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      Réforme des prix de l’électricité : tout changer pour ne rien changer

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Wednesday, 10 January - 16:02 · 13 minutes

    « Nous avons réussi à trouver un équilibre vital entre la compétitivité de notre industrie, la stabilité pour les ménages et le développement d’EDF ». A la mi-novembre 2023, après deux ans de crise sur le marché de l’électricité, Bruno Le Maire était fier d’annoncer un accord entre l’Etat et EDF . A l’entendre, tous les problèmes constatés ces dernières années ont été résolus. Le tout en restant pourtant dans le cadre de marché imposé par l’Union européenne. En somme, la France aurait réussi l’impossible : garantir des prix stables tout en permettant une concurrence… qui implique une fluctuation des prix.

    Alors que la crise énergétique n’est toujours pas vraiment derrière nous et que les investissements pour la maintenance et le renouvellement des centrales électriques dans les années à venir sont considérables, cet accord mérite une attention particulière. Devant la technicité du sujet, la plupart des médias ont pourtant renoncé à se plonger dans les détails de la réforme et se sont contentés de reprendre les déclarations officielles. Cet accord comporte pourtant de grandes zones d’ombre, qui invitent à relativiser les propos optimistes du ministre de l’Économie. Alors qu’en est-il vraiment ?

    Une réforme qui n’a que trop tardé

    D’abord, il faut rappeler à quel point une réforme des prix de l’électricité était urgente. Depuis l’ouverture à la concurrence du secteur imposée par l’Union Européenne (UE) à la fin des années 90, le système est devenu de plus en plus complexe, EDF s’est retrouvée de plus en plus fragilisée et les prix pour les consommateurs ont explosé, contrairement aux promesses des apôtres du marché. En transformant l’électricité d’un bien public au tarif garanti en un bien de marché échangé sur les places boursières, son prix a été largement corrélé à celui du gaz, correspondant au coût marginal de production, c’est-à-dire au coût pour produire un MWh supplémentaire. Une absurdité alors que nos électrons proviennent largement du nucléaire et des renouvelables, notamment l’hydroélectricité.

    Complexification du système électrique français depuis la libéralisation européenne. © Elucid

    Dès la fin 2021, l’envolée des prix du gaz entraîne de fortes hausses des prix de marché de l’électricité, qui se répercutent ensuite sur les consommateurs. Pour la plupart des entreprises et les collectivités, qui ne bénéficient pas du tarif réglementé, l’augmentation a été brutale : +21% en 2022 et +84% en 2023 en moyenne selon l’INSEE ., soit un doublement des factures en à peine deux ans ! Et cette moyenne cache de fortes disparités : les exemples d’entreprises ou communes ayant vu leur facture tripler ou quadrupler, voire multipliée par 10, sont légion . Les conséquences de telles hausses sont catastrophiques : faillites, délocalisations, gel des investissements, dégradation des services publics, hausse de l’inflation… Pour les particuliers, la hausse a été moins brutale, mais tout de même historique : après +4% en 2022, le tarif réglementé a connu une hausse de 15% en février 2023 et une autre de 10% en août. Soit presque +30% en deux ans, avant une nouvelle hausse de 10% prévue pour cette année.

    Face aux effets dévastateurs de cette envolée des prix, l’Etat a bricolé un « bouclier tarifaire»  pour les particuliers et divers amortisseurs et aides ciblées pour les collectivités et les entreprises. Un empilement de dispositifs considéré comme une « usine à gaz » par un rapport sénatorial et qui aura coûté 50 milliards d’euros entre 2021 et 2023 rien que pour l’électricité. L’Etat français a ainsi préféré payer une part des factures lui-même pour acheter la paix sociale plutôt que de taxer les superprofits des spéculateurs ou de reprendre le contrôle sur l’énergie. Privatisation des profits et socialisation des pertes.

    Le bilan des deux dernières années est accablant : les factures des ménages et des entreprises ont flambé, l’Etat a dépensé sans compter pour les aider et l’endettement d’EDF a explosé. Les seuls bénéficiaires de cette période sont les spéculateurs du marché, qui ont engrangé des profits indécents.

    De manière absurde, alors que les prix étaient au plus haut, EDF a enregistré des pertes historiques en 2022 (18 milliards d’euros). Une situation qui s’explique par des erreurs stratégiques et une faible disponibilité du parc nucléaire, qui l’a obligée à racheter à ses concurrents les volumes vendus dans le cadre de l’Accès Régulé à l’Énergie Nucléaire Historique (ARENH). Concession de la France aux fanatiques européens de la concurrence, ce système force EDF à vendre 120 TWh par an, soit environ un tiers de sa production nucléaire, à ses concurrents à un prix trop faible de 42€/MWh. Si la situation de l’énergéticien s’est depuis améliorée , le bilan des deux dernières années est accablant : les factures des ménages et des entreprises ont flambé, l’Etat a dépensé sans compter pour les aider et l’endettement d’EDF a explosé. Les seuls bénéficiaires de cette période sont les spéculateurs du marché, qui ont engrangé des profits indécents.

    Un « tarif cible » encore très flou

    Après un tel échec du marché et alors que le mécanisme de l’ARENH doit prendre fin au 1er janvier 2026, une réforme devenait indispensable. Suite à des mois de négociations, un accord a finalement été trouvé entre l’Etat et EDF pour la période 2026-2040 pour « garantir un niveau de prix autour de 70€ le MWh pour l’électricité nucléaire » selon Bruno Le Maire. Si certains ont jugé la hausse trop forte par rapport aux 42€/MWh de l’ARENH, il convient de relativiser. D’une part, l’ARENH ne concernait qu’une part de la production nucléaire, le reste étant vendu bien plus cher. D’autre part, le tarif de l’ARENH était devenu trop faible par rapport aux coûts de production du nucléaire, estimés autour de 60€/MWh dans les années à venir , et aux besoins d’investissement d’EDF. Une hausse conséquente était donc inéluctable.

    Le nouveau tarif paraît donc élevé, mais pas délirant. Mais voilà : ces 70€/MWh ne sont en fait pas un tarif garanti mais un « tarif cible » que se fixe le gouvernement, « en moyenne sur 15 ans et sur l’ensemble des consommateurs ». Cette cible repose sur des prévisions d’évolution des prix de marché absolument impossibles à valider et sur un mécanisme de taxation progressive des prix de vente d’EDF aux fournisseurs, qui démarre à 78 €/MWh. A partir de ce seuil, les gains supplémentaires seront taxés à 50%, puis à 90% au-delà de 110€/MWh. Rien qui permette de garantir un prix de 70 €/MWh aux fournisseurs… et encore moins aux consommateurs puisque la marge des fournisseurs n’est pas encadrée. Si l’Etat promet que les recettes de ces taxes seront ensuite reversées aux consommateurs, le mécanisme envisagé n’est pas encore connu. S’agira-t-il d’un crédit d’impôt ? D’une remise sur les factures suivantes ? Sans doute les cabinets de conseil se penchent-ils déjà sur la question pour concevoir un nouveau système bureaucratique.

    Ce système bricolé reste vulnérable aux injonctions européennes.

