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      FFmpeg vs Microsoft – Le choc

      news.movim.eu / Korben · Thursday, 4 April - 10:22 · 2 minutes

    Figurez-vous que le géant Microsoft, oui oui, le monstre de Redmond, se retrouve à genoux devant la communauté open source de FFmpeg .

    Et pourquoi donc ? Parce que ces satanés codecs multimédias leur donnent du fil à retordre !

    Mais attention, ne croyez pas que Microsoft va gentiment demander de l’aide comme tout le monde. Non non non, eux ils exigent, ils ordonnent, ils veulent que les petites mains de FFmpeg réparent illico presto les bugs de leur précieux produit Teams . Bah oui, faut pas déconner, c’est pour un lancement imminent et les clients râlent !

    Sauf que voilà, les gars de FFmpeg ils ont pas trop apprécié le ton. Ils sont là, tranquilles, à développer leur truc open source pour le bien de l’humanité, et là Microsoft débarque en mode « Eho les mecs, faudrait voir à bosser un peu plus vite là, on a besoin de vous là, maintenant, tout de suite ». Super l’ambiance.

    Alors ok, Microsoft a daigné proposer quelques milliers de dollars pour les dédommager. Mais bon, les développeurs FFmpeg ont un peu de fierté quand même et souhaitent un vrai contrat de support sur le long terme, pas une aumône ponctuelle balancée comme on jette un os à un chien.

    Et là, c’est le choc des cultures mes amis ! D’un côté Microsoft, habitué à régner en maître sur son petit monde propriétaire , à traiter les développeurs comme de la chair à code. De l’autre, la communauté open source , des passionnés qui bouffent du codec matin midi et soir, qui ont la vidéo dans le sang et le streaming dans les veines.

    Microsoft fait moins le malin maintenant puisqu’ils réalisent que leur précieux Teams, ça marche pas terrible sans FFmpeg et que leurs armées de développeurs maison, n’y connaissent pas grand chose en codecs multimédia . Et surtout que la communauté open source, bah elle a pas trop envie de se faire exploiter comme ça.

    Moralité de l’histoire : faut pas prendre les gars de FFmpeg pour des poires. Ils ont beau être « open » , ils ont leur dignité et Microsoft va devoir apprendre à respecter ça, à collaborer d’égal à égal, à lâcher des billets et des contrats de support au lieu de jouer au petit chef.

    Parce que sinon, Teams risque de sonner un peu creux sans codecs qui fonctionnent. Et là, ça va être dur d’expliquer aux clients que la visio ça sera en version mime, parce que Microsoft a pas voulu mettre la main au portefeuille pour avoir de l’audio qui marchent.

    Et, si vous voulez en savoir plus sur ce choc des titans, foncez sur https://sopuli.xyz/post/11143769 , vous n’allez pas être déçu du voyage !

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      Ukraine : trois scénarios pour la suite (et la fin ?) du conflit

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 28 January, 2023 - 03:50 · 9 minutes

    Par Cyrille Bret et Florent Parmentier .

    Près d’un an après le déclenchement de l’opération militaire russe contre l’Ukraine, le 24 février 2022, quelles sont les évolutions possibles du conflit dans les mois qui viennent ? La difficulté de la prospective est particulièrement marquée pour ce conflit car les « surprises » militaires, diplomatiques et stratégiques ont été nombreuses.

    D’un côté, la combativité des forces ukrainiennes, le soutien de l’UE et des États-Unis à Kiev, les difficultés logistiques et tactiques des forces armées russes ont pris Moscou de court. D’un autre côté, la résistance de l’économie russe aux sanctions , l’ampleur des migrations ukrainiennes vers l’Europe , le blocage des instances de l’ONU ainsi que le soutien mesuré de la Chine, de l’Inde et de plusieurs pays d’Afrique à la Russie ont surpris les chancelleries occidentales.

    Trois scénarios majeurs sont aujourd’hui envisageables.

    Scénario 1 : un revers russe caractérisé

    Sur le plan militaire, les forces armées de Moscou lanceraient une nouvelle offensive sur Kiev, comme en février 2022 , ainsi que sur le bassin du Don (le Donbass, dont une large partie se trouve toujours aujourd’hui sous le contrôle des Ukrainiens) et sur la province de Kherson afin d’essayer d’obtenir un succès éclatant aux yeux de la population russe.

    Mais ces attaques échoueraient. La Russie perdrait de nombreux hommes et une grande partie des quatre provinces ukrainiennes illégalement rattachées à la Fédération de Russie en septembre 2022. Elle constaterait que son objectif stratégique initial (le changement de régime à Kiev) s’est soldé par un échec. L’Ukraine reprendrait des bastions russes dans le Bassin du Don et ferait mouvement vers la Crimée.

    Plusieurs facteurs pourraient consacrer cette défaite russe. Sur le plan intérieur, la mobilisation et l’entraînement des réservistes se heurteraient à plusieurs limites : nouvelle fuite des mobilisables hors du territoire russe ; incapacité du commandement russe à entraîner efficacement les nouvelles recrues ; épuisement de la Base industrielle et technologique de Défense (BITD) russe ; montée en puissance des effets des sanctions occidentales sur le budget de la Fédération ; crise dans les cercles dirigeants russes, notamment au niveau du ministère de la Défense.

    En Ukraine, la réalisation de ce scénario est subordonnée à plusieurs conditions : la résistance de la présidence ukrainienne à l’usure de la guerre, sa capacité à remporter les élections législatives de l’automne 2023, la poursuite de l’aide militaire américaine et européenne à un niveau compatible avec la consommation inévitable de matériels de guerre sur les champs de bataille, et la capacité à tenir plusieurs fronts en même temps. Le chef d’état-major ukrainien, Valeri Zaloujny, a exprimé un certain nombre de souhaits en décembre : 300 chars, 600-700 véhicules de combat d’infanterie, 500 obusiers pour la victoire.

    Enfin, sur le plan international, ce scénario suppose que la Russie perde la position de force que lui a conférée en 2022 la hausse des prix des produits énergétiques. Il faudrait pour cela que ses clients développent des sources d’approvisionnement alternatives, ce qu’ils ont déjà commencé à faire .

    L’horizon de ce scénario favorable à l’Ukraine serait l’ouverture de négociations de cessez-le-feu puis de paix.

