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      Retraites : la vraie réforme, c’est la capitalisation pour tous

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 23 February, 2023 - 04:30 · 5 minutes

    La réforme présentée aux Français vise à « sauver » le système de retraite par répartition en rétablissant l’équilibre financier à l’horizon 2030.

    Les chiffres de l’INSEE sont implacables … Le véritable problème de notre système de retraites n’est pas pour 2030 mais pour 2040. C’est à partir de 2040 que la population active française commencera à décroître régulièrement jusqu’à la fin du siècle… Maintenir le niveau actuel des pensions sera t’il possible à l’avenir dans ces conditions ?

    La retraite par répartition est conçue pour une population active en augmentation ou stable

    Quand la population active diminuera franchement, maintenir le niveau des pensions deviendra impossible sans une adaptation profonde de notre système car si les marges de manoeuvre pour une réforme paramétrique existent actuellement, elles ne seront en aucun cas suffisantes après 2040. Nos taux de cotisations pour la retraite sont déjà parmi les plus élevés d’Europe avec 28 % de prélèvements sur le salaire brut ; ils ne pourront pas être augmentés au-delà… Reste le paramètre de l’âge de départ , mais le modifier substantiellement a un effet dévastateur sur la cohésion sociale et la paix civile.

    Adapter notre système de retraite, ce n’est pas faire une réforme paramétrique dont tout le monde sait qu’elle ne suffira pas. C’est changer de logiciel !

    Changer de logiciel, c’est instaurer une petite dose de capitalisation pour tous comme l’ont fait la plupart de nos voisins européens.

    La capitalisation existe déjà en France depuis de nombreuses années. Les pharmaciens , les fonctionnaires et les employés de la banque de France se sont déjà dotés de leurs propres fonds de pensions.

    L’exemple de la caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens est particulièrement inspirant car le nombre de pharmaciens en activité à commencé à décroître à partir des années 2000. Avec 0,9 actif pour un pharmacien retraité, l’équilibre financier de la caisse de retraites des pharmaciens n’aurait pas pu être assuré sans les rendements de la capitalisation. Leur pilier de capitalisation leur a permis d’ économiser un milliard d’euros de cotisations sur les 4,7 milliards distribués au cours des 30 dernières années. Il leur a permis de maintenir le niveau des pensions tout en leur offrant une grande souplesse d’ajustement de l’âge de départ à la retraite.

    Actuellement, le Français retraité moyen gagne légèrement plus que ce que gagne le salarié moyen. Sans l’apport des rendements d’un pilier de capitalisation pour compenser la démographie négative des actifs, une baisse drastique du niveau de vie des retraités est probable après 2040.

    Les représentants politiques et syndicaux présentent souvent la capitalisation comme une menace qui ferait peser un risque sur l’avenir des retraites. Ce discours est paradoxal car refuser la capitalisation, c’est assumer une baisse certaine du futur niveau des pensions de peur de prendre un risque mesuré sur les marchés financiers pour une partie des sommes collectées. C’est finalement préférer la certitude d’une perte à la possibilité d’un gain !

    Au cours du siècle passé, les rendements des marchés financiers ont été de 6,7 % en termes réels (après inflation). Un pilier de capitalisation permet à chacun de profiter de ces rendements en limitant les risques car les fonds sont répartis sur de nombreux actifs diversifiés et sont gérés par des professionnels. L’effet collatéral bénéfique à l’économie nationale de la mise en place de la capitalisation réside dans le fait que ces fonds sont investis dans l’économie réelle et permettent de financer le développement de nos entreprises et donc de créer des emplois.

    Le système actuel repose sur un malentendu largement répandu dans l’imaginaire collectif

    La plupart des Français pensent qu’ils cotisent pour eux-mêmes, ce qui est totalement faux. Avec un taux de prélèvement sur le salaire brut de 28 % pour les cotisations retraites, la plupart des Français n’ont évidemment pas les revenus nécessaires pour épargner en prévision de leur retraite car les ressources qui auraient permis cette épargne sont utilisées pour financer la retraite des autres. Seuls les hauts revenus ont les moyens de constituer une épargne en actions afin de profiter des dividendes boursiers. C’est une véritable inégalité.

    En introduisant un pilier de capitalisation correspondant à un tiers des cotisations retraites, ce qui permet de profiter des rendements de la capitalisation sans prendre de risques excessifs, une partie des cotisations retraites d’un salarié ira sur son compte personnel de capitalisation, ce qui lui permettra de toucher des dividendes. La généralisation de la capitalisation permet une véritable redistribution sociale d’un avantage qui est aujourd’hui réservé aux hauts revenus.

    Il est assez incompréhensible qu’une partie de notre personnel politique fustige les superprofits des actionnaires arguant qu’il s’agit là d’une injustice vis-à-vis des travailleurs modestes tout en refusant absolument la capitalisation pour tous, qui permettrait justement à chacun de profiter de ces dividendes. La cohérence voudrait qu’ils imitent les prises de positions de Jean Jaurès, dont ils revendiquent généralement l’héritage. En 1909, en première page de L’Humanité , Jean Jaurès prenait position pour la retraite par capitalisation afin que les ouvriers puissent bénéficier des avantages des rendement financiers procurés par les actions.

    La décrue du nombre de pharmaciens en activité par rapport aux retraités à partir des années 2000 préfigure ce qui arrivera au niveau du pays tout entier à partir de 2040. En mettant en place tout de suite un pilier de capitalisation pour tous les Français, il sera possible de maintenir le niveau actuel des pensions.

    Cela demande de l’audace et le courage de faire une véritable réforme au lieu de se contenter d’ajustements paramétriques.

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      Les faiblesses du modèle chinois

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 21 February, 2023 - 04:00 · 16 minutes

    La Chine de Xi Jinping est sûre de sa toute-puissance et de son ascension au rang de première puissance mondiale. Mais il existe de nombreux facteurs qui viennent nuancer cette ambition et qui interrogent sur la durabilité de ce modèle chinois.

    Ces facteurs sont multiples et concernent chaque aspect de la société chinoise : politique, social, démographique, géopolitique et économique.

    Tout rattrapage a une fin

    Les commentateurs de la situation chinoise oublient la donnée principale : le rattrapage. Pourtant le Japon et bien d’autres nous ont montré la force et les limites de ce processus.

    Tout pays bénéficiant de l’ordre public, d’une administration moyenne et d’une partie notable de sa population sachant lire et écrire, rattrape très rapidement son niveau normal après une grande épreuve qui l’a ruiné. Pour l’Allemagne de 1945, cette épreuve a été le nazisme et la Deuxième Guerre mondiale, pour le Japon de la fin du XIX e siècle, l’époque féodale et un isolement séculaire, pour la Corée du Sud la démolition quasi totale du pays par la guerre du début des années 1950.

    Pour la Chine, qui avait été une grande puissance, ce fut l’anarchie de la fin du XIX e siècle jusqu’en 1949, puis la catastrophe maoïste.

    On a oublié aujourd’hui à quel point la Chine était tombée bas, avec notamment de gigantesques famines . Bien que beaucoup plus graves que les disettes indiennes, ces famines ont été moins médiatisées, Mao ayant érigé pour principe : « pas de journalistes, pas de famine ».

    Mon grand-père communiste me disait : « On peut dire ce qu’on veut de Mao, mais il a fourni un bol de riz à tous les Chinois », cela au moment même où ils mouraient plus que jamais de faim. Admirable propagande qui avait même gagné Saint-Germain-des-Prés ! Et l’on voit aujourd’hui des gauchistes vieillissants maudire leur admiration ignorante d’alors.

    Bref, la Chine a retrouvé un ordre public après Mao, ordre dictatorial comme en témoigne le massacre de Tiananmen , mais néanmoins fin de l’anarchie permettant enfin aux acteurs économiques, alors des entreprises et des fermes publiques, de fonctionner.

    Le nouveau patron, Deng Xiaoping autorisa le secteur privé et l’ouverture sur l’étranger. Rien d’étonnant que, partant de quasiment zéro, on ait eu des taux de croissance très importants pendant quelques décennies. Les investisseurs internationaux se sont rués sur ce pays où les salaires étaient très bas, la discipline totale et la population d’un niveau intellectuel et scolaire supérieur à celui d’autres pays de la planète, que je ne citerai pas par charité.

    Ces investisseurs internationaux ont apporté non seulement de l’argent mais surtout des technologies et des méthodes de travail. Ils ont formé des sous-traitants et le goût séculaire des Chinois pour le commerce et les affaires a fait le reste.

    La différence de développement avec l’Occident tirait la Chine vers le haut, mais cette force de rappel s’affaiblit mécaniquement au fur et à mesure que l’on s’approche du niveau de développement occidental, du fait notamment de la hausse des salaires et des budgets de recherche-développement, alors que l’on profitait jusque-là de l’apport gratuit des étrangers.

    Et cette force de rappel est d’autant plus faible aujourd’hui que le régime politique est moins favorable aux entrepreneurs, comme nous allons le voir.

    La mainmise du président Xi

    Bien qu’ayant effectué les deux mandats constitutionnels le président s’est vu réinvesti à la tête de la Chine en octobre 2022, et avec des pouvoirs inégalés depuis Mao.

    La constitution oblige à révérer « la pensée XI » comme jadis celle de Mao. Il s’est entouré exclusivement de fidèles, après notamment l’éviction de Hu Jintao.

    Il n’y a maintenant qu’une seule ligne avec comme conséquence probable la rigidité dans la prise de décisions, le conformisme et l’autocensure de crainte de déplaire… ce n’est d’ailleurs pas sans risque tant pour la Chine que pour le reste du monde si l’on pense à Vladimir Poutine, à la théocratie iranienne, à l’épisode nazi et bien d’autres.

    Le poids de l’idéologie et du nationalisme

    Idéologie et nationalisme mènent au pire, et en voici des exemples récents :

    – le rejet des vaccins européens pour utiliser des vaccins nationaux moins efficaces, ce qui est une des causes des excès de la politique zéro-covid ayant paralysé l’activité économique. D’où l’ouverture brutale pour éviter l’effondrement économique et la flambée des contaminations qui a suivi.