    En attendant, une chose est sûre : les factures vont continuer à osciller fortement, pénalisant fortement les ménages, les entreprises et les communes, à l’image de la situation actuelle. On est donc loin de la « stabilité » vantée par le gouvernement. Enfin, ce système bricolé reste vulnérable aux injonctions européennes : si les tarifs français sont plus attractifs que ceux d’autres pays européens – par exemple, ceux d’une Allemagne désormais largement dépendante du gaz américain particulièrement cher – rien ne garantit que ceux-ci ne portent pas plainte auprès de l’UE pour distorsion de concurrence. Quelle nouvelle concession la France fera-t-elle alors aux gourous du marché ?

    En revanche, le fait que les fournisseurs et producteurs privés continuent à engranger des superprofits sur le dos des usagers ne semble gêner personne. Imaginons par exemple une nouvelle période de flambée des prix durant laquelle TotalEnergies, Eni, Engie ou d’autres vendent de l’électricité à 100 ou 150€/MWh : si les consommateurs ne percevront pas la différence – le mécanisme de taxation prévoyant une redistribution indépendamment de leur fournisseur – les profits supplémentaires n’iront pas dans les mêmes poches suivant qui les réalisent. Chez EDF, d’éventuels dividendes iront directement dans les caisses de l’Etat, désormais actionnaire à 100%. Chez ses concurrents, ces profits sur un bien public enrichiront des investisseurs privés.

    EDF, gagnant de la réforme ?

    Pour l’opérateur historique, la réforme ouvre donc une nouvelle ère incertaine. Certes, en apparence, EDF semble plutôt sortir gagnante des négociations. Son PDG Luc Rémont n’a d’ailleurs pas hésité à menacer de démissionner s’il n’obtenait pas un tarif cible suffisant. Une fermeté qui doit moins à son attachement au service public qu’à sa volonté de gouverner EDF comme une multinationale privée, en vendant l’électricité à des prix plus hauts. Or, EDF doit faire face à des défis immenses dans les prochaines décennies : il faut non seulement assurer le prolongement du parc existant, notamment le « grand carénage » des centrales nucléaires vieillissantes, mais également investir pour répondre à une demande amenée à augmenter fortement avec l’électrification de nouveaux usages (procédés industriels et véhicules notamment). Le tout en essayant de rembourser une dette de 65 milliards d’euros, directement causée par les décisions désastreuses prises depuis 20 ans et en essayant de se développer à l’international.

    A première vue, le tarif cible de 70€/MWh devrait permettre de remplir ces différents objectifs. D’après la Commission de Régulation de l’Énergie , le coût de production du nucléaire sur la période 2026-2030 devrait être de 60,7€/MWh. La dizaine d’euros supplémentaires ponctionnés sur chaque MWh devrait servir à financer la « politique d’investissement d’EDF, notamment dans le nouveau nucléaire français et à l’export », indique le gouvernement. Selon les calculs d’ Alternatives Economiques , cette différence par rapport aux coûts de production permettrait de financer un réacteur EPR tous les deux ans. Que l’on soit pour ou contre la relance du programme nucléaire, cet apport financier supplémentaire pour EDF reste une bonne nouvelle, les énergies renouvelables nécessitant elles aussi de gros investissements.

    Les factures d’électricité des Français serviront-elles à payer les réacteurs EPR britanniques ?

    Cependant, l’usage exact de ces milliards par EDF reste entouré d’un grand flou. L’entreprise est en effet le bras armé de la France pour exporter son nucléaire dans le reste du monde. Or, les coûts des centrales atomiques construites à l’étranger ont eu tendance à exploser. C’est notamment le cas au Royaume-Uni, où EDF construit la centrale d’Hinkley Point C. Un projet dont le coût est passé de 18 milliards de livres au début de sa construction en 2016 à presque 33 milliards de livres aujourd’hui . Des surcoûts que le partenaire chinois d’EDF sur ce projet, China General Nuclear Power Group (CGN), refuse d’assumer. EDF risque donc de devoir assumer seule cette facture extrêmement salée, ainsi que celle de la future centrale de Sizewell C , également en « partenariat » avec CGN. Les factures d’électricité des Français serviront-elles à payer les réacteurs EPR britanniques ? Si rien n’est encore décidé, le risque existe bel et bien.

    La France osera-t-elle s’opposer à l’Union Européenne ?

    Enfin, EDF fait toujours figure d’ennemi à abattre pour la Commission Européenne. Étant donné la position ultra-dominante de l’opérateur national, les technocrates bruxellois cherchent depuis longtemps des moyens d’affaiblir ses parts de marché. Le nucléaire intéresse peu le secteur privé : il pose de trop grands enjeux de sécurité et est trop peu rentable. Les concurrents d’EDF espèrent donc surtout mettre la main sur le reste des activités du groupe, c’est-à-dire les énergies renouvelables et les barrages hydroélectriques, amortis depuis longtemps et qui garantissent une rente confortable. Si un pays européen venait à se plaindre de la concurrence « déloyale » d’EDF, la Commission européenne pourrait alors ressortir des cartons le « projet Hercule », qui prévoit le démembrement de l’entreprise et la vente de ses activités non-nucléaires. Bien qu’ils disent le contraire, les macronistes ne semblent pas avoir renoncé à ce scénario. En témoignent la réorganisation actuelle du groupe EDF, qui ressemble fortement aux plans prévus par Hercule, et leur opposition intense à la proposition de loi du député Philippe Brun (PS) qui vise, entre autres, à garantir l’incessibilité des actifs d’EDF.

    EDF fait toujours figure d’ennemi à abattre pour la Commission Européenne.

    Etant donné la docilité habituelle de Paris face aux injonctions européennes, le retour de ce « projet Hercule » est donc une possibilité réelle. La France pourrait pourtant faire d’autres choix et désobéir à Bruxelles pour pouvoir appliquer sa propre politique énergétique. L’exemple de l’Espagne et du Portugal montre que des alternatives existent : en dérogeant temporairement aux règles européennes pour plafonner le prix du gaz utilisé pour la production électrique, les deux pays ibériques ont divisé par deux les factures des consommateurs bénéficiant de tarifs réglementés . Quand le Parti Communiste Français et la France Insoumise, inspirés par le travail du syndicat Sud Energie , ont proposé que la France revienne à une gestion publique de l’électricité, les macronistes ont agité la peur d’un « Frexit énergétique », estimant que la sortie de la concurrence reviendrait à cesser tout échange énergétique avec les pays voisins. Un mensonge qui témoigne soit de leur mauvaise foi, soit de leur méconnaissance complète du sujet, les échanges d’électricité ne nécessitant ni la privatisation des centrales, ni la mise en concurrence d’EDF avec des fournisseurs nuisibles.

    Si cette réforme s’apparente donc à un vaste bricolage pour faire perdurer l’hérésie du marché, l’insistance sur la « stabilité » des prix dans le discours de Bruno Le Maire s’apparente à une reconnaissance implicite du fait que le marché n’est pas la solution. Les consommateurs, qu’il s’agisse des particuliers, des entreprises ou des collectivités et organismes publics, souhaitent tous de la visibilité sur leurs factures pour ne pas tomber dans le rouge. De l’autre côté, les investissements menés sur le système électrique, tant pour la production que pour le réseau, ne sont amortis que sur le temps long. Ainsi, tout le monde a intérêt à des tarifs réglementés, fixés sur le long terme. Un objectif qui ne peut être atteint que par un retour à un monopole public et une forte planification. Exactement l’inverse du chaos et de la voracité des marchés.

    Note : L’auteur remercie la syndicaliste Anne Debrégeas (Sud Energie) pour ses retours précis et ses analyses sur la réforme en cours.