    Toutefois, si la défaite russe est d’ampleur, un désordre politique interne pourrait paralyser le leadership russe et instaurer à Moscou un chaos privant le pays de la capacité à s’engager réellement dans des négociations. Pour que de telles négociations soient couronnées de succès, il conviendrait donc tout à la fois que la Russie considère la guerre comme durablement perdue, et qu’elle conserve une chaîne de commandement efficace. Deux points redoutablement durs à traiter seraient le sort de la Crimée et l’avenir de la candidature de l’Ukraine à l’OTAN . En somme, ce scénario serait l’extrapolation des contre-offensives ukrainiennes réussies d’août à octobre 2022.

    Scénario 2 : un succès tangible pour la Russie

    Le scénario inverse consisterait en une série de succès militaires pour la Russie à partir de la fin de l’hiver. Par exemple, la Russie réussirait à reprendre l’essentiel de la province de Kherson, menacerait directement Kiev en pénétrant dans ses faubourgs à partir de la Biélorussie et reprendrait une progression marquée vers le sud-ouest en direction d’Odessa. La réalisation de ce scénario découlerait de plusieurs hypothèses, la principale étant l’épuisement humain et matériel des forces armées ukrainiennes.

    Du côté russe, cela supposerait la réussite de plusieurs actions pour le moment infructueuses. Notamment, la mobilisation réalisée à l’automne 2022 serait efficace en matière d’entraînement et correctement utilisée sur le plan tactique. Et les chaînes logistiques russes résisteraient aux difficultés d’approvisionnement sur trois fronts majeurs (Nord sur Kiev, Est dans le Donbass et Sud en direction de Kherson). L’armée russe a déjà disposé de centres logistiques à plus de 80 km de la ligne de front, soit une distance hors de portée des HIMARS, tirant les leçons de la contre-offensive ukrainienne.

    Ces succès déboucheraient sur une victoire nette de la Russie en Ukraine : les annexions illégales dans l’est seraient consolidées, le gouvernement de Kiev (fragilisé et possiblement renversé en raison de l’offensive russe) serait issu de négociations de paix et prendrait une orientation plus ou moins ouvertement pro-russe, l’ouest du pays revendiquerait une forte autonomie avec le soutien de la Pologne, etc. L’objectif stratégique de la Russie serait ainsi atteint : disposer d’une zone tampon avec l’OTAN.

    Du côté ukrainien, ce scénario du pire pourrait gagner en crédibilité si plusieurs évolutions se constatent : usure des forces armées, insuffisance du nombre de nouvelles recrues , diversité trop forte des livraisons d’armes internationales, engendrant des difficultés à articuler les différents dispositifs ; fragilisation de la présidence Zelensky à l’approche des élections législatives de l’automne 2023 sous la pression d’un « parti de la paix » ou au contraire de nationalistes réclamant un pouvoir plus fort ; incapacité à conserver et accroître le soutien des Occidentaux, par exemple en raison d’un maximalisme stratégique visant la défaite complète de la Russie, la découverte de détournements de fonds ou tout simplement du fait de la « fatigue » des opinions occidentales et de leur volonté de se recentrer sur des questions politiques internes.

    Sur le plan international, ce scénario suppose un maintien des cours et des exportations de produits énergétiques russes vers l’Asie (Chine et Inde au premier chef) ; une stratégie de prix de la part des puissances gazières ; une mobilisation des réseaux diplomatiques russes pour montrer que le pays n’est isolé qu’à l’Ouest ; un appui marqué de la Chine face à l’influence américaine ; une perte d’influence dans l’UE des gouvernements les plus favorables à l’Ukraine, notamment en Europe du Nord (législatives finlandaises en février) et en Pologne (élections générales à l’automne 2023). Un tel scénario serait favorisé par une crise à Taïwan ou au Moyen-Orient qui absorberait l’attention des États-Unis, déjà fortement polarisés dans leur politique intérieure.

    Scénario 3 : un conflit qui s’enlise

    Un troisième type d’évolution pour ce conflit pourrait être caractérisé par l’incapacité des deux protagonistes à prendre l’ascendant sur l’autre sur une période de plusieurs années.

    Il se manifesterait par une stabilisation (violente et meurtrière) des grandes lignes de front sur les positions actuelles mais des batailles régulières pour des localités d’importance secondaire, des nœuds routiers, des verrous fluviaux ou des ponts. Par exemple, les forces armées russes pourraient être tentées de reprendre l’offensive par le nord en direction de Kiev avec des succès limités et de concentrer leurs efforts sur la consolidation des parties du Donbass contrôlées ou contrôlables par elles.

    De son côté, l’Ukraine pourrait essayer de pousser son avantage à partir de Kherson vers le sud afin de menacer le bastion criméen à l’horizon d’août 2023. Ce scénario n’exclut pas – loin de là – des combats intensifs, des changements de zones de contrôle et des succès limités de part et d’autre. Mais l’équilibre général du conflit ne serait pas modifié, la Russie continuant à contrôler 15 % à 20 % du territoire ukrainien dans des zones essentielles (Crimée, Donbass, région de Kharkiv) et l’Ukraine démontrant sa capacité à résister sur le long terme.

    Plusieurs facteurs pourraient se conjuguer pour faire advenir cette situation. Un « plateau » pourrait être atteint dans l’aide militaire occidentale à l’Ukraine en raison de l’état des stocks et de la nature des armements envoyés sur le front. La combativité ukrainienne pourrait demeurer sans pour autant produire les effets spectaculaires de la fin de l’été 2022 en raison d’une « courbe d’apprentissage » du côté russe, notamment dans l’articulation entre les différentes armées et les autres forces (milices Wagner, Kadyrovtsy ).

    Côté russe, ce statu quo violent pourrait advenir en raison des limites structurelles de l’outil militaire manifestées en 2022 : rigidité tactique, logistique déficiente, étirement des fronts et des chaînes d’approvisionnement, limites des ressources humaines, culture du mensonge dans les administrations publiques, etc.

    Des facteurs exogènes pourraient conduire à un pourrissement militaire et diplomatique. Aucun des deux protagonistes n’est en mesure de faire accepter à sa propre population et à son propre réseau d’alliances l’entrée en négociation sur la base du rapport de force militaire actuel. Pour la Russie, aucun succès indiscutable n’a été remporté ; pour Kiev, l’intégrité territoriale reste à restaurer. Entrer en négociation serait un aveu d’échec pour Vladimir Poutine et le mettrait à risque. Accepter de discuter serait pour Volodymyr Zelensky un renoncement qui lui ferait perdre le soutien très large dont il bénéficie aujourd’hui à l’intérieur et à l’extérieur : un autre leadership devrait se mettre en place, et serait vraisemblablement moins soucieux de compromis en raison des coûts irrécupérables de cette guerre.