    – le mépris des relations internationales avec de violentes attaques verbales et de fausses informations. Le tout suivi de rétropédalages lorsque l’on constate que l’étranger est indispensable dans tel ou tel domaine ou que l’isolement va coûter cher.

    – le resserrement du contrôle du parti en rappelant la nécessité pour toute entreprise, étrangères compris, d’accepter une intrusion dans la gestion par une cellule du parti.

    Le refus de la jeunesse de se sacrifier pour la cause

    Aujourd’hui les jeunes Chinois vivent mieux que leurs ainés et comprennent de moins en moins l’utilité des sacrifices qui leur sont demandés. Ils ne se jettent plus corps et âmes dans le travail pour sortir de la misère et refusent de plus en plus de faire les 6×9 (9 heures par jour, 6 jours sur 7).

    Les jeunes se considèrent comme les principales victimes de la stratégie zéro-covid qui aura duré trois années. À Shangaï et dans d’autres villes chinoises, chaque sortie entraînait le risque d’être contaminé ou de devenir cas contact et donc de voir l’immeuble entier confiné pendant deux semaines : impossible de sociabiliser, de se construire un réseau, de bâtir son avenir, etc.

    Malgré une censure très réactive, des témoignages ont filtré sur l’exaspération des jeunes contre la politique zéro covid et parfois contre le régime.

    La maladresse de la télévision nationale montrant une foule internationale sans masques pour le mondial de football au Qatar a déclenché la fureur.

    La catastrophe économique s’étant ajoutée à cet état d’esprit, le régime a brusquement levé les confinements.

    Une péripétie : redémarrer l’économie en déclenchant une crise sanitaire

    Comme prévu, il en est résulté une flambée des contaminations et des décès . Les chiffres officiels restent très en dessous de ce que l’on peut subodorer au vu de l’embouteillage des entrepôts frigorifiques où sont stockés les cadavres et celui des centres de crémation.

    L’estimation occidentale évoque un à deux millions de décès supplémentaires, surtout de personnes âgées, du fait de la moindre efficacité des vaccins chinois et de leur préférence pour la médecine traditionnelle. Les Occidentaux estiment que les confinements ont freiné l’immunité naturelle et que la demande de soins intensifs pourrait être de 16 fois la capacité existante.

    Les autorités estiment que la reprise économique qui semble rapide justifie cette prise de risque dont les conséquences sont pour l’instant inconnues, faute de chiffres officiels fiables.

    Mais la reprise n’est pas la croissance : pour l’instant il s’agit d’un simple rattrapage par rapport au creux du confinement.

    Revenons aux problèmes structurels.

    Vers la fin du réservoir de main-d’œuvre

    Un des ressorts de la croissance chinoise est le travail des migrants internes, les mingong . Les Chinois, comme les Soviétiques, restent à vie rattachés à leur commune de naissance par le passeport intérieur .

    Il y aurait 250 millions de travailleurs venus de la campagne chinoise et travaillant dans les villes sans bénéficier des avantages sociaux des citadins. Ils laissent en général leurs enfants à la charge des grands-parents restés au village, à qui ils envoient une partie de leur salaire.

    Ils vivent souvent entassés dans des logement préfabriqués près des usines, voire dans l’usine elle-même, avec un horaire hebdomadaire pouvant atteindre 80 heures, tandis que leurs enfants sont scolarisés dans les écoles de village de second ordre.

    Cette main-d’œuvre bon marché est l’un des ressorts de la croissance mais le déclin démographique mène à s’interroger sur sa permanence.

    Le décrochage démographique

    La Chine aujourd’hui ce sont 1,4 milliard d’habitants mais avec une pyramide des âges qui se transforme.

    Dans un premier temps, le pays a bénéficié du « dividende démographique » : les dernières décennies de croissance démographique génèrent provisoirement beaucoup d’actifs, avec peu de personnes à charge. Peu d’enfants, du fait de la politique de l’enfant unique, et peu de personnes âgées du fait de la croissance d’une génération sur l’autre quelques décennies plus tôt.

    Dans un deuxième temps, une partie de ce grand nombre d’actifs dépasse les 60 ans, âge de la retraite pour les hommes (55 ans pour les femmes), tandis que la baisse des naissances (1,3 enfant par femme seulement) diminue la proportion des actifs de moins de 30 ans et donc celle des moins de 40 ans dans 10 ans.

    Actuellement, le pays est dans une situation intermédiaire moyennement dégradée avec 70 % de sa population en âge de travailler, contre 60 % en Europe. Mais c’est provisoire puisqu’en 2050 la Chine connaitra 250 millions d’actifs en moins par rapport à aujourd’hui. Et cela pour faire face à 24 % de personnes âgées contre 7 % aujourd’hui.

    Un autre facteur plombe la fécondité malgré la fin de politique de l’enfant unique : le manque de femmes. Aujourd’hui il y a 104 hommes pour 100 femmes, du fait d’avortements visant les filles lors de la politique de l’enfant unique.

    Et le phénomène perdure malgré la fin de cette politique car une famille sur deux ne prévoit qu’un seul enfant du fait du coût de l’éducation et du logement. Or comme c’est le garçon qui s’occupera des parents, ces derniers ont recours aux avortements sélectifs, auxquels s’ajoute une forte mortalité des filles qui sont souvent négligées puisque destinées à soutenir une autre famille.

    Sur ce problème, je vous conseille mon article sur la Corée du Sud , pays soumis à des problèmes analogues mais où l’on est libre de faire des études démographiques poussées.

    Le régime chinois semble n’avoir découvert ce gigantesque problème qu’en 2022 à l’occasion du dernier recensement, et tente de réagir par une politique nataliste, sans résultat pour l’instant. De toute façon, quand bien même elle serait efficace que ça ne changerait leur pyramide des âges que progressivement de 2040 à 2080 !

    Une percée géopolitique qui s’étiole

    Après l’ouverture de la Chine, réussie sous Deng Xiaoping et continuée par ses successeurs, Xi renoue avec une tradition maoïste d’isolement du pays face à l’Occident et sa morale présentée comme « décadente ». L’épisode le plus remarquable a été celui des « loups combattants » ces diplomates injuriant le pays hôte, ce qui a nui à l’image de la Chine. On constate un retour à une diplomatie plus classique.

    Au-delà des moyens employés, l’objectif est maintenant de créer un nouvel ordre mondial , qui ne serait plus dominé par l’Occident, en cherchant à dialoguer avec les pays « périphériques » : Afrique, Amérique du Sud, Europe de l’Est, Asie Centrale…

    Mais après une première phase « généreuse » voyant la Chine construire des infrastructures payées à crédit, les bénéficiaires se retrouvent endettés envers la Chine et donc dépendants. Avec de plus le désagrément de devoir céder des infrastructures, des ports par exemple, donnés en garantie.

    Ce piège de la dette chinoise est une des causes du rejet des Chinois par les populations , au Sri Lanka par exemple.

    La Chine n’est donc plus aujourd’hui le sauveur qu’elle prétendait être. À cela s’ajoute un mépris des populations locales qui rappelle de mauvais souvenirs coloniaux. Le démarrage en fanfare en Afrique est ainsi menacé.

    Mais si la base grogne, la plupart de leurs gouvernants restent prochinois pour des raisons financières pratiques. En effet, les entreprises chinoises ne souffrent pas des mêmes contraintes légales anticorruption que les entreprises occidentales, qui risquent un procès dans leur État de droit, et sont ainsi moins « attractives » pour les gouvernants corrompus.

    Enfin, l’image de la Chine s’est dégradée depuis quelques années, notamment en Occident, dont la Chine dépend pourtant pour beaucoup de matériaux ou matériels indispensables, et comme marché pour ses exportations.

    Ces difficultés chinoises sur le plan international sont aggravées par la question taïwanaise , sur laquelle Pékin proclame que la réunification se fera au besoin par la force. Or toute intervention militaire de la Chine entrainerait des conséquences imprévisibles.

    L’émission de gaz à effet de serre et la pollution

    C’est un problème aigu en interne mais également à l’international.

    En interne, la pollution atmosphérique est un gros sujet de mécontentement. Les industries polluantes qui entouraient Pékin et lui cachaient le soleil ont été éloignées mais pas fermées.

    La Chine consomme autant de charbon en un jour que la France en un an, et représente 52 % de la consommation mondiale de charbon en 2020.

    La pollution de l’ eau empoisonnée par les déchets industriels et domestiques , est un danger direct pour la population et dégrade la production agricole. Les riches Chinois préfèrent acheter leur nourriture à l’étranger.

    À l’international, le fait que la Chine soit devenue le premier pollueur mondial en termes annuels avant les États-Unis dégrade également son image.

    Certes la Chine répond qu’en cumulé depuis le début de la révolution industrielle, les États-Unis restent en tête.

    Mais ce qui compte dans l’esprit des écologistes c’est bien la contribution actuelle puisqu’on ne peut pas changer celle du passé.

    Or la Chine continue à polluer chaque jour davantage alors que les pays occidentaux continuent à croître, certes plus modérément que la Chine jusqu’à présent, mais tout en faisant néanmoins baisser leurs émissions.

    Comme les autres pays du sud, la Chine répond que son développement nécessite la consommation des ressources naturelles : charbon, pétrole, gaz, bois, eau… et que les pays occidentaux ont beau jeu de faire la morale alors qu’ils sont développés.

    L’orgueil chinois bute sur sa dépendance envers l’étranger

    Comme nous l’avons vu, l’économie chinoise dépend du reste du monde, ce qui nécessite des relations commerciales et politiques avec l’extérieur et entre en contradiction avec une diplomatie agressive.

    On remarque déjà une baisse sensible des investissements de certains grands groupes comme Apple ou Google, qui délocalisent certains de leurs centres de production vers d’autres pays d’Asie du Sud-Est, l’Inde ou le Mexique.

    Et ça ne concerne pas que les entreprises américaines : 23 % des entreprises européennes sont en train de réfléchir à transférer leurs activités et leurs projets d’investissements hors de Chine.

