• Co chevron_right

      Les énergies intermittentes ne sont pas « complémentaires » du nucléaire

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Monday, 13 March, 2023 - 04:30 · 6 minutes

    La réalité reprend toujours ses droits. La guerre en Ukraine , et (enfin) la prise de conscience de la nécessité d’être souverain en matière d’énergie gagne les media et le grand public.

    Or, actuellement, seul le nucléaire peut contribuer largement à cette indépendance. Les énergies intermittentes ont besoin d’un service de secours en cas de nuit sans vent. Ce ne peut être que le gaz comme nous allons le montrer. Ainsi, affirmer que le nucléaire et les énergies intermittentes sont complémentaires est une hérésie. Pire, elles sont un facteur d’augmentation de coût et d’instabilité  pour les centrales nucléaires.

    En France, les énergies intermittentes sont un alibi à la reprise du nucléaire

    Les États non écolo-schizophrènes (Suède, Finlande, Pologne, Pays-Bas, France, Italie peut être…) ont admis qu’il fallait relancer le nucléaire. On approche de la raison, c’est bien. Mais pour se faire pardonner (en France particulièrement), les autorités politiques en rajoutent sur les éoliennes et les panneaux solaires : c’est du « en même temps » pur jus. Nos édiles pensent même que régler la question du retard pris dans le développement du nucléaire (dont ils ont tous été plus ou moins les instigateurs délibérés) se fera par une accélération des énergies renouvelables. Ils montrent par là qu’ils n’ont rien compris au dimensionnement d’un réseau électrique, qui se fait en capacité pilotable (les kW) et pas en énergie (les kWh). Il y aura toujours des nuits sans vent. Le soleil et Éole ne sont pas pilotables.

    Hormis ce gage donné aux écologistes pour faire avaler un volteface salutaire, l’éolien et le solaire sont- ils utiles dans un réseau à base de nucléaire, sont-ils même « complémentaires » comme on nous le répète à l’envi ?

    Les énergies intermittentes sont-elles utiles ?

    Dès l’instant où on admet (ce qui est vérifiable très facilement sur les sites nationaux de suivi des productions électriques) qu’il peut y avoir des nuits sans vent sur quasiment toute l’Europe, les éoliennes et le solaire apparaissent comme des investissements redondants sur le réseau, puisqu’il faut assurer la sécurité par des centrales pilotables. Dans ces conditions, qu’apportent-ils ?

    Sur le plan environnemental

    Rien. La production du silicium est au moins aussi polluante que la production du minerai d’uranium. Et on démontre qu’il faut davantage de ressources en matériaux au kWh produit pour l’éolien que pour le nucléaire. Le bilan carbone total est également meilleur pour le nucléaire que pour les ENR intermittentes.

    Sur le plan économique

    Il faut comparer le coût complet du kWh éolien et solaire au coût marginal (en gros le coût d’exploitation variable) des moyens pilotables, puisque de toute façon il faut construire ceux-ci. Pour l’hydraulique et le nucléaire, ces coûts variables sont très faibles, bien inférieurs au coût complet des ENR. Il n’y a donc pas non plus d’intérêt économique.

    Sur le plan de la souveraineté

    Force est de constater que la France n’a pas été capable de construire une filière nationale. Les éoliennes sont construites par des Américains (depuis peu partiellement en France), des Espagnols, des Allemands et des Danois. Le silicium est importé de Chine. Certes, l’uranium est importé, mais d’une variété de pays, ce qui le sécurise. De plus, il est facile d’avoir un stock de dizaines d’années, sans parler de la filière surrégénératrice, que la France a mise au point avec 30 ans d’avance. Et même si nous sous-traitons certaines opérations, nous avons le potentiel technique pour les rapatrier.

    On ne voit donc pas en quoi les éoliennes et le solaire nous sont utiles.

    Les énergies intermittentes nuisent gravement à la conduite du réseau

    Elles varient, à long, moyen et court terme. La variation à l’échelle du jour, voire de l’heure, est très pénalisante. Il faut des centrales pilotables prêtes à intervenir en urgence. L’hydraulique peut jouer ce rôle en deçà de 10GW environ en France. Mais elle n’est pas suffisante au-delà d’une proportion d’intermittents dans le réseau. Et il faut déjà assurer ce suivi rapide pour les fluctuations de consommation. Tout se passe comme si ces fluctuations rendaient encore plus variable la consommation.

    La situation est particulièrement critique en été : même si la pointe de midi coïncide avec le maximum solaire, elle est loin de gommer la variabilité. Imaginons (comme c’est prévu) que nous ayons 60 GW de solaire, ça démarre à zéro à 6 heures du matin, culmine à 60 GW à midi, et redescend à zéro à 21 heures… Il faut un réseau pilotable qui fasse ce yoyo en sens inverse…

    Le nucléaire n’en n’est pas capable, du moins sans risques, sans surcoûts et sans raccourcir la durée de vie des réacteurs. Les grosses centrales à charbon et même les grosses centrales à gaz (à combustion combinée) ont le même problème, lié aux changements de température et de dilatations lors des changements de régime.

    On ne peut donc utiliser que des centrales très flexibles. Ce sont généralement des centrales à gaz alimentées en gaz naturel, voire des turbines de type aéronautique. Leur rendement est moins bon et surtout elles ne fonctionnent pas en régime nominal, ce qui dégrade considérablement leur rendement.

    En outre, que fait-on si le soleil d’août donne 60 GW avec une charge de consommation de 50 GW ?

    Pour l’éolien, c’est un peu la même chose, avec des fluctuations différentes, aléatoires : le vent souffle par rafale, les variations en local peuvent être très rapides… Le réseau peu les encaisser dans une certaine mesure… si on a des grosses centrales pilotable dessus, comme on le verra ci-dessous. Mais il y a des limites.

    C’est ce qui explique l’engouement des fournisseurs de gaz pour les énergies intermittentes…

    D’autres contraintes peu connues car plus techniques

    La source finale de l’électricité produite par les éoliennes et les panneaux solaires est constituée de convertisseurs électroniques. Ils n’ont pas d’inertie, comme les gros groupes turbo-alternateurs. Or, cette inertie est indispensable pour absorber, justement, les fluctuations rapides du réseau. Pour pallier ce défaut, il faut ajouter des dispositifs coûteux : batteries, condensateurs, le tout piloté (encore) par de l’électronique. Notons d’ailleurs que ces coûts ne sont pas supportés par les ENR !

    Les équipements utilisateurs de l’électricité ont besoin d’une énergie productive mais aussi d’une composante non-productive (appelée énergie réactive). Seules les centrales à turbo-alternateurs peuvent la fournir. Là encore, on peut la fabriquer électroniquement mais au prix de gros investissements.

    Ces deux problèmes sont cruciaux. À tel point que certains opérateurs d’ENR intermittentes suggèrent de faire tourner les grosses centrales à vide juste pour pallier ces défauts !

    Et la suite ?

    On pourrait résumer tout ceci en renversant la problématique : les ENR ne viendront pas au secours des centrales classiques, ce sont les centrales classiques qui viennent au secours des ENR.

    Mais comme la réalité de la guerre en Ukraine s’impose pour redorer le blason du nucléaire, les réalités technico-économiques s’imposeront un jour pour valider les réflexions ci-dessus. D’ici là, beaucoup de dégâts auront été faits. On aura sans doute aussi construit de nouvelles centrales à gaz pour attendre le nouveau nucléaire.

    L’Allemagne a déjà ces problèmes, avec 130 GW d’ENR intermittentes. Elle les « dilue » sur l’ensemble de ses voisins pour l’instant. Mais si tout le monde fait comme elle ?