    Dans cette option, l’Ukraine deviendrait en 2023 un nouveau conflit non résolu de l’espace post-soviétique , mais de grande envergure. Cela n’empêcherait pas un durcissement des hostilités, notamment contre les populations civiles ou les prisonniers, bien au contraire. The Conversation

    Cyrille Bret , Géopoliticien, Sciences Po and Florent Parmentier , Secrétaire général du CEVIPOF. Enseignant à Sciences Po. Chercheur-associé au Centre HEC Paris de Géopolitique, Sciences Po

    Cet article est republié à partir de The Conversation sous licence Creative Commons. Lire l’ article original .

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      chapitre 17 À quoi sert l'école ? extrait 21

      Angélique Andthehord · Wednesday, 2 November, 2022 - 15:12

    Bon, après, ils comprenaient quand même un petit peu, ne serait-ce que parce que les agaceries de certaines élèves indisciplinées leur servaient de leçon mais, au bout du compte, la punition était toujours retournée par le professeur contre l'élève indiscipliné, puisque c'est ce que le règlement avait prévu.

    Finalement, c'était une guerre qui se livrait entre les enseignants et les élèves. Tout ça, à cause d'un règlement scolaire pondu par des gens ; des gens qui vivaient, quelque part, ailleurs ; des gens que nous ne connaissions pas et qui ne nous connaissaient pas ; des gens qui se faisaient appeler éducation nationale.


    extrait de : La guerre folle


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      chapitre 16 On ne peut vivre qu'une destinée à la fois extrait 60

      Angélique Andthehord · Wednesday, 27 July, 2022 - 19:29

    - Pourquoi tu l'chasses ? insista mon père sur un ton réprobateur.

    - Parce que ! j'en ai marre, moi. Il est tout l'temps méchant. Même, un jour, il a dit que c'est lui qui a fait mourir Pépère et qu'il allait faire mourir toute la famille autour de moi.

    - Qu'est-ce que c'est qu'ces histoires ? C'est des bêtises, ça. C'est juste un petit enfant qui raconte n'importe quoi pour se rendre intéressant, pour que tu fasses attention à lui. Tout c'qu'y veut, c'est qu'tu l'écoutes.


    extrait de : Le Fantôme


    #copain #contrariété #magie #peur #enfant #problème #père #confiance #méchant #émotion #imagination #conflit #Amoureux #fantôme #embêtement #rouspétances #chamailleries #ennui

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      chapitre 16 On ne peut vivre qu'une destinée à la fois extrait 59

      Angélique Andthehord · Tuesday, 26 July, 2022 - 16:52

    Mon père eut un sursaut en m'entendant imiter la voix du petit Nicolas, regarda fixement dans les airs, à côté de moi, comme s'il y voyait l'enfant en question et me gronda :

    « Ben alors, pourquoi tu l'traites de fantôme ? »

    comme si cette saleté de Fantôme venait de se plaindre à mon père que je l'embêtais !

    « Parce que ! j'en ai marre, à la fin. Il est tout l'temps dans ma chambre. Tous les soirs, avant de m'endormir, j'peux jamais penser tranquillement, toute seule dans ma tête. Faut toujours qu'y la ramène. Alors, moi, j'lui dis : "Tu hantes ma chambre, c'est qu't'es un fantôme. Va-t'en !"


    extrait de : Le Fantôme


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      chapitre 16 On ne peut vivre qu'une destinée à la fois extrait 58

      Angélique Andthehord · Monday, 25 July, 2022 - 19:31

    « Mort, Nicolas ? bredouillai-je. Mais quand ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Comment ça s'fait qu't'es au courant ? Tu l'connaissais ?

    - Non, moi, j'en sais rien mais si tu dis qu'c'est un fantôme, c'est que tu le perçois comme étant mort, continua mon père sur le même petit ton délicat.

    - Mais non ! m'exclamai-je, c'est une blague. J'le surnomme le Fantôme parce qu'il aime pas que j'l'appelle comme ça mais il est pas mort, j'crois pas. J'ai pas l'impression d'le voir dans la mort. Il a l'air en pleine forme, en tout cas. Même, quand il a ses p'tits nerfs, y rouspète : "Chuis pas un fantôme ! J'existe et je m'appelle Nicolas !" »


    extrait de : Le Fantôme


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      François Ruffin : « Il y a deux invisibles : les oubliés en bas et les ultra-riches en haut »

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Thursday, 16 June, 2022 - 16:43 · 21 minutes

    Nous nous rendons dans la Somme, sur les pas de François Ruffin et de son équipe. Le candidat y déroule sa campagne effrénée, flanqué du tumulte de ses militants. Porte à porte, poignées de main dans les bars, déambulation, ballons gonflables géants : le député se faufile, parle à tout le monde, attrape les habitants, pour 3 phrases ou 10 minutes. Aux pressés ou aux indifférents, il martèle ses slogans : « n’oubliez pas d’aller voter car les riches, eux, n’oublient jamais ! ». Pendant toute une après-midi, nous le suivons et l’interrogeons, à pied et en voiture, assis sur le bord d’un trottoir. Il nous répond par de longs développements , sans cesse interrompu, sans que jamais la cohérence de son propos en souffre, alternant avec aisance entre le registre du militant et celui de l’analyste. Politique et conflit de classe, désindustrialisation, construction européenne, sociologie électorale, écologie populaire… Nous sommes revenus avec François Ruffin sur les thématiques qu’il n’aura cessé de mettre en avant, dans ses interventions à la tribune de l’Assemblée comme dans ses livres et ses articles. Entretien réalisé par Louis Hervier Blondel et Vincent Ortiz, photographies par Pablo Porlan.

    LVSL – Quel bilan tirez-vous de cinq ans de députation ? Vous vous êtes démarqué par vos interventions volontairement polémiques. Certains ont pu vous le reprocher, y compris à gauche, disant qu’on ne construit pas de la politique sur le conflit.

    François Ruffin – Au contraire : la politique ne se construit que sur du conflit. La démocratie, c’est du conflit, mais du conflit organisé, organisé pacifiquement. Et le pire, ce sont les moments où l’on tait le conflit, au nom du consensus, dans une fausse démocratie. C’est comme une cocotte-minute : le conflit, étouffé, revient plus tard de manière violente.