    Dans les deux cas, les entreprises n’apprécient pas la politique intérieure chinoise, qui vise un contrôle total des vies individuelles et des entreprises .

    Pour les pays occidentaux, ce n’est plus simplement une question souvent annexe concernant les droits de l’Homme , mais une véritable menace pour le fonctionnement de leurs forces vives, les entreprises.

    La dette publique et privée

    La Chine est un pays profondément endetté, surtout si on tient compte de sa dette invisible.

    Cette dernière correspond au classement discret de dettes contractées en contrepartie de dépenses d’infrastructures, dettes qui ne seront jamais remboursées si les infrastructures en question se révèlent non rentables. Ces dettes resteront à la charge des banques ou des collectivités locales voire du gouvernement.

    Cette tentation de multiplier les infrastructures est d’autant plus forte qu’elle gonfle les chiffres de croissance, ce qui est bon pour la carrière des autorités locales et pour l’image de la Chine à l’étranger. À cela s’ajoute le « capitalisme de connivence » : certaines infrastructures sont lancées par copinage politique et en général financier et non pour des raisons d’utilité économique.

    C’est le cas des créations d’autoroutes ou de TGV non indispensables… et surtout du logement , problème mieux connu parce qu’il touche un très grand nombre de Chinois.

    On lance la construction de logements qui ne seront jamais habités : d’une part pour des raisons démographiques puisqu’il n’y aura pas assez de jeunes ménages ; d’autre part parce qu’il s’agit d’une spéculation : on achète sur plan un logement dont on n’a pas besoin, en espérant le revendre avec un bénéfice plus tard… et on réalise aujourd’hui qu’il n’aura pas forcément d’acheteurs !

    La plus grande faillite est celle du promoteur Evergrande . Il y en a de multiples autres sans parler de ce qui est dénoué discrètement sans que la dette n’apparaisse dans les statistiques nationales.

    Le total des dettes chinoises connues, intérieures et extérieures est de l’ordre de 40 000 milliards de dollars , soit 15 % des dettes mondiales.

    Seuls les États-Unis seraient davantage endettés mais ce n’est pas un souci pour eux tant que le dollar n’est pas contesté.

    En conclusion

    Les problèmes s’additionnent et rendent l’avenir imprévisible.

    Les optimistes pensent que tout cela obligera le régime à évoluer dans le bon sens, d’un point de vue occidental du moins. Se fondant sur l’exemple de l’Iran, de la Russie et de bien d’autres les pessimistes estiment que la surveillance et la répression maintiendront le régime en place.

    Les sinologues donnent raison aux pessimistes en rappelant que le peuple chinois est conditionné à révérer le pouvoir et à s’y soumettre.

    Depuis des millénaires, l’administration impériale y compris celle de l’empereur actuel, Xi Jinping, se méfie des innovations et des conflits, d’où un vigoureux droit pénal pour les réprimer. Mais il n’y avait pas de droit civil, de propriété ou des contrats. Donc pas de capitalisme.

    L’entrepreneur reste à la merci du pouvoir. On comprend pourquoi les idées occidentales sont haïssables.

    À mon avis, d’une manière ou d’une autre, les problèmes que nous venons d’évoquer auront d’importantes répercussions sur l’économie.

    La Chine pourrait devenir une sorte d’URSS : tout pour l’armée, rien pour le peuple.

    La décennie qui vient verra l’orgueil chinois être sévèrement atteint. Les répercussions politiques sont imprévisibles et peuvent aller jusqu’au déclenchement d’une guerre pour masquer les problèmes.

    Sur le web

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      Les conséquences du vieillissement en Chine et en France

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 18 February, 2023 - 04:30 · 11 minutes

    Voici que la Chine , le pays le plus peuplé du monde s’inquiète de la baisse de sa population et de ses répercussions sur son économie et plus généralement de sa puissance.

    Sans être aussi dramatique, la situation française est néanmoins préoccupante.

    Vue d’ensemble sur la Chine et la France

    Pour la Chine, c’était pourtant prévisible depuis le lancement de la politique de l’enfant unique en 1979.

    Trente-deux ans plus tard les générations correspondantes sont rétrécies, notamment celle des jeunes actifs et chaque année c’est une génération de plus qui maigrit.

    C’était une évidence pour les démographes. Mais, pour reprendre Alfred Sauvy : « la démographie, c’est dire qu’un enfant de 9 ans en aura 10 l’année prochaine. C’est trop simple pour être intéressant, et donc ça n’intéresse personne ». J’ajouterai que quand cela intéresse les responsables, il est trop tard.

    En l’occurrence le président Xi ne semble en avoir pris vraiment conscience que lors du recensement publié en 2022, confirmé par la constatation que la population avait diminué cette année-là de 850 000 personnes.

    Quant à la France, c’est encore Alfred Sauvy qui s’en inquiétait dans les années 1930, reprenant le flambeau de lanceurs d’alarmes apparus à la fin du XIX e siècle lors des premières années où la population française a diminué. Ces derniers furent à l’origine de l’association « Alliance nationale population et avenir », créé en 1911 dont je suis administrateur et qui édite une revue et des articles à renommée internationale.

    Avant de donner plus de détails sur la Chine et la France, donnons quelques précisions sur des mécanismes en cours.

    Rappel des mécanismes démographiques

    Prenons un pays imaginaire où, depuis un siècle, le nombre d’enfants par femme est stable à 2,1 et où les générations se remplacent donc parfaitement. Supposons également que tous travaillent à 20 ans, prennent leur retraite à 60 et que l’espérance de vie soit constante. La population est stable et la composition pyramide des âges ne change pas.

    Maintenant, supposons que dans ce pays imaginaire, la fécondité tombe d’un seul coup de 2,1 à 1,2. Les vingt premières années, personne n’y prêtera attention car ce ne sera pas bloquant : la baisse de la natalité signifiera moins d’enfants donc une population scolaire en baisse et avec elle une baisse du nombre d’enseignants. Si l’on considère que le budget du pays est par ailleurs équilibré, les économies engendrées permettront un allègement de la rigueur budgétaire et de répondre à certaines revendications pour la satisfaction de tous. Donc personne ne voit le danger. Je l’ai personnellement constaté dans une réunion de démographes à Bruxelles où l’on disait : « les économies sur les enfants permettront de financer des retraites », ce qui est une absurdité à long terme.

    Durant les 40 années qui suivent la baisse de la fécondité dans notre pays imaginaire, le nombre de personnes en âge de travailler diminuera et la population active avec lui. Si la productivité est stable, cette baisse engendrera une diminution de la production et une baisse des cotisations de retraite. Plus important, certains produits et services n’étant plus produits en quantité suffisante , les retraités seront obligés d’y renoncer.

    Pour corriger la situation, le gouvernement de notre pays imaginaire pourra être tenté de relancer la production en distribuant de l’argent aux particuliers. Mais cela ne fera que générer de l’inflation. La pénurie de main-d’œuvre se faisant de plus en plus sentir au fil des ans, dans tous les domaines, 60 ans après le début de la baisse de la natalité, le pays se retrouverait dans une situation critique dont il pourrait ne pas se relever.

    Sauf immigration massive bien sûr, mais on aborde alors d’autres sujets. Bornons-nous seulement à dire qu’une population ayant peu de jeunes adultes et beaucoup de vieux, dont une partie sont dépendants, aurait du mal à encadrer et assimiler une population immigrée.

    Le vieillissement des comportements

    En plus de cet impact économique déjà dramatique, y a-t-il d’autres conséquences pour un pays du vieillissement de sa population ?

    Certains évoquent un problème psychologique : « Les États refusent toujours de voir leur population diminuer », souligne l’économiste Hippolyte d’Albis, économiste et directeur de recherches au CNRS cité par La Croix . « Quelque part, dans la psychologie collective, cela renvoie à un constat d’échec ».

    De leur côté, les recherches américaines en psychologie génétique montrent que la capacité créatrice des individus tend d’abord à croître avec l’âge, et passé un certain seuil, à décliner. Empiriquement, nous pouvons constater que la jeunesse est plus encline à l’ouverture d’esprit, à de nouvelles expériences et à différents chemins de pensées que leurs aînés. Elle sera aussi plus encline à innover, à remettre en cause les systèmes existants et à casser les codes. C’est bien dans leurs jeunes années que Steve Jobs , Bill Gates , Mark Zuckerberg ou Jeff Bezos ont imaginé les produits et services qui allaient leur permettre de bâtir leurs empires.

    Politiquement, le vieillissement pousse à la stabilité. Par exemple, en 2007, les électeurs âgés ont très majoritairement voté pour Nicolas Sarkozy à l’opposé de la majorité des plus jeunes qui a choisi son adversaire socialiste censé être plus réformateur, voire révolutionnaire, fantasme bien français malgré les exemples catastrophiques donnés par l’histoire.

    Le contraste entre ces deux groupes d’âge se retrouve à toutes les élections présidentielles depuis 1965. Sur l’ensemble de la période, les seniors forment un groupe politiquement assez homogène, caractérisé par son conservatisme politique, ce qui n’est pas forcément un défaut à mon avis.

    Le pire me semble être la prise de pouvoir par les jeunes à une époque où ils sont nombreux, puis se cramponner ensuite au pouvoir avec le vieillissement de la population, faisant durer « la révolution » pendant des dizaines d’années, dans la dictature et la répression générale. Le cas extrême et celui de Cuba, mais l’URSS, l’Iran et bien d’autres en sont une bonne illustration. Les régimes vieillissent aussi !

    Plus de données sur vieillissement en France

    En France, entre 2006 et 2014, le nombre d’enfants par femme était environ de deux, donc proche du seuil de renouvellement des générations. Depuis, il a baissé et s’établissait à 1,8 en 2022. (Source Insee). Voici la conséquence sur le nombre d’actifs :

    Impact des hypothèses de fécondité sur l’évolution projetée de la population active.

