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      Le bitcoin va-t-il atteindre les 100 000 $ ?

      news.movim.eu / Numerama · Wednesday, 28 February - 16:24

    Le bitcoin a le vent en poupe. La première cryptomonnaie atteint désormais des 60 000 dollars, tout proche de battre son record de 2021. Le bitcoin pourrait-il continuer sa folle ascension jusqu'aux très symboliques 100 000 dollars ?

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      Les cryptomonnaies, cheval de Troie de la pensée réactionnaire

      news.movim.eu / LeVentSeLeve · Wednesday, 23 August, 2023 - 16:50 · 7 minutes

    L’intérêt pour le Bitcoin et les cryptomonnaies est directement lié à la crise de 2008 et aux multiples scandales financiers, qui ont affaibli la confiance dans l’ensemble du système politique et la plupart des institutions. En promettant qu’un simple algorithme puisse remplacer une banque centrale, les cryptomonnaies portent intrinsèquement une vision politique libertarienne, qui vise à détruire l’Etat. Une idéologie qui se marie à merveille avec le populisme de droite aux Etats-Unis explique la journaliste Nastasia Hadjadji, dans son livre No Crypto, Comment le bitcoin a envoûté la planète (Divergences, 2023). Extrait.

    Au mois de février 2022, c’est dans les locaux de Ledger, fleuron français de la crypto [1], qu’Éric Zemmour dévoile les principaux axes de son programme numérique pour la campagne à l’élection présidentielle. Il répond à l’invitation de Pascal Gauthier, le président de Ledger, qui a alors lancé un appel à tous les candidats et candidates à l’élection présidentielle en leur offrant une tribune politique. Seuls Nicolas Dupont-Aignan, candidat de la droite souverainiste, Gaspard Koenig, candidat qui se réclame de la tradition libérale classique et Éric Zemmour se saisiront de l’occasion. Ce dernier ne manque pas une occasion de souligner son intérêt pour les cryptos, une industrie auréolée de son aura de «révolution» semblable à celle qu’Internet fut en son temps.

    Le fait qu’un candidat national-populiste, avatar de la droite réactionnaire s’empare de ce sujet et soit accueilli à bras ouvert chez l’une des plus puissantes « licornes » françaises a de quoi surprendre. Après tout, ces start-up technologiques valorisées à plus d’un milliard de dollars sont la fierté du président Emmanuel Macron, elles incarnent son vœu de faire de la France une « start-up nation ». La présence d’Éric Zemmour dans les locaux de la licorne de la crypto n’est pourtant pas un accident. En dépit des discours qui tendent à ranger les cryptos dans le camp du « progrès », les racines idéologiques de cette industrie épousent parfaitement celles de la droite réactionnaire. Née de cette matrice politique, la crypto-industrie contribue aujourd’hui à relégitimer des idées et valeurs venues de l’extrême droite, tout en leur assurant une diffusion nouvelle grâce à un vernis technologique radical et «cool».

    Aux États-Unis, la proximité entre l’industrie des cryptos et une frange extrême de la droite américaine, l’alt-right [2], est avérée. Dès 2017, Jordan Spencer, militant connu pour avoir forgé le terme d’« alternative right », déclare dans un tweet: « Le bitcoin est la monnaie de l’extrême droite ». Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump et théoricien populiste, est convaincu que Bitcoin peut servir à « catalyser une révolte populiste mondiale », ainsi qu’il l’affirmait dans une interview accordée à la chaîne CNBC en août 2019 [3]. L’informaticien d’extrême droite Curtis Yarvin, associé au courant de la néo-réaction (NRx), qualifié également de « Dark Enlightenment », en opposition à la philosophie des Lumières, a quant à lui lancé en 2019 sa blockchain baptisée Urbit [4]. Un projet soutenu par le milliardaire ultra-conservateur Peter Thiel, qui estime que les crypto-actifs sont des « technologies de droite » [5].