    Et le conflit qui prévaut, pour moi, c’est le conflit de classe. C’est ce que j’ai tenté de faire il y a cinq ans, en martelant certains slogans – « Ils ont l’argent, on a les gens », « le banquier à l’Élysée, le peuple à l’Assemblée »-, au prix peut-être d’un manichéisme, que j’assume. Cinq ans plus tard, rien n’a changé. Au contraire, le CAC 40 enregistre des bénéfices records : 160 milliards de bénéfices pour 2021 ! C’est supérieur de 60 % à son précédent record [NDLR : en 2007 ]. Ces chiffres, scandaleux, devraient être martelés à la télévision chaque soir. La question, pour nous, c’est comment on met ça en scène ? Comment on le donne à voir ? Avec mes électeurs, j’essaie ça : en sport, lorsqu’on bat un record, c’est d’un centimètre, ou d’un centième de secondes. Pour le CAC 40, c’est une augmentation de 60 % par rapport au précédent record ! Le patrimoine des cinq premières fortunes françaises, sous Macron, a été multiplié par trois : aux gens que je croise, je demande « et vos salaires, ils ont été multipliés par trois ? Vos retraites, vos allocations ? » C’est un contre-argument efficace lorsque quelqu’un me parle des assistés ou des immigrés. Ou alors, on fait un jeu, « comptez avec moi jusque trois… Un… deux… trois… » Jeff Bezos, le PDG d’Amazon, vient de gagner 10 000 € ! Autant que ma suppléante, Hayat, en un an : elle est accompagnante d’enfants en situation de handicap.

    Mon combat, c’est de faire ressentir cette injustice sociale, que les gens peuvent ne voient pas, ou rarement. Comme ils éprouvent tout de même un sentiment d’injustice, celui-ci est canalisé dans d’autres directions : les étrangers, les réfugiés, les assistés . Autrement dit : les plus pauvres qu’eux . C’était déjà ma bagarre il y a cinq ans, mais c’est encore davantage conscient aujourd’hui : il y a deux catégories d’invisibles que je cherche à mettre en lumière. Ceux du bas, bien sûr : les auxiliaires de vie sociale, les agents d’entretien, les ouvriers, etc., qui figurent dans mes films. Mais il y a d’autres invisibles à mettre en lumière : ceux du haut.

    L’Union européenne est libérale dans ses fondements. Comparons le mythe fondateur de la nation française à celui de l’UE. Nous avons la Révolution française, l’UE a des traités économiques incompréhensibles pour la grande masse des gens

    On vient de passer devant un magnifique château : celui de la famille Saint-Frères, un empire textile, né au XIXème siècle. Les habitants vivaient aux alentours, dans les corons, dans des taudis, dans de la terre battue. Quand ils sortaient de chez eux, ils voyaient où partait leur travail : dans ces superbes châteaux. Aujourd’hui, quand ils sortent de chez Amazon, ils ne voient pas les immenses villas, yachts et jets privés de Jeff Bezos. Alors, il faut donner à voir, à ressentir cette injustice majeure. Si on y parvient, on réactive le conflit de classe, et du vote de classe. Si on n’y parvient pas, ils vont se tourner vers des bouc-émissaires : « pourquoi est-ce que je suis au chômage alors que les immigrés ont un travail ? », etc. Mais c’est une tâche qui a été abandonnée par la gauche depuis longtemps.

    Un politiste que j’apprécie, Patrick Lehingue, explique que dans les années 70, la gauche ne faisait pas dans la dentelle : c’étaient des clivages relativement simples, binaires, rustiques, les petits contre les gros, le travail contre le capital, les salariés contre les patrons, etc. Puis, dans les années 80, la gauche arrivée au pouvoir a changé de lexique : les choses devenaient plus « complexes », le marxisme était « dépassé ». Les gens, pourtant, continuaient à ressentir une injustice, le chômage s’amplifiait, les Restaus du cœur ouvraient… Mais puisqu’on ne l’exprimait plus en termes de classes, ils se sont tournés vers d’autres oppositions : les vieux contre les jeunes, les hommes contre les femmes, et surtout, surtout, les Français contre les immigrés. Il faut réactiver ce conflit central du capital contre le travail – avec une nuance, tout de même : il y a davantage de petits patrons, d’indépendants, d’auto-entrepreneurs aujourd’hui qu’hier. C’est une transformation, pas seulement économique, psychologique, majeure.

    © Pablo Porlan / Hans Lucas pour Le Vent Se Lève

    Il y a cinq ans, dans ma profession de foi, je prévenais mes électeurs : ça n’allait pas être Walt Disney, aucune de mes propositions de loi ne serait acceptée, et peut-être pas même un amendement. De fait, mes amendements ont été rejetés à 99,72 % ! Ce n’est pas à l’Assemblée que se fait la loi, je l’ai déjà dit dans vos colonnes : c’est une hypocrisie de prétendre que le pouvoir législatif s’y trouve alors que, sauf cohabitation, il s’agit de la chambre d’enregistrement des désirs du président.

    Ce qui a fonctionné, en revanche, au-delà de mes espérances, c’est la fonction de caisse de résonance du député. En parlant des femmes de ménage ou des auxiliaires de vie sociale, je n’ai pas cherché à faire des coups d’éclat. J’ai cherché à décrire leur vie. Ce fut, pour elles, pour leurs enfants, un geste de reconnaissance. C’est apparu surprenant, presque choquant, que dans un lieu aussi prestigieux et couvert de dorures que l’hémicycle, on vienne évoquer des vies simples. C’est pour moi une source de grande fierté.

    LVSL – Je rebondis sur votre volonté de vouloir reconstruire un front de classe. Certains sociologues estiment que la stratégie visant à reconquérir les électeurs des milieux populaires qui votent RN (les « fâchés pas fachos ») est vouée à l’échec. Manuel Cervera-Marzal, en particulier, estime que le rejet de l’immigration étant la priorité numéro 1 des électeurs du RN, il apparaît improbable que l’on puisse les faire basculer vers un vote de rejet de gauche. Il estime également que ce que vous avez réussi en Picardie n’est pas réplicable à l’échelle de la France.