    Source : Les conséquences macroéconomiques du vieillissement démographique

    Selon l’Insee, la population active devrait commencer à diminuer à partir de 2040 après avoir crû légèrement jusque-là, pour arriver à 29,2 millions en 2070. D’ici 2070, si la population totale augmentait légèrement, avec une augmentation du nombre de vieux compensant la diminution du nombre de jeunes.

    Il n’y aurait pas pour autant d’allégement à court terme.

    Si l’éducation nationale s’attend à perdre 500 000 élèves (sur 12 millions aujourd’hui) entre 2022 et 2027, son budget devrait néanmoins augmenter du fait des revalorisations salariales demandées et partiellement acceptées les salaires d’une partie des enseignants se rapprochant du SMIC !

    Une autre conséquence de la baisse de la natalité concerne le financement des retraites et l’équilibre des comptes sociaux. Selon l’Insee, le nombre d’actifs cotisants pour chaque retraité était de 2,6 en 1990, de 2,02 en 2004 et s’établit à 1,67 aujourd’hui, malgré les réformes qui ont freiné cette baisse. La réforme en débat aujourd’hui vise à retarder l’âge de départ : des cotisants en plus, des bénéficiaires en moins, soit quatre ans de gagnés si l’on passe de 60 de 64 ans (je passe sur les différentes atténuations projetées, qui diminueront ce « gain »).

    Personnellement, j’estime le problème mal posé : ce n’est pas une question de cotisations et de pensions, mais de maintien de la population active pour pouvoir alimenter l’ensemble des Français, retraités ou non, en biens et services, comme démontré dans l’article signalé plus haut.

    Le problème bien plus aigu dans le reste de l’Europe qu’en France, comme indiqué par le CERMF .

    Plus de données sur la situation chinoise

    La population chinoise a diminué de 850 000 personnes en 2022, du jamais vu depuis les grandes famines résultant de la folie révolutionnaire maoïste. Selon les projections les plus pessimistes, elle pourrait n’avoir que 587 millions d’habitants en 2100, soit moins de la moitié qu’aujourd’hui.

    Source Ined : https://www.ined.fr/fichier/s_rubrique/278/version.imprimable.chine.fr.pdf

    Cette baisse intervient malgré l’assouplissement de la politique de limitation des naissances ces dernières années, qui a relevé la limite de un à trois enfants par famille .. Les raisons principales de la baisse semblent être le coût du logement et celui de l’éducation privée qu’il faut donner aux enfants en plus de l’éducation publique.

    En 2019, l’ONU pensait encore que la Chine n’atteindrait son pic de population qu’en 2031-2032. Mais depuis, le taux de fécondité s’est écroulé à 1,15 enfant par femme en 2021.

    « Le déclin et le vieillissement de la population auront un impact profond sur l’économie chinoise, d’aujourd’hui à 2100 », prévient Xiujian Peng , chercheuse spécialiste de la démographie chinoise à l’Université du Victoria (Australie) citée par La Tribune .

    Selon les projections de son équipe, sans réforme du système de retraite, le paiement des pensions pourrait représenter 20 % du PIB en 2100 – contre 4 % en 2020 et 14 % en France, chiffre élevé en Occident. De toute façon la production chinoise va baisser à productivité constante (voir plus bas la question de la productivité), et sera de plus en plus tournée vers la consommation des personnes âgées ce qui va peser directement sur la puissance économique du pays ; à très long terme sur sa puissance militaire aussi, mais en attendant, nous allons traverser une passe dangereuse d’autant qu’il faudra distraire la population des difficultés économiques.

    Avec un taux de fécondité aussi bas, le vieillissement est rapide : en 2010, les séniors ne représentaient que 8,9 % de la population, mais pourraient être 27,5 % de la population en 2050, d’après l’ONU. On n’ose pas faire de prévision pour 2100 !

    Sur un plan purement mathématique, on pourrait dire que les retournements de la politique sanitaire chinoise depuis que le président Xi a pris connaissance du recensement avaient un but caché. Tout se passe comme si avoir choisi des vaccins locaux moins efficaces que les vaccins occidentaux, puis un brusque déconfinement, avait comme objectif une forte mortalité des plus âgés afin d’alléger ce fardeau démographique !

    Quelles solutions ?

    On pense bien sûr tout d’abord à une politique nataliste et je renvoie pour cela à un débat récent qui expose notamment les mesures chinoises, après avoir bien sûr rappelé qu’aucun pays n’y est arrivé et que l’effet ne s’en ressent que progressivement de 20 à 60 ans après.

    L’immigration constitue une autre solution. C’est le choix fait par l’Allemagne qui s’apprête à adopter la politique d’immigration la plus accueillante d’Europe .

    Si en France, la question de l’immigration reste source de polémiques, notre pays accueille chaque année un flux régulier de populations immigrées, le plus souvent jeunes, qui viennent augmenter la population active du pays, donc les cotisations et surtout la production. Des chantiers aux banques en passant par l’hôpital, leur absence serait catastrophique.

    Pour la Chine, l’immigration n’est pas une solution car il faudrait des centaines de millions de personnes pour rétablir la pyramide des âges. Une telle réserve n’existe qu’en Afrique subsaharienne, et je ne vois pas le président Xi décidé de la déverser massivement en Chine !

    La productivité

    C’est mathématiquement une solution mais son augmentation ne se décrète pas. La Chine a d’énormes ambitions en la matière, mais elle va à mon avis subir au contraire une dégradation ou une moindre croissance de la sienne du fait de la « maoïsation » du régime.

    En France, la productivité augmente moins vite que dans le reste de l’Occident, notamment du fait de la dégradation de l’enseignement public.

    Enfin la productivité est en partie liée à la jeunesse de la population : revoir le passage sur ce sujet du débat déjà signalé.

    En conclusion

    À part quelques exceptions comme le général De Gaulle qui a brillamment redressé la France lors de son second règne de 69 à 79 ans, le tonus d’un pays est largement lié à sa jeunesse.

    On pourrait dire que la jeunesse dure jusqu’à 62 ans dans notre législation actuelle, et jusqu’à 64 ou 67 ans dans de nombreux pays européens. Mais le temps ne coule que dans un sens, et s’il manque des jeunes aujourd’hui, il manquera des adultes d’âge mûr demain, et on se trouvera avec une forte proportion de personnes âgées à soigner et servir, au détriment de l’ensemble de la population.

    Et à celui de la puissance économique et militaire, nécessaire non pas par orgueil national, mais du fait de la situation géopolitique !

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      L’âge du déclin démographique

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 14 February, 2023 - 03:35 · 7 minutes

    Par Antony Davies.

    Les transitions entre les époques ne sont que parfois faciles à identifier. Les historiens ont identifié l’avènement de la révolution industrielle des décennies après son début . En revanche, le début de l’ère atomique peut être daté à la seconde où la première bombe atomique a explosé au-dessus d’Hiroshima, et il n’a fallu que quelques heures pour que le monde sache que l’humanité était entrée dans une nouvelle ère.

    Une évolution démographique inquiétante

    Une grande partie du monde développé est récemment entrée dans une nouvelle ère que les historiens ne nommeront probablement pas et que le grand public ne remarquera pas avant une dizaine d’années : l’ère du déclin. Le Japon, la Grèce, l’Italie, le Portugal, la Russie, l’Allemagne, l’Espagne, la Corée du Sud et la Chine, ainsi que trente autres pays développés, devraient voir leur population décliner en 2023. Hong Kong, la Finlande, Taïwan, la France, l’Autriche, la Belgique, les Pays-Bas, le Royaume-Uni, le Danemark et les États-Unis, parmi trente-trois autres pays, verront leur population augmenter de moins d’un demi pour cent. Pour la plupart des pays développés et des grands centres de population, la croissance démographique s’est largement arrêtée.

    Si cela peut être une bonne nouvelle pour ceux qui craignent la surpopulation, la théorie et les preuves indiquent que nous avons bien plus à craindre du déclin démographique. Comme l’économiste Julian Simon l’a souligné il y a quarante ans, les êtres humains sont la ressource ultime car ils créent des ressources là où elles étaient inexistantes auparavant. Toutes les ressources qui rendent possible notre vie moderne et confortable, de l’énergie aux transports en passant par la communication, la réfrigération, le contrôle du climat et les produits pharmaceutiques, sont le fruit de l’ingéniosité humaine. Il n’est pas étonnant que l’explosion de la population mondiale ait entraîné celle de nos ressources.

    L’âge du déclin posera un problème particulièrement difficile pour des pays comme les États-Unis qui comptent sur les jeunes travailleurs pour soutenir les retraités. Les derniers chiffres du recensement prévoient que dans les sept prochaines années la migration nette vers les États-Unis dépassera la croissance naturelle de la population du pays, ce qui nous rendra, pour la première fois en près de 150 ans, dépendants de l’immigration pour notre croissance démographique. Même dans ce cas, le recensement prévoit que le taux de croissance de la population américaine tombera (de façon permanente) en dessous de 0,5 % au cours de la décennie.

    Depuis des décennies, nous connaissons les implications pour la sécurité sociale. En 1960, il y avait plus de cinq travailleurs cotisant au système pour chaque bénéficiaire de la sécurité sociale recevant des prestations. Aujourd’hui, c’est moins de trois. Et ce nombre devrait tomber à deux dans les dix ans à venir. En bref, le travailleur moyen d’aujourd’hui doit contribuer à la sécurité sociale deux fois et demie ce que le travailleur moyen d’il y a trois générations contribuait.

    L’évolution démographique fait non seulement peser une charge plus lourde sur les travailleurs mais rend également de moins en moins possible la mise en place des changements nécessaires. À mesure que le rapport entre les travailleurs et les retraités diminue, le pouvoir de vote de ces travailleurs diminue également.

    Les personnes âgées de 53 ans et plus bénéficient de la sécurité sociale et ne sont donc pas intéressées par des réformes impliquant une réduction des prestations, ou sont suffisamment proches de la sécurité sociale pour être moins intéressées par une réforme du système à leur propre détriment. En outre, les jeunes travailleurs sont moins enclins à voter que les personnes âgées.