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      Le rebond de l’euro ne convainc pas les créanciers européens

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 22 April, 2023 - 03:15 · 5 minutes

    Le rebond de l’euro par rapport au dollar semble rassurer sur les politiques des dirigeants, mais les créanciers semblent retenir leur enthousiasme pour les obligations européennes.

    Le graphique ci-dessous montre la valeur du dollar contre l’euro.

    Après un engouffrement des capitaux vers le dollar au début de l’année 2022, la situation retourne vers une norme, avec l’euro au-dessus de la parité. Le rapport du dollar à l’euro revient autour des niveaux de 2019.

    La directrice de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, intervient sur les plateaux de télé américains cette semaine :

    « Tout d’abord, il y a bien une reprise. C’est ce qui est clair, je pense, à présent, alors que ça ne l’était pas encore il y a 6 mois, quand nous pensions tous que nous allions vers une récession, même de l’ordre technique. Si vous regardez les différentes prévisions, elles sont toutes positives. »

    La force de l’euro fait partie des points positifs pour les élus.

    Les Échos donne des chiffres sur la remontée de l’euro :

    « Au plus haut depuis douze mois, l’euro, au-dessus de 1,10 dollar, s’approche du niveau qu’il avait au moment du déclenchement de la guerre en Ukraine. Une monnaie forte aide la Banque centrale européenne à lutter contre l’inflation, supérieure de deux points dans la zone euro à celle des États-Unis. »

    Le journal continue :

    « Le rebond de l’euro offre une aide bienvenue à la BCE dans son combat contre l’inflation. L’euro gagne 4,5 % par rapport au yen, 2,5 % contre le yuan et perd moins de 1 % face au franc suisse et à la livre sterling. Le taux de change global de la monnaie européenne est en hausse de 2 % en 2023. »

    Les hausses de taux attirent des fonds vers des placements en euros, en particulier les obligations des sociétés et gouvernements.

    Les investissements dans les titres en euros reviennent à une demande pour la devise, et ainsi une hausse du niveau de change.

    Les Échos :

    « La hausse des taux dans la zone euro va accentuer les achats de dette européenne par les investisseurs étrangers cette année. En 2022, les banques centrales avaient entamé un retour massif vers les obligations d’Etat de la zone euro. »

    Comme l’explique Bloomberg , des taux d’intérêts plus élevés ont déclenché un engouement pour les obligations au début de l’année 2023 :

    « Les investisseurs ont tenté de placer 530 milliards d’euros sur les trois premières semaines de l’année, pour des émissions de créances de seulement 168 milliards d’euros sur le marché primaire, d’après les données de Bloomberg. »

    Cependant, le marché des obligations en Europe baisse en volume depuis le début de l’année.

    Méfiance des marchés sur les obligations européennes

    En janvier, les entreprises et gouvernements ont émis 229 milliards d’euros d’obligations. En février, ils ont émis 113 milliards, puis environ 50 milliards en mars, selon Bloomberg.

    En somme, la manne des taux d’intérêts plus élevés pour attirer les investisseurs dans les actifs en euros a peut-être atteint ses limites.

    Par contre, les émissions de dette aux États-Unis vont de l’avant. Vous verrez ci-dessous que les émissions de dette, uniquement de la part des entreprises, atteignent 150 milliards de dollars par mois en janvier et février et dépassent toujours les 100 milliards en mars.

    L’attrait pour les obligations américaines, au-dessus de la dette européenne, indique peut-être un retour vers la parité pour l’euro.

    Une méfiance vis-à-vis des émissions de dette en euros signale peut-être aussi de l’inquiétude sur l’état des banques et autres groupes, comme les assurances ( ma co-rédactrice Simone Wapler a montré leur point de faiblesse par rapport aux hausses de taux ).

    Déformations de marché au profit des gouvernements

    Le système vient d’absorber une chute d’envergure dans la valeur des actifs en portefeuille. Je vous ai montré la semaine dernière le graphique ci-dessous, d’un indice de la valeur des obligations d’entreprises en euros.

    Déjà, la presse demande davantage de régulations autour des banques au nom de la sécurité des dépôts.

    Une tribune de Boursorama , pour la rubrique Le Cercle des Économistes , proclame :

    « Pour éviter le risque macro-économique de la hausse des taux d’intérêt sur le secteur bancaire, la garantie des dépôts (à hauteur d’une limite de 250 000 dollars) a été étendue à tous les dépôts quel que soit leur montant. C’est ainsi que, de crise en crise, le système bancaire est devenu peu ou prou un service extérieur de l’État […] Pour éviter ce gâchis, il convient de reconnaître que la garantie des dépôts, qui représente une subvention implicite aux actionnaires, encourage l’endettement et la prise de risque. Par conséquent, la régulation bancaire doit concerner tous les établissements financiers ayant des dépôts car ils présentent tous directement ou indirectement un risque systémique, quelle que soit leur taille. »

    Les sauvetages des banques stimulent en effet davantage de prise de risque.

    Ils éliminent aussi les vertus de la concurrence puisque le contribuable protège les dépôts dans tous les cas.

    La régulation ne résout pas le problème. Elle met les décisions entre les mains des élus à l’origine du problème.

    Vous aurez vu la nouvelle : la France approche des 3000 milliards d’euros de dette . Les dirigeants ne veulent pas de crise ni de panique. Ils souhaitent un maximum d’épargnes dans les banques, ou politiques d’assurance-vie ou livrets A, et ainsi un maximum d’acheteurs pour les émissions de dette de la part des gouvernements.

    Ni l’endettement des gouvernements ni la création d’argent pour les sauvetages et mesures de relance ne vont prendre fin dans l’immédiat. Sans la demande de la part des investisseurs pour les obligations européennes, la monnaie pourrait repartir à la baisse.

    Retrouvez un nouveau site web sur lequel vous pouvez suivre gratuitement les écrits de l’auteur et vous abonner à la quotidienne.

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      La concurrence a favorisé le marché américain de l’électricité

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 28 February, 2023 - 03:50 · 4 minutes

    Un article de l’Iref-Europe

    Le marché américain de la production, du transport et de la distribution de l’électricité est ouvert à de nombreuses entreprises privées ou publiques, des utilities , régulées au niveau fédéral par deux agences qui coordonnent leur travail : la Federal Energy Regulatory Commission (FERC) et la Energy Information Administration (EIA). Une réglementation veille à éviter les abus de monopole territorial des réseaux qui gèrent le transport (lignes à haute tension), tandis que la production et la distribution d’électricité (lignes à basse tension), plus concurrentiels par nature, sont plus libres.

    Alors qu’antérieurement les utilities devaient en principe limiter leurs activités au seul domaine régulé et au territoire d’un seul État face à une crise énergétique, une loi de 1978, dite PURPA, a encouragé la concurrence, la fiabilité et l’efficacité de la production et de la distribution de l’électricité en favorisant la création de nouvelles centrales de production, des qualifying facilities (QFs), auxquelles les opérateurs électriques traditionnels, les utilities , étaient désormais obligés d’acheter une partie de leur électricité lorsque les prix affichés par les QFs permettaient de proposer une électricité moins chère pour le consommateur que si l’ utility s’était chargée elle-même de la production. Cette loi fédérale, dont l’application était confiée aux États fédérés, contribua à la construction de nombreuses centrales nouvelles et indépendantes de production d’électricité.

