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      Pourquoi est-il si difficile de débattre sereinement sur les réseaux sociaux? - BLOG

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Monday, 25 July, 2022 - 08:43 · 4 minutes

    Certains prennent un malin plaisir à gangréner le débat sur les réseaux sociaux. Songeons aux trolls. Ceux-ci avancent masqués avec la ferme intention de parasiter des conversations, de polluer des fils de discussion. Certains prennent un malin plaisir à gangréner le débat sur les réseaux sociaux. Songeons aux trolls. Ceux-ci avancent masqués avec la ferme intention de parasiter des conversations, de polluer des fils de discussion.

    RÉSEAUX SOCIAUX - Débattre c’est enrichir et s’enrichir. C’est apprendre à s’ exprimer , à entendre, à convaincre. C’est un vaccin contre la crédulité, un remède contre le dogmatisme. Malheureusement, les discussions qui ont lieu sur les réseaux sociaux sont rarement à la hauteur de la noblesse du débat. Quelques-unes des causes de ce phénomène méritent que l’on s’y attarde.

    La pensée oppressée

    Dans un opuscule incisif intitulé Sur la Télévision , Bourdieu dénonçait le sort peu enviable que la télévision réserve à la pensée. Le sociologue y dressait notamment le constat suivant : la pensée présente une temporalité qui n’est pas compatible avec les exigences de l’audimat. Il faut en effet du temps pour construire un argument, du temps pour le présenter clairement. Avec les réseaux sociaux, l’immédiateté a pu asseoir son hégémonie. Nous sommes entrés dans l’ère de la « réaction ». Chaque actualité, qu’elle soit marquante ou non, suscite de nombreux commentaires. Sur le principe, rien de mal à cela. Toutefois, lorsqu’elle porte sur un évènement complexe dont les tenants et les aboutissants ne sont pas connus, la réaction devient problématique. Réagir consiste alors à préjuger d’une situation. Ce qui revient à sacrifier deux valeurs indispensables à toute pensée digne de ce nom : la prudence et le recul critique.

    Personnalisation du net et « communautarisme » des idées

    Dès leur apparition, les réseaux sociaux ont été présentés comme un espace offrant à des voix oubliées la possibilité de s’exprimer et d’échanger. Cette rencontre des points de vue devait nous enrichir et aiguiser notre esprit critique. Si séduisant soit-il, ce scénario ne s’est pas concrétisé. Les bulles de filtre ont abouti à une personnalisation du contenu. Celui-ci est désormais façonné à notre image, conforme à nos goûts et à nos préférences.

    Résultat : d’aucuns imaginent que le monde se résume à la perception qu’ils en ont. Grossière et dangereuse erreur !

    Le risque de basculer dans le dogmatisme est d’autant plus grand que les internautes peuvent former, grâce aux réseaux sociaux, des communautés fondées sur des opinions partagées. Cet entre-soi peut éroder notre tolérance, voire entraîner une radicalisation du discours. Toute opinion contraire est alors perçue comme une hérésie qu’il convient de condamner.

    L’interlocuteur parasite

    Certains prennent un malin plaisir à gangréner le débat sur les réseaux sociaux. Songeons aux trolls. Ceux-ci avancent masqués avec la ferme intention de parasiter des conversations, de polluer des fils de discussion.

    Les réseaux sociaux offrent une tribune aux prêcheurs de haine qui, autrefois, sévissaient au café du commerce.

    Les chercheurs de buzz , toujours prompts à s’immiscer dans des conversations à grand renfort de formules choc plus ou moins savamment distillées, sont également des obstacles à l’émergence d’une démocratie numérique. Eux cherchent avant tout à être entendus, connus et reconnus. Souvent à n’importe quel prix. Leur rêve ? Que leur nombre d’abonnés croisse sans fin…

    Les canaux de la haine

    Les réseaux sociaux offrent une tribune aux prêcheurs de haine qui, autrefois, sévissaient au café du commerce. Si tout un pan de notre législation nous permet de lutter contre les auteurs de propos haineux sur le net, la mise en œuvre de la réponse judiciaire n’est pas simple. D’une part, il est difficile de recenser tous les discours de haine qui circulent sur les réseaux sociaux. D’autre part, dans un contexte d’engorgement des tribunaux, des affaires de ce type ont peu de chances de déboucher sur un procès, encore moins sur une condamnation.

    Quoi qu’il en soit, la réponse pénale doit s’accompagner d’un volet éducatif. Il faut enseigner aux futurs citoyens les vertus du débat dès le plus jeune âge. À cet égard, la systématisation de « débats philo » dès l’école primaire paraît indispensable.