    Loin d’être des objets « apolitiques », ainsi que le prétendent les promoteurs et promotrices de l’industrie, Bitcoin et les cryptos servent un projet politique qui tait son nom en se parant des atours de la modernité technologique et du progrès. Une partie de l’industrie feint de ne pas le voir, une majorité des utilisateurs et utilisatrices n’en a pas conscience, mais Bitcoin et les cryptos sont aujourd’hui un cheval de Troie pour des idées politiques et économiques réactionnaires. Le professeur américain David Golumbia a été le premier à souligner cette porosité avec les idées d’extrême droite dans un court essai fondateur sur les soubassements idéologiques des cryptos, The Politics of Bitcoin: Software as RightWing Extremism :

    « La question est moins de savoir si le bitcoin suscite l’intérêt de personnes de droite que de souligner que Bitcoin et la blockchain relèvent d’un logiciel théorique de droite. Ces technologies contribuent à diffuser ces hypothèses comme si elles pouvaient être séparées du contexte dans lequel elles ont été générées. En l’absence d’une conscience claire de ce contexte, le bitcoin sert, comme une large partie de la rhétorique de droite, à répandre et à enraciner ces idées, en obscurcissant systématiquement leur origine et leur fonction sociale. »

    La technologie blockchain s’ancre au sein d’une société fondée sur la défiance généralisée. Le recours à des procédés cryptographiques et algorithmiques est alors une réponse légitime pour pallier le manque de confiance entre les individus.

    Il n’est pas anodin que l’explosion des technologies de la blockchain et des cryptos épouse aussi bien l’essor de la nouvelle pensée de droite radicale qui prospère depuis la crise économique de 2008. Cette industrie fournit en effet un terreau fertile à des idées aux relents antidémocratiques forgées dans le terreau de la pensée cyber-libertarienne. Dans la tête de ses concepteurs, la technologie blockchain s’ancre au sein d’une société fondée sur la défiance généralisée. Le recours à des procédés cryptographiques et algorithmiques est alors une réponse légitime pour pallier le manque de confiance entre les individus. Le totem de la « décentralisation » brandi comme une solution toute faite à tous les problèmes de nature économique ou sociale découle également de ce postulat de défiance généralisée.

    Ce logiciel de pensée tire un trait définitif sur toute forme d’organisation collective au nom d’une conception individualiste de la « liberté » farouchement opposée à toute forme de contrôle ou de supervision. La force politique de cette industrie tient dans sa capacité à implanter dans les esprits ce vocabulaire et ces concepts venus de la droite radicale conservatrice, tout en les naturalisant dans le débat public. Elle accompagne donc le renouveau du populisme de droite radicale en Europe, où des formations politiques réactionnaires s’imposent comme des forces politiques de premier plan, que l’on pense à la Hongrie de Viktor Orban, à l’Italie de Giorgia Meloni ou à la normalisation du Rassemblement national de Marine Le Pen comme force d’opposition en France.

    Alors que les ferments d’une colère légitime contre les institutions financières gonflent depuis la crise de 2008 et à l’aube de cataclysmes sur les marchés d’actifs numériques de nature à stimuler l’explosion de cette bulle spéculative, le danger que représentent les cryptos est donc bel et bien de nature politique. Les esprits ont été formatés en amont. La colère qui ne manquera pas de naître des scandales et des pertes financières importantes qui en découlent pour la majorité des petits investisseurs ne se transformera donc probablement pas en un agir politique « de gauche », tourné vers la remise en question des hiérarchies sociales et politiques. Ce ressentiment né de la désillusion ne sera pas anticapitaliste, il risque au contraire d’ancrer un nihilisme financier déjà présent au sein des communautés d’amateurs de crypto-actifs.

    Notes :

    [1] Ledger est une entreprise française fondée en 2014 qui propose des portefeuilles (wallets) physiques et des outils en ligne permettant le stockage, la sécurisation et la gestion des actifs numériques. L’entreprise est en très forte croissance. Fin 2022, 20 % des crypto-actifs mondiaux sont sécurisés par Ledger, selon les chiffres fournis par l’entreprise.

