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      Au Sri Lanka, des manifestations anti-gouvernement font 5 morts

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 9 May, 2022 - 20:05 · 5 minutes

    Des manifestants allument un feu près de la résidence du président sri-lankaisGotabaya Rajapaksa, le 9 mai 2022. Des manifestants allument un feu près de la résidence du président sri-lankais
    Gotabaya Rajapaksa, le 9 mai 2022.

    INTERNATIONAL - La situation continue de s’embraser au Sri Lanka. Après plus de deux mois de manifestations , c’est au tour du Premier ministre Mahinda Rajapaksa de démissionner ce lundi 9 mai face à la colère de la population déclenchée par la crise économique aiguë qui frappe le pays.

    Ce lundi cinq personnes sont mortes, dont un député qui s’est suicidé après avoir tué deux manifestants, et 189 autres ont été blessées. “Je démissionne avec effet immédiat afin que vous puissiez nommer un gouvernement multipartite pour sortir le pays de la crise économique actuelle”, a déclaré le Premier ministre en réponse à ces violences qui deviennent hors de contrôle.

    Cette île d’Asie du Sud de 22 millions d’habitants est confrontée à sa pire crise économique depuis son indépendance en 1948 vis-à-vis du Royaume-Uni, subissant des pénuries de biens essentiels (aliments, carburant, médicaments), de longues coupures d’électricité quotidiennes et une inflation record.

    Gaz lacrymogène, incendies et coups de feu

    Dans la nuit du 31 mars au 1er avril, des centaines de manifestants ont tenté de prendre d’assaut la résidence du président Gotabaya Rajapaksa à Colombo et réclamé sa démission. Les manifestations se sont étendues dans tout le pays, poussant le gouvernement à démissionner le 3 avril, sauf le Premier ministre qui est également le frère du président, et le président.

    L'île du Sri Lanka, située au sud de l'Inde, dans l'océan Indien. L'île du Sri Lanka, située au sud de l'Inde, dans l'océan Indien.

    Si le Premier ministre a changé d’avis, la situation ne semblait pas s’apaiser ce lundi 9 mai au soir, notamment autour de sa résidence officielle à Colombo, assiégée par des milliers de manifestants antigouvernementaux. Des coups de feu ont été tirés depuis la résidence après que des manifestants ont enfoncé le portail d’entrée et mis le feu à un camion garé sur place, a constaté un journaliste de l’AFP.

    La police a assuré avoir tiré en l’air pour repousser les assaillants du complexe, où Mahinda Rajapaksa était retranché avec des partisans. Elle a également tiré des grenades lacrymogène vers les manifestants, déterminés à répliquer après avoir été plus tôt dans la journée attaqués par des partisans du pouvoir.

    Un député tue deux hommes avant de se suicider

    À Nittambuwa, à une cinquantaine de kilomètres au nord de la capitale, un député du parti au pouvoir, Amarakeerthi Athukorala, s’est suicidé après avoir ouvert le feu sur deux manifestants anti-gouvernementaux qui bloquaient sa voiture, a annoncé la police. Une des deux victimes, âgée de 27 ans a depuis succombé à ses blessures, et le garde du corps du député a été retrouvé mort, ajouté la police, sans autre précision.

    Deux autres personnes ont été tuées dans la ville de Weeraketiya (sud), où un membre du parti au pouvoir a lui aussi tiré sur des manifestants, selon la police.

    Lundi sur le front de mer de la capitale, Colombo, des milliers de partisans des frères Rajapaksa, armés de bâtons et de matraques, ont attaqué des manifestants sans armes qui campent devant le bureau du président depuis le 9 avril pour exiger son départ, ont constaté des journalistes de l’AFP.

    La police a également tiré des gaz lacrymogène et utilisé des canons à eau pour disperser les manifestants, avant de déclarer un couvre-feu immédiat et d’une durée indéterminée dans l’ensemble de l’île.

    État d’urgence

    Dans le sud, de l’île, Des foules en colère ont également attaqué et complètement détruit le controversé musée Rajapaksa dans le village ancestral de la famille. “La violence ne résoudra pas les problèmes actuels”, a twitté le président Rajapaksa, en condamnant “fermement les actes violents”.

    “Nous condamnons les violences perpétrées aujourd’hui contre des manifestants pacifiques et demandons au gouvernement de mener une enquête approfondie, y compris l’arrestation et la poursuite en justice de toute personne ayant incité à la violence”, a souligné, également sur Twitter, Julie Chung, l’ambassadrice des États-Unis en appelant au calme.

    Vendredi, le président Rajapaksa avait décrété l’état d’urgence, pour la deuxième fois en cinq semaines, accordant des pouvoirs étendus aux forces de sécurité, les autorisant notamment à arrêter des suspects et à les détenir pendant de longues périodes sans supervision judiciaire. Il autorise également le déploiement de militaires pour maintenir l’ordre, en renfort de la police.

    Cette crise économique sans précédent a commencé après la pandémie de Covid-19, qui a privé le pays des devises du secteur touristique. Le gouvernement a alors interdit de nombreuses importations, provoquant les pénuries, une inflation galopante et des coupures de courant de plus en plus longues, qui ont nourri la colère contre le pouvoir.

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