    En 1992, une nouvelle loi fédérale, Energy Policy Act (EPACT), a encore ouvert le marché de la production électrique à la concurrence en permettant à de nouveaux producteurs indépendants, les « Exempt Wholesale Generators », moins réglementés que les QFs et les compagnies traditionnelles, de vendre leur production ou même de l’électricité acquise ailleurs, à des acheteurs sur un ou plusieurs États via les réseaux électriques locaux auxquels les utilities devaient leur donner accès.

    D’autres lois subséquentes en 2005, 2007 (Energy Independence and Security Act), le Clean Power Plan en 2015… ont encore favorisé, notamment par des programmes d’aides publiques, la compétition intérieure et incité à la production d’énergies renouvelables.

    Globalement, la production d’énergie électrique aux États-Unis est bien réglementée tant au niveau fédéral, via l’organisme indépendant de contrôle, la Federal Energy Regulatory Commission, qu’au niveau des 50 États – avec leurs Congrès respectifs et leurs autorités de régulation locales : les Public Utilities Commissions . Une autre agence fédérale indépendante, Energy Information Administration (EIA), est chargée de fournir des données et des prévisions indépendantes du pouvoir politique, et des analyses permettant des décisions politiques appropriées. Mais globalement, la production, le transport et la distribution en gros de l’électricité sont beaucoup plus diversifiés et plus décentralisés qu’en France.

    Curieusement, le marché de détail offrant aux consommateurs la possibilité de choisir leur fournisseur géré au niveau des États, a été moins ouvert à la concurrence qu’en Europe. Des États importants avaient ouvert leur marché de détail à la concurrence : Texas , New York, Michigan, Ohio, Illinois, Pennsylvanie… mais ils ont été plus frileux après le scandale Enron et la crise de l’électricité en Californie au début des années 2000 que certains ont attribué à la libéralisation du marché. Il semble pourtant que cette crise a été surtout due à la réglementation du marché qui imposait des contraintes environnementales excessives aux producteurs, un prix plafond aux distributeurs d’électricité et empêchait ceux-ci de signer des contrats d’approvisionnement à long terme.

    Les tarifs d’électricité

    Le marché américain de l’électricité a permis d’offrir aux consommateurs des prix inférieurs à ceux de la France et leur augmentation de 2000 à 2020 a été en moyenne (tous secteurs confondus) de l’ordre de 25 % ainsi que l’indique ce tableau de l’EIA sur les prix de détail mensuels de l’électricité de 2000 à 2020 :

    En France, le tarif électrique est plus élevé, même le tarif réglementé, et il a connu des hausses de l’ordre de 70% de 2000 à 2020 :

    Prix de l’énergie en France

    Graphique évolution prix énergie – Source : Info énergie

    Mais contrairement aux États-Unis les prix ont flambé en France et en Europe depuis 2021 ainsi que l’indique le tableau ci-dessous (cf. le graphique de l’EIA ci-dessus) :

    Certes, la relative liberté de marché et le nombre important d’acteurs privés, y compris dans la production nucléaire, ont parfois causé des accidents de parcours aux États-Unis. La relative stabilité des prix de l’électricité y est due aussi à l’augmentation significative de la production du gaz de schiste à bas prix. Ayant de la peine à soutenir la concurrence avec ce gaz, de nombreuses centrales nucléaires ont été en difficulté et ont dû faire appel à l’argent public (Nex-York, Illinois, Ohio, Pennsylvanie) et/ou se placer sous la protection du  « chapter 11 » pour éviter les faillites, comme Westinghouse en 2017, tandis que certaines entreprises comme Santee Cooper et Scana Corporation stoppaient la construction de nouveaux réacteurs.

    Aux États-Unis le secteur de l’énergie électrique parvient néanmoins à réduire sensiblement sa production carbonée, la production venant du charbon et du pétrole ayant baissé de 50 % environ depuis 20 ans comme le montre le graphique ci-après :

    En définitive, avec toutes les imperfections du marché américain et le mélange parfois nocif de réglementation et de compétition qui y existe, la large privatisation du marché et la concurrence offrent au consommateur une énergie à meilleur prix et peut-être plus sécurisée que sur le marché hyper réglementé de l’Europe.

    Sur le web

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      Il faut accélérer l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 11 February, 2023 - 04:30 · 6 minutes

    Par .
    Un article de l’IREF Europe

    Alors que des pays comme l’Allemagne et la Grande-Bretagne ont entrepris la libéralisation des transports ferroviaires dès 1994, la France a ouvert depuis peu le rail domestique à la concurrence, bien que très timidement encore à ce jour. Alors que le monopole de la SNCF sur le fret a pris fin en 2006, les lignes grande vitesse sont ouvertes à la concurrence depuis décembre 2020. Ne bénéficiant plus, notamment, du monopole de l’exploitation de la ligne Paris-Lyon-Milan, depuis décembre 2021 la SNCF se trouve désormais en situation de concurrence avec Frecciarossa , opéré par l’Italien Trenitalia. D’autres opérateurs devraient apparaître progressivement sur le réseau ferré national, ce qui devrait engendrer une augmentation non seulement de l’offre mais aussi de la demande au bénéfice des usagers.

    La libéralisation du rail en Allemagne et en Italie : deux exemples pour la France

    L’IREF a déjà écrit dès 2014 que la SNCF devrait prendre pour modèle son équivalent allemand, la Deutsche Bahn (DB). Si la SNCF suit son exemple, on peut raisonnablement conjecturer qu’elle pourra enregistrer à terme des résultats comparables. Issue de la fusion de la Bundesbahn à l’ouest et de la Reichsbahn à l’est, la Deutsche Bahn, nouvelle compagnie nationale apparue en 1994, a été transformée en société anonyme.

    Accusant une dette de 35 milliards d’euros en 1994, la Deutsche Bahn a finalement enregistré un bénéfice en 2016 ! (il est vrai que pour 2021 elle affiche une perte de 1,6 milliard d’euros, les recettes s’étant toutefois accrues de 18,4 % par rapport à 2020.) En 2018 , le trafic avait augmenté de 50 % par rapport à son niveau de 1994. Comment expliquer de tels résultats ? Certainement par l’ouverture à la concurrence, qui est totale depuis 2004. Mais aussi par le fait que 130 000 postes sur 350 000 ont été supprimés lors de la refonte complète du système ferroviaire allemand, tout comme l’a été le statut de fonctionnaire pour les nouveaux arrivants.

    L’Italie fait elle aussi figure de modèle en Europe en matière de libéralisation du transport ferroviaire. L’entreprise historique Trenitalia et la compagnie privée Nuovo Trasporto Viaggiatori (NTV), qui a créé la marque Italo, se partagent le marché des lignes à grande vitesse depuis 2012. S’inspirant des compagnies aériennes, Italo tente de se différencier en proposant notamment trois classes : Smart (classe économique), Prima (classe affaires) et Club (première classe). Après plusieurs années déficitaires et une augmentation de capital en 2015, Italo a réalisé ses premiers bénéfices en 2016. En 2017 elle enregistre un bénéfice net de 34 millions d’euros et en 2018 elle détient 35 % du marché.

    L’ouverture du rail à la concurrence profite à tout le monde

    Décriée par beaucoup, l’ouverture du transport ferroviaire à la concurrence a pourtant des conséquences très positives , ainsi que l’Allemagne et l’Italie l’ont déjà montré comme nous venons de le voir.