    À l’extrême, si tous les électeurs probables âgés de 52 ans et moins soutenaient la réduction des prestations de sécurité sociale et que tous les électeurs probables âgés de 53 ans et plus s’y opposaient, alors, dans un vote organisé aujourd’hui, une proposition de « réduction des prestations » l’emporterait par un maigre 51 % contre 49 %. Dans sept ans, ce serait un match nul. À partir de 2030, l’évolution démographique en faveur des personnes âgées rendra impossible la victoire de l’option « réduction des prestations ». Et cela suppose que les électeurs âgés de 52 ans et moins soient unanimement en faveur d’une réduction des prestations de sécurité sociale.

    En fait, près de 80 % des Américains en âge de travailler affirment que les prestations de sécurité sociale doivent être préservées même si cela implique une augmentation des charges sociales.

    Des effets néfastes

    Malheureusement, les lois de l’arithmétique l’emportent sur la rhétorique politique et les vœux pieux. Le conseil d’administration de la sécurité sociale (Social Security Board of Trustees) estime qu’en l’absence de tout changement, la sécurité sociale accusera un déficit de 2,5 billions de dollars au cours de la prochaine décennie.

    Pour éliminer ce déficit, il faudrait soit réduire les prestations de sécurité sociale d’environ 25 %, soit augmenter les recettes des charges sociales d’environ 25 %, soit une combinaison des deux. Bien entendu, l’État fédéral peut toujours emprunter pour financer le déficit de la sécurité sociale mais cela n’élimine pas le déficit et ne fait que le déplacer d’un ensemble de registres étatique à un autre. Peu importe ce que nous choisissons de faire, les contribuables vont en payer le prix. La question qui demeure est de savoir lesquels. Au vu des sondages et de l’évolution démographique, la réponse semble être les contribuables qui travaillent.

    Une solution possible souvent évoquée consiste à supprimer le plafonnement des charges sociales. Le danger est d’imposer un coût important aux entrepreneurs en herbe. Les ménages disposant d’au moins un revenu et d’une activité secondaire qui s’est développée suffisamment pour fournir un revenu significatif mais pas assez pour être une entreprise à part entière, sont plus susceptibles de gagner (ou de prévoir de gagner bientôt) près du plafond des charges sociales (actuellement 160 000 dollars). Étant donné que les propriétaires d’entreprises doivent payer les deux moitiés des charges sociales (employeur et employé), la suppression du plafond des charges sociales impose une taxe supplémentaire de 12,4 % sur les revenus des propriétaires d’entreprises au-delà de 160 000 dollars. Cela dissuadera les entrepreneurs de développer suffisamment leur activité secondaire pour pouvoir embaucher des salariés. Une modification plus favorable aux entrepreneurs, consistant à maintenir le plafond de 160 000 dollars, mais à le supprimer pour les revenus supérieurs à 250 000 dollars, permettrait d’obtenir moins de la moitié de ce qui est nécessaire pour combler le déficit de la sécurité sociale.

    L’économie et la démographie penchent toutes deux pour que la charge croissante de la sécurité sociale repose sur les épaules des travailleurs. Une population stagnante rendra cette charge à la fois plus lourde à supporter financièrement et plus difficile à alléger politiquement. Entretemps, le ralentissement de la croissance démographique signifie en fin de compte un ralentissement de la croissance économique. En bref, le problème ne fait que s’aggraver au fil du temps.

    Ce n’est pas une coïncidence si les États-Unis sont passés d’une petite nation agraire à une superpuissance économique au cours du même siècle et demi où leur population a été multipliée par 30 . Mais cette époque est révolue. Les États-Unis et une grande partie du reste du monde développé, sont entrés dans l’ère du déclin. À mesure que la croissance démographique des pays développés ralentira, l’innovation et la croissance économiques ralentiront également. Les programmes de retraite, déjà très sollicités, seront alors soumis à des charges plus importantes. Le passage d’une population jeune à une population plus âgée fera en sorte que la majeure partie de ce fardeau retombe sur les jeunes, ce qui rendra finalement plus coûteux pour eux d’élever leurs propres enfants, exacerbant ainsi le changement.

    Après avoir survécu à l’ère atomique sans nous faire exploser, et après avoir généré des richesses inimaginables tout au long de l’ère de l’information, nous entrons dans l’ère du déclin et nous sommes victimes de notre propre succès. L’histoire nous apprend que les sociétés appauvries meurent par la guerre et la famine. Nous apprenons maintenant que les sociétés prospères meurent par attrition.

    Sur le web

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      Senior mode d’emploi

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Saturday, 4 February, 2023 - 03:50 · 3 minutes

    Le senior n’a pas d’âge, comme le diable. Il ère en zone grise, plus tout jeune pour travailler, mais pas assez vieux pour « retraiter ». Le senior est devenu un être ambigu, invisible mais encombrant. Que faire du senior ?

    Il y a deux âges que l’on redoute. Celui qui peut nous rendre impotent physiquement et celui qui peut nous rendre impotent financièrement. Le premier est le dernier âge, celui qui tire la révérence. Le second est l’âge du senior, le gars qui peut encore servir mais dont on ne sait plus que faire. De l’angoisse de la mort à l’angoisse du senior, joli programme pour l’Homme contemporain.

    Cela dit, les deux angoisses sont-elles comparables ? A priori, non. Autant lutter contre l’angoisse de la mort semble perdu d’avance. Autant lutter contre l’angoisse du senior semble un objectif à notre portée. Mais quelle est cette angoisse du senior précisément ?

    Il s’agit de la peur de se retrouver au milieu du long fleuve tranquille de la vie mais sans rames. Confisquées. Impossible alors de joindre le port de pêche du retraité. Et impossible de revenir au port de marchandise de l’actif, où plus personne ne l’attend de toute façon.

    • Vous auriez une bouée ? Un tuba ? Quelque chose pour m’aider ?
    • Désolé ( le majeur , en langage des signes)

    Que faire du senior ?

    Le vivant ça use. Et à la fin, ca meurt. Pas de problème. Nous connaissons les règles du jeu. Mais le vivant de type senior economicus est un truc bancal, à cheval entre avant et après, un zombie qui a devancé l’appel. Plus très jeune, pas assez vieux mais mûr pour la benne économique, le senior est déclaré inapte à la vie d’actif mais pas encore apte à la vie pépère. Il erre alors, serre le mors.

    « Savoir qu’on a plus rien à espérer n’empêche pas de continuer à attendre » – Proust

    C’est ballot pour lui mais c’est aussi ballot pour nous. En effet, aussi curieux que cela puisse paraître, ce n’est pas l’âge de départ à la retraite qui pose problème mais l’âge où l’on s’arrête de travailler. Pas pareil. Imaginons que les seniors puissent tous travailler jusqu’au terme prévu, alors les cotisations seraient largement suffisantes pour financer toutes les retraites, parait-il . De l’usage du senior dépend donc l’avenir de nos retraites.

    Ok. Mais en attendant que les conditions d’un miracle économique voient le jour, soyons pragmatiques. Que faire du senior ? À quoi peut-il encore servir ? À qui ? Et puis après tout, le jeu en vaut-il encore la chandelle ? Pourquoi se décarcasser pour un objet bientôt périmé, difficilement recyclable, encombrant et qui écoute de la musique des années 1970-1980 ? Autant le mettre sur l’étagère, comme nid à poussière ou carrément rangé dans le tiroir à l’abri des regards.

    « Ce dont on ne peut rien faire, il faut le taire », pour paraphraser le penseur d’aphorismes Wittgenstein.

    Le senior n’est plus ce qu’il était. Il a vu sa cote s’effondrer au cours des dernières années. Aujourd’hui, il retrouve dans la peau d’un Kodak des années 1980. Autant dire qu’il suscite essentiellement de l’intérêt pour les collectionneurs, voire les fétichistes.

    Le senior en proie au syndrome du Minotaure

    Et déjà, le senior finit par se faire une raison. Il accepte sa vulnérabilité, son infériorité. Il est sommé de « trouver sa place ». Il fait avec et ca lui suffit. Il est bien dans sa ladrerie virtuelle. Au moins on le laisse tranquille. Il finit par se convaincre qu’il ne peut espérer davantage. « Être à sa place » est une forme de réflexe de survie, de capitulation, de fatigue, que la philosophe Claire Marin déploie dans de nombreuses variantes : genre, handicap, origine sociale ethnique et bien sûr l’âge.

    Mais le repos est de courte durée. Chaque vague de licenciement, plan de départ, voire banal entretien de fin d’année, est une épreuve dont il faut sortir vivant (rester en poste). Une expiation inévitable afin d’apaiser la colère économique. Et chaque fois, les « survivants » éprouvent une sorte de soulagement comme si le « monstre allait s’apaiser après avoir eu sa ration de chair ». C’est cela le syndrome du Minotaure.

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      Intérêt et limites de la retraite par capitalisation

      ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Thursday, 19 January, 2023 - 03:30 · 7 minutes

    Le débat sur la réforme des retraites bat son plein. Les partis de droite et de gauche avancent des arguments contradictoires. Les libéraux , qui ne sont pas spécifiquement représentés au Parlement, estiment qu’il faut quitter le système par répartition pour aller vers la capitalisation.

    Est-ce une piste sérieuse pour régler le problème des retraites ?

    Les arguments libéraux pour la capitalisation

    Les libéraux préfèrent la capitalisation pour des raisons de principe qui sont bonnes et des raisons techniques qui le sont moins.

    Je rappelle qu’il s’agit en gros d’épargner toute sa vie active et de recueillir le fruit de cette épargne si possible augmenté de placements fructueux pour vivre pendant la retraite.

    Ces raisons de principe découlent de la primauté de la liberté : on épargne ce que l’on veut, on le place comme on veut et on prend sa retraite quand on veut.

    En deuxième rang vient la responsabilité : si la retraite est insuffisante on ne peut s’en prendre qu’à soi-même et on n’a pas à revendiquer que l’État vienne à notre secours.

    En troisième rang vient l’idée que ce système est d’une plus grande efficacité : un bon placement bénéficie à l’économie alors que distribuer immédiatement l’argent des cotisations aux retraités n’apporte rien.

