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      Avoir des euros en banques c’est comme avoir des lunas chez FTX

      François Jolain · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Friday, 30 December, 2022 - 04:15 · 4 minutes

    Article disponible en vidéo ici .

    Après le covid et l’ Ukraine , les honnêtes gens sont priés de se scandaliser pour les déboires de la crypto comme Luna ou FTX. Il faut terroriser pour mieux réguler afin bien sûr qu’ils retrouvent le sommeil.

    Mais qu’est-ce qu’on reproche à ces scandales ? D’avoir créé une monnaie soi-disant stable, mais particulièrement fragile ? D’avoir joué avec les dépôts des particuliers ?

    Ne serait-ce pas hypocrite de condamner la crypto alors que ses dérives proviennent de la finance classique ?

    Affaire Luna

    Terra est un des nombreux projets qui voulait créer une blockchain 2.0 mieux que Bitcoin . Pour ce faire cette nouvelle blockchain était conçue autour de son token principal le Luna et un token stabilité à 1 dollar, le TerraUSD. Ce token devait toujours valoir 1 dollar car si le prix monte ils s’en créent davantage pour baisser le prix. S’il descend, la blockchain utilise le Luna pour acheter le TerraUSD puis le détruire. Ce fonctionnement est détaillé dans un précédent article .

    Ce mécanisme a bien fonctionné durant plusieurs années, ce qui a favorisé le développement de tout un écosystème sur la blockchain Terra. Puis le marché crypto a chuté et avec lui le Luna. Les personnes voulaient revendre en masse du Luna et du TerraUSD, l’algorithme ne parvient plus à stabiliser le prix du TerraUSD, la confiance des utilisateurs disparue, les liquidations massives envoyèrent tout le projet dans les abysses.

    En résumé, le mécanisme de stabilité du TerraUSD n’était qu’un leurre, car il repose exclusivement sur la confiance du Luna et de tout le projet Terra.

    Terra est juste le dernier échec d’une très longue série de fausse stabilité qui reposait sur une confiance des utilisateurs dans le système. Dès que les utilisateurs ont douté de la promesse, la monnaie s’est effondrée.

    Le mark papier de 1914 devait toujours valoir un mark or. En 1923, il fallait mille milliards de marks papier pour un mark or. En 1945, les États-Unis ont promis à Brettenwood que 35 dollars vaudrait toujours une once d’or. En 1971, ils mirent fin à leur promesse. Aujourd’hui une once d’or coûte 1800 dollars.

    En 1992, les pays européens devaient stabiliser leurs monnaies entre eux. La banque d’Angleterre s’est retrouvée en manque de liquidité pour stabiliser la livre. George Soros a profité de cette faiblesse pour mener une attaque , la livre sterling a dégringolé.

    Terra a répliqué la promesse de tout gouvernement :

    « Ma monnaie ne va jamais s’écrouler, vous pouvez avoir confiance ».

    Or c’est toujours l’inverse, c’est la confiance des citoyens qui donne une stabilité à la monnaie. Et comme beaucoup de monnaies sont créées n’importe comment, la confiance donc la stabilité sont en équilibre précaire.

    Affaire FTX

    FTX était une plateforme d’échange crypto. Des particuliers déposaient des liquidités pour acheter ou vendre diverses cryptomonnaies. FTX a utilisé les dépôts de ses clients pour investir sur des paris douteux. La rumeur sur de tels investissements s’est propagée, tout le monde a voulu retirer son argent. Or FTX avait bien perdu de l’argent de ses clients, il s’est retrouvé insolvable.

    Le fait qu’à un moment T, FTX n’avait plus la totalité des dépôts de ses clients est une situation courante dans les banques.

    Prenons l’exemple des investissements « sûrs », « garantis en capital » comme le livret A ou l’assurance vie compte en euro.

    Ces placements contiennent avant tout des obligations d’états notamment français . Le marché obligataire a connu une forte baisse de 20 % ces derniers mois. Les obligations se revendaient en dessous de leur prix d’achat. Les banques pouvaient-elles rembourser tous les dépôts des Français ?