    • Co chevron_right

      Doit-on promouvoir l’abstinence énergétique ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 8 March, 2023 - 03:40 · 9 minutes

    Dans le récent article du journal Le Monde intitulé « Une relance nucléaire décidée dans le plus grand mépris démocratique », la secrétaire nationale d’un parti ayant eu la peau de Fessenheim et celle de Superphénix, avec seulement 6 à 7 % du corps électoral, déplore implicitement le bafouage de sa militante chasse gardée : la CNDP.

    Madame Tondelier surestime manifestement le nombre des nostalgiques de cette mystification consultative et n’a pas encore perçu que ses compatriotes en ont majoritairement soupé de la fallacieuse démocratie dont ils n’ont pas fini d’endurer les effets délétères. Désormais, ces Français veulent être directement pris à témoins de l’appréhension par des experts reconnus de problèmes fondamentaux comme celui soulevé ci-après par Jean-Jacques Biteau 1 , sans travestissement médiatique, ni intermédiaire.


    La liberté relative de chaque être humain de choisir son alimentation et son énergie

    Elle est toute relative, car très différente suivant les pays et les niveaux sociaux des individus.

    Le problème majeur est que la planète Terre a des limites que nous, humains, cernons d’évidence de plus en plus, explorons et exploitons. Cette exploitation ne se construit d’ailleurs pas toujours dans des conditions de préservation naturelle optimales alors que celles-ci deviennent de plus en plus essentielles à nos projets pour les rendre acceptables.

    Il est possible que pour peu que nous découvrions un jour sur Mars ou sur la Lune des éléments utiles à produire notre énergie, nous puissions les extraire et les importer. Ceci n’est certainement pas pour le court et le moyen terme. La fusion nucléaire viendra aussi probablement à moyen terme fournir de l’électricité et, comme la fission nucléaire, sera contrôlée et mise en œuvre par des États, à cause des forts CAPEX, sans parler de sécurité des installations.

    Les limites planétaires sont des limites volumiques. Je ne parle pas de l’uranium mais d’abord des produits carbonés fossiles qui sont pour 80 % ceux de notre énergie. Ils proviennent de stocks animaux et de végétaux déposés, enfouis et fabriqués pendant des millions d’années avec des pertes considérables du début à la fin. La géologie et la durée des processus regorgent de facteurs contraires à leur préservation, ce qui rend ces hydrocarbures et à moindre titre les charbons très précieux et épuisables. Contrairement aux idées répandues, les liquides et les gaz naturels vont se raréfier à moyen terme et décliner en quantités et en volumes d’extraction. Le charbon c’est un empire de mille ans.

    Des consultants comme Rystad ou WoodMackenzie commencent à en parler en citant certains types de pétroles et même tous les hydrocarbures, comme c’est le cas de l’ ASPO depuis 30 ans. Les compagnies pétrolières le savent mais ne vont pas se tirer une balle dans le pied, si j’ose dire ! Vous remarquerez que certaines empruntent les chemins d’autres sources d’énergie, ce qui n’est pas du pipeau – du greenwashing comme disent les journalistes – mais leur survie à terme et leur préparation du futur.

    La démographie humaine fait que nos besoins énergétiques, certes très inégaux entre les continents et les pays, augmentent sans cesse et la transition voulue se révèle être une addition de sources dont certaines que l’on pensait déclinantes comme le charbon ou la biomasse.

    Tout cela mis bout à bout fait qu’une régulation est indispensable (chauffage, transports en commun…). J’y ajouterai bien volontiers l’utilisation de l’eau, un bien commun essentiel à notre alimentation…

    Ces règles que vous trouvez contraignantes seront capables de préserver notre niveau de vie et d’aider ceux qui ont un niveau de survie à élever. Bien sûr, et c’est le point de vigilance, ceci est concevable en évitant de se laisser aller aux endoctrinements et puis aux dictatures que des idéologues dogmatiques et radicaux – « pastèques » ou « khmers verts » – très minoritaires, comme les bolcheviks ou les nazis au début de leurs ascensions, sauraient nous imposer, pour peu qu’on n’anticipe pas cette régulation énergétique et minière.

    Minière, oui nécessairement et ce sera en rouvrant activement des mines notamment en Europe occidentale, à même de nous pourvoir en minéraux critiques que l’électrification de la locomotion nécessitera.

    Pierre-René Bauquis 2 renchérit sur le caractère prégnant de la finitude des ressources énergétiques naturelles.

    La planète devrait pouvoir tolérer sur son sol la présence de 3 à 4 milliards d’êtres humains sans trop de préjudices pour leur biosphère mais pas celle de dix ni même de cinq milliards. Et si une vraie lueur d’espoir assez inattendue et discutable semble se dessiner pour l’aventure humaine, quant à son avenir démographique, la lecture d’une étude de l’ASPO – le président en est Jean Laherrere – me conduit à penser qu’il n’est toujours pas exclu que le vaste rééquilibrage démographique se fasse de façon catastrophique. Certes, il y a une trentaine d’années j’étais convaincu que ce rééquilibrage ne pourrait se faire qu’à coup de famines, de guerres et d’épidémies.

    C’est sous l’angle de ce constat qu’il convient de placer aujourd’hui le débat car le vieux dilemme étatisme versus libéralisme présente, certes, un intérêt pour la gestion court/moyen terme mais pas pour la gestion de long terme.

    Réfléchir dès maintenant à une évolution de la notion d’État vers toujours plus de dirigisme ?

    Sans doute pas, car le devoir premier et permanent d’un État est de promouvoir les conditions permettant au peuple de s’approvisionner suffisamment en eau et en énergie.

    En 2023, ceci signifie adopter l’attitude résolument déterministe consistant à trouver le moyen de garantir à l’économie du pays l’approvisionnement énergétique le plus abondant, le plus sûr et le moins cher possible, laissant à d’autres dont c’est le rôle, la fonction ou le métier de donner une matérialité à des états d’âme prospectifs ou probabilistes.

    Une telle responsabilité interdit en tout cas à l’État de se muer en organisation confessionnelle ou en agence doctrinaire s’autorisant la police morale et/ou la police des mœurs chargées de contingenter les consommations d’énergie. Cette responsabilité consiste au contraire à laisser le soin à des systèmes production-consommation commerciaux loyaux et surtout disciplinés de procéder le plus naturellement du monde à tout contingentement, lorsque nécessaire. Depuis la nuit des temps, le gradient des contingentements le plus lent qui se puisse imaginer résulte en effet de la rencontre permanente des limites physiques de notre univers par les systèmes en question. Hélas, pour le plus grand malheur de la France, l’idéologie depuis trop longtemps au pouvoir nie contre toute évidence que ce gradient a jusqu’ici ménagé à un génie humain toujours plus inventif les temps de réponse suffisant à permettre à la civilisation de s’adapter au fur et à mesure.

    Or, c’est précisément dans cette inventivité que tout État soucieux de l’optimisation du progrès économique et social de ceux qui l’ont constitué est tenu de puiser constamment pour favoriser l’accroissement des rendements et de l’efficacité énergétique de tous les process techniques, organisationnels, sociaux et même intellectuels réclamant de l’énergie, des matières premières et de la main d’œuvre. N’est énoncée là que la banalité de l’optimisation socioéconomique dans laquelle le niveau de vie des citoyens a toujours puisé sa croissance, érigée en précepte depuis un siècle et demi par les économies les plus saines.

    Mais la sobriété, voire l’ascèse énergétique que s’imposerait une société entière ou que lui imposeraient ses gouvernants, portant le nom de récession programmée, n’a rien à voir avec tout ceci. On attend de ceux qui pense le contraire la démonstration selon laquelle la prospérité économique – la croissance pour faire simple – ne serait pas proportionnelle à la consommation de matières premières, à la consommation d’énergie tout particulièrement.