    [2] Ctrl-Alt-Delete : An Antifascist report on the Alternative Right (Kersplebedeb Publishing 2017), Matthew N. Lyons

    [3] «Steve Bannon on the Trade Wars, the Democratic Primary, Crypto and More», CNBC, 2 août 2019.

    [4] Curtis Yarvin utilise le pseudonyme de Mencius Moldbug pour rédiger sa prose réactionnaire sur son blog Unqualified Reservations.org Parmi ses obsessions, on trouve la détestation des démocraties libérales, qu’il entend dépasser pour faire advenir un monde de gouvernance algorithmique à l’échelle de micronations.

    [5] Sonia Mann, «Peter Thiel Says, “Crypto Is Libertarian, A.I. Is Communist.” What the Heck Does That Mean? », Inc.com, février 2018.

    No Crypto, Comment le bitcoin a envoûté la planète . Nastasia Hadjadji, Editions Divergences, 2023.

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      Cryptomonnaie et héritage : comment transmettre ses actifs crypto ?

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Wednesday, 28 June, 2023 - 12:30

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    Hériter d'un bitcoin n'est pas une mince affaire en 2023, mais certaines solutions existent.

    Cryptomonnaie et héritage : comment transmettre ses actifs crypto ?

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      Lindsay Lohan et d’autres vedettes accusées de promotion illégale de cryptomonnaies

      news.movim.eu / JournalDuGeek · Sunday, 2 April, 2023 - 14:00

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    Après la folie des cryptos, c'est l'heure des comptes pour les vedettes et les influenceurs qui ont imprudemment vanté certaines de ces soi-disant « bonnes affaires » auprès de leurs abonnés, sans préciser qu'ils étaient payés pour en faire la promotion.

    Lindsay Lohan et d’autres vedettes accusées de promotion illégale de cryptomonnaies

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      [...] les #cryptomonnaies sont devenues un outil essentiel face aux menaces croissantes contre la vie privée.

      Mathias Poujol-Rost ✅ · Thursday, 23 March, 2023 - 20:23

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      Non, les cryptomonnaies ne sont pas mortes

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 1 March, 2023 - 04:30 · 3 minutes

    L’écosystème des cryptomonnaies a particulièrement été malmené ces derniers temps, entre la chute du projet blockchain Terra Luna, et la faillite de FTX, une plateforme de trading.

    Créée en 2018, Terra Luna est une blockchain dont le stablecoin, le TerraUSD (UST), est adossé à cinq monnaies traditionnelles (dollar américain, euro, livre sterling, yen et yuan), mais qui a perdu sa parité avec le dollar avant de chuter de manière drastique en 2022. De la même manière, la chute de FTX a été provoquée par les actions frauduleuses de son fondateur, Sam Bankman-Fried, ayant réinvesti les fonds de ses clients dans des paris douteux. Des répercussions désastreuses à la fois pour les investisseurs, mais aussi pour les entreprises qui proposaient des services liés de près ou de loin à ces projets.

    Nul doute que ces événements ont donné du grain à moudre aux prétendus visionnaires du « scam » (en français, arnaque) que sont les cryptomonnaies. Des échecs qui conforteraient l’idée selon laquelle la monnaie ne peut être gérée par des acteurs privés et plus généralement des échecs qui seraient une preuve supplémentaire de l’incapacité de l’écosystème à tenir ses promesses. Les mêmes qui ont déclaré la mort de Bitcoin plus de 400 fois depuis sa popularisation (nous l’attendons toujours), et accusé entre autres d’être la plus grande pyramide de Ponzi de tous les temps – au risque d’étaler au grand jour leur méconnaissance du fonctionnement intrinsèque du protocole.

    Nous assistons pourtant à un mécanisme inhérent à toute économie de marché : l’élimination des mauvais acteurs – en l’occurrence, ceux ayant reproduit les défauts de la finance traditionnelle comme le fait de confier son capital à un acteur centralisé, avec les risques que cela implique – pour repartir sur des fondations plus saines. Le fait que 91 % des cryptomonnaies ont disparu depuis 2014, le plus souvent en raison d’un trop faible volume d’échange ou d’un abandon pur et simple du projet, est particulièrement probant. Pendant ce temps, d’autres projets, comme Ethereum, continuent de progresser et de bénéficier de l’investissement sans relâche de leur communauté.