    NDLR : lire sur Le Vent Se Lève notre entretien avec Manuel Cervera-Marzal

    FR – Tout d’abord : j’en fais un devoir moral aussi bien qu’un devoir électoral. Je refuse d’abandonner ces citoyens, souvent dans des bassins industriels, déjà frappés par la crise, je refuse de les laisser au Rassemblement national. Donc, même si c’était impossible, j’essaierais ! Mais ces sociologues doivent être satisfaits : ils estiment que les ouvriers doivent être abandonnés ? C’est ce que fait la gauche depuis quarante ans ! On le voit encore à ces législatives : malgré le bon résultat national de la NUPES, elle ne réunit même pas 20% du vote des ouvriers, alors que le RN fait, lui, 45%… La gauche, depuis les années 1980, a livré la classe ouvrière au Rassemblement national : la mondialisation a alors tracé comme un fil à couper le beurre entre les vainqueurs et les vaincus.

    D’un côté, le textile qui part au Maghreb, puis à Madagascar, en Inde et en Chine. Cela a été particulièrement brutal pour les ouvriers non qualifiés, dont le chômage a triplé en une décennie.

    De l’autre côté, les professions intermédiaires ont été relativement protégées, de par leur statut, leurs qualifications, etc. Cela produit ce qu’Emmanuel Todd appelle un passivisme des éduqués . Ainsi, la gauche a accompagné la mondialisation. Je parle bien sûr de la gauche sociale-libérale, celle qui signe les traités européens et de libre-échange, avec Jacques Delors à la Commission et Pascal Lamy à l’Organisation Mondiale du Commerce. Parce que la chute du textile, par exemple, ce n’est pas le fruit du hasard. L’apogée de la production de textile a eu lieu en 1975, mon année de naissance. Dix années plus tard, il ne reste plus rien. Pourquoi ? Parce qu’entre-temps on a signé les accords multi-fibres. Avec à la clé des licenciements par milliers, une véritable déshérence sociale, des tragédies, des suicides.

    Mais je parle également d’une partie de la gauche « révolutionnaire », « de rupture », « altermondialiste », qui est passée de l’ « antimondialisation » à l’ « altermondialisation », qui a au fond accepté cette mondialisation – sous le prétexte d’en infléchir le cours. Cette gauche répétait à l’envi « qu’un autre monde est possible » : mais dans combien de temps ? Je pense qu’il faut accepter une perspective anti-mondialiste , ou démondialisatrice. Pour plaire aux classes intermédiaires, on a euphémisé cette approche. Pendant ce temps-là, le RN progressait.

    On se focalise, bien sûr, sur le Front national et l’immigration, mais on ne dit rien de son programme économique. Je suis allé fouiller, à la Bibliothèque nationale de France, pour retrouver les premiers tracts du Front National, dans les années 1970. Tel un archéologue, j’ai tenté de retracer l’évolution de son programme économique, de sa fondation jusqu’à nos jours. Que s’est-il passé ? Dans les années 1980, le Front national est ultra-libéral. Il s’inspire de Thatcher et de Reagan. Le FN est en faveur de l’Europe libérale. Ils applaudissent à l’Acte unique et à la construction européenne, car ils voient en l’Europe un rempart contre le bolchévisme. À partir du moment où le mur de Berlin s’effondre, ils changent de perspective. Leur adversaire cesse d’être le bolchévisme pour devenir l’étranger. Le Front national aligne alors son programme économique sur une demande populaire : « il faut se protéger ; il faut protéger notre industrie ; on ne peut pas être livré au vent du libre-échange. »

    Face à cela, les deux cœurs de la gauche – celle de gouvernement, et celle de rupture – a ignoré cette demande populaire de protection. En 2001, quand j’ai vu le lave-linge de Whirlpool quitter Amiens, j’ai fait une étude très précise sur le marché du lave-linge, sur les coûts de la main-d’œuvre, de la sous-traitance, des matières premières, etc. À partir de cela, j’ai compris que le choix de délocaliser vers la Slovaquie répondait à une rationalité imparable. Le patron de cette entreprise a simplement veillé à la maximisation de son taux de profit. Non seulement il y gagnait en termes de coût de la main d’œuvre, mais il y gagnait également en termes de coût des pièces sous-traitées et importées depuis les pays de l’Est. Ce processus était parfaitement logique. Si des coûts n’étaient pas ajoutés – soit sur le transport routier, soit aux frontières -, il fallait s’attendre à ce que les délocalisations continuent. Sans surprise, c’est ce qui s’est produit. Dès lors, je suis devenu protectionniste. En 2011, j’ai d’ailleurs publié un livre : Leur grande trouille – Journal intime de mes « pulsions protectionnistes » .

    © Pablo Porlan / Hans Lucas pour Le Vent Se Lève

    Les sociologues qui justifient l’abandon des ouvriers au RN, ils réactualisent, d’une certaine manière, le fameux rapport de 2011 produit par Terra Nova. Un rapport que j’avais apprécié : au moins, il disait ce que la gauche faisait sans le dire depuis quarante ans ! Les ouvriers doivent être abandonnés, car les reconquérir impliquerait de défendre le protectionnisme et d’abandonner un agenda libre-échangiste.

    En 1981, 74 % des ouvriers ont voté pour François Mitterrand, ainsi que les professeurs, très massivement. La mondialisation a opéré un divorce entre ces deux blocs. Mais à côté de ce premier divorce, en est apparu un autre, au sein des classes populaires elles-mêmes

    Le vote RN dans ma région n’est pas un vote prioritairement raciste. C’est un vote de rejet de la mondialisation.

    LVSL – Vous évoquez la mondialisation et la construction européenne. Le contexte nous conduit à penser que la question européenne va revenir au centre du jeu dans les prochaines années. La BCE a d’ores et déjà annoncé un relèvement de ses taux, ce qui préfigure un retour à l’austérité après une période de relative permissivité. Paradoxalement, on a peu parlé de l’Union européenne et des enjeux européens durant cette campagne présidentielle. Puis l’union de la gauche autour de la NUPES a, par la force des choses, conduit tout un chacun à lisser ses positions sur l’UE. Pensez-vous que la gauche ait intérêt à radicaliser son discours sur la souveraineté nationale et populaire face au cadre européen ?

    FR – 2005 est une date fondatrice. 55 % des Français ont dit non à la concurrence libre et non faussée, non à la liberté de circulation des capitaux et des marchandises. 80 % des ouvriers ont voté « non», de même que 71 % des chômeurs et 67 % des employés. C’était un vote de classe marqué.