    Si donc on admet que les économies d’énergie ne peuvent être attendues que de l’amélioration de tous les rendements industriels et sociaux, la seule chose à faire est de rendre notre économie la plus performante possible, ce que font très mal, depuis des années, les acteurs qui chez nous en ont la charge et prétendent pourtant faire de leur mieux.

    En tout cas, le gosplan étatique consistant à imposer la rénovation et l’isolation des bâtiments à marche forcée et à un prix d’or 3 qui serait plus utile à financer les moyens de production énergétiques dont on prétend ainsi se passer, ce gosplan donc est bien le contraire d’une optimisation économique. Car, outre qu’on décide d’une baisse de régime de la machine économique, au sens premier du terme, le rendement de la dépense ainsi arrachée aux Français, sans qu’ils aient eu à en choisir l’usage, promet d’être catastrophique, comme tout ce que touche leur État.

    En résumé, la société moderne – la française en particulier – semble plus que jamais confrontée au dilemme suivant : choisir ou non de provoquer la récession économique par une décroissance énergétique volontaire que, même modérée, aucune mesure d’abstinence ne sera capable de compenser, en termes de PIB. Or, en l’état actuel des choses, choisir de ne pas provoquer une telle récession ne peut consister qu’à tout miser sur l’énergie nucléaire de quatrième génération et à laisser à un marché non dévoyé le soin de rendre l’abstinence attractive, à un rythme permettant au consommateur et au contribuable d’en mesurer régulièrement les bienfaits sur leurs factures.

    1. Jean-Jacques Biteau, Ingénieur géologue ENSG Nancy 1977, retraité Elf Aquitaine et Total (1979-2019) ; dernier poste actif : Directeur E&P de la Coordination/Arbitrage Exploration
    2. Pierre-René Bauquis, Géologue ENSG et économiste ayant travaillé à l’Institut Français du Pétrole et au groupe Total, enseignant en économie énergétique en France et à l’étranger.
    3. Se figure-t-on bien les sommes colossales représentées par « la mise à niveau thermique » de l’ensemble du parc immobilier français, dans les courts délais requis par la disparition programmée de nos moyens de production ? Des sommes colossales que l’État se dispose à extorquer quasiment au comptant et non à tempérament au contribuable et au consommateur.
    • Co chevron_right

      Industrie, énergie, agriculture : la décadence française

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 7 March, 2023 - 04:00 · 6 minutes

    Rien ne va plus dans notre pays qui s’installe dans une perte de savoir-faire dans pratiquement tous les domaines économiques.

    Après avoir assisté à la décomposition de notre système productif industriel qui, je le rappelle, est passé en 20 ans de 24 % du PIB à moins de 10 % à ce jour, c’est également notre développement énergétique qui bat de l’aile. Et, c’est inadmissible, notre agriculture qui suit la même pente.

    La France n’est plus autosuffisante en agriculture

    En moins de dix ans, notre balance commerciale agricole européenne est passée d’un excédent de 6 milliards d’euros à un déficit de 300 millions en 2022.

    En 20 ans, la France est passée du deuxième au cinquième rang des exportateurs mondiaux.

    Le pays importe 70 % des fruits consommés.

    En 40 ans, le nombre de paysans est passé de 1,6 million à 400 000 aujourd’hui et va certainement passer à 200 000 en 2030.

    Cet effondrement n’est pas dû uniquement à l’environnement fiscal mais également à une spécificité française qu’est la surinterprétation des normes européennes, avec pour conséquence une seconde pénalisation des agriculteurs sur le marché mondial mais surtout européen.

    Gestion absurde de l’indépendance énergétique

    Suite au premier choc pétrolier de 1973, Pierre Messmer, Premier ministre de Georges Pompidou, décide d’axer la production d’électricité sur le nucléaire, démarrant ainsi la construction de 19 centrales, en activité avant la fermeture de Fessenheim .

    Nos écolos irresponsables, aidés en cela par un François Hollande soucieux uniquement de son élection à la présidence, ont décidé idéologiquement la mort du nucléaire, n’hésitant pas pour cela à mentir et surtout à trahir. Dominique Voynet, ministre du gouvernement Jospin, n’a même pas honte de s’en vanter dans une vidéo ou elle avoue un deal fomenté avec son collègue britannique pour casser la filière nucléaire européenne, faisant fi des consignes de son Premier ministre de tutelle ; et au grand bonheur des Allemands qui n’en demandaient pas tant.

    Puis c’est au tour de Nicolas Hulot, ministre démissionnaire sous Macron, parti en laissant un dossier explosif qui consistait à sortir coûte que coûte du nucléaire sans aucune autre solution pour prendre le relais ; et malgré un rapport de 2018, qu’il avait lui-même commandé avec Bruno Le Maire.

    Classé « secret défense », ce rapport annonçait ce que nous constatons à ce jour, c’est-à-dire une insuffisance énergétique, et prônait l’urgence absolue de démarrer rapidement la construction de 6 nouveaux EPR : comme par hasard M. Hulot, auditionné dernièrement par l’Assemblée nationale , semble frappé d’amnésie et ne souvient plus de ce rapport.

    Le résultat est catastrophique, tant du point de vue financier qu’écologique, un comble pour ceux sensés en être les défenseurs.

    L’ardoise est sévère : outre l’abandon de Superphénix (Jospin) et Astrid (Macron) qui auraient résolu le problème des déchets nucléaires et auraient garanti une indépendance d’au moins un siècle à un coût extrêmement bas, selon Les Échos , le coût des délires écolos se chiffre à 29 milliards de dollars pour l’année 2022.

    Tout confondu, ce seront des centaines de milliards gaspillés dans les années à venir et ceci sans qu’aucun coupable ne soit sanctionné !

    La désindustrialisation à l’origine de cette débâcle

    Une industrie à la dérive à laquelle on ajoute un prix de l’énergie qui s’envole suite à une gestion désastreuse, entraîne le pays dans une spirale autodestructrice qui ne pourra donc pas mettre fin à sa désindustrialisation malgré les incantations du ministre des Finances.

    Largement dénoncé dans mes précédents articles, c’est la surreprésentation administrative et son coût pharaonique amplifiée par une overdose de contraintes aussi inutiles qu’inefficaces qui ont conduit à surimposer et surtaxer les entreprises les rendant de ce fait non concurrentielles.

    La solution de facilité adoptée d’acheter à l’étranger ce qui n’est plus produit à des prix raisonnables sur le sol français a comme résultat un déficit extravagant de la balance commerciale de 164 milliards en 2022 battant tous les records, sans compter le coût de la dépendance à des pays producteurs pas toujours fréquentables.

    Entre autres preuves du déclassement industriel : la fabrication du matériel de défense du pays. Nos gouvernants qui se targuent à raison d’être le seul pays européen à pouvoir intervenir sur les lieux de conflits, achètent des fusils en Allemagne alors que, comme aux États-Unis, l’industrie militaire pourrait rapporter des devises. Notre voisin l’a bien compris car malgré sa faiblesse militaire il est capable de produire 4000 chars Léopard tandis que la France n’a même pas produit 1000 chars Leclerc.

    Industrialisés convenablement leur coût unitaire baisserait fortement permettrait d’augmenter notre parc sans dépenser plus et les exporter de façon compétitive.

    La boucle est bouclée. Faute de politique industrielle réaliste celle-ci se désagrège irrémédiablement, entraînant toute l’économie française dans sa chute. Le remède est connu. Il ne faudra pas se contenter de mesurettes mais immédiatement libérer les entreprises et tout le reste suivra.

    Résultat : une finance à la dérive

    Cette incompétence notoire ne pouvait que nous amener à la compenser par un cache-misère qui s’appelle la dette.

    Avec l’augmentation des taux d’emprunts, la charge de la dette est passée de 35 milliards d’euros en 2021 à 50 milliards d’euros en 2022 et va certainement atteindre 100 milliards avant la fin du quinquennat, devenant ainsi le premier budget de l’État !