    La deuxième blockchain en termes de valorisation et la première en termes d’usage a effectué en 2022 une mise à jour fondamentale dans son protocole, appelée « The Merge ». L’évolution consiste à adopter un nouveau mécanisme de consensus, moins énergivore : le Proof of Stake (POS). Après son implémentation, la consommation énergétique du réseau a chuté de 99,9 % , et alors qu’elle oscillait entre 46,31 et 93,98 térawattheures (TWh) par an auparavant, elle est désormais proche de 0,03-kilowattheure (kWh). En plus de contrecarrer les arguments critiques sur l’impact écologique des cryptomonnaies, le POS est présenté comme un moyen pour améliorer la scalabilité d’Ethereum, à savoir la capacité d’une blockchain à s’adapter à la hausse progressive des transactions (un élément essentiel pour son développement). Cette mise à jour aura donc des répercussions certaines sur le développement de tout un écosystème.

    N’oublions pas que la popularisation d’Internet et l’avènement du web2 ont aussi valu bon nombre de condamnations prématurées , avant de s’ancrer pleinement dans le quotidien de chacun. Certes, cette révolution est de nature différente de celle des cryptomonnaies – dont les origines relèvent d’une philosophie foncièrement hostile au monopole étatique de la monnaie, au contrôle des transactions économiques par les États et à leur ingérence dans la vie privée des citoyens à l’ère d’Internet. Nous ne pouvons que le constater aujourd’hui : les gouvernements et banquiers centraux ont tout intérêt à empêcher leur développement, ou du moins à minimiser leur portée en les présentant comme de simples outils spéculatifs.

    Les récents événements illustrent les travers dont souffre l’écosystème mais ils ne doivent pas occulter le fait que d’autres projets, qui reposent sur des bases plus solides, ne cessent de progresser. Il serait donc prématuré d’enterrer une révolution technologique qui n’est encore qu’à ses prémices.

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      [PODCAST] Bitcoin avant-garde des idées libérales – Yorick De Mombynes

      Pierre Schweitzer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 30 November, 2022 - 04:30 · 2 minutes

    Épisode #29

    Les libéraux s’intéressent-ils suffisamment à Bitcoin ? Peut-être pas.

    Certes, une frange des libéraux s’y intéresse de longue date mais curieusement ce projet de révolution monétaire directement inspiré d’idées libérales de l’École autrichienne d’économie (Mises, Hayek, etc.) semble laisser indifférents de nombreux partisans de l’État minimal. Une erreur selon notre invité, pour qui cette curiosité technologique parfois difficile à expliquer aux novices n’est sûrement pas un gadget ou un phénomène de mode mais bien une idée aux conséquences profondes à long terme et qui mérite toute l’attention des partisans d’un État mieux contrôlé, moins dépensier et moins dirigiste.

    Yorick de Mombynes, conseiller référendaire à la Cour des comptes, est diplômé de l’ESCP, de l’IEP de Paris, titulaire d’une licence de philosophie (Sorbonne Paris IV) et ancien élève de l’ENA. Il a été conseiller technique du Premier ministre François Fillon (2017-2010) et a passé six ans au sein du groupe Total. Il a enseigné l’économie et les sciences politiques à l’IEP de Paris et a publié deux études à l’Institut Sapiens sur Bitcoin : Bitcoin, Totem et Tabou et Comprendre le Lightning Network .

    Pour écouter l’épisode utilisez le lecteur ci-dessous. Si rien ne s’affiche rechargez la page ou cliquez sur ce lien.

