews de “voleurs”, “assassins”, “violeurs” qui ont également valu une amende de 200.000 euros infligée à la chaîne par le CSA.

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