    Avec une dépense correspondant à 59 % du PIB, mais 135 % si on le rapporte au budget de l’État (déduction faite des dépenses sociales financées séparément) l’État n’a pas d’autre solution que de se réformer urgemment et drastiquement. Le FMI le rappelle régulièrement et ne saurait tarder à mettre le pays sous tutelle.

    Ce délitement de l’économie française se traduit dans la vie courante par un système de santé qui part à la dérive , un système éducatif qui s’enfonce dans les fins fonds du classement PISA, une justice qui porte très mal son nom et une administration qui survole cette agonie comme si elle n’était pas concernée.

    Comment en sommes-nous arrivés là ?

    La France, a été la première puissance économique à la fin du XVIII e siècle ; la troisième en 1961 ; la quatrième en 1971 ; cinquième en 1997 ; sixième en 2005 et septième depuis 2017 (alors que l’Allemagne n’a perdu qu’une place).

    Imputer la faute aux autres est trop facile.

    Il y a du gaz de schiste sur notre territoire et pour plus de 100 ans, mais nous préférons l’acheter aux États-Unis et avons choisi la dépendance aux Russes ou maintenant aux Américains. L’entreprise la plus en pointe au monde pour l’extraction du gaz de schiste est TotalEnergie, une entreprise française mais on lui interdit toute recherche sur notre territoire.

    Nous savons produire du matériel militaire de bonne qualité : avions, chars, missiles d’attaque ou de défense, porte-avions etc. Ils ont fait la preuve de leur grande qualité mais si nous préférons dépenser à outrance pour le social c’est notre problème, pas celui des Américains.

    La gestion des finances et le gaspillage d’argent public, c’est encore notre problème, si nous préférons jeter l’argent par les fenêtres afin de ne pas décevoir nos syndicalistes qui ne représentent qu’eux-mêmes au détriment des forces vives de notre pays. C’est un choix qu’il faut assumer.

    Si nous voulons nous affranchir de la valeur travail et si sur toute une vie active, notre souhait est de travailler 30 % de moins que nos voisins allemands, c’est notre décision. Mais il faut admettre un niveau de vie 30 % inférieur et un État qui fonctionne moins bien.

    • Co chevron_right

      Énergie : les contorsions de Ségolène Royal

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 3 March, 2023 - 03:35 · 8 minutes

    Madame Ségolène Royal, ministre de l’Énergie entre 2014 et 2017, a sauvé la France à en croire son audition par la Commission d’enquête sur la souveraineté énergétique de la France le 7 février 2023. Pourtant, elle figure parmi les principaux responsables des difficultés actuelles de production de l’électricité et de l’augmentation vertigineuse de son coût en France.

    Ses déclarations rappellent étrangement le fameux « Responsable mais pas coupable » de l’ancienne ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale du gouvernement Fabius, Georgina Dufoix.

    Un culot à toute épreuve

    Madame Royal ne manque pas d’air.

    Déjà ministre de l’environnement en 1992, une de ses préoccupations « consistait à ne pas laisser croire que nous disposions d’une énergie abondante, sous la forme du nucléaire ». On peut se demander pourquoi.

    Elle veut en conséquence imposer « une civilisation moins consommatrice d’énergie » et elle est directement impliquée dans la débâcle du nucléaire français et la flambée des prix de l’électricité… qu’elle n’a pas souhaité.

    Selon ses attributions ministérielles de 2014 à 2017, elle était chargée d’élaborer et de mettre en œuvre la politique de l’énergie « afin notamment d’assurer la sécurité d’approvisionnement et la lutte contre le réchauffement climatique » avec le succès constaté aujourd’hui.

    Elle déclare sans sourciller « J’ai souhaité que la France finalise sa stratégie bas carbone afin de se montrer exemplaire à la Conférence de Paris sur le Climat (COP21) de décembre 2015 » sans jamais citer le nucléaire comme le moyen permettant pourtant encore aujourd’hui à la France de se placer en tête des grands pays industrialisés pour sa production d’électricité décarbonée.

    Madame Royal manie le verbe avec talent pour aligner des mots ronflants dans des phrases creuses ayant l’apparence du bon sens pour, telle une anguille, se faufiler entre les questions précises de la Commission d’enquête. Elle met rarement des chiffres en face de ses affirmations péremptoires, parfois fausses. Par exemple : « les réacteurs de Fessenheim tombaient souvent en panne ».

    Le président de la Commission lui a d’ailleurs rappelé qu’elle témoignait sous serment et lui a demandé :

    « À l’issue de l’audition, pourriez-vous nous communiquer les éléments que vous avez indiqués sur la fermeture de Fessenheim ? Je pense notamment aux arrêts des réacteurs à Fessenheim, à comparer au reste du parc » .

    Madame Royal déclare également : « Je désirais profiter de la COP21 pour encourager nos industriels à prendre de l’avance dans tous ces domaines » alors qu’elle n’a pas cité une seule fois le nucléaire employant 35 000 personnes comme faisant partie de ces énergies décarbonées parmi ces domaines…

    « Nous composions donc avec une diversité dans les territoires »: l’expression est belle mais elle ne signifie rien. Dans le domaine de la production d’électricité la diversification avec des productions aléatoires (EnRI) ne contribue pas à la robustesse de la production, mais au contraire la centralisation avec de puissants moyens pilotables. Ajouter des œufs pourris dans le panier de production fragilise le réseau et augmente les coûts.

    Au final, il reste une impression écœurante issue d’un mélange de mauvaise foi, d’ignorance stupéfiante à ce niveau de « responsabilité », ou de bêtise profonde concernant la production d’électricité et le système énergétique français.

    Être les meilleurs !

    Selon madame Royal, pour « continuer à être les meilleurs dans le domaine énergétique, il convient avant tout d’économiser l’énergie » (peut-être est-ce une maladie dont il faut se protéger ?), et donc d’aller vers le rationnement (mot tabou jamais employé).

    Et bien sûr, il est nécessaire que « les énergies renouvelables constituent un deuxième pilier ». Madame Royal déclare froidement que « l’hydroélectricité a réglé le problème de stockage » des énergies renouvelables intermittentes (EnRI) dépendantes du vent et du soleil !

    La loi de 2015 sur la croissance verte qu’elle a portée activement ne vise pas à diminuer le nucléaire mais à « porter » sa part à 50 % dans le mix énergétique français à l’horizon 2025 tout en souhaitant « réduire de 40 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030 par rapport à 1990 ». Pour mémoire, le nucléaire émet moins de GES que l’éolien ou le photovoltaïque !

    De qui se moque-t-elle ?

    Trois objectifs ratés

    « La loi de 2015 poursuivait également trois objectifs politiques forts, qui figurent d’ailleurs dans l’exposé de ses motifs :

    « ne pas opposer les énergies les unes aux autres » ; c’est raté puisque le développement des EnRI est utilisé comme une arme pour s’opposer au nucléaire et tarit les financements pour la relance de ce dernier.-

    – « faire en sorte que la France ne connaisse ni pénurie ni dépendance » ; c’est encore raté puisque l’intermittence des EnRI nécessite des centrales à gaz ou au charbon importés, ou de l’électricité carbonée importée de chez nos voisins.

    – « disposer d’un champ d’énergies propres, sûres et les moins chères possible ». Là aussi c’est raté, notamment sur le volet coût de l’électricité en forte hausse ces dernières années à cause principalement des EnRI alors que le coût du nucléaire est stable.

    Autant de naïveté ou d’incompétence est désarmante. Elle constate pourtant elle-même que, au sortir de la guerre, le conseil national de la résistance « présentait l’énergie comme un levier majeur de développement . Cette approche a conduit au service public de l’énergie, et à la création d’entreprises publiques puissantes » (sans citer le nucléaire…).