    Grâce au « service librement organisé » (ou open access ), les opérateurs qui exploitent une même ligne ferroviaire en France peuvent désormais concevoir librement leur offre commerciale (politique tarifaire, villes desservies, choix du matériel roulant homologué, service à bord…). C’est en vertu de ce principe que la SNCF a été amenée à adapter ses services et ses prix à la demande du marché, à travers la création de l’offre low cost Ouigo. De plus, l’introduction de la concurrence s’est traduite par une hausse substantielle des taux de remplissage , aussi bien pour la SNCF que pour Trenitalia.

    En définitive, l’ouverture à la concurrence n’a pas seulement été bénéfique pour les usagers qui peuvent désormais comparer plusieurs offres entre elles et choisir celle qui leur semble la plus intéressante, au meilleur prix ; elle l’a aussi été pour Trenitalia et même pour la SNCF ! Preuve que l’opérateur historique ne pâtit pas nécessairement de l’ouverture à la concurrence à condition qu’il sache s’adapter à la nouvelle donne concurrentielle.

    Malgré des notifications de nouveaux services en hausse, des barrières à l’entrée encore trop dissuasives

    L’Autorité de régulation des transports ( ART ) a reçu à ce jour plusieurs notifications de nouveaux services (parmi lesquelles Le Train – qui devrait relier plusieurs villes dans l’ouest de la France par TGV à compter de 2025), Midnight Trains, RENFE, et, comme nous l’avons dit, Trenitalia).

    À côté de barrières à l’entrée évidemment justifiées comme la détention d’un certificat de sécurité, l’habilitation du personnel de conduite, ou encore l’homologation du matériel roulant, d’autres n’ont pas lieu d’être, telles que les difficultés d’approvisionnement en rames de seconde main, inhérentes au fait que le marché de l’occasion n’est pas assez développé en France. Se heurtant à une quasi-impossibilité d’acquérir des rames de TGV d’occasion, le nouvel opérateur Le Train a dû revoir entièrement son modèle économique, choisissant finalement de passer commande pour des trains neufs au constructeur espagnol Talgo. Au grand dam de la nouvelle compagnie ferroviaire française, dont l’entrée sur le marché, initialement prévue pour 2023, a dès lors été reportée à 2025 .

    Il serait également souhaitable que le marché de la location de trains puisse s’élargir en France. On compte certes déjà des acteurs comme Alpha Trains, qui achète des trains et les loue ensuite aux opérateurs en Europe. Alpha Trains dispose d’une flotte de près de 500 trains, mais elle ne comporte pas de TGV. Quant à Akiem ( ancienne filiale de la SNCF ), qui propose également à la location du matériel roulant, sa flotte ne comprend pas non plus de TGV. On peut donc considérer qu’un nouvel opérateur potentiel qui souhaiterait pouvoir louer des TGV – du fait qu’il n’aurait pas la possibilité d’investir dans des TGV neufs – est ainsi dissuadé d’entrer sur le marché.

    Une ouverture à la concurrence encore trop limitée

    À compter de décembre 2023 , les régions et l’État seront tenus de faire des appels d’offres pour les TER et les Intercités. Déjà, en 2021, à la suite d’un appel d’offres lancé par la région PACA pour l’exploitation de la ligne Marseille-Nice, la SNCF a perdu son monopole historique au profit de Transdev . Ainsi, à compter de 2025, et ce pour une durée de 10 ans, elle devra doubler le nombre d’allers-retours quotidiens . On peut se réjouir que la SNCF ait été mise en concurrence de la sorte avec un autre opérateur. Mais on ne fait ici que remplacer en quelque sorte un monopole par un autre, fût-il limité dans le temps. D’autre part, il serait préférable que les clients aient le choix entre plusieurs compagnies de chemin de fer.

    Enfin, on peut déplorer que le nouvel opérateur choisi, Transdev, ne soit pas un opérateur privé, puisqu’il s’agit d’une filiale de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) – depuis 2018, Transdev est détenu à 66 % par la CDC et à 34 % par l’Allemand Rethmann. On notera au passage que Transdev bénéficie aussi de l’ouverture à la concurrence du rail européen, faisant partie en 2018 des quelque 450 opérateurs présents sur le réseau allemand et arrivant même à la deuxième place derrière Deutsche Bahn avec 7 % du marché. La SNCF profite d’ailleurs elle aussi de cette ouverture à la concurrence en Europe : outre des filiales comme Eurostar ou Thalys, elle compte aussi une activité low cost , Ouigo España, assurant les trajets Madrid – Barcelone et Madrid -Saragosse. La SNCF peut donc se montrer compétitive au niveau européen lorsqu’elle sait adapter ses offres et ses tarifs selon les pays.

    On le voit, l’ ouverture à la concurrence du rail en France reste encore fort limitée. Il faut donc continuer à l’intensifier.

    Car comme le dit Bernard Roman , président de l’ART :

    « La concurrence a pour objectif de réintroduire ce qui peut faire défaut dans une situation historiquement monopolistique. Elle incite à l’innovation, à la performance, à la mise en œuvre de politiques de prix permettant d’accroître la demande ».

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      Le libéralisme caricaturé

      Jacques Garello · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 3 December, 2022 - 03:50 · 7 minutes

    Un article de La Nouvelle Lettre

    Pas enseigné, pas pratiqué, le libéralisme est caricaturé : loi de la jungle, vol organisé, égoïsme débridé, inégalités croissantes, victoire de l’avoir sur l’être, société de consommation, concurrence sauvage, obsession de la rentabilité, etc. Il est facile de réfuter ces attaques : la réalité est autre.

    Il y a mieux à faire : il est temps d’appliquer les vrais principes libéraux. Pourquoi préciser les « vrais » principes ? Parce qu’il est dit beaucoup de choses ridicules et mensongères à propos du libéralisme et ce n’est pas par hasard : les antivax sont à l’œuvre.

    Le libéral à la mode américaine

    Il faut tout d’abord dénoncer le mensonge qui consiste à définir le libéral à la mode dite américaine (mais qui a tendance, récemment, à s’étendre à la France).

    Le liberal américain est tout le contraire d’un libéral classique.

    Il n’existe en fait que depuis les années 1930, quand les socialistes anglo-saxons, principalement américains, ont prôné et réalisé, notamment avec Roosevelt , une politique tendant à confier à l’État le rôle d’organisateur de la société. Aux États-Unis la planification économique a été mise en place, les nationalisations se sont multipliées, les pouvoirs fédéraux ont été renforcés.

    Pourquoi les tenants de cette révolution voulaient-ils se dire libéraux ?

    Parce qu’il s’agissait de libérer le peuple du système capitaliste auquel les socialistes attribuaient la crise de 1929 et le chômage naissant (que Roosevelt ne cessa de multiplier jusqu’à le rendre massif). Aujourd’hui en France on voit l’extrême gauche (et en particulier les Insoumis) se déclarer libérale pour soulever le peuple contre un régime dénoncé artificiellement comme complice des riches. Il n’y a pas eu autant de défenseurs de la liberté dans notre pays, y compris de gens qui souhaitent la révolution prolétarienne. L’adjectif libéral est confisqué et trafiqué comme l’adjectif « démocratique » pour jadis qualifier les républiques communistes d’Europe centrale et de l’est et aujourd’hui désigner les dictatures algériennes ou autres.

    Certes le pouvoir en place chez nous aujourd’hui a multiplié les atteintes à la liberté individuelle en prenant notamment prétexte de la pandémie. Mais de là à faire honneur à notre gouvernement en le dénonçant comme « libéral » voire même « néo ou ultra libéral » (c’est ce que fait en particulier l’extrême droite), il y a méprise et mensonge.