    Produit en partenariat avec le Cercle Frédéric Bastiat . Soutenez ce programme en faisant un don !
    Programme :
    00:00 – Introduction et présentation
    03:57 – Leçons du passage au cabinet de F. Fillon à Matignon
    09:13 – Les libéraux s’intéressent-ils suffisamment à Bitcoin ?
    13:02 – Bitcoin est-il si révolutionnaire comparé à la monnaie numérique classique ?
    18:08 – L’offre monétaire de Bitcoin : un choix inspiré de l’or ?
    20:46 – Qu’est-ce qui justifierait la valeur fondamentale de Bitcoin ?
    33:04 – Pourquoi gaspiller de l’énergie rare à miner des bitcoins ?
    37:30 – Bitcoin : la monnaie imaginée par les libéraux ?
    41:51 – Bitcoin évolue-t-il assez vite pour être bientôt accessible à tous ?
    46:57 – Bitcoin tient-il encore la route face aux nouvelles cryptomonnaies ?
    52:57 – Les monnaies numériques de Banque centrale rendront-elles Bitcoin obsolète ?
    56:09 – Comment aider Bitcoin à se développer pour retrouver une monnaie saine et libre ?
    01:01:13 – Annonce importante aux auditeurs
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    Nous contacter :

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      Crimes et châtiment : vers la destruction des cryptos ?

      Drieu Godefridi · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 26 November, 2022 - 03:30 · 5 minutes

    Les trois moteurs de la saga des cryptomonnaies auront été des escrocs lunaires — souvent programmeurs — des idiots utiles et bien sûr ceux sans lesquels rien de tout ceci n’aurait été possible : des millions de victimes.

    Qu’est-ce qu’une cryptomonnaie ?

    La cryptomonnaie est une unité produite par un algorithme informatique qui, par des contraintes mathématiques et techniques, ne les produit qu’en nombre limité. Cette unité purement informatique et technique est baptisée « monnaie » par celui qui l’a produite. En vertu de quoi cette unité, transmutée en « monnaie », est proposée à la vente contre des monnaies classiques. Donne-moi 10 dollars et je te remettrai une unité ( coin , token ) de ma précieuse « monnaie » crypto.

    Quand on revient aux fondamentaux, on reste saisi par la simplicité du procédé. Après sa chute, Bernard Madoff n’a cessé de rappeler que les 80 milliards de son escroquerie reposaient sur un simple jeu d’écritures effectué par une seule assistante : prétendre avoir acheté le matin des actions qu’on revendait le soir ou le lendemain avec bénéfice. Sauf que rien n’avait été acheté et rien vendu non plus. Par son ampleur et sa durée, l’une des plus grandes escroqueries de tous les temps.

    Comment expliquer que tant de gens aient investi des fortunes, parfois leur maison et l’avenir de leurs enfants, sur un simple jeu d’écriture informatique ? Parce qu’on leur a présenté les cryptos comme d’authentiques monnaies, comme refuge contre l’inflation et comme alternative aux monnaies classiques vouées à disparaître.

    Rien de tout ceci n’était fondé.

    Aucune crypto n’a jamais satisfait la fonction de monnaie réelle

    Descendez dans la rue avec des bitcoins, vous n’achèterez ni pain, ni viande, ni maison. Les cryptos n’ont jamais rempli l’office le plus élémentaire d’une monnaie. Premier mirage.

    Si les cryptos étaient un refuge contre l’inflation, elles auraient dû gagner en valeur quand l’inflation est arrivée. C’est le contraire qui s’est produit : l’ensemble du système crypto s’est affaissé à mesure que progressait l’inflation. Dans des proportions du reste nettement plus graves — de l’ordre de moins 70 % — que la plupart des autres catégories d’actifs.

    Enfin, le dollar ne s’est jamais aussi bien porté tandis que les cryptos mordent la poussière. Aucune des promesses cryptos initiales n’a été tenue. Aucune.

    Pire : c’est tout un écosystème financier crypto qui est venu se greffer aux cryptomonnaies, avec banques cryptos et places financières cryptos.

    Le maillon faible, ce sont les banques

    Le défi de toute banque est de conserver des assets en nombre suffisant pour satisfaire les retraits de ses clients. Ces assets peuvent être du cash, des biens, des placements, de préférence liquéfiables en cas de besoin. Or, les assets des banques cryptos sont massivement composés d’autres cryptos.