    « En 2015, j’ai demandé au parlement de consentir le même effort d’imagination, d’anticipation et d’investissement afin de prendre le tournant de l’autonomie énergétique et de la lutte contre le réchauffement climatique ».

    Sauf que madame Royal n’avait pas remarqué que c’était déjà fait depuis 30 ans et que la France était déjà quasiment championne du monde dans ces domaines !

    Dire une chose…

    « Selon moi, la transition énergétique a besoin de stabilité et de sécurité, et je regrette que les changements ministériels aient provoqué des reculs, au détriment des entreprises et industriels. Ils ont besoin de durabilité et de visibilité pour arrêter leur stratégie et investir ».

    Oui, mais elle a fait le contraire en s’impliquant dans la fermeture des deux réacteurs de Fessenheim, en limitant les perspectives dans le nucléaire, et en laissant perdre les compétences dans la première filière énergétique en France.

    « De mon point de vue, on ne peut pas être pour ou contre le nucléaire, mais uniquement pour un modèle énergétique équilibré, nous fournissant une énergie la moins chère possible, nous garantissant une indépendance et une stabilité des règles ».

    Oui, mais là encore elle a fait le contraire en sabordant le nucléaire stable et relativement bon marché. Elle a aussi accru la dépendance de la France au gaz, aux matières premières importées pour les éoliennes, et aux panneaux photovoltaïques chinois.

    Elle déclare « L’énergie, c’est la vie. Il s’agit du sujet le plus important dans un pays et dans sa stratégie ». Mais elle avoue peu après que, durant sa campagne présidentielle de 2007, « l’énergie n’était pas un sujet archiprioritaire » alors qu’elle avait déjà été ministre de l’Environnement en 1992 !

    Au bal des faux-culs…

    Après plusieurs dizaines d’années de vie politique, madame Ségolène Royal manie admirablement la langue de bois. Si elle se plaint dans cette audition que « les technocrates n’ont jamais de comptes à rendre sur rien », elle ferait bien de s’intéresser aussi aux politiques qui peuvent dilapider des milliards d’euros d’argent public par idéologie et spolier les Français sans rendre aucun compte devant la justice si les formes légales sont respectées.

    Et madame Royal, qui perd parfois la mémoire sur ses déclarations contradictoires rappelées par le rapporteur de cette commission, a fait des émules.

    En effet, l’actuelle Première ministre Elisabeth Borne a été à bonne école. Elle a été directrice de son cabinet au ministère de l’Énergie de 2014 à 2017. Elle s’est félicitée de la fermeture des deux réacteurs nucléaires de Fessenheim en 2020 mais elle soutient cependant aujourd’hui la commande de 6 réacteurs nucléaires EPR (et peut-être 14) annoncée le 10 février 2022 par le président Macron.

    Au sujet de madame Borne , Ségolène Royal a déclaré dans son audition :

    « Après mon départ du ministère, mon ancienne directrice de cabinet (Elisabeth Borne) est elle-même devenue ministre de l’Environnement, en binôme avec M. Antoine Pellion. Ils ont alors décidé de la fermeture de la centrale de Fessenheim, non conditionnée à l’ouverture de la centrale de Flamanville, et publié une PPE contenant une liste de fermetures de réacteurs.

    Enfin, en novembre 2019, ils ont demandé à EDF d’imaginer un scénario « 100 % énergies renouvelables ». Ils contredisaient ainsi publiquement M. Jean-Bernard Levy, selon lequel il convenait de réfléchir à de nouveaux réacteurs car d’autres arrivaient en fin de vie.

    Comment des ingénieurs, techniciens et ouvriers peuvent-ils se sentir motivés par l’énergie nucléaire, ne serait-ce que pour entretenir les centrales, s’ils entendent que cette énergie va s’arrêter ? C’est impossible ».

    C’est pourtant bien madame Royal qui a initié ce mouvement de réduction pour sortir du nucléaire en France.

    Au sujet de monsieur François Brottes, autre fossoyeur du système électrique alors qu’il avait été nommé président de réseau français d’électricité (RTE) par madame Royal après avoir été le rapporteur de la loi de 2015 sur la « croissance verte », elle déclare « Certains changent de position en fonction de leur posture. Moi, je ne l’ai jamais fait »… Chacun appréciera.

    Madame Royal est certainement une danseuse étoile au bal des faux-culs mais, hélas pour la France, elle n’est pas la seule à briller au firmament de l’irresponsabilité.

    • Co chevron_right

      La concurrence a favorisé le marché américain de l’électricité

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 28 February, 2023 - 03:50 · 4 minutes

    Un article de l’Iref-Europe

    Le marché américain de la production, du transport et de la distribution de l’électricité est ouvert à de nombreuses entreprises privées ou publiques, des utilities , régulées au niveau fédéral par deux agences qui coordonnent leur travail : la Federal Energy Regulatory Commission (FERC) et la Energy Information Administration (EIA). Une réglementation veille à éviter les abus de monopole territorial des réseaux qui gèrent le transport (lignes à haute tension), tandis que la production et la distribution d’électricité (lignes à basse tension), plus concurrentiels par nature, sont plus libres.

    Alors qu’antérieurement les utilities devaient en principe limiter leurs activités au seul domaine régulé et au territoire d’un seul État face à une crise énergétique, une loi de 1978, dite PURPA, a encouragé la concurrence, la fiabilité et l’efficacité de la production et de la distribution de l’électricité en favorisant la création de nouvelles centrales de production, des qualifying facilities (QFs), auxquelles les opérateurs électriques traditionnels, les utilities , étaient désormais obligés d’acheter une partie de leur électricité lorsque les prix affichés par les QFs permettaient de proposer une électricité moins chère pour le consommateur que si l’ utility s’était chargée elle-même de la production. Cette loi fédérale, dont l’application était confiée aux États fédérés, contribua à la construction de nombreuses centrales nouvelles et indépendantes de production d’électricité.

    En 1992, une nouvelle loi fédérale, Energy Policy Act (EPACT), a encore ouvert le marché de la production électrique à la concurrence en permettant à de nouveaux producteurs indépendants, les « Exempt Wholesale Generators », moins réglementés que les QFs et les compagnies traditionnelles, de vendre leur production ou même de l’électricité acquise ailleurs, à des acheteurs sur un ou plusieurs États via les réseaux électriques locaux auxquels les utilities devaient leur donner accès.

    D’autres lois subséquentes en 2005, 2007 (Energy Independence and Security Act), le Clean Power Plan en 2015… ont encore favorisé, notamment par des programmes d’aides publiques, la compétition intérieure et incité à la production d’énergies renouvelables.

    Globalement, la production d’énergie électrique aux États-Unis est bien réglementée tant au niveau fédéral, via l’organisme indépendant de contrôle, la Federal Energy Regulatory Commission, qu’au niveau des 50 États – avec leurs Congrès respectifs et leurs autorités de régulation locales : les Public Utilities Commissions . Une autre agence fédérale indépendante, Energy Information Administration (EIA), est chargée de fournir des données et des prévisions indépendantes du pouvoir politique, et des analyses permettant des décisions politiques appropriées. Mais globalement, la production, le transport et la distribution en gros de l’électricité sont beaucoup plus diversifiés et plus décentralisés qu’en France.

    Curieusement, le marché de détail offrant aux consommateurs la possibilité de choisir leur fournisseur géré au niveau des États, a été moins ouvert à la concurrence qu’en Europe. Des États importants avaient ouvert leur marché de détail à la concurrence : Texas , New York, Michigan, Ohio, Illinois, Pennsylvanie… mais ils ont été plus frileux après le scandale Enron et la crise de l’électricité en Californie au début des années 2000 que certains ont attribué à la libéralisation du marché. Il semble pourtant que cette crise a été surtout due à la réglementation du marché qui imposait des contraintes environnementales excessives aux producteurs, un prix plafond aux distributeurs d’électricité et empêchait ceux-ci de signer des contrats d’approvisionnement à long terme.