    Ces arguments libéraux ont des limites

    Le premier argument, la primauté de la liberté, est un choix philosophique. S’il était seul, il rallierait la grande majorité.

    En sens inverse, la responsabilité effraie beaucoup de gens et il est probable qu’une majorité préférerait une retraite médiocre à une retraite risquée, même si en moyenne elle était meilleure, ce qui n’est pas le cas, comme nous le verrons plus loin.

    Et le risque est réel : c’est illustré par le cas des emprunts russes qui ont ruiné les épargnants français il y a un siècle et qui ruinent depuis quelques semaines beaucoup d’épargnants américains porteurs d’obligations qui chutent au fur et à mesure de la remontée des taux d’intérêt.

    Enfin le troisième argument, une meilleure efficacité, est discutable. En effet :

    • En répartition l’argent des cotisations est immédiatement distribué aux retraités. Il est en général rapidement dépensé par les intéressés ou leurs petits-enfants qu’ils soutiennent (un retraité moyen gagne plus qu’un jeune). Cet argent passe donc très vite dans une grande variété d’entreprises (les fournisseurs) qui l’affectent en partie à la consommation (salaires par exemple) et en partie à des investissements. Le choix de ces entreprises est fait par le marché.
    • En capitalisation, l’épargne va directement à des entreprises a priori plus importantes (une compagnie d’assurance plutôt qu’un boulanger) et est en général utilisée quelques temps après de la même façon. La seule différence est que l’arbitrage consommation/investissement est fait par une grande entreprise financière, ce que certains, dont moi, estiment un peu moins efficace que par le marché.

    Finalement, le circuit de l’argent est très semblable et il n’est pas évident qu’il soit plus efficace dans le cas de la capitalisation, contrairement à ce que je lis habituellement.

    Par ailleurs la préférence pour la capitalisation de la part des libéraux a une raison « culturelle » : les libéraux ont l’habitude des circuits financiers et de l’économie monétaire, par opposition au rationnement administratif et plus généralement aux décisions étatiques pesant sur les particuliers.

    Inversement, les tenants de la répartition se méfient de tout ce qui est entreprises financières, comme les fonds de pension et compagnies d’assurances, notamment par idéologie.

    Mais il faut oublier ces préjugés de sens opposés et se pencher sur le vrai problème.

    Quel est le vrai problème ?

    À mon avis, l’erreur du gouvernement et des oppositions, libéraux compris, est de considérer la retraite comme une question financière alors que c’est une question purement physique : l’offre sera-t-elle suffisante pour soigner, nourrir et servir l’ensemble de la population, retraités compris, aux standards actuels ?

    Car l’argent des pensions ne sert à rien s’il ne permet pas d’acheter suffisamment de biens et de services, sachant que leur production doit nourrir l’ensemble de la population , des enfants aux retraités.

    C’est facile à expliquer en répartition où les producteurs sont aussi en général les cotisants.

    C’est plus indirect en capitalisation où les intérêts, dividendes et ventes d’actions supposent des entreprises prospères alors qu’elles sont de plus en plus entravées par le manque de main-d’œuvre .

    Dit autrement, cet argent des pensions ne se transforme pas automatiquement en boulangers, infirmières, et autres prestataires. Car ceux qui fournissent cette offre de biens et de services, ce sont les actifs au travail.

    La vraie valeur des pensions dépend donc de leur travail en quantité et en efficacité.

    En efficacité ?

    La productivité a une évolution autonome qui dépend de qualité de l’enseignement, du progrès scientifique, technique et organisationnel, toutes questions certes très importantes mais indépendantes du choix du système de retraites.

    En quantité ?

    C’est le problème principal car en France et dans la plupart des pays du monde en dehors de l’Afrique subsaharienne, on constate que « les travailleurs » sont une proportion de plus en plus faible de la population totale.

    Cela est dû au cumul de deux raisons démographiques : la baisse de la fécondité qui diminue le nombre des adultes et l’augmentation de l’espérance de vie, très forte depuis des décennies, qui augmente le nombre de retraités.

    Tout ce qui augmente cette quantité de travail va donc dans le bon sens et c’est pour cela que l’on pense d’abord à augmenter l’âge de départ à la retraite, ce qui diminue le nombre de retraités et augmente le nombre de personnes susceptibles de travailler. « Susceptibles de travailler », mais de fait futurs chômeurs, disent certains. L’expérience montre que cet argument est inexact : augmenter l’âge du départ a un effet prouvé sur le maintien en activité professionnelle .

    Il y a d’autres moyens d’augmenter cette quantité de travail :

    Une immigration massive

    Mais les gouvernants n’en parlent pas car cela effraie l’opinion même si les pays ayant une situation pire que la France sont maintenant obligés d’y recourir alors que leurs dirigeants s’y opposent officiellement : c’est le cas de l’Europe méridionale et orientale que les pays en question fassent ou non partie de l’Union européenne. D’autres y sont ouvertement favorables comme le Canada, ou moyennement, comme les États-Unis.

    Le travail après la retraite

    Qu’il soit bénévole ou non, le principal bénévolat est les soins que les enfants (souvent sexagénaires) apportent à leurs parents. Nos gouvernants ont commencé à appuyer financièrement ces « aidants ».

    À ce stade, nous voyons que tous ces facteurs n’ont rien à voir avec les avantages ou inconvénients de la capitalisation.

    D’où mon affirmation que cette dernière dépend de la démographie de la même façon que la répartition, du moins globalement à l’échelle d’un pays, et non individuellement.

    Les libéraux devraient se borner à défendre la liberté

    En tant que libéral, je pense que si le libéralisme doit mettre l’accent sur le principe de liberté et non pas plonger dans des questions techniques dans lesquelles on peut parfaitement se tromper, comme ce fut le cas pour la question climatique pendant longtemps. Et en cas d’erreur, cela retombe sur le libéralisme .

    Les libéraux ne devraient donc pas se plonger dans les techniques de retraite mais se contenter d’insister sur le libre choix, comme la fixation par chacun de sa date de départ ou la liberté totale de cumul de la retraite et d’un emploi.

    Ou encore de jeter un œil neuf sur l’immigration , terme qui ne devrait pas exister car il mélange des producteurs (où en serions-nous sans les médecins, les nounous et les ouvriers du bâtiment nés à l’étranger ?) et des perturbateurs.

    En conclusion

    Il ne faut pas déduire de tout cela que je suis opposé à la retraite par capitalisation.

    Par exemple je trouve rationnel d’acheter sa résidence principale qui est un bien dont l’utilité est permanente et souvent plus solide qu’une action ou une obligation. Sans parler du fait que l’économie de loyer est déjà un début de pension.

    Je dis simplement que la capitalisation n’est pas un remède contre l’évolution démographique, du moins au niveau national. À titre individuel, il n’y a que des cas particuliers.

    Une démographie défavorable, ce qui est le cas de la plupart des pays développés, amènera probablement de nombreux retraités ayant choisi la capitalisation à constater qu’ils n’ont pas le montant de pension prévu à l’âge souhaité.

    Ils continueront donc à travailler et à épargner. À moins qu’ils ne se contentent d’une retraite plus faible…

    Bref la démographie s’imposera à tous !

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      Débat sur les retraites : revenons aux fondamentaux !

      Yves Montenay · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Sunday, 1 January, 2023 - 04:30 · 12 minutes

    Préparons-nous pour la discussion sur les retraites. Depuis bientôt trois ans, la presse grand public est remplie d’analyses contradictoires avec un déluge de chiffres. Laissons les partis échanger des arguments et revenons aux fondamentaux économiques et démographiques .

    Nous ne parlerons pas des arguments financiers qui ne sont que la conséquence de phénomènes plus profonds que nous allons décrire.

    Je suis ces discussions depuis des dizaines d’années, comme employeur démarché par toutes sortes d’organismes financiers me promettant monts et merveilles pour les futurs retraités de mon entreprise et parallèlement en tant qu’économiste enseignant à Sciences-po .

    Il y a eu des progrès dans l’analyse et la compréhension des enjeux mais on est très loin d’une vue claire des fondamentaux. La politique n’arrange rien.

    Les retraites : une histoire assez récente

    Après les dotations en terres des légionnaires romains à la fin de leur temps de mobilisation, l’accueil des clercs âgés dans les institutions religieuses médiévales et la création de la Caisse des Invalides de la Marine par Colbert, il faut attendre 1889 et Bismarck en Allemagne pour voir l’apparition d’une caisse générale de retraite.

    En France, des Caisses de secours mutuel existent depuis 1804 et à partir des années 1850, les caisses du Comité des Forges (le patronat de la sidérurgie) et celles des fonctionnaires, conçues sous Napoléon III, empereur socialiste d’après les critères de l’époque.

    Mais, la retraite d’État ne voit le jour qu’en 1910, avec un départ à 65 ans.

    L’ignorance des fondements économiques de la retraite

    Quand on interroge le grand public on se rend compte que la nature économique de la retraite n’est pas bien connue.

    Certes pour les modalités, on se renseigne auprès de sa caisse ou de son syndicat mais à propos du principe c’est « on ne sait pas » ou « c’est un droit » en ajoutant éventuellement « arraché par les syndicats ». Arraché à qui ?

    Une idée reçue est que la retraite est le versement différé des retenues effectuées sur les salaires au fil de la carrière, après bonification par l’employeur (je n’entre pas ici dans la discussion de savoir si la contribution de l’entreprise est ou non un prélèvement indirect sur le salaire). Cette idée renforce celle « d’un droit ».

    Or c’est un « droit à » c’est-à-dire qui ne s’appliquera que si c’est possible par opposition au « droit de » qu’il suffit de promulguer, comme par exemple droit de vote.

    En effet la retraite ne provient pas du tout de sommes déjà versées et qui auraient été mises de côté, mais d’un prélèvement sur les actifs, c’est-à-dire sur leur travail actuel.

    Les sommes versées ne sont qu’un élément du calcul qui permet de déterminer la pension de quelqu’un. C’est maintenant plus ou moins bien compris dans le cas de la retraite par répartition mais ne l’est pas du tout dans le cas de la retraite par capitalisation. Nous y reviendrons.