    Malheureusement pour ceux qui préfèrent le simple compte courant, leurs dépôts ne sont pas non plus sûrs. La séparation des banques de dépôt et des banques d’affaires est dans le flou depuis 1984 et la loi 84-46 pour « moderniser » la finance. On ne sait donc pas vraiment où est l’argent de votre compte courant.

    De plus, il ne faut pas oublier que les banques de dépôt émettent des crédits avec le principe de réserve fractionnaire qui leur permet d’accorder plus de crédit que de dépôts. Habituellement ce ratio est de 8 %, ce qui signifie que si 8 % des prêts ne sont pas remboursés alors les clients de la banque perdent tous leurs dépôts.

    Enfin pour ceux qui ont entendu parler d’une garantie de 100 000 euros par établissement bancaire, sachez que le fonds de garantie est doté de 6 milliards d’euros soit 90 euros par Français.

    Comme toutes les banques FTX jouait avec l’argent de ses clients et espère qu’ils ne viendront pas retirer leur argent en même temps.

    Je ne voudrais pas insinuer que nos vénérables banques ne sont pas solvables. Avec leurs produits dérivés obscurs, les effets de levier, les réserves fractionnaires, assurances et réassurances, je n’en sais rien et je doute qu’elles-mêmes le sachent.

    En résumé, la monnaie Luna reposait sur les mêmes « garanties » que les monnaies fiat, FTX gérait l’argent aussi bien que les banques.

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      [PODCAST] Bitcoin avant-garde des idées libérales – Yorick De Mombynes

      Pierre Schweitzer · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 30 November, 2022 - 04:30 · 2 minutes

    Épisode #29

    Les libéraux s’intéressent-ils suffisamment à Bitcoin ? Peut-être pas.

    Certes, une frange des libéraux s’y intéresse de longue date mais curieusement ce projet de révolution monétaire directement inspiré d’idées libérales de l’École autrichienne d’économie (Mises, Hayek, etc.) semble laisser indifférents de nombreux partisans de l’État minimal. Une erreur selon notre invité, pour qui cette curiosité technologique parfois difficile à expliquer aux novices n’est sûrement pas un gadget ou un phénomène de mode mais bien une idée aux conséquences profondes à long terme et qui mérite toute l’attention des partisans d’un État mieux contrôlé, moins dépensier et moins dirigiste.

    Yorick de Mombynes, conseiller référendaire à la Cour des comptes, est diplômé de l’ESCP, de l’IEP de Paris, titulaire d’une licence de philosophie (Sorbonne Paris IV) et ancien élève de l’ENA. Il a été conseiller technique du Premier ministre François Fillon (2017-2010) et a passé six ans au sein du groupe Total. Il a enseigné l’économie et les sciences politiques à l’IEP de Paris et a publié deux études à l’Institut Sapiens sur Bitcoin : Bitcoin, Totem et Tabou et Comprendre le Lightning Network .

    Pour écouter l’épisode utilisez le lecteur ci-dessous. Si rien ne s’affiche rechargez la page ou cliquez sur ce lien.

    Produit en partenariat avec le Cercle Frédéric Bastiat . Soutenez ce programme en faisant un don !
    Programme :
    00:00 – Introduction et présentation
    03:57 – Leçons du passage au cabinet de F. Fillon à Matignon
    09:13 – Les libéraux s’intéressent-ils suffisamment à Bitcoin ?
    13:02 – Bitcoin est-il si révolutionnaire comparé à la monnaie numérique classique ?
    18:08 – L’offre monétaire de Bitcoin : un choix inspiré de l’or ?
    20:46 – Qu’est-ce qui justifierait la valeur fondamentale de Bitcoin ?
    33:04 – Pourquoi gaspiller de l’énergie rare à miner des bitcoins ?
    37:30 – Bitcoin : la monnaie imaginée par les libéraux ?
    41:51 – Bitcoin évolue-t-il assez vite pour être bientôt accessible à tous ?
    46:57 – Bitcoin tient-il encore la route face aux nouvelles cryptomonnaies ?
    52:57 – Les monnaies numériques de Banque centrale rendront-elles Bitcoin obsolète ?
    56:09 – Comment aider Bitcoin à se développer pour retrouver une monnaie saine et libre ?
    01:01:13 – Annonce importante aux auditeurs
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