    Les tarifs d’électricité

    Le marché américain de l’électricité a permis d’offrir aux consommateurs des prix inférieurs à ceux de la France et leur augmentation de 2000 à 2020 a été en moyenne (tous secteurs confondus) de l’ordre de 25 % ainsi que l’indique ce tableau de l’EIA sur les prix de détail mensuels de l’électricité de 2000 à 2020 :

    En France, le tarif électrique est plus élevé, même le tarif réglementé, et il a connu des hausses de l’ordre de 70% de 2000 à 2020 :

    Prix de l’énergie en France

    Graphique évolution prix énergie – Source : Info énergie

    Mais contrairement aux États-Unis les prix ont flambé en France et en Europe depuis 2021 ainsi que l’indique le tableau ci-dessous (cf. le graphique de l’EIA ci-dessus) :

    Certes, la relative liberté de marché et le nombre important d’acteurs privés, y compris dans la production nucléaire, ont parfois causé des accidents de parcours aux États-Unis. La relative stabilité des prix de l’électricité y est due aussi à l’augmentation significative de la production du gaz de schiste à bas prix. Ayant de la peine à soutenir la concurrence avec ce gaz, de nombreuses centrales nucléaires ont été en difficulté et ont dû faire appel à l’argent public (Nex-York, Illinois, Ohio, Pennsylvanie) et/ou se placer sous la protection du  « chapter 11 » pour éviter les faillites, comme Westinghouse en 2017, tandis que certaines entreprises comme Santee Cooper et Scana Corporation stoppaient la construction de nouveaux réacteurs.

    Aux États-Unis le secteur de l’énergie électrique parvient néanmoins à réduire sensiblement sa production carbonée, la production venant du charbon et du pétrole ayant baissé de 50 % environ depuis 20 ans comme le montre le graphique ci-après :

    En définitive, avec toutes les imperfections du marché américain et le mélange parfois nocif de réglementation et de compétition qui y existe, la large privatisation du marché et la concurrence offrent au consommateur une énergie à meilleur prix et peut-être plus sécurisée que sur le marché hyper réglementé de l’Europe.

    Sur le web

    • Co chevron_right

      Comment l’Europe contribue à aggraver la crise énergétique

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 18 February, 2023 - 04:15 · 4 minutes

    Un article de l’IREF

    Taxation des superprofits, nationalisation d’EDF ou encore bouclier tarifaire accordé aux petites entreprises, les propositions pour contrer les effets de la crise énergétique sont nombreuses. Loin de s’attaquer à la racine du problème, ces solutions court-termistes occultent le fait que la crise que nous traversons est, en partie, imputable à certaines politiques énergétiques de l’UE.

    Un marché européen de l’électricité étouffé par la réglementation…

    Les causes de la crise énergétique sont multiples et complexes. Raison pour laquelle il est important de revenir à la racine du problème et de rappeler le fonctionnement du marché européen de l’électricité . Lancé en 1996, ce marché – et plus particulièrement le marché de gros – est fortement encadré par l’UE et par 25 autres cadres nationaux. Le règlement de l’Union européenne 2015/1222 contrôle les prix selon le principe de la tarification marginale, lequel prévoit « des prix maximaux et minimaux harmonisés à appliquer dans toutes les zones de dépôt des offres », ainsi qu’un prix identique « pour chaque zone de dépôt des offres et pour chaque unité de temps du marché ».

    Problème : sur le marché de gros, le prix de l’électricité repose sur le prix moyen de la dernière centrale électrique (le plus souvent, des centrales à gaz). Ce système est censé favoriser les énergies renouvelables mais la moindre tension d’approvisionnement en gaz risque de se répercuter sur l’ensemble des prix de l’énergie. Par conséquent, plusieurs États membres de l’UE ont été contraints d’appeler à une réforme structurelle afin de plafonner les prix du gaz , et rendre les prix de l’électricité moins dépendants. Des pays comme l’Espagne et le Portugal ont obtenu une dérogation exceptionnelle pour fixer eux-mêmes leurs prix, et ainsi soulager la facture des ménages et des industries. Si la guerre en Ukraine n’arrange rien, il ne fait alors aucun doute que les tensions du côté de l’offre sont liées à cette réglementation .

    … et fragilisé par les politiques « écologistes » de l’UE

    Outre l’excès de règlements qui affecte le marché de l’électricité , un autre facteur contribue à aggraver la crise énergétique en Europe.

    Après la catastrophe de Fukushima en 2011, et sous la pression d’un certain activisme écologiste, la part du nucléaire a été progressivement réduite dans de nombreux pays européens, au profit d’énergies renouvelables intermittentes. En Allemagne surtout, mais aussi en France, grand producteur et exportateur historique d’électricité. Des énergies intermittentes qui évidemment, tout le problème est là, nécessitent que d’autres sources d’électricité continuent à fonctionner en parallèle pour assurer l’approvisionnement énergétique (comme le gaz), et éviter tout risque de blackout .

    Ceux qui ont sabordé le nucléaire semblent ne pas avoir assez considéré certaines conséquences potentiellement néfastes. Le marché européen de l’électricité étant interconnecté, l’obsession du « tout renouvelable » de l’UE n’a fait qu’accroître la dépendance au gaz russe et au régime de Poutine. Certes, les prédictions alarmistes d’un hiver sans électricité ne se sont pas réalisées mais les ménages et les entreprises ont subi une hausse fulgurante des prix de l’énergie et des matières premières. Là encore, les effets de la crise énergétique auraient certainement pu être atténués si le parc nucléaire en Europe n’avait pas été sabordé pour des motifs idéologiques et si une énergie abondante et pilotable avait été disponible en plus grandes quantités.

    Le déni des bureaucrates bruxellois

    Des erreurs stratégiques qui ne semblent pas faire réagir Bruxelles : le Conseil européen persiste à s’engouffrer dans des politiques irréalistes en portant son objectif à 40 % d’EnR d’ici 2030 (au lieu de 32 % initialement), et l’accélération du déploiement d’énergies renouvelables continue d’être présentée comme une proposition sérieuse par le commissaire européen à l’Énergie . La guerre en Ukraine a pourtant démontré qu’une telle politique ne permettra pas d’aboutir à une énergie fiable, abondante et bon marché ; et encore moins d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050. Sans parler du fait qu’elle place l’Europe sous le joug de la Chine pour les décennies à venir.

    L’absurdité de la situation est telle que la Commission européenne préfère financer le coût de certaines politiques écologiques plutôt que de les suspendre ou de les annuler purement et simplement. L’exemple du système d’échange de crédits carbone ( SEQE ) est particulièrement probant. En raison de la hausse des coûts de l’énergie qu’il impose pour les entreprises européennes, des pays comme l’Espagne ont été contraints de mettre en place un régime d’aides d’État de 2,9 milliards d’euros pour compenser et éviter ainsi une « fuite de carbone » (des délocalisations massives).

    Tout cela pour rien : en 2020, les États-Unis sont parvenus à faire passer la part de l’énergie fossile dans leur consommation primaire d’énergie de 85,7 à 80 % – soit quasiment la même réduction que celle obtenue par les Allemands, sans avoir recours aux très onéreux objectifs de l’ Energiewende . Et pendant que le citoyen américain paye (en 2019 et en moyenne) 13 cents pour un kWh, le citoyen français débourse 22 cents pour le même KWh, contre 34 cents pour son collègue allemand.

    En réalité, une politique énergétique responsable encouragerait davantage l’innovation et ferait confiance à des solutions de marché libre – bien plus qu’à la surréglementation, au contrôle des prix et aux subventions de sources d’énergies peu fiables.