    Je remonte à 2005 car il faut garder à l’esprit qu’aujourd’hui, si l’on reposait la même question à la population, on n’aurait pas 55 % de « non» mais 60 ou 65 % ! Et cela, les dirigeants le savent. Raison pour laquelle depuis 2005 ils mènent leur projet sans le démos , voire contre le démos . Le projet de Macron est un projet minoritaire : la base électorale du « oui» de 2005 ne cesse de se rétrécir. Il se passe de l’avis du peuple pour multiplier les traités de libre-échange : avec le Canada, le Viet-Nâm et le Mexique – en plus des négociations en cours avec la Chine et l’Inde.

    C’est ainsi le même projet de mondialisation, de concurrence et de croissance qui se perpétue. Il faut une triple rupture : moins de mondialisation et davantage de protection, moins de concurrence et davantage d’entraide, moins de croissance et plus de répartition. Leur projet est démocratiquement mort et ils le savent.

    L’Union européenne semble moins dogmatique depuis la pandémie. Mais au-delà des déclarations des uns et des autres, intéressons-nous à ce que j’appelle le programme caché d’Emmanuel Macron : sa lettre envoyée à la Commission européenne. Il s’engage dedans à une réduction de 3 % des dépenses publiques ! Ce sont encore les hôpitaux et les écoles qui vont en faire les frais. Ces dix dernières années, la Commission européenne a exigé pas moins de soixante-sept fois que les différents États réduisent leurs dépenses de santé ! Si on est arrivé nus face à la pandémie, c’est aussi le produit des injonctions austéritaires de la Commission.

    Que faire face à cet état de fait ? Désobéir. L’Union européenne est libérale dans ses fondements. Comparons le mythe fondateur de la nation française à celui de l’Union européenne. Nous avons la révolution française, moment de surgissement du peuple sur la scène de l’histoire. L’Union européenne a des traités économiques, incompréhensibles pour la grande masse des gens. D’où son absence d’ancrage populaire. Une politique de gauche sera amenée à se heurter à l’Union européenne.

    LVSL – Face aux lignes de clivages imposées par les médias, la gauche est divisée quant à l’attitude à adopter. Une partie souhaite accepter cette ligne de clivage, et se positionner dans un sens progressiste (défense des minorités , etc), une autre considère qu’il faut sortir du cadre. Où vous situez-vous ? La bonne stratégie politique est-elle ou n’est-elle pas une mise à l’agenda des choses ?

    FR – Si on ne veut pas avoir à subir l’agenda du gouvernement, de nos adversaires ou des médias, il faut bien qu’on impose le nôtre. Cela n’a rien d’évident, car le gouvernement et les médias ont d’importants moyens pour imposer leur agenda.

    Le paradoxe, c’est que nous avons perdu une élection alors que les thématiques qui étaient à l’ordre du jour étaient en partie les nôtres : l’hôpital, le pouvoir d’achat, les services publics, etc. Pendant le temps de la campagne, on est parvenu à marginaliser la question identitaire. Je fais tout mon possible pour ne pas sauter à pieds joints dans ce piège.

    © Pablo Porlan / Hans Lucas pour Le Vent Se Lève

    Je parlais tout à l’heure du divorce entre les classes populaires et les classes intermédiaires apparu dans les années 1980. En 1981, 74 % des ouvriers ont voté pour François Mitterrand, ainsi que les professeurs, très massivement. La mondialisation a opéré un divorce entre ces deux blocs. Mais à côté de ce premier divorce, en est apparu un autre, au sein des classes populaires elles-mêmes : les quartiers populaires d’une part, les campagnes populaires de l’autre. Mettre sur la table des questions d’ordre sociétal , culturel ou cultuel fait exploser la possibilité d’un bloc. Mettre l’accent sur les questions économiques et sociales rend possible un rapprochement. Notre objectif doit être de mettre fin à ces deux divorces qui durent depuis des décennies.

    LVSL – Quid de l’écologie dans ce bloc populaire à construire ?

    FR – C’est l’horizon qu’on doit poser. Mais avec des obstacles sur le chemin. Durant ma campagne, à plusieurs reprises, lorsque je parlais d’écologie, des gens protestaient ! Ah non, pas ça ! Ca semblait un réflexe populaire. Pourquoi ? Parce que l’écologie, ça va m’obliger à changer de voiture, alors qu’elle roule encore, à changer de chaudière, etc. Il faut donc construire une écologie populaire même si l’écologie n’est pas d’emblée populaire.

    C’est une nécessité absolue parce que notre survie commune est en jeu. Face au discours de Zemmour et à son « grand remplacement », je réponds aux gens que le grand défi, la grande perte est ailleurs : durant ma vie, la moitié de ce qui vit sur terre, dans les airs et dans les mers a disparu. Quel monde va-t-on laisser à nos enfants ? La sécheresse est déjà là : on a eu trois mois sans eau en Picardie ! Alors, comment on fait du judo avec ça ? Un tableau que j’aime bien montrer dans mon coin, c’est l’empreinte carbone en fonction des classes sociales. Les 50 % les plus pauvres du pays polluent assez peu, les 40 % du dessus légèrement plus, mais pas de manière considérable, tandis que les 10 % du dessus du panier sont les plus gros émetteurs de CO2.

    Comment construire une écologie populaire ? Par une écologie de conflits. Une écologie qui ne cherche pas à nier le conflit de classe. J’écoutais ce matin un reportage sur France Inter qui évoquait le coût environnemental de l’avion, et mentionnait le fait que l’avion demeurerait polluant pour longtemps encore. La question de la limitation des vols n’était même pas posée ! La perspective de limiter les vols pour ceux qui prennent l’avion entre Paris et New-York comme je prends le train entre Paris et Amiens n’était même pas évoquée ! C’est pourtant à cette classe qu’il faut remettre les pieds sur terre.

    Sur les transports, toujours, plutôt que de chasser la voiture individuelle : Comment faire pour mettre un maximum de marchandises et de voyageurs sur le rail ? Cela nécessite de réduire le coût des billets à un prix abordable et de construire des infrastructures qui soient à la hauteur. La seule loi ferroviaire qui a été votée sous Macron (le « pacte ferroviaire ») contient 87 fois le mot concurrence , tandis que les mots réchauffement, climat ou biodiversité n’apparaissent pas. Bien sûr, on ne s’interroge pas un seul instant sur la manière de démocratiser le rail. Voilà pourtant un biais évident pour rendre l’écologie populaire. J’avais proposé, durant mon premier mandat, que les 1000 premiers kilomètres en train soient gratuits. L’Allemagne vient de lancer le « train illimité à 9 € par mois », avec un immense succès. On doit passer ce message aux gens : « Vous pouvez y gagner ! » Idem sur le logement, autre gros émetteur de gaz à effets de serre.