    Plus mensongers encore, et ceux-ci de façon délibérée et inacceptable : ceux qui se réfèrent aux grands noms et aux grands thèmes du libéralisme classique pour soutenir que l’État est le seul à pouvoir réformer l’État et qui voient volontiers le président actuel à la tête de cette tranquille révolution, au cours d’un nouveau mandat bien sûr.

    Pourquoi ces gens-là ont-ils le front de s’afficher « libéraux » ? Pourquoi aiment-ils le despotisme au prétexte qu’il se dit « éclairé » ?

    Le libéral classique n’aime pas le despotisme.

    Il est vrai que tous ces mensonges sur le libéral et le libéralisme font mouche dans un pays qui depuis des siècles n’a pratiquement jamais connu ni vécu une politique libérale. C’est pourquoi il convient d’insister sur ce que n’est pas le libéralisme. Voici ce qu’on entend dire du libéralisme, et ce qu’il n’est pas. La liste est hélas assez longue.

    Le renard libre dans le poulailler libre

    « Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit ».

    Célèbre sentence de Lacordaire mais tout à fait ambiguë , car les êtres humains seraient-ils à l’image des animaux condamnés à des rapports de force ? Leur liberté est aussi d’aimer et de servir les autres. Et quelle est la loi à laquelle Lacordaire se réfère ? Si c’est celle de l’État ou du Parlement, elle peut bien souvent opprimer et asservir pour avantager une minorité au pouvoir. Le droit positif est moins efficace que les accords spontanés inscrits dans les contrats, les arbitrages, la coutume.

    La propriété c’est le vol

    Tout aussi célèbre sentence de Proudhon , qui la reniera en fin de compte.

    L’être humain affirme son identité et sa personnalité en développant ses capacités et à travers ses œuvres propres. Ne pas reconnaître ce que chacun a en propre c’est l’aliéner, le réduire à un simple numéro comme l’ont fait les régimes collectivistes : l’homme naît propriétaire (Bastiat). On ne gère bien que ce qu’on possède (Aristote).

    Le triomphe du « chacun pour soi »

    L’intérêt personnel ne signifie pas l’ignorance des autres.

    Tout au contraire, nul ne peut se suffire à lui-même et on ne peut satisfaire ses propres besoins qu’en satisfaisant le besoin de quelqu’un d’autre. L’échange est aussi le propre de l’Homme . On n’a jamais vu des chiens échanger des os (Smith). C’est le souci des autres (empathie) qui apporte satisfaction et concourt à l’intérêt général. Le libre échange est catalectique : il transforme des intérêts opposés en accord réciproque.

    Une société libre est une société où règne la confiance mutuelle.

    Entre riches et pauvres l’écart se creuse

    Sans doute le plus grand mensonge actuel.

    Les menteurs manipulent les statistiques et en particulier ne tiennent aucun compte des revenus de redistribution largement perçus par les personnes dont les revenus d’activité sont insuffisants. Les indices de développement humain prennent en compte non seulement le produit par habitant mais aussi l’espérance de vie à la naissance et le niveau d’éducation des enfants.

    Les famines ont disparu : en moins d’un siècle sept milliards et demi d’êtres humains ont pu survivre et les pays naguère du tiers-monde sont aujourd’hui émergents quand ils ont accepté la liberté économique.

    L’avoir et l’être

    La société de consommation a privilégié l’avoir au détriment de l’être : c’est Jacques Delors qui prétendait que la rentabilité et la productivité poussaient les entreprises à asservir les consommateurs en leur imposant des biens et services qu’ils ne désirent pas réellement.

    Aujourd’hui il est aussi jugé indispensable de ralentir la croissance pour économiser les ressources naturelles menacées par l’appât du gain. Mais qui peut dire ce qui est nécessaire ou superflu ? Les choix du consommateur sont purement personnels et il est difficile de juger les préférences des autres. Quant à la dignité de l’être (à travers ses choix), c’est sans doute affaire d’éducation et de responsabilité plutôt que de consommation.

    La concurrence sauvage

    Cette idée participe sans doute d’ une fausse conception de la concurrence qui impliquerait que tous les concurrents soient égaux. Il faudrait donc « harmoniser la concurrence ».

    Tout au contraire la concurrence signifie la diversité, qui permet la sélection et la découverte de meilleurs biens et services. Mais cette idée est accréditée par une réalité incontestable : les États font tout pour protéger et promouvoir les producteurs nationaux et bloquer la concurrence étrangère élargie par la mondialisation. Ainsi existe une collusion entre monde des affaires et classe politique : c’est ce qu’on appelle le capitalisme de connivence .

    À qui profite la loi du profit ?

    Aux grandes sociétés internationales, comme les GAFAM dit-on.

    Mais les profits concernent aussi des millions de PME, notamment des start up. En fait, la méfiance à l’égard du profit et de la rentabilité vient de Marx qui a fait du profit une rente pour les capitalistes constituée au détriment des salariés qui ne reçoivent jamais leur dû. La réalité est autre : dans une entreprise tout le monde profite de la performance réalisée. D’ailleurs le profit est un signe de bonne gestion . C’est aussi un signal du marché : comme les prix relatifs il révèle les priorités exprimées par la communauté. Il rémunère l’art d’entreprendre ( entrepreneurship ) démontré par l’entrepreneur individuel ou les administrateurs des sociétés sous gouvernance des associés et actionnaires.

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      L’Inde : futur acteur majeur dans la conquête spatiale grâce au secteur privé ?

      Pierre Brisson · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 29 November, 2022 - 03:30 · 7 minutes

    Le 18 novembre, le Wall Street Journal signalait qu’une petite fusée, la Vikram Sriharikota (Vikram S), construite par la startup indienne Skyroot Aerospace avait atteint l’altitude de 89,5 km.

    En soi cet événement est peu significatif car cette altitude a été dépassée et de beaucoup par toutes les grandes puissances spatiales, au premier rang desquelles la NASA, SpaceX, Roscosmos (Russie), l’ESA, la JAXA, la CNSA (Chine), l’agence publique indienne, ISRO (Indian Space Research Organisation) et même Blue Origin de Jeff Bezos (avec sa fusée New Shepard). C’est en fait l’altitude que peut atteindre Virgin Galactic juste au-dessus de la frontière (ligne de Karman) retenue par la NASA pour définir l’entrée dans l’espace (50 miles).

    Mais ce lancement n’était qu’un premier essai et l’ambition de Skyroot Aerospace est d’aller beaucoup plus loin en devenant un véritable acteur économique du secteur spatial. Elle en a les moyens.

    Cet événement doit attirer notre attention sur une concurrence grandissante pour les acteurs traditionnels du Spatial en Occident et aussi sur l’émergence des acteurs privés en dehors des États-Unis (où le new space fleurit déjà partout). Dans ce contexte l’Inde pourrait se révéler prochainement un participant redoutable ! Elle dispose en effet d’un très grand nombre d’ingénieurs très qualifiés dans tous les domaines pour concevoir les équipements nécessaires ; de toutes les capacités de production industrielles pour matérialiser les concepts en utilisant les technologies les plus sophistiquées ; et d’un avantage d’un coût de production très bas comparable à celui de la Chine.