    Sur le web

    • Co chevron_right

      EDF face à l’accès régulé à l’électricité nucléaire

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 10 February, 2023 - 03:40 · 4 minutes

    Beaucoup de monde semble maintenant comprendre ce qu’est l’ARENH, autrement dit l’accès régulé à l’ électricité nucléaire historique. Cet objet économique d’un curieux genre a été inventé par la France pour répondre aux accusations de monopole envers EDF par la Commission de la concurrence européenne.

    La Commission était de mauvaise foi. En effet, si EDF était bien en situation de monopole en France, ce n’était pas le cas en Europe. Or, sur tous les autres sujets concernant l’électricité, en particulier les prix, c’est la plateforme interconnectée européenne qui est considérée, dans laquelle EDF ne répond plus aux critères de monopole.

    Au lieu d’argumenter sur cette incohérence, la France a proposé l’ARENH . C’est en fait l’obligation pour EDF de mettre sur la marché 100 TWh, soit environ 25 % de sa production à un prix fixé par une instance externe et calculé d’après des coûts estimés du nucléaire. L’idée du gouvernement français était de « créer » des concurrents à EDF, dans un premier temps complètement artificiels, avec l’espoir que ceux-ci investiraient dans de nouvelles unités de production avec les gains obtenus via l’ARENH.

    Mais ça ne s’est pas passé comme ça. Les nouveaux concurrents d’EDF se sont contentés d’enregistrer des gains indus en profitant, selon les périodes et les prix du « vrai » marché, soit de l’ARENH, soit du marché. Pourquoi auraient-ils investi alors qu’ils gagnaient des fortunes, récupéraient des clients, avec une simple activité de trading ?

    Abus de bien social ?

    Or, le prix calculé est un prix calculé pour des installations amorties dont l’investissement a été entièrement financé par l’entreprise, donc par ses clients. L’État n’a pas mis un seul franc ou euro dans cette affaire. Il eût été équitable que les clients historiques puissent bénéficier pleinement de leur effort antérieur après remboursement de la dette. On les prive indirectement de 25 % des gains.

    En outre, tout ceci pour provoquer délibérément une baisse de chiffre d’affaires d’EDF au profit de pseudos concurrents. À une certaine époque, EDF perdait un million de clients par an.

    Cela s’apparente à un abus de bien social, le bien social ici étant des parts de centrales amorties virtuellement cédées sans contrepartie à de nouveaux entrants.

    Et cela s’ajoute à un autre genre d’abus social : la fermeture de Fessenheim , décidée par EDF sous la contrainte de l’État, alors que la centrale était encore parfaitement capable de produire pendant des années.

    La situation nouvelle

    Avec l’envolée artificielle du prix de l’électricité, créée ex nihilo et sans rapport avec la réalité par des algorithmes infondés, les traders demandèrent davantage d’ARENH ! Et contre toute attente, on accéda à leur demande.  On leur attribua 120 TWh au lieu de 100 TWh. Le problème est que beaucoup de clients échaudés revinrent vers EDF qui se retrouva avec plus de besoins et moins de production à sa disposition. On ajouta de l’abus à l’abus. En caricaturant, on pourrait dire qu’actuellement EDF est obligé d’acheter à plus de 100 euros sur les marchés pour offrir du 46 euros à ses concurrents !

    Trop, c’était trop. EDF déposa une requête auprès du Conseil d’État. Le juge administratif  vient de donner ses conclusions.

    « Prise dans un contexte exceptionnel pour contenir la hausse des prix, [le juge administratif suprême] estime que cette mesure n’est pas excessive pour atteindre les objectifs de libre choix du fournisseur et de stabilité des prix, qu’elle ne porte pas d’atteinte disproportionnée à la liberté d’entreprendre d’EDF et qu’elle ne méconnaît pas le droit de l’Union européenne »

    Le texte vaut son pesant de cacahouètes ! La stabilité des prix ? Mais c’est tout le marché européen qui est hors contrôle… plus personne ne peut stabiliser quoi que ce soit, avec ou sans ARENH… Et est-ce que cette situation peut s’éterniser ? Bien sûr que non. L’État ne pourra indéfiniment subventionner les prix pour réguler les tarifs, ni laisser EDF partir à la faillite.

    L’autre mot qu’il faut retenir du texte est « fournisseur ». Qu’appelle-t-on fournisseur ? Très peu des concurrents d’EDF produisent réellement. Et ce sont RTE et ENEDIS, filiales d’EDF, qui assurent le transport et la distribution. En réalité, les concurrents d’EDF sont en majorité des traders et des vendeurs. Cela ne concerne que quelques pour cent du prix au consommateur, cette pseudo concurrence s’exerce donc par nature sur une fraction infime des prix et ne peut en aucun cas provoquer en moyenne des baisses durables.

    La suite

    EDF compte poursuivre la procédure.

    Ce n’est pas « Kramer contre Kramer », mais « État contre État » puisque EDF est en passe d’être nationalisée.

    Décidément, nous vivons une époque formidable.

    • Co chevron_right

      Il faut libéraliser le marché de l’électricité (2)

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 7 February, 2023 - 04:30 · 5 minutes

    Un article de l’Iref-Europe.

    Première partie de cet article ici .

    Des voies et des moyens

    Par suite de la douceur des températures au début de l’hiver et des efforts de réduction des besoins, dans le sillage d’une réduction du prix du gaz, de 300 euros le mégawattheure (MWh) en août 2022 à un prix plus proche 70 euros le MWh, les tarifs de l’électricité sur les marchés de gros se tassent : ils sont montés à 700 euros le MWh l’été 2022 et le 23 janvier 2023 à 121,48 euros en prix spot du lendemain.  Mais la baisse des prix exprime aussi la décélération de l’économie, ce qui est moins bon signe. Et les aléas du climat peuvent nous réserver des surprises.

    Une solution provisoire a été adoptée par l’Espagne d’abord puis par l’Europe pour bloquer le prix du gaz. Mais c’est une solution mauvaise à long terme, notamment parce qu’elle risque de réduire l’approvisionnement en gaz de l’Europe qui doit importer 90 % du gaz dont elle a besoin. La Commission européenne a pris conscience du besoin de réformer le marché électrique : « Nous travaillons à une intervention d’urgence et à une réforme structurelle du marché européen de l’électricité », a dit Mme Ursula von der Leyen le 29 août 2022. Mais on attend toujours.

    L’efficacité de la concurrence

    L’électricité est aujourd’hui aussi importante pour un pays que l’était – et l’est toujours autrement – le blé autrefois. Et malgré cette malchance, pour lui, que ses réformes de libération du marché du blé aient eu lieu au cours de deux années de disette, Turgot a démontré que sur le fond et dans le temps, il avait raison de vouloir instituer « la liberté du commerce, qui seule peut, par son activité,  procurer des grains dans les cantons où se feraient sentir les besoins, et prévenir, par la concurrence, tout renchérissement excessif » (Arrêt de Turgot du 22 avril 1774). C’est la concurrence mondiale qui nous permet aujourd’hui d’avoir partout la possibilité d’acheter du blé.

    Il faut donc réfléchir aux moyens de revenir à un vrai marché de l’électricité plutôt que le marché administré d’aujourd’hui qui recèle les défauts, plutôt que les qualités, des deux systèmes qu’il essaie vainement de concilier.

    Dans de nombreux pays, les centrales nucléaires elles-mêmes sont confiées à la construction et à la gestion d’entreprises privées. C’est le cas aux États-Unis où la plupart de la centaine de centrales existantes sont gérées par des entreprises privées (Exelon, Entergy, Duke Energy…). La Suède faisait gérer ses quatre centrales par la société allemande UNIPER, une société privée jusqu’aux difficultés subies par celle-ci après l’abandon du nucléaire en Allemagne et à la crise du gaz. L’Espagne a confié à deux entreprises privées, Iberdrola et Endesa, la gestion de son nucléaire dont elle veut sortir (sauf si la crise actuelle devait la faire changer d’avis).