    Pour lutter contre cette violence virtuelle aux conséquences bien réelles, chacun doit admettre le principe suivant : débattre c’est aussi s’engager dans une voie dont on ne connait pas l’issue. Au lieu d’entériner des positions et des oppositions tranchées, l’échange peut permettre de dépasser le désaccord initial. Si les participants à un débat partent du postulat qu’ils ne changeront pas d’avis, la discussion risque de tourner au clash, lequel nourrit l’affaissement du débat public et abîme un peu plus notre démocratie…

    À voir également sur Le HuffPost: Cette gameuse remet parfaitement à sa place un troll misogyne

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      Législatives 2022: le candidat RN Gérard Vollory se défend d'extrémisme avec la photo de sa femme noire

      news.movim.eu / HuffingtonPost · Thursday, 19 May, 2022 - 06:51 · 3 minutes

    Gérard Vollory, candidat Rassemblement national aux législatives, brandi la photo de sa femme noire en plein débat le 18 mai 2 Gérard Vollory, candidat Rassemblement national aux législatives, brandi la photo de sa femme noire en plein débat le 18 mai 2

    POLITIQUE - Moment de malaise sur le plateau de France 3 mercredi 18 mai. Lors d’une émission de débat pour les législatives entre les candidats de la 3e circonscription du Rhône , le représentant du Rassemblement national Gérard Vollory a brandi une photo de sa femme noire sur le plateau. La séquence a fait le tour des réseaux sociaux.

    Comme l’explique France 3, cette circonscription plutôt favorable à la gauche était représentée par Jean-Louis Touraine depuis 2007. Ce dernier, socialiste passé à la République en Marche en 2017, n’a pas l’intention de se représenter. Les candidats à sa succession présents sur le plateau étaient donc Gérard Vollory ainsi que les candidates de la NUPES Marie-Charlotte Garin, de Renaissance (majorité présidentielle) Sarah Peillon, et des Républicains Béatrice de Montille.

    Pendant l’émission, cette dernière se défend de toute supériorité de la gauche dans la circonscription, bien que Jean-Luc Mélenchon soit arrivé en première position lors du 1er tour de l’élection présidentielle. “On a perdu du bon sens et du pragmatisme. J’ai envie qu’on retrouve de la liberté et que les Français se sentent représentés, sinon on fait monter les extrêmes”, affirme Béatrice de Montille.

    ″Ça s’adresse à vous, Monsieur Vollory?”, rebondit l’animateur. “Je ne suis pas un extrême”, répond l’intéressé. “N’êtes-vous pas pour la préférence nationale? Ça pour moi c’est de l’extrémisme!”, pointe Marie-Charlotte Garin. Qui poursuit: “La dédiabolisation du Rassemblement national ne dupe personne. On peut dire autant qu’on veut qu’on n’est pas un extrême mais à partir du moment où on appartient à un parti extrémiste, ça restera un extrême.”

    “Pourquoi montrez-vous une photo de votre femme?”

    Sa phrase à peine terminée, Gérard Vollory sort une photo de sa femme noire et la brandit devant les candidates. “Une photo de ma femme, merci”, dit-il sans plus de commentaire. De quoi rendre circonspectes les personnes présentes sur le plateau. “Pourquoi vous montrez une photo de votre femme?”, demande le journaliste. Sarah Peillon met fin à la gêne en déclarant que “la vie privée doit rester dans le domaine privé”.

    Après l’émission, la candidate de la NUPES Marie-Charlotte Garin a évoqué sur Twitter un “moment crispant”. De son côté, le candidat du RN a assuré à France 3 que le geste n’était pas préparé. “Je suis très fier de ma femme et de son parcours”, justifie-t-il, regrettant que l’accusation de racisme était “sous-entendue”, ce qui l’a “agacé”. Il reconnaît toutefois: “C’était peut-être une mauvaise réaction de ma part (...). Ma femme aurait préféré que je ne le fasse pas.”

    Gérard Vollory présente sur son CV une carrière d’ambulancier et de gardien d’immeuble, précise France 3. Ancien de l’UMP, il est passé par le Parti chrétien-démocrate puis a fait campagne pour Éric Zemmour et Reconquête! lors de la présidentielle. Mais c’est bien pour le Rassemblement national qu’il se présente aux législatives.

    À voir également aussi sur Le Huffpost: Le naufrage de cette candidate RN aux législatives n’est pas passé inaperçu