    Les conditions matérielles pour une mise en cause commune de la mondialisation sont là. Mais encore faut-il que notre discours en fasse une priorité, sans bercer les gens d’illusions. D’ailleurs, eux ne s’en laissent pas compter : l’autre monde possible, en l’état, ils n’y croient pas.

    L’urgence, là, ça devrait être de mettre fin aux passoires thermiques. Il y a cinq millions de passoires thermiques dans le pays. L’année dernière, 2,500 passoires ont été rénovées. Cela signifie qu’à ce rythme, il faudra deux millénaires pour en venir à bout ! Autant qu’entre la naissance du Chist et aujourd’hui ! Mettre fin aux passoires thermiques serait pourtant une mesure gagnante à bien des égards : gagnant pour les ménages pauvres, avec moins de factures pour leur chauffage à payer. Gagnant pour l’emploi, afin de combattre le chômage par des métiers manuels qualifiés non délocalisables. Gagnant pour la planète, l’évidence. Gagnant pour l’indépendance nationale, enfin, cela nous permettra d’importer moins de pétrole et de gaz. C’est ce que je répète depuis cinq ans à l’Assemblée nationale ! C’est seulement depuis la guerre en Ukraine que notre dépendance à l’égard de ces sources d’énergie apparaît comme problématique…

    © Pablo Porlan / Hans Lucas pour Le Vent Se Lève

    On peut très bien, en revanche, construire une écologie anti-populaire – et certains, à gauche, savent très bien le faire ! J’ai vu récemment un reportage montrant que le centre-ville d’Amiens, bientôt, ne sera plus accessible aux voitures polluantes. Le même jour, je lis dans le journal que l’on assiste à une explosion de jets privés en France ! On décide donc de réguler les déplacements au ras du sol, d’imposer des obligations à ceux qui prennent leur voiture pour aller au travail, tandis qu’on laisse ceux qui polluent cent fois plus, là-haut, sans aucune contrainte. La priorité, c’est de les faire atterrir ! Je pense, comme Hervé Kempf, qu’il faut consommer moins et répartir mieux . Et consommer moins, cela doit commencer par ceux d’en-haut.

    LVSL – L’écologie préoccupe en revanche beaucoup les classes intermédiaires, attachée culturellement au libre-échange… Pensez-vous qu’il soit possible d’unir les classes intermédiaires et les plus populaire à un agenda anti-mondialiste ?

    FR – Il y a deux choses qui peuvent aujourd’hui rendre possible la jonction entre les classes intermédiaires et les classes populaires : un facteur social et un facteur écologique. L’européanisation et la mondialisation ont commencé par toucher les ouvriers, puis l’agriculture, et, à présent, s’attaquent aux revenus des classes intermédiaires – qui voient que leur salaire gèle, que leurs enfants sont mis en concurrence avec le monde entier, etc.

    La mondialisation, comme dans le combat des trois Horaces contre les trois Curiaces, s’est attaquée à ces groupes sociaux les uns après les autres. Si elle s’était attaquée en même temps à la classe ouvrière, à la paysannerie et aux classes intermédiaires, elle aurait eu face à elle un front uni.

    D’autre part, il devient chaque jour plus évident que le libre-échange est incompatible avec la lutte contre le réchauffement climatique. Quelqu’un d’aussi peu radical que Nicolas Hulot affirmait que le problème central était le libre-échange, et que la multiplication des éoliennes n’allait en rien le régler.

    Les conditions matérielles pour une mise en cause commune de la mondialisation sont donc bien là. Mais encore faut-il que notre discours en fasse une priorité, sans nous bercer, et sans bercer les gens d’illusions. D’ailleurs, eux ne s’en laissent pas compter : l’autre monde possible, en l’état, ils n’y croient pas.

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      Gérer plusieurs parcs informatiques (Partie 0 : Présentation)

      raspbeguy · pubsub.gugod.fr / atomtest · Sunday, 18 October, 2015 - 22:00 · 3 minutes

    Salut à tous, Voici le premier tutoriel en temps réel présenté sur Hashtagueule. Il s'agit tout simplement de résoudre un problème "costaud" en plusieurs parties, qui sont publiées à chaques fois que l'auteur achève de formaliser son idée. Cette idée de temps réel reflète le fait que l'auteur travai...

    Salut à tous,

    Voici le premier tutoriel en temps réel présenté sur Hashtagueule. Il s'agit tout simplement de résoudre un problème "costaud" en plusieurs parties, qui sont publiées à chaques fois que l'auteur achève de formaliser son idée. Cette idée de temps réel reflète le fait que l'auteur travaille sur la solution en même temps qu'il écrit le guide.

    Que les soucieux se rassurent, cela ne veut pas dire que les solutions présentées sont bancales ou non testées. À chaque partie publiée correspond beaucoup d'heures d'essais et de prototypage. Ne vous inquiétez pas, on sait rester pro chez Hashtagueule :)

    Il va sans dire que vous êtes encouragés à partager vos propres solutions, demander des précisions, suggérer un détail ou réagir pour n'importe quel motif, en commentaires, sur les forums ou bien par IRC. Nous vous écouterons avec le plus grand plaisir et le plus grand intérêt.

    Venons-en au fameux problème auquel j'ai été confronté il y a quelques semaines. Sa formulation en elle même est assez délicate, et les contraintes sont assez, comment dire, "contraignantes". Enfin bon, essayons tout de même.

    Mettre en place une administration collective de plusieurs réseaux virtuels dont les adressages IP sont indépendants et possiblement conflictuels

    Là. Je vous avais dit que la formulation était indigeste. Si vous avez tout compris du premier coup je vous en félicite. Pour les autres comme moi, voici une petite explication grosso modo.

    • Il s'agit de donner un accès facilement révocable indépendamment à plusieurs personnes à plusieurs parcs informatiques. Une personne ayant été exclue de ce groupe ne doit plus pouvoir s'y connecter après coup.
    • Les parcs informatiques sont gérés par des personnes indépendantes qui ont mis en place la plupart du temps un VPN pour que nous puissions nous y connecter. Ces VPN étant eux-mêmes indépendants, les conflits IP sont monnaies courantes (beaucoup d'adresses en 192.168.0.0/16 ou 172.16.0.0/16 par exemple).
    • Les technologies de méthodes d'accès sont différentes d'un parc à l'autre. Par exemple on peut avoir du OpenVPN, VPNC, IPsec, etc. sur les VPN, et pour la connexion SSH on peut avoir de l'identification par clef ou par mot de passe.