    La France pourrait donc utilement sans doute démultiplier ses opérateurs, voire ses maîtres d’ouvrage, notamment pour ses nouvelles installations nucléaires. La concurrence est toujours créatrice de nouvelles offres et de solutions innovantes que les monopoles et oligopole ont de la peine à faire émerger.

    La vérité des prix

    La concurrence qui s’établirait entre opérateurs ne pourrait toutefois être stimulante que si chacun était libre de ses prix.

    Ne faudrait-il pas alors que chaque opérateur ne soit autorisé à exercer sur le marché que s’il peut garantir sa capacité à délivrer l’électricité requise par ses clients par lui-même y compris à la pointe. C’est-à-dire que chacun devrait disposer d’une capacité à la pointe. Les fournisseurs d’énergies intermittentes devraient ainsi pouvoir offrir d’autres sources d’énergie en cas d’arrêt sauf à subir des pénalités dissuasives. Il est probable qu’on verrait fleurir moins d’éoliennes, ce qui améliorerait la fluidité du marché.

    Les prix moyens, plutôt que celui de la dernière centrale, pourraient tenir compte de ce risque de production à des tarifs plus élevés. On éviterait la volatilité des prix de 2022 tout en incitant chacun à investir pour disposer de moyens de production globalement économiques

    Une augmentation des capacités de production

    L’Europe qui importe 90 % de son gaz pourrait chercher à développer son gaz de schiste en fixant les conditions pour que cette exploitation soit peu nuisible.

    Mais il y a surtout urgence à prévoir le renouvellement, voire l’extension de notre parc nucléaire. À cet égard, le récent vote du Sénat pour fixer un plancher à 50 % de nucléaire plutôt qu’un plafond va dans le bon sens, de même que l’annonce de M. Macron d’un plan de construction de six réacteurs EPR (plus huit posés en option) à déployer en urgence. Il faut aussi dès à présent prévoir le renouvellement à terme des centrales actuelles. Des sociétés privées pourraient utilement financer ces projets.

    La recherche doit être privilégiée dans ce domaine crucial pour améliorer les modes de production nucléaire, en trouver de nouveaux (mini réacteurs), développer les solutions de recyclage et enrichissement d’uranium où la France est déjà très riche de compétences (ORANO)…

    Il faut travailler bien entendu à la découverte de nouvelles énergies et à leur stockage. Et pour ce faire, il faudrait peut-être commencer par moins taxer la production d’énergie pour lui donner les moyens de la recherche et de l’investissement.

    Des taxes plus raisonnables

    L’électricité est surtaxée . Le prix de détail de l’électricité intègre en France deux contributions, la contribution tarifaire d’acheminement CTA et contribution au service public de l’électricité  CSPE, ainsi que deux taxes, sur la valeur ajoutée (TVA) et sur la consommation finale d’électricité. Au total, sur les tarifs non réglementés, les taxes représentent 34 % du prix payé par le consommateur. En résumé, le prix de l’électricité payé par les consommateurs résidentiels se répartit en un tiers pour la part fourniture, un tiers pour le transport et la distribution et un dernier tiers pour les taxes. Il n’y a aucune raison que le produit essentiel qu’est l’électricité soit plus taxé que les autres.

    Certes, la question est encore de savoir si et comment on peut sortir de nos accords européens actuels. Mais la décision est politique et question de volonté. L’évolution du marché ne se fera pas sans quelques délais et s’il fallait encore administrer une partie du marché électrique, il serait sans doute préférable de subventionner seulement les centrales de dernières sources pour réduire le prix de référence imposé aujourd’hui. Mais il ne faut pas attendre pour décider d’une réforme en profondeur.

    • Co chevron_right

      Les écologistes préfèrent-ils les éoliennes en mer aux baleines ?

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 5 February, 2023 - 04:30 · 3 minutes

    Cet article est une traduction simplifiée d’un texte en anglais de Leighton Woodhouse et Michael Shellenberger paru sur Public le 29 janvier 2023 : « Why Environmentalists May Make This Whale Species Extinct »

    Pour les organisations écologistes, les éoliennes en mer semblent plus importantes que les baleines…

    Où est passé le principe de précaution ?

    Depuis l’adoption de la loi sur les espèces en voie de disparition de 1973, les écologistes se sont battus pour leur stricte protection. Ils ont exigé que le gouvernement applique le principe de précaution qui énonce qu’une activité humaine entraînant un risque pour l’extinction d’une espèce doit être illégale.

    Pourtant, 50 ans plus tard, un constat s’impose : l’ensemble du mouvement écologiste trahit le principe de précaution en risquant l’extinction de la baleine franche [traduction de « Right Whales » : baleine franche] de l’Atlantique nord.

    La cause de cette trahison environnementale réside dans d’immenses projets d’éoliennes industrielles au large de la côte est des États-Unis. Ces éoliennes géantes dont le sommet des pales atteindra trois fois la hauteur de la Statue de la Liberté se trouveront directement à l’intérieur de l’habitat océanique de la baleine franche de l’Atlantique nord.

    Il ne reste plus que 340 baleines, contre 348 un an plus tôt. Tant de baleines franches de l’Atlantique nord sont tuées par des facteurs d’origine humaine qu’il n’y a eu aucun cas documenté de mort de causes naturelles depuis des décennies. Leur espérance de vie moyenne est passée de 100 ans à… 45 ans. Une seule mort supplémentaire non naturelle pourrait entraîner la perte de l’espèce entière.

    Des implantations dangereuses

    L’exploration, la construction et l’exploitation de projets éoliens industriels, la pollution sonore sous-marine ainsi que les équipements complexes sont susceptibles de blesser et de tuer ces baleines, selon les scientifiques de la National Oceanic and Atmosphérc Administration (NOAA) du gouvernement américain.

    De même, la turbulence générée par les éoliennes pourrait endommager ou détruire les aires d’alimentation du zooplancton.

    La NOAA a cependant accordé à l’industrie éolienne les permis de constructions pour ces grands chantiers qui mettront en danger ces baleines en voie d’extinction.

    Les promoteurs éoliens exigent aussi des autorisations de vitesses plus élevées pour leurs bateaux afin d’éviter de construire des hôtels pour les travailleurs sur les sites, en plein milieu de l’habitat des baleines.

    Les défenseurs de ces éoliennes en mer affirment pouvoir réduire le bruit résultant de la construction du parc éolien.

    Cependant, un scientifique de la NOAA a déclaré que « les impacts des éoliennes installées et en fonctionnement ne peuvent être atténués pendant la durée de vie de 30 ans du projet à moins qu’ils ne soient mis hors service ».

    Les baleines disparaitront. Et alors ?

    D’autres scientifiques représentant aussi des groupes écologistes soutenant les projets d’énergie éolienne industrielle ont pourtant écrit en 2021 que « la population de baleines franches de l’Atlantique nord ne peut pas résister à des stress supplémentaires ; toute modification du comportement de recherche de nourriture peut entraîner des effets sur la population et représente une préoccupation majeure » .

    Un scientifique de la NOAA, Sean Hayes, a conclu que les projets d’éoliens industriels « pourraient avoir des effets sur la population d’une espèce déjà menacée et stressée »,

    Que signifie « des effets au niveau de la population » ?

    C’est simple, en un mot, sa disparition !

    Que se passe-t-il dans la tête des dirigeants écologistes ?

    Quelles sont les raisons qui poussent de grandes organisations écologistes à défendre des projets industriels pouvant conduire à l’extinction d’une espèce de baleine ?