    L’Inde dans la conquête spatiale

    L’environnement indien est favorable. L’Université d’Hyderabad (ville où la startup a son siège) est, avec l’Université de Bangalore, une des plus grandes universités technologiques de la planète et la majorité des cadres et employés de Skyroot Aerospace en est issue.

    Son partenaire public l’ISRO n’est pas une institution nouvelle. Elle s’est peut-être révélée au monde en novembre 2013 en envoyant son orbiteur martien Mangalyaan et en réussissant à le mettre en orbite de mars à septembre 2014. Créée en 1969, elle est très solide comme le démontre la série de 55 lancements réussis aujourd’hui à son actif (essentiellement des satellites pour observation de la Terre). La mission Mangalyaan est certes une prouesse bien inférieure aux performances de ses prédécesseurs sur le marché, NASA et ESA, et inférieure également à celle de la Chine qui, du premier coup, est parvenue à mettre en orbite de Mars un satellite Tianwen-1, en février 2021 et à partir de cette orbite à déposer un rover Zhurong sur le sol martien en mai 2021.

    Mais elle démontre une capacité technologique indéniable et exprime un intérêt nouveau au-delà de l’orbite terrestre. Le lanceur PSLV (Polar Satellite Launch Vehicle) qui a réussi l’exploit de lancer Mangalyaan avec son 25ème vol est d’une puissance nettement inférieure à celle des lanceurs des agences concurrentes américaine, chinoise, même européen (Ariane 5 de l’ESA) et bien sûr également de SpaceX. Il se situe clairement dans la gamme des petits lanceurs comme le Vega italien de l’ESA.

    Faisons une comparaison sommaire avec l’Ariane V et le Vega.

    Le PSLV a une poussée maximum dans le vide de 4850 kN, Ariane V de 6650 kN, Vega de 3015 kN. Le diamètre de son étage utile (vaisseau) est de 2,8 mètres contre 5,4 mètres pour Ariane V et 3 mètres pour Vega. Elle peut mettre 1,75 tonne en orbite basse lunaire (LEO), Ariane V peut mettre 18 tonnes et Vega 2 tonnes (à nuancer tout de même par le fait que PSLV place ses charges en orbite polaire tandis que les fusées de l’ESA se placent en orbite équatoriale, plus facile).

    Quant au micro lanceur Vikram S, s’il faut bien le prendre comme la première manifestation d’un désir d’espace, il ne peut être utilisé pour jouer dans la même cour que les grands. Il serait plutôt à comparer au New-Shepard de Blue Origin (plutôt qu’au VSS Unity de Virgin Galactic qui n’ira pas plus loin que la frontière de l’espace) ou surtout aux micro-lanceurs développés actuellement en Allemagne par les sociétés Rocket Factory Augsburg (RFA), HyImpulse, Isar Aerospace.

    Les acteurs de Skyroot Aerospace sont des ingénieurs provenant de l’ISRO et qui ont voulu mener leur aventure personnelle sans rompre avec l’ISRO qui les soutient comme la NASA soutient SpaceX. On pourrait parler d’un spin-off . La société a été fondée en 2018 pour produire des SSLV (Small Satellite Launch Vehicles) pouvant donner à des masses de 480 à 815 kg, l’accès à l’orbite LEO équatoriale et à des masses de 290 à 560 kg, l’accès à l’orbite LEO polaire. Surtout ces lancements doivent pouvoir être fournis dans le délai d’une semaine seulement de leur commande, contre six mois pour une grande agence ou pour leurs concurrents allemands agissant sur le même marché. Tout comme en Allemagne, Porsche pour Isar Aerospace, l’actionnaire « graine » (seed) qui a permis le lancement de la startup Skyroot Aerospace est un étranger au secteur, un certain Mukesh Bansal, propriétaire de CureFit, société de sport et bien-être, un Indien riche comme il y en a beaucoup.

    Le motif est clairement de devenir profitable (désolé pour les Français que cela mettrait mal à l’aise). Comme quoi nous sommes bien entrés dans ces deux pays dans le new space , comme aux États-Unis. L’objectif de Skyroot Aerospace est de prendre une part du très compétitif marché international des petits lanceurs (15 000 à 20 000 lancements possibles dans la prochaine décade). Mais précisément, les Indiens savent parfaitement faire le low cost et ils ont accès à ce marché beaucoup plus facilement que les Chinois qui jouent pour le moment en circuit fermé. La concurrence avec l’Allemagne va être féroce. Déjà il semble que les Allemands soient légèrement en retard. Spectrum, d’Isar Aerospace, 27 mètres de hauteur, ne sera lancée qu’à la fin de cette année.

    Globalement, il faut voir le lancement de Vikram S comme la démonstration de la capacité d’une société indienne devenue une puissance industrielle qui a renoncé au socialisme et qui se débrouille par elle-même sans recourir à des institutions internationales au sein desquelles une grande partie de l’énergie est consacrée à trouver des accords où à répartir des tâches. À l’inverse, c’est la démonstration qu’une société lourdement structurée comme la société européenne (et française en particulier) et dont les coûts de production sont beaucoup trop élevés (France, Allemagne, Italie), est condamnée à perdre son hégémonie dans ce qui étaient des secteurs préservés en raison de son avance technologique acquise dès le XIXe siècle. Comme SpaceX, Skyroot Aerospace est indépendante mais trouve beaucoup de bienveillance et de coopération chez ISRO qui se consacre en direct à des lancements plus importants ou à justification scientifique.

    Dans ce contexte, les Allemands devraient faire très attention, mais le pourront-ils compte tenu de la différence de coûts ? En tout cas les Indiens bénéficieront sûrement du marché du tiers monde, surtout la petite société Skyroot Aerospace, peu chère, adaptable et rapide. Il faudrait que la société européenne ouvre les yeux et décide de desserrer le carcan de l’État qui complique tout par des règlements catastrophiques, mette fin à l’assistanat qui plombe toute initiative par des coûts impossibles à supporter, retrouve la liberté de ses prix dans une concurrence non faussée. Mais le peut-elle et même le voudra-t-elle avant avoir touché le fond ?

    Par ailleurs, le spatial est arrivé à un stade de développement où l’action de défricheur de l’État, tout comme en recherche fondamentale, n’est plus nécessaire à défaut de l’intérêt qu’y porteraient des personnes privées désintéressées ou plutôt simplement passionnées. Il est évident que des secteurs très importants du spatial peuvent être maintenant développés avec des perspectives de profit. Cette recherche de profit est donc devenue un moteur suffisamment puissant pour que l’État laisse le rôle d’exploitant à ceux qui savent faire et qui en ont les moyens. Le comprendre et appliquer le principe serait un excellent exemple de politique de subsidiarité.

    Compte tenu de la conjoncture politique et de la folie autoritariste qui a saisi « l’empereur » Xi Jinping, on peut envisager des troubles de plus en plus fréquents en Chine, au détriment bien sûr de l’activité dans toutes sortes de domaines, y compris le spatial. La dictature n’est pas le meilleur environnement pour permettre l’épanouissement des initiatives individuelles ou des « Cent fleurs » comme on dit là-bas. Ce qui affaiblirait la Chine ne serait pas meilleur pour l’Europe mais serait excellent pour l’Inde et la prometteuse Skyroot Aerospace.

    Sources :

    https://www.wsj.com/articles/india-successfully-test-launches-its-first-privately-developed-rocket-11668778248?mod=world_minor_pos2

    https://skyroot.in/

    https://www.usinenouvelle.com/editorial/l-allemagne-passe-a-l-offensive-dans-les-microlanceurs.N1174022

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      Pourquoi je n’arrive pas à vendre plus ?