    Cette interdépendance solidarise de fait l’ensemble des acteurs et banques de l’écosystème crypto. C’est le concept de linkage , consubstantiel à tout bank run systémique (on songe à The Panic of 1907 , le bank run remarquablement décrit par Bruner et Carr dans leur ouvrage éponyme).

    En vertu de ce qui précède, une baisse drastique de la crypto de référence, le bitcoin, entraîne mécaniquement une diminution substantielle de la valeur des assets des banques-cryptos et leur liquidité. Qu’une banque-crypto plus exposée que les autres — en juin dernier, TERRA, puis CELSIUS, aujourd’hui Alameda/FTX — soit confrontée à des demandes de conversion massive en dollars, elle devra suspendre ses opérations, aggravant la panique. Car les déposants d’une banque-crypto qui choit perdent tout (ou presque).

    FTX et Alameda sont deux entreprises créées par le bien-nommé M. Bankman (-Fried), tout un destin. FTX et Alameda ont entretenu des relations incestueuses dès le début. FTX, bourse d’échanges, a créé le token (une cryptomonnaie) FTT. FTX et Alameda se sont partagé la majeure partie de l’offre totale du token FTT — on n’est jamais si bien servi que par soi-même — qui n’a pas vraiment été mise en circulation. En raison de la crédibilité dont bénéficiait M. Bankman et ses camarades, la valeur du FTT en dollar explosa bientôt. L’ascension fulgurante de la crypto FTT a entraîné une explosion de la valeur du bilan d’Alameda. Cette valeur élevée des positions de FTT au bilan a été utilisée par Alameda comme garantie pour solliciter des prêts.

    Quand les fonds empruntés par Alameda étaient utilisés pour des investissements illiquides, FTT devenait par lui-même un point faible central d’Alameda. L’effondrement de TERRA et CELSIUS entraînait en juin dernier une première crise de liquidités pour Alameda, de nombreux créanciers ayant réclamé le remboursement de leurs prêts à Alameda. La majeure partie des fonds propres nets de l’activité d’Alameda était constituée du jeton de FTT, contrôlé de manière centralisée par FTX/Alameda.

    Il paraît également acquis que M. Bankman a fait remonter les fonds de ses clients de FTX vers Alameda, pour s’y mieux servir lui-même. Enfin, dans les derniers jours précédant la faillite, il semble que M. Bankman se soit encore régalé du cash disponible, notamment sous la forme de prêts personnels — aux dépens bien sûr de ses clients et créanciers. Tout ceci sera établi par la justice américaine, le moment venu.

    Du fait du linkage extrêmement étroit et serré des banques cryptos, la crise crypto actuelle n’est pas terminée. Soit un acteur majeur s’imposera pour ramener le calme — on ne voit pas d’autre option à l’heure actuelle que Binance — soit Binance choira à son tour et du pompeux et arrogant écosystème crypto dans son format actuel. Il ne restera bientôt plus que dettes et illusions perdues.

    Le domino suivant pourrait être l’entreprise Tether, avec son stablecoin USDT. L’USDT est une cryptomonnaie rivée au dollar. Tether est censée n’avoir créé des USDT que dans la stricte mesure des paiements qui lui étaient faits en dollars. Sur le modèle un USDT = un dollar. De forts soupçons existent actuellement selon lesquels cette règle n’aurait pas été respectée. Dit autrement, Tether aurait créé des USDT sans contrepartie en dollar. Pour ensuite les convertir en assets eux-mêmes convertibles en dollars ; elle est pas belle, la vie, quand on imprime soi-même sa monnaie ? Par ailleurs, Alameda la précitée qui vient d’entrer en faillite était l’un des deux principaux interlocuteurs de Tether dans l’écosystème crypto.

    Stablecoin : monnaie stable. Encore une double promesse — monnaie et stable — dont il n’est pas acquis que le mundus senescit de la crypto pourra la tenir.

    Pour aller plus loin, cette vidéo