    Complication supplémentaire : la généralisation des retraites et la mauvaise compréhension de leurs mécanismes en ont fait une arme électorale redoutable.

    François Mitterrand s’est fait élire en 1981 en abaissant de 65 à 60 ans d’âge de la retraite, ce qui est une des sources des problèmes actuels.

    Aux objections des démographes qui prévoyaient une catastrophe à partir de 2006, début de la période où la génération du baby boom d’après-guerre atteindrait les 60 ans, il répondait : « nous sommes en 1981. Et nous avons des élections à gagner ! »

    Les régimes spéciaux

    Il s’agit de catégories de personnel, principalement de la RATP et de la SNCF dont la date de départ est précoce, surtout pour le personnel en catégorie active.

    Le cas extrême est celui des conducteurs de train qui peuvent partir entre 50 et 52 ans, alors que les sédentaires de la SNCF peuvent partir entre 55 et 57 ans. Le coût financier est donc très important même si diverses dispositions complexes font qu’une partie du personnel part plus tard.

    Mais le coût humain l’est peut-être encore davantage avec la sortie du système productif de personnes qualifiées. Ce dernier point peut évoluer avec la mise en concurrence des réseaux de transport public, les éventuels nouveaux gagnants pouvant embaucher ces jeunes retraités.

    Il s’agit bien entendu d’un privilège , même si le mot est mal vu.

    Mais il est âprement défendu et une grève de la SNCF ou de la RATP peut prendre le pays en otage, comme vient de l’illustrer une fois de plus la grève des contôleurs à la veille de Noël.

    Ces privilèges étaient ciblés dans la précédente version de la réforme menée par Jean-Paul Delevoye et selon l’IFOP, une majorité de Français soutient l’idée de réformer ces régimes spéciaux.

    Mais tous les gouvernements reculent devant les menaces de blocage du pays. Et pourtant ce sont en grande partie ces régimes spéciaux qui induisent le déficit des retraites en France.

    François Bayrou rappelle qu’en plus de payer ses charges patronales pour 25 milliards par an et de régler les retraites des fonctionnaires pour 90 milliards, l’État finance à hauteur de 30 milliards la RATP et la SNCF pour leurs retraités.

    Ces données étant rappelées, comment s’y retrouver dans les nombreuses propositions et contre-propositions ?

    Pour une analyse démographique

    À mon avis, le problème principal est que la question présentée comme financière alors qu’ elle est démographique : si l’on ne change rien, il n’y aura pas assez d’actifs pour s’occuper à la fois d’eux mêmes, de leur famille et des personnes âgées.

    Et par « s’occuper » je pense d’abord aux fonctions basiques : nourrir, habiller, soigner, se déplacer etc.

    Je vois venir le moment où il n’y aura pas assez d’électriciens pour dépanner l’ascenseur d’un immeuble de grande hauteur, laissant sans nourriture et sans soins les faibles et les vieux des étages élevés ! Et cela alors qu’une partie des électriciens auront pris leur retraite à un âge où ils pourraient parfaitement faire le travail !

    On voit bien que ce n’est pas une question d’argent.

    Répartition contre capitalisation, un faux problème

    Certains libéraux professent que la seule solution au problème des retraites est le passage à la capitalisation. Or, la capitalisation ne permet pas de contourner le problème démographique .

    J’avoue avoir été profondément choqué il y a quelques années par ce que j’appelle une publicité mensongère du genre : « épargnez, placez à 5 % et vous verrez que vous aurez une retraite plus importante que dans le système actuel ».

    Or, financièrement personne ne peut promettre un rendement de 5 % (hors inflation sinon il ne signifie rien) pendant 40 ans.

    Certes l’investissement en actions d’entreprise permettra de financer leur croissance. Mais pour que lesdites entreprises soient prospères et distribuent des intérêts des dividendes et soutiennent le cours de leurs actions, il faut suffisamment d’actifs pour cela. Et on retombe sur les problèmes démographiques .

    Comment résoudre ce problème démographique ?

    Aujourd’hui, un retraité a très grossièrement le même revenu qu’en étant actif car si l’on part avec 60 à 75 % du dernier salaire, ce dernier est en général le plus élevé de la carrière. Cela ne fait donc que ramener le revenu d’un retraité au salaire moyen français qui sont tirés vers le bas par des difficultés d’une partie des jeunes.

    On peut le vérifier sur le plan national, ce qui est recoupé par la constatation que ce sont maintenant souvent les aînés qui aident les jeunes. Mais bien sûr « rien n’est plus menteur qu’une moyenne » et les disparités individuelles sont considérables.

    Restons dans le domaine des moyennes nationales. Si on voulait maintenir ce niveau de pension par rapport aux salaires, alors qu’on se rapproche démographiquement d’un retraité pour un actif, il faudrait que chaque retraité prélève la moitié des revenus de chaque actif !

    L’actif ne garderait donc que 50 % de son revenu pour sa famille et notamment ses enfants. On imagine sa réaction électorale, les protestations, voire l’émigration qui ne ferait qu’aggraver le problème ! Il faut donc empêcher par tous les moyens de s’approcher de ce ratio de un pour un.

    Or ce ratio se dégrade continûment : il est passé de plus de deux en 2004 à 1,65 en 2000.

    Ratio Actifs Cotisants - Retraités INSEE 2020

    Mais attention, ces données ne sont pas restées « toutes choses égales par ailleurs » puisque pendant cette période des réformes ont été appliquées qui ont augmenté la durée de cotisation !

    Autrement dit, si on n’avait rien fait le rapport serait beaucoup plus proche de un aujourd’hui.

    À l’horizon 2070, ce rapport tomberait à 1,3 selon les projections du COR, en raison du vieillissement de la population.

    Ratio nombre de cotisants sur nombre de retraités - Rapport annuel du COR juin 2019 Ratio nombre de cotisants sur nombre de retraités – Rapport annuel du COR juin 2019

    Cela montre que les réformes ont été insuffisantes et qu’il faut passer à la vitesse supérieure.

    Remarquons une fois de plus qu’il ne s’agit pas d’une question d’argent mais d’un nombre de personnes.

    Il est donc nécessaire de changer certaines règles du jeu, voyons lesquelles.

    Changer certaines règles du jeu

    Le recours à l’immigration de travail

    Le premier moyen de garder plus d’un actif par retraité est l’immigration mais il faudrait qu’elle soit massive.

    En tout cas, les immigrés actifs sont bien vus et le projet de loi actuel permet de régulariser ceux qui travaillent dans « les métiers en tension », de plus en plus nombreux vu les difficultés de recrutement en France.

    Mais l’opinion est tellement réticente que le ministre essaie de minimiser le nombre de personnes concernées alors que le problème est tel qu’il faudrait au contraire en régulariser un très grand nombre ou faciliter l’immigration officielle.

    Dans ce domaine, on se heurte à deux visions caricaturales de l’immigration , l’une angélique et l’autre diabolique.

    Augmenter l’âge du départ en retraite

    Le deuxième moyen est l’augmentation de l’âge de départ , qui a le double avantage d’augmenter le nombre des actifs et de diminuer celui des retraités, ce qui est excellent pour s’écarter du rapport un pour un.

    Nos voisins européens l’ont quasiment tous relevé ces dernières années :

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    Le cumul emploi retraite

    On peut également jouer sur d’autres paramètres, comme le cumul emploi retraite, la durée de la cotisation ou tout autre permettant de laisser aux actifs une part raisonnable de leurs revenus.

    Le cumul emploi retraite me parait avoir beaucoup d’avantages puisqu’il permet à des personnes expérimentées d’apporter leur travail avec une grande liberté de choix notamment en matière d’horaires.

    Mais je ne suis pas certain que cela suffise.

    Le taux d’activité des seniors dépend étroitement de l’âge légal de départ en retraite

    Je ne veux pas préjuger des discussions en cours sur ces sujets. Mais je signale simplement à ceux qui estiment qu’on va tout simplement augmenter le nombre de chômeurs sexagénaires que cette idée très répandue est fausse : le nombre de sexagénaires chômeurs est important durant les quelques années qui précèdent l’âge légal de départ, et donc diminue à un âge donné au fur et à mesure que l’âge de départ augmente.

    L’examen des chiffres de la DARES montre que le passage de l’âge légal de départ de 60 à 62 ans et les autres mesures dans le même sens (allongement de la durée de cotisation) a fait passer le taux d’emploi des 55 ans et plus, de 42 % en 2010 à 56 % en 2021.

    Et l’âge effectif de départ à la retraite remonte rapidement depuis 2009.

    À l’étranger, ou l’âge de la retraite est plus élevé qu’en France l’emploi à un âge donné lui est supérieur.

    Par ailleurs, dans presque tous les métiers la pénurie de main-d’œuvre amène à faire appel plus ou moins discrètement aux retraités ou au noir ou grâce a des prête-nom pour les « chômeurs » ou des sans-papiers.

    Le lien entre fécondité et vieillissement de la population

    Un dernier point démographique est très mal connu : le vieillissement de la population vient en grande partie de la fécondité mais cette baisse de la fécondité est justement la conséquence de l’existence d’un système de retraite.

    En effet, depuis toujours ce sont des enfants qui soutiennent les parents durant leur vieillesse. C’est toujours vrai aujourd’hui mais par l’intermédiaire des caisses de retraite qui coupent le lien direct entre parents et enfants.

    Autrement dit on peut maintenant être retraité sans avoir eu d’enfants, c’est-à-dire grâce aux enfants des autres et en prélevant une partie de son niveau de vie sur ceux qui se sont donnés du mal pour les élever.

    Je pense qu’il était bon de rappeler ces fondamentaux avant de se lancer dans les discussions qui commencent.

    Chacun va vouloir maintenant changer le paramètre qui l’arrange. Je ne parle évidemment pas des irresponsables qui veulent ramener le départ à 60 ans pour des raisons purement électorales, comme Mitterrand l’a fait en son temps.