      Gilles Martin · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 19 November, 2022 - 03:50 · 5 minutes

    C’est une histoire, un témoignage, que l’on entend souvent.

    Vous avez créé un produit, vous pensez qu’il est formidable, il y a déjà quelques clients. C’est le début de l’aventure de start-up.

    Mais voilà, pour trouver les clients suivants, on se heurte à :

    « Mais vous êtes trop fragiles, revenez quand vous aurez trois ans d’ancienneté et plusieurs clients », « je ne peux pas vous acheter votre produit car je ne veux pas que mon entreprise représente 80 % de votre chiffre d’affaires », « j’ai déjà un produit qui fait un peu la même chose et ça me suffit, le vôtre n’est pas nécessaire pour moi, il est trop bien en fait », « Montrez-moi comment les autres qui me ressemblent l’utilisent et je vous dirai ; Ah, vous n’avez pas d’exemples dans mon domaine, j’hésite alors, revenez plus tard quand vous l’aurez »…

    Pourtant vous avez fait un business plan du tonnerre ; vous avez estimé le marché mondial à plusieurs milliards d’euros et en imaginant que vous alliez en prendre 0,5 %, vous avez déjà imaginé un chiffre d’affaires de vainqueur. Malheureusement, avec vos trois petits clients, pour le moment, vous n’y êtes pas. Ça bloque.

    Ce que vous connaissez à ce moment, c’est ce fameux chasm théorisé par Geoffrey A ; Moore dans son ouvrage de référence, Crossing the chasm , dont j’ai dû conseiller la lecture de nombreuses fois à des entrepreneurs comme vous. Il a beau dater de plus de vingt ans, il reste aujourd’hui très valable et utile.

    J’avais déjà évoqué ici cette thèse. Car à partir du moment où la start-up a acquis quelques clients, il lui faut changer complètement de stratégie pour conquérir le gros du marché, ceux qui veulent des références, de l’ancienneté, de l’assurance. Et c’est là qu’est le chasm : il y a un saut à faire.

    Selon Geoffrey A. Moore, le principe pour traverser ce chasm , c’est d’attaquer une cible la plus précise et nichée possible, ce qu’il appelle le D-Day en référence à l’attaque des Alliés sur les côtes de Normandie le 6 juin 1944. Le pire serait de courir partout pour vendre à n’importe qui, en tapant au hasard un maximum de clients (faire des messages toute la journée sur LinkedIn, par exemple). Échec assuré, selon Geoffrey A. Moore.

    Et pour réussir ce D-Day , il faut bien choisir le point d’attaque.

    Déjà, première recommandation de Geoffrey A. Moore : oubliez ce calcul de 0,5 % du marché qui vous excite. Vous parlez d’un marché qui n’existe pas ou qui est en mouvement et vous parlez de clients très génériques, que vous ne connaissez pas. Vous n’irez nulle part.

    Au contraire, pour définir le point d’attaque et donc votre stratégie de conquête, il ne s’agit pas d’analyser des segments de marché un peu vagues mais de cibler un profil réel de client potentiel à explorer et démarcher.

    Il n’y a pas de démarche complètement standard et il est conseillé de faire appel à ce que Geoffrey A. Moore nomme « l’intuition informée ».

    Et il nous donne les quatre facteurs les plus importants pour traverser le chasm avec le plus de chances.

    Facteur 1 : le client cible

    Y-a-t-il un acheteur économique unique, identifiable, pour votre offre, que vous pouvez atteindre par le canal de vente que vous prévoyez de mettre en place et suffisamment solvable pour payer le prix de votre offre et de tout ce qui va avec ? (ce que Geoffrey A. Moore nomme the whole product , c’est-à-dire votre offre et les équipements ou services complémentaires afférents).

    Facteur 2 : une vraie raison d’acheter, et maintenant

    Votre offre a été conçue pour répondre à un problème identifié. Est-ce que le problème qu’elle va résoudre a un sens économique suffisant et urgent pour ce client cible ?

    Si c’est un client pragmatique qui considère qu’il peut encore vivre un an ou deux voire plus avec ce problème, il le fera. Il restera peut-être intéressé par votre offre, en souhaitant même mieux la connaître. Vos vendeurs (ou vous-même si vous êtes le vendeur) vont alors le rencontrer de nombreuses fois mais ils ne reviendront jamais avec un bon de commande. Ce client cible vous dira sûrement que votre présentation est formidable et intéressante, il apprendra plein de choses mais il n’achètera rien.

    Facteur 3 : le produit complet ( the whole product )

    Pouvez-vous apporter, avec l’aide de partenaires et d’alliés, une solution complète pour répondre à la raison profonde du client cible afin qu’il achète votre offre dans les trois prochains mois, vous permettant d’être complètement dans le marché d’ici la fin du prochain trimestre et d’occuper une place dominante d’ici douze mois ?

    Crossing the chasm, c’est une course. On a besoin de problèmes de clients que nous pouvons résoudre maintenant, et vite. Si ça traîne trop, il faut changer de cible et tout revoir.

    Facteur 4 : la concurrence

    Est-ce que le problème que vous traitez l’a déjà été par une autre entreprise, peut-être même une entreprise qui a, elle, déjà traversé le chasm et qui occupe donc déjà tout ou partie de la place que vous souhaitez occuper aussi ?

    Si c’est vraiment le cas, ce n’est pas un bon signe pour vous ; et si on ne peut pas lutter, il vaut mieux sortir et fuir. C’est aussi le 36 e des 36 stratagèmes .

    C’est pourquoi, encore une fois, il faut aller vite pour traverser le chasm . Sinon on risque de perdre à tous les coups.

    Ou alors il faut faire pivoter l’offre pour reprendre l’avantage avec peut-être même une nouvelle cible.

    Geoffrey A. Moore considère que si la cible choisie obtient une mauvaise note dans un seul de ces facteurs, ce n’est pas la bonne cible. Il conseille de choisir les cibles qui obtiennent un bon score dans les quatre facteurs.

    Ces quatre facteurs sont indispensables mais bien sûr insuffisants pour réussir. Le livre de Geoffrey A. Moore en contient encore beaucoup.

    Vous avez une offre, un produit, une idée de start-up, un début de business, quelques clients mais pas assez et vous voulez aller plus vite et atteindre les clients mainstream pour traverser le chasm ?

    Relisons les quatre facteurs, encore et encore.

    Avec aussi un peu d’intuition. Si les livres de management permettaient aux entreprises de réussir, ça se saurait.

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      Meta obligé de revendre Giphy

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Saturday, 22 October, 2022 - 16:00

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    La vie commune entre Meta et Giphy n'aura pas duré très longtemps. L'autorité de la concurrence britannique a en effet décidé que le réseau social devait se séparer du spécialiste du GIF animé, ce que Meta a accepté à contre-cœur.

    Meta obligé de revendre Giphy

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      Antitrust : pourquoi la France a divisé par 3 l’amende record d’Apple ?

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Friday, 7 October, 2022 - 08:30

    apple-iphone-14-pro-live-16-140x105.jpg Apple iPhone 14 Pro

    L'amende record infligée à Apple par l'antitrust français vient d'être réduite de deux tiers. Mais pourquoi une telle décision ?

    Antitrust : pourquoi la France a divisé par 3 l’amende record d’Apple ?