    Voilà, ça fait pas mal de contraintes, hein ? Ben devinez quoi, c'est l'objet de notre tutoriel.

    La question qu'il est légitime de se poser à ce niveau, c'est : Mais Raspbeguy, à quoi ça peut bien servir, et pourquoi tu gaspille notre temps avec des inepsies pareilles ? À cela je vous répondrai que ce genre de problèmes ne sort pas spontanément de mon esprit dérangé, mais bel et bien d'une situation réelle, et en l'occurence bloquante. Les gens capables de concevoir des horreurs pareilles sont les entreprises offrant un support technique informatique à d'autres entreprises ayant une infrastructure relativement imposante. Si vous n'êtes pas dans ce cas, ne fermez pas tout de suite votre onglet ; si vous êtes un peu curieux, ce tutoriel pourrait vous donner des idées, car au delà d'une application précise, il permet de comprendre un peu plus certains mécanismes réseau et/ou Linux. Donc tout le monde y gagne :)

    Et ce tutoriel, ma foi, nous ne le commencerons pas aujourd'hui. Non non. Mais bientôt je vous le promet. J'ai réfléchi longuement à ce problème pour le décomposer en sous-parties. Voici mon plan d'attaque :

    1. La gestion de conflits LAN to LAN : résoudre les problèmes de routage induits par les conflits exposés ci dessus.
    2. L'uniformisation des accès VPN, ou comment éviter à l'utilisateur de se prendre la tête avec 50 commandes faisant toutes la longueur de mon bras.
    3. La gestion des droits : autoriser un groupe de personnes à effectuer des actions précises et uniquement ces actions.

    Donc je vous donne rendez-vous pour la première partie de ce tutoriel consacrée à la mise en place du terrain fertile pour y planter nos tunnels. En attendant, dites-nous ce que vous en pensez :)

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      Gérer plusieurs parcs informatiques (Partie 0 : Présentation)

      raspbeguy · pubsub.gugod.fr / hashtagueule · Sunday, 18 October, 2015 - 22:00 · 3 minutes

    Salut à tous, Voici le premier tutoriel en temps réel présenté sur Hashtagueule. Il s'agit tout simplement de résoudre un problème "costaud" en plusieurs parties, qui sont publiées à chaques fois que l'auteur achève de formaliser son idée. Cette idée de temps réel reflète le fait que l'auteur travai...

    Salut à tous,

    Voici le premier tutoriel en temps réel présenté sur Hashtagueule. Il s'agit tout simplement de résoudre un problème "costaud" en plusieurs parties, qui sont publiées à chaques fois que l'auteur achève de formaliser son idée. Cette idée de temps réel reflète le fait que l'auteur travaille sur la solution en même temps qu'il écrit le guide.

    Que les soucieux se rassurent, cela ne veut pas dire que les solutions présentées sont bancales ou non testées. À chaque partie publiée correspond beaucoup d'heures d'essais et de prototypage. Ne vous inquiétez pas, on sait rester pro chez Hashtagueule :)

    Il va sans dire que vous êtes encouragés à partager vos propres solutions, demander des précisions, suggérer un détail ou réagir pour n'importe quel motif, en commentaires, sur les forums ou bien par IRC. Nous vous écouterons avec le plus grand plaisir et le plus grand intérêt.

    Venons-en au fameux problème auquel j'ai été confronté il y a quelques semaines. Sa formulation en elle même est assez délicate, et les contraintes sont assez, comment dire, "contraignantes". Enfin bon, essayons tout de même.

    Mettre en place une administration collective de plusieurs réseaux virtuels dont les adressages IP sont indépendants et possiblement conflictuels

    Là. Je vous avais dit que la formulation était indigeste. Si vous avez tout compris du premier coup je vous en félicite. Pour les autres comme moi, voici une petite explication grosso modo.

    • Il s'agit de donner un accès facilement révocable indépendamment à plusieurs personnes à plusieurs parcs informatiques. Une personne ayant été exclue de ce groupe ne doit plus pouvoir s'y connecter après coup.
    • Les parcs informatiques sont gérés par des personnes indépendantes qui ont mis en place la plupart du temps un VPN pour que nous puissions nous y connecter. Ces VPN étant eux-mêmes indépendants, les conflits IP sont monnaies courantes (beaucoup d'adresses en 192.168.0.0/16 ou 172.16.0.0/16 par exemple).
    • Les technologies de méthodes d'accès sont différentes d'un parc à l'autre. Par exemple on peut avoir du OpenVPN, VPNC, IPsec, etc. sur les VPN, et pour la connexion SSH on peut avoir de l'identification par clef ou par mot de passe.

    Voilà, ça fait pas mal de contraintes, hein ? Ben devinez quoi, c'est l'objet de notre tutoriel.

    La question qu'il est légitime de se poser à ce niveau, c'est : Mais Raspbeguy, à quoi ça peut bien servir, et pourquoi tu gaspille notre temps avec des inepsies pareilles ? À cela je vous répondrai que ce genre de problèmes ne sort pas spontanément de mon esprit dérangé, mais bel et bien d'une situation réelle, et en l'occurence bloquante. Les gens capables de concevoir des horreurs pareilles sont les entreprises offrant un support technique informatique à d'autres entreprises ayant une infrastructure relativement imposante. Si vous n'êtes pas dans ce cas, ne fermez pas tout de suite votre onglet ; si vous êtes un peu curieux, ce tutoriel pourrait vous donner des idées, car au delà d'une application précise, il permet de comprendre un peu plus certains mécanismes réseau et/ou Linux. Donc tout le monde y gagne :)

    Et ce tutoriel, ma foi, nous ne le commencerons pas aujourd'hui. Non non. Mais bientôt je vous le promet. J'ai réfléchi longuement à ce problème pour le décomposer en sous-parties. Voici mon plan d'attaque :

    1. La gestion de conflits LAN to LAN : résoudre les problèmes de routage induits par les conflits exposés ci dessus.
    2. L'uniformisation des accès VPN, ou comment éviter à l'utilisateur de se prendre la tête avec 50 commandes faisant toutes la longueur de mon bras.
    3. La gestion des droits : autoriser un groupe de personnes à effectuer des actions précises et uniquement ces actions.

    Donc je vous donne rendez-vous pour la première partie de ce tutoriel consacrée à la mise en place du terrain fertile pour y planter nos tunnels. En attendant, dites-nous ce que vous en pensez :)