    En conclusion

    Ne vous laissez pas embrouiller par les chiffres, pensez démographie, c’est-à-dire immigration ou au relèvement de l’âge de la retraite. Et ajoutez une aide aux parents qui se donnent le mal d’élever des enfants dont vous aurez grand besoin pendant vos vieux jours que ce soit directement ou par l’intermédiaire d’un système financier.

    Sur le web

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      L’histoire de l’inflation dans le monde : de l’Antiquité à aujourd’hui

      Pierre Gueniot · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Wednesday, 21 December, 2022 - 03:40 · 4 minutes

    L’inflation est un phénomène économique connu depuis l’Antiquité qui consiste en une hausse générale et durable des prix dans l’économie. Elle peut avoir des répercussions importantes sur les ménages et les entreprises, notamment en réduisant le pouvoir d’achat et en augmentant les coûts de production.

    L’histoire de l’inflation est étroitement liée à l’histoire de la monnaie et de la gestion de l’offre de monnaie par les gouvernements et les banques centrales. Selon la théorie économique, l’inflation peut être causée par une hausse de la demande globale de biens et de services, qui peut entraîner une augmentation des prix. Cette hausse de la demande peut être due à différents facteurs, tels que l’augmentation de la consommation des ménages, l’accroissement de l’investissement des entreprises ou l’augmentation des dépenses publiques.

    Au cours de l’histoire, de nombreux événements ont contribué à l’apparition et à la propagation de l’inflation dans le monde. Voici quelques exemples.

    L’Antiquité

    Dans l’Antiquité, l’inflation était principalement causée par la dépréciation des monnaies qui pouvait être due à l’usure, à la fraude ou à la dévaluation délibérée par les gouvernements.

    Par exemple, dans l’Empire romain, l’utilisation de métaux de moins bonne qualité dans la production de la monnaie et la dévaluation fréquente de cette monnaie ont contribué à l’apparition de l’inflation.

    Le Moyen Âge

    Au Moyen Âge, l’inflation était principalement causée par l’augmentation de l’offre de monnaie qui pouvait être due à la création de monnaie par les banques ou à l’utilisation de métaux précieux de moins bonne qualité dans la production de la monnaie. Par exemple, en Italie, les banques ont contribué à la hausse de l’inflation en créant de la monnaie en échange de prêts.

    L’Époque moderne

    Depuis l’ ère moderne , l’inflation a été principalement causée par l’augmentation de la demande de biens et de services, qui peut être due à l’accroissement de la consommation des ménages, de l’investissement des entreprises ou des dépenses publiques.

    Par exemple, pendant la Première Guerre mondiale, l’augmentation des dépenses publiques pour financer le conflit et l’accroissement de la production industrielle ont contribué à la hausse de l’inflation dans de nombreux pays.

    L’inflation peut-elle être bénéfique ?

    Il est important de noter que l’inflation n’est pas toujours perçue comme négative.

    Dans certaines situations, elle peut être bénéfique pour l’économie, par exemple en permettant de réduire les taux d’intérêt réels, de rééquilibrer les échanges internationaux ou de favoriser l’investissement et la croissance. Cependant, lorsqu’elle est trop élevée ou incontrôlée, l’inflation peut avoir des effets négatifs sur l’économie et sur la société, tels que la réduction du pouvoir d’achat, la dévaluation de l’épargne et la désinflation des actifs.

    Pour lutter contre l’inflation, les gouvernements et les banques centrales ont à leur disposition différentes solutions.

    Parmi les plus courantes, on peut citer :

    La politique monétaire

    Les banques centrales peuvent agir sur l’inflation en utilisant leur politique monétaire, c’est-à-dire en contrôlant l’offre de monnaie et les taux d’intérêt. En réduisant l’offre de monnaie, les banques centrales peuvent limiter la hausse de la demande globale et donc freiner l’inflation. De même, en augmentant les taux d’intérêt, elles peuvent rendre l’emprunt plus coûteux et donc réduire l’investissement des entreprises et la consommation des ménages.

    La politique budgétaire

    Les gouvernements peuvent également lutter contre l’inflation en utilisant leur politique budgétaire, c’est-à-dire en réglementant leurs dépenses et leurs recettes. En réduisant leurs dépenses, ils peuvent limiter la hausse de la demande globale et donc freiner l’inflation. De même, en augmentant les impôts, ils peuvent réduire la consommation des ménages et l’investissement des entreprises.

    Il est important de noter que ces solutions ne sont pas sans conséquences et peuvent avoir des effets secondaires négatifs sur l’économie.

    Par exemple, une politique monétaire restrictive peut entraîner une réduction de l’investissement et de la croissance économique tandis qu’une politique budgétaire restrictive peut réduire les services publics et la protection sociale. Il est donc important de trouver un juste équilibre entre la lutte contre l’inflation et la préservation de la croissance et de la prospérité économiques.

    En conclusion

    L’histoire de l’inflation dans le monde est riche et complexe et reflète les différents facteurs ayant influencé l’offre et la demande de biens et de services au fil du temps.

    Pour mieux comprendre l’inflation et trouver des solutions pour la maîtriser, il est important de s’appuyer sur des sources fiables et d’analyser les données économiques et démographiques disponibles.

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      Démographie : 9 bombes d’Hiroshima larguées sur l’Europe en 2021

      Ilyes Zouari · ancapism.marevalo.net / Contrepoints · Tuesday, 22 November, 2022 - 03:30 · 4 minutes

    Selon les dernières données d’ Eurostat , le nombre de décès au sein de l’Union européenne (UE) a dépassé celui des naissances de 1,231 million d’individus en 2021.  Hors immigration de remplacement, la population de l’UE a donc baissé d’autant, soit l’équivalent de douze villes de 100 mille habitants qui auraient été rayées de la carte, ou encore de près de neuf bombes atomiques d’Hiroshima qui auraient été larguées (cette bombe ayant fait environ 140 mille morts au total).

    Démographie : les données alarmantes d’Eurostat

    Visible depuis 2012, année à partir de laquelle les décès commencèrent à dépasser les naissances, mais enclenché dès les années 1970 avec le passage du taux de fécondité européen global en dessous de seuil de renouvellement des générations de 2,1 enfants par femme, le processus de destruction de la population et de la civilisation européennes suit son cours, et se caractérise même par une terrifiante accélération d’année en année, avec un triplement ou quadruplement du rythme tous les trois ans.

    En 2012, le déficit démographique n’était ainsi que de 23 700, avant de passer à 154 700 en 2016, puis à 484 400 en 2019 et à 1 231 400 en 2021. Aujourd’hui, ce sont ainsi 18 des 27 pays de l’UE qui affichent un solde négatif, comme l’Italie voisine où il s’est établi à non moins de 309 600 en 2021. Et il en sera de même bientôt pour la France, la soi-disant « championne » de la natalité en Europe, mais qui n’est autre, avec son taux de fécondité inférieur au seuil de renouvellement des générations depuis 1975 (soit depuis 47 ans !), qu’un cancre parmi d’autres…

    Le processus d’autogénocide européen est désormais une réalité que nul ne devrait plus pouvoir nier impunément. Aujourd’hui, et toutes proportions gardées, la destruction de la population européenne se déroule d’ailleurs presque au même rythme que la Shoah, qui avait causé la disparition de près six millions de juifs en quatre ans. Et assez bientôt, et même en maintenant le taux de fécondité global de l’UE à son niveau actuel de 1,5 enfant par femme, ce processus se fera à une vitesse de presque une Shoah tous les deux ans. À ce rythme, notre civilisation aura en grande partie disparu de la surface de la Terre à la fin du siècle, avec à la clé de terribles conséquences géopolitiques, voire territoriales.

    L’urgence démographique

    L’urgence n’est donc pas climatique, mais bel et bien démographique , n’en déplaise aux écologistes, de plus en plus responsables de ce processus d’extinction démographique et culturelle. En effet, le matraquage est tel qu’une étude internationale, publiée en septembre 2021 par la revue britannique The Lancet Planetary Health , constatait que 37 % des jeunes français âgés de 16 à 25 ans hésitaient à avoir une descendance pour des raisons écologiques. Pourtant, et même si notre planète souffre d’un certain nombre de maux, la réalité est que seule une infime partie de son potentiel en énergies renouvelables est aujourd’hui exploitée, de même qu’une infime partie de ses ressources minières et fossiles.

    De plus, et malgré les vastes espaces non encore exploités et la stabilisation prochaine de la population mondiale, les avancées scientifiques sont permanentes en matière d’agriculture (comme avec l’aéroponie, qui permet un rendement à l’hectare près de 80 fois supérieur, sans terre, soleil ni pesticides !), en matière d’architecture, de transports, ou encore de traitement des déchets. Et tout cela sans même parler des perspectives infinies qu’offre l’univers…

    Il est donc bien naïf de s’imaginer que notre planète est surpeuplée, que l’humanité sera bientôt à court de ressources, ou que les déchets nucléaires ont vocation à être stockés ad vitam æternam sur notre planète (si tant est que la problématique continue à se poser, le prix Nobel français de physique, Gérard Mourou, affirmant qu’il devrait prochainement être possible d’en réduire la durée de radioactivité à seulement 30 minutes…). Quant au réchauffement climatique, la hausse attendue des températures ne fera que redonner à la France le climat qui était le sien aux époques de Charlemagne et de l’empire romain (ou d’Astérix et Obélix), elle-mêmes séparées par un refroidissement climatique, accompagné de terribles catastrophes naturelles que nos ancêtres prenaient parfois pour une malédiction.

    La gravité de la situation est telle qu’il est désormais vital de s’attaquer aux diverses causes de cet autogénocide européen. Et notamment, en ne laissant plus médiatiquement le champ libre aux talibans de l’écologie, héritiers spirituels des prophètes de l’apocalypse et des théoriciens de la surpopulation humaine, auxquels l’Histoire a toujours fini par donner tort, faute d’avoir correctement apprécié le potentiel de la Terre et le génie humain. Pour paraphraser partiellement un ancien président de la République française, ce ne sont pas seulement quelques forêts au loin qui brûlent, et qui se régénéreront assez rapidement, mais notre maison même qui brûle. Et nous regardons